mercredi 28 août 2013

Les rivières de Londres. Le dernier apprenti sorcier t1

Un roman d'urban fantasy de Ben Aaronovitch, publié chez J'ai Lu (en grand format dans la collection Nouveaux millénaires, puis en poche à partir de la fin août 2013).


Les rivières de Londres - Le dernier apprenti sorcier t1 - Ben Aaronovitch

Quatrième de couverture :


L’agent Peter Grant ne croyait pas aux fantômes, jusqu’au jour où un étrange personnage lui affirme avoir assisté au meurtre sur lequel il enquête. Un témoin providentiel... s’il n’était mort depuis plus d’un siècle !
Et Peter n’est pas au bout de ses surprises : recruté par l’énigmatique inspecteur Nightingale, il intègre l’unité de la police londonienne chargée des affaires surnaturelles.
Au programme, traquer vampires, sorcières et autres créatures de la nuit ; faire respecter les divers accords passés entre les forces occultes de Londres ; réconcilier les divinités qui se partagent la Tamise, sans devenir esclave de leurs charmes ; et bien sûr apprendre le latin, le grec ancien et une montagne d’incantations bizarres et pour le moins rébarbatives.
Peter doit en passer par là, s’il veut un jour devenir à son tour le dernier sorcier de Londres...



Peter Grant est en passe de terminer le stage de deux ans qui le fera entrer définitivement dans la police. Mais quand il apprend sa future affectation, il déchante très vite. Peter veut être sur le terrain, pas remplir de la paperasse à longueur de journée pour faire gagner du temps aux autres. Pour échapper à ce sort, il n’a qu’une option, retrouver le fantôme qu’il a croisé l’autre soir, alors qu’il avait pour mission de surveiller une scène de crime et, peut-être, résoudre cette affaire.
Peter est un policier sans grande envergure. On lui reproche de se laisser trop facilement distraire par tout et n’importe quoi, mais aussi de manquer d’à-propos. Ce qu’il nous démontre d’ailleurs tout au long du roman… Pourtant, son enquête se révèle très agréable à suivre, d’autant qu’elle est mâtinée d’un humour so british terriblement caustique.
Le récit est moderne et se passe à Londres à notre époque. Si Peter se laisse facilement entraîner dans le surnaturel, celui-ci n’est pourtant pas monnaie courante. On nous explique d’ailleurs que la magie a peu à peu disparu et les rares gens au courant de sa réalité la considèrent avec beaucoup de circonspection.
L’histoire en elle-même est plutôt originale et il y a en fait deux intrigues en parallèle, en plus de la découverte du monde surnaturel par notre narrateur ainsi que celle de son potentiel en tant que magicien. Il trouve dans cette capacité à percevoir le surnaturel un moyen d’échapper à un travail de bureau et ne va pas le laisser échapper aussi facilement.
La première intrigue est liée au meurtre du tout début et c’est la plus consistante. Elle est vraiment bien trouvée et parfaitement construite. Ça change de tous ces romans dans lesquels l’enquête n’est qu’un prétexte. La seconde intrigue, par contre, est un peu plus délayée, même si elle prend de la place (un peu trop parfois), et concerne les différends des deux esprits de la Tamise et de leurs enfants. Evidemment, ces deux histoires qui s’entrecroisent vont se trouver liées, mais de manière plutôt inattendue. Le tout est plaisant, mais parfois un peu lent, ce qui n’aide pas à tourner les pages. Je pense qu’il faut bien connaître Londres, les légendes locales et la Tamise, pour apprécier toutes les subtilités de cette histoire. Néanmoins, un lecteur averti s’en sort à bon compte.
Il y a des longueurs qui gâchent en partie l’originalité du propos, c’est un fait, mais le problème de rythme de ce roman vient surtout de la narration. Peter a tendance à relater les faits en les énumérant de façon froide, comme s’il écrivait un rapport. Si c’est pour coller à son image de policier, c’est peut-être un peu exagéré. La narration à la première personne a ses limites et doit être vivante. On sait que, par essence, elle ne peut pas être exhaustive, mais celle-ci nous offre les inconvénients, en adjoignant ceux de la narration à la troisième personne, sans avoir les avantages d’aucune des deux, c’est-à-dire l’implication émotionnelle pour la première et l’omniscience pour la seconde. Ce roman manque cruellement d’empathie.
Sans l’humour qui colore les dialogues, le récit de Peter lui-même serait assez plat. Pourtant il semble être un gars sympa de prime abord, même si pas vraiment attachant de mon point de vue car il est aussi très superficiel. J’en suis arrivée à le trouver de plus en plus exaspérant au fil de l’histoire, mais je sais que ce n’est pas forcément mérité. Il est ambitieux, mais un peu nonchalant, se laisse facilement distraire et se montre très curieux sur des points de détail, alors qu’il ne s’interroge pas sur l’essentiel, comme par exemple ce qui est arrivé à ses prédécesseurs. Ce n’est pas non plus à lui qu’il faut demander de prendre des initiatives, du moins au début… Ce sont sa mauvaise foi et les piques de supériorité qu’il dégaine parfois dans sa façon de juger autrui qui m’ont le plus agacée.
Il est amoureux de Lesley, une de ses collègues de la même promo, nettement plus vive que lui, mais qui fait semblant de ne pas voir ses tentatives pour se rapprocher d’elle. Leur relation est assez marrante, on voit clairement qu’elle joue les amies, mais veut quand même se le garder sous le coude, juste au cas où… Et avec les événements qui ont lieu dans ce roman, ça donne plus encore envie de savoir ce qui va leur arriver. J’avoue m’être plus intéressée aux personnages secondaires comme Lesley, certes, mais aussi Molly, la mystérieuse domestique, et Nightingale, le maître de Peter, particulièrement charmant avec ses manières désuètes.
C’est un roman distrayant, une mise en place prometteuse pour la suite de la série qui, j’espère, se révèlera tout aussi originale que ce premier volume et, avec un peu de chance, moins longuette. Si cet ouvrage vous tente, il est prévu en poche pour fin août 2013, alors pourquoi s’en priver ?

vendredi 16 août 2013

Sales bêtes ! Animaux étranges et délires zoomorphiques

Une anthologie publiée par les Artistes Fous Associés.


Vous pouvez télécharger gratuitement cet ouvrage au format epub sur le site des Artistes Fous.
Mais ce serait sympa de l’acheter, parce que ça encouragerait une association et des auteurs qui fournissent un travail de qualité et qui sort des sentiers battus.


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Sales bêtes !

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Chimères, Animaux totems, transformations bestiales, animal tapi en soi, conscience émergeant chez la bête, créatures mythologiques... Dans cette deuxième anthologie, les Artistes Fous Associés explorent la thématique animale autour de 20 récits horrifiques, poétiques, sarcastiques, émouvants, tragiques ou gore. Venant des quatre coins de la francophonie, ces auteurs et illustrateurs sauront réveiller la (sale) bête qui sommeille en vous !



Sommaire :

  • Les Maîtres ne vinrent plus [Ludovic Klein] (illustré par Maniak)

  • Pffugs [Mathieu Fluxe] (illustré par cAmille)

  • Pluviôse [Adam Roy] (inédit) (illustré par Deadstar)

  • Un arrière-goût d'éternité [Morgane Caussarieu] (inédit) (illustré par Deadstar)

  • La parole du Rhinocéros [Ana Minski] (illustré par Ana Minski)

  • La bête noire [Julien Heylbroeck] (illustré par Christophe “FloatinG” Huet) (inédit)

  • La Solitude du Soleil le Vendredi soir [Diane] (illustré par Stab et Nelly Chadour)

  • Tous les singes ne vont pas au paradis [Vincent Leclercq] (illustré par Maniak)

  • Le deuxième événement [Ludovic Klein] (inédit) (illustré par Cham)

  • Cobaye #27 [Éric "Udéka" Noël] (illustré par L'ananas à cheveux)

  • La condition inhumaine [Maniak] (illustré par Xavier Deiber)

  • La dépression du chat [Gallinacé Ardent] (illustré par Maniak)

  • Parasite [Vincent T.] (illustré par Antoine “Codex Urbanus” Téchenet)

  • Jonas [Southeast Jones] (illustré par Cham)

  • L'ascension des suicidés [Ana Minski] (illustré par Ana Minski)

  • La mélodie des bois [Vincent Leclercq] (illustré par Nelly Chadour)

  • Notre-Dame des opossums [Southeast Jones] (illustré par Kenzo Merabet)

  • Manger les rêves [Romain d’Huissier] (illustré par Xavier Deiber) (inédit)

  • τρ [Herr Mad Doktor] (illustré par Ana Minski)

  • Clic [Maniak]


Fin(s) du monde, précédente anthologie présentée par les Artistes Fous, faisait déjà montre d’une grande variété de genres. Sales bêtes n’est pas en reste. On nous propose du réalisme, du fantastique, de la SF, de l’anticipation, de l’onirisme, de l’humour, de l’horreur et j’en passe, des sales bêtes de tous poils pour des récits originaux. Il est rare qu’une anthologie garde mon intérêt éveillé d’un bout à l’autre, mais ça a été le cas de celle-ci, grâce, justement, à cette diversité de genres et de styles.
Bien sûr, il y a des textes que j’ai préférés et la palme revient cette fois à Cobaye #27, parce que j’aime les rats, mais pas uniquement. Cette nouvelle explore les méandres de l’esprit et nous montre que les animaux sont parfois plus humains que nous. Ce fut un plaisir à lire. L’illustration qui l’accompagne m’a également beaucoup plu.
Les deux nouvelles de Ludovic Klein et La parole du Rhinocéros d’Ana Minski sont aussi parmi mes textes favoris. Très émouvantes dans leur réalisme, elles distillent l’empathie sans en abuser.
Un arrière-goût d'éternité de Morgane Caussarieu m’a rappelé un manga, pour le thème plus que dans la forme de l’histoire elle-même. Si vous en avez marre des sirènes rousses qui chantent des chansons (il n’y a pas pire sale bête que celle-là) vous adorerez cette nouvelle.
Parmi les textes de cette anthologie qui m’évoquent l’onirisme, trois m’ont particulièrement marquée. L’ascension des suicidés est un ovni ayant la consistance et le symbolisme d’un rêve. Alors que Jonas, texte moins vaporeux mais tout aussi symbolique, nous emmène dans l’espace auprès d’un homme qui dit avoir été avalé par un ogre et pense ne jamais en être vraiment revenu. Ce texte-ci m’a beaucoup plu, d’une part parce que l’histoire est vraiment agréable à lire, mais aussi pour sa réflexion sur la réalité et les perceptions. Enfin, j’ai adoré Manger les rêves, un récit un peu plus fantastique qui nous emmène au Japon à la rencontre du Baku.
Cette anthologie propose également un bon nombre de textes plutôt sombres. Parmi eux, certains m’ont particulièrement interpelée. La condition inhumaine explore une métaphore glauque et saisissante, vraiment bien trouvée. La bête noire est un récit crade, immonde, mais cela sert une histoire fort bien pensée et lui donne toute sa dimension. Ce texte explore une autre facette de l’animalité et de notre rapport à celle-ci, ainsi que la compromission dont l’être humain peut faire preuve dans son intérêt. Tous les singes ne vont pas au paradis est une de mes nouvelles favorites. Bien écrite, prenante, mais surtout assez cynique. Elle nous parle d’apparences, trompeuses ou non, et de l’expression de la bestialité.
Parasite est un texte plutôt marrant et bien construit. Écrit sous la forme d’un journal, il nous permet de suivre la lente prise de conscience d’un individu qui ne sait pas trop où il se trouve et qui possède dans sa mémoire les vestiges persistants d’une existence humaine passée. C’est bien trouvé. Ça m’a rappelé un épisode de South Park (on a les références qu’on a) mais en beaucoup mieux.
Je ne sais trop quoi vous dire concernant Notre-Dame des opossums si ce n’est que j’ai adoré ce texte et que vous devriez vraiment le lire. Je ne pouvais pas ne pas le mentionner, même en sachant que je dois passer sous silence d’autres récits qui m’ont aussi beaucoup plu. Cette nouvelle est écrite sous la forme d’un carnet de bord. Celui-ci relate l’expédition d’un équipage spatial ayant retrouvé la Terre et qui se trouve confronté au fléau qui a provoqué le départ des humains de cette planète.
Pour finir τρ, le dernier texte de l’anthologie, est aussi le plus barré. C’est une longue épopée blindée de jeux de mots moisis qui m’ont bien fait rire. On aime ou pas, sans demi-mesure, mais une chose est sûre, après cette lecture, vous ne verrez plus jamais la mythologie grecque comment avant. J’ai adoré traquer toutes les références qui s’y trouvent.
Il est toujours difficile de présenter des nouvelles en peu de mots pour ne pas trop en dire mais donner envie au lecteur de les découvrir. J’espère y être parvenue car c’est une belle découverte. Sales bêtes n’est pas un ouvrage léger ni qu’on lit d’une traite. Il explore l’animalité sous de nombreux aspects. Souvent les plus sombres, il est vrai, mais jamais de manière gratuite dans la surenchère de bestialité. Ces nouvelles sont réfléchies, intelligentes, forcent le lecteur à ne pas rester un spectateur passif. C’est vraiment une excellente anthologie.


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jeudi 15 août 2013

Le parfum du mal

Tome 2 de la trilogie Fille d'Hécate, écrit par Cécile Guillot et publié aux éditions du Chat Noir.


Mon avis sur le tome 1, La voie de la sorcière, est par-là.


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Le parfum du mal. Fille d'Hécate T2


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« Il parait que je suis devenue une femme et une sorcière accomplie… pourtant j’ai besoin plus que jamais qu’Hécate guide mes pas. Me voilà au service de la police, à tenter d’élucider des meurtres grâce à mes pouvoirs naissants. Ajoutez à cela ma recherche de boulot et mon ex qui refait surface… Voilà de quoi être déboussolée ! »



Ce deuxième tome de la trilogie Fille d’Hécate commence exactement où le précédent se terminait. Maëlys et Dorine doivent se rendre sur une scène de crime à la demande de leur amie Patricia. Cette dernière met ses dons de voyance au service de la police et le commissaire Martin, contrairement à ses collègues, pense que les sorcières peuvent l’aider dans son enquête. Le don d’empathie de Maëlys et les connaissances en sorcellerie de Dorine sont d’ailleurs mis aussitôt à contribution car les meurtres sont liés à un rituel. On entre donc très vite dans le vif du sujet.
J’avoue avoir eu un peu de mal au début à dégripper ma mémoire, surtout en ce qui concerne les personnages secondaires. Ces derniers ne m’avaient laissé qu’un souvenir flou, contrairement à Maëlys qui était vraiment au centre du précédent tome et avait donc plus de consistance.
En plus de l’enquête, nous suivons toujours son parcours personnel de sorcière et de femme. Elle décroche un remplacement dans un service psychiatrique qui s’occupe d’adolescents, elle essaie d’aller de l’avant dans sa vie sentimentale et cherche toujours sa mère. Il est plaisant de la voir grandir. Si notre narratrice a pris de l’assurance dans La voie de la sorcière, elle a encore des progrès à faire en ce qui concerne la confiance et l’affirmation de soi, sans compter ce qu’elle doit apprendre sur sa nature de sorcière. Elle me semblait quand même plus mâture qu’elle ne l’est dans Le parfum du mal. Cela a sans doute contribué à rendre mon avis assez mitigé concernant ce tome.
Le cheminement spirituel de Maëlys est amené avec intelligence et délicatesse, mais le reste de l’histoire se révèle un peu décevant. Les défauts du premier tome sont toujours là, à savoir que l’intrigue est un peu expéditive et la façon dont elle évolue ainsi que les réactions des personnages manquent aussi de naturel parfois. C’est un récit qui se laisse lire, mais n’est pas vraiment prenant.
C’est dommage, mais il faut dire que le roman en lui-même est court et les chapitres assez brefs. Ce n’est pas un reproche en soi, au contraire même, mais j’aurais préféré une histoire plus développée.
Je pense en fait que ce qui m’a le plus gênée est le manichéisme qui se dégage de ce roman, le bien et le mal sont parfaitement définis, les méchants d’un côté, les gentils de l’autre et tout cela est évident dès le départ… J’ai vraiment du mal avec ça.
Je lirai le troisième volume car j’espère une histoire plus aboutie pour clore la trilogie. Le parfum du mal ayant surtout fait office de transition dans la vie de Maëlys.


A noter qu’il y a, à la fin de cet ouvrage, un carnet de croquis représentants les personnages. Il est réalisé par Anna Marine et c’est un bonus plutôt sympa.
Cécile Guillot prend aussi la peine de signaler quelques livres intéressants au lecteur qui voudrait en apprendre plus sur Lughnasad, les croyances païennes et les notions abordées dans ce roman. Or, il se trouve qu’il y en a un dans la liste que j’apprécie particulièrement et que j’aimerais vous recommander aussi : La Déesse sauvage de Joëlle de Gravelaine. C’est un ouvrage très riche et vraiment passionnant.

dimanche 11 août 2013

Cinq pas sous terre, Ep5 : Quand tout se tait

Cinq pas sous terre est un feuilleton numérique en cinq épisodes (un par mois depuis avril,) écrit par Vanessa Terral et publié par les éditions du Petit Caveau.


Une version papier est prévue pour octobre 2013. Elle sera augmentée d'une nouvelle dont le thème a été choisi par les lecteur au cours d'un vote sur le site de l'auteur.


La présentation de l’éditeur et mon billet sur le premier chapitre sont par-là.
Le billet sur le deuxième chapitre suit ici
Le billet sur le troisième chapitre est quant à lui par-là.
Et vous trouverez celui qui porte sur le quatrième épisode ici.


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J’ai essayé de ne pas spoiler, mais à ce stade de l’histoire ce n’est pas évident et si vous n’avez pas lu les chapitres précédents vous devriez vraiment éviter de lire cette chronique.


Ce que j’apprécie avec Cinq pas sous terre, c’est que même après un mois d’attente entre chaque épisode, on ne se sent pas perdu à la lecture, sans pour autant avoir une histoire simpliste en retour. Les chapitres s’équilibrent les uns les autres, entre action vive et temps d’introspection plus riches, mais aussi plus lents. L’histoire est maîtrisée et cohérente, même les détails ont leur importance et ceci est, de mon point de vue, très plaisant.
Cet épisode voit le retour de Jabirah comme narratrice. Ceci à ma plus grande joie car c’est ma préférée. Je trouve néanmoins que le trait est un peu forcé en ce qui concerne les personnages dans ce chapitre, mais ça passe. Après tout c’est une novella et surtout un feuilleton. Des personnages un peu stéréotypés laissent une impression plus marquante et c’est aussi ce qui aide à mieux rentrer dans le récit après un long temps de pause.
Avant que les chemins de nos deux principaux protagonistes se croisent de nouveau, nous apprenons ce qu’il est advenu de notre mâchonneuse rebelle et surtout comment son voyage spirituel va trouver sa résolution. Si toutefois résolution il y a, car avec Jabirah rien n’est jamais simple. J’ai apprécié ce passage « mythologique », comme tous les autres qui l’ont précédé et ont amené Jabirah à ce carrefour dans sa destinée. L’aspect quête initiatique et chamanique de ce récit est probablement ce qui m’a le plus charmée, d’autant que cela nous réserve toujours des surprises.
Pour le coup, j’ai trouvé cet épisode un peu plus fouillis quant à ce qu’il nous apprend sur la nature des mâchonneurs. Les informations arrivent un peu à l’arrache. Ceci dit, ça reste la partie que j’ai préférée et ça ajoute quelques rebondissements à une fin qu’on voyait un peu trop venir.
C’est à la moitié de l’épisode que se fait la jonction entre ce chapitre et le précédent, nous permettant de voir la scène par le regard de Jabirah, ce qui apporte du relief à l’histoire et aide le lecteur à mieux reprendre le cours du récit.
J’ai moins apprécié le passage qui a suivi. C’est principalement à cause du combat qui, je l’avoue, m’a vite lassée. La qualité de l’écriture n’y est pour rien, ça vient de moi. Je ne m’intéresse aux combats que quand ils apportent quelque chose d’autre à côté et si celui-ci était évidemment nécessaire (ça ne pouvait se terminer que par une baston) je l’ai plus subi qu’autre chose.
Quand tout se tait reste néanmoins un bon épisode et la meilleure conclusion possible (enfin ça c’est particulièrement subjectif, je vous l’accorde) pour cette novella. Les questions en suspens ont trouvé leurs réponses, mais la fin reste ouverte, de manière à laisser une place à la nouvelle bonus que contiendra la version papier.
Globalement, c’est une très bonne novella, qu’on prend plaisir à lire. Les personnages sont attachants et la mythologie, mélange de croyances grecques, de chamanisme et de légendes est intéressante. De surcroît, ce n’est pas tous les jours que vous trouverez un mâchonneur de linceul comme personnage et cela change des vampires habituels.

vendredi 9 août 2013

Roji ! T2

Un manga de Keisuke Kotobuki, publié chez Ki-oon.


Roji ! 2




À Kamishiro, la vie suit tranquillement son cours. Tranquillement ? Pas si sûr ! Alors qu’elles recherchent un peu d’ombre, Yuzu, Karin et Azusa découvrent une mystérieuse galerie. À l’intérieur, une étrange gravure les attend… Aurait-elle un lien avec tous les phénomènes inexpliqués qui ont lieu en ville depuis quelque temps ?
Une chose est certaine, nos détectives en herbe ne sont pas au bout de leurs surprises !



Pour mieux saisir la façon dont je perçois l’évolution de cette série, je vous invite à lire mon avis sur le tome 1.


Le premier volume de Roji ! m’avait laissé une impression mitigée. Je n’étais pas sûre de lire la suite malgré les qualités de ce manga et si je n’avais pas pensé, à tort, qu’il s’agissait d’un dyptique, je ne m’y serais pas essayée.
La formule est toujours la même, chaque chapitre proposant une petite histoire, mais elles sont moins indépendantes les unes des autres. Par contre, petite déception, j’espérais une suite directe du précédent volume car le dernier chapitre semblait s’ouvrir sur quelque chose d’important. Ça n’a pas été le cas, mais l’histoire est globalement restée dans la continuité, jusqu’à revenir brièvement à ce point-là. On apprend de nouvelles choses sur la présence des fées et la magie dans la ville de Kamishiro, mais rien de très concret.
Cela étant dit, j’ai trouvé le deuxième tome mieux construit et plus abouti. Même si je suis définitivement trop vieille pour ce manga, l’amélioration demeure notable.
Dans ce tome 2 on retrouve Yuzu, Karin et toute leur bande de copains, toujours prêts à faire les quatre cents coups. Zanzibar le chat est moins présent, mais il paraît surveiller les enfants. Le merveilleux, diffus et éthéré dans le premier volume, semble imprégner de plus en plus le petit univers des gamins, jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus l’ignorer ou le croire sorti de leur imagination. C’est heureux car cela nous offre des histoires plus étoffées et l’on voit que finalement les trames de toutes ces petites anecdotes qui construisaient le tome 1 sont liées entre elles. Certes on pouvait déjà le deviner, mais cela restait très superficiel et les histoires semblaient laissées de côté sans avoir révélé leur potentiel. Yuzu commence à s’interroger et, de fait, à chercher des réponses. Nous n’en obtenons pas vraiment, mais ça donne à ce manga un regain d’intérêt.
Les personnages sont toujours aussi mignons, ils deviennent même plus attachants, et, avec ses couleurs vives et son ambiance lumineuse, ils font de cet ouvrage une lecture très agréable pour des enfants. Mais c’est la fantaisie légère et joyeuse qui nimbe toutes ces petites histoires qui fait définitivement le charme de ce manga.
Ma curiosité a été légèrement piquée par ces deux premiers tomes, mais je ne pense pas lire la suite. Cela manque trop de profondeur à mon goût. Cependant, si la série continue d’évoluer ainsi, nul doute qu’elle ravira les enfants de six à dix ans. Je ne pensais pas cela après lecture du premier volume car la superficialité des récits, qui souvent se terminaient en queue de poisson ne semblaient pas de nature à réellement capter, et surtout garder, l'attention de jeunes enfants. A eux de voir s'ils veulent bien donner sa chance à cette série.

mercredi 7 août 2013

Proie idéale

Un thriller "young adult" écrit par Charlotte Bousquet et publié chez Rageot.


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Proie Idéale - Charlotte Bousquet

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En regagnant leur foyer pour adolescents en difficulté, Ljuba et Cam découvrent que leur amie Morgane a disparu. Elles refusent d’abord d’orienter les éducateurs et les policiers pour enquêter seules. Morgane devait rencontrer un photographe pour réaliser un book afin de devenir top model. Ljuba et Cam comprennent vite que Morgane s’est laissé entraîner par un individu peu scrupuleux. Un agent des services secrets qui traque un réseau mafieux confirme leurs craintes. Elles décident alors d’intervenir… à leurs risques et périls.



La proie idéale c’est Morgane, bientôt 18 ans, des rêves plein la tête et un peu naïve. Et puis qui se souciera d’une fille placée dans un foyer disparaissant du jour au lendemain ? Elle aura sans doute fugué pour retrouver un garçon, et puis elle est presque majeure… Cependant Morgane n’est pas aussi seule qu’on pourrait le croire, ses amies, Ljuba (j’adore ce prénom) et Cam s’inquiètent vraiment pour elle et vont tout faire pour la retrouver.
C’est l’accroche du roman, classique, mais efficace. Charlotte Bousquet brosse très bien la situation. En quelques mots, elle immerge le lecteur dans l’histoire. Le ton est vif, l’action ne connaît pas vraiment de temps morts, elle va à l’essentiel sans être superficielle. C’est un roman qui se lit en quelques heures tant le style est agréable et l’intrigue prenante.
Toujours écrit à la troisième personne, le récit se recentre néanmoins sur un personnage principal à chaque nouveau chapitre. Ainsi Cam, Ljuba et Morgane, dans une moindre mesure, ont toutes l’occasion de dévoiler un peu de leur histoire au lecteur. Leurs actions et réactions face à leur environnement s’expliquent par un passé et une psychologie que l’on nous expose juste ce qu’il faut pour ne pas alourdir l’intrigue, mais assez pour comprendre et aimer ces filles.
L’enquête est bien menée pendant la majeure partie du roman, s’essouffle un peu avant l’explosion finale à cause des facilités qui la jalonnent, mais tient tout le temps la route. Ces filles ont beaucoup de chance dans leurs investigations, il faut l’admettre. Mais ce sont des personnages bien construits et attachants, cela allié à la vivacité du récit et à la fluidité de l’écriture me fait pardonner volontiers cette petite faiblesse.
De surcroît, les diverses problématiques qui sont abordées dans cet ouvrage le sont de façon subtile et intelligente. Cela en fait une lecture intéressante aussi bien pour les adolescents, à qui elle est destinée à la base, que pour les adultes.
J’ai globalement beaucoup apprécié cette histoire, même si la toute fin me laisse un peu dubitative. L’enquête elle-même a trouvé sa conclusion, cependant l’avenir des filles laisse entrevoir une ouverture et appelle une suite que je serais néanmoins ravie de lire si elle était publiée un jour car je me suis particulièrement attachée à Cam et Ljuba.


Je profite de ce billet pour vous recommander chaleureusement l’excellente collection de thrillers young adult de chez Rageot. Ces ouvrages sont toujours originaux, bien écrits, ils ne prennent pas les ados pour des abrutis et en plus ne sont pas très chers.

vendredi 2 août 2013

L'héritage et autres nouvelles

Un recueil de nouvelles de Megan Lindholm / Robin Hobb, publié chez J'ai Lu.


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L'héritage et autres nouvelles


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Avant de choisir le pseudonyme de Robin Hobb sous lequel elle écrit ses grandes sagas de fantasy (L'assassin royal, Les aventuriers de la mer...), Megan Lindholm est l'auteur de plusieurs nouvelles et d'une dizaine de romans (Le dernier magicien, La nuit du prédateur, avec Steven Brust, Le cycle de Ki et Vandien...). Mais quel que soit le nom qu'elle emprunte ou le genre qu'elle explore, la reine de l'Imaginaire nous donne, à travers les neuf nouvelles qui composent ce recueil, un vertigineux aperçu de ses talents de conteuse.



Sommaire :




  • Une note de lavande

  • La Dame d’Argent et le quadragénaire

  • Coupure

  • Le Cinquième Chat écrasé

  • Chats errants

  • Finis

  • Boîte à rythme

  • L’héritage

  • Viande pour chat


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Comme son titre l’indique, cet ouvrage est un recueil de nouvelles. Il y en a neuf en tout. Les sept premières sont signées Megan Lindholm et les deux dernières Robin Hobb. Ceci a son importance car l’auteur fait une distinction entre les univers, mais aussi la façon d’écrire, qui sont attachés à ces deux noms de plume. Elle nous l’explique d’ailleurs plutôt bien dans son introduction.
Cette collection d’histoires plus ou moins longues est en effet assortie de courtes présentations pour chaque texte. Grâce à elles, on voit la femme qui se cache derrière les nouvelles. Elle nous conte comment celles-ci sont nées, s’il y a une anecdote particulière ou une réflexion qui s’y rapporte ou simplement ce qu’elle a ressenti en les écrivant. Il est très plaisant de se retrouver ainsi dans l’atelier de travail de l’écrivain et de voir comment elle appréhende son travail et développe ses idées. Ceci est d’autant plus vrai qu’elle a une sensibilité particulière et une approche de son métier vraiment intéressante.
Si j’apprécie ses romans de manière générale, je trouve que c’est dans l’art de la nouvelle que cet auteur, quel que soit le nom de plume sous lequel elle officie, excelle vraiment. De mon point de vue, Megan Lindholm est une conteuse de grand talent et c’est un compliment que je garde précieusement pour de trop rares auteurs.
Pour autant, tous les textes de ce recueil ne m’ont pas forcément séduite. Mais ce n’est pas une question de qualité et nous verrons ceci en détails.


Une note de lavande.
L’histoire peut sembler banale et soudain on lit un mot, on fronce les sourcils, on le relit. Et on enchaîne en se demandant de quoi parle le narrateur, alors que celui-ci nous racontait jusque-là son enfance morose dans un appartement miteux, avec une mère complètement allumée qui aime la musique plus que tout au monde.
Puis les choses s’éclaircissent, la nouvelle se révèle vraiment originale. Pourtant… Je ne l’ai pas du tout aimée et ces soixante pages sont très difficilement passées. C’est un très bon texte, je vous assure. L’écriture est délicieuse, le sujet intéressant, certaines choses auraient dû me parler. Mais j’ai fait un blocage. Je suis restée focalisée sur cette mère qui préfère courir après des chimères plutôt que veiller au bien-être de son fils. Et ça n’est pas passé, tout simplement, aussi stupide que puissent être mes raisons, ça m’a mis les nerfs en pelote et j’ai dû faire un réel effort pour le terminer.
J’ai également été gênée par le fait que le narrateur, s’il raconte cette histoire alors qu’il est presque adulte, a des réactions assez peu plausibles. Il m’a semblé avoir été un enfant parfois trop intelligent pour son âge, parfois pas assez. C’était vraiment étrange, voire dérangeant et difficile à expliquer.
Quoi qu’il en soit, ce texte vaut la peine d’être lu et je vous invite à me dire ce que vous en avez pensé.


La Dame d’Argent et le quadragénaire.
J’ai une affection particulière pour cette nouvelle que j’ai déjà lue sous une autre traduction (celle de Lionel Davoust) dans l’excellente anthologie De Brocéliande en Avalon. Après Une note de Lavande qui m’a fortement déplu, ce fut donc un bonheur de relire cette nouvelle, toujours aussi sympathique.
J’aime peut-être ce texte parce qu’il s’agit de fantastique au sens le plus strict du terme, mais sincèrement, je ne saurais pas expliquer pourquoi je l’apprécie autant. C’est un récit amusant, mais pas hilarant, ce n’est pas une question d’originalité, mais plutôt d’ambiance. Oui, c’est le mot qui convient, je crois. J’aime l’ambiance un brin onirique de ce texte et suivre le quotidien de cet écrivain pragmatique qui rame inlassablement et voit sa vie réenchantée presque malgré elle.
C’est un très bon moment de lecture.


Coupure.
Comme l‘a si bien chanté Joe Cocker : every generation has it’s way, a need to disobey… Il s’agit ici de coupure entre les générations, mais aussi d’une autre sorte, plus intime…
Ce texte-ci est du grand art, je le dis le plus sincèrement du monde. Il m’a fait passer par toute une palette d’émotions violentes et j’ai réellement apprécié la profondeur de la réflexion. Plus qu’un texte sur l’apparence et sur les choix que l’on fait la concernant, c’est une réflexion sur l’évolution de l’humanité, la formation de l’individualité et la façon dont elle se fond dans le groupe, mais surtout sur notre corps et jusqu’à quel point il nous appartient. J’ai été profondément choquée par cette nouvelle, mais c’est un choc bénéfique et je conseille à tous de la découvrir.
Sur le thème de l’apparence et du modelage du corps, quoique sur un axe de réflexion différent, vous pouvez aussi découvrir l’excellent texte de Lionel Davoust : Tuning Jack dans le non moins excellent recueil L’importance de ton regard.
J’ai probablement été plus touchée par Coupure, parce que je suis une femme, parce qu’il y a une dimension légèrement plus mystique aussi qui l’accompagne. Mais ça n’enlève rien aux qualités de Tuning Jack et à la réflexion que ce texte propose, et puis les deux sont intéressants à découvrir en parallèle.
D’ailleurs, ces deux nouvelles ont un autre point commun qui fait que je les apprécie. Elles proposent une réflexion, mais n’imposent pas un point de vue. Au contraire, elles donnent la possibilité au lecteur de comprendre les motivations et arguments de chacun.
Coupure est un de mes textes préférés de ce recueil, un vrai coup de cœur.


Le Cinquième Chat écrasé.
On passe ensuite à une nouvelle plus légère et hallucinante d’un bout à l’autre. Elle est d’un tel cynisme que je ne pouvais que l’apprécier. Il s’agit de fantastique, mais au sens large, et ce texte est vraiment très drôle.
Le Cinquième Chat écrasé, ou comment la bizarrerie peut surgir dans le quotidien, c’est tout un programme et, franchement, c’est jubilatoire. Mon estomac s’est retourné deux ou trois fois, mais qu’importe !
Imaginez deux serveuses dans une voiture. L’une est pragmatique, l’autre complètement écervelée. Et la première regrette de s’être engagée dans une telle galère alors que la seconde s’amuse à compter les chats écrasés en s’empiffrant… Quand s’ajoute au duo un auto-stoppeur qui se révèle des plus déjantés, l’histoire peut partir en vrilles à tout moment et ne va pas manquer de le faire.
Derrière ce texte farfelu, il y a encore une fois une réflexion intéressante et elle porte ici sur ce qui fait un héros au sens livresque du terme, sur la facilité qui caractérise parfois leur cheminement et qui agace le lecteur ordinaire.
La nouvelle est très bien pensée, la fin exquise et je me suis bien marrée.


Chats errants est une nouvelle plus sérieuse, grinçante et mélancolique. Elle nous parle d’enfance difficile, de rêves brisés et d’amitié improbable. Ici l’espoir se cache là où on ne l’attend pas forcément, mais c’est un très beau texte et du bon fantastique.


Finis.
L’introduction a pesé son poids dans ma façon de percevoir cette nouvelle et j’ai trouvé ça dommage au final. Alors j’aimerais vous inviter à lire celle-ci après le texte et à zapper le paragraphe que je lui consacre si vous voulez lire ce récit sans a priori.
Megan Lindholm a souhaité prendre une histoire classique à contrepied dans cette nouvelle. Pourtant, le tout est prévisible et la fin est d’autant moins subtile que l’auteur en rajoute une couche, faisant tomber la chute à plat au lieu de la rehausser. Elle s’est montrée trop insistante et ça a gâché ses efforts.
Au-delà de ces considérations, c’est une lecture très plaisante et si l’auteur n’avait pas insisté sur le fait qu’elle a voulu lui insuffler une originalité particulière, ça ne m’aurait pas choquée outre mesure. J’ai beaucoup aimé ce texte, la façon dont il est construit, le style, l’idée en elle-même. J’en garderai un bon souvenir malgré tout.


Boîte à rythme est un de mes textes préférés. Encore une fois, c’est du grand art et, surtout, c’est subtile, pas de morale, pas de choix meilleur qu’un autre. Tous les points de vue se défendent, même si évidemment on adhère plus facilement à l’un qu’à l’autre. Ce que j’aime chez Megan Lindholm, c’est qu’elle n’impose jamais rien, la réflexion coule, riche et complexe, multiple, mais jamais pré-mâchée, il ne tient qu’au lecteur d’en faire son miel à sa convenance.
Cette nouvelle-ci parle de parentalité, mais surtout de deux façons différentes de voir la vie et donc de la vivre. Aucune n’est parfaite et ce récit m’offre un autre coup de cœur.


Les deux dernières nouvelles sont signées Robin Hobb et se passent donc dans l’univers habituel de celle-ci. Le style diffère, il prend des tournures un peu moins subtiles, voire moins pointues, à mon goût, mais plus contemplatives également.


L’héritage m’a vraiment plu. Cette nouvelle se passe à Terrilville et évoque donc, pour qui l’a lue, la série des Aventuriers de la mer. Vous pouvez toutefois l’apprécier sans connaître cette dernière.
Cerise, principale protagoniste, se voit spoliée de son héritage, mais se rendra vite compte que nous ne tenons pas de nos ancêtres que des biens matériels. Ce récit initiatique fut une lecture très agréable, sans morale trop appuyée pour gâcher l’ensemble.
C’est une belle histoire et elle m’a donné envie de me replonger dans les écrits plus longs de Robin Hobb.


Viande pour chat.
Eh oui, décidément, ce recueil est peuplé de chats, ce qui n’est pas pour me déplaire. J’ai particulièrement apprécié celui qui participe à cette histoire. Pourtant cette dernière nouvelle, tout comme la première, m’a semblé longue, mais longue… Interminable.
Ce n’est qu’une surenchère d’événements qui peuvent paraître exagérés, entre un homme autoritaire, aussi stupide que cruel, et une femme, prise à la gorge, qui ne sait comment s’en sortir. C’est pourtant terriblement réaliste, déplaisant à lire, certes, même si c’est bien écrit, mais toutefois plausible. Ce récit est d’ailleurs dérangeant dans ce qu’il a de vrai. Ce genre de loustic existe, malheureusement, et s’ils ne sont pas tous aussi radicaux, l’idée est là.
Il n’en reste pas moins que ce récit est vraiment interminable. Je dois avoir un problème avec les nouvelles de cet auteur quand elles dépassent une certaine longueur. J’ai alors l’impression qu’elle commence à se répéter et ces multiples rengaines crissent dans mon esprit comme une craie sur un tableau noir. Ça me le fait aussi, un peu, avec ses romans.
Le sujet, pourtant, est bien trouvé et méritait d’être aussi bien traité qu’il l’a été. Le chat est, selon moi, le personnage le plus intéressant de cette historie et il lui apporte un regain d’intérêt quand elle s’enlise dans les épreuves que subit Romarin. On passe sinon beaucoup de temps à attendre que cette dernière réagisse et si on comprend pourquoi elle ne le fait pas, ça reste quand même très pénible à suivre.


Ce recueil a donc mal commencé et mal fini pour moi avec les deux nouvelles que j’ai le moins appréciées. Mais, encore une fois, il s’agit plus d’une question de sensibilité personnelle que d’un réel problème provenant du texte. De surcroît, les autres récits m’ont véritablement ravie. C’est une lecture que je ne regrette pas et qui m’a beaucoup apporté.
Si vous aimez ou voulez découvrir l’écriture de Megan Lindholm (j’insiste sur ce point, Megan Lindholm, pas Robin Hobb) ce recueil saura vous séduire et vous donner envie de lire d’autres textes de son auteur. Ces excellentes nouvelles, pourvoyeuses de réflexion, mais jamais moralisatrices, plairont à tout lecteur, même ceux qui ne sont pas amateurs de fantastique, SF et fantasy.


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