jeudi 28 avril 2016

Techno Faerie

Un fix up de Sara Doke, publié chez les moutons électriques.


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Présentation de l'éditeur :


Les fées existent, bien sûr, et elles sont de retour ! Les fées ont cessé de se cacher des hommes : elles sont revenu et bon an mal an l'univers de la Faerie s'est intégrées à la société technologique. Depuis les premiers contacts d'enfants-fae avec la civilisation de l'automobile jusqu'aux premiers voyages spatiaux, ce livre conte l'histoire d'une évolution différente de notre monde. L'auteur, Sara Doke, vit à Bruxelles et est traductrice. La poésie puissante de son inspiration, l'orginalité de sa vision d'un monde soudain enrichi des faes, sont saisissantes. Avec des documents, des fiches couleur sur les 88 principales faes et de nombreuses illustrations, par Bigot, Booth, Calvo, Cardinet, Caza, Ellyum, Fructus, Gestin, Jozelon, Larme, Lathrop, Malvesin, Mandy, Muylle, Nunck, Tag, Verbooren, Zandr et Zariel. Le retour des fées, dans un livre d'exception.



Techno Faerie est un très bel ouvrage à la croisée des genres. Si la Science-Fiction a la part belle dans ces pages, le travail de Sara Doke forme presque un essai. Le sujet est traité de manière atypique. L’auteur part du principe que les Faes, longtemps retranchées loin de notre monde, ont décidé d’y revenir. Leur technologie, qui a pris appui sur la nôtre, est toutefois plus développée. Mais que souhaitent-elles apporter à l’humanité ?
Le livre est divisé en deux parties. La première est consacrée aux nouvelles, qui forment un fix up. Elles illustrent l’évolution du retour féérique et son impact sur nos civilisations. En se basant sur les légendes et la mythologie traditionnelles, Sara Doke a créé une fiction spéculative complexe, intelligente, et surtout très crédible. Elle la développe avec brio au fil des textes. Chacun marque un jalon dans le retour des Faes et ses conséquences sur notre avenir. Le plus souvent, des individus sont au cœur de ces nouvelles, mais l’on perçoit en filigrane l’évolution des mœurs, au-dessus comme dessous la Colline, et les avancées scientifiques qui vont changer le monde.
Les textes s’imbriquent et s’articulent autour de personnages récurrents, dont le plus central se trouve être Arthur Passeur, un humain, mais aussi d’événements qui se répercutent. Les ellipses sous-tendent ces récits, les soutiennent de leurs silences. Le lecteur imagine, devine, extrapole. Il est invité à participer activement à cette construction. Cela est d’autant plus prégnant que ces textes prennent diverses formes et des styles variés. On lit tour à tour des dialogues, des nouvelles, des articles, des témoignages, des journaux intimes… Cette diversité est aussi plaisante que nécessaire afin d’appréhender toutes les facettes de cette fiction. Quelle que soit leur forme, les récits sont denses, très axés sur les ressentis des personnages, ce qui occasionne parfois des longueurs un peu emphatiques. Ces personnages ne manquent pas d’ego… Cependant, la réflexion, qu’elle soit en avant ou en arrière de la scène, est toujours intéressante.
Sara Doke nous invite à nous interroger sur l’altérité, le traditionalisme dans ce qu’il a de meilleur comme de plus pernicieux, sur l’identité, sur la génétique, le vivre ensemble et la créativité. Les sujets de réflexion sont nombreux. Elle a fait un travail formidable et il est dommage de ne pas l’avoir développé davantage.
Le seul vrai reproche que je pourrais faire à Techno Faerie, outre quelques contradictions (notamment sur l’incapacité de mentir des Faes), est que l’on y trouve beaucoup de coquilles. Cela est désolant pour un ouvrage par ailleurs de grande qualité.
La deuxième partie, toute de papier glacé, est constituée de fiches sur les être féeriques, accompagnées d'illustrations que l’on doit à divers artistes. Ces fiches permettent de prolonger la magie des textes et d’en savoir plus sur les créatures que l’on y a croisées. Certaines sont connues, même si quelquefois le nom qu’on leur donne est différent de celui usité dans nos légendes, d’autres sont des inventions de l’auteur mais s’intègrent parfaitement dans la masse. Le tout est homogène et compose un petit dictionnaire complet qui se suffit à lui-même. Les Faes y sont classées par groupes : végétales, liées au feu ou encore esprits domestiques, etc. Il est très intéressant de voir la façon dont elles s’impliquent dans l’univers créé par Sara Doke.
Techno Faerie est un ouvrage original et travaillé qui mérite une lecture attentive. Sara Doke a su intégrer la technologie à la Faerie, ce qui n’est pas une mince affaire. Par exemple, elle n’a pas mis de côté l’allergie au fer des Faes, elle s’en est servie. Elle a su allier Fantasy et Science-fiction, mythes et anticipation, pour envisager un futur possible, ne laissant pas de côté les détails, d’où le fait que je le compare à un essai. Je ne peux que vous encourager à le lire à votre tour et à rêver d’un futur non pas féérique, mais riche de possibilités.


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Avec cette lecture, je cartonne dans les challenges !


CRAAA


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sfff-diversite


Cette lecture compte pour le challenge SFFF et diversité dans la catégorie suivante :
– Lire une œuvre de SF ou Fantasy ou Fantastique (SFFF) francophone mais non française.

dimanche 24 avril 2016

Fées et Amazones

Un artbook d'Olivier Ledroit, publié chez Glénat.

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Présentation de l'éditeur :

Une ode au beau sexe, par le flamboyant dessinateur de Wika

Connu pour son talent à réaliser d incroyables planches épiques fourmillant de détails, Olivier Ledroit sait aussi se montrer délicat pour évoquer le corps et la sensualité. Il nous le montre ici de la plus belle des manières ! Pour le plaisir des yeux : fées, geishas, démones, et autres sorcières se succèdent, toutes plus somptueuses les unes que les autres, le tout avec ce soupçon de steampunk si cher au dessinateur de Wika.
Variant les techniques, en couleur ou en noir et blanc, sans jamais basculer dans la pornographie, cet auteur à nul autre pareil met à l honneur le beau sexe dans un splendide recueil d illustrations, sobrement intitulé Fées et Amazones.
Fées et Amazones est un artbook en grand format d’environ 180 pages. De fait, on y trouve peu de texte. Quelques paragraphes, apparemment signés de Thomas Day, si j’en crois les remerciements, sont disséminés de-ci de-là. Il y a juste de quoi expliquer le contexte en évoquant les idées qui ont nourri l’imaginaire de l’illustrateur. Le postulat est classique, mais a le mérite de réveiller l’imagination de chacun et de servir à merveille les dessins. Ils sont sublimes et c’est cela le plus important.
Olivier Ledroit nous entraîne une nouvelle fois dans un univers féerique, uchronique et steampunk. On y parcourt des capitales, au rythme de l’évolution du monde, qui est soumise à celle de l’æther, et des tocades qu’il prête à ses fées. De Londres à Tokyo, en passant par la Nouvelle-Orléans, on rencontre des fées aux grandes ailes, magnifiques et sexy. Tenues steampunk, souvent légères, seins nus ou corselets, guêpières et chapeaux hauts-de-forme sont au programme…
Les illustrations sont, comme toujours, très travaillées et l’ouvrage superbe. Qui aime le style d’Olivier Ledroit ne peut manquer ce très bel album.

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vendredi 22 avril 2016

Le retour d'Antoinette

Une BD d'Olivia Vieweg publiée chez EP média.


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Présentation de l'éditeur :


Un roman graphique sarcastique et surprenant sur le harcèlement à l’école. La révélation de la jeune artiste allemande Olivia Vieweg et de son style naturel et dépouillé.


Antoinette doit y retourner une fois encore.
Retourner dans son village natal.
Retourner dans l’ombre des forêts et des maisons à colombages.
Retourner sur les lieux de ses tourments et humiliations.
Une dernière fois…
Retourner en enfer.



Antoinette semble avoir bien réussi sa vie. Elle habite à Los Angeles, travaille pour une agence de publicité en vogue, a épousé un acteur populaire… Alors pourquoi ment-elle à tout le monde sur sa nationalité ? Et surtout pourquoi sa manie de regarder sur le net les images de son village natal vire-t-elle à l’obsession ?
Elle s’est juré de ne jamais retourner en Allemagne, cependant il est temps pour elle d’affronter son passé et d’exorciser de vieux fantômes.
Cette bande-dessinée traite d’un sujet délicat et d’actualité : le harcèlement scolaire. Des années après les faits, et malgré sa réussite sociale, les blessures d’Antoinette ne sont pas cicatrisées. Elle revient sur son parcours et les souvenirs se superposent au présent pour raviver le dérangeant contraste entre les deux. Les anciens bourreaux de la jeune femme semblent des gens tout à fait banals, ils ont à peine conscience de ce qu’ils lui ont fait. Depuis longtemps, les faits se sont atténués dans leur esprit et ils se sont trouvé des excuses. Comme si de rien n’était, ils l’accueillent à bras ouverts, comme une vieille amie. Après tout, n’est-elle pas devenue quelqu’un qu’on pavoise de connaître ? Leur attitude est glaçante et Antoinette semble pétrifiée par ce contraste…
Cela crée une atmosphère des plus bizarres. On ressent le malaise de la jeune femme, on voit combien elle a souffert. On voudrait qu’elle se rebelle… Mais plus les pages défilent, plus on se rend compte qu’elle est quand même un peu louche… Je ne savais plus trop où j’allais alors que je découvrais, stupéfaite, l’étendue des dégâts et leurs conséquences.
Il y a une large part de fantasme dans ce récit. Qui, ayant été malmené durant l’enfance par ses camarades, n’a pas rêvé d’une réussite éclatante qui leur clouerait le bec ? Qui n’a pas rêvé de se venger également… Et jusqu’où peut-on aller pour se sauver et oublier ? On peut interpréter les choses de manières très différentes et la façon de traiter le sujet n’y est pas étrangère. Je n’ai pu m’empêcher de songer à une légende allemande très connue et de voir un peu de fantastique dans cette histoire. Mais rien n’est certain et j’avoue que cela me plaît.
J’ai aussi été séduite par le graphisme. Au départ, c’est la couverture qui m’a attirée. Une belle illustration, très colorée, avec des coquelicots et cette vision, comme un reflet sépia, superposé devant les yeux du personnage… Par contre, j’ai été surprise quand j’ai zieuté les planches. La colorisation est très différente. Du noir, du blanc, du jaune et des myriades de tons ocrés. Cela rappelle parfois cet aspect sépia que j’aime bien, propre aux souvenirs, mais les couleurs sont vraiment très particulières, un peu nauséeuses en fait. Elles évoquent autant le passé que le mal-être.
Le retour d’Antonette se lit très vite. La BD fait environ 80 pages et il y a peu de texte. Ceci dit, j’ai passé un excellent moment avec cet album. Outre la façon dont l’auteur a travaillé son sujet, j’ai apprécié l’ambiance, bien qu’elle soit un peu glauque. L’ambiguïté des dernières planches a achevé de me convaincre. Cette BD est vraiment particulière, dans le fond comme la forme, cela la rend fascinante.

jeudi 21 avril 2016

[Tag] Test chronométré

J’ai piqué ce tag à Chani, qui l’a trouvé chez Pocket jeunesse.


J’ai mis 2 minutes 55, en écrivant les réponses à l’arrache…


Je vous copie les questions brutes pour que vous puissiez faire le tag sans être influencés par mes réponses.


Pouvez-vous citer... ?


1) Un livre avec des anges,


2) Un livre écrit par une auteure française,


3) Un livre avec du rouge sur sa couverture,


4) Un roman Pocket Jeunesse,


5) Un livre qui ne fait pas partie d'une série,


6) Un livre avec un chiffre/un nombre dans le titre,


7) Un livre où le héros/l'héroïne à moins de 15 ans,


8) Un livre avec au moins une main sur la couverture,


9) Un livre qui parle d'animaux/où des animaux sont au coeur de l'intrigue,


10) Le dernier livre que vous avez terminé et aimé,


11) Le livre que vous attendez le plus,


12) Un livre qui brille/dont la couverture a des reflets,


13) Une romance,


14) Un livre où le prénom du héros/de l'héroïne commence par un K,


15) Un livre qui se passe au bord de la mer.


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Et voici mes réponses…


C’est bizarre de voir quels titres viennent à l’esprit quand on doit se dépêcher.
Les commentaires ont quasiment tous été rajoutés après coup, évidemment.


1) Un livre avec des anges
The dirty streets of Heaven, Tad Williams
J'ai mis le titre V.O. parce que pour la suite en français on peut courir...


2) Un livre écrit par une auteure Française
Le Gardien de la source, Vanessa Terral


3) Un livre avec du rouge sur sa couverture
Masques de femmes, Élie Darco et Cyril Carau
On ferait difficilement plus rouge... J'adore cette couverture.


4) Un roman Pocket Jeunesse
Marina, Carlos Ruiz Zafon


5) Un livre qui ne fait pas partie d'une série
Apostasie, Vincent Tassy
Je suis en train de le lire…


6) Un livre avec un chiffre/un nombre dans le titre
À la une, à la deux, à la proie, Janet Evanovitch
Le hasard a fait que j’en parlais le matin-même…


7) Un livre où le héros/l'héroïne à moins de 15 ans
Harry Potter à l’école des sorciers, JK Rowling
Non Chani, je n’ai pas copié. Faut dire que c'était la réponse facile...


8) Un livre avec au moins une main sur la couverture
La chirologie pratique !
Véridique, j’ai ça quelque part dans la bibliothèque...


9) Un livre qui parle d'animaux/où des animaux sont au cœur de l'intrigue
Les Animaux fantastiques, JK Rowling
Association de pensées…


10) Le dernier livre que vous avez terminé et aimé
Laïka, Nick Abadzis.
Et j’ai pleuré, pleurééééé…
Hum, en fait j’ai lu et aimé au moins un autre livre après celui-ci, mais faut croire que je suis restée bloquée sur Laïka.


11) Le livre que vous attendez le plus
Euh…………. Et ça défile… Le troisième tome de Testament !
De Jeanne-A Debats, bien sûr.


12) Un livre qui brille/dont la couverture a des reflets
Strange angels de Lili St. Crow (non il n’y a pas de faute à son nom).
Qui traîne dans les strates de la bibliothèque et que je n’ai jamais lu, mais je me souviens qu’il est tout shiny…


13) Une romance
Nuit de Noël à Friday Harbor, Lisa Kleypas


14) Un livre où le prénom du héros/de l'héroïne commence par un K
Hunger games, Suzanne Collins
Facile…


15) Un livre qui se passe au bord de la mer.
Euh… Mais… B***** !
Que…
Argh !!!
Tic, tac, tic, tac...
Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates !!! (Titre compte triple !!!)
Bah quoi, une grande partie se passe à côté de la mer...

mercredi 20 avril 2016

Wika et la fureur d'Obéron, Wika T1

Un album scénarisé par Thomas Day, illustré par Olivier Ledroit et publié chez Glénat.


Il existe une version de luxe de ce premier tome. Mais je ne peux vous en parler dans cette chronique, ne l'ayant jamais feuilletée.


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Présentation de l'éditeur :


Une réécriture des contes de fées dans un décor steampunk


Il était une fois un couple de fées, le duc Claymore Grimm et la duchesse Titania, et leur petite fille, Wika. Alors que le prince Obéron, ancien amant de Titania aux pouvoirs redoutables, prend d'assaut le château Grimm, la petite Wika est confiée, après avoir eu les ailes sectionnées pour dissimuler sa nature, à un couple de fermiers chez qui elle grandira à l abri de tous... Treize ans plus tard, Wika, émancipée, se rend dans la capitale contrôlée par Obéron. Elle y rencontre le jeune Bran, voleur talentueux qui, entre larcins et arnaques, lui dévoile les secrets de la cité. Mais petit à petit, les pouvoirs de Wika semblent se développer, révélant sa nature de fée, et éveillent l'intérêt du prince tyrannique, celui-là même qui voulut sa perte des années auparavant...
Référence dans le monde de l'illustration et de la bande dessinée de fantasy, Olivier Ledroit signe de son dessin baroque et fouillé une réécriture jouissive des contes classiques dans un univers steampunk féerique, sur le premier scénario de Thomas Day en bande dessinée !
Inclus : un cahier graphique réservé à la première édition.



Wika et la fureur d’Obéron est le fruit d’une collaboration entre Thomas Day, pour le scénario, et Olivier Ledroit pour les illustrations. La série est prévue en quatre volumes, mais seul le premier est sorti pour l’instant.
Férue de féerie, ainsi que de Steampunk, et alléchée par le potentiel du duo Day et Ledroit, je n’allais pas manquer Wika. La préface de Pierre Dubois nous met tout de suite dans l’ambiance. J’attendais un texte intelligent dans de magnifiques décors, cependant, j’étais sans doute un peu trop exigeante. C’est un premier tome, il lui faut le temps de mettre en place personnages et univers, ce qui malheureusement ne se fait pas avec autant de fluidité que je l’aurais souhaité.
L’intrigue de départ est plutôt simple : Obéron souhaite se venger de Titania, son ancienne compagne, qui a conçu un enfant avec un autre elfe. Il l’attaque et la tue ainsi que son époux, mais la petite Wika est sauvée in extremis, quoique privée de ses ailes.
Partez du principe qu’ici la mythologie est à tendance nordique, mais que fée semble être le féminin d’elfe… Les fées et elfes majeurs sont dotés d’ailes, les autres sont de diverses races sans que leur origine soit clairement définie. Obéron est fasciné par la technologie et détruit peu à peu la magie ainsi que les fées majeures. Le royaume glisse donc lentement vers le Steampunk, ce que j’espère voir développé dans les prochains tomes.
Comme toujours, les illustrations d’Olivier Ledroit sont d’une grande finesse et extrêmement travaillées. Chaque dessin foisonne de détails. Les couleurs sont très vives, ajoutant encore à cette impression de profusion qui peut égarer. Malgré tout, c’est un style assez froid, surtout dans la représentation des personnages. On aime ou pas, mais on ne peut nier la grande qualité du travail. Personnellement, j’ai préféré les décors aux personnages, mais l’ensemble m’a plu.
Je suis néanmoins quelque peu perplexe quant à l’apparence même de Wika. Quand elle arrive en Avalon, elle a treize ans et fait terriblement plus vieille. Fée ou pas, je trouve cela dérangeant. En outre, est précisé dans les notes de fin d‘ouvrage qu’Olivier Ledroit souhaitait créer une BD que sa fille – de treize ans à l’époque de la sortie de ce premier tome – pourrait lire. Sans me la jouer pudibonde, ayant moi-même probablement lu pire à cet âge, entre le langage, les multiples allusions salaces et l’hyper-sexualisation des personnages féminins, ce n’est quand même pas un album qu’il me viendrait à l’idée d’offrir à de jeunes ados. À vous de voir…
Cette bande-dessinée me rappelle un peu Elfquest, que je lisais plus jeune. Le scénario me semble un peu trop cousu de fil blanc pour l’instant, mais je suis certaine que cela va s’arranger par la suite. Les personnages secondaires, qu’il s’agisse des fées noires autant que des loups d’Obéron, sont très prometteurs et vont, à mon sens, accentuer le mélange des genres qui fait la richesse de cette BD.
Il ne reste plus qu’à attendre cette fameuse suite…


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Cette lecture compte pour le challenge SFFF et diversité dans la catégorie suivante :
– Lire un roman graphique ou une BD ou un comic avec une femme pour héroïne.

lundi 18 avril 2016

Kiki la petite sorcière

Comme j'ai décidé d'ajouter les Ghibli sur Vampires et Sorcières, ne vous étonnez pas d'en entendre parler ici aussi par ricochet... ;)


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Kiki la petite sorcière est un film d’animation sorti en 1989. Je ne sais pas vous, mais je n’avais pas l’impression qu’il était si vieux… Il semble nettement plus moderne, même dans l’animation, que Si tu tends l’oreille, sorti un an plus tard. Produit par le Studio Ghibli et réalisé par Hayao Miyazaki, cet anime est adapté d’un roman pour la jeunesse paru en 1985 et écrit par Eiko Kadono.
Kiki a treize ans. C’est une jeune sorcière débonnaire, pleine d’optimisme et de bonne volonté. Pour parfaire son apprentissage, elle doit quitter son foyer et se débrouiller toute seule pendant un an. Malgré l’inquiétude de sa mère, elle part donc avec son adorable chat noir, Jiji, pour s’installer dans une ville où ne se trouve aucune autre de ses congénères. Elle devra travailler pour subsister et trouver sa spécialité en tant que sorcière. Les débuts ne sont pas simples, mais Kiki a tout de même de la chance. De rencontres en mésaventures, elle se fait petit à petit une place dans son environnement et développe une activité singulière : la livraison en balai volant.
J’adore les sorcières ainsi que les récits d’apprentissage et ai donc une tendresse toute particulière pour ce dessin-animé. Comme la plupart des Ghibli, il est plein d‘espoir, même si tout n’est pas idyllique. Sous les dehors sympathiques du réalisme magique et une colorisation qui rend l’atmosphère très lumineuse, les thèmes abordés sont sérieux. On y parle de l’identité et de l’intégration, de la difficulté de grandir et de poser les points d’ancrage de son existence dans un environnement où tout est à faire. C’est en quelque sorte un conte moderne qui se joue des clichés, tout en s’inscrivant dans la tradition.
Les personnages de cet anime sont lumineux et plein de vie, sans doute parfois un peu trop gentils pour être vrais, mais on y croit quand même. Kiki est très attachante. Malgré son opiniâtreté, elle est encore une petite fille, pleine de doutes et fragile. Cela apporte une certaine dose de réalisme.
Personnellement, quand j’ai besoin de réconfort et de me rappeler pourquoi j’ai fait certains choix, je regarde cet anime…
Comme souvent pour les films de Miyazaki, la fin est abrupte. Elle saisit un moment d’envol (c’est le cas de le dire) et de grâce. C’est une façon comme une autre de montrer qu’il n’y a pas de fin. Toutefois, les images du générique nous renseignent brièvement sur des événements ultérieurs, laissant le spectateur imaginer à sa guise le développement de l’histoire.
Si vous ne l’avez pas encore visionné, n’attendez plus ! C’est un film à voir et à revoir.

samedi 16 avril 2016

Laïka

Une bande-dessinée de Nick Abadzis, publiée chez Dargaud.

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Présentation de l'éditeur : 

La véritable et poignante histoire du premier être vivant envoyé dans l'espace : la chienne Laïka. Une saga scientifique et historique qui révèle plusieurs histoires : celle de l'ingénieur en chef du programme soviétique, la course à l'Espace entre les USA et l'URSS, et celle de Laïka, bien sûr, chien errant qui n'échappa à l'euthanasie que pour devenir un cobaye sacrifié sur l'autel de la réussite humaine et, au final, un symbole de progrès. Une histoire racontée avec une immense finesse et la plus grande précision historique.

Cette bande-dessinée est basée sur des événements réels. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de Laïka, en tout cas je l’espère. Cette petite chienne fut le premier être vivant envoyé dans l’espace. Dans les années cinquante, L’U.R.S.S. et les U.S.A. jouaient à qui pisserait le plus loin. La conquête spatiale faisait rêver, c’était une façon comme une autre d’entretenir leur rivalité. Tout moyen était bon à prendre pour prouver sa supériorité. C’est dans ce contexte délicieux qu’en 1957, un mois après le lancement du satellite artificiel Spoutnik, les soviétiques ont envoyé Laïka, une petite chienne de trois ans, à bord de Spoutnik II, sans se soucier de n’avoir aucun moyen de la ramener en vie. Elle avait été trouvée errante dans les rues de Moscou. Rien ne la prédisposait à ce destin aussi grandiose que tragique et vide de sens. Cette bande-dessinée raconte son histoire, lui inventant un début de vie loin d’être rose, mais tâche de lui donner le plus de réalisme possible et de s’appuyer sur des faits pour la suite. On montre même l’entraînement subi par les chiens du programme spatial. Ces pauvres bêtes ont beaucoup supporté… Laïka n’est pas la seule à avoir péri. J’en profite d’ailleurs pour rappeler que trois années sont juste un cinquième de la vie d’un chien, sachant que les petits gabarits, surtout les bâtards, ont même une espérance de vie supérieure à quinze ans. Certes, envoyer à la mort un chien plus âgé n’aurait pas rendu cela moins atroce, mais c’est d’autant plus sordide que cette chienne était à l’orée de sa vie. Aucun animal ne mérite ça et la BD le retranscrit parfaitement, malgré le sentimentalisme romancé des premières pages, quand l’auteur imagine à Laïka un début de vie à propos duquel on ne possède aucun renseignement réel. Je ne suis pas particulièrement fan du graphisme, mais l’important est de faire davantage connaître le destin de cette petite chienne, victime de la bêtise humaine déguisée en course vers le progrès. En cela, la BD est très réussie. On a envie de d’empêcher l’inéluctable, mais si ce n’est pas la petite Koudriavka, ce sera une autre chienne… On ressent l’horrible attente qui pèse sur l’animal et certains de ses soigneurs, le climat lourd de méfiance et de menaces d’une époque où la moindre opposition pouvait vous valoir le goulag... C’est très triste, évidemment, mais c’est aussi un bel hommage. Parce que je savais à quoi m’attendre, j’ai beaucoup pleuré en lisant… La moindre des choses que nous pouvons faire pour Koudriavka – Laïka – est de ne jamais l’oublier. Un chien offre une confiance sans réserve à ceux qui le soignent… Ce sont des animaux naturellement bienveillants et prêts à supporter sans broncher les situations les plus extrêmes pour plaire à leur maître. C’est d’autant plus vrai pour ceux qui ont été recueillis et sont de fait très reconnaissants envers leurs sauveurs. Imaginez la détresse de ce pauvre animal, enfermé dans cet engin, seul, dans le bruit, la chaleur, le chaos… Elle a agonisé entre cinq et sept heures, espérant probablement jusqu'à sa dernière seconde de conscience qu'on vienne la chercher. Longtemps, on a raconté que Laïka était morte après avoir consommé de la nourriture empoisonnée, laissée à sa disposition comme un acte d’humanité… C’est faux, la chaleur l’a tuée. Et ce sacrifice n’aura quasiment rien apporté à la science, il a juste nourri l’ego d’un gouvernement. Ce n’est pas à l’école ni en regardant un reportage ou en lisant une revue que j’ai appris l’histoire de Laïka. J’étais adolescente, j’écoutais la radio, et j’ai entendu la chanson de Mecano qui lui est dédiée… Je ne vous cache pas que je trouve aberrant d’avoir dû l’apprendre par ce biais. Des années plus tard, le destin tragique de Laïka me bouleverse toujours autant. C’est pour cela que j’ai voulu lire et chroniquer cette bande-dessinée (même si j’admets n’avoir pas beaucoup parlé du livre lui-même). C’est ma contribution, si humble soit-elle, à faire connaître son histoire et à faire en sorte qu’on ne l’oublie jamais. Il est si facile d’effacer ce qui nous dérange…

Laika