vendredi 17 mai 2024

Friday T1

Une BD scénarisée par Ed Brubaker, dessinée par Marcos Martin et colorisée par Muntsa Vicente. Publiée chez Glénat.


De retour de l’université pour les vacances d’hiver, Friday pensait pouvoir enfin mettre au clair ses sentiments envers Lancelot, son ami d’enfance, et discuter d’un événement d’avant son départ et du malaise que ce dernier a créé entre eux. Au lieu de cela, elle se retrouve embarquée dans une nouvelle enquête à peine descendue du train. 
Lancelot et elle avaient pour habitude d’élucider les mystères locaux. Il était la tête et Friday les muscles, un duo de choc digne de ceux qui peuplaient les romans et BD ayant marqué l’enfance de bon nombre d’entre nous. Tout le monde aime un bon mystère un peu flippant. Friday et Lancelot raviront ceux qui ont grandi avec Chair de Poule, Marshall et Simon, mais aussi Alice alias Nancy Drew ou encore Les Trois jeunes détectives et même Scooby-Doo. Cela rappelle aussi un peu Les Contes de la Crypte (les comics aussi bien que la série). 
L’ambiance Pulp et le décor des années 70 ajoutent à la nostalgie et rendent le tout aussi familier qu’attrayant. Même en étant née après cette période, j’ai été nourrie de suffisamment de séries et de romans pour apprécier un petit voyage vers le passé de temps en temps et celui-ci est particulièrement réussi, même si ce premier tome à un goût de trop peu. On entre tout juste dans le vif du sujet qu’il faut laisser les personnages. Pourtant ça marche, en peu de pages et une intrigue tout juste ébauchée, on a envie de connaître la suite.
L’histoire de Friday est celle de tous ces détectives amateurs qui ont enfin grandi et pensaient avoir laissé derrière eux les histoires glauques de leur enfance pour devenir adultes. Mais que nenni, les mystères n’en ont pas fini avec elle.
J’ai apprécié l’ambiance lovecraftienne et surtout la réflexion sous-jacente sur ces héros d’enfance qui grandissent et se heurtent à une réalité plus crue où les fins heureuses ne sont plus garanties.
Je ne suis pas fan des dessins, c’est juste une question de goût, en revanche j’ai trouvé la mise en scène et la composition des planches particulièrement brillantes. En outre, la colorisation est superbe et participe grandement à l’ambiance des années 70, renforçant aussi au passage l’aspect Pulp. 
L’histoire de Friday sera déclinée en trois tomes, je vais me jeter sur le deuxième et attendre patiemment la conclusion prévue pour le mois d’août.

mardi 14 mai 2024

Witch War ; Article 3 : On ne se montre pas

Un roman d'Émilie Chevalier, Laurence Chevalier et Sienna Pratt. Publié chez Black Queen. Disponible en version audio chez Audible.

Mon avis sur le premier et le deuxième tomes.


Tout va de mal en pis pour notre trio de sorcières. Elinor et Sixtine s’opposent ouvertement dans ce qui promet d’être le début d’une guerre et même l’identité ainsi que les motivations de leur ennemi enfin sorti de l’ombre ne semblent pouvoir les rassembler sous une même bannière. Le conflit entre les trois races magiques est inévitable, mais qui vaincra ? Et, surtout, nos trois sorcières parviendront-elles à sauver le lien qui les unis malgré leurs différentes allégeances ?
Le précédent tome se terminait sur un cliffhanger de folie, me faisant craindre pour la vie de mes deux personnages favoris. J’avais hâte d’écouter la suite et je n’ai pas été déçue. Ce dernier volume est empli d’action, de retournements de situation et de révélations. Toujours tiraillée entre ses deux meilleures amies, Neeve tente de faire le lien, néanmoins elle doit aussi penser à elle pour une fois. Cela inclut d’enfin mettre au clair ses sentiments, mais aussi une réflexion sur sa nature et ses choix de vie. Choisir entre ses amies pourrait équivaloir à choisir sa propre destinée.
Elinor, quant à elle, est toujours une petite saloperie. J’ai beaucoup de mal avec ce personnage et malgré son évolution drastique et tout ce qui devrait m’enjoindre à l’apprécier, je n’arrive à voir que sa mesquinerie. Elle est d’une hypocrisie crasse. Son compagnon n’aide pas, il est tout aussi exaspérant.
En revanche, j’ai adoré Sixtine dans ce tome. On comprend un peu mieux son attitude. Elle est sans cesse tiraillée entre sa nature de vampire, exacerbée par Drake, et son ancienne vie grâce au lien qu’elle essaie désespérément de maintenir avec ses amies. Je me suis demandé tout du long quelle part d’elle l’emporterait et j’ai beaucoup aimé la profondeur de son personnage.
Avec Sixtine, Nancy est l’autre bonne surprise de ce tome. Cette petite vampire désinvolte apporte un indéniable plus à l’histoire et aurait mérité qu’on s’attarde encore davantage sur son histoire.
L’alternance des points de vue permet de profiter pleinement de l’histoire et des personnages. J’admets avoir un faible pour ce type de narration, même si on apprécie forcément certains personnages plus que d’autres.
Ce dernier tome clôt parfaitement la trilogie, avec une fin douce-amère et néanmoins satisfaisante. J’ai passé un excellent moment avec ces romans et je relirai probablement ces trois autrices.

vendredi 10 mai 2024

Et à la fin, ils meurent

Un essai écrit et illustré par Lou Lubie, publié chez Delcourt.


Et à la fin, ils meurent est un essai sous forme de BD. Vu le format, on pourrait se dire qu’il s’agit d’une introduction qui effleure le sujet de manière ludique. Oui mais non. Introduction ludique, certes, mais celle-ci est complète, documentée, réfléchie. On y découvre l’histoire des contes de fées ainsi que les gens et événements qui ont contribué à les façonner. Déjà, d’où vient l’appellation « contes de fées » alors que les bonnes dames n’y sont pas toujours représentées ? Lou Lubie nous l’explique et avec cela beaucoup d’autres subtilités de ce genre littéraire. Parce que oui, bien que profondément ancré dans l’oralité pendant plusieurs siècles, le conte est devenu un genre littéraire à part entière. Lou nous parle des gens qui l’ont codifié aussi bien que de ceux qui ont publié les premiers recueils.
Elle évoque les anciennes versions, plus trash, parfois même gore, des contes qui ont bercé notre enfance. Elle s’arrête parfois sur un conte pour le détailler. Elle le fait notamment avec La Barbe bleue ou encore Le Petit Chaperon rouge qui sont des contes particulièrement intéressants dans leur symbolisme.
Pour le premier, j’ai toujours préféré la version appelée L’Oiseau d’Ourdi et, comme elle est étrangement moins connue, je suis contente qu’elle soit mentionnée. Quant au second… Je dois à ma professeure de français de 6e de connaître la version la plus perturbante des mésaventures de la fillette en rouge et avec cela la base de mes connaissances de ce genre souvent jugé, à tort, niais et puéril.
Les contes sont un domaine d’étude passionnant, bien loin de l’image édulcorée que la plupart des gens en ont. Lou le sait et nous en dévoile toutes les facettes dans cet ouvrage remarquable par sa construction et son exhaustivité. 
Ce n’est pas un livre pour les enfants (encore que, je l’aurais lu sans sourciller à douze ans) mais il ravira les adultes. Sous son aspect humoristique, cet ouvrage est bien documenté, didactique et riche en informations diverses. Lou y analyse des contes, nous partage d’intéressantes réflexions et n’hésite jamais à remettre les récits dans leur contexte pour étayer son argumentation. Elle s’attache beaucoup aux détails, ce qui montre le soin et le sérieux avec lesquels elle a construit son essai.
Même en ayant au préalable de bonnes connaissances sur le sujet, j’ai appris des choses. Seule la fileuse en moi grommelle un peu car personne ne sait jamais faire la différence entre un fuseau et un rouet, sans parler des quenouilles, mais au moins il est précisé que c’est une écharde qui ensorcèle la jeune fille et pas une aiguille qui n’a rien à faire là.
J’aurais aussi aimé une mention pour Neil Gaiman, mais c’est la fangirl en moi qui parle. Si ce n’est déjà fait, lisez au moins Neige, verre et pommes, sa meilleure réécriture de conte à mon sens.
Mais revenons à Lou Lubie et à son passionnant ouvrage. Je n’ai pas encore parlé des dessins. Ils ont ici vocation à souligner le propos, sont souvent drôles, voire décalés et irrévérencieux. Grâce à eux, on ne risque pas d’oublier ce que l’on apprend dans ce livre. Ils lui apportent ce petit plus qui lui confère toute son originalité et en font un ouvrage qui complètera fièrement la collection de tout amateur de contes.
De manière drôle et concise, Lou Lubie nous offre une introduction très complète sur les contes. Elle n’a rien laissé de côté, pas même leur usage en psychanalyse. J’ai lu ce livre avec grand intérêt. J’ai appris des choses, m’en suis rappelées d’autres, et tout cela a nourri ma réflexion.

mardi 7 mai 2024

Le Mystère des mangeurs d'histoires, Sorcières Sorcières T2

Une BD écrite par Joris Chamblain et dessinée par Lucile Thibaudier, publiée chez Kennes éditions.



Harmonie et Miette sont sœurs, elles ont un dragon de compagnie et vont à l’école pour apprendre à maîtriser leurs pouvoirs magiques. L’univers de ces deux adorables petites sorcières est aussi fantasque que cosy.
Pour une fois, on a deux sœurs qui s’entendent bien. On ne peut pas dire que ce soit courant dans les ouvrages pour la jeunesse. J’aime beaucoup ces petites sorcières qui représentent des valeurs positives. Harmonie est sérieuse et responsable, Miette pleine d’imagination, et toutes les deux ont un très grand cœur.
Dans ce tome, Harmonie qui est particulièrement observatrice, décèle un problème dans son école et décide de mener l’enquête. Ce qui semblait anodin au départ devient très préoccupant quand des enfants tombent malades et que les adultes ne parviennent pas à les soigner. Heureusement, les deux sœurs sont là pour, chacune à sa manière, apporter une solution.
On en apprend davantage sur la façon dont fonctionne la magie dans ce monde et j’ai apprécié cette jolie histoire. Elle nous rappelle le pouvoir de l’imagination et quand enfant on jouait à faire semblant, à construire et déconstruire des univers entiers. Elle nous offre une très belle réflexion sur la créativité et la façon de la nourrir : pour créer des histoires, il n’y a rien de mieux que d’en avoir été nourri, c’est un savoir qui se transmet, se partage, sans en être amoindri.
Cette BD est idéale pour un jeune public. L’histoire peut sembler un rien simple pour un adulte, mais est douce et réconfortante. Elle nourrira positivement les rêves des enfants. En outre, les dessins sont magnifiques, vivants et colorés. Ils font une grande partie de la magie de cette histoire.

vendredi 3 mai 2024

Hante voltige, Paris est une Bête T1

Un roman de Nelly Chadour publié chez Moltinus, également disponible en poche chez les Moutons électriques dans la collection Hélios.
En version audio chez VOolume, lu par Alexandre Cardin.


Paris durant les années 80, dans un climat déjà tendu après une énième bavure policière, un tueur à moto s’en prend la nuit à des jeunes punks ou maghrébins. 
Fusain et ses potes aiment explorer les catacombes. Enfin, ce sont surtout Byron et La Santeria qui se repaissent de leurs visites souterraines. Or ils vont assister à quelque chose lors d’une de leurs virées, pendant que Fusain tombe en pâmoison devant une nana en pleine manif. Et c’est là que tout bascule, mes bons amis, car ces quatre là vont se trouver embarqués dans un thriller paranormal déjanté, avec pour guide un vieux Kabyle autoritaire qui semble en savoir long sur les monstres tapis dans l’ombre.
Des punks, des goths, des vieux et des fantômes. Pendant les années 80 de surcroît. Franchement, c’est un bon départ pour un roman noir délirant et néanmoins profondément politique, historique aussi, d’une certaine façon, du vrai pulp comme on aime. On ne s’ennuie pas un seul instant dans ce roman nerveux, plein d’énergie, d’humour et de mystère, qui possède toute la saveur d’une légende urbaine.
Nelly Chadour est une excellente conteuse qui joue avec les mots et les références ; le style est impeccable tout en nous offrant une histoire quasi cinématographique. J’ai aimé cette plongée dans le passé. L’histoire en outre demeure très actuelle car les problématiques n’ont pas beaucoup changé en quarante ans, malheureusement. Ce roman est aussi distrayant qu’intelligent.
Il s’agit du premier tome d’une trilogie. Du moins c’est l’information qui avait été donnée lors de la campagne participative. Je l’avais acheté en ebook à l’époque, mais c’est dans sa version audio produite par VOolume et impeccablement interprétée par Alexandre Cardin, que je l’ai découverte. Ce fut une excellente écoute, les productions de chez VOolume sont toujours d’une grande qualité.
Le deuxième tome n’est pas encore disponible en audio, mais je pense le lire vite, j’ai bien envie de retrouver ces personnages.

mardi 30 avril 2024

Le Champ des possibles

Un roman graphique écrit par Vero Cazot et illustré par Anaïs Bernabé, publié chez Dupuis.


Marsu est architecte. Elle adore son métier et aime encore plus Harry, son époux. Mais un jour elle rencontre Thom qui construit des mondes virtuels et l’entente est immédiate. Peu à peu l’amitié se change en amour et Marsu ne peut choisir entre les deux hommes de sa vie. Elle qui refusait la réalité virtuelle finit par y adhérer, devenant même accro. Elle tâtonne à la recherche d’un équilibre entre les deux mondes. Petit à petit, sa vie se scinde en deux. Elle n’alterne plus et vit ces deux existences en même temps.
Le sujet de cette BD est fascinant. Elle nous parle à la fois de dissociation de conscience et de polyamour. J’ai beaucoup apprécié la première moitié du scénario pour toutes les réflexions qu’elle apporte, d’autant plus à une époque où l’on veut tout et tout de suite, sans avoir à faire de choix. L’envie de tout vivre, d’exploiter les moindres possibilités des nouvelles technologies pour s’affranchir de toute contrainte est assez typique de notre époque, même si c’est plus souvent un leurre pour nous qu’une réussite. Le récit illustre également la puissance de l’imaginaire et la richesse de notre vie intérieure. Cependant, j’ai moins aimé la deuxième partie de l’histoire. On part sur des sentiers un peu trop perchés, même pour moi. C’était cependant assez émouvant et j’ai eu les larmes aux yeux sur la fin. Il y a beaucoup d’amour dans cette histoire et même sans s’attacher outre mesure aux personnages, on le ressent.
J’ai adoré le côté psychédélique de certains dessins, le jeu de couleurs entre la réalité et le virtuel. L’aspect esthétique de la BD m’a particulièrement séduite et sert l’histoire à la perfection. J’ai passé pas mal de temps à admirer les dessins et je sais que j’y reviendrai plus tard. C’est un très bel ouvrage.

jeudi 25 avril 2024

Witch Vampire : Article 2 : On ne trahit pas

Un roman d'Émilie Chevalier, Laurence Chevalier et Sienna Pratt. Publié chez Black Queen. Disponible en version audio chez Audible.

Mon avis sur le premier tome.


Attention, cette chronique révèle une partie des événements du tome précédent.

Le premier tome m’avait laissé un goût d’inachevé, comme un film coupé en plein milieu. J’ai donc enchaîné avec le deuxième. Je fais rarement cela, mais en l’occurrence cela se justifie et je vous conseille d’en faire autant.
Avec ce tome, on entre enfin dans l’action. Ce n’est pas qu’il ne se passait rien dans le précédent, mais les enjeux m’ont parus bien plus concrets. Il faut dire que notre trio de sorcières est dans une situation très délicate. Elles sont accusées d’avoir enfreint la première des trois lois en se mélangeant aux loups et même si c’était pour survivre, elles risquent d’être privées de leurs pouvoirs ou condamnées au bûcher. La situation est d’autant plus grave que les événements récents les ont séparées. Elinor a choisi sa vie et se lave les mains des conséquences, Sixtine est encore très marquée par son emprisonnement et le choix d’Elinor ne fait que la conforter dans l’impression qu’elle a eu d’être abandonnée par son entourage. Quant à Neeve, tiraillée entre les deux et ses propres angoisses, elle ne sait que faire pour apaiser les tensions tout en sauvant leur peau.
Au-delà des problèmes personnels des trois filles, on en apprend aussi davantage sur le meurtre qui les a placées sur la sellette ainsi que sur les morts suspectes dont a souffert la meute. Certaines choses m’ont semblé évidentes, comme l’implication d’un personnage secondaire, et d’autres moins. J’ai apprécié cette partie de l’intrigue, d’autant plus qu’elle est portée par Neeve et Lennox, mes deux personnages préférés, qui mènent l’enquête.
En revanche, suivre les autres personnages s’est révélé un rien plus compliqué.
Si dans le précédent tome Elinor avait joué avec mes nerfs, j’ai pensé durant les premiers chapitres que ce serait au tour de Sixtine dans celui-ci. Elle était si centrée sur elle-même, égoïste et imperméable à la souffrance des autres que j’avais envie de la secouer. Son traumatisme ne justifie qu’en partie son manque d’empathie. J’entends bien qu’elle aussi a des besoins et le droit de l’exprimer, mais se rend-elle vraiment compte de ce qui se passe autour d’elle ? Elle est exécrable avec tout le monde, elle ne comprend pas que les autres ne sont pas à sa disposition. Elle aurait dû apprendre de ses erreurs, son impulsivité lui ayant déjà joué des tours, mais en fait non, elle préfère chouiner. Elle ne se rend pas bien compte de ce qu’a fait Robin pour elle et elle est incapable d’accepter les choix des autres. Pour elle, une Elinor dépressive mais avec elle, serait préférable à une Elinor heureuse ailleurs. C’est assez triste. J’aurais mieux compris une telle attitude venant de la part d’Elinor qui était profondément dépressive. Sixtine est censée avoir la tête sur les épaules. Elle a certes vécu une captivité éprouvante, mais elle doute si facilement de son entourage...
Quant au vampire qui lui tourne autour… Non, vraiment pas. Je pensais que j’en avais définitivement marre de Sixtine, mais j’ai revu mon opinion à son sujet de manière drastique. Les autrices m’ont retournée comme une crêpe en lui offrant un développement d’une grande profondeur. Cela ne la rend pas plus sympathique, cependant elle est le personnage qui évolue le plus dans ce tome. Cela force l’intérêt et je me demande vraiment où cela va nous mener dans la suite.
Elinor, quant à elle, demeure le personnage pour lequel je m’implique le moins. Elle a trouvé sa place. Je ne l’aime toujours pas, mais la voir heureuse et enfin confiante en elle-même fait plaisir. Elle était réellement en souffrance dans le tome précédent, je peux comprendre qu’elle veuille passer à autre chose. On sent qu’elle aime toujours sa famille et ses amis, mais elle est mieux loin d’eux, aussi triste et égoïste que cela puisse paraître. J’aurais tout de même aimé comprendre ce qui avait déclenché et nourri sa dépression car honnêtement elle s’en est sortie d’un claquement de doigts, ce qui est peu vraisemblable. La désintox brutale c’était déjà quelque chose, mais elle avait été aidée par un guérisseur. Néanmoins, on ne guérit pas une profonde dépression juste en se trouvant un mec. L’abus de cachets n’était pas son principal problème, or la racine du mal semble avoir totalement disparu en même temps que l‘addiction. La Elinor de ce tome n’est pas cohérente avec celle du précédent. Elle n’arrivait pas à se faire obéir par une classe de gamins, mais elle met des loups à terre en haussant le ton ? Mouais…
Je n’adhère toujours pas à son histoire avec Karl. Ils ont l’air shootés aux endorphines et ne partagent rien à part du sexe. J’aurais aimé les voir construire une vraie relation au-delà de leur coup de foudre. Cependant il n’en est rien. Ils baisent et se lancent des regards énamourés. Leur histoire est d’une platitude et d’un ennui… Mais je crois que c’est leur hypocrisie qui m’agace le plus en fait. Les règles valent pour les autres, mais pas pour eux. Ils ont beau avoir des moments d’altruisme et de courage qui donnent le change, cela ne fait pas oublier qu’ils ne se sont pas toujours souciés de ce qu’il adviendrait de gens qu’ils prétendent aimer, du moment que ça se passe bien pour eux.
Autant dire que je vivais pour les chapitres de Neeve et Lennox qui sont toujours mes chouchous. Et j’ai tremblé pour eux de trop nombreuses fois à mon goût !
Neeve fait peut-être des choix discutables et elle est souvent à l’ouest, mais elle reste la plus saine de ces filles et la plus tolérante. Tout ce qu’elle veut c’est le bonheur des gens qui l’entourent et elle respecte leurs choix. Les deux autres sont davantage dans le jugement, surtout Sixtine.
L’histoire de Neeve et Lennox est attendrissante. On sentait déjà de l’amour entre eux, malgré la distance, dans le premier tome, mais là on comprend enfin comment et pourquoi ils se sont éloignés. Je n’avais qu’une envie : qu’ils puissent enfin se parler et se retrouver.
Pour nos trois sorcières, c’est le moment de faire des choix drastiques. Vont-elles s’éloigner définitivement ou se retrouver dans l’adversité ? Même si elles ont souffert des récents événements, j’ai trouvé que leur amitié vacillait un peu trop facilement.
La fin m’a séchée et rattrape tout ce qui m’a agacée dans ce tome, cependant, elle ne m’en a pas moins brisé le cœur. Les autrices ont faits des choix risqués, cela promet pour la suite. Je n’ai plus qu’une chose à faire, lire le dernier volume.