dimanche 26 octobre 2025

La Captive de Dunkelstadt

 Un roman de Magali Lefebvre, publié chez Château âmes.


Au sortir de ses études, Émile Dupontel n’est pas vraiment pressé de se ranger. Son avenir est tout tracé, mais si le jeune homme a toujours docilement suivi les plans de ses parents, de ses études studieuses à la fiancée qu’on lui a choisi, il veut satisfaire un peu de ce goût de l’aventure qui sommeille en lui avant de céder à la pression sociale. Ses parents lui ont offert un tour d’Europe en récompense de ses excellents résultats et il entend en profiter. Émile est particulièrement attiré par les curiosités locales, les contes et légendes, les maisons hantées et autres superstitions… Aussi, quand il entend parler de Dunkelstadt et de son château maudit, il ne peut résister à l’attrait que ce lieu exerce sur lui. Cependant, si Émile est sceptique quant à la véracité de la légende locale, les habitants, eux, sont d’un autre avis.
La Captive de Dunkelstadt ravira les amateurs de romans gothiques et de fantastique, mais aussi de romance. L’ambiance est sombre à souhait et les mystères du château, de son spectre et de sa malédiction se dévoilent petit à petit. Cette lecture est parfaite pour l’automne et se lit bien trop vite. L’écriture de Magali Lefebvre est agréable, évocatrice et élégante.
L’ambiance d’un roman gothique en est la clé de voûte, mais les personnages font vivre l’intrigue. Si Émile semble un peu falot au départ, son personnage prend de l’envergure. Lui qui n’était pas vraiment prêt à devenir adulte, à s’impliquer, change et grandit. J’ai de surcroît beaucoup aimé les femmes de ce récit qui sont tout en nuances. À Dunkelstadt, les apparences sont trompeuses et les personnages ont davantage de profondeur qu’ils ne le laissent supposer de prime abord.
Si vous aimez les romans gothiques et les contes de Grimm, ce récit est fait pour vous.


mardi 14 octobre 2025

Nettle and Bone : comment tuer un prince

 Un roman de T. Kingfisher, publié chez Verso.


T. Kingfisher est une poétesse de l’étrange, sa fantasy flirte avec l’horreur, son horreur danse langoureusement avec le merveilleux… Ne vous y trompez cependant pas, malgré son premier chapitre un rien teinté d’effroi, Nettle and Bone n’est pas de l’horreur, c’est un conte discordant. Kingfisher aime les contes, elle puise dans leur matière originelle, brute et cruelle, pour tisser de grandes histoires, de celles que l’on garde en mémoire. Elle est une autrice prolifique, qui écrit aussi bien des récits pour enfants que pour adultes et dans des genres très différents.
Nettle and Bone est un conte à la fois beau et dérangeant, une histoire profondément originale, qui pourtant possède ce petit quelque chose de familier qui met le lecteur à l’aise. On se sent en terrain connu, pourtant T. Kingfisher se joue de nos attentes. Le récit s’enroule autour du lecteur comme une couverture mais, malgré le confort que celle-ci apporte, il y a un petit je-ne-sais-quoi de malaisant, typique de l’écriture de Kingfisher même quand elle ne fait pas de l’horreur. Ce merveilleux teinté d’effroi est une lecture parfaite pour l’automne.
L’autrice s’amuse à détourner les clichés. Ses personnages n’en sont que plus attachants. J’ai particulièrement apprécié Marra, qui n’est ni belle ni puissante. Elle n’a rien d’une héroïne ; elle n’espère qu’une vie simple et tranquille, mais elle sait que si elle ne fait rien, personne d’autre n’agira. Marra est juste une femme ordinaire et ça change tellement de ce qu’on nous propose habituellement ! Elle se découvre du courage parce qu’elle n’a pas le choix et qu’elle ne saurait détourner le regard. Cela la rend touchante. 
Les personnages qui l’entourent ont aussi leurs particularités. J’ai adoré la dame poussière et la marraine, néanmoins je ne veux pas trop en dire pour ne pas vous gâcher la découverte.
Le récit est subtil et la plume élégante, toutefois c’est l’atmosphère de conte distordu et la magie instinctive, symbolique, qui m’ont le plus charmée. Ce fut une excellente lecture.