dimanche 6 octobre 2013

Puritaine et catin. Les trois princes T1

Une romance historique d'Elizabeth Hoyt.


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Présentation de l'éditeur :
Jeune veuve, Anna Wren vit avec sa belle-mère. L'argent se faisant rare, elle envisage de travailler comme préceptrice, car elle sait le grec et le latin. Malheureusement, dans l'Angleterre de 1760, les emplois respectables pour dames ne courent pas les rues. Par chance, le comte de Swartingham cherche de toute urgence une secrétaire pour retranscrire ses écrits d'agronomie. Anna est engagée et apprend peu à peu à connaître le maître de Ravenhill Abbey, si impressionnant avec son visage ravagé par la variole. Lord Swartingham est certes disgracieux, mais il a surtout mauvais caractère: bourru, coléreux, autoritaire, il cumule les défauts. Pourtant, Anna ne peut nier l'attirance qui grandit entre eux et s'impose bientôt, les laissant seuls face à une passion que la société de l'époque réprouve...



Ma copine Chani essaie de me convertir à la romance, néanmoins ce ne sera pas pour cette fois.
Désolée Chani… J’ai essayé de me mettre dans le bon état d’esprit, mais il n’y a pas eu moyen. Je n’aime pas la romance et ce n’est pas parce que je suis réfractaire aux histoires d’amour. Les codes du genre me déplaisent vraiment. Je ne m’y ferai jamais.


J’ai eu de grosses difficultés avec ce livre, j’ai dû m’y reprendre à plusieurs fois pour vraiment commencer cette lecture et je ne saurais même pas dire pourquoi. Ce n’est pas le pire roman du genre que j’ai pu lire et une fois les trois premiers chapitres passés, ça se lit assez vite. Mais ce n’est pas suffisant.
Bien entendu, le lecteur est bombardé de clichés dès le début… Je n’ai rien contre les clichés quand ils sont bien employés, mais là ils sont pris pour argent comptant, juste du genre à faire lever les yeux au ciel un peu trop souvent. Et les personnages sont évidemment très stéréotypés.
Anna est la gentille fille de base, avec du caractère malgré l’époque et sa condition. Edward apparaît comme un rustre mais on devine vite qu’il est angoissé, seul, torturé par un passé difficile derrière cette façade qui ne sert qu’à le protéger… Snifff.
Bref, on connaît la chanson. J’ai eu l’impression d’être voyante tant je savais à l’avance ce qui allait se passer. Ce n’est même pas gratifiant, je n’ai pas réussi à me sentir futée pour autant. On va de disputes en réconciliations, de quiproquos en déclarations enflammées. La routine dans ce genre d’histoire… Cela devient très vite lassant.
Les personnages secondaires sont oubliés en route. Je comprends bien que c’est le couple qui importe, mais quand on me parle d’autres personnages j’aime autant savoir ce qui va leur arriver au final. Je pense notamment à Pearl dont l’avenir reste en suspens.
L’évolution de l’intrigue amoureuse prend toute la place. Il n’y a pas vraiment de trame secondaire, mais elle est ponctuée d’extraits d’un conte calqué sur Eros et Psyché. C’est sympa à lire, enfin je suis sûrement influencée par le fait que j’aime ce mythe, mais ça n’a pas de réel impact sur ce qui arrive aux personnages et ça ne fait pas non plus écho à ce qu’ils vivent.
Je suis restée en-dehors de leur histoire et si par moment elle parvenait à regagner mon intérêt, ça ne durait jamais. Ce qui est censé être drôle ne l’est pas, comme par exemple l‘exaspérant valet du comte. Par contre je me suis bien marrée avec des scènes qui n’étaient sans doute pas pensées pour être drôles… Je dois avouer que je suis encore assez perplexe face aux longues envolées emphatiques d’Anna quand elle décrit la queue pardon la « splendeur virile » de son amant. Franchement, la comparer à un bijou et ses poils pubiens à un écrin, fallait oser. (Merci Chani, t’imagine même pas ce que je vais récolter en mots-clefs bizarres à ajouter à ma liste.)
Non mais sérieusement ? Suis-je la seule à trouver ça ridicule ?
Faut croire que je suis définitivement une cliente perdue pour les auteurs de romances.

samedi 5 octobre 2013

Le Baron Noir T1 : L';ombre du maître espion

Une novella steampunk d'Olivier Gechter, publiée chez Céléphaïs.
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Le Baron Noir T1 - L'ombre du maître espion
Présentation de l'éditeur :
Paris, 1864. La vieille Seconde République est toujours dirigée par le Président Bonaparte. La France domine l’industrie dans tous les domaines : depuis le début du siècle, ses dirigeables sillonnent les cieux, ses transports ferroviaires véhiculent les marchandises de ses usines et de ses colonies dans toute l’Europe. Antoine Lefort, jeune magnat des transports et fabriquant d’armes, est un des artisans de cette puissance. Lorsqu’un de ses plans ultra-secrets est volé au nez et à la barbe des autorités, il décide de tendre un piège à ces espions, à la solde d’une puissance étrangère. L’aide d’Albert le majordome, du jeune Clément Ader et surtout celle du Baron Noir, un mystérieux justicier en armure, ne sera pas de trop.
L’ombre du maître espion est une novella plutôt courte, moins de 100 pages, néanmoins le texte est extrêmement dense. L’auteur parvient à développer ses personnages et à mettre en place son contexte historique tout en nous offrant un texte vraiment porté sur l’action. L’exercice est délicat et d’autant plus appréciable qu’il est réussi.
Cette uchronie steampunk se révèle parfaitement ciselée. On sent qu’elle a demandé un important travail de fond alors même que l’auteur n’abuse pas de cela dans l’écriture. Très souvent, quand un texte a demandé beaucoup de recherches, l’auteur se sent obligé d’en faire profiter le lecteur. Ce n’est pas toujours désagréable, mais ça alourdit le récit. Ce n’est pas le cas ici, tout cela reste en arrière-plan mais on sent vraiment que l’uchronie se développe sur des bases solides.
L’auteur s’est documenté, notamment sur l’aéronautique, sur l’évolution des avancées scientifiques, et il a réellement réfléchi ses choix. Il nous les explique brièvement dans sa très intéressante postface et j’ai vraiment hâte de lire la suite des aventures du Baron Noir pour voir se développer les possibilités de cette uchronie qui est une des meilleures que j’ai lues dernièrement.
Dans ce monde décalé Napoléon est mort à Austerlitz, certaines inventions sont en avance sur leur temps grâce à une manœuvre assez habile de l’auteur. Toutefois l’électricité et la chimie suivent leur développement normal. Le Baron Noir apparaît dans cette époque tel un super-héros qui rappelle un peu Batman et Iron Man, tout en étant, Dieu merci, moins torturé que ces deux-là… Le personnage est intéressant et l’idée d’un super-héros qui tient ses « pouvoirs » de la science dans ce contexte historique est pour le moins prometteuse.
Les personnages secondaires ne sont pas pour autant relégués dans l’ombre du Baron. Albert le majordome apporte une note d’humour à l’histoire et j’ai adoré voir Clément Ader, le « père de l’aviation, » être un personnage actif de cette novella et non un simple faire-valoir. Le méchant de l’histoire, véritable génie du crime, se révèle également plein de ressources, à la mesure de son adversaire. J’aurais vraiment aimé en apprendre plus à son sujet, mais j’espère bien qu’il aura sa place dans la suite.
J’ai passé un très agréable moment avec cette novella dont le seul défaut est qu’elle est trop courte. La fin est quelque peu frustrante car elle apporte son lot de questions qui seront autant de pistes prometteuses pour la suite de la série. Une chose est sûre, je me jetterai dessus dès sa sortie.

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lundi 23 septembre 2013

La brigade des loups, Ep2

La brigade des loups est un feuilleton numérique écrit par Lilian Peschet et proposé par les éditions Voy’[el] dans leur collection e-courts.


Si vous voulez mon avis sur le premier épsiode, c'est par ici.


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La brigade des loups, Ep2




Présentation de l'éditeur :
2020. L'épidémie de lycanthropie sévit en Europe depuis près de trente ans. La Roumanie est l'un des pays les plus en pointe concernant la recherche sur ce rétrovirus, mais aussi l'un des rares où les lupins ont le droit de vivre dans la société.
Sous certaines restrictions.
Pour s'occuper des crimes lupins, des unités de polices spéciales exclusivement composées de malades ont été créées.
On les appelle les Brigades des loups.


Un attentat dans un centre commercial de Bucarest. Des revendications d'un groupe indépendantiste moldave. Une autre bombe qui doit exploser. Mais l'ennemi se trouve-t-il vraiment à l'extérieur de Bucarest ? La Brigade risque beaucoup à enquêter sur une affaire où elle n'est pas désirée...



Ce deuxième épisode nous amène peu après la fin du premier, aussi il est nécessaire de connaître les événements qui ont engendré la situation présente pour la comprendre et apprécier la nouvelle à sa juste valeur. Il est maintenant clair que ce feuilleton n’offrira pas des épisodes indépendants.
L’univers très sombre que l’auteur nous a présenté précédemment se dévoile de plus en plus, dans toute sa rudesse et sa réalité. On voit qu’il a tissé un canevas complexe et qu’il nous reste encore beaucoup à découvrir, au fil des épisodes, sur ce monde où la lycanthropie est à la fois une réalité et une maladie. L’équilibre des forces est bouleversé dans cette Europe alternative, la façon dont les différents pays ont géré l’épidémie ne nous apparaît encore que par touches, mais on sent bien qu’il y a une vraie réflexion dans la trame de ce feuilleton et je dois dire que ça me plaît.
La brigade des loups est une série très addictive qui se révèle de mieux en mieux. J’ai beaucoup plus apprécié cet épisode que le premier. Je ne sais pas si c’est dû au fait de déjà connaître les personnages et le background, mais ce récit-là m’a semblé beaucoup plus fluide, moins fouillis. Les révélations, sur le monde lui-même comme sur les personnages, sont justement dosées et donnent envie de lire la suite.
En même temps que se joue l’avenir de la brigade ainsi que de ses membres de façon plus personnelle, la Roumanie traverse une grave crise due à des menaces terroristes. La brigade s’y retrouve embarquée et les intrigues se mêlent. L’enquête menée lors du premier épisode a encore des répercussions, parfois inattendues, il faut bien le dire.
Le récit est toujours sur le mode d’une narration chorale, nous offrant des interventions à peu près équivalentes de tous les membres de la brigade ou presque. Les personnages se démarquent un peu plus dans leur style et cela apporte plus encore de cohérence à l’ensemble. J’apprécie vraiment que chacun ait droit à la parole, dans le cas présent cela apporte beaucoup à l’histoire elle-même et le développement psychologique de ces protagonistes est vraiment intéressant.
J’espérais apprendre des choses sur le sort de l’un d’eux, plutôt malmené dans le premier épisode, mais au final on n’en sait pas beaucoup plus. La patience est donc de mise avec cette série, mais elle est récompensée par la qualité de la trame de fond.
L’enquête elle-même est plus prenante que la première, du moins de mon point de vue, et recèle plusieurs surprises. Avec le retournement de situation que l’auteur nous a réservé pour la fin, j’ai encore plus envie de lire le prochain épisode.

dimanche 22 septembre 2013

L'ange de Polh, Ladainian Abernaker Ep2

Une nouvelle de Lydie Blaizot, publiée au format numérique aux éditions du Petit Caveau.


Vous pourrez trouver mon avis sur le premier épisode par-là.


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L'ange de Polh, Ladainian Abernaker Ep2


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Présentation de l'éditeur :
Ladainian Abernaker est un très vieux vampire, aigri et inadapté à la vie moderne. Sa seule passion : le blues. Son seul ami : Ezequiel, un corbeau. Tout naturellement, il vit à Chicago, une ville qu'il a vu naître, grandir et prospérer.
Une saga dédiée à un vampire atypique, une ambiance inspirée des films noirs, des épisodes indépendants... N'hésitez pas à découvrir 'univers de Ladainian !


Épisode 2 — L'ange de Polh :


Émilie, un ange de Polh, débarque à Chicago pour retrouver l'assassin d'une personne dont elle avait la charge. Mais le coupable est un vampire et l'ange, jeune et inexpérimenté, ne parvient pas à lui mettre la main dessus. Elle se met alors en tête de demander l'aide de Ladainian Abernaker, l'allié le plus improbable qui soit. Le vieil acariâtre n'aurait certainement jamais prêté l'oreille à sa requête sans la malheureuse intervention du chef des vampires de Chicago.



Lydie Blaizot a le don de créer des ambiances particulières et la série de nouvelles consacrée à Ladainian Abernaker n’échappe pas à la règle. Le lecteur y entre et s’y sent comme chez lui, bercé par des images qui lui parlent sans verser pas pour autant dans le cliché. Quand on lit une histoire d’Abernaker, on est transporté à Chicago, on sent la fumée de ses cigarettes et on entend la mélodie jazzy qui va avec. C’est presque réconfortant et familier, tout en étant assez exotique pour charmer le lecteur.
Abernaker est véritablement l’âme de ce récit et lui apporte tout son charisme. Ce vieux vampire est un anti-héros de base et est pourtant tellement sympathique derrière son côté bourru et désabusé. Il a son propre sens des valeurs, c’est ce qui fait qu’on l’aime et qu’on suit ses aventures avec plaisir. Et puis, il faut le dire, il a quand même la classe.
Dans ce récit, Il se trouve associé à Émilie, fillette récemment devenue un ange et qui réclame son aide. Le duo est assez mal assorti pour être amusant et l’intrigue plus plaisante encore que celle du premier épisode. Elle n’est pourtant pas très complexe, mais le contraste entre les deux personnages et le mauvais caractère du vieux font mouche.
S’il est agréable d’avoir lu Vampire Blues au préalable pour mieux connaître le contexte et le personnage principal, cette nouvelle se suffit néanmoins à elle seule. C’est une des choses que j’apprécie vraiment avec cette série. Peu importe l’ordre dans lequel vous prenez ces deux épisodes, peu importe que vous choisissiez d’en zapper un, vous n’aurez pas l’impression d’avoir manqué quelque chose d’important ou que la nouvelle finit en queue de poisson.
La lecture est rapide, presque trop, et le style de l’auteur toujours aussi agréable. J’ai écrit dans mon billet sur le premier épisode que la série me semblait prometteuse, cette suite le confirme amplement. Je continuerai à suivre Ladainian dans ses prochaines aventures et je les attends avec impatience.

samedi 21 septembre 2013

Émile Delcroix et l’ombre sur Paris

Un roman de Jacques Fuentealba, publié en version papier par les éditions Céléphaïs et en numérique par Walrus.
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Émile Delcroix et l’ombre sur Paris
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Résumé de l'éditeur :
1863, dans un Paris peuplé de créatures fantastiques et de machines étranges. Émile Delcroix est un jeune étudiant aux Beaux-Arsestranges animé de deux passions, l’une Artistique, l’autre amoureuse. D’un côté, il tente depuis des mois d’extirper du papier sa Muse, quintessence de son Talent et de son Inspiration. De l’autre, il y a Floriane, cette splendide Actrice aux cheveux émeraude dont il est épris. Mais les choses changent le jour où Émile se fait voler sa Muse nouvellement née par un sombre et mystérieux personnage. Des Catacombes à la Cour Chthonienne, des passages secrets de la Sorbonne aux toits de la capitale, le jeune Artiste n’aura de cesse de la retrouver. Mais pendant ce temps, une ombre s’étend sur Paris : une sourde menace s’approche…
Émile Delcroix et l’ombre sur Paris est une sorte d’uchronie steampunk qui doit aussi beaucoup, dans sa forme, aux romans feuilletons. Les péripéties s’enchaînent et les chapitres m’ont souvent fait l’effet d’être des tiroirs. Ils font partie d’un meuble entier et partagent cette cohérence esthétique, mais ont aussi leur propre contenu et on ne sait jamais, quand on tire le tiroir vers soi, ce qui risque de nous assaillir.
Ce fut une lecture vraiment plaisante, très récréative, tout en étant intelligente. L’uchronie est vraiment bien construite, subtile, et l’univers original, avec de surcroît une intrigue riche et prenante. Ce roman se passe au XIXe siècle, à Paris. Émile Delcroix, jeune homme de 16 ans et artiste surdoué, nous entraîne à sa suite dans ce Paris alternatif où se mêlent magie et technologie. Il y a une résonance avec l’univers qu’affectionne Fuentealba et ceux qui en sont familiers apprécieront les références multiples qu’il y fait et les informations distillées petit à petit. Cependant, ceux qui ne connaissent pas du tout les écrits de l’auteur apprécieront tout autant la lecture et ne se sentiront pas perdus.
Ce récit déborde d’inventivité, il est coloré, très visuel et poétique, très inspiré des arts de manière générale en fait, ce qui crée une ambiance plutôt baroque. J’ai beaucoup pensé au poème de Baudelaire intitulé Correspondances en lisant ce roman et c’est vrai qu’il est écrit dans ce même esprit d’échanges sensoriels. Cela m’a séduite, tout comme les références culturelles. On sent que l’auteur a vraiment construit son background, mais pourtant il n’en fait pas trop non plus et privilégie l’histoire. Il y a de très nombreux clins d’œil. Par exemple, la pièce de Musset, Lorenzaccio, a pu être jouée en 1863 dans cet univers alternatif, c’est d’ailleurs Floriane, l’amie d’Émile qui incarne le personnage principal. On peut voir aussi Gustave Courbet comme directeur de l’académie des Beaux-Arsestranges. Ce sont des détails qui amusent le lecteur quand il les débusque, mais qui n’enlèvent rien à l’histoire quand on ne les attrape pas au vol.
Je trouve toujours plaisant de voir une uchronie steampunk investir Paris. En effet, même si cela devient de plus en plus fréquent, c’est encore Londres qui a la faveur de ce genre. Ici le steampunk a des relents de merveilleux qui s’accordent fort bien avec le côté roman d’aventure que l’auteur met en valeur. Le mélange des genres est vraiment réussi et j’ai bien aimé le système de magie mis en place.
Dans ce monde, les artistes, peintres, musiciens, acteurs et compagnie ont leur propre magie, différente de celle des sorciers et des mages, mais pas moins effective. Les acteurs incarnent véritablement leurs personnages, les musiciens sont capables de faire ressentir des émotions, parfois très fortes, à leur auditoire et les peintres peuvent faire sortir leurs créations du papier, entre autres possibilités que je vous invite à découvrir au fil de la lecture.
C’est ce qui fait l’originalité de cet ouvrage et une grande partie du plaisir que l’on a à voir Émile évoluer. Il a les défauts de son âge, il est impulsif, mais c’est aussi un jeune homme qui lutte contre son caractère possessif et un peu égoïste. Il se révèle très attachant, tout comme ses compagnons.
L’intrigue peut parfois sembler prendre des détours un peu faciles, comme souvent dans le style du roman feuilleton qui grossit toujours un peu le trait, mais ça fait partie du genre et ce texte bouillonnant d’activité entraîne aisément son lecteur dans les rues de ce Paris baroque.
Le seul vrai bémol, à mon sens, vient des trop nombreuses coquilles que j’ai trouvées dans la version numérique. Il y a aussi un petit bug (en tout cas sur ma liseuse et avec deux fichiers epubs différents (oui, j'ai vérifié qu'il ne s'agissait pas de la même version), respectivement celui que j'ai acheté sur Immatériel et le SP envoyé à Vampires et Sorcières), la page de titre se bloque et on est alors obligé d’entrer le numéro de la page suivante manuellement.
Ces petits cafouillages insignifiants mis à part, je me suis sincèrement enthousiasmée pour cette histoire. Elle peut être lue par un large public, elle plaira sûrement aux ados pour l’âge du héros et la vivacité du récit, mais aussi aux adultes. Elle m’a, en tout cas, ramené l’enthousiasme qui était le mien lors de mes lectures de jeunesse et cela n’a pas de prix.

vendredi 20 septembre 2013

Scribuscules

Un recueil de micro nouvelles de Jacques Fuentealba, publié en papier chez la Clef d’Argent, en numérique chez ActuSF.

Présentation de l'éditeur :

Scribuscules est un recueil de petites nouvelles délicieuses. Souvent très courtes, une ou deux lignes, un paragraphe au plus, Jacques Fuentealba y croque en un tour de main les grands thèmes du fantastique. Ses micronouvelles sont drôles, fines et percutantes, dans la lignée de ce qu’a pu faire Jean-Pierre Andrevon. Une réussite pour ce jeune talent qui a semé des nouvelles dans Galaxies, Black Mamba, Lunatique, Borderline, Parchemins et Traverses etc., qui est également traducteur, anthologiste et qui tient le site clef de la micronouvelles en France : La Fabrique de Littérature Microscopique.

"Banquiers, assureurs, agents immobiliers, garagistes, politiciens de tous bords… Consciencieusement, le chasseur de vampires dresse la longue liste de ses suspects idéaux."
Que voilà un ouvrage atypique… Chaque chapitre propose un thème, de l’ouroboros (qui n’a décidément pas la tête dans le cul) au personnage en grève (pauvre gars), en passant par le joueur de flûte de Hamelin, Dracula et ses copains, ou encore les voyageurs temporels. Croyez-moi, il y a de quoi dire… Et surtout de quoi lire.

Autour de ces thèmes s’articulent de micronouvelles, petites phrases, quelquefois paragraphes, à saisir au vol, comme des échos éparpillés, réflexions vagabondes, ironiques, comiques ou curieusement sensées (vous aussi vous les trouveriez curieuses dans ce contexte). S’agit-il d’associations de pensées ou de pensées fragmentées ? Je dirais que c’est selon. L’exercice de style est spécial, mais plaisant, avec tous ces jeux de mots, parfois décalés mais souvent savoureux, et ces piques qui virevoltent nimbées de cet humour parfois grinçant.

Je me suis plusieurs fois surprise à sourire au fil de cette lecture décousue. Cet ouvrage très difficile à décrire s’est également révélé étrangement poétique. Oui, « étrangement » est bien le mot qui convient…

Je sais que ça ne plaira pas à tout le monde, mais personnellement j’ai beaucoup apprécié cette lecture décalée. Et je vous quitte avec mon extrait préféré :

« Tous les artistes géniaux oublient dans leurs remerciements les armées d’anonymes voyageurs du temps, qui ont tout fait pour les maintenir en vie afin qu’ils finissent leurs œuvres maîtresses. »

dimanche 15 septembre 2013

Corse, l'île des fées

Un ouvrage de Jean-Jacques Andreani, publié chez Albiana.


Corse, l'île des fées

Quatrième de couverture :
De la fée d'Ulmetu à l'enchantement de l'aigle... Elles sont douze les gracieuses fées de Corse qui invitent chacun à écouter leur histoire, souvent mystérieuse, aujourd'hui presque oubliée. Elles enchantent les rivières, les forêts, les montagnes et sont les gardiennes multiséculaires de la Nature. Rares sont ceux qui ont pu les rencontrer et connaître les bienfaits de leurs pouvoirs. Il ne faut pourtant pas grand-chose pour les voir... ouvrir grand ses yeux et ses oreilles et marcher à pas de loup. Elles en auront, alors, des histoires à vous raconter ! L'île et les territoires de l'imaginaire... La Corse est le berceau de traditions orales vivaces mettant en scène fées, ogres et autres personnages fantastiques. Originellement destinés à approcher par la parabole littéraire les secrets du monde, ces contes et légendes ouvrent les yeux sur l'indicible et le caché. Le présent ouvrage se propose de réinstaller ces personnages (les fées en l'occurrence) dans leurs lieux d'origines (vallée, rivière, etc.) et d'inviter les lecteurs à découvrir grâce à eux une Corse intime, vivante, réenchantée. Chaque conte est ainsi accompagné d'une description de la région et d'une carte. Il est donc en définitive un guide dont le fil rouge est la vie des fées de l'île.



Corse, l’île des fées est un recueil de contes au format un peu atypique. Il est aussi haut qu’une bande dessinée, mais sa largeur est à peu près équivalente à celle d’un grand format classique. Cela en fait un livre étroit et ne facilite pas la lecture. C’est toutefois un bel ouvrage, richement illustré par des photos, des dessins, des peintures, que ce soit en pleine page ou dans les marges.
Cet album d’une centaine de pages commence par un texte introductif qui nous présente les fées et la manière dont elles sont perçues en Corse. Agrémenté de citations issues de textes de référence, ce chapitre ne manque pas d’intérêt et éveille la curiosité du lecteur.
Viennent ensuite les contes. Enfin, je devrais plutôt dire les légendes, car elles sont rattachées à des lieux particuliers. Toutes sont écrites en français, sauf le premier texte qui est présent dans les deux langues. J’imagine que c’est parce que ce récit provient de la région de l’auteur et qu’il a dû vouloir l’inclure tel qu’on le lui racontait enfant.
Comme l’explique l’introduction, les légendes naissent souvent dans des lieux remarquables, aussi les fées leurs sont souvent associées. Sources, lacs, grottes ou fontaines font partie intégrante de ces histoires. Pour enrichir cet aspect, chaque conte est suivi d’un chapitre intitulé Promenade, nous présentant le décor de chaque histoire et ce qu’il y a à voir alentour, pour les rêveurs qui ont envie de partir sur les traces des fées corses ou simplement les curieux qui voudraient mieux connaître quelques lieux insolites et de beaux paysages, avec un peu d’histoire et de culture distillés au passage.
L’auteur y évoque par exemple la façon dont la glace était conservée et vendue, les eaux thermales, les chauves-souris, la récolte du liège et tant d’autres anecdotes ou spécificités relatives à la Corse. Evidemment celui qui s’intéresse à ces sujets devra chercher plus loin, mais l’entrée en matière, par le biais de la légende, est plutôt bonne.
Certains contes ont des traits communs. La fée étant associée à l’eau, on retrouve souvent une problématique liée à la sècheresse, mais ça n’empêche pas ces récits d’avoir leur part d’originalité et d’être plaisants à lire. J’en connaissais déjà une bonne partie, mais j’en ai découverts certains avec plaisir.
C’est un ouvrage fort bien construit, en plus d’être beau, et j’attends avec impatience celui qui portera sur les ogres.
A conseiller ou offrir aux amateurs de contes et de voyages, puis, évidemment, aux enfants qui apprécient toujours les contes.


Vous pouvez voir quelques pages pour vous faire une idée.