vendredi 29 décembre 2023

Miroirs et Fumée

Un recueil de nouvelles de Neil Gaiman, publié chez Au Diable Vauvert.


Sommaire :

- Lire les entrailles : un rondeau
- Une introduction 
- Chevalerie 
- Nicholas était… 
- Le Prix
- Le Troll sous le pont
- Ne demandez rien au Diable
- Le Bassin aux poissons et autres contes
- La Route blanche
- La Reine d'épées
- Changements
- La Fille des chouettes
- La Spéciale des Shoggoths à l'ancienne
- Virus
- Cherchez la fille
- Une fin du monde de plus
- Alerte : animal à bout
- On peut vous les faire au prix de gros
- Une vie, meublée en Moorcock première manière
- Couleurs froides
- Le Balayeur de rêves
- Corps étrangers
- Sizain vampire
- La Souris
- Le Changement de mer
- Le Jour où nous sommes allés voir la fin du monde
- Vent du désert
- Saveurs
- Mignons à croquer
- Les Mystères du meurtre
- Neige, verre et pommes

Le titre de ce recueil fait référence aux illusionnistes dont les tours ont toujours fasciné Gaiman. Ils sont un thème récurrent dans son œuvre. Après tout, n’est-il pas lui-même un magicien ? Il gratte sous le vernis du quotidien, de la banalité et de l’évidence pour dévoiler l’étrange, le merveilleux ou encore le dérangeant qui se cachent dessous. Cela fait de lui un nouvelliste de génie, comme Ray Bradbury ou Lisa Tuttle, pour ne citer qu’eux.
Il faut du talent pour écrire un roman, mais c’est dans l’écriture de textes courts qu’on voit le génie d’un auteur. Gaiman parvient toujours à nous faire regarder le monde d’un œil différent. Ses textes me nourrissent et entretiennent mon imagination. Il me rappelle toujours de changer d’angle de vue.
C’est aussi pour cela que j’aime particulièrement lire ses introductions. Gaiman y parle toujours de la naissance des textes qu’il présente et je trouve passionnant d’en apprendre à chaque fois davantage sur la façon dont naissent ses histoires. En outre, l’introduction de ce recueil compte une nouvelle dont j’aime beaucoup le thème, bien que le texte lui-même m’ait toujours laissée circonspecte. Sans offense pour cet auteur qui est l’un de mes préférés depuis plus de vingt ans, c’est bien un texte écrit par un homme…
Je le confesse, de tous ses recueils, celui-ci n’est pas mon favori. Il compte néanmoins certains textes que j’adore que je relis toujours avec grand plaisir.
Miroirs et Fumée est le plus ancien recueil de Gaiman paru en français et il n’a pas vieilli. Il propose des textes très variés. Comme à son habitude, Gaiman ne s’attache pas à un seul genre. L’on peut ainsi lire dans ce recueil du merveilleux, du fantastique — parfois horrifique à tendance lovcraftienne ou plus classique — aussi bien que de la science fiction, de la poésie ou encore des contes — réécrits ou originaux, modernisés ou transposés — et même de la littérature blanche.
Mon texte préféré, d’ailleurs, qui bien qu’il ne soit pas le plus connu ni ne culmine parmi ceux qu’aiment à évoquer régulièrement les fans, pourrait aisément être assimilé à de la littérature générale. Il s’agit du Bassin aux poissons et autres contes, qui représente, à mon sens, un peu tout ce qui fait l’imaginaire de Gaiman, l’élégance de son écriture, la profondeur de sa réflexion. Ce texte est un chef-d’œuvre trop méconnu à mon goût.
Cependant je comprends qu’il puisse être éclipsé par d’autres récits qui semblent plus marquants de prime abord. De fait, ce recueil compte, et ce n’est pas pour rien, certains des textes les plus connus de Gaiman. Parmi ceux-ci se trouve Chevalerie, et j’avoue ressentir moi-même une grande tendresse pour cette nouvelle. Elle semble toujours tellement… familière. En vérité, elle sonne juste et représente un peu tout ce que j’aime en matière de nouvelles et dans le genre fantastique, même si on parlerait davantage de réalisme magique pour qualifier ce texte. Chevalerie, c’est le surgissement du merveilleux et de l’insolite dans le quotidien, la magie dans la banalité et la banalité devenue magique.
Je ne peux manquer de mentionner également Le Troll sous le pont, autre texte très connu et un peu dans la même veine. L’histoire m’a toujours semblé très classique. Cependant je l’aime bien aussi, mais j’ai du mal avec les personnages antipathiques tels que le narrateur et c’est le style que préfère dans ce texte, surtout au début. La peinture que Gaiman fait de l’enfance est toujours très parlante pour moi et l’est particulièrement dans ce récit.
Neige, verre et pommes est la troisième nouvelle la plus emblématique du recueil et elle fait partie de mes favorites. Je vous disais plus haut combien Gaiman aimait regarder les choses, et vous les montrer aussi, sous un autre angle. Il aime aussi les réécritures de contes. Il allie les deux dans cette nouvelle écrite du point de vue de la belle-mère de Blanche-Neige. Ce texte est superbe d’un bout à l’autre.
Parmi ses nouvelles inspirées de contes, on trouve aussi La Route blanche, mélange des contes de Barbe bleue et de Mr Fox. Mais il ne faut pas oublier le titre du recueil et jamais trop se fier à ce que nous conte l’auteur…
Si j’aime les contes, je suis aussi une avide lectrice de fantastique. Les textes d’inspiration lovcraftienne ne sont pas du tout ma tasse de thé, mais heureusement on trouve aussi entre ces pages du fantastique plus traditionnel. J’aime beaucoup Le Prix, qui maintenant que j’y songe a sans doute aussi un petit relent de conte. D’autres textes se trouvent un peu entre les deux, notamment Le Balayeur de rêves ou encore Nicholas était... Deux textes aussi courts que marquants que j’ai toujours trouvés très inspirés. Très classique et subtil, La Reine d’épées appartient également à ce genre qui m’est cher et fait écho, encore une fois, aux illusionnistes et au titre du recueil. Vous pourrez lire d’autres récits fantastiques entre ces pages. Certains vous toucheront plus que d’autres, mais ces lectures vous feront toujours vous interroger, chercher le vrai du faux. Elles vous choqueront parfois, vous laisserons un sentiment bizarre de malaise, mais nourrirons toujours votre réflexion.
Parmi les quelques textes relevant d’autres genres, j’ai été marquée par Mignons à croquer, une fiction spéculative grinçante d’autant plus dérangeante qu’elle est plausible. On trouve de la bonne SF dans ce recueil.
Miroirs et Fumée ne peut laisser aucun lecteur indifférent. Je vous invite à découvrir tous ces textes ainsi que ceux que je n’ai pas cités, à les faire vôtres, à les rêver, à chercher le mécanisme qui fait le tour ou à préférer en ignorer les ficelles pour mieux le savourer. Faites à votre guise. Je suis persuadée que vous ne serez pas déçus.

tous les livres sur Babelio.com

dimanche 24 décembre 2023

Retour à St Mary Hill - Cosy Christmas Mystery

Un roman de Carine Pitocchi, publié chez Robert Laffont 



Apprenant que son compagnon la trompe, Jo-Ann Brown, scénariste à succès, s’enfuit sans le moindre mot pour se terrer dans le cottage qu’elle a hérité d’une cousine. Si tout le monde la croit morte, tant mieux, ça fera les pieds à son ex. 
Cela vous rappelle quelque chose ? Oui, Agatha Christie. Ce roman est clairement placé sous le patronage de cette dernière ainsi que celui de Louisa May Alcott. Cela pour mon plus grand bonheur car ces autrices talentueuses ont bercé mon enfance. J’ai adoré toutes les références à leurs œuvres ainsi qu’à leur vie que Carine Pitocchi a glissées dans son propre ouvrage.
Le résumé de l’éditeur, quant à lui, nous vend une héroïne à la Bridget Jones. Ce n’est pas le cas et tant mieux ! J’aimais bien Bridget autrefois, mais j’ai lu ses mésaventures quand j’avais dix-sept ans et je la trouve assez insupportable aujourd’hui que j’en ai plus de quarante. Cela étant dit, j’ai néanmoins eu du mal avec le tempérament de Jo. 
Elle est très en colère au début, ce qui se comprend, je peux donc lui pardonner d’être exécrable. En revanche, quand elle a commencé à mettre sur le dos de son ex des choix qu’elle-même a faits, ça m’a tapé sur les nerfs. Entendons-nous bien, elle était en couple avec un abruti de compétition, mais c’est trop facile de tout justifier, surtout des petites lâchetés qui l’arrangeaient bien, en disant « c’est la faute d’Andrew, je faisais tout ce qu’il me disait ».
Jo et moi avons donc pris un mauvais départ et j’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à elle. Je l’ai mieux comprise au fil de l’histoire, mais je n’ai jamais vraiment réussi à l’aimer. Tout au plus, je l’apprécie. Cependant ce manque d’affect est largement compensé grâce aux personnages secondaires. J’ai adoré Daisy, l’assistante débonnaire de Jo, avec son côté peste et son grand cœur. Alex, le neveu délaissé par son père, a lui aussi facilement gagné mon cœur, tout comme Jack, Judith, Violette et, le dernier mais pas le moindre, Lawrie, l’ami d’enfance de Jo.
Ce roman est de ceux que l’on lit pour leur ambiance aussi bien que pour le développement des personnages et en cela j’ai été ravie. Je me suis plu à St Mary Hill, qui m’a un peu rappelé le village où vivait ma grand-mère, et je n’avais pas envie d’en partir.
N’attendez pas grand-chose de l’enquête, elle est prévisible du début à la fin (et souffre d’un défaut de logique assez conséquent), mais cela n’a pas vraiment d’importance. Elle est un élément de décor, pas la trame principale de l’histoire. Ce sont les personnages qui importent : des gens tous un peu paumés à leur manière, qui se trouvent et forment une famille. En cela, Daisy et Alex sont particulièrement touchants, chacun à leur manière, et j’ai particulièrement aimé voir le jeune garçon s’intégrer dans un groupe de filles et sympathiser avec le voisin âgé de sa tante.
Jo, quant à elle, a encore pas mal de chemin à faire pour se guérir de ses blessures psychologiques et des angoisses qu’elles ont générées, néanmoins j’ai aimé la voir progresser et finalement montrer un peu de ses bons côtés.
Ce cosy mystery est idéal pour les vacances de Noël. Il était pile ce qu’il me fallait pour entrer dans l’hiver et l’ambiance des fêtes de fin d’année. Je me suis aussi bien marrée avec ce roman et il donne le ton d’une série qui pourrait bien devenir ma favorite dans le genre.

samedi 9 décembre 2023

S.O.S. fantômes en détresse, Ivy Wilde T3

Un roman d'Helen Harper, en version audio chez Hardigan. Lu par Léa Issert.

Vous pouvez aussi consulter mes chroniques sur le premier et le deuxième tomes.


Si vous n’avez pas lu le deuxième tome, ne lisez pas cette chronique.

J’étais très impatiente de voir où allaient nous mener les événements du précédent tome et je n’ai pas été déçue ! Ce volume est vraiment le meilleur des trois. J’ai beaucoup ri mais ai aussi été émue par certains personnages. Je n’ai pas vu le temps passer.
Dans ce tome, Ivy et Winter tentent d’arrêter un tueur en série. L’enquête est intéressante, pas haletante mais bien ficelée. L’une des caractéristiques de cette saga que j’apprécie est justement que l’autrice évite les facilités scénaristiques. L’évolution de l’histoire et les rebondissements sont toujours crédibles, même si elle grossit parfois le trait dans la caractérisation de ses personnages.
J’ai également aimé voir Ivy et Winter chercher leurs marques en tant que tout jeune couple et se dépatouiller l’une avec ses nouvelles capacités, l’autre avec sa nouvelle vie en dehors de l’ordre. Ce sont des personnages très attachants et délicieusement imparfaits.
Ivy est fidèle à elle-même, malgré quelques petites améliorations, enfin si l’on peut le dire ainsi… Ce n’est clairement pas elle la plus traumatisée par ses dernières mésaventures. Elle prend ce qui lui arrive avec plus de calme que je ne l’aurais cru, mais toujours beaucoup d’humour. J’adore cette jeune femme à la fois marrante et intelligente. Cela nous change des damoiselles en détresse. Ivy se met toujours dans des situations inextricables, mais au moins elle utilise son cerveau pour tenter de s’en sortir.
À côté d’elle, les personnages secondaires manquent un peu d’épaisseur. J’ai notamment regretté que le méchant de l’histoire n’ait pas un background plus étoffé. Toutefois, on n’a pas vraiment besoin non plus de justification pour être un psychopathe. Et puis certains personnages contrebalancent cela par leur vulnérabilité. J’ai beaucoup apprécié Clare, que j’ai trouvée très touchante et si… humaine, je crois, dans ses idées fixes, ses petites angoisses et ses maladroites tentatives pour s’accommoder de sa situation. En revanche je pense que les personnages récurrents, comme Ève et Tarquin, mériteraient de sortir un peu de leurs archétypes, même si le second est très drôle et qu’on adore s’exaspérer de son égocentrisme autant que de sa stupidité.
Après Ivy, et presque à égalité avec Winter, le personnage le plus développé est indéniablement Brutus et je dois dire que je l’ai particulièrement apprécié dans ce tome. Il apporte vraiment un truc en plus à cette série et pas seulement en tant que ressort comique.
J’ai passé un excellent moment avec ce roman et je regrette que la série ne soit pas plus longue. Il ne me reste qu’une novella avant de dire au revoir à ces personnages et je vais la savourer.

mercredi 22 novembre 2023

L'Oiseau d'or de Kainis T1

Un manga de Kazuki Hata, publié chez Glénat.

Présentation de l'éditeur :

La littérature est un art réservé aux hommes.

Début du XIXe siècle, à l'est de Gloucestershire, Lea a grandi au milieu de livres “inaccessibles pour son cerveau féminin” et se passionne pour l'écriture, un art réservé à la gent masculine. C'est donc sous l'identité fictive d'Alan Wedgwood qu'elle va débarquer à Londres pour faire publier ses ouvrages, se plonger le monde littéraire et se faire de nouveaux amis. Que va-t-elle pouvoir découvrir sous sa nouvelle apparence ?

Cette série en 4 tomes s'interroge sur le sexisme avec douceur. Candide mais lucide, Lea va trouver les réponses à ses questions au fil de ses rencontres londoniennes et vous offrira peut-être une autre manière d'aborder le shojo.
Depuis toujours, Lea rêve de devenir autrice, mais étant une femme au début du XIXe siècle autant dire qu’on ne la prend pas du tout au sérieux. Alors Lea s’invente un alter ego masculin pour vivre son rêve et cela semble fonctionner puisqu’on publie son premier livre. Cependant, cela occasionne aussi plus de complications qu’elle ne l’escomptait et bientôt Lea, qui y voit une chance de s’émanciper, doit s’enfoncer dans son mensonge.
Ce manga est le premier d’une série en quatre tomes. Je ne crois pas qu’il aurait retenu mon attention si elle avait été plus longue. C’est sympathique, sans plus. Les dessins sont jolis et l’histoire se laisse lire, mais manque de consistance.
Je ne m’attendais pas à une vraisemblance historique rigoureuse, néanmoins force est de constater que c’est quand même très capillotracté. Le fait que le père de Lea la laisse voyager seule, puis s’établir à Londres afin d’y travailler alors que la fortune de sa famille lui permettrait de faire un bon mariage n’est même pas crédible trois secondes. Les représentations de la gente féminine dans ce premier tome m’ont en outre agacée et particulièrement la meilleure amie de Lea, prénommée Katie, qui ressemble davantage à un petit chien qu’à une jeune femme. Elle passe son temps à sautiller et à s’accrocher aux jupes de Lea... Un chiot, je vous dis ! Ce n’est pas parce qu’elle n’a pas les mêmes aspirations que son amie et qu’elle se satisfait de sa vie qu’elle doit forcément être stupide !
Lea, quant à elle, est naïve et optimiste, comme on s’y attend d’une jeune femme élevée dans un milieu aussi protégé et tout semble lui réussir avec une facilité déconcertante. Enfin, je l’aime bien quand même. L’auteur ne force pas trop sur le cliché du « je ne suis pas comme les autres filles » dans ce premier tome. Et puis la relation de Lea avec Myles est plutôt mignonne.
Je vais tenter la suite, bien que sans conviction.

lundi 6 novembre 2023

Mon ex et autres malédictions

Un roman d'Erin Sterling, publié chez Good Mood Dealer by Exergue.



À l’aube de sa vingtaine, Vivi est tombée passionnément amoureuse de Rhys Penhallow, mais il lui a brisé le cœur… Alors, pour faire passer son chagrin d’amour, elle a bu plus que de raison et déblatéré avec sa cousine. Classique. Sauf que Vivi est une sorcière et qu’elle a, sans vraiment le vouloir, maudit son ex. Ce qui ne semble pas beaucoup affecter Rhys, jusqu’à ce que, neuf ans plus tard, il revienne à Graves Glen pour une célébration importante.
Ce roman se laisse lire. Avant de commencer, je craignais un peu que Vivi soit une crétine égocentrique car le résumé pouvait le laisser entendre. J’ai été agréablement surprise. Vivi est une jeune femme intelligente, qui a la tête sur les épaules (enfin, la plupart du temps). Elle est beaucoup trop fleur bleue pour moi, mais son caractère est crédible.
De manière générale, les autres personnages sont plutôt chouettes, j’ai notamment adoré Gwyn, la cousine de Vivi. Il faut préciser que le fait qu’une meuf dont le prénom complet est Gwynnevere ait appelé son chat le Chevalier Noir a de quoi prêter à rire.
J’ai un faible pour les histoires de sorcières. Ce roman était de saison, amusant et sans prétention. Le seul point qui pèche, à mon sens, est le manque d’épaisseur de l’intrigue de fond. Je n’en attendais certes pas beaucoup plus, mais comme il n’y a pas grand-chose à dire, l’autrice rallonge la sauce, ce qui équivaut à pas mal de répétitions. Au bout d’un moment, j’en avais ras le bol des apartés de Rhys ou de Vivi se rappelant avec émoi combien leur ex leur avait manqué et combien il/elle était désirable. Ils sont mignons, hein, et on a envie de les voir de nouveau ensemble, mais de redite en redite on verrait bien aussi la malédiction leur exploser à la gueule pour souffler un peu. Et puis, il faut dire qu’ils ne font rien pour susciter l’indulgence. Pourquoi demander l’aide de gens compétents alors qu’on peut brasser de l’air ? Eh bien, parce que ça fait des pages en plus ma bonne dame…
Il ne se passe vraiment pas grand-chose, que ce soit au niveau de la romance ou des recherches sur la malédiction. Sur le dernier tiers, j’en avais ma claque, ce qui est bien dommage. Ce roman avait tout pour être une romcom witchy et sympathique. Cela reste distrayant, mais sans plus. Le deuxième tome portant sur d’autres personnages, je le lirai peut-être quand il sortira en français, mais je ne me jetterai pas dessus.


mardi 17 octobre 2023

Meurtres et cupcakes au caramel - Les enquêtes d'Hannah Swensen T5

 Un roman de Joanne Fluke, publié chez Le Cherche Midi pour la version papier et Audible pour la version audio. Celle-ci est lue par Flora Brunier.


Chroniques des tomes précédents :



On retrouve Hannah en automne en train de préparer Halloween et Thanksgiving. C’est une bonne saison pour ce type de roman car cela participe à l’aspect douillet du récit, d’autant que l’autrice nous offre au passage quelques recettes appétissantes qui aident à se mettre dans l’ambiance.
Comme toujours Hannah a beaucoup à faire avec son travail et sa famille. Sa sœur est enceinte et son beau-frère se présente aux élections pour le poste de shérif. Elle prépare aussi un livre de cuisine avec l’aide de ses voisines et l’une d’elles a mis la main sur une recette que sa belle-mère avait toujours refusé de lui donner de son vivant. Toutefois ladite recette comporte un ingrédient secret et c’est l’occasion pour le lecteur de faire tourner ses méninges en compagne d’Hannah et Lisa. Je dois dire que j’ai apprécié cette chasse à l’ingrédient mystère davantage que l’enquête sur le meurtre. Celle-ci est néanmoins plutôt bien construite quoique poussive. Hannah doit encore une fois se mêler des affaires de la police pour pouvoir innocenter l’un de ses proches et elle a toujours du mal à voir plus loin que le bout de son nez.
J’avais détesté le précédent tome, celui-ci est un peu mieux, néanmoins Joanne Fluke devrait quand même se renouveler, dans le fond comme la forme. Je me demande parfois si elle a fait une liste dont elle coche les entrées à chaque tome. On a de nouveau droit aux mêmes répétitions sur le chat qui est obsédé par la nourriture et les appels matinaux de l’insupportable mère, les mêmes réflexions sur les mêmes voisins... Ce sont des pages vite remplies et c’est lassant. Le schéma de l’histoire ne varie jamais non plus, tant et si bien qu’à la fin on se prend d’envie qu’Hannah y passe pour de bon tant c’est exaspérant de la voir toujours tomber dans le même piège. Les lecteurs ne sont pas aussi oublieux que l’héroïne, même sans enchaîner les tomes. On n’est pas des poissons rouges !
Le pire demeurant bien sûr le triangle amoureux le moins sexy de toute la littérature à travers les âges. Tout ça parce que Joanne Fluke persiste à penser qu’une femme non mariée est un problème à régler et que même si ça l’arrange pour l’instant qu’elle soit célibataire (et qu’elle le reste), il faut qu’on sache que son personnage est hétérosexuel et désirable. C’en est assez ridicule. Hannah n’aime pas Norman mais voudrait qu’il la demande en mariage, essentiellement pour sa maison. Elle continue cependant de fréquenter Mike, ce qui se résume à aller au resto de temps en temps avec lui et à lui rouler une pelle une fois par roman. Malgré les tentatives de l’autrice pour nous faire croire qu’il y a entre eux une attirance brûlante, ils ont ensemble la sexitude d’un fascicule promotionnel de supermarché.
Je suis team Norman, si tant est que je prenne la peine de me poser la question. Il a le même humour de merde qu’Hannah et ils sont compatibles sur bien des plans. Pourtant je sais qu’elle ne finira jamais avec Norman parce qu’elle semble éprouver envers lui le même enthousiasme qu’un enfant devant une assiette de brocolis vapeur. Toutefois. il est intelligent et sympathique. En outre, il ne la traite pas comme une faible femme (et c’est sans doute pour ça qu’elle ne l’aime pas, cette crétine). Mike est un bourrin qui n’a pour charme que son physique (et encore faut-il avoir les goûts d’Hannah qui kiffe les bûcherons moustachus bas de plafond). C’est un macho exécrable. 
Ce qui m’exaspère le plus est que je ne pense pas que l’une de ces relations soit vouée à évoluer. Je sens bien que l’autrice va nous sortir un autre homme de son chapeau à un moment ou un autre, probablement dans le dernier tome de sa série. Elle ne fait que meubler. Et si c’est le cas, ce serait vraiment se foutre de la gueule de ses lecteurs...
Joanne Fluke a des principes plutôt vieillots sur l’amour, sur le mariage et sur le fait qu’il faut laisser les hommes croire qu’ils sont plus intelligents que les femmes. Bon, Hannah n’étant pas très futée (elle bat son propre record de bêtise sur la fin cette fois), c’est dire à quel point les hommes en question sont abrutis… C’est pénible à force. Et j’aimerais aussi que pour une fois l’assassin soit plus nuancé, qu’il ait une conscience et des sentiments humains malgré l’horreur de ses actions. Que certains n’aient pas de scrupules, je le comprends, mais tous ?!
De manière générale, les personnages sont assez caricaturaux, toutefois ils restent l’intérêt principal de cette série, avec l’ambiance. On en aime certains, on en déteste d’autres, mais on a envie de les voir évoluer, même si ça se fait très lentement. J’aime beaucoup la relation d’amitié entre les deux sœurs. Elles sont très différentes mais elles commencent à mieux vivre avec ça et elles se soutiennent de plus en plus. Bon, Hannah devrait quand même faire gaffe, elle ressemble de plus en plus à sa mère… Elle est extrêmement dirigiste et critique envers ses sœurs.
Malgré tout, ce roman se laisse écouter. Flora Brunier, qui interprète la version audio, fait de gros efforts pour rendre cette histoire vivante et c’est tout à son honneur. 
Cette série ne casse pas trois pattes à un canard, c’est le genre de truc qui m’occupe bien quand je tricote ou que je fais des tâches ménagères (j’ai besoin de toujours garder mon cerveau occupé un minimum) et il n’existe malheureusement pas tant que ça de cosy mysteries en audio et en français.... 
Cependant, si j’écoute les tomes suivants (ce qui n’est pas gagné… J’étais plus intéressée par la recette de cupcake que par le résumé quand j’ai acheté le livre), je ne les chroniquerai plus. J’ai l’impression d’en dire toujours la même chose et bien que cela soit cohérent avec le contenu, ce n’est pas très utile. On lit des avis quand on hésite à commencer une série ou si elle évolue beaucoup au fil des tomes. Au cinquième, le ton est donné et il est clair que ça ne changera pas de sitôt alors je vais en rester là.

mardi 3 octobre 2023

Le Codex de Paris, Paris des limbes T1

Un roman de C.C. Mahon, publié chez Allure pour la version papier.
Exclusivité Kindle pour la version numérique
Exclusivité Audible pour la version audio, lue par Julien Allouf.



Vampire, mage, détective et homme de main occasionnel d’un baron de la drogue/proxénète parisien qui le fait chanter, Germain Dupré n’a pas besoin de davantage de problèmes dans sa vie et surtout pas d’un démon surgissant de son passé (ni d’une voisine collante et d’un chaton chelou, mais on ne lui demande pas son avis).
Germain est un excellent personnage, de ceux auxquels on s’attache tout en aimant bien les voir galérer. C’est le genre bien-pensant (toute une éducation chrétienne) mais dont la moralité devient vite plus souple quand ça l’arrange. Au fond, c’est un bon gars, alors on lui pardonne d’être un peu tête à claques et un rien chouineur (il n’est pas aidé, faut l’avouer).
Les personnages secondaires ne sont pas de simples faire-valoir, ce qui ajoute à l’attrait du récit. J’ai beaucoup aimé Romane, moins coconne qu’elle n’en a l’air, et j’espère bien pouvoir suivre son évolution au fil des tomes. Quant à Zagan, tout salaud et individualiste qu’il paraît, il est aussi doué de compassion (ou serait-ce une ruse ?). Comme il est le personnage central du deuxième tome, je suis curieuse de voir ce que nous y apprendrons sur sa personnalité car dans le premier on le voit surtout à travers le regard du narrateur, c’est-à-dire Germain, qui a toutes les raisons de le détester et de s’en méfier.
J’ai choisi ce roman un peu au hasard parmi les titres proposés gratuitement dans le cadre de mon abonnement audible parce que j’avais besoin d’une distraction. Je ne l’aurais sans doute pas découvert autrement et cela aurait été dommage car je me suis bien amusée avec cette audiolecture. J’y ai trouvé l’intrigue distrayante, l’humour et l’action dont j’avais besoin ainsi que de plaisantes références historiques, alchimiques et religieuses qui apportent plus de relief à l’histoire.
En outre, Julien Allouf est un excellent lecteur qui donne vie à son récit. Comme il narre aussi le volume suivant, je continuerai la série dans son format audio.