mardi 22 mai 2012

La Dame Sombre, Les Damnés de Dana T1

Un roman d'Ambre Dubois, publié aux éditions du Chat Noir.

Présentation de l'éditeur :
Au pied d'un cercle de menhirs, une jeune femme aux cheveux et aux yeux couleur corbeau se réveille. Qui est-elle? Elle l'ignore. Où se trouve-t-elle? Elle va bientôt le découvrir…
En plein territoire picte, résistant aux envahisseurs romains, une tribu celte recueille la mystérieuse femme. Rapidement, elle va se trouver mêlée au quotidien de ce peuple, à ses légendes, à ses mystères et à ses désespoirs.
Le cercle de pierres sera-t-il la clef qui lui rendra son identité? A moins que ce ne soit le vampire qui la surveille dans l'ombre...

Qui est donc Mévéa ? Démone, envoyée des dieux ou espionne romaine ? Cette jeune femme que les chasseurs du clan de l’Aigle ont découverte, blessée et fuyant à travers bois comme si elle avait une horde de démons à ses trousses, ne se souvient plus de son identité ni de comment elle a pu arriver là. Or, il se pourrait bien qu’elle ait un rôle important à jouer pour les siens en cette époque troublée… 
Mais qui sont vraiment les siens ? 

Si c’est vraiment de la fantasy historique que vous voulez, ce roman n’est sans doute pas pour vous, mais si c’est une fantasy douce et vaporeuse, largement mâtinée de romance, que vous recherchez, alors vous serez comblés. 
Disons-le tout de suite, le côté historique m’a semblé peu travaillé et les réactions des personnages bien trop actuelles pour que je puisse y croire, alors je me suis concentrée sur la partie fantasy car celle-ci sonnait plus juste selon moi. Il s’agit d’une fantasy subtile à la magie diffuse, nimbée de mystère et pleine de promesses. 
Si elle me laissait assez dubitative au départ, j’ai finalement bien aimé l’idée de mêler des vampires à la mythologie celte. C’était bien amené et original. 
Globalement, c’est un roman plutôt plaisant à lire, bien qu’il ne soit définitivement pas le meilleur de son auteur. On sent vraiment l’écrit de jeunesse, dans le fond, qui est parfois un peu puéril, comme dans la forme. Le style serait plutôt fluide et agréable, s’il n’était gâché par de trop nombreuses coquilles et quelques maladresses langagières qui l’alourdissent. 
Si j’ai beaucoup apprécié la première partie et que je me suis au passage attachée aux personnages, j’ai quand même trouvé par la suite que l’histoire tournait un peu en rond, se répétant sans vraiment avancer. En outre, le badinage amoureux des personnages, qui prend bien trop de place tout en n’étant, il faut le dire, pas vraiment subtil, m’a très vite lassée. L’histoire est également un peu trop manichéenne pour moi, malgré quelques exceptions... On a les gentils païens d’un côté et les très méchants chrétiens de l’autre… J’ai été, de plus, un peu déçue d’avoir tout de suite deviné l’identité du traître… 
Heureusement, l’auteur sait rendre ses personnages attachants et donner à ses lecteurs envie de connaître la suite malgré les quelques détours faciles que prend l’histoire. Je ne doute pas que le second volume sera bien meilleur que le premier s’il tient les promesses de celui-ci. Alors, si vous cherchez un roman de fantasy douce teinté de romance, sans prise de tête ou excès de magie tape-à-l’œil, n’hésitez pas, la Dame Sombre vous offrira un agréable moment de lecture.

lundi 21 mai 2012

Le livre du voyage

De Bernard Werber.
Édition Le livre de poche.

Présentation de l'éditeur :
Imaginez un livre qui serait comme un ami de papier. Imaginez un livre qui vous aide à explorer votre propre esprit. Imaginez un livre qui vous entraîne vers le plus beau, le plus simple et le plus étonnant des voyages. Un voyage dans votre vie. Un voyage dans vos rêves. Un voyage hors du temps. Ce livre vous le tenez entre vos mains.


Ouais, bon, imaginez...
Imaginez surtout qu'une amie vous offre ce bouquin, qu'il ne vous inspire pas, mais qu'elle insiste lourdement, alors, pour lui faire plaisir, vous décidez de vous y mettre... Imaginez au final que vous n'avez jamais aussi mal employé une heure de votre temps qu'en lisant ce livre qui, dieu merci, avait au moins le mérite d'être court.
Et même si je n'étais pas très enthousiaste, je vous promets que j'ai ouvert ce livre sans a priori. D'ailleurs, ça ne commençait pas si mal... Le livre me parlait... Un peu prétentieux le bouquin, parce qu'il croyait être le premier à le faire, mais bon, pourquoi pas... Il me racontait des tas de trucs que tout lecteur passionné sait déjà, me léchait un peu les bottes au passage... Et il m'a proposé d'aller faire une petite balade avec lui... Naïve je suis, j'ai suivi le livre et je me suis embarquée pour le voyage le plus superficiel, le plus ennuyeux et vide de sens que j'ai pu vivre.
Ce livre, qui se veut initiatique et bien pensant (il prendra d'ailleurs très souvent le parti de penser à votre place, des fois que ça puisse vous fatiguer de le faire seul) est en fait basé sur le principe de la visualisation créative. Principe new age qui vise à faciliter la relaxation ou la connaissance de soi en utilisant une trame de "voyage" ou de "création personnelle" prédéfinie et à étudier par la suite la façon dont notre esprit en a géré la symbolique, elle peut être un outil aussi intéressant que vain si elle est mal utilisée ou mal construite au départ. Créer une trame de visualisation ne s'improvise pas.
Disons-le tout de suite, les différents voyages proposés par ce livre ne m'ont vraiment pas convaincue. Outre le fait qu'ils sont superficiels et ne visent qu'à faire penser au lecteur qu'il est exceptionnel, plutôt que, par exemple, à lui faire chercher de nouvelles facettes de sa personnalité ou mieux comprendre certains de ses comportements, ils sont également bien trop subjectifs. Ils vous imposent ce que vous devez penser ou ressentir et ça c'est totalement contraire au principe de la visualisation qui est et doit rester personnelle, uniquement soumise à la subjectivité de celui qui la pratique et non de celui qui l'a créée.
Je pense que si une quelconque divinité régissant cet univers (qui comme chacun sait est l'estomac d'un dragon ou, peut-être, à la rigueur, un de ses intestins) a trouvé judicieux de nous doter de la capacité de penser, ce n'est pas pour que nous laissions à quelqu'un d'autre, du genre un auteur qui avait un creux dans son emploi du temps, le loisir de manier à notre place les rênes de notre raison et de notre sensibilité, même si c'est pour insuffler dans notre esprit des pensées dégoulinantes de bons sentiments.
Je suis un esprit pragmatique et je ne me laisse pas embarquer facilement, je l'admets, mais j'en connais un rayon sur la question des visualisations. Et, si je suis loin de verser facilement dans le mysticisme, je ne suis pas non plus réfractaire à ce genre de théories. Cela étant dit, pour vous assurer que, si à la base je n'étais pas cliente, je ne suis pas non plus rebutée par le principe, je ne pense pas que ce livre ait un quelconque intérêt en la matière. Et franchement, plus on avance dans la lecture et plus ça devient du grand n'importe quoi...
La seule vérité que j'ai tirée d'entre les pages de ce livre, c'est qu'il admet qu'on n'a pas besoin de lui...
Alors, si vous voulez vous évader, lisez donc un bon roman et si vous vous intéressez aux visualisations, je crois que même le plus amateur des magazines féminins a mieux à vous offrir.

vendredi 18 mai 2012

Le meilleur des mondes

D'Aldous Huxley.

Présentation de l'éditeur :
Défi, réquisitoire, utopie, ce livre mondialement célèbre, chef-d'œuvre de la littérature d'anticipation, a fait d'Aldous Huxley l'un des témoins les plus lucides de notre temps. Aujourd'hui, devait écrire l'auteur près de vingt ans après la parution de son livre, il semble pratiquement possible que cette horreur s'abatte sur nous dans le délai d'un siècle. Du moins, si nous nous abstenons d'ici là de nous faire sauter en miettes... Nous n'avons le choix qu'entre deux solutions : ou bien un certain nombre de totalitarismes nationaux, militarisés, ayant comme racine la terreur de la bombe atomique, et comme conséquence la destruction de la civilisation (ou, si la guerre est limitée, la perpétuation du militarisme) ; ou bien un seul totalitarisme supranational, suscité par le chaos social résultant du progrès technologique.


C'était le livre du club de lecture de Vampires et Sorcières pour le mois de février, si ma mémoire est bonne. Mais comme ma fiche a disparu suite à un bug et que je suis déjà bien en retard dans le défi de 2012, j'ai pensé la poster ici.

J’étais probablement trop jeune quand j’ai lu pour la première fois Le meilleur des mondes car, bien que me paraissant tout à fait plausible, cet avenir décrit pourtant de façon si pointue par Huxley était resté très abstrait dans mon esprit.
Aujourd’hui, ce Meilleur des mondes me semble terriblement concret et proche, dangereusement proche. Même si nous ne sommes qu’aux balbutiements d’un conditionnement systématique, nous semblons nous diriger vers cette forme de société. Enfin si, comme le disait l’auteur, nous ne nous faisons pas sauter avant d’y arriver…
Le fait est que ce meilleur des mondes peut sembler une utopie à qui pense que le bonheur est fait de tranquillité d’esprit, d’inconscience du temps et de soi, de stabilité rassurante, de plaisirs faciles et d’un bien-être aussi fade que régulier, mais qu’il est pour moi la pire des dystopies, la façon de s’éloigner à coup sûr de ce que devrait être le bonheur. Impossibilité de devenir réellement soi, relations superficielles avec les gens et le monde, des gens dont l’esprit lui-même est tenu en laisse, que pourrait-il y avoir de pire ? S’il est maintenu dans un état, sans possibilité de développer son esprit ou sa pensée au-delà de ce que sa société lui permet, que vaut encore l’être humain ? Il est irrémédiablement prisonnier et inutile.
Le meilleur des mondes est à l’image d’une ruche, le bonheur s’y résume en fait à peu de choses : savoir quelle est sa place dans le monde et aimer celle-ci. Ça me rappelle un texte que j’avais dû traduire en cours d’espagnol. Je ne me souviens plus du nom de l’auteur, mais il comparait la vie à une salle de théâtre. Le problème des gens, disait-il, c’est qu’ils préférèrent toujours s’installer à la place du voisin et sont alors contraints, tout le temps qu’ils y sont, à s’y sentir mal à leur aise, inquiets, oubliant au final de profiter du spectacle, occupés qu’ils sont à scruter chaque nouvel arrivant retardataire qui pourrait les chasser de la place si convoitée.
C’est le genre de chose qui n’arrive censément pas dans le meilleur des mondes car chacun a une place bien définie et ne devrait avoir besoin de rien d‘autre que cela pour se sentir bien… Mais des erreurs persistent néanmoins et on se rend compte au final que ceux qui ne se sentent pas à leur place sont une menace pour la société. Ce qui importe c’est qu’ils restent à leur place et pour ce faire, ils doivent l’aimer. Un bonheur sur mesure pour des gens sur mesure… Mais ce n’est pas parce qu’on vous persuade de quelque chose, que celle-ci est vraie dans l’absolu… Peu importe toutefois, car la vérité dans le meilleur des mondes est elle aussi toute relative.
Toute la subtilité de la réflexion tient en cela : le bonheur est-il un état ou une émotion ?
Dans le meilleur des mondes, les émotions fortes sont proscrites, pas d’angoisses et pas de véritables passions, le bonheur y est un état. Pour moi, le bonheur est une émotion, il est fugace, toujours en mouvement, il nait de la créativité, de la recherche et de la foi, il naît de l’amour et de la connaissance de soi autant que des autres. Et, bien au-delà de ça, il n’y a qu’à la connaissance du malheur qu’on peut mesurer ce qu’est le bonheur. C’est pour cela qu’il sera toujours absent de cette société. Les traitements, succédanés de passion violente et autres aberrations du genre, ou même les drogues n’y changeront rien, même si tout cela aide à maintenir l’illusion.
C’est une question de point de vue, l’essence même du bonheur est différente pour chacun, mais je ne m’imagine pas un monde sans art, sans quête de connaissance, sans questionnement spirituel sérieux. Un monde parfaitement stérile qui étouffe toute créativité, c’est effrayant. Ça fait probablement partie de mon propre conditionnement, je l’admets, mais leur société me répugne autant que ma vision du bonheur répugnerait à la plupart des personnages de ce roman. Cela dit, je comprends bien cette vision des choses et pourquoi elle convient à la plupart des personnages. Née dans ce meilleur des mondes, je penserais sans nul doute autrement. Enfin, si on peut appeler cela penser… Et, puisque je suis en état de choisir, je mesure la chance qui m’est offerte de pouvoir penser et surtout créer, avec toutes les douleurs et les affres qui accompagnent le processus…
Mais revenons au roman lui-même que personnellement je diviserai en trois parties distinctes.
La première nous présente ce monde, cette pseudo-utopie où chacun est censé être heureux. Il prône une uniformisation systématique, la fabrication de l’humain comme un produit, avec un rôle bien défini et une utilité maximale, de la naissance à la mort. Sans pour autant le cacher à ses citoyens car il n’est, du reste, pas nécessaire de le faire étant donné qu’ils sont conditionnés à ne pas s’en émouvoir. Ne connaissant rien d’autre, ils ne risqueraient pas de faire un autre choix. Et ils sont sans aucun doute conditionné à craindre la perte de leur petit confort… Ne pas se poser de question est salvateur pour eux et, au pire, à la moindre petite contrariété, il y a le soma…
C’est un monde où l’on n’est jamais pleinement soi, où la conscience est maintenue à un degré minimal et la vie dans une confondante superficialité. L’humanité est déshumanisée au possible, privée, selon moi, de tout ce qui pourrait faire son intérêt… Mais force est de constater que ça marche et c’est sans doute ce qui est le plus désolant. Oui, un tel monde fonctionnerait parfaitement, même si je pense que ses dirigeants iraient bien plus loin que ne l’a écrit Huxley. Je crois que ce dernier voulait surtout choquer, ce qu’il est d’ailleurs parvenu à faire, en insistant sur certains points de sa théorie plutôt que d’autres.
Bien sûr, même dans ce meilleur des mondes, arrivent des erreurs, ce qui est logique quand on transforme l’humain en produit, mais qu’on tient à ne pas dépasser une certaine limite en bridant la science et en favorisant le travail humain plutôt que celui des machines. Cela dit, l’auteur aurait sans doute vu les choses autrement près d’un siècle plus tard, avec les avancées scientifiques faites depuis l’écriture de ce roman. Peut-être aurait-il privilégié la robotique à la création d’epsilon… Mais bon, c’est une autre histoire…
La seconde partie, quant à elle, m’a toujours semblée par trop artificielle. Elle a certes un rôle dans le processus de prise de conscience du lecteur, mais sert surtout les prétentions d’Huxley qui, quand même, aimait bien s’écouter parler… Il avait envie de dépeindre la folie et les sentiments exacerbés, comme savait si bien le faire Shakespeare. Mais n’est pas Shakespeare qui veut et, franchement, ça se sent…
Cette partie nous montre qu’il n’y a pas d’échappatoire, c’est l’aliénation ou la folie qui attendent l’humanité. C’est probablement vrai d’ailleurs, mais c’est un peu pénible à force… Ça manque de subtilité et d’empathie, sans doute en partie à cause de l’écriture un peu sèche d’Huxley.
La dernière partie a surtout une fonction explicative. Huxley s’est servi du personnage de l’Administrateur pour expliciter ses vues, peut-être même un peu trop à mon goût car tout lecteur ayant un minium d’intérêt pour cette histoire aura compris, une fois la première partie lue, ce qu’est l’essence-même de ce Meilleur des mondes et à quoi il faut bien évidemment renoncer pour obtenir en échange l’ataraxie si recherchée… Et il aura apprécié de le comprendre tout seul, comme un grand…
Quoi qu’il en soit, malgré ces quelques petits reproches, Le meilleur des mondes est une lecture intelligente, qui donne à réfléchir, tout en étant au final assez agréable à lire. C’est très logique et lucide, vraiment bien construit. De mon point de vue, et à mon grand effroi, Huxley était véritablement un visionnaire. Près d’un siècle plus tard, sa théorie est toujours d’actualité.
Ce roman est scientifiquement plausible, philosophiquement discutable et éthiquement inconcevable, mais il est néanmoins une probabilité qu’on ne peut écarter. C’est ce qui fait justement sa force et son intérêt.

Aldous Huxley a donc l'honneur d'être mon premier auteur mort pour le défi 2012.

*

jeudi 3 mai 2012

Quadruple assassinat dans la rue de la morgue

Les Nécrophiles Anonymes T1.
De Cécile Duquenne.
Chez Voy'[el].

A noter que les éditions Voy'[el] nous proposent ce roman grand format d'environ 180 pages au prix plus que raisonnable de 10€.

Quatrième de couverture :
Népomucène, préposé à la Morgue, mène une vie tranquille et nocturne en compagnie de Bob, vampire d'environ 150 ans d'âge. Lorsqu’il manque devenir la cinquième victime d’un mystérieux assassin, son ami de longue date mène l’enquête. L’immortel est certain qu’une autre créature surnaturelle a commis le massacre.
Ainsi commencent les aventures des Nécrophiles anonymes.


J'avais beaucoup apprécié la nouvelle de Cécile Duquenne dans l'anthologie Or et Sang publiée chez les éditions du Petit Caveau, j'attendais donc beaucoup de ce roman qui, me laissait penser le résumé de quatrième de couverture, serait assez déjanté pour me plaire...

Népomucène, homme placide, un rien timide et des plus ordinaires, ne se doutait sûrement pas qu’en travaillant de nuit à la morgue, il allait pénétrer dans un univers étrange et surnaturel en faisant la connaissance de Bob le vampire.
Il y a de quoi nous mettre dans le bain ne serait-ce qu'avec ce postulat de base et les noms de nos deux personnages principaux : bizarrerie et ironie sous-jacente font le sel de ce roman.
Tirés de leur petit train-train ordinaire, qui consiste en général à siffler des bières et à faire quelques expériences douteuses sur des cadavres (d'animaux, voyons, qu'allez-vous chercher...), nos deux compères vont devoir enquêter sur de sordides assassinats.
Ce qui fait en grande partie le charme de ce trop court roman est l’incongruité tranquille des situations mises en scène. Le fait, également, que les personnages soient si hauts-en-couleurs, mal assortis et trouvant pourtant matière à s’accorder, est aussi fort agréable et rend le tout très vivant. C’est original et sympathique, le récit est prenant et plein d’humour. Même si j’ai trouvé l’enquête sans grande surprise (j'ai bien trop vite deviné l'identité de l'assassin), le final n’est pas bâclé, ce qui est appréciable.
Népomucène est un narrateur rafraichissant de par sa normalité et, s’il est un rien pleurnichard, il n’en est pas moins attachant. Ses comparses apportent, quant à eux, un peu plus d’originalité, voire de loufoquerie, au roman et l’équilibre se fait ainsi dans une atmosphère délicieusement contrastée.
Qui plus est, ce roman est bourré de références en tous genres qu'il est amusant de découvrir au fur et à mesure. Outre la célèbre nouvelle d’Edgar Poe, Double assassinat dans la rue Morgue, et son auteur, référence majeure, avec notamment le pastiche d’une scène culte, nous avons droit à de nombreux clins d’œil à des textes classiques, tout autant qu’à de récentes séries de fantasy urbaine, ainsi que des séries télévisées. Tout ceci participe à créer une ambiance bien particulière que j'ai vraiment beaucoup aimée.
Il y a bien quelques longueurs, un peu gênantes pour un texte si court, ainsi que des cafouillages (chronologiques et orthographiques), mais ce ne sont que de petits accrocs. Je ne vais donc pas trop chipoter, car la lecture fut agréable et j'attends la suite des aventures de Népo, Bob et leurs potes avec une certaine impatience.

dimanche 29 avril 2012

Vague de chaleur

De Richard Castle (enfin, censément, et je ne retrouve pas le nom du vrai auteur).
City éditions.

Ce roman policier, premier d’une série, est lié à l’univers de la série télévisée Castle. Il s’agit en fait du roman qu’un des personnages, Richard Castle, est censé avoir écrit à la fin de la première saison en s’inspirant de l’inspecteur Kate Beckett qu’il a suivie au cours de ses enquêtes.
Autant vous le dire tout de suite, je n’ai pas du tout apprécié cette lecture et pourtant j’aime la série.
Je n’attendais pas grand-chose de ce roman, mais alors là, c’est en-dessous de tout… Franchement, c’est avec ce genre de truc qu’on voit qu’il y a de la marge entre l’écriture d’un scénario et celle d’un roman…
L’idée c’est que ce cher Castle, tout en s’inspirant grandement de situations vécues (on nous retranscrit d’ailleurs mot à mot certaines scènes de la série), s’amuse aussi à réaliser certains de ses fantasmes dans son roman. C’est typique du personnage et ça amène aussi un petit intérêt pour les fans de la série qui peuvent comparer avec les réactions qu’ont eu les personnages à la lecture du bouquin, entre autres choses. Cependant, ça tombe aussi très souvent à plat.
C’est mal écrit, la traduction n’arrange sûrement pas les choses car il y a des fautes consternantes, je n’ai pas retrouvé l’humour ni le suspense présents dans la série et, surtout, les personnages sont loin d’avoir le même charisme que ceux dont ils sont censés être inspirés.
Dans la série, Castle est génial, avec son côté puéril, insupportable et néanmoins charmant, alors que Rook, son reflet de papier, est d’une exceptionnelle fadeur. Même si je comprends l’idée qui se cache derrière ça, c’est quand même Castle qui fait toute la drôlerie de la série et ça manque cruellement au roman qui, en plus, n’a à nous offrir qu’une Nikki beaucoup moins nuancée que l’est cette chère Kate.
L’intrigue policière, elle, n’est pas mauvaise, tout en n’étant pas non plus exceptionnelle. C’est le même principe que pour un épisode, à savoir de multiples rebondissements qui deviennent plutôt prévisibles quand on l’habitude de la série. L’écriture rend le tout beaucoup moins dynamique et je me suis plutôt ennuyée.
Je n’essaierai pas les suivants ni ne conseillerai ce livre, même aux fans. C’est une perte à la fois de temps et d’argent. C’est bien dommage…

Petites nouvelles...

Commençons par dire que je ne suis pas morte, ce qui est déjà pas mal, mais que j'ai été un peu fainéante, entre autres soucis, dernièrement. J'ai donc honteusement délaissé ce blog ce qui a, j'en suis sûre, traumatisé mes très nombreux fans.
Consolez-vous, je suis de retour avec un paquet de chroniques en retard. Je doute que tout soit rattrapable, mais on fera ça petit à petit...

lundi 2 avril 2012

Edenborn

Un roman de Nick Sagan publié chez J'ai Lu dans la collection Nouveau Millénaire.

Vous pouvez consulter la chronique du premier tome : Idlewild.


Présentation de l'éditeur :
A la fin du XXIe siècle, l'espèce humaine a totalement été éradiquée par le Black Ep, un virus qui détruit l'ADN de ses victimes. Pourtant, une poignée d'hommes et de femmes hante encore les ruines du monde. Les scientifiques qui leur ont « donné naissance » avant la catastrophe les ont dotés d'un code génétique différent du nôtre, les immunisant contre le Black Ep. Ils ont passé leur enfance dans une Réalité Virtuelle Immersive, où ils ont vécu l'illusion d'une jeunesse normale et acquis les connaissances nécessaires à l'exécution de leur mission future : ressusciter l'humanité. C'est à cette tâche qu'ils s'attèlent aujourd'hui, mais, alors qu'ils sont sur le point de faire une avancée significative, plusieurs de leurs « enfants » meurent inexplicablement. Mutation du virus ou sabotage ?

Attention, cet avis dévoile une partie de l’intrigue du tome précédent. 

Dix-huit années se sont écoulées depuis les événements décrits dans Idlewild. Deux groupes distincts tentent de redonner vie à l’humanité. Vashti et Champagne se sont installées en Allemagne avec leurs bébés nageurs, enfants génétiquement modifiés pour mieux résister au virus. Isaac, lui, a opté pour une descendance pleinement humaine qu’il dope aux médicaments. 
Pandora tente, quant à elle, de faire le lien entre les différentes factions, ne perdant pas non plus espoir de ramener Hal à de meilleurs sentiments envers ses anciens camarades de classe. Avec l’assistance de Malachi, elle gère également le réseau RVI. 
Contrairement à Idlewild dont le seul narrateur était Halloween, Edenborn nous offre une narration chorale à six voix. Pandora, tout d’abord, nous donne un point de vue extérieur, qu’elle veut neutre et honnête, sur les deux factions entre lesquelles elle évolue, mais également sur l’histoire générale, anticipant parfois les événements par touches légères. C’est avec celle de Pandora que la voix de Malachi se fait le plus souvent entendre en contrepoint, la causticité contre la douceur, la précision contre l’extrapolation... Ils sont tous deux le ciment de cette histoire. 
Lors de ma lecture d’Idlewild, Pandora et Malachi étaient les deux personnages secondaires ayant le mieux capté mon attention. J’ai été heureuse de les retrouver nettement plus présents dans cette suite et d’en apprendre davantage à leur sujet. Néanmoins, Halloween, qui se fait discret pendant les deux premiers tiers du roman, m’a beaucoup manqué au début. 
Le reste de la narration se partage entre Penny, l’une des filles de Vashti et Champagne, Haji, l’un des fils d’Isaac, et Deuce, personnage étrange dont l’origine reste longtemps obscure. Chacun apporte quelque chose de différent au récit et a sa propre façon d’interagir avec le lecteur. Pandora nous raconte une histoire, Penny, elle, écrit son journal, Haji vit sa vie comme une quête spirituelle, il s’interroge et commente, il rapporte par exemple les dialogues sans la ponctuation qui devrait les marquer, ce qui peut troubler le lecteur, quant à Deuce, il a une façon bien à lui de s’exprimer, enfin, ce cher Hal reste heureusement tout à fait égal à lui-même. 
L’alternance entre ces diverses voix allège un peu la narration car, il faut bien le dire, certains personnages sont plus difficiles à supporter que d’autres. Le narcissisme de certains, le mysticisme d’autres, des personnages qui parfois délirent ou anticipent trop les événements à venir poussent le lecteur en-dehors de l’histoire ou l’y engluent davantage selon le cas… Mais je considère que tout cela fait justement partie du charme de cette lecture. Edenborn est un roman très bien construit et sans concession, même si je l’ai trouvé un peu inférieur à Idlewild qui m’avait séduite du début à la fin, l’auteur a su lui insuffler le même esprit. 
L’action dans Edenborn est plus lente, plus posée, mais elle demande, tout autant que celle de son prédécesseur, une implication totale du lecteur pour bien la suivre. Il est certes plus difficile d’entrer dans cette lecture et de s’attacher aux personnages, de ne pas avoir l’impression d’étouffer, par exemple, sous l’aspect religieux du texte, mais c’est un roman qui sait rester prenant, avec une tension qui s’intensifie au fil des pages. Et, tout en ayant l’impression que l’auteur lui dévoile une bonne partie des événements à venir, il y a fort à parier que le lecteur trouvera toujours de quoi le surprendre, parfois jusqu’à l’impression d’avoir été retourné comme une crêpe, car cette histoire est truffée de révélations et de rebondissements. 
Edenborn est une excellente suite et il me tarde de lire le troisième et dernier volume de cette trilogie.