mardi 10 novembre 2020

Stitches and Witches, The Vampire Knitting Club T2

Un roman de Nancy Warren, publié chez Ambleside Publishing et en audio chez Audible.

Mon avis sur le premier tome.


Lucy se fait petit à petit à sa nouvelle vie, entre sa boutique et ses vampires accros au tricot. Elle apprend la magie, mais cela lui semble aussi laborieux que le tricot. Au début de ce roman, elle fait la connaissance de Gerald Pettigrew, un vieil homme badin et charmeur, qui entre dans sa boutique avec une requête tout à fait singulière. Dans sa jeunesse, Gerald courtisait l’une des sœurs Watt, les voisines de Lucy, amies de toujours de sa grand-mère, et il souhaite renouer avec elle. Lucy va naturellement l’y encourager, séduite par l’idée de voir une ancienne flamme se raviver. Poussée par la curiosité, elle va vouloir constater par elle-même l’évolution de cette romance. Et c’est là que les ennuis commencent…
J’aime bien cette série de cozy mysteries. L’ambiance est agréable et apaisante, une parfaite lecture doudou au coin du feu. J’ai retrouvé les personnages avec plaisir, même si je trouve toujours qu’ils manquent un peu de consistance.
En ce qui concerne l’intrigue, ce tome m’a paru beaucoup mieux construit que le précédent. Il ressemble un peu à une partie de Cluedo ; l’un des protagonistes en fait d’ailleurs la remarque. Plusieurs personnages se trouvent dans une pièce, ils ne font pas vraiment attention les uns aux autres et… l’un d’entre eux meurt subitement. Qui l’a tué et pourquoi ? D’autant que tous ces gens, qui semblent n’entretenir aucun rapport avec la victime, cachent peut-être quelques secrets.
Lucy et les vampires mènent l’enquête et l’on recueille les indices avec eux, suivant chaque piste, apprenant à connaître chaque suspect. C’est sympathique, assez bien amené, mais pas non plus époustouflant. Il est plaisant d’apprendre l’histoire de chacun au fur et à mesure, cependant l’identité du coupable et ses motivations se dessinent aisément dans l’esprit du lecteur.
J’ai opté pour la version audio et, si au départ mes écoutes étaient sporadiques, elles se sont rallongées à mesure que je suis entrée dans l’histoire. Sarah Zimmerman est une bonne lectrice, expressive et au débit fluide. J’ai d’autant plus apprécié le roman que je l’ai trouvé très agréable à écouter. Je vais rester sur ce format pour la suite de la série. Ce fut un bon moment de détente.

vendredi 6 novembre 2020

Gris Présages, Meg Corbyn T3

Un roman d'Anne Bishop, publié chez Milady.

Lettres Écarlates, Meg Corbyn T1
Volée noire, Meg Corbyn T2


Présentation de l'éditeur :

Depuis que les Autres ont libéré les cassandra sangue de l’esclavage, les fragiles prophétesses du sang courent un grave danger. Simon Wolfgard, chef des terra indigene de l’Enclos de Lakeside, n’a d’autre choix que de faire appel à Meg Corbyn. En effet, les entailles de la jeune femme révèlent d’étranges visions qui sont pour Simon le seul espoir de mettre un terme au conflit. Son sacrifice est nécessaire, car l’ombre de la guerre s’étend de l’autre côté́ de l’Atlantik, et les conspirations d’un groupuscule extrémiste menacent de la propager à Thaisia...

J’ai retrouvé avec plaisir Meg et les autres habitants de l’Enclos de Lakeside. Je me suis même demandé pourquoi j’ai attendu si longtemps avant de lire ce tome, d’autant qu’une fois la première page tournée, j’ai eu beaucoup de mal à le lâcher.
Lire Anne Bishop est toujours agréable. Sa façon de raconter y est pour beaucoup, bien sûr, mais surtout elle sait gérer ses différentes intrigues de manière à garder l’attention du lecteur. Chaque tome possède son arc de base, en plus de petites circonvolutions secondaires, mais toutes servent le plan global de la pentalogie dont ce troisième volume est le pivot.
Si j’apprécie les séries — quand le nombre de volumes est raisonnable comme c’est le cas pour celle-ci — c’est avant tout pour avoir le plaisir de voir les personnages évoluer. En cela, je ne suis pas déçue, même si les relations entre eux stagnent un peu plus dans ce tome. Les efforts que font les Autres et les humains pour se comprendre, malgré la peur et la défiance, forment un intéressant contraste avec la situation globale du continent. La guerre couve toujours, comme des braises attisées par des humains avides de pouvoir. Des étincelles, lancées par-ci par-là, pourraient bien déclencher un incendie dévastateur. Malgré les progrès de ses habitants, l’Enclos est un bien faible rempart entre la haine des humains et la vindicte des Autres.
L’aspect politique du récit est intéressant, d’autant que l’autrice, sans ménager ses personnages, les a rendus réactifs et intelligents. Parfois ils doivent parer au plus pressé, mais en règle général ils ne se comportent pas comme des oisillons tombés du nid. Ils comprennent vite et ils agissent, ne laissant jamais le lecteur dans l’expectative pour des centaines de pages.
Ce tome est cependant un peu moins vif que les précédents. Il arrive que l’autrice insiste lourdement sur certains points, ce qu’elle ne faisait pas avant. Cela concerne surtout les intrigues secondaires et en premier lieu sa description de la relation entre Meg et Simon. Elle piétine un peu, car ils ont du mal à se comprendre malgré leurs efforts, et certaines scènes se font écho de manière un peu trop récurrente à mon goût. Il faut dire aussi que je me fiche un peu de leur petite histoire ; je n’ai pas vraiment envie qu’ils deviennent plus que des amis. Enfin, ces atermoiements ne sont pas trop dérangeants. La répétition qui m’a vraiment gênée concerne les Aînés. Chaque fois que l’autrice en parle, c’est pour dire peu ou prou la même chose qui tient en quelques mots. Cela sonne comme une petite phrase musicale censée augmenter la tension dans un vieux film d’épouvante… Au bout de deux ou trois fois c’est bon, je crois qu’on a compris, si tu n’as rien à ajouter sur le sujet, va de l’avant…
Les méchants de l’histoire sont aussi un peu caricaturaux. Ils auraient gagné a être un peu plus intelligents et nuancés. À mon sens, il y avait matière. Le lecteur est d’emblée du côté des Autres, c’est normal vu la façon dont ils nous sont présentés face à des humains qui font un peu n’importe quoi et s’oppressent les uns les autres. Pourtant, on pourrait aussi comprendre le point de vue inverse, si Anne Bishop avait pris la peine de ne pas simplement faire des membres du HAT des gens haineux, intéressés par le pouvoir et le profit. Les humains ont raison de craindre les Autres qui contrôlent ce monde et le développement des différents points de vue aurait pu donner une histoire bien plus profonde. L’opposition entre ces espèces est beaucoup trop manichéenne à mon goût. Néanmoins, je dois admettre que l’histoire reste prenante, même sous cette forme un rien simpliste.
Ce tome est donc axé sur la politique du continent et sur les relations entre les membres de l’Enclos et la meute humaine de Meg en contrepoint. On en apprend davantage sur Burke et Monty, ce qui est appréciable. Mais ce sont quelques passages, comme égarés entre les pages, qui ont vraiment capté mon attention. Ils portent sur la vie en dehors de l’Institution d’une autre Cassandra Sangue, une ancienne camarade de Meg. J’ai trouvé le personnage touchant. Il est plus facile de l’appréhender avec ce qu’on a appris sur les prophétesses dans le tome précédent. J’espère qu’elle aura un rôle plus prépondérant dans la suite. Meg aussi avance à sa façon dans la découverte de sa nature, autant pour elle-même qu pour aider ses semblables, et j’ai hâte de voir ce qu’elle en fera.
Malgré les redondances et la facilité de certains choix scénaristiques, ce fut une très bonne lecture. J’avais envie de lire la suite à peine le roman terminé. Cette fois je n’attendrai pas aussi longtemps pour le faire.

mercredi 4 novembre 2020

Sous la lumière d'Hélios

 Un roman de Dominique Lémuri, publié chez Armada éditions.

Présentation de l'éditeur :

2420. Eltanis, planète synchrone en orbite autour de Gliese 581, à vingt années-lumière de la Terre. Une colonie humaine de quelques milliers d’âmes s’y est établie et accueille un nouveau contingent de pionniers. Parmi eux, Clara MacQueen, une jeune télépathe au lourd secret, qui devra se battre pour survivre.

Quels mystères ce monde recèle-t-il sous son crépuscule permanent ? Quelles étranges formes de vie, dangereuses et envahissantes, croiseront la route de Clara ?
Et surtout, qu’est le Vood ?

Pour le découvrir, embarquez pour Eltanis !

Pour avoir voulu sauver sa mère des hommes venus racketter ses parents, Clara est devenue une cible mouvante. Sa seule façon de survivre est de quitter la Terre avec un premier contingent de colons. Plus que le fait de rendre service aux parents de la jeune fille, qui ont travaillé pour la mission spatiale, ce sont les nanoéléments de Clara qui en font une recrue de choix et lui assurent une place à bord. Elle embarque donc, sans savoir si cela sauvera ses parents, pour se réveiller trois siècles plus tard dans un système solaire étranger et découvrir que d’autres colons, partis plus tard, ont profité d’avancées technologiques qui leur ont permis d’arriver plus vite et de fonder une société dans laquelle il va falloir se fondre.
J’ai l’impression de n’avoir plus lu de planet opera depuis très longtemps et renouer avec le genre par le biais de ce roman, autant récit d’aventures que de science fiction, fut un plaisir. Sous la lumière d’Hélios conte à la fois l’histoire d’une femme qui se construit malgré les traumatismes et celle d’une humanité déracinée qui cherche sa place sur une nouvelle planète. Plus qu’un récit de colonisation, c’est un roman d‘apprentissage.
Le départ de Clara a été brutal, entre la violence de l’attaque qu’elle a subie et de sa propre riposte, puis le déchirement de la séparation d’avec ses parents, elle est encore à vif. Elle n’a pas choisi de partir et se retrouve sur une autre planète, élément d’un équipage dont tous les membres se connaissent déjà pour avoir été entraînés ensemble. En outre on attend de Clara qu’elle use d’un pouvoir qu’elle considère avec méfiance. A-t-elle encore la possibilité de faire ses propres choix et de construire son avenir ?
Ce roman est très prenant. Composé de quatre parties que l’on peut comparer à différents épisodes, il est très visuel et pourrait se décliner en série télévisée tant ses multiples arcs s’y prêtent. Il ne laisse pas au lecteur le temps de s’ennuyer. Les aventures de Clara ne manquent pas de rebondissements. Avec elle, on apprend à connaître Eltanis et les différents peuples qui l’habitent, la jeune femme se trouvant vite, de par sa nature et les circonstances, à la croisée entre ces peuples. Elle a des liens avec tous, mais pourtant n’appartient pleinement à aucun d’entre eux. J’ai aimé la voir évoluer et se battre pour son indépendance sans pour autant oublier ceux qui lui sont chers.
L’autrice a beaucoup travaillé ses personnages, refusant de les laisser tomber dans les clichés. Ils sont intelligents, intéressants, et malgré leurs opinions divergentes et les différences culturelles qui ont été creusées par le temps ou la façon de vivre, ils savent qu’ils doivent coopérer pour survivre. C’est cela, aux antipodes de ce qui se fait en général (parce que les oppositions sont censées apporter une dynamique plus virulente), qui m’a le plus séduite dans cette histoire. L’autrice gère son scénario de manière originale. C’est de la SF positive qui donne de l’espoir. Pour autant, les problèmes ne disparaissent pas d’un claquement de doigts, mais les gens peuvent apprendre à s’entraider même s’ils veulent vivre de manière différente. Cette notion est vitale de nos jours.
J’ai aussi été très intéressée par la façon dont chaque peuple appréhende son futur sur cette planète. Les sociétés qu’ils ont formées sont toutes intéressantes à décortiquer. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaise vision, juste différentes façons de s’adapter et de comprendre son environnement. Ce qui nous rassemble est précieux, mais ce qui nous différencie mérite d’être partagé.
Le roman est enrichi d’un portfolio. Le lecteur peut ainsi admirer les portraits des personnages, quelques vues d’Eltanis et découvrir les engins spatiaux dans lesquels se déplacent les personnages. Cela permet de s’immerger encore davantage dans l’histoire.
Sous la lumière d’Hélios est un bon roman, plein de suspense et d’action, avec lequel j’ai passé un excellent moment.

Catégorie hors système solaire

lundi 2 novembre 2020

Scrops !

 Un roman de Maëlig Duval, publié chez Gephyre éditions.

Présentation de l'éditeur :

Aux tréfonds de la galaxie, sur l’artificielle Physis, quelques milliers d’humains vivent selon les sages préceptes du Grand Puckman, fondateur de leur colonie. Depuis des générations, ils se félicitent de l’harmonie ainsi créée avec leur planète-fille.
Mais quand disparaît Madeline, qui savourait jusque-là une retraite tranquille auprès de son second mari, un complotiste répète à qui veut l’entendre qu’elle a été mangée par les scrops.
Les scrops ? Ces adorables boules de poils, meilleurs amis des enfants, au bec tout doux et aux petits cris attendrissants ?
Non, impossible. Physis, planète si adorable, avec son herbe bleue et ses poulets de compagnie, ne peut les avoir créés pour faire du mal, n’est-ce pas ?

Tout commence avec un homme aussi riche que déterminé, rêvant de domestiquer une planète, et des gens assez fous pour le suivre à travers l’espace vers une destination que seuls leurs descendants atteindront. Physis, la planète-fille, est modelée avec patience et espoir pour devenir leur nouvel habitat. Cependant s’est-on demandé si elle était d’accord pour les recevoir ?
Scrops ! est un roman de science fiction et un conte philosophique dans lequel une douce dinguerie enrobe des concepts plus profonds. On y suit d’abord cette petite portion d’humanité dans sa quête interstellaire, puis on se rappelle que ce ne sont toujours que des humains en les voyant évoluer à titre individuel. 
La science laisse place au quotidien et l’utopie de Puckman devient banale tandis que les gens vivent leur petit train-train. C’est l’après qui compte, ce que deviennent les héros dans leur vie de tous les jours.
Tout d’abord il y a Madeline, la première mère, celle dont la pugnacité a permis aux humains de s’établir sur Physis. Mais que serait Madeline sans sa fille ? Il n’est de première mère sans premier enfant et comment ne pas compatir avec la pauvre Geneviève sur laquelle ont pesé tant d’espoirs toute sa vie durant ? Leur relation compliquée est au centre du récit, bien plus que les scrops ou la vie sur une autre planète car malgré l’environnement étrange dans lequel elles évoluent, elles restent humaines et donc proches de nous. Pour moi, cette histoire est aussi celle de la parentalité, Madeline et Geneviève, mais également Physis et ses créateurs, des filles qui veulent s’affranchir du joug de leur mère et devenir maîtresses de leur avenir. Le parallèle entre les deux est évident.
Et puis il y a l’entourage de ces femmes, mari aimant, voisine fouineuse, original désœuvré et amant transi… Leurs réactions ne sont pas toujours évidentes, mais tous sont des personnages intéressants justement grâce à leur logique particulière, à la fois étrangère et voisine de notre logique terrienne. C’est comme un léger décalage, amusant parfois, portant à réflexion souvent car par contraste il est plus saisissant. J’ai aimé Sab en particulier, dont les défauts autant que les qualités font tout l’intérêt. Ce personnage, qui tourne autour du récit tel un satellite, avec sa vision à la fois plus acérée sur certains points et réduite sur tout le reste, apporte beaucoup à l’histoire.
Scrops ! est un roman court au style vif et plaisant. Il manie l’humour avec désinvolture, tout en gardant une pointe de suspense. Il nous parle d’altérite et d’adaptation. Jusqu’à quel point est-il acceptable de transformer le monde ? Et pourquoi certains en auraient la possibilité quand on la refuse à d’autres ? Qui définit le modèle sur lequel s’établit la norme ? D’ailleurs que devient la norme sur un autre monde ? Sous des dehors sympathiques et farfelus, ce roman pose de nombreuses questions qui alimentent la réflexion longtemps après avoir tourné la dernière page.

tous les livres sur Babelio.com