jeudi 31 décembre 2015

Bilan 2015

C'est déjà l'heure du bilan, ou plus exactement le moment de reparler des ouvrages qui m'ont le plus marquée cette année. (Avec concision, je suis épuisée par une bronchite...)
J'ai volontairement omis de citer des nouvelles à la pièce, même si j'en ai lues d'excellentes. J'ai décidé de faire du concentré de coups de cœur, comme la dernière fois. Sinon je me laisserais facilement aller à vous abrutir de titres, ce qui enlèverait tout intérêt à ce billet.


Mon premier gros coup de cœur fut pour Le Voyage de Simon Morley.
J'ai surtout aimé l'ambiance du roman et trouvé originale la façon d'envisager le voyage temporel.


Les Soldats de la mer d'Yves et Ada Rémy fut aussi une merveilleuse découverte. C'est de l'excellent Fantastique, absolument tout ce que j'aime. Il aurait pu faire mon année à lui tout seul.


J'ai également relu avec grand plaisir le superbe recueil de Léo Henry : Les Cahiers du labyrinthe. Habituellement je ne cite pas les relectures, mais il en vaut vraiment la peine.


On reste dans le Fantastique, mais mâtiné de polar, avec Légion, une novella de Brandon Sanderson. Une autre histoire dans ce même univers sort en janvier et je compte me jeter dessus.


Étoiles mortes de Jean-Claude Dunyach fut ma grande lecture du mois de décembre J'en ai savouré chaque chapitre. C'est un incontournable de la SF.


Je suis encore en pleine lecture du sublime Jadis : carnets et souvenirs picaresques de la ville infinie. Je prends mon temps, mais l'ouvrage mérite d'être mentionné dans cette liste. On en reparle en janvier.


J'ai réécouté avec délice la version longue de l'adaptation radiophonique de Good Omens de Terry Pratchett et Neil Gaiman qui avait été diffusée sur BBC4 fin 2014. C'est vraiment génial !


Enfin, la maison d'édition que je souhaite mettre à l'honneur dans mon bilan est ActuSF.
Je lis toujours un grand nombre de ses publications annuelles, mais je trouve que 2015 a été une année particulièrement riche et intéressante. J'ai notamment beaucoup aimé La Danse des étoiles.
J'ai hâte de voir ce que 2016 nous réserve.


Ce sera tout pour cette fois. On se retrouve l'année prochaine avec quelques chroniques vestiges de décembre et, espérons-le, d'excellentes nouvelles lectures.

lundi 28 décembre 2015

Étoiles mortes

Un cycle de Jean-Claude Dunyach publié aux éditions Mnémos.


*


etoiles_mortes




Présentation de l'éditeur :


Vingt-sept AnimauxVilles, dont les rues, les dômes et les beffrois sont faits de chair, ont offert à l’humanité le voyage instantané vers les étoiles. À condition bien sûr de payer le tarif exorbitant exigé par le Cartel. Pour les autres, il ne reste qu’à devenir un Astral : un être désincarné qui attend des années que son corps le rejoigne à bord d’un vaisseau d’émigrants.


Closter, artiste en mal de création, traîne au bar des Étoiles Mortes, accompagné de son chat. Il croise Marika, l’Astrale qui se sert du corps des autres pour sauter de ville en ville. L’un court après sa mémoire, l’autre après sa chair. Ensemble, ils vont changer le monde.


Cinq ans plus tard, dans le musée de chair de l’AnimalVille, Closter hante les galeries où sont exposées ses dernières créations. Vorst, l’ancien milicien reconverti en terroriste, est là pour tout faire sauter… Échappera-t-il au piège des œuvres cannibales ?


La première partie complète du Cycle des AnimauxVilles, et une nouvelle édition pour ce chef-d’œuvre de la SF française (Prix Rosny 1992).


Cette intégrale regroupe : Étoiles mortes suivi de Voleurs de silence


Illustration de Gilles Francescano



Le cycle des Étoiles mortes a vécu quelques autres vies avant d’arriver aux éditions Mnémos, notamment chez J’ai lu puis, avant cela, au Fleuve noir dans la collection anticipation. La belle édition de Mnémos regroupe en un seul les trois volumes, sous une couverture cartonnée. Ce chef-d’œuvre de la SF méritait bien cela.
Ce cycle est donc composé de trois parties, mais la deuxième étant la suite directe de la première, je choisis de les évoquer ensemble et d’en séparer la dernière qui constitue un roman bien distinct.


Dans un futur difficile à situer, mais probablement pas si loin de notre propre époque, la Terre est surpeuplée, les zones cultivables de plus en plus rares et la méditerranée est devenue un vaste désert. Au cœur de celui-ci, les hommes ont fait une découverte : un AnimalVille. Ils l’ont nommé Aigue-marine et cette immense créature, grâce à sa connexion avec ses sœurs, leur a ouvert les portes de l’espace.
Quelques années plus tard, on rencontre ainsi Closter, artiste en manque d’inspiration devenu doublure, qui sillonne les AnimauxVilles avec son chat au rythme des échanges entre les cités. Il semble se laisser balloter par l’existence, jusqu’à sa rencontre avec Marika, une ancienne Aléatrice qui erre à la recherche de son corps…
Et vous vous demandez probablement de quoi je parle, mais le mieux à faire pour comprendre tout cela est de lire ce récit aussi complexe que brillant. Je ne savais pas moi-même où j’allais et n’en ai que plus apprécié ce roman époustouflant qui, outre ses qualités de texte de SF, offre au lecteur qui s’implique une course poursuite déchaînée et des mystères dignes d’un bon polar.
Les personnages eux-mêmes évoluent beaucoup au cours du voyage. On apprend à les connaître. Les esquisses se complexifient sous nos yeux, gagnent en relief et en zones d’ombre. Fuyants, quelquefois inconsistants (c’est le cas de le dire, mais Marika l’Astrale l’est moins que Closter) de temps en temps malaisés à suivre, on finit par les aimer, les détester aussi, parfois en même temps. Cependant, même les caricatures se fissurent et nous laissent entrevoir la complexité de l’âme humaine. Et il y a Ombre, un des plus formidables chats littéraires qu’il m’ait été donné de rencontrer.
Je me suis glissée lentement dans l’intrigue, jusqu’à ne plus pouvoir lâcher ce roman avant d’en connaître la conclusion. C’est de la très bonne SF, imaginative sans perdre contact avec la réalité, offrant une vraie réflexion tout en restant ludique et distrayante. Ce roman m’a tout de suite plu, mais il n’est pas facile de prendre pied dès les premières pages sur ces cités de chair. L’histoire se dévide petit à petit, se dérobe souvent, comme les souvenirs de Closter. J’ai adoré cela, mais si ce dédale vous décourage, je vous exhorte à la patience. Elle sera récompensée.
Ce texte est magistral, déroutant, empli de suspense jusqu’à la toute fin. J’en suis sortie lessivée. Cette première partie des Étoiles mortes m’a offert mon dernier, mais pas des moindres, coup de cœur de l’année. Je ne l’avais pas encore terminé que je bousculais ma liste de Noël pour faire passer en priorité Étoiles mourantes, autre facette de l’histoire des AnimauxVilles que Dunyach a écrit en collaboration avec Ayerdhal, c’est dire.


J’avais besoin de digérer cette première partie et n’étais pas particulièrement emballée à l’idée de me plonger immédiatement dans une suite, surtout axée sur un personnage secondaire. Mais je n’avais pas le choix. En tournant les pages de Voleurs de Silence, je ne savais pas vraiment dans quoi je m’embarquais. Après un récit pour le moins haletant, j’ai pénétré dans une œuvre très différente. Le changement d’ambiance fut perturbant, mais les événements plus encore.
Voleurs de Silence est une création esthétique, peut-être trop pour moi. Le lecteur passe sans cesse du réel au rêve, à la suite des personnages. Les songes qui sont ainsi vécus par Vorst comme par le lecteur éclatent le récit, le fragmentent ou le lient de force. Ils sont artistiques, contemplatifs et peu perméables. Ces rêves sont des cabochons incrustés dans la part de réel du roman, des parties qui semblent indépendantes, mais sont nécessaires à l’ensemble.
On apprend ou non à aimer ce roman bizarre qui ne m’a pas semblé facile d’accès. Je pense que le premier rêve, qui m’a profondément dérangée, a contribué à ma difficulté à entrer dans ce texte, mais je me suis laissé convaincre au fur et à mesure. L’harmonie vient malgré le doute, ou peut-être grâce à lui.
Voleurs de Silence est à la fois un labyrinthe et un puzzle, une méditation active, quelque chose à vivre et non à raconter, le voyage y compte autant que la destination. Deux forces s’y opposent, mais laquelle représente vraiment le chaos ? Et, surtout, vont-elles saisir qu’elles ne sont pas dissociables ?
Encore plus déroutant que le roman précédent, Voleurs de Silence m’a laissé une très étrange impression. Cette lecture fut épuisante, nettement moins plaisante, et me donnera longtemps à réfléchir.


Étoiles mortes est un chef-d’œuvre qui ne doit pas être uniquement réservé aux amateurs de Science-Fiction. Donnez-vous la peine de découvrir ce cycle qui sait garder ses secrets, éveiller l’intérêt tout autant que l’intelligence du lecteur et qui crée un équilibre artistique qui, ma foi, est bien digne de ceux de Closter.


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dimanche 20 décembre 2015

[Tag] Avez-vous dans votre pile à lire...

J'ai piqué ce tag chez Lune qui l'a elle-même trouvé chez PKJ.


Donc, est-ce que j'ai dans ma PAL :


1) un livre dont vous ne savez pas de quoi il parle :
Elliot du néant de David Calvo. Je sais seulement que ça se passe en Islande.


2) un livre depuis plus d'un an :
L’armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen. C’est un cadeau. Je ne serais pas allée vers ce livre ; j’ai quand même envie de le lire, mais je fais un blocage psychologique.


3) un tome 2 :
La couronne de l’élue, tome 2 de L’ère des miracles de Richelle Mead.


4) plusieurs livres d'une même série :
Lanmeur 3 et 4 de Christian Léourier.


5) un classique :
Le Portrait de Mr. W. H. d’Oscar Wilde.


6) un livre qui vous fait vraiment très très envie :
Trop, à mon grand désespoir. Pour cette fois on va choisir La dernière fée de Bourbon d'Ophélie Bruneau.


7) un livre que vous gardez pour le lire pendant une période précise (grandes vacances, période de Noël...) :
Plein… Par exemple, ça fait deux ans que j’ai Le crime d’Halloween d’Agatha Christie et que je n’ai jamais le temps de le lire à la bonne période.


8) un livre que vous avez prêté sans l'avoir lu :
Je ne prête plus mes livres.
Par contre j’en ai offert un sans l’avoir lu (ce que je ne fais jamais, à moins que la personne l’ait demandé). C’était Comme un conte de Graham Joyce. La qualité est assurée.


9) un poche :
Ce n’est pas le choix qui manque… Disons Le Déchronologue de Stéphane Beauverger.


10) un livre dont vous aviez complètement oublié l'existence :
Ombre blanche de Clemence Housman.


11) votre prochaine lecture (promis, juré !) :
Les neiges de l’éternel en ebook et... j'hésite encore pour le livre papier. Faudrait déjà que je finisse les deux qui sont en cours...


12) un Pocket Jeunesse :
Le prince de la brume de Carlos Ruiz Zafron.


13) un livre que personne n'a aimé, du coup, vous avez un peu moins hâte de le lire :
Je ne suis pas particulièrement influencée par l'avis général... Disons Rouge rubis de Kerstin Gier.


14) un livre que tout le monde a aimé, du coup vous avez peur d'être déçu :
Le libérateur, tome 3 des Outrepasseurs de Cindy Van Wilder.
En fait ça n'est pas vraiment lié à l'avis des autres. Quand j'attends beaucoup d'un livre, je tergiverse toujours longtemps avant de le lire. Ce qui va sans nul doute le desservir au final, mais je n'y peux rien...


15) un livre qui va être adapté au cinéma et que vous voulez absolument lire avant (si, si !) :
Récemment j’avais When Marnie was there (et finalement j’ai vu l’adaptation avant). Sinon j’ai les Magiciens de Lev Grossman, mais ça va être adapté en série.
J’ai Cartographie des nuages. Je ne suis pas pressée de le lire, mais je suppose que je le ferai avant de voir le film (sur lequel je ne vais pas me précipiter non plus).


16) un livre avec une tranche rouge :
Sleight of hand de Peter S. Beagle.


17) un livre de votre auteur préféré :
L’océan au bout du chemin de Neil Gaiman. Et ce n’est pas faute de vouloir le lire…


18) une suite de série mais avouez-le, vous ne vous souvenez plus de l'histoire des tomes précédents :
Le tome 2 des chroniques de Siala. J'avais bien aimé le premier, même si c'était très, très classique dans le genre quête d'un artefact magique (à éviter pour les gros lecteurs de Fantasy). Je me souviens de l'histoire dans les très grandes largeurs seulement...


19) un thriller :
Les runes de feu de Cyril Carau (c’est pas ma faute s’il n’est pas encore lu !)


20) un roman fantastique :
Comme un conte de Graham Joyce.


21) une dystopie :
La Tyrannie de l’arc-en-ciel de Jasper Fforde.


22) une romance :
Shhh… Attends je cherche…
Mais attends, je te dis que je vais trouver. Je suis sûre que j’ai un truc qui peut passer qui traîne et…
New Victoria de Lia Habel. De la romance et du zombie, tout ce que je déteste. C’est la faute de Chani.


23) un livre d'un auteur dont le nom de famille commence par C (oui c'est très précis) :
L'évangile cannibale de Fabien Clavel.


24) un livre qu'on vous a conseillé :
Côté Face d’Anne Denier, un conseil de Chani (son avis est par-là).
À noter que ce livre fait parti des maudits de la PAL, souvent sorti , toujours remis à plus tard. En l’occurrence, j’avais écouté les premiers chapitres sur le site de l’auteur, j’étais super impatiente de connaître la suite et à l'époque il fallait encore se procurer le roman via Lulu qui a mis des plombes à me l’envoyer. Il ne faut jamais que je commence un livre si je ne vais pas avoir la possibilité de continuer ma lecture à mon rythme, c’est le plus sûr moyen de le voir atterrir dans la PAL de la honte…


25) plusieurs livres d'un même auteur :
L’horloge du temps perdu et American Fays d’Anne Fakhouri.

26) un livre avec le mot "secret" dans le titre :

Le Secret de l'immortelle d'Alma Katsu.


27) le dernier livre que vous avez acheté :
Le dernier livre que j’ai acheté est numérique : Le travail du furet de Jean-Pierre Andrevon. Le dernier livre papier est Darryl Ouvremonde d'Oliver Peru mais comme c'est un financement via Ulule, il n'est pas encore officiellement dans la PAL (j’aime tricher dans les tags et citer plus de livres qu’il n’en faut, ce n’est pas nouveau).


28) un autre livre Pocket Jeunesse :
Tu abuses là… Oh punaise j’en ai un ! Fablehaven 1 (en fait j’ai les trois premiers, c’était un cadeau et pour tout vous dire je pense que je n’arriverai jamais à réunir assez de motivation pour les lire. C’est beaucoup trop jeunesse pour moi).


29) un livre que vous avez acheté pour la couverture :
Je n’achète pas mes livres pour la couverture. Si elle est belle c’est juste un plus. Mais disons que j'aurais pu acheter Un an dans les airs rien que pour ça. Et si je ne l'ai pas encore lu, c'est que mes yeux fatiguent vite sur ce genre d'ouvrages...


30) plus de livres que vous n'en lisez en un an (la question vaut 5 points) :
À ma grande honte… oui. Et je lis environ une centaine de bouquins par an…………
Ce n’est pas de ma faute, c’est la livropathie (et l’habitude d’acheter les livres les plus improbables avant qu’ils ne disparaissent du marché.)


J’ajoute à ce tag une mention bonus :
J’ai deux livres dans ma PAL que je ne lirai jamais, à mon grand désespoir.
Une amie m’a offert deux livres de contes qu’elle a achetés chez un bouquiniste en Irlande, mais ils sont en gaélique. Non, ce n’est pas une erreur de sa part. L’attention est adorable, mais je ne lis pas cette langue et il n’y a rien de plus frustrant pour une livropathe que d’avoir un livre dans ses pattes et de ne pouvoir en comprendre un traître mot. D’autant quand la livropathe est particulièrement férue de contes et légendes…


Et vous, qu'avez-vous dans votre PAL ?

mercredi 16 décembre 2015

The Truth is a Cave in the Black Mountains

The Truth is a Cave in the Black Mountains est une nouvelle de Neil Gaiman inspirée par un mythe venu des Hébrides.
Il existe une version illustrée par Eddie Campbell, mais on peut aussi la lire dans l’anthologie Stories ou dans le recueil Trigger Warning. Le texte intégral lu par l’auteur est disponible en audiobook, mais c’est du feuilleton radiophonique adapté par Karen Rose que je vais vous entretenir aujourd’hui.
Celui-ci a été diffusé en décembre sur BBC 4 dans l’émission Book at bedtime. Le feuilleton a été découpé en cinq épisodes d’environ quinze minute chacun. Cela nous donne pile la capacité d’un CD et j’espère que celui-ci sortira un jour.
Je n’ai pas encore lu le texte original, donc je ne peux juger de la façon dont la nouvelle a été adaptée et abrégée, mais j’ai pris grand plaisir suivre ces épisodes. Bill Paterson (Ned Gowan dans Outlander) prête sa voix au personnage et nous conte une histoire sombre, pleine de regrets, de colère et de secrets. Il est très agréable à écouter, j’apprécie son accent qui rend le texte particulièrement mélodieux. J’aime beaucoup les adaptations radiophoniques de la BBC qui ne sont jamais sur-jouées.
En écoutant cette nouvelle, j’ai eu l’impression de me retrouver en Écosse, de cheminer sous la pluie avec ces personnages qui ont chacun des choses à cacher. Cette histoire m’a touchée, j’en ai eu des frissons en écoutant le dernier épisode, mais j’aurais tôt fait de trop dévoiler l’intrigue si j’en disais davantage.
Écoutez-la, lisez-la et partez vous aussi à la recherche de la richesse… ou d’autre chose.
Le feuilleton est encore disponible pour une semaine sur le site de la BBC.

lundi 14 décembre 2015

Par la grâce des Sans Noms

Un roman d'Esther Brassac, publié aux éditions du Chat Noir.


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par la grace des sans noms




Présentation de l'éditeur :
Mars 1890.
Voilà près de vingt ans que la guerre franco-prussienne est terminée. Le canon hypersyntrophonique utilisé par Napoléon III a assuré une victoire retentissante au goût pourtant amer. Les retombées de l’arme monstrueuse ont causé des millions de morts à la surface de la Terre, détruisant également la faune par une lèpre incurable tandis que la végétation mourait peu à peu. Grâce à l’intelligence des scientifiques autant qu’au pouvoir des enchanteurs, un dôme de trois mille six cents kilomètres carrés a été construit, permettant de sauvegarder une zone du sud-ouest de la France, le Royaume garonnais.
Alors que tout espoir de voir la vie renaître au-delà de la frontière artificielle est perdu, des crimes en série abjects sont perpétrés dans la cité tolossayne. Le préfet charge un fin limier, Oksibure, spectre coincé entre le monde des vivants et celui des morts, de résoudre cette terrible affaire.
Au même moment, Aldebrand loue une maison dans le centre de la cité pour y résider quelques mois avec ses amis : Cropityore, un incube de dix-huit mille ans et Katherine de Clair-Morange, humaine récemment transformée en vampire en raison d’une vieille malédiction. Tous trois désirent créer un album gothique pour le compte d’une prestigieuse maison d’édition. Bien qu’il soit à la recherche de sa jumelle disparue dans d’étranges circonstances, Aldebrand va devoir aider Katherine à assumer les pénibles répercussions de sa métamorphose. Tout au moins, croit-il que ce sont là des problèmes bien suffisants à assumer. Il est loin d’imaginer que la demeure louée va bientôt concrétiser des cauchemars plus terribles encore.



Si l’on doit bien reconnaître une qualité à Esther Brassac, c’est son imagination débordante. J’ai pris grand plaisir à découvrir ce roman qui sort résolument de tout ce que j’ai pu lire en Steampunk ces derniers temps. L’intrigue est complexe, toute en circonvolutions et rebondissements, on ne risque pas de s’ennuyer avec ce thriller ni de deviner trop tôt où l’auteur veut nous conduire. Disons-le franchement : ça change !
Dès le départ, le roman se scinde en deux histoires distinctes et l’on ne sait avec certitude si elles sont vouées ou non à se rejoindre. On évolue dans un petit espace clos, le royaume garonnais, alors que le reste du monde a été détruit suite à l’usage d’une arme particulièrement dévastatrice lors de la guerre contre les Prussiens. Grâce aux enchanteurs et aux scientifiques vampires, une fraction infime de la population, qui comprend des humains mais aussi des créatures magiques, a été sauvée et confinée sous un dôme protecteur. Les animaux survivants, atteints d’une lèpre incurable, ont été modifiés génétiquement et en partie mécanisés. La végétation, quant à elle, doit son salut à d’étranges entités qui évoluent sur un autre plan : les Sans Noms.
Alors que les Garonnais tentent depuis une vingtaine d’années d’oublier leur traumatisme et de vivre normalement, d’abominables meurtres viennent menacer leur fragile équilibre. C’est Oksibure, spectre détective, qui se voit chargé de l’affaire. Pendant ce temps-là, des artistes commencent l’élaboration d’un ouvrage sur les créatures magiques… Les affaires sont-elles liées ?
L’atmosphère sombre et mystérieuse de ce thriller est vraiment très prenante. On se laisse facilement entraîner, apprenant au fur et à mesure les secrets de ce royaume enclavé, dernier bastion de vie sur terre. Les personnages sont plaisants, j’ai beaucoup aimé Oksibure et sa flammèche, ainsi que Katherine, vampire qui se débat avec sa malédiction familiale. Cropityore l’incube est délicieusement caricatural, c’est ce qui fait son charme. J’ai été moins séduite par Aldebrand, qui atermoie beaucoup comme le dandy romantique qu’il est mais demeure malgré tout sympathique… Tous ces personnages sont hauts en couleur, crédibles et parfois même attachants.
Par la grâce des Sans Noms est un long roman, consistant, fascinant et surtout très bien écrit, malgré quelques coquilles. Le style élégant, un peu désuet, convient parfaitement à ce genre de récit et l’auteur sait ménager son suspense. Elle bouscule son lecteur, pique sa curiosité sans la satisfaire tout de suite. C’est un peu cruel, mais très bien mené.
J’ai été moins emballée par le dernier quart. J’avais découvert où j’allais, cela ne me gênait pas mais quelques invraisemblances et détours un peu longuets ont légèrement émoussé mon enthousiasme. Je n’ai pas été spécialement conquise par la fin, qui pourtant ne manque pas de panache. L’auteur a néanmoins évité les facilités pendant une bonne partie du roman et ça reste une excellente lecture.
La part steampunk de ce récit est originale, pas seulement un choix esthétique, mais c’est surtout un bon polar fantastique. Les plus exigeants apprécieront le goût du détail et l’intrigue bien ficelée.

dimanche 13 décembre 2015

Saturday's Award Book (1)

Ce rendez-vous fut initié par le blog Echos de mots. Il a été repris par Chani et Cassiopée.


Le principe : Chaque semaine, un thème sera donné. Le but est de sélectionner, parmi les livres que l'on a lu, 3 livres selon le thème (les nominés). Puis, parmi ces 3 livres, élire le gagnant (le vainqueur de l'Award en question).


Je sais que c'est dimanche (faut aller voter, tout ça, tout ça...), mais Chani a publié son billet aujourd'hui (donc c'est sa faute).
Cela fait un moment que j'ai envie de participer à ce rendez-vous, le thème de la semaine me plaît bien, alors c'est parti pour l'Award du :


Livre que vous adorez relire à Noël, quitte à mettre de côté vos services presse et votre PAL monstrueuse, parce que ce livre-là sera toujours associé à la saison et qu'il vous fait rêver.


En lice :


Les Contes de Noël de Charles Dickens


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J'aime beaucoup les écrits de Dickens et particulièrement ses contes de Noël.


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Le livre de Noël de Selma Lagerlöf


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En fat je n'aime pas toutes les nouvelles de ce recueil, mais j'adore celle qui lui donne son titre. C'est un de mes textes de Noël préférés.


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D'or que landes ou l'étrange aventure d'Harvey Squire de Denis Bretin


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Ce roman jeunesse, mais qui convient à tout âge, est parfait pour les soirées d'hiver. Du mystère, de la neige, une ambiance à la fois sombre et magique... J'en garde un très bon souvenir et le relirais volontiers. Il m'avait d'ailleurs été offert à Noël.


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Et le gagnant est :


Contes de Noël


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Un incontournable de la fin d'année... Mon imaginaire a été profondément marqué par Un Chant de Noël et je ne me lasserai jamais de relire cette histoire.

lundi 7 décembre 2015

Les Compagnons du Foudre

Un roman de Denis Hamon, publié chez Ad Astra.


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Présentation de l'éditeur :
Plusieurs décennies après l’apocalypse, le monde est noyé sous la brume.
Tombée du ciel à travers la carlingue du Foudre, un vaisseau de pirates, une jeune femme s’éveille sans aucun souvenir.
Bien décidé à l’aider à retrouver la mémoire, l’hétéroclite équipage se heurte très vite aux dirigeants fanatiques de ce sombre futur, guidés par une religion basée sur le tarot.
Et tandis qu’au-dessus d’eux plane l’ombre terrifiante des Taromanciens, les compagnons du Foudre partiront en quête de vérité et iront, si nécessaire, jusqu’à la mort.
Pirates, oui, mais avec un sacré code de l’honneur !



Ce roman d’aventures m’a beaucoup rappelé la série Firefly (que j’adore) : une jeune fille étrange échappe de justesse à ses geôliers et est recueillie par un groupe de hors-la-loi écumant les airs dans un vieux vaisseau brinquebalant… Il y a de nombreuses similitudes, mais au final les deux ne peuvent être comparés.
Le monde créé par Denis Hamon a été ravagé par une guerre sans merci. Une brume toxique a envahi la terre, forçant les humains à se retrancher dans les hauteurs ou mieux dans des cités volantes. L’Ordre du renouveau, qui vénère les arcanes du Tarot, étend son influence sur l’humanité, aidé en cela par la figure mythique des Taromanciens, étranges créatures imprévisibles et quasi-divinisées. Plume, tel est le nom que la fugitive se choisira, est amnésique et ne sait pas pourquoi les prédicateurs en ont après elle. L’équipage du Foudre va tenter de l’aider à le découvrir.
J’adore les histoires de pirates stellaires ; celle-ci est assez représentative du genre, mais il m’a manqué quelque chose pour vraiment accrocher. Je ne saurais dire quoi, peut-être un peu de peps. Les Compagnons du Foudre est cependant un roman sympathique, bourré d’action, et cette religion née du tarot, assortie de la dictature instaurée par ses prêtres, se révèle intéressante. Les aventures de l’équipage sont pleines de rebondissements et m’ont fait l’effet d’être découpées en épisodes. J’en ai apprécié certains plus que d’autres, mais le tout est équilibré. On apprend à connaître les personnages dans l’action comme au quotidien, ce qui est agréable. Néanmoins, quelque chose m’a empêchée de m’attacher vraiment à eux. Je les ai trouvés un peu caricaturaux.
Ce fut une lecture distrayante et j’ai beaucoup apprécié la fin. L’intrigue, bien ficelée, nous emmène sur des sentiers inattendus et on se rend compte qu’aucun détail n’était dû au hasard.

vendredi 4 décembre 2015

[Tag] Liebster Award

J'ai été taguée par Lullaby.


Le principe est simple :
- Dire onze choses sur soi.
- Répondre aux onze questions posées par la personne qui vous a tagué.
- Poser onze questions et taguer onze personnes.


Onze choses (vachement importantes) sur moi :
- J’aime tricoter.
- J’ai un répertoire très étendu de chansons tout à fait improbables et je les chante n’importe quand. J’ai réalisé que je tenais ça de ma mère, même si nous n’avons pas les mêmes titres phares.
- J'apprends à évaluer la qualité des miels. Dans le cadre d'un concours ou de l'obtention d'une AOC il y a une évaluation scientifique : l'analyse chimique du miel et une évaluation sensorielle (organoleptique en fait). C'est la seconde que je pratique.
- J'ai passé un Bac L spécialité Arts plastiques et je ne sais absolument pas dessiner. C'était un choix par défaut.
- Je souffre d'acouphènes. J'entends relativement bien la plupart du temps, mais s'il y a du brouhaha je risque de vous faire répéter quelque fois.
- Je n'arrive pas à revendre ou donner des livres.
- Je mange toujours un croissant de la même façon.
- J’étais résolument réfractaire aux liseuses. Ouvrir un livre est quelque chose de simple, on a juste besoin de lumière pour lire. Pour moi une liseuse était un gadget coûteux et inutile. Cependant, j'ai de sérieux problèmes de vue et je dois bien admettre qu'en acquérir une m'a changé la vie.
- J’ai une façon de m’exprimer assez sèche (encore plus à l’écrit et pire encore quand je fais de l’humour). Donc si un jour vous avez l'impression que je vous agresse, sachez qu'il y a 90% de chances que cela ne soit absolument pas voulu.
- Si je tombe sur une grille de sudoku, je ne peux pas m’empêcher de la remplir…
- Parfois je lis des textes à haute voix dans mon jardin pour l'agrément des corneilles, des merles et des passants.


Les questions de Lullaby :


Quel est le dernier livre que tu aies lu ?
Par la grâce des sans-noms d’Esther Brassac.


Tu as la possibilité de visiter une planète ou un satellite du système solaire : laquelle (ou lequel) choisis-tu ?
Saturne. Aucune idée de pourquoi, mais c'est elle que j'ai envie de voir.


Thé ou café ?
Thé ! À toute heure du jour et de la nuit.
Je n'aime pas le café. Il passe tout juste dans les pâtisseries ou le chocolat amer.


Si tu devais emporter un livre sur une île déserte, ce serait lequel ?
Celui que je serais en train de lire. :P Ou plus pragmatique : "Comment survivre sur une île déserte", ça doit bien exister.


Côté obscur ou lumineux ?
Choisir serait beaucoup trop ennuyeux.


Aimes-tu les cookies ?
"Viens du côté obscur, on a des cookies", c'est ça l'idée ?
J'aime les cookies, mais seulement s'ils sont faits maison. Mon père étant pâtissier, je suis forcément difficile.


Quel livre t’a le plus fait rire ?
Ce genre de question est toujours très difficile pour moi. Je me torture les neurones et au final le livre idéal ne m'apparaît que bien après.
C'est sûrement un Pratchett.


Si tu pouvais remonter le temps, quelle forme aurait ta machine (voiture, WC, machine à vapeur, autre…) ?
Un fauteuil confortable. Enfin c'est ce que j'imaginais quand j'étais môme... Ce n'est pas le truc le plus pratique, surtout si on veut passer inaperçu.
La bateau serait très classe, surtout s'il vole. (La place d'un bateau est dans le ciel, comme chacun devrait le savoir.)


As-tu déjà lu et marché en même temps ?
Oui. J'évite de le faire dans la rue, mais quand je suis chez moi et que j'ai besoin de me dégourdir les pattes, je marche en lisant.


Chat ou chien ?
Les deux.
Dans toute ma vie, il n'y a que deux ans que j'ai passé sans avoir de chien à mes côtés. Ce sont des animaux très rassurants. Ceci dit, j'ai plus un caractère à chats.


Pris(e) dans ta lecture, tu n’as pas vu l’heure passer et te voilà enfermé(e) dans la bibliothèque pour la nuit ! Mais d’ailleurs… dans quelle bibliothèque es-tu ?
Peu importe, tant qu'il y a de bons livres. Mais quitte à choisir autant qu'elle soit magique avec des bouquins improbables qui choisissent leurs lecteurs, des sièges flottants qui se déplacent à leur guise, des tasses de thé qui se remplissent toutes seules, des feux follets en guise d'éclairage, des chats-phénix ronronnants et des corneilles-dragons qui déclament des vers quand l'envie les prend.


***


Et voilà, j'en ai terminé avec ce sympathique questionnaire.
Je ne vais taguer personne car je crois bien que toutes les blogueuses que je lis ont déjà fait ce tag (ou ont été désignées pour le faire).
Ceci dit, si le reprendre vous tente, j'ai quand même préparé une liste de questions :


- Quand tu étais enfant, quel métier imaginaire te serais-tu vu exercer ?
- As-tu déjà eu l'impression qu'un livre te parlait de toi ?
- T'es-tu déjà caché pour lire ? (Pourquoi et quel livre, bien sûr.)
- Thé ou café ? (Oui, c'est une question très importante donc je la reprends.)
- Y a-t-il un poème qui, même si tu n'aimes pas la poésie, te revient souvent en mémoire ?
- Aimes-tu choisir tes lectures selon la saison ?
- Quel est le livre le plus bizarre de ta bibliothèque ?
- Quel était ton livre préféré quand tu étais enfant ?
- Quelle adaptation de livre au cinéma ou en série as-tu préférée ?
- As-tu un livre doudou ?
- Possèdes-tu un livre pratique (par exemple de cuisine) que tu utilises régulièrement ?

lundi 30 novembre 2015

À voile et à vapeur

Une anthologie dirigée par Julien Morgan et Isabelle Wenta, publiée chez Voy’el uniquement en numérique.
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Présentation de l'éditeur :
De la science-fiction à la fantasy en passant par le fantastique, dix auteurs proposent leur vision d’un avenir du passé. Dans ce rétro-futur haut en couleurs, la vapeur et la voile cohabitent, le chevalier d’Éon use de charmes inattendus, des automates interrogent le tic tac de leur cœur mécanique et des élixirs permettent de changer de sexe à volonté. Embarquez à bord de la Vagabonde ou du Quatorze Sacs à Malice, destination la Russie, l’Afrique coloniale, Paris ou Londres, et partagez avec ces personnages les tourments et les plaisirs d’une vie à voile et à vapeur riche en aventures de tous genres – et sans distinction de genre...
Sommaire :
- Préface : Le Steampunk, ce puissant projecteur sur notre époque, Arthur Morgan
- Louise Geneviève de Beaumont de Tonnerre, Anthony Boulanger
- Dans les bras d’Orion, Céline Etcheberry
- Les mécanismes de l’errance, Alex Barlow
- Poupée de chiffons, Sophie Fischer
- Ceci n’est pas une histoire de tortue, Tesha Garisaki
- Une histoire d’éléphants, Isaac Orengo
- Du vent dans les voiles, Jean-Basile Boutak
- Histoire naturelle, Angou Levant
- Le pudding bavarois, Jarod Felten
- Suivez cette cathédrale !, Gareth Owens

Comme le titre le laisse deviner, il s’agit d’une anthologie Steampunk LGBT. Néanmoins, la prépondérance de l’un ou de l’autre peut varier selon le récit. Parfois le Steampunk n’est qu’un décor, d’autres fois c’est l’orientation sexuelle du ou des personnages qui n’est qu’un détail de l’histoire. De fait, les nouvelles sont assez diverses.
Fait rare avec les anthologies (les styles variés sont un atout, mais on ne peut pas toujours accrocher à chacun) : tous les textes ont été agréables à lire, même si tous ne font pas dans l’originalité et que j’en ai appréciés certains plus que d’autres.

Louise Geneviève de Beaumont de Tonnerre est un des textes que j’ai le plus appréciés pour son ambiance et son humour. Anthony Boulanger a choisi de mettre en scène un personnage connu, ce qui se révèle une très bonne idée. En outre, j’ai un faible pour les histoires d’espionnage. Je ne reprocherai qu’une chose à celle-ci : la fin arrive un peu trop brusquement et m’a fait l’effet d’un soufflé qui retombe.

Dans les bras d’Orion est un beau texte, très bien écrit, empreint de poésie et de nostalgie. Cependant, en ce qui concerne l’intrigue, c’est moins ma tasse de thé. De cette nouvelle je me rappellerai surtout le décor que l’auteur a su peindre de manière à le rendre très réel.
J’ai lu, il y a quelques temps, une autre nouvelle de Céline Etcheberry : 1888, et son style m’a marquée. C’est un auteur à découvrir.

En lisant Les mécanismes de l’errance, je dois admettre m’être plus intéressée au décor qu’au cœur du propos. Alex Barlow nous embarque à bord de La Vagabonde, un vaisseau stellaire. Un membre d’équipage y conte une histoire, que j’ai trouvée assez convenue. Cependant j’ai aimé Lincoln et j’aurais bien voulu en savoir plus sur elle, son vaisseau et son équipage.

Poupée de chiffons fait partie des nouvelles qui m’ont le moins marquée, même si ça reste une jolie histoire. Ce n’est tout simplement pas mon genre, trop de sentimentalisme à mon goût.

Ceci n’est pas une histoire de tortue est une de mes nouvelles préférées. Elle offre une vraie réflexion sur le genre et sur l’identité sexuelle. Le propos est intéressant, mais j’ai aussi beaucoup apprécié la façon dont il est mis en scène.

Une histoire d’éléphants est sans doute le texte qui m’a le plus déçue et ce probablement parce que j’en attendais autre chose. L’histoire démarrait bien et le décor piquait ma curiosité, mais on me promettait un mystère et au final il n’y en avait pas.

Du vent dans les voiles est l’un de mes textes favoris. Je l’ai trouvé très subtil dans sa façon de traiter de la norme (et de la normalité, ce qui n’est pas la même chose), de l’hypocrisie et de la notion d’accomplissement personnel.

Histoire naturelle marque surtout par son originalité. L’auteur ménage longtemps sa surprise, je ne vais pas la gâcher. Je regrette simplement de ne pas avoir su le fin mot de la naissance de l’aura et de ses conséquences.

Le pudding bavarois est pour moi l’un des meilleurs textes de cette anthologie. Totalement épistolaire, il demande au lecteur de réellement s’impliquer. Le récit se construit avec délicatesse et pudeur autour d’ellipses et allusions diverses. Il tient au lecteur de percevoir les changements d’attitude des personnages et l’évolution de leur relation rien qu’en décryptant leur correspondance.
J’ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle qui, en outre, n’est pas seulement sentimentale mais propose une vraie intrigue secondaire. La conclusion de cette dernière, avec la réelle nature d’Edwina, est toutefois laissée à l’interprétation du lecteur, ce qui n’est pas forcément un mal.

Suivez cette cathédrale ! clôt l’anthologie avec dynamisme. Ce texte est bourré d’action et très plaisant à lire, mais il apparaît comme le simple épisode d’une histoire qui aurait dû être développée davantage. C’est mon seul regret. De surcroît, j’aimais bien Pixie, le personnage principal, et il y a assez peu de femmes dans cette anthologie pour accentuer mon regret.

J’ai été très agréablement surprise par la variété des nouvelles présentes dans À voile et à vapeur et par l’étendue des thèmes traités. Je craignais surtout les clichés et finalement il y en a très peu. Il est toujours difficile de parler d’une anthologie sans trop décrire les textes pour ne pas gâcher la lecture, mais je vous recommande celle-ci car on y aborde des thèmes sérieux en n’oubliant pas d’être distrayant.
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Carton plein pour les challenges :

CRAAA

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vendredi 27 novembre 2015

Le Guide des Fées. Regards sur la femme

Un ouvrage thématique de Virginie Barsagol et Audrey Cansot, publié chez ActuSF.
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Présentation de l'éditeur :

Un parcours dans le temps à la rencontre des fées, des plus célèbres aux plus inattendues. Attraper les fées là où elles se cachent, des territoires littéraires aux œuvres cinématographiques en passant par la BD et la peinture, autant de champs que les reines du merveilleux ont investis au fil des siècles. La lecture du guide est aussi un voyage qui tente de révéler la profusion des regards portés sur la figure féerique, ainsi que son évolution, riche et complexe au fil des époques traversées.
Audrey Cansot, diplômée en cinéma à la Sorbonne, a travaillé pour la production cinématographique et écrit pour le théâtre.
Virginie Barsagol est certifiée de Lettres modernes et suit un cursus universitaire en psychologie.
Toutes deux collaborent à divers sites internet et revues.
Ce Guide des Fées a été l’une des premières publications des éditions ActuSF que j’ai achetées, il a de cela six bonnes années, et le voici maintenant disponible en numérique.

Le Guide des Fées de Virginie Barsagol et Audrey Cansot est un ouvrage d’introduction, concis mais complet, à l’histoire de la fée à travers les époques. Attention cependant, il est plus souvent question de fées littéraires que de Petit Peuple. Les auteurs ont choisi de suivre le fil chronologique, décrivant ainsi l’origine et l’évolution des fées depuis l’Antiquité, en se basant sur leurs ancêtres mythiques comme premières nées, jusqu’à nos jours.
Ce guide est parfaitement organisé et didactique. Il est aisé d’y trouver ce qu’on cherche, d’autant qu’une synthèse chronologique est disponible en fin de livre. Chaque période est constituée d’une introduction et de textes thématiques sur les tendances du siècle et les archétypes qu’y incarne la fée. On nous explique par exemple à quand remonte l’apparition des fées marraines ; on verra leur évolution au fil du temps dans d’autres fiches. Les représentantes célèbres de la gent féerique, ainsi que certaines de leurs sœurs un peu moins connues, ont également droit à une présentation succincte.
Une notice bibliographique fournie les accompagne toujours, présentant les textes où la fée apparaît directement comme indirectement. Y sont notées de même ses apparitions dans d’autres médias comme la musique ou la peinture ainsi que les références des fiches du livre dans lesquelles elle est mentionnée (des liens auraient été appréciables dans la version numérique, mais il est très facile de s’y retrouver avec les numéros de fiches). Si ce guide se veut un résumé permettant à l’amateur d’embrasser rapidement des siècles de féerie, on trouve toujours les références nécessaires pour approfondir le sujet grâce à d’autres ouvrages.
Ce Guide des Fées n’est pas exempt de quelques erreurs (dont une confusion entre Louis XIV et Louis XV) et de raccourcis discutables, mais demeure une bonne base pour se lancer à la découverte du Merveilleux français. Comme il est plutôt complet et syncrétique, même les connaisseurs pourront peut-être y apprendre quelque chose. C’est un ouvrage pratique, agréable à parcourir, destiné à tous ceux qui veulent aller voir au-delà du conte de fées.
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mardi 24 novembre 2015

Caver Den

Une novella de Xavier Portebois, publiée dans la collection e-courts.


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Caver Den est la première novella publiée dans la collection e-courts et j’espère qu’elle sera suivie de nombreuses autres tout aussi réussies.
Un accident contraint Linh à demeurer quelques temps sur Caver Den, une planète minière, un coin perdu parmi tant d’autres dans l’immensité de l’univers. Il n’a qu’une hâte : déguerpir. Mais pour rembourser ses soins et les réparations de sa moto, il doit enquêter sur la soudaine folie d’un animal et le neutraliser.
Les bases sont vites posées et on entre aussitôt dans le vif de ce récit qui mêle polar et science-fiction à justes doses. Outre l’enquête, le métier même de Linh nourrit l’intrigue et c’est, je pense, ce qui m’a le plus séduite. Je n’en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher la lecture, mais sachez que son animal de compagnie est une pieuvre sylvestre, la classe ultime ! Linh est un personnage intéressant et j’ai pris plaisir à le voir évoluer et comprendre petit à petit dans quel guêpier il s’est fourré.
Caver Den est un très bon texte, avec juste ce qu’il faut de technologie pour ne pas noyer l’intrigue. Il se lit trop vite et, malgré quelques rebondissements un peu prévisibles mais néanmoins logiques, j’ai vraiment apprécié ma lecture. L’auteur a même réussi à rendre une libellule attachante, je pense que cela mérite d’être noté.
Il va de soi que je vous conseille vivement cette novella.


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jeudi 19 novembre 2015

When Marnie was there

Un roman de Joan G. Robinson, publié chez HarperCollins Children's Books.

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Présentation de l'éditeur : 

When Marnie Was There is a gripping ghost story telling of Anna's strange encounter and friendship with a shadowy girl called Marnie among the wild and watery sand dunes of the Norfolk countryside. Is Marnie real? Shortlisted for the Carnegie Medal when first published in 1967, this is a classic tale with truths to tell about friendship, loneliness and family.

One of Hayao Miyazaki's top 50 favorite books for children, When Marnie Was There, is coming to the big screen with an animated adaptation by his film company, Studio Ghibli, creators of Oscar-winning Spirited Away and Howl's Moving Castle and Arietty, based on Carnegie-winning novel, The Borrowers. This classic ghost story comes back into print to celebrate the film's release, bringing Anna's encounters with Marnie to a new generation of readers.

Quelques mois auparavant, j’ai vu l’adaptation faite par le Studio Ghibli de ce roman pour la jeunesse. Celle-ci m’a plu, mais quelque chose d’indéfinissable m’a empêchée de me laisser totalement emporter dans l’ambiance onirique, un brin fantastique, de l’histoire d’Anna et Marnie. J’avais le roman à portée de main (j’étais censée le lire avant de voir l’anime), et il ne m’a pas fallu longtemps pour l’ouvrir après le visionnage. Cependant, je l’ai lu assez lentement et pas parce qu’il est en anglais. Il m’a laissé une forte impression et celle-ci se mêle à mes souvenirs de l’adaptation. Les deux se complètent à merveille. L’anime possède une dimension onirique plus marquée, mais le roman est à mon sens plus émouvant. Quel que soit le média, l’ambiance est particulière et imprègne le lecteur. When Marnie was there est un récit vraiment singulier. On y fait la rencontre d’Anna, gamine d’une dizaine d’années qui a un peu de mal à communiquer et à trouver sa place au milieu des autres. Elle est envoyée par sa mère adoptive en bord de mer, dans la campagne anglaise, pour soigner son asthme et leur donner du recul à toutes les deux. Elles n’arrivent pas à se parler, des quiproquos se sont installés, les éloignant plus encore et les deux s’inquiètent, sans parvenir à crever l’abcès. Ce dépaysement va faire du bien à Anna, lui permettre d’en apprendre plus sur elle-même et de s’ouvrir aux autres. C’est à la fois un de ces récits de vacances qu’on apprécie enfant et une histoire plus subtile, chargée de mélancolie et de nostalgie. Les secrets empoisonnent parfois l’existence. Anna se sent mal et ne sait même pas pourquoi. Elle pense n’être pas aimée, se sent monstrueuse parfois, comme si elle devait cacher aux autres qu’elle n’est pas comme eux, sans savoir ce qu’elle serait alors. Elle a oublié ce qu’elle cherche désespérément et en devient très émouvante. Et puis elle rencontre Marnie et alors tout commence à changer… En cours de lecture, je me suis souvent demandé si j’aurais apprécié ce roman de la même façon sans connaître à l’avance le nœud de l’intrigue. Cela a contribué à me faire progresser très lentement dans l’histoire. J’ai versé une larme à un moment, ce qui m’arrive rarement, justement parce que je savais quelque chose qu’Anna ignorait. J’imaginais son désarroi alors qu’elle ne comprenait pas ses propres agissements. Elle avait oublié ce qui motivait ses actes, cela était caché très loin dans son inconscient. Cette scène restera gravée dans ma mémoire. J’ai vraiment apprécié cette lecture, même si j’ai été un peu déçue par la façon dont l’intrigue se dénoue. C’est trop facile de présenter les choses de cette façon et du coup ça rend le tout un peu artificiel. Ce roman se lit facilement. Il n’existe pas encore de version française (cela peut changer si l’anime a du succès), et même s’il date d’une époque où l’on ne craignait pas d’avoir un vocabulaire varié dans les livres pour enfants, il est plutôt facile d’accès. C’est un beau un récit d’apprentissage qui explique aux enfants qu’en connaissant son passé, on est plus fort, plus apte à se construire. La nostalgie diffuse qui imprègne ces pages a un certain charme. J’ai aussi beaucoup apprécié la postface écrite par la fille de l’auteur qui, à sa façon, apporte une touche de magie supplémentaire au roman.

Vous pouvez lire ici ma chronique de l'anime.

mardi 17 novembre 2015

Glissement vers le bleu

Un roman SF de Robert Silverberg et Alvaro Zinos-Amaro, publié chez ActuSF.


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Présentation de l'éditeur :


Hey-ho ! Hey-ho ! Écoutez la terrible chanson de la Fin des Temps !


777e année du 888e cycle de la 1111e Circonvolution du Neuvième Mandala.
L’univers se refroidit et glisse vers le bleu. Dans l’immensité de l’espace, l’antique berceau de l’Humanité file vers son funeste destin et les Terriens, seuls dans les milliers de galaxies à vivre éternellement, doivent s’habituer à l’idée de leur disparition prochaine.
Mais il est dit qu’un Roi sans Royaume pourrait bien changer le sort de l’univers. Et si c’était Hanosz Prime, qui vient justement d’abandonner ses titres et sa planète pour venir à la rencontre des légendaires seigneurs de la Terre, et trouver la réponse à cette obsédante question : Comment réagit un immortel face à l’imminence de sa mort ?


Écrit à quatre mains, Glissement vers le bleu est un conte doux-amer sur la chute de la civilisation humaine. Robert Silverberg, auteur rôdé à tous les exercices de style à qui l’on doit quelques chefs-d’œuvre de la science-fiction tels que Le Cycle de Majipoor, L’Oreille interne ou encore Les Monades urbaines, entraîne dans un jeu de cadavres exquis un Alvaro Zinos-Amaro qui se coule avec bonheur dans ce récit post-moderne teinté d’ironie malicieuse.



Glissement vers le bleu est un ouvrage un peu particulier, en forme de… Eh bien, en forme de mandala, tout en circonvolutions (vous comprendrez vite en le lisant). Il est composé de deux novellas, écrites par deux auteurs différents, qui ensemble forment un roman.
Comme cela est expliqué dans la préface, il est né de la volonté d’un directeur de collection de rapprocher les écrits de jeunes auteurs de SF d’autres déjà connus. C’est un peu une sorte de parrainage. Pour ce projet, Silverberg a repris un texte qui lui tenait à cœur mais qu’il avait abandonné, sentant bien que celui-ci n’allait nulle part. Il en a extrait le meilleur, l’a retravaillé. Ainsi est née la première novella, à son co-auteur de se débrouiller avec ça.
Je suis assez peu familière de l’œuvre de Silverberg, mais pas néophyte non plus, par contre je n’avais jamais rien lu d’Alvaro Zinos-Amaro et je dois dire qu’il s’est brillamment tiré de cet exercice difficile. Son travail est admirable de minutie, aucun détail du texte de Silverberg ne lui a échappé.
Il a produit une suite qui reste dans l’esprit de la première novella, tout en prenant ses aises, parvenant à maintenir une continuité de ton chez le narrateur sans imiter Silverberg. La variation dans le style est bien là, mais ne dissone pas. On sent le changement sans le sentir… Mais avec ce roman, vous ne serez plus à une contradiction près.
L’univers tout entier glisse vers le bleu. Il se dissout. Et un narrateur, qui semble bien au fait de ces temps futurs nous le raconte à nous, lecteurs du XXIe siècle, avec un luxe de circonlocutions et d’effets de répétitions qui rappellent les chants des troubadours, donnant à l’histoire un petit côté sans âge. On prend un fil, on tire dessus puis on le lâche, on le reprendra plus tard… Les paroles tournent autour du lecteur, tout à fait dans l’esprit de ce qui lui est conté. Et l’univers glisse néanmoins, petit à petit, alors que se dessine le dernier mandala…
Les deux parties sont intéressantes. Silverberg met tout en place, nous hameçonne, nous balade, léger ou grave quand il le faut. Et Zinos-Amaro reprend toutes les pistes laissées par son prédécesseur de façon intelligente autant que personnelle. Il fait siens histoire et personnages. Son humour acéré se fait l’écho de celui, plus cabotin, de son co-auteur.
Cependant, la fin ne m’a pas spécialement plu. Elle est tout à fait logique, sans se révéler totalement prévisible, mais je ne sais pas, il m’a manqué quelque chose. Elle démontre pourtant avec quel soin méthodique Zinos-Amaro a relié tous les fils au passage, se servant même de détails du début qu’on a pu oublier en cours de route. C’est une collaboration on ne peut plus réussie.
Glissement vers le bleu offre plusieurs niveaux de lecture. Je le vois personnellement comme un conte philosophique sur la muabilité des choses et il m’a en tout cas donné à réfléchir.


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jeudi 12 novembre 2015

Willow Hall

Un roman graphique de Cécile Guillot et Mina M, publié aux éditions du Chat Noir.

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Présentation de l'éditeur : 
Willow Hall… Les murs semblent me chuchoter des prières que je ne comprends pas… Les ombres s’allongent, chaque coin paraissant cacher quelque monstre à l’affut… Tout ici n’est que ténèbres et désespoir. La fillette dont je dois m’occuper reste plongée dans un silence indifférent. Elle est parfois entourée d’étranges papillons sortis de je ne sais où… créatures magnifiques mais qui m’arrachent à chaque fois un frisson involontaire.
Willow Hall est un superbe ouvrage relié, avec jaquette, issu de la collaboration de Cécile Guillot pour le texte et Mina M pour les illustrations.
Le récit nous est conté par le biais de lettres rédigées par Emily, jeune gouvernante fraîchement entrée au service de la famille Andrews. J’ai beaucoup apprécié cette narration épistolaire. La jeune femme écrit à son fiancé, agrémentant parfois son courrier de coupures de presse découvertes dans le grenier. En tâchant d’apprivoiser Lorena, l’enfant dont elle a la charge, elle découvre petit à petit le passé troublé de cette famille et n’a personne avec qui en discuter. Découvrir ses pensées au travers de sa correspondance permet de s’imprégner de l’intrigue, mais à distance, comme si on observait les événements du coin de l’œil. La subjectivité du personnage n’est pas dérangeante, au contraire elle prend part à l’atmosphère, lui conférant davantage de mystère. Pourtant l’étrangeté de Lorena pourrait facilement s’expliquer. Les tourments dans lesquels Emily se débat paraissent nimbés d’une certaine poésie quand elle s’égare à les conter.
La gouvernante, seule dans cette maison auprès d’une enfant qui ne communique pas, aurait-elle les nerfs qui lâchent ? Y a-t-il une malédiction qui pèse sur le manoir au saule pleureur ?
Les illustrations sont vraiment magnifiques. Elles apportent beaucoup au texte, complétant à merveille la brièveté des lettres. Elles happent le lecteur, lui font ressentir la froide épaisseur du brouillard, l’atmosphère oppressante du manoir, et entrevoir les personnages éthérés qui évoluent parmi les ombres.
Cet ouvrage m’a beaucoup plu et je le recommande à tous les amateurs de Gothique et de Fantastique à l’ancienne.
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jeudi 29 octobre 2015

Rouge Tagada

Scénario de Charlotte Bousquet, illustrations de Stéphanie Rubini. BD publiée chez Gulf stream.


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Présentation de l'éditeur :
Elle était dans ma classe. Quatrième D. D comme déconne, délire, débile, dévergondé, début, douleur, douceur aussi. Il y avait tout ça, chez nous. Des pimbêches qui riaient trop fort, des timides, des bébés sages, des filles toutes fières de se comporter en femmes et des garçons qui ne savaient plus comment fonctionnaient leurs mains ni leurs pieds. Il y avait aussi les Jade et les Benjamin, les bons copains toujours là en cas de coup de blues à la récré, toujours prêts à refaire le monde et jouer aux cancres au lieu d’aller en perm.


Mais il n’y avait qu’une Layla.



Rouge Tagada est le premier volume d’une série de BD sur l’adolescence. Au fil des tomes, on suit différents élèves d’une classe de quatrième qui nous confient leurs maux et leurs espoirs avec sensibilité et intelligence. Cela fait du bien de découvrir une série d’histoires réalistes pour une fois, sans clichés ni niaiserie.


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Dans ce volume on rencontre Alex, une jeune fille attachante qui a du mal à gérer ses sentiments naissants. L’auteur et l’illustratrice ont su rendre à la perfection ce passage délicat qu’est l’adolescence, ces années de fragilité, où le vacillement est constant alors que l’on se construit tant bien que mal. En peu de pages, l’histoire d’Alex prend corps ; j’ai trouvé cette jeune fille vraiment touchante.
C’est un récit sur l’identité, l’amour et l’amitié, la difficulté que l’on éprouve parfois à grandir, à s’affirmer, à accepter l’autre et à s’accepter soi-même. Cela nous est conté avec intelligence et délicatesse.
Les illustrations sont une dimension importante de l’ouvrage. Elles contribuent à la façon dont on perçoit l’histoire. Les coups de crayon, tout en rondeur et plénitude, apportent de la douceur, tandis que les couleurs vives donnent de la chaleur à une histoire qui n’est pas toujours joyeuse.
Cette BD m’a beaucoup plu. Je ne déplore que la fin un peu abrupte. Elle m’a désappointée, mais n’est pas pour autant injustifiée. C’est souvent comme ça dans la vie et surtout à l’adolescence, on tranche net, sans s’expliquer, et qui dit que les personnages ne se parleront pas dans les prochains volumes ? Je l’espère en tout cas.
C’était trop court pour moi, mais néanmoins une excellente lecture. Cette BD est destinée aux ados, mais plaira tout autant à un public plus adulte. Je vous encourage chaleureusement à la découvrir.


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lundi 26 octobre 2015

La Nuit des éphémères

Un roman de Christine Détrez, publié aux Éditions Chèvre-feuille étoilée.


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Céline, réfugiée dans la maison de sa grand-mère pour soigner un chagrin d’amour, fait des rêves étranges peuplés de musique, d’hirondelles et de plumes.
Chaque soir des notes de piano semblent venir d’une maison abandonnée.  Les gens du village disent qu’elle est hantée mais eux semblent habités par un lourd secret.
Josée, une lointaine cousine, qui n’a jamais quitté le village, saura-t-elle aider Céline à faire rompre le silence ? 


Dans ce roman où le suspense prend les voies du fantastique et de la poésie, la petite histoire va rejoindre la grande, durant cette nuit de fin août, où chaque été meurent les éphémères.



Le premier chapitre m’a désarçonnée. Je me suis heurtée de plein fouet aux émotions du personnage autant qu’au style, très allégorique, qui les décrit. Céline, dont le petit ami vient de la quitter, est littéralement terrassée par le chagrin, au point que sa raison vacille. Cet anéantissement agrippe le lecteur. Je n’avais pas envie de lire ça, pas envie de me plonger dans sa dépression. J’aurais préféré la secouer, lui dire qu’il y a de bien pires épreuves dans la vie… Mais finalement Céline ne se laisse pas engluer dans le désespoir, elle bouge, même si c’est pour fuir.
Elle a besoin de réconfort et ce sont des images de son enfance qui lui reviennent, plus précisément de sa grand-mère aujourd’hui décédée. Elle décide donc de s’exiler dans la maison familiale, dans ce coin de campagne française où le portable ne passe pas et qu’elle a, au final, si peu fréquenté. C’est l’occasion pour elle de se souvenir tout en tenant sa peine à distance.
Après ce démarrage qui m’a laissée circonspecte, j’ai avancé page par page, précautionneusement. Il m’a fallu du temps pour me glisser dans l’histoire et accrocher au style qui oscille entre simplicité du discours retranscrit et envolées lyriques. Les allégories et métaphores sont nombreuses. Céline plonge facilement dans des rêves fantasmagoriques qui la hantent encore au réveil et des songes éveillés, presque des hallucinations. Je ne suis pas réfractaire à un style poétique, mais j’ai eu un peu de mal à me faire à celui-ci. On peut aisément le trouver lourd, surtout quand on ne compatit que très modérément au sort de Céline. Mais au final, cette poésie adoucit l’histoire, elle fait passer avec plus de pudeur, plus d’humanité, les événements que la jeune femme va exhumer.
Il m’a donc fallu apprivoiser le texte, comme Céline apprivoise le passé du village et ses voisins méfiants. La maison vide qui côtoie la sienne et l’histoire de ses occupants commencent à l’obséder. Imagine-t-elle des choses pour occuper son chagrin ? Petit à petit, le besoin de savoir se fait plus pressant, pour elle comme pour le lecteur. Je n’ai jamais réussi à apprécier Céline, mais grâce à cet intérêt commun j’ai marché à ses côtés. J’ai préféré la rude Josée, plus simple, plus franche, plus émouvante en somme.
Dans ce court roman, les secrets affleurent, demandent à être révélés, mais s’échappent quand on veut les saisir de façon trop directe. Ils s’invitent dans le présent par le biais de rêves ou d’hallucinations. Cependant le récit n’est pas fantastique pour autant, je me suis fait une idée plus prosaïque de la façon dont Céline devine certaines choses. Chacun l’interprètera à sa façon.
Après un début hésitant, La Nuit des éphémères m’a offert une belle lecture. L’histoire est triste, mais racontée avec douceur et délicatesse. Elle ne donne pas vraiment une belle vision de l’humanité ni de ces campagnes austères et de la mentalité de leurs habitants. J’ai refermé le livre le cœur serré, effarée par tant de gâchis et de lâcheté, mais contente d’avoir lu ce récit et d’y avoir trouvé une autre façon de se souvenir, de voir l’après-guerre.


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Delacroix Eugène, Vue d’une cour arabe avec colonne et balustrade de bois peint en vert (en bas) ; Tête de jeune femme, de dos, avec 2 nattes (en haut), Album de voyage (Espagne, Maroc, Algérie, janvier-juin 1832), crayon et aquarelle.


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dimanche 25 octobre 2015

La Huitième Couleur et Le Huitième Sortiliège

Sir Terry Pratchett nous a quittés voilà peu de temps. Auteur prolifique, il nous laisse de nombreuses œuvres dont une majorité constitue ce monument que sont Les Annales du Disque-monde. Des romans à lire, relire et partager.
On aime ou pas, c’est vrai. Et je ne conseillerais à personne de les lire tous à la suite… Mais l’humour de Pratchett reste pour moi d’un réconfort certain et j’adore le Disque-monde, ses personnages barrés, les réflexions qui se glissent entre les pages aussi.
Mon hommage personnel à ce grand homme a été de lire à haute-voix dans mon jardin les deux premiers volumes des Annales. Traitez-moi de folle si vous le voulez. Je suis heureuse de l’avoir fait.
Et tant que j’y suis, je vais vous en parler un peu.
Tout le monde devrait lire Pratchett, ça ne résoudrait pas tous les problèmes de la race humaine, mais ça ne rendrait pas les gens plus cons (ce qui en soi est déjà pas mal).



La Huitième Couleur


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Loin dans l’espace, vogue une tortue géante. Sur son dos, quatre éléphants supportent le poids d’un disque, le fameux Disque-monde.
Cette série mondialement connue est composée d’une quarantaine de volumes. Bien qu’ils soient souvent présentés par cycles (selon les personnages récurrents concernés) on peut les lire indépendamment. Sauf en ce qui concerne les deux premiers volumes qui content les pérégrinations de Rincevent, le pire mage qui soit, et de Deuxfleurs, le premier touriste du Disque.
En général, on ne recommande pas de découvrir le Disque-monde avec ce roman qui n’est ni le plus réussi ni le plus attractif. Mais personnellement je l’aime beaucoup et je pense qu’il est une bonne introduction à l’univers de Pratchett. Vous peinerez peut-être un peu à vous immerger dans La Huitième Couleur, mais vous y apprendrez notamment à connaître la géographie discale et beaucoup d’autres particularités de ce monde étonnant ainsi que de ses habitants.
On pourrait dire que La Huitième Couleur s’apparente à une quête sans but (oui, c’est ironique). Rincevent, Deuxfleurs et le Bagage explorent le Disque et vont de problème en catastrophe, envoyant joyeusement balader tous les clichés de la Fantasy au passage.
Toi, le lecteur qui à un moment t’es demandé ce que tu foutais là alors que Frodon et Sam crapahutaient encore et toujours dans les marais, ces romans sont pour toi. Prends ta revanche et marre-toi !
Des rues sales d’Ankh-Morpork jusqu’à l’extrême bord du Disque, les deux acolytes vont croiser des dragons, des héros, participer à un jeu de rôle géant (sans le savoir), risquer leur peau à tout moment et nous divertir à leurs dépens.
Les références à des ouvrages connus de SFFF sont nombreuses, mais qu’on les capte ou non la lecture reste très agréable, drôle, légère, tout en n’étant pas dénuée de réflexion.
Comment ne pas passer directement à la suite ?


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Le Huitième Sortilège




Le Huitième Sortilège
reprend le cours des aventures de Rincevent et Deuxfleurs où se terminait La Huitième Couleur.
Cette suite semble d’emblée un peu plus construite, il faut bien l’admettre et elle est plus drôle encore, pleine d’action et de rebondissements. Une nouvelle fois, prenez tout ce que vous savez des clichés de la Fantasy et réjouissez-vous de les voir passés au shaker ! Par exemple, vous vous demandez ce que deviennent les vieux héros ? Eh bien vous le saurez en faisant la connaissance de Cohen le barbare… Vous apprendrez des choses sur les mœurs des tortues spatiales, vous vous interrogerez sur la réelle nature des boutiques magiques itinérantes et sur l’intérêt qu’il peut y avoir à sauver le monde quand on a cinq minutes entre deux courses-poursuites.
Ce volume offre une échappée particulièrement plaisante, une aventure pleine de personnages improbables et délirants. On ne s’ennuie pas une seconde, même à la relecture, et c’est également une belle histoire d’amitié.
Si vous ne connaissez pas encore le Disque-monde, j’espère de tout cœur vous avoir donné envie d’aller y faire un tour. Et n’oubliez pas d’emporter une boîte à images, ça peut servir.

samedi 24 octobre 2015

Phoebus Mortel

Un roman de Thomas Andrew, publié chez Sidh Press.


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Phoebus Mortel est une romance paranormale M/M, axée sur le personnage de Glen Landsbury, jeune homme de bonne famille qui vient d’entrer à Harvard.
N’ayant pas aimé le premier tome de Drek Carter (pour cause de héros aussi misogyne que bourrin), j’ai néanmoins tenté la lecture du spin off en me disant qu’un autre personnage me serait peut-être plus sympathique. Et puis on me promettait une belle histoire d’amour et de l’humour… Depuis le temps, je devrais savoir que les promesses de certains auteurs sont aussi fiables que celles des candidats à la présidentielle.
En ce qui concerne le capital sympathie du personnage, là aussi faudra faire avec. Vous vous souvenez des bijoux fantaisie qui changeaient de couleur selon la température du corps ? Eh bien, la personnalité de Glen, c’est un peu pareil… Quand le vent souffle, il tourne la tête. Il fait preuve de la même constance dans ses amours, notamment quand il s’excuse d’avoir trop longtemps pleuré son soi-disant grand amour ou qu’il est attiré par tous les mecs qui passent alors que la seconde d’avant il se morfondait encore, mais à propos de son séduisant colocataire cette fois. Et comme dans toute romance (ça devient de plus en plus lassant) Glen est irrésistible. S’il y a un gay dans le périmètre, il est pour lui. Qu’est-ce que ce serait si Killian, le fameux coloc’ source de tous ses fantasmes, n’était pas tout le temps sur son chemin pour l’empêcher de céder à ses pulsions…
La relation qui se construit petit à petit entre Glen et Killian est d’un ennui mortel (voilà au moins une partie du titre qui se justifie). Deux vraies girouettes… Les événements semblent se répéter inlassablement, comme si l’auteur avait voulu transformer une nouvelle en roman et peinait à meubler.
Le style n’arrange rien. J’ai décidément beaucoup de mal avec l’humour bien lourd de Thomas Andrew, mais aussi avec son usage du vocabulaire. Il y a une nuance dans l’usage des synonymes qui semble lui passer au-dessus de la tête.
Entre la cohérence qui avait décidé de prendre des vacances, les clichés de la romance qui filent aussi vite qu’un collant premier prix et les dialogues qui rappellent furieusement les sitcoms des années 80, j’ai payé cher ma curiosité.

vendredi 23 octobre 2015

Challenge RVLF, le bilan !

Mercredi 21 octobre était un jour historique : nous avons rejoint le futur, qui est maintenant le passé, même que ça fait bizarre, franchement... Le futur, c'est plus ce que c'était ! (Vous suivez ou bien ? Ok, j'arrête...)


C'était aussi la fin du Challenge Retour vers le futur organisé par Lune et je vous invite à aller visiter son blog pour lire le bilan global.
Pour la liste de toutes les chroniques, c'est par-là.


J'ai pour ma part atteint mon objectif de huit chroniques, à savoir quatre romans (dont un coup de cœur, encore merci Lune), une novella (excellente !), un film, une BD et une série.
J'avais plein d'autres lectures potentielles dans la PAL, mais j'ai manqué de temps (et moi je n'ai pas de loco, donc ce sera pour plus tard). Ceci dit, je suis quand même fière (j'ai écrit la dernière chronique sur le fil).


Voici ma petite liste :


La Captive du temps perdu de Vernor Vinge (roman) - excellent
Le Voyage de Simon Morley de Jack Finney (roman) ♥
L'étrange affaire de Spring Heeled Jack, Burton & Swinburne T1 de Mark Hodder (roman)
The Amazing Mr Blunden de Lionel Jeffries (film)
Légion de Brandon Sanderson (novella) - excellente
Balade au bout du monde, intégrale 1 de Makyo et Vicomte (BD)
Outlander de Ronald D. Moore (série télé)
Rédemption de Bérengère Rousseau (roman)


À bientôt dans le futur ou le passé !


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RVLFC

jeudi 22 octobre 2015

Sorcières associées

Un roman d'Alex Evans.
Uniquement disponible en numérique pour le moment, mais à un tout petit prix.

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Résumé de quatrième de couverture :
Envoûtement de vampire, sabotage de zombies et invasion de gremlins font partie du quotidien du cabinet Amrithar et Murali, sorcières associées. Dans la cité plusieurs fois millénaire de Jarta, où la magie refait surface à tous les coins de rues, les maisons closes sont tenues par des succubes et les cimetières grouillent de goules, ce n’est pas le travail qui manque ! Mais tous vous le diront : les créatures de l'ombre ne sont pas les plus dangereuses…

Le premier chapitre peut être lu sur le blog de l'auteur.

Sorcières associées est exactement le genre de fantasy urbaine un brin steampunk dont j’avais envie depuis longtemps.
Nous y faisons la rencontre de deux femmes, Tanit et Padmé, qui ont ouvert un cabinet de consultations en problèmes magiques de tous genres dans une mégapole où le commerce est roi. À Jarta, le progrès technique côtoie l’archaïsme et le cadre, très indien, change beaucoup des cités européennes qui sont habituellement le lot du steampunk ainsi que de celles, états-uniennes, qui sont l’apanage de la fantasy urbaine. Dans Sorcières associées, on boit du thé, on porte des saris (du moins quand on vient du Paras) et on se déplace en rickshaw !
Ce monde n’est pas le nôtre, mais il pourrait aussi bien l’être (ou le devenir). Après s’être détournés de la magie et l’avoir en quelque sorte « perdue », ses habitants la retrouvent petit à petit et doivent réapprendre à gérer les possibilités de celle-ci, tout comme les problèmes qu’elle peut engendrer.
J’ai vraiment beaucoup aimé le background, cependant les personnages et l’intrigue ne sont pas en reste. Tanit et Padmé sont deux femmes très différentes, ce qui permet d’avoir plusieurs points de vue sur leur société, chacune s’exprimant à la première personne quand le récit se recentre sur elle. Tanit est indépendante, ancienne voleuse, puis espionne, elle est aussi débrouillarde que pragmatique. Padmé, quant à elle, est une femme de cœur, mais n’en perd pas pour autant la tête. Elle est aussi maman, ce qui contribue beaucoup à la complexité de son personnage et me l’a fait apprécier encore davantage. Les personnages secondaires qui gravitent autour des deux femmes ne manquent pas d’intérêt, toutefois j’espère en voir certains davantage développés dans la suite. Jihane, la fille de Padmé, est particulièrement attachante.
L’intrigue est tissée de diverses enquêtes qui, même si elles finissent pas se recouper un peu facilement, sont très plaisantes à suivre et ménagent leur lot de surprises. Cela ne manque pas de logique : ainsi agit le Pouvoir
Le point négatif de ce roman est indubitablement le nombre impressionnant de coquilles : des fautes bêtes qu’une relecture attentive aurait éliminées facilement. On pourrait dire que c’est typique de l’auto-édition, mais je ne serai pas si catégorique. Contrairement à mes habitudes, ça ne m’a pas découragée tant l’histoire m’a plu, alors je vous exhorte à passer outre, en espérant qu’elles soient vite corrigées (ce qu'a confirmé l'auteur). Après tout, c’est l’un des avantages du numérique que de permettre ce genre d’ajustement.
Sorcières associées a été une excellente découverte, une lecture très distrayante. J’espère pouvoir très bientôt lire la suite. J’avais déjà lu et beaucoup apprécié les nouvelles d’Alex Evans que je vous conseille également, ses thèmes de prédilection ainsi que son style valent le détour.

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Thé noir au lotus et tartelette poire-amandes, parfait pour accompagner cette lecture.

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mercredi 21 octobre 2015

Rédemption

Un roman de Bérengère Rousseau, publié aux éditions du Riez.
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Présentation de l'éditeur :
Quand un vieux médaillon et quelques documents anciens révèlent à Noâm les soupçons de collaboration qui pèsent sur son arrière-grand-père, son monde bascule. Comment accepter et vivre avec cette honte ? Il veut comprendre. Avec son meilleur ami, il se rend au Château de Noisy, là où son aïeul fut aperçu pour la dernière fois.

Sur place, ils sont victimes d’un éboulement. Ils se réveillent en 1944 à la veille de la Bataille des Ardennes. Noâm voit là l’occasion de restaurer l’honneur de sa famille, au risque de changer le cours de l’Histoire. Et si, justement, celle-ci avait déjà changé ?
Noâm, jeune étudiant Belge passionné d’Histoire, découvre presque par hasard un pan nébuleux de son passé familial. Son arrière-grand-père était-il un résistant ou un collabo ? Parce que cette question le hante, il décide de faire des recherches, sans savoir jusqu’où cela pourrait l’entraîner… Il va apprendre par lui-même qu’en temps de guerre comme dans la vie en général, la nuance a son importance.
Le début du roman m’a beaucoup plu. L’intrigue était prometteuse, la lecture agréable. Cela s’est quelque peu gâté à partir du moment où les personnages sont propulsés dans le passé. Ce n’est pas tant la qualité du récit qui est en cause. Peut-être m’attendais-je à autre chose…
Les implications dans le passé de Noâm et de son ami Lucas m’ont semblées beaucoup trop directes. La rencontre avec l’arrière-grand-père et son acceptation des faits sont aussi trop faciles. Dès lors, j’ai commencé à me détacher des personnages. J’étais de plus en plus sceptique à mesure qu’avançait ma lecture. J’espérais plus de subtilité.
Il semble que la présence des deux jeunes hommes dans le passé suffise à créer une uchronie, ce qui est illogique, car les changements de ce passé découlent d’événements survenus avant leur arrivée. Ne comptez pas comprendre le pourquoi du comment de ces changements ni l’origine du voyage temporel… J’ai besoin de vraisemblance quand je lis une histoire et je ne l’ai malheureusement pas trouvée ici… C’est ce qui m’a le plus gênée. Ce roman n’est pas désagréable à lire, mais il n’était pas pour moi. La fin m’a cependant émue, toutefois pas assez pour me faire oublier le reste.
Je demeure également perplexe vis-à-vis de nombreux cafouillages. Nous avons une référence erronée à Retour vers le futur (non mais vraiment !) ainsi que quelques coquilles dont une qui m’a fait bien rire (le flan ouest… Bon appétit !). Je tiens néanmoins à signaler que c’est assez inhabituel dans les ouvrages des éditions du Riez. Certaines phrases en allemand sont traduites alors que d’autres non, et pas forcément lorsqu’elles sont compréhensibles grâce au contexte. Ceci dit, ça ne gêne pas vraiment le lecteur non germanophone.
Rédemption ne me marquera pas outre mesure et c’est dommage, l’idée de départ me plaisait bien.
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