samedi 25 août 2012

Les Chasseurs d'âmes

De S. A. William.


Zack est un adolescent normal, si tant est que la norme inclut une mère qui vous déteste, un père absent et une soeur qui doit se cacher pour vous parler. Sa vie s’écoule lentement dans une banalité mortelle lorsqu’un jour, une jeune inconnue lui passe un anneau au doigt et file sans ajouter un mot.
Zack se retrouve malgré lui projeté dans un monde onirique où il devra apprendre à combattre un ennemi invisible qui enferme les dormeurs dans leurs rêves et les plonge dans le coma, mission pour laquelle il ne se sent pas concerné... Jusqu’à ce que sa soeur, sa raison de vivre, tombe à son tour dans cette mystérieuse maladie du sommeil...


C’est encouragée par les avis enthousiastes de mes copines et par la façon qu’a l’auteur de parler de sa trilogie, que je me suis lancée dans la lecture de ce premier volume.
C’est un roman de fantasy contemporaine « young adult » et ce n’est habituellement pas mon genre de prédilection. Je suis, après tout, une vieille harpie… Or, celui-ci est largement passé entre les mailles du filet des récriminations que je réserve d’ordinaire à ce genre de romans.
C’est vraiment un très bon livre.

Imaginez des jeunes gens qui, accompagnés de leurs doubles, qu’on appelle communément des Harbis mais qui sont en fait divers animaux mythiques, parcourent les rêves des gens pour les sauver d’une étrange maladie… C’est dans ce monde, entre rêve et réalité que S. A. William nous emporte.
Tout commence sur les chapeaux de roues avec Zack, notre héros, qui accumule les catastrophes. On sent la volonté de l’auteur de nous entraîner très vite au cœur de l’action, ce qui serait une très bonne chose si cela ne se faisait pas un peu au détriment de la fluidité du récit. Tout s’enchaîne un peu vite, trop facilement, dans les premiers chapitres, mais le récit prend finalement son rythme de croisière et devient plus abouti au fur et à mesure que le personnage principal accepte sa nouvelle vie et qu’il progresse en tant que Chasseur d’âmes.
Je crois que ce début un peu abrupt est le principal reproche que je peux faire à ce roman. C’est, en tout cas, la seule chose qui m’ait vraiment gênée car, même si j’ai apprécié d’entrer tout de suite dans le vif du sujet, j’ai ressenti une certaine frustration à voir les événements se télescoper brutalement sans être développés.
Il y a bien quelques petites maladresses de plus, comme par exemple quelques longueurs par la suite ou le fait qu’aucune distinction typographique ne soit faite entre les paroles prononcées et les échanges mentaux de Zack avec son Harbi dans les dialogues, ce qui rend le tout un peu fouillis parfois, mais rien de bien insurmontable. Ce sont quelques petits cafouillages dans la construction du texte, plus que dans l’histoire elle-même, qui sont facilement excusables quand on sait à quel âge l’auteur a écrit ce premier roman. J’en connais de plus vieux qui écrivent beaucoup moins bien et qui n’ont pas une imagination aussi vive que la sienne.
Le point fort du roman, celui qui a capturé mon attention pour me faire oublier tout le reste, est indubitablement l’histoire qui est très prenante et originale. S'il est indéniable que l'auteur s'est inspirée de beaucoup de choses différentes pour créer son monde (elle fait d'ailleurs de nombreuses références à ses inspirations), elle a su rendre le tout très personnel. Le concept des chasseurs d’âmes qui évoluent en rêves pour sauver les gens touchés par la maladie du sommeil est très séduisant car il permet à l’auteur de nous ouvrir les portes de nombreux univers différents. Le moins qu’on puisse dire c’est que l’idée est bien exploitée ; S. A. William a su élaborer un background très riche et bien construit. Cependant, elle semble néanmoins avoir gardé pas mal d’atouts dans sa manche pour les volumes suivants.
Les rêves sont si bien construits et détaillés que la réalité paraît un peu fade et floue en comparaison. Le parallèle entre les deux est intéressant car on sent que les personnages pourraient facilement perdre pied. J’admets avoir beaucoup apprécié cet aspect de l’histoire.
Les personnages sont attachants, bien qu’un peu puérils par moment, mais ça reste crédible car après tout c’est de leur âge, il n’y a que les fossiles dans mon genre pour avoir envie de leur donner une petite claque derrière la tête, façon grande sœur bienveillante. Mais j’ai beau avoir eu envie de les rappeler à l’ordre plusieurs fois, il n’y a pas à dire, je les ai trouvés vraiment sympas. On se laisse facilement piéger par cette ambiance onirique et quand la fin arrive on a sincèrement envie de savoir ce qui va se passer pour eux et leurs proches.
Aussi, je vais donc me précipiter sur la suite et vous encourager à découvrir Les Chasseurs d’âmes.

Si vous voulez vous procurer ce livre, je vous invite à vous rendre sur le forum de l'auteur ou sur sa page facebook.

Et c'est avec joie que j'ajoute ce livre à mon défi dans la catégorie auteur français.

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mercredi 8 août 2012

Quelques chroniques... (2)

Une récap' de certaines de mes chroniques publiées dernièrement sur Vampires et Sorcières.

L'aube de la guerrière de Vanessa Terral.
Presque un coup de cœur celui-ci. Si vous aimez la fantasy urbaine, je vous le conseille vivement.
Je veux une suite !

Vampires d'une nuit de printemps
de Lia Vilorë.
Un autre excellent roman de fantasy urbaine qui vaut vraiment le détour. Je me marre encore rien qu'en repensant à certaines scènes et les vampires de cette histoire sortent des sentiers battus.
Pour celui-ci aussi je veux une suite !

Abraham Lincoln, chasseur de vampires de Seth Grahame-Smith.
Mon avis est mitigé, mais ce fut une lecture globalement intéressante.

Sirellia d'Alissandre.
Celui-ci ne m'a pas marquée plus que ça, mais bon...

mardi 7 août 2012

Abraham Lincoln, chasseur de vampires

 Un roman de Seth Grahame-Smith, publié chez J'ai lu.

Présentation de l'éditeur :
"Entre 1607 et 1865, soit pendant plus de deux cent cinquante ans, les vampires ont prospéré dans l'ombre aux États-Unis. Peu d'humains croyaient en leur existence. Abraham Lincoln comptait parmi les valeureux chasseurs de vampires de son temps et tenait un journal de sa lutte sans relâche contre eux. L'existence présumée de ce journal a longtemps alimenté les spéculations des historiens et des biographes de Lincoln. La plupart n'y voient qu'une légende." 
Et pourtant...
Si vous n’aimez pas les romans historiques, passez votre chemin. Certes il s’agit d’une fiction, mais elle est très fidèle à la biographie de Lincoln et souvent ça ne va pas plus loin que ça. Il n’y a pas de vampires et de chasses échevelées à toutes les pages, mais plutôt une fiction très bien construite, au point qu’elle atteint un certain degré de vraisemblance qui vise en fait à établir un parallèle entre le vampirisme et l’esclavage. Il y a des confrontations entre Lincoln et des vampires, bien sûr, mais la trame de fond est avant tout politique.
Globalement c’est plutôt bien, ça donne l’impression de combler les blancs de l’histoire, mais aussi de réinterpréter certaines choses sous une nouvelle lumière. En cela, la fiction est très bien intégrée à la vraie histoire. Évidemment on sait que c’est faux, mais ça n’en serait pas moins plausible et c’est ce qui en fait le charme.
Cet ouvrage est vraiment écrit comme une biographie romancée, avec bien sûr la dose de parti pris que cela suppose et un peu trop de manichéisme à mon goût. Il s’agit d’une narration à deux voix. Il y a tout d’abord celle de Lincoln, à travers des extraits de son prétendu journal ou de sa correspondance (réelle et fictive), mais aussi des morceaux de ses discours. Ces encarts dans le texte nous content la majeure partie de l’histoire du point de vue de son personnage principal, avec ses doutes, ses émotions, ses crises de rage comme ses désespoirs...
Puis, comme un lien entre les extraits, prenant parfois des raccourcis quand c’est souhaitable, interprétant des faits ou glosant sur les pensées et émotions des personnages afin de combler les blancs de l’histoire, il y a les interventions de l’auteur lui-même. Celui-ci se met en abyme, prétendant avoir reçu les carnets de Lincoln de la part d’un mystérieux client de son épicerie.
Le récit est divisé en trois grandes parties narrant l’enfance, la vie d’adulte puis de président de Lincoln. Si la première partie ne manque ni d’intérêt ni de vivacité, l’histoire commence ensuite à devenir un peu plus pesante. Il y a notamment un moment, vers la moitié du roman, où toutes les entrées du journal de Lincoln se ressemblent. Les atermoiements du personnage se répètent sans fin et il ne se passe plus grand-chose. J’ai eu du mal à me sortir de la lassitude engendrée par ce passage, même quand le récit a repris de l’envergure.
Outres ces longueurs et le manichéisme de l’histoire, des petites choses m’ont gênée. J’aurais voulu en savoir plus sur certains personnages, comme Henry ou Booth. Il y a deux endroits où le récit m’a semblé brutalement coupé sans avoir dévoilé tout ce qui était censé l’être. Il y a également un détail de la fin qui m’a laissée plus que dubitative.
Néanmoins, force est de constater que j’ai apprécié cette lecture malgré ces quelques accrochages. C’est un roman très dense, compensant les moments de creux par d’autres beaucoup plus vifs qui le rendent prenant. Le style est plaisant, malgré les quelques coquilles qui jalonnent la traduction, et l’intrigue est bien menée, la fiction se mêlant sans trop de problèmes à l’histoire.
Fait assez rare pour les versions en livres de poche et donc à signaler : les illustrations du grand format sont aussi présentes dans le poche. Il s’agit de montages illustrant le récit. Ils ne sont pas vraiment nécessaires à l’histoire, mais lui apportent tout de même un petit plus.

dimanche 5 août 2012

La voie de la sorcière

Premier tome de la trilogie Fille d'Hécate.
Écrit par Cécile Guillot.
Publié aux éditions du Chat Noir.


Présentation de l'éditeur :
"Je croyais n'être qu'une étudiante ordinaire et sans doute trop renfermée. Et puis, il a eu cette expérience étrange, la découverte de mon don... Maintenant je dois apprendre à m'accomplir en tant que sorcière, développer mes pouvoirs et trouver ma place en ce monde. Tout aurait-été parfait s'il n'y avait pas eu ces cauchemars et ces malaises. Quelqu'un cherche à me nuire ! Mais qui pourrait bien me harceler ainsi ?
Et, pour ne rien arranger, j'ai aussi un mémoire à écrire pour valider ma dernière année de psycho. Ma vie n'est vraiment plus de tout repos !"

Maëlys nous ouvre les portes d'un univers étrange et déroutant, celui de la Wicca. La quête spirituelle qui est sienne va l'exposer à des menaces insoupçonnées. Surtout que le destin pourrait bien placer sur son chemin, les clés qui l'aideront à résoudre les mystères d'une existence parsemée d'ombres… Car, une sorcière peut-elle s'épanouir coupée de ses racines, ignorante d'un passé dont pourrait dépendre l'avenir ?


Je commencerai par dire que si j’ai beaucoup apprécié la lecture du prologue écrit par Vanessa Terral, je crains qu’il puisse paraître quelque peu obscur au lecteur qui n’est pas familier de cette pensée païenne dont il est question.
J’invite donc ce lecteur à ne pas s’en tenir à cela et à commencer par le roman, pour ensuite revenir au prologue s’il le souhaite. Peut-être que celui-ci lui paraîtra alors plus accessible et l’incitera de surcroît à la découverte.

C’est toujours avec enthousiasme que je me plonge dans les romans qui s’inspirent du paganisme. Celui-ci, à la fois roman fantastique et initiatique avait tout pour m’intéresser et ne s’est pas montré décevant. Même si quelques petites choses m’ont gênée, j’ai globalement bien apprécié cette histoire.
La voie de la sorcière nous conte avec une grande sensibilité l’histoire de Maëlys, jeune fille très solitaire qui se découvre par le plus grand des hasards un don d’empathie. Ce don sera pour elle un déclencheur lui permettant de se trouver elle-même, d’accepter de grandir et de faire face à des choses qu’elle a toujours préféré occulter.
J’ai apprécié que pour une fois l’histoire se déroule en France, même si c’est moins rare en fantastique que dans l’urban fantasy. L’univers de l’héroïne m’étant connu, j’ai plus facilement trouvé mes marques dans son histoire.
S’il est vrai que le début du roman est un peu abrupt, ce qu’on peut regretter pour un texte aussi court, l’écriture délicate de Cécile Guillot rattrape bien le coup. Elle a indubitablement bien travaillé son personnage et sait nous rendre Maëlys très sympathique. On s’attache à elle, on s’inquiète, on expérimente même, en un certain sens, l’empathie que Maëlys développe, mais envers elle-même.
On voit la jeune fille changer tout au long du roman, devenir plus assurée et moins puérile, gagnant au passage en crédibilité. En cela, La voie de la sorcière est une belle réussite. J’ai beaucoup aimé voir ainsi évoluer le personnage.
Pourtant, j’ai vraiment cru que ce roman serait trop court, qu’il manquerait un peu de substance. Mais au final ce ne fut pas le cas. Il est vrai que c’est un texte sans prétention, qui ne donne pas dans la surenchère au niveau de l’action comme de la magie elle-même, mais rien n’y est laissé au hasard. C’est du bon fantastique et une quête initiatique très bien construite.
L’histoire est très plaisante, même si l’intrigue est sans réelle surprise. C’est la très forte influence de la réalité dans l’appréhension de la magie qui m’a plu le plus. J’ai apprécié de retrouver dans ce roman un univers connu. Il est bourré de références qui parleront aux personnes qui connaissent déjà un peu le paganisme et surtout la Wicca, mais qui peuvent rendre le symbolisme l’histoire un peu difficile à pénétrer pour le néophyte. Certes, le tout est pourtant très didactique, Cécile Guillot explique bien, sans surcharger le texte et l’histoire est tout à fait compréhensible, mais il manquera peut-être un petit quelque chose au lecteur à qui ces concepts sont étrangers.
La seule chose que je déplore vraiment c’est qu’on nous refasse le coup de l’orpheline qui découvre ses origines. Un personnage ignorant est toujours bien pratique, il permet au lecteur d’apprendre en même temps que lui, mais pourquoi toujours s’accrocher à cette fichue histoire d’hérédité ? C’est bien simple, c’est soit l’orpheline qui découvre ses origines, soit la brebis galeuse de la famille qui met au jour un terrible secret. Dans le cas présent, ce n’est pas mal raconté et ça ne sombre pas non plus dans la sensiblerie, mais j’admets ressentir une certaine lassitude vis-à-vis de ce ressort scénaristique qui revient tellement souvent en littérature, surtout quand il s’agit de sorciers et sorcières…
C’est un détail et ça ne dérange peut-être que moi, qui plus est l’histoire de Maëlys ne manque ni de cohérence ni d’intérêt et je vous invite chaleureusement à la découvrir, d’autant plus que Cécile Guillot a vraiment un très beau style.

dimanche 29 juillet 2012

La confrérie de la dague noire T1, l'amant ténébreux

De J.R. Ward.
Publié chez Milady.

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Notez le soin apporté à la couverture, la nana de l'image est blonde alors que l'héroïne du roman est brune... Je crois que ça veut tout dire.

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Résumé de l'éditeur :
Une guerre fait rage à l'insu des humains. Six vampires protègent leur espèce contre la Société des éradiqueurs. Ces guerriers sont regroupés au sein de la mystérieuse Confrérie de la dague noire. A sa tête, Kolher, leader charismatique et implacable... L'un de ses plus fidèles guerriers est assassiné, laissant derrière lui sa fille, une magnifique jeune femme, une sang-mêlé qui ignore tout de son destin. Et c'est à Kolher qu'il incombe de faire découvrir à Beth le monde mystérieux qui sera désormais le sien...


Avant-propos (à lire si vous vous inquiétez de ma santé mentale, sinon passez directement à mon avis sur le livre) :
A toutes les personnes qui pensent que j’ai lu ce livre parce que j’ai perdu un pari, je répondrai : il y a de ça.
Sur le forum de vampires et sorcières il y a un jeu qui consiste à mettre un extrait de roman et a asticoter les autres jusqu’à ce qu’ils trouvent le titre qui correspond. Et moi, en bonne emmerdeuse, je leur ai sorti un vieux roman de fantasy des années 70 en leur disant que si quelqu’un l’avait lu, je lirai de la romance paranormale.
Bon, je ne prenais pas vraiment de risque avec ce roman, d’ailleurs personne ne l’avait lu, mais Chani, dont tout le monde connaît la perfidie, a décidé de le lire exprès pour me provoquer ! (C’est cruel, hein ? Dites-le que c’est cruel !!!)
Il en allait de mon honneur de lectrice, j’étais obligée de tenir ma promesse… (Même si nous pouvons nous accorder pour dire combien cette manipulation était retorse.) Un vote a donc été organisé par les membres du forum et le résultat a été en faveur du premier volume de La confrérie de la dague noire, série que l’on m’a décrite comme étant « la meilleure de la liste ».
Je me suis donc lancée courageusement dans ce marasme gluant qu’est la romance paranormale.
Au final, sincèrement, je ne veux même pas envisager une seconde quelles daubes devaient être les autres bouquins de la liste…

S’il y a des fans de la confrérie qui passent par ici (par hasard, j’imagine), ne lisez pas mon avis. Je respecte tout à fait vos goûts en matière de lecture, mais ça ne m’empêchera en rien de dire tout le mal que je pense de ce fichu roman.

Mon avis :

Avec quelques spoilers (comme si on ne savait pas d'avance comment ça va finir).

Je ne sais même pas par quoi commencer tellement j’ai trouvé cette lecture ennuyeuse. D’habitude, la romance paranormale me fait surtout beaucoup rire, principalement parce que je la trouve navrante de bêtise, mais là… J’en resterais presque sans voix et prête à subir un lavage de cerveau pour 1 : oublier ce bouquin, 2 : désapprendre à lire pour ne jamais plus avoir à me farcir un truc pareil.
Mais qu’est-ce que c’est que cette daube ???
Bon l’auteur a bien travaillé sur les origines de son peuple de vampires, ça je veux bien le lui accorder. Ce n’est pas non plus l’idée du siècle, mais j’ai vu pire. Par contre, j’aimerais attirer votre attention sur quelque chose qui m’a… consternée. Ouais, je crois que c’est le mot…
Il y a des auteurs qui ont inventé des langages pour offrir plus de cachet leurs histoires, langages certes plus ou moins travaillés, mais composés avec une certaine application, quel que soit le degré de complexité qui en a résulté. Il y en a d’autres qui ont utilisé patiemment des langues anciennes pour créer les bases de leurs langues imaginaires… Je n’en demande pas tant, mais bon, un minimum d’efforts est toujours appréciable.
A côté de ça J. R. Ward, elle, met des h dans les mots. Oui, oui, vous avez bien lu. Comme seule influence de l’ancienne langue des vampires sur celle qu’ils ont fini par adopter, on retrouve des h un peu partout. Bon, il y a bien quelques mots de leur langue ancienne par-ci par-là, arrivés d’on ne sait où parce que ça fait classe, mais la plupart du temps on en reste aux h. Après tout, les lecteurs s’en contrefoutent…
Alors ça c’est du boulot J.R. ça a dû te demande beaucoup de recherches et d’imagination…
Parlons du style ensuite, on va garder l’histoire pour la fin, c’est quand même le plus marrant.
La traduction est déplorable (oui ça se sent même quand on n’a pas lu la V.O. parce qu’il y a des phrases qui disent tout le contraire de ce que laisse entendre le contexte).
On a aussi, notamment, un personnage appelé Audasz auquel on fait souvent référence par l’initiale D. On m’a expliqué que c’est parce qu’à l’origine il s’appelle Darius. Là j’ai juste envie de dire à la traductrice de changer de métier si elle n'est pas capable de gérer correctement un petit changement de nom…
Il y a aussi, ce qui est vraiment très agaçant, une absence quasi systématique de négation complète dans les dialogues. Un peu ça va, mais là c’est au-delà du supportable. Ça fait langage parlé ? Ouais, d’accord, mais parfois c’est complètement ridicule :
« Me fais pas confiance. M’aime pas. Je m’en tape. Mais me mens jamais. »

Je ne sais pas si ça vient de l’orignal ou de la traduction, mais franchement ça craint.
Au-delà de ça, Je ne pourrais pas vraiment dire que c’est très mal écrit sinon, c’est juste très quelconque, stylistiquement parlant, et particulièrement vulgaire. Puis, ces vampires ont quand même une façon de s’exprimer qui me fait me demander s’ils tournent à plus de cent mots de vocabulaire. Mais bon, l’élégance de l’écriture et ce genre de romans ont toujours fait deux… Qui plus est, on ne devrait pas attendre de guerriers vampires qu’ils aient un minimum de culture.
Le tout manque de logique aussi, parfois. Comme quand les vampires invoquent Dieu ou usent de jurons religieux alors qu’ils ont leur propre religion. Ils devraient se référer à leur Vierge Scribe. A la rigueur ils auraient pu choper l’habitude en fréquentant des humains, mais ce n’est pas le cas et certaines coutumes humaines leur sont totalement étrangères. (La télé, ma bonne dame, c’est utile pour apprendre des jurons, mais pas pour savoir que les humains se serrent la main quand ils se présentent.)
Enfin, revenons donc à cette vulgarité constante… C’est plutôt étonnant, et soûlant, de voir une bande de gars en cuir (ce qui est également hyper discret quand on déambule la nuit dans les rues faut dire) qui passent leurs temps à se traiter de fils de pute pour faire cool. Les derniers bourrins que j’ai rencontrés n’avaient pas de meilleures manières, mais fallait surtout pas toucher à leur maman…
Des gars très discrets, vous disais-je. Qui font tous 2m12 et 3m de large, nourris depuis le berceau à la créatine, vêtus de cuir et de soie noire, qui sortent la nuit pour tuer de l’éradiqueur (oui, éradicateur ça sonnait bien trop « mot sorti tout droit du dictionnaire », fallait innover) et personne ne les remarque jamais… C’est utile de pouvoir effacer les souvenirs des gens. La soie noire c’est quand même l’idéal pour se bastonner, faudrait pas s’en priver…
Bon, reprenons, les gentils vampires qui ne demandent rien à personne, même pas du sang car ils se nourrissent les uns des autres (ça aussi ça n’est pas très logique, mais passons) sont pourchassés par les méchants éradiqueurs (sérieux, j’ai vraiment du mal avec ce mot). Ces derniers sont morts et privés de leur âme, histoire qu’on comprenne bien qu’ils sont vraiment très méchants et pas nets. Ils sont au service d’un vilain monsieur qui est jaloux du pouvoir de sa sœur, la maman (peut-être avec un h) des gentils vampires.
Et pour défendre tous ces gentils vampires innocents contre une soixantaine de méchants sans âmes qui sont remplacés dès qu’on les tue on a quoi ? Cinq gars en cuir et chemises en soie, avec des shuriken et des dagues.
Hmmmmouais.
J.R. tu me donnes la migraine…
Evidemment les gars en cuir ont trop de problèmes et sont quasiment tous des mal-aimés. C’est pratique quand on veut écrire une série de RP, on va tous les caser et leur offrir la rédemption au fil des volumes et pour montrer l’exemple on va commencer par leur chef, le roi pleurnichard qui n’assume pas ses fonctions. Mais ça n’est pas sa faute, bien entendu, c’est juste qu’il a peur de mal faire…
Ces personnages sont à pleurer de rire tellement ils sont archétypaux.
D’abord, il y a Kolher, 2m12, quasiment aveugle, revêche, mais c’est parce qu’il a bobo à son petit cœur. Le mec torturé de base, avec un passé douloureusement tragique, et sans doute le plus bourrin de la bande (quoique le flic n’est pas non plus en reste dans le genre…)
Au départ il ne veut pas de Beth, mais son honneur va le pousser à s’occuper de la pauvre petite qui, sans la pureté de son sang, ne pourrait sans doute pas survivre à sa transition. (Les vampires ne se transforment qu’à l’âge de 25 ans et ont pour cela besoin du sang d’un autre vampire de sexe opposé. Idée qui n’est pas mauvaise en soi.)
Kolher n’est pas capable de distinguer les traits de Beth, mais il voit une goutte de jus de fraise couler sur son menton… Ben voyons…
Il a un putain de caractère, il déteste les humains, mais va devenir tout gentil et les adorer du jour au lendemain juste pour les beaux yeux de sa chérie (sa femelle, devrais-je dire. Oui, comme les animaux, des mâles et des femelles, c’est perturbant au départ, mais bon…). Et il va regretter d’un coup toutes ces années passées à maltraiter son ex… C’est beau l’amour, ça vous change une vie de merde en un claquement de doigts.
Puis on a Beth, l’orpheline censément futée (on verra plus tard que c’est du flan). C’est une bombasse, bien évidemment, mais solitaire et frigide (à défaut d’être vierge comme c’est tellement souvent le cas dans les RP. Mais bon, pour la vierge de service, on a l’ex de Kolher).
Cette chère Beth se transforme d’un coup en poupée salope (précommandez la vôtre pour noël, les stocks sont limités) et commence à se frotter à un inconnu en répétant, en mode disque rayé, « touche-moi », « caresse-moi ». Et ce, mes bons amis, juste parce qu’il sent le cul.
J’exagère ? Que nenni… Ces vampires ont un odorat très important et ils passent leur temps à se renifler. Bon, pourquoi pas, me direz-vous… Mais ça donne lieu à tout un tas de « sentir son odeur suffisait à le faire bander » Enfin, un rien le fait bander ce brave Kolher, la voix de Beth, son aura, son souvenir même, alors on n’est pas à ça près…
Il passerait son temps le nez entre ses cuisses… Mais ne veut bien entendu pas admettre qu’il est totalement shooté à elle… Vous savez comment ça va finir, mais l’auteur a décidé de vous rallonger indéfiniment la sauce… On utilise la traditionnelle technique du chat et de la souris, puis du quiproquo qui permet de remplir une trentaine de pages avant de s’évanouir tout d’un coup et de finir en orgie de sexe. Ils ne se sont pas expliqués, mais ça n’est pas grave… Le quiproquo, outil béni des auteurs de romance, revient toujours en force !
Et c’est ennuyeux, tellement ennuyeux de les voir se tourner autour… Surtout qu’ils sont aussi antipathiques et pitoyables l’un que l’autre.
Les personnages secondaires, même s’il y en a de plus sympathiques que d’autres, n’apportent pas grand-chose à cette histoire qui est surtout très hypocrite. On veut nous faire croire qu’il y a une intrigue secondaire, que l’histoire d’amour (ou de cul) n’est pas l’essentiel du roman, mais en fait c’est juste un peu de poudre aux yeux.
Non, vraiment, je me suis rarement autant ennuyée. J’ai trouvé ce bouquin tellement machiste et mièvre que j’en reste écœurée. Certaines choses dans cette histoire m’ont agacée ou ennuyée, d’autres m'ont heurtée aussi parfois. Je n’arrive pas à comprendre l’engouement que génère cette série..
Je crois que j’ai préféré le premier volume du Cercle des immortels (qui, de mon point de vue, allait pourtant au-delà des limites du ridicule) et même le harlequin lu pour le défi de l’année dernière (c’était bien plus drôle et moins hypocrite), c’est dire…

Comme il faut bien que cette lecture ait une utilité et que je galère pour trouver des auteurs américains pour mon défi, ce roman sera le premier dans la catégorie "auteurs nord-américains vivants".

lundi 16 juillet 2012

Mémoires d'un maître faussaire

De William Heaney, alias Graham Joyce, publié chez Bragelonne en grand format et en version numérique.


Résumé de quatrième de couverture :
William est un faussaire spécialisé dans les livres. Il est doué pour l'écriture mais préfère griffonner incognito des poèmes pour un ami plus séduisant que lui et fabriquer des exemplaires factices de premières éditions de Jane Austen qu'il vend ensuite à des collectionneurs crédules. II n'est pas si mauvais, au fond : il reverse l'argent récolté à un foyer pour SDF et ses crimes ne font de mal à personne. Mais si William n'a rien fait d'autre de sa vie, ce n'est pas sans raison. Il a commis quelque chose quand il était étudiant qui lui fait honte, boit beaucoup trop et ne peut s'engager dans une relation amoureuse. Ah oui, et il voit des démons. Des silhouettes éthérées qui rôdent derrière le dos de ceux qui l'entourent, guettant un instant de faiblesse. À moins que William voie simplement la souffrance du monde ? C'est alors qu'une femme extraordinaire, peut-être capable de l'en sauver, entre dans sa vie...


Commençons par dire que c’est du fantastique au sens strict du terme. Le surnaturel n’est pas des plus discrets, mais il est tout relatif car uniquement dévoilé à travers les perceptions des personnages. Vous êtes donc prévenus, n’attendez pas de ce roman qu’il passe un certain seuil de « normalité ». Pour autant, ce n’est pas non plus du fantastique à l’ancienne qui cultive religieusement l’ambiguïté. On croit ou ne croit pas, on peut se poser des questions, mais ce n’est pas non plus l’essence-même de l’histoire. Le surnaturel fait simplement partie du récit, comme une tache d’ombre sur une photo.
C’est plus moderne donc, mais toujours axé sur la psyché du héros. Le fantastique est souvent une littérature de l’être, une histoire symbolique de la formation du mental et du basculement de l’esprit vers une autre réalité, ou plutôt une oscillation entre deux réalités. Le lecteur ne sait jamais vraiment si le personnage est d’une extrême lucidité ou s’il devient simplement fou. C’est cette ambigüité qui me plaît, ce vacillement, parfois même imperceptible, ces voies multiples qui s’ouvrent devant le lecteur.
Mais ne vous faites pas de fausses idées, ce roman, s’il n’est pas une lecture que l’on peut qualifier de légère, n’est pas non plus pesant et déprimant. C’est un bon miroir de la vie en générale, avec ses dérives, ses tragédies, mais aussi ses joies, les amitiés qui se nouent, les étranges coups du sort et rencontres fortuites qui font le quotidien. Et Joyce sait comme personne décrire ce quotidien en demi-teinte… Son style exquis, subtil, mais aussi acéré est tout entier au service de son récit.
Il a une façon incroyablement sensible et évocatrice de dépeindre la psyché humaine, une écriture vibrante d‘émotion, tout en étant très terre-à-terre et ne versant jamais inutilement dans le pathos, qui me fait toujours apprécier ses ouvrages, mais qui me fait aussi les regarder avec appréhension avant de les ouvrir. Il sait faire du quotidien une histoire dense, plus psychologique que réellement basée sur l’action. Il peut passionner son lecteur avec bien peu de choses au final.
J’ajouterai également que Mélanie Fazi est sans nul doute une des meilleures traductrices possibles pour Graham Joyce. Elle sait à la perfection transposer les subtilités de son écriture.
L’histoire en elle-même est fort simple. William Heaney, le narrateur et personnage central, nous invite dans son existence un peu terne. Divorcé, englué dans un travail de bureaucrate qu’il juge absurde, il vivote tranquillement entre son boulot et ses soirées avec ses copains du club des chandelles, montant quelques escroqueries qui lui servent à financer un refuge pour sans-abris. William est un personnage emmuré dans ses souvenirs, hanté par ses lâchetés, qui a méthodiquement chassé toute passion de sa vie. Il l’a passée à se planquer, loin des sentiments exacerbés qui s’apparentent pour lui aux démons qu’il voit partout.
Un peu paumé et alcolo sur les bords, cynique, un peu cinglé aussi, il est malgré tout assez drôle, intelligent, attachant, très humain et au fond on l’identifie tout de suite comme quelqu’un de bien, peut-être un peu lâche, mais cherchant à se rattraper de ses erreurs passées. Je dois avouer qu’il m’a été particulièrement sympathique.
Les personnages sont toujours la meilleure réussite de Joyce, il sait les rendre vivants. Celui-ci n’échappe pas à la règle, mais les personnages secondaires sont tout aussi bien construits, aussi réels et travaillés. Chacun à son histoire et, si William est le personnage principal, aucun n’est pour autant oublié ou voué uniquement à faire tapisserie. Ils sont tous aussi essentiels les uns que les autres à la construction de ce récit, tout comme l’est la ville avec son ambiance et sa culture. Tout forme un ensemble des plus cohérents, un canevas complexe.
C’est une histoire en spirale plus qu’une chronologie double. Au début le passage au passé peut dérouter, mais on comprend vite comment marche l’esprit de William. Ces incursions dans le passé finissent par se fondre dans le récit et j’ai trouvé le tout très fluide et bien pensé. C’est en cela que ça me fait penser à une spirale. Depuis le nœud du problème, cette culpabilité que traîne le personnage, à sa vie actuelle, son existence a évolué en spirale, décrivant des cercles de plus en plus grands, mais toujours avec ce rappel, ce point douloureux par lequel il faut repasser de cercle en cercle. Et comme dans toute spirale, au-delà de ce point central sur lequel se focalise notre héros, des choses se répètent, reviennent sous d’autres formes, des détails sans cesse renouvelés poussent au souvenir ou à la réflexion. C’est une histoire parfaitement construite, très prenante et qui m’a particulièrement touchée. C’est peut-être un peu à cause de mon histoire personnelle, mais je pense que la sensibilité avec laquelle Joyce nous fait percevoir l’histoire de William y est aussi pour quelque chose.
J’ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture, mais je conçois que ce ne soit pas le genre de tout un chacun. Il n’y a pas beaucoup d’action, on suit surtout la vie quotidienne de ce personnage qui voit des démons et essaie de ne pas se noyer dans ses propres regrets. Ce que j’ai aimé, c’est que le fantastique est ici au service de cette réalité, somme toute simple et terne, et qu’au lieu de nous en distraire, il la met plutôt en relief. C’est, pour moi, un excellent roman.

Avec cette lecture je fais d'une pierre trois coups, mais seulement deux nous intéressent ici car c'est une lecture pour le club de Vampires et Sorcières et que ça me fait aussi un auteur anglais pour le défi lecture.

mercredi 11 juillet 2012

Vampires d'une nuit de printemps

Un roman de Lia Vilorë, publié par les éditions du Petit Caveau.


Présentation de l'éditeur :
Cher journal,
Désormais, mon nom est Fáil, Lía Fáil, et je suis un vampire.
Sans déconner ?
Punaise de pouvoir idiot, et tu réponds à l’écrit en prime !
Ben, depuis le temps, je sais que tu ne sais pas t’empêcher d’écrire tes tracas alors…
Ouais… pas faux…
Alors, vas-y, raconte…
En décembre dernier, je suis devenue un vrai vampire du genre « Kit complet sans les petits inconvénients ». Avec le sexy garde-du-corps écossais en prime.
Tu vas en faire des envieuses ! 
Ouais… surtout qu’à l’heure qu’il est, c’est le seul à ne pas vouloir ma tête pour un crime que je n’ai pas commis !
Qui est ? 
Toute ma nouvelle famille m’accuse d’avoir assassiné notre Maître, celui qui m’a créée. Mais je te jure : j’ai rien fait !
Ça me rappelle quelque chose…
M’en parle pas !
***
Bourré de références cinématographiques, de traits d’humour et de rebondissements, l’auteur nous propose de suivre les pas de son héroïne, Lia Fáil, dans une enquête qui lui permet de vivre maintes péripéties. un récit moderne et original, teinté d’humour pour le moins mordant !

Si vous avez réussi jusque-là à ne pas lire le résumé de quatrième de couverture, c’est très bien car il vous aurait dévoilé une trop grande part de l’intrigue et sincèrement elle vaut d’être découverte petit à petit. Plusieurs petites surprises vous attendent au détour des pages et il serait bien dommage qu’en trois ou quatre paragraphes la moitié du roman vous soit déjà dévoilée…
Retenez juste qu’il s’agit de l’histoire d’une jeune femme, un brin paranoïaque, catapultée bien malgré elle dans un cercle de vampires et dont l'initiation est plus que controversée. Vous avez l’impression d’avoir déjà lu ça ? Non, rassurez-vous, vous allez être très surpris.
Si j’ai eu quelques petits soucis en début de lecture pour m’immerger dans cette histoire, Vampires d’une nuit de printemps s’est bien vite révélé être un roman fort distrayant et bourré d’humour. J’ai vraiment retrouvé avec ce récit les impressions qui avaient été les miennes lors de la lecture de la nouvelle Le sang du soleil, incluse dans l’anthologie Or et Sang. À savoir que si l’histoire est délicieusement originale, le tout est quand même un peu fouillis.
Le background est complexe, Lia Vilorë a réellement travaillé sa mythologie, mais certaines choses demeurent plutôt tarabiscotées. Le style de l’auteur, par moment taillé à la serpe, n’arrange sans doute pas les choses. Ceci dit, sa vivacité compense aisément cela, tout comme la qualité de l’histoire et des personnages font vite pardonner les quelques invraisemblances qui ont pu me gêner et qui sont surtout présentes lors de la grande enquête qui occupe une moitié du roman. Et même si j’ai pesté contre ces vampires si peu perspicaces, j’ai vraiment beaucoup aimé les suivre dans leurs découvertes.
Lía, surtout, est un personnage très attachant, malgré ses faux-airs d’enfant terrible, elle est vraiment marrante, sa psychologie est parfaitement construite et cohérente. Elle sort aussi des sentiers battus, une vraie bouffée d’air frais ! Son pouvoir crée des situations très drôles et est littéralement le sel de ce roman. Une lecture aussi déjantée que celle-ci fait beaucoup de bien parfois.
La narration est, la plupart du temps, assumée par le personnage de Lía qui est au coeur de l'intrigue. Il y a toutefois quelques coupures narratives centrées sur d’autres protagonistes. Celles-ci offrent une diversion bienvenue car, à long terme, l’agressivité et la paranoïa de Lía peuvent se révéler épuisantes pour le lecteur. Cependant, ces passages de mise à distance n’en paraissent pas moins un peu plats et superficiels en comparaison. Cela est probablement dû en grande partie au fait qu’ils sont écrits à la troisième personne et entrent peu dans le détail des pensées ou ressentis de nos personnages, alors que, par contraste, nous sommes littéralement plongés dans les émotions de Lía qui raconte son histoire à la première personne. Les personnages secondaires sont pourtant tout aussi riches et intéressants. Ils peuvent certes sembler un peu caricaturaux parfois, mais ils ont une vraie histoire, ils ne sont pas voués à faire tapisserie.
Alors oui, il y a quelques petits défauts dans ce premier roman, mais rien d’insurmontable et en regard de la verve et l’humour dont fait preuve l’auteur, ce ne sont que de petits accrochages qu’on ignore joyeusement. Vampires d’une nuit de printemps est un roman auquel on ne peut contester son originalité, ce qui est bienvenu dans le contexte actuel alors que tous les livres de vampires ont tendance à se ressembler. Rien que pour cela, il vaut la peine d’être découvert.
La génialissime couverture dépeint parfaitement l’ambiance décalée de ce récit. Et rien que pour son sous-titre, moi j’dis « respect » ! Non je ne vous dirai pas quel est ce fameux sous-titre… D’abord parce que ça fait partie des surprises de l’histoire et ensuite parce qu’attiser votre curiosité afin de vous inciter à vous jeter sur ce livre me semble être le meilleur des plans.