dimanche 19 février 2012

Idlewild

Un roman de Nick Sagan publié chez J'ai Lu dans la collection Nouveau Millénaire.


Présentation de l'éditeur : 
Quand il reprend conscience au milieu de ce champ de citrouilles, il ne peut plus bouger aucun de ses muscles. Pire, il a tout oublié : son nom, son passé, comment il est arrivé là. Seules certitudes : 
1. On a essayé de le tuer 
2. Lazare est mort 
3. Il a tué Lazare 
Si seulement il pouvait se rappeler qui est Lazare... 
Ainsi commence pour Halloween un fascinant voyage, au cours duquel il rencontrera des smileys tueurs, un professeur sadique, les maigres bêtes de la nuit, l'âme sœur et, éventuellement, lui-même. Un voyage qui le mènera bien plus loin qu'il ne l'aurait cru possible, par-delà les frontières de la réalité... 
Si vous êtes un habitant du système solaire ou de sa banlieue, il est impossible que vous n'ayez pas entendu la voix du petit Nick Sagan, six ans, clamer à qui veut l'entendre : « Hello from the children of planet Earth » depuis les sondes Voyager 1 et 2. Depuis, il se consacre à des choses infiniment moins sérieuses comme l'écriture de scénarios pour le cinéma et la télévision. Idlewild, sur lequel planent les ombres de Roger Zelazny, H.P. Lovecraft et Philip K. Dick, est son premier roman.

Tout commence avec un jeune homme allongé dans un champ de citrouilles.
Il ne peut plus bouger, il ne sait plus qui il est, mais il est sûr d’une chose : il a tué Lazare.
Mais qui est Lazare ? Qui est notre héros et où se trouve-t-il vraiment ?
Puis, plus important que tout le reste, qui veut sa peau ?

Engagés presque malgré nous dans ce roman initiatique, bourré de faux-semblants, de jeux de miroirs et de références en tous genres, nous sommes au départ aussi perdus que le narrateur qui peine à remettre en place ses rares souvenirs. Les événements s’enchaînent, les pièces du puzzle s’assemblent difficilement. La narration à la première personne, qui ajoute en empathie, est entrecoupée de scènes tout d’abord étranges et de requêtes informatiques. C’est au fur et à mesure que ces interludes prendront leur sens et s’emboîteront dans l’histoire pour mieux nous la révéler.
Pour autant, nous ne pouvons être sûrs de rien, ne serait-ce qu’au niveau des intentions des personnages, et c’est une des grandes forces de ce roman. Il est vraiment très plaisant d’avancer à tâtons, en même temps que le héros, de chercher à comprendre et surtout à anticiper sans qu’on nous mâche le travail. En cela, le roman est vraiment bien ficelé. C’est intelligent et très dense, mais jamais trop incompréhensible non plus. Le suspense est savamment dosé et ce presque jusqu’à la toute fin. Le seul reproche que je pourrais faire à celle-ci est d’être un peu trop hâtive, mais le reste compense sans problème ce petit défaut.
Le fait que cet univers, qui semble au début si déjanté, soit si bien construit et blindé de références aux littératures de l’imaginaire comme à la mythologie ou à diverses religions m’a charmée. Cela faisait en outre très longtemps que je n’avais pas autant aimé suivre des personnages. Fantasia et son concept du Nutritif et du Délicieux valent franchement le détour…
J’ai eu un coup de cœur pour ce roman brillant, son écriture agréable et inventive, son intrigue passionnante, ses personnages et surtout son héros paumé, mais attachant, cynique jusque dans son humour.
Si vous avez lu, entre autres, Zelazny ou Philip K. Dick ou si vous avez aimé Matrix, vous vous sentirez probablement chez vous, mais si au contraire ces références vous inquiètent pour une raison ou une autre, sachez qu’Idlewild sait aussi s’en affranchir pour cultiver sa propre originalité et c’est ce qui en fait une lecture aussi "délicieuse" que "nutritive".

Idlewild est le premier volume d’une trilogie et j’ai, pour ma part, terriblement hâte de lire la suite.