mercredi 17 novembre 2021

La disparition d'Agatha Christie

 Un feuilleton audio de Giuseppe Paternò di Raddusa, uniquement disponible chez Audible.


Il ne s’agit pas d’une adaptation de roman, mais d’un feuilleton original produit par Audible, avec un casting de différents interprètes. L’histoire est tirée de faits réels et l’auteur semble s’être attaché à les romancer le moins possible.
J’ai choisi ce feuilleton un peu par hasard. L’extrait m’avait plu et je ne demandais pas mieux que de m’immerger dans un récit un peu sombre et bien narré, assez typique des vicissitudes humaines ainsi que de l’hypocrisie de la bonne société. Cependant, cela n’a pas pris au-delà du premier chapitre.
Cet épisode de la vie d’Agatha Christie est bien connu, il a fait les choux gras de la presse en son temps et il n’y a guère de suspense le concernant. Je m’attendais cependant à un récit dont la profondeur ferait oublier qu’on en connaît l’issue. Ce n’est pas le cas et on s’ennuie vite.
Le détective Kenward est dépeint de manière très antipathique malgré l’excellent jeu de son interprète. Le personnage donne surtout l’impression de s’écouter parler, ce qui devient pénible à la longue tant il est blasé et méprisant. On en oublie de compatir, ce qui est assez triste quand on sait combien cette affaire a affecté l’homme derrière le personnage. Il aurait mérité d’être mieux traité et qu’on lui rende davantage justice.
Agatha, quant à elle, paraît encore plus inconséquente, capricieuse et décérébrée que son mari, ce qui n’est pas peu dire. Elle ne mérite pas cela et si le chapitre consacré à ses sentiments et pensées équilibre un peu la donne — en cela qu’il rappelle que les gens qui ont vécu cette histoire sont réels et que leur souffrance l’est aussi — il échoue néanmoins à combler les lacunes de ce feuilleton.
Le vrai problème de cette histoire est qu’il n’y a pas grand-chose à raconter. Je comprends bien qu’il faille coller aux faits mais du coup quel est l’intérêt de ce type de récit s’il est aussi aride ?
Je me suis donc ennuyée et ne vous conseille pas cette écoute, malgré le travail remarquable qu’ont fourni les interprètes pour le peu de matière qu’on leur a donné.

lundi 1 novembre 2021

The Great Witches Baking Show

Un roman de Nancy Warren, publié chez Ambleside Publishing.

Présentation de l'éditeur :

Poppy Wilkinson is thrilled to be chosen as a contestant on The Great British Baking Contest. As an American with English roots, winning the crown as Britain’s Best Baker would open doors she’s dreamed of. In more ways than one. Appearing on the reality show is her chance to get into Broomewode Hall and uncover the secrets of her past.

But strange things are happening on the show’s set: accusations of sabotage, a black cat that shadows Poppy, suspiciously unsociable residents at Broomewode Hall—and the judges can be real witches.There are murmurs that Broomewode is an energy vortex. It certainly makes Poppy see and do things that aren’t exactly normal, and seems to draw interesting characters to the neighborhood.

When a fellow contestant dies in mysterious circumstances, Poppy has more to worry about than burned pies and cakes that won’t rise. There’s a murderer on the loose and it’s up to Poppy and her new friends to solve the crime before it becomes a real show-stopper.

Après de nombreux mois d’efforts et de préparation, Poppy a enfin réussi à intégrer le casting du Great British Baking Contest. Pâtissière émérite, ce n’est pourtant pas pour cela — et encore moins pour grappiller un peu de notoriété — qu’elle a tant tenu à rejoindre le concours. Poppy a un secret. En fait, elle en a même plusieurs et elle est là pour résoudre le mystère de ses origines. Abandonnée dans une boîte en carton quand elle était bébé, elle ne sait rien de ses parents biologiques, mais elle pourrait avoir hérité d’eux certains talents pour le moins inhabituels.
Dès le premier jour, elle se lie d’amitié avec un autre concurrent, Gerry le charmeur. Mais très vite celui-ci commence à proférer des accusations de sabotage. Est-il un mauvais perdant ou a-t-il mis le doigt sur un réel complot contre lui ?
Ce tome est le premier d’une série de cozy mysteries qui me semble très prometteuse. C’est sans prétention et néanmoins très agréable à lire (ou écouter dans mon cas). Je me suis vite laissé entraîner dans l’histoire. Poppy est un personnage très attachant et sympathique. L’ambiance du concours est parfaitement rendue et j’ai hâte de mieux connaître les autres candidats dans les prochains tomes. Ils sont nombreux et on n’a pu seulement entrevoir certains de leurs traits de caractère pour l’instant. Je suis certaine qu’il y aura beaucoup à en dire.
C’est un tome d’exposition et l’enquête n’est pas transcendante, on s’attache davantage à la mise en place du décor et à faire connaissance avec les personnages principaux. Cependant, j’ose espérer que l’autrice approfondira le tout dans la suite. Je lis également son autre série : The Vampire Knitting Club. J’ai donc pu constater que pour celle-ci aussi le premier tome constitue surtout une mise en place et que la suite se révèle bien meilleure.
Quoi qu’il en soit, Nancy Warren sait comment créer de belles ambiances et des décors qu’on a envie d’arpenter aux côtés de ses personnages. Même s’il y a une touche de romance dans ses histoires, elle ne se focalise pas là-dessus. D’ailleurs, il n’en est pas encore question dans ce premier tome, même si on devine que cela risque de changer par la suite. Elle est plus attachée à donner de la personnalité et du relief à ses personnages. Ses enquêtes sont typiques du genre et elles fonctionnent plutôt bien en général.
Je pense que je vais préférer cette série, avec ses sorcières et ces fantômes (je me lasse très vite des vampires même si j’aime beaucoup Lucy, la sorcière du Vampire Knitting Club). Et je suis vraiment intriguée par les mystères entourant la naissance et l’abandon de Poppy.
J’ai choisi de découvrir ce roman dans sa version audio et j’ai profité d’une offre regroupant les trois premiers tomes sur Audible. Je n’étais pas emballée par la narratrice dans les premiers chapitres et je suis revenue sur cette opinion de manière plutôt drastique. Hollis McCarthy fait vraiment un excellent travail. J’ai pris plaisir à l’écouter et je serai ravie de la retrouver dans la suite.
À noter aussi que ce roman contient une recette de tarte au citron (celle que Poppy est censée avoir présentée au concours). C'est le genre d'ajout que j'adore et la recette fait vraiment envie, même si je n'échangerais celle de mon père pour rien au monde. ;)

lundi 18 octobre 2021

Le Serment de Jaufré

Un roman d'Anaël Train, publié aux éditions du 123.

Présentation de l'éditeur :

Il deviendra l'un des troubadours les plus prisés de la cour de l'inoubliable Aliénor d'Aquitaine, mais à 7 ans, Jaufré Rudel peine encore à comprendre l'injustice qui frappe sa famille, privée de ses terres par le puissant duc d'Aquitaine.

Alors qu'il vient de perdre sa mère, le petit garçon se découvre une passion pour le chant et la musique. Et si, face aux nombreuses épreuves qui l'attendent, cet art se révélait sa meilleure arme ?

Un roman passionnant où magie et chevalerie s'entrelacent en un tableau somptueux.


Cette lecture a été très pénible. Disons-le sans ambages : j’ai oscillé entre ennui et exaspération. Je me réjouissais de lire un roman historique, ce qui ne m’était plus arrivé depuis trop longtemps, mais me suis trouvée embourbée dans un récit falot, tissé de clichés tous plus éculés les uns que les autres, et dont le moindre retournement de situation s’est révélé désespérément prévisible.
Je m’attendais à un récit contant la jeunesse et les années d’apprentissage de Jaufré Rudel, cependant la narration est divisée en deux. Nous avons d’une part, à la première personne, l’histoire que j’escomptais et, en parallèle, les aventures des jumelles de Grimwald au service de l’Angleterre ainsi que d’une mystérieuse prophétie… Les chapitres consacrés aux jumelles sont narrés à la troisième personne, contrecarrant ainsi l’aspect biographique qu’a voulu donner l’auteur a son roman. Cela fait sens quand on sait que les personnages seront amenés à se rencontrer mais reste construit de telle sorte qu’il est très difficile de se laisser emporter dans cette histoire.
La partie consacrée à Jaufré est de loin la plus agréable à lire, même si en fait il ne se passe pas grand-chose. Je m’attendais à ce qu’elle soit beaucoup plus développée. Celle qui concerne les jumelles est en comparaison plus riche en action, mais pleine de contradictions, de facilités et de poncifs. Les méchants sont très méchants, les puissants sont capricieux et l’amour fleurit au premier regard…
L’histoire aurait gagné, je crois, à se focaliser sur l’apprentissage des personnages — la musique et la poésie pour l’un, la magie pour les autres — afin de les montrer dans leur domaine d’expertise puis de laisser au lecteur le loisir de les voir grandir et évoluer. Au lieu de cela, ils sont simplement ballottés par les événements et on ne prend jamais vraiment le temps de les connaître ni de s’attacher à eux. Ce manque de profondeur, dans l’intrigue comme dans les caractères, les rend plutôt antipathiques. Ils ne sont pas aidés par les personnages secondaires, caricaturaux au possible. 
Cette histoire est en outre pleine de longueurs et de contradictions. Un exemple : Tu as abusé de ton pouvoir pour forcer une jeune fille qui est sous ma protection à partager ton lit ? Pour te réprimander, je t’en envoie une autre, on verra ce que tu en feras… Exaspérant, vous dis-je.
Ce roman se veut préquelle du Lit d’Aliénor, un roman de Mireille Calmel — mère de l’auteur — que j’ai lu et apprécié il y a… une bonne vingtaine d’années. Mais si Le Lit d’Aliénor, malgré sa trame magico-druidique, au demeurant fort plaisante, avait une assise historique intéressante, ce n’est pas le cas de sa préquelle. On sent que l’auteur a fait des recherches en amont, mais c’est sans doute son sujet qui pèche et peut-être un peu le style. C’est raconté de manière très plate alors qu’il y a déjà trop peu à dire et le brin d’intérêt que j’ai réussi à trouver à l’enfance de Jaufré et à la jeunesse des jumelles de Grimwald est dû à ma lecture du Lit d’Aliénor et de La Rivière des âmes.
Je n’avais jamais souhaité me pencher sur les suites que l’autrice a apporté à ce cycle et honnêtement cette préquelle ne me donne pas envie d’y remédier. Je ne crois pas non plus qu’elle se suffise à elle-même, mais si vous avez aimé ces romans et que vous voulez prolonger un peu l’histoire, peut-être y trouverez-vous plus d’agrément que moi.

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mardi 7 septembre 2021

Biotanistes

Un roman d'Anne-Sophie Devriese, publié aux éditions ActuSF.


Présentation de l'éditeur :
Quelque part dans le futur.

La terre est sèche. Des grappes d’humains survivent dans les dernières oasis. Terminé les ruisseaux, terminé les animaux, terminé… la domination masculine. Parce qu’elles semblent être les seules à survivre à une maladie qui décime l’humanité, les femmes ont pris le pouvoir et les hommes sont relégués au rang de reproducteurs.

Rim, jeune sorcière élevée au convent, voit son premier saut dans le passé approcher avec impatience et fébrilité : et si elle n’atterrissait pas en zone utile et devait renoncer pour toujours à voyager dans le temps ? Et puis, qui est Alex, cette nouvelle venue qui la déroute tant, la pousse à reconsidérer ses certitudes ? Et si… Et si les hommes, en vérité, pouvaient survivre au fléau ?

Encore une pépite de l’excellente collection Naos !
Futur, date indéterminée, une maladie a décimé la population et continue de faire rage sans que son mode de contagion ne soit identifié. Les désastres environnementaux engendrés par l’humanité ont ravagé la terre. Les abeilles ne sont plus et peu de flore leur a survécu. Sans parler de la faune... Après avoir envahi et détruit l’écosystème, le plastique est devenu une denrée aussi précieuse qu’elle est rare. De l’humanité, il ne subsiste que quelques communautés éparses qui survivent tant bien que mal dans un immense désert. Leurs déplacements sont limités par l’effondrement technologique et l’accès aux ressources aussi bien qu’au savoir est problématique. 
Le salut de ces gens tient surtout au bon vouloir de celles que l’on nomme les Sorcières. Touchées par la maladie, mais sorties indemnes de celle-ci, elles ont développé un talent précieux : elles peuvent voyager dans le passé. Un seul endroit, une seule époque, elles ne choisissent pas et ne peuvent rien ramener de matériel. En revanche, elles peuvent apprendre par cœur toutes les informations qui leur permettront de rassembler le savoir utile, mais perdu, accumulé par leurs semblables au cours des siècles précédents. À l’époque de notre récit, elles sont craintes et jalousées, mais aussi respectées. Il n’en a pas toujours été ainsi et on se rendra vite compte que leur histoire complexe et fascinante, tout comme leur ascension au pouvoir, recèle de nombreux secrets.
Rim est une sorcière, bien malgré elle, seule rescapée de sa famille anéantie par le fléau. Elle a été sauvée par Ulysse le conteur itinérant et ramenée dans un convent où elle a grandi sous la protection d’Anthoïna, une talentueuse biotaniste. Dans cette société matriarcale — où les femmes dominent puisqu’elles seules peuvent survivre au fléau — Rim s’interroge sur beaucoup de choses, sur la notion d’égalité entre les sexes autant que sur l’usage que font ses « sœurs » de leur pouvoir, sur la source du fléau et la raison pour laquelle les hommes n’y survivent pas. Elle sait confusément que toutes les questions ne sont pas bonnes à poser dans ce dernier bastion de la connaissance humaine. Cependantn son prime saut approche. Quelle influence aura-t-il sur ses croyances et sur sa vie d’adulte ?
Biotanistes est un excellent roman, aussi prenant que créatif. J’ai adoré découvrir comment cette société s’est reconstruite pour survivre, les choix bons comme mauvais qu’ont fait ces humains pour s’adapter au fil des ans à un environnement de plus en plus hostile et leurs théories à ce sujet. Rim est un personnage intéressant. Passionnée et idéaliste, elle a aussi les défauts de ses qualités. Elle est impulsive et colérique. Cela ne la rend que plus humaine. Toutefois, si elle demeure au centre de l’histoire, elle n’en est pas moins accompagnée par d’autres personnages aussi complexes et que j’ai aimés suivre, notamment Alex, Anthoïna, Ibrahim et Ulysse. Je déplore cependant trop de manichéisme dans la construction des antagonistes. Par exemple, si l’on entrevoit sur la fin de l’histoire les raisons qui peuvent expliquer le comportement d’un personnage odieux tel qu’Olympe, elle manque encore trop de relief à mon goût. Des personnages plus nuancés auraient donné encore davantage d’ampleur à ce récit.
Cependant, au-delà de la construction des personnages, l’histoire elle-même est géniale. L’inversion des pouvoirs entre les sexes et le sexisme dont font preuve les femmes sont le reflet de notre propre situation. On se rend compte que les problèmes et les attitudes sont malheureusement les mêmes, peu importe qui domine. Les abus sont nombreux, les hommes discrédités et réifiés. J’ai été très intéressée par la façon dont est détournée la culture populaire, notamment les contes, pour remodeler l’histoire et renforcer l’assise de cette société matriarcale si loin de l’utopie.
J’ai aussi apprécié le contraste entre certains progrès technologiques — Anthoïna est par exemple capable de créer de minuscules créatures mécaniques ou des tenues vivantes qui s’autorégulent — et des retours en arrière drastiques dans d’autres domaines, faute de connaissances sur le sujet ou de matière première. Les véhicules les plus évolués sont des carrioles ou des chars à voiles. La médecine, ou plutôt la biotanique, peut produire des prothèses très évoluées, mais ses remèdes en sont réduits à quelques plantes.
Biotanistes est un roman d’aventure dans lequel on ne s’ennuie jamais. Au-delà de l’aspect distrayant du récit, l’autrice nous offre de nombreuses occasions de nous interroger sur notre propre société et l’avenir de la planète. Les bonds dans le passé nous confrontent à notre propre histoire, dénonçant au passage des injustices toutes contemporaines. Cependant, dans ce marasme qu’est devenu notre monde, il reste de l’espoir et l’amour de la lecture comme point d’ancrage de la sédition. Comment ne pas apprécier ?

vendredi 30 juillet 2021

Le TDAH au féminin

Un guide de Sari Solden et Michelle Frank, publié aux éditions de Mortagne. 

Présentation de l'éditeur :
« Lorsque les attentes intériorisées en matière de rôles masculins et féminins se conjuguent aux difficultés de fonction exécutive chez les femmes TDAH, ces dernières peuvent entretenir le genre d’image neurologique négative risquant de les conduire à des mécanismes d’adaptation qui les maintiennent bloquées, tels que la dissimulation, la simulation et l’évitement. » Vous sentez-vous différente en tant que femme avec un TDAH ? Vous a-t-on déjà conseillé de mieux gérer vos émotions ou de changer vos manières d’être et de penser pour réussir ou être acceptée ? Le TDAH est une différence, pas un défaut ! Il y a des avantages à composer avec lui. Chez bien des femmes, il est généralement diagnostiqué à l’âge adulte. Même encore, les préjugés contre ce trouble qu’on associe aux enfants turbulents le rendent bien souvent indétectable. Pour pallier un manque flagrant de ressources, ce livre propose des outils pratiques pour : augmenter votre concentration  communiquer avec confiance ; développer votre estime personnelle ; exploiter votre plein potentiel.

TDAH : Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité. 
Ce trouble est encore assez mal connu en France et si la plupart des gens ont entendu parler d’hyperactivité, ils l’associent souvent à « une excuse pour qualifier le comportement de petits garçons mal éduqués » et non à une neurodivergence réelle. On a raconté beaucoup de choses sur l’hyperactivité, souvent à tort et à travers, sans diagnostique préalable ni discernement, et cela a pu faire beaucoup de mal à des gens souffrant réellement de TDAH, en particulier les femmes si peu, voire pas, prises en compte, diagnostiquées et aidées. Cela parce que le TDAH ne se manifeste pas toujours de la même manière chez tout le monde et parce que les femmes sont des caméléons quand il s’agit de cacher ce qu’elles perçoivent comme une faiblesse. Le cheminement est donc plus difficile pour elles avant d’accepter leur neuroatypie et d’apprendre à bien vivre avec elle.
Ce livre n’a pas pour but de vous expliquer le TDAH, mais de déconstruire les stéréotypes et de vous apprendre à accepter votre nature ainsi qu’à sortir de la honte que des années de dissimulation et d’intégration de schémas qui ne vous convenaient pas ont pu générer. Il vous propose des pistes de réflexions pour mieux vous comprendre et aller de l’avant. Le but des autrices est de vous aider à devenir un peu plus vous-mêmes dans la vie de tous les jours et surtout plus heureuses.
Au cours de ma lecture des premiers chapitres, cette insistance sur la honte associée au TDAH m’a fait me dire que ce n’était pas pour moi. Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir honte de moi, cependant, force est de constater qu’en persistant et en me questionnant comme on m’y invitait, cet essai a fait remonter en moi pas mal de choses et m’a beaucoup donné à réfléchir. 
Au départ, j’étais plus intéressée par des stratégies et des exercices visant à mieux « fonctionner » qu’à recevoir une validation. Si vous êtes dans le même état d’esprit que moi, persistez, quitte à lire en diagonale certains chapitres (il y a un résumé des ponts-clés à la fin de chacun d’entre eux, ce qui est très pratique) et concentrez-vous davantage sur les encarts.
Ce livre ne vous donnera pas des techniques concrètes à appliquer au quotidien pour mieux gérer votre TDAH, mais il vous aidera à vous réapproprier votre vie. Il est très axé sur l’idée de sortir de la honte, mais aussi des entraves que l’on forge soi-même avec le temps. Et même si vous pensez que vous n’avez pas besoin de reprendre confiance en vous, l’introspection proposée par ce guide pourrait vous étonner. Vous vous rendrez aussi compte au passage que vous avez déjà développé vos propres stratégies pour mieux fonctionner...
J’ai particulièrement apprécié les encarts. Certains relatent des anecdotes pour remettre nos propres expériences en perspective face à celles d’autrui, d’autres invitent à la réflexion mais sont parfois quelque peu orientés à mon avis, même si cela part d’une bonne intention. On vous invite à tenir un journal pour y noter vos réflexions quant aux exercices et questions posées dans les encarts, ce qui peut être vraiment intéressant.
La mise en page aérée et les chapitres émaillés d’encarts — différemment mis en exergue selon la nature de leur contenu — facilitent la lecture. Néanmoins, l’ouvrage gagnerait à être plus concis. J’ai beaucoup de mal à supporter les répétitions, elles me forcent à être attentive pour rien, mais j’ai aussi conscience que ça peut faciliter la lecture à d’autres personnes qui ne tombent pas comme moi dans l’hypervigilence avec le langage écrit et qui ont besoin de répétitions pour mieux intégrer certains concepts. 
Cette lecture m’a été utile et je ne doute pas qu’elle puisse l’être à d’autres. Elle est en tout cas éminemment positive pour l’estime de soi. J’espère aussi que ce livre pourra ouvrir davantage à la différence l’esprit des gens qui n’ont pas de TDAH mais qui ont à cœur d’aider leurs proches qui en sont atteints.

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lundi 28 juin 2021

Un été avec Albert

Un roman de Marie Pavlenko, publié chez Flammarion jeunesse.

Présentation de l'éditeur : 
" Je l'aime ma mamie, je l'adore même, mais faut avouer, dans le classement international des vacances de folie furieuse, elle se situe assez loin derrière le camping entre potes et les amours de vacances au bord de l'océan. " Après le bac, l'été de Soledad était tout tracé. C'était compter sans le divorce de ses parents et le début de dépression de son père. Changement radical d'ambiance et direction les Pyrénées, chez sa grand-mère. Alors que Sol imagine ses vacances vouées à un ennui mortel, un événement inattendu vient totalement les bouleverser. Entre journées en plein soleil et nuits terrifiantes, Soledad va vivre un été hors du commun.
On ne dirait pas comme ça, parce qu’elle peut se montrer assez puérile, mais Soledad est au seuil de sa vie d’adulte. Elle vient d’obtenir son bac et au lieu des vacances au camping entre potes dont elle a rêvé toute l’année, elle se rend dans les Pyrénées chez sa grand-mère paternelle pour profiter du bon air et surtout dégager le plancher. En effet, son petit monde vient d’exploser. Sa mère est partie avec un autre homme et son père dépressif, pour qui elle avait annulé ses vacances, ne souhaite pas sa présence à ses côtés. Autant dire que Sol l‘a mauvaise et qu’elle vit assez mal cette mise au vert forcée. Aussi attachante qu’exaspérante, la jeune fille enchaîne les bons mots (au point que ça devient parfois lourd même s’ils sont bien tournés) et se plaint à qui mieux mieux. Pourtant, ces vacances loin de tout (et surtout de tout réseau) vont peut-être lui permettre de renouer avec sa grand-mère qu’elle adore mais dont elle s’est éloignée en grandissant.
Le temps file et les gens ne restent pas éternellement là à nous attendre. Rien de culpabilisant là-dedans, c’est la vie et on a tous besoin de s’émanciper pour grandir, puis de revenir vers les siens ensuite. Je trouve que ce roman illustre bien ce fait, mais il ne s’arrête pas là. Sol va prendre conscience de la solitude de sa grand-mère dont le mari est mort récemment, va accepter le divorce de ses parents et va aussi s’ouvrir davantage aux autres alors que paradoxalement elle se trouve très isolée et… apeurée. Oui parce que si les journées de la jeune femme sont monotones, ses nuits sont emplies d’angoisses qui s’intensifient au cours de son séjour. Un cinglé rôde dans ce petit coin de montagne où il ne se passe jamais rien d’ordinaire et ce qui au début n’inquiète que Sol, que son entourage juge un peu excessive, va vite peser sur cette petite communauté. Pourtant, la grand-mère de Sol persiste à rassurer sa petite-fille en lui disant que le chêne du jardin, prénommé Albert, veillera sur elles. Autant dire que Sol est plus que dubitative et s’inquiète en outre pour la santé mentale de son aïeule… Il est temps pour elle de se responsabiliser un peu plus pour veiller sur les gens qu’elle aime.
Un été avec Albert est un roman qu’on lit très vite, parce qu’il est bien écrit et que malgré quelques lourdeurs dans l’humour de Sol ou dans la répétition des actions, on se laisse bercer par l’histoire — un peu glauque quand même — et par les réflexions de la jeune femme sur sa vie. J’ai apprécié ma lecture, néanmoins mon avis demeure mitigé car je n’ai pas adhéré à l’aspect fantastique du récit, trop pataud à mon goût. Je m’attendais à lire un roman humain, sur les liens entre une grand-mère et sa petite-fille, sur le choc entre deux vies tellement différentes, avec un peu de mystère en prime, puis ça a sombré dans le thriller mal dégrossi et le fantastique en carton pâte. Le méchant de l’histoire manque de profondeur et de tangibilité. Ses actes sont choquants mais n’apportent pas grand-chose au récit à part dégoûter le lecteur. Du coup, j’ai moins saisi la finalité de tout ça puisque ça fait surtout remplissage. Ce n’est pas assez abouti. Cependant, ce roman est une belle ode à la nature, j’ai beaucoup apprécié la subtilité avec laquelle l’autrice nous en rappelle les merveilles, loin des clichés éculés, dans ses descriptions et commentaires sur la faune et la flore. Pas d’envolées lyriques malvenues ni de niaiseries, elle parle d’insectes aussi bien que de fleurs médicinales. Le message est clair : prenez soin de la nature et elle prendra soin de vous. J’ai aussi aimé les personnages ainsi que les liens qui les unissent. Il est agréable de voir Sol mûrir durant cet été. C’est ce que je choisis de retenir de cette lecture.

dimanche 30 mai 2021

Le Souffle du géant

 Une BD de Tom Aureille, publiée chez Sarbacane.

Présentation de l'éditeur :

Deux sœurs, à la vie, à la mort.

La légende raconte que les lointaines Terres du Nord cachent des Géants dont le souffle a le pouvoir de ressusciter les morts… Il n’en faut pas plus pour Iris et Sophia. Nourrissant l’espoir fou de ramener leur mère à la vie, ces deux jeunes orphelines aux dons magiques extraordinaires se lancent à corps perdu dans un voyage aussi long que périlleux, sans prendre garde à la silhouette tapie dans l’ombre qui les suit à la trace…

Rien n’est trop grand pour les deux soeurs, mais sauront-elles rester unies face aux dangers qui les guettent ?

Iris et Sophia sont orphelines et livrées à elles-mêmes. Leur père a disparu sans laisser d’adresse quand elles étaient petites et leur mère est morte dans des circonstances très traumatisantes. Leur vie n’était déjà pas bien rose et elles peinent à se remettre de ce nouveau drame. Aussi, poussées par les légendes qui ont toujours fasciné leur père et le pendentif qu’il leur a légué, elles entreprennent un périlleux voyage vers le nord dans l’espoir de ramener leur maman à la vie.
Iris, l’aînée, est forte et combative alors que sa cadette, plus douce, aime observer la nature et se poser des questions, l’esprit toujours avide de connaissances. Si leurs caractères sont opposés, elles n’en sont pas moins très soudées et pas si sans défense que leur jeune âge le laisse paraître. Pourtant, leur démarche reste naïve. Elles n’ont aucune idée des dangers vers lesquels elles se ruent. Et puis, est-ce une si bonne idée de ramener quelqu’un à la vie ?
Iris et Sophia sont deux personnages attachants et on compatit vite à leur chagrin, de même que l’on tremble pour elles face aux dangers qu’elles affrontent. En effet, elles ne sont pas les seules à vouloir s’emparer du souffle d’un géant pour ramener un être cher et de nombreux pièges jalonnent leur route. Heureusement, si elles croisent beaucoup de personnes mal intentionnées, il y a aussi des gens bien.
Le Souffle du géant est une jolie BD sur la partie la plus difficile du deuil : l’acceptation, mais aussi sur la famille, la précarité et ce qui au final compte vraiment dans l’existence. Les deux sœurs vont grandir et s’affirmer, chacune à sa manière et choisir dans l’adversité le genre de personnes qu’elles veulent être.
J’ai déploré un scénario quelque peu linéaire, malgré quelques flash-back, bienvenus mais taillés à la serpe, concernant la mère des deux filles. Les personnages ne sont pas assez développés à mon goût. On apprend assez peu de choses sur le père et encore moins sur l’origine des pouvoirs des deux sœurs. J’ai néanmoins apprécié cette lecture douce-amère. Les dessins sont jolis, bien qu’assez classiques et ils servent parfaitement l‘histoire.


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