mercredi 27 novembre 2019

Challenge madeleine de Proust - Saison 2 !

Il est de retour ! Le challenge hivernal idéal pour les nostalgiques et les rêveurs !
C'est organisé par Lune d'un Papillon dans la Lune, ça se passe du 1er décembre au 31 janvier et c'est magique parce que ça te permet de lire, voir, écouter, cuisiner... du moment que ça ravive d'heureux souvenirs. Mais elle l'explique mieux que moi :
Je vous propose de lire, relire, voir, revoir, jouer, rejouer, écouter, réécouter, cuisiner (oui !!) pendant la période du 1er décembre 2019 au 31 janvier 2020. On inclut tout ce que vous voulez (livre, film, série, jeux vidéos ou pas, et même musique, ou recettes !) et qui vous rappelle soit votre enfance soit des supers souvenirs plus tardifs.
L'an dernier, je n'ai pas eu le temps de faire tout ce que j'avais prévu pour ce challenge. J'ai gardé ma liste dans l'espoir que nous aurions droit à une saison 2 et je suis impatiente de commencer.
J'ai choisi le niveau marron glacé, soit trois chroniques minimum. Cette année je me vautre dans le sucre !

Viens nous rejoindre, ça va être sympa !

lundi 25 novembre 2019

La Mythologie Viking

Un livre de Neil Gaiman, publié aux éditions Au Diable Vauvert.


Si vous avez déjà lu Gaiman, vous savez que son inspiration se nourrit de mythes, de légendes et de contes. Il puise avec facilité dans le grand chaudron de notre imaginaire et trouve toujours le moyen de rendre ce qu’il en extrait à la fois familier et original. La mythologie nordique a une place très particulière dans ses univers, c’est sans doute pour cela qu’il a eu envie de conter à sa façon ses mythes préférés.
Sur le groupe de fans de Gaiman, quelqu’un dont j’ai oublié le nom (désolée), a comparé ce livre à des covers de ses chansons préférées, disant que c’était bien, mais qu’il préférait quand même les versions originales. Cette comparaison est assez parlante. Si vous connaissez déjà ces mythes, vous aurez le plaisir de les retrouver. Sinon, vous pourrez les découvrir dans une version un peu simplifiée mais néanmoins élégante. C’est un bon livre pour une première approche de la mythologie nordique, mais pas pour découvrir l’écriture de Gaiman.
Ces mythes choisis sont bien entendu contés du Commencement au Ragnarök, l’auteur induisant une légère progression au fil des histoires qui nous montre comment les dieux en sont arrivés là.
Gaiman sait raconter. Il n’enjolive pas les mythes, mais il les a tant intégrés à son imaginaire qu'ils font partie de lui. Il sait les partager et les faire vivre. Ce qui est intéressant dans ce livre, c’est justement la très légère subjectivité dont a fait preuve Gaiman. Il n’a rien changé, pourtant on voit ce qu’il voit, on comprend ce qu’il a compris.
J’ai aimé redécouvrir ces mythes bien connus à travers son regard. Cela ne m’a fait que réaliser davantage pourquoi je l’aime tant. Il laisse sa sensibilité transparaître dans ces récits. J’ai notamment beaucoup apprécié sa vision de l’histoire de Fenrir et ne m’en suis pas étonnée. Sa façon de percevoir cette histoire explique en grande partie pourquoi j’aime autant l’homme lui-même que ses écrits.
Gaiman fait partie de ces écrivains face auxquels il n’y a que deux attitudes possibles : soit vous passez totalement à côté et vous ne comprenez pas ce que ses fans lui trouvent, soit vous en tombez irrémédiablement amoureux parce que sa sensibilité fait écho à la vôtre.
Il y a quelque chose dans ce qu’il raconte, quel que soit le texte, qui me parle et m’amène toujours à me sentir mieux, comme si j’avais besoin qu’on me raconte ces histoires. J’ai retrouvé un peu de ça dans ce livre, même si c’est en moindre mesure en comparaison de récits plus originaux.


La BBC a produit une adaptation radiophonique de certains de ces mythes. Elle repasse de temps en temps sur BBC 4, mais on peut se la procurer en version CD ou en numérique sur des sites comme Audible et Kobo (à ne pas confondre avec l’audiolivre lu par Gaiman). Comme d’habitude, elle est très bien faite. La mise en scène qui permet de lier les mythes choisis entre eux est charmante. Les acteurs sont excellents. C’est toujours un plaisir d’écouter ces adaptations. Si vous compensez bien l’anglais ou si vous voulez vous y exercer, je vous la conseille.

samedi 23 novembre 2019

Klaus


Jesper est un jeune homme beaucoup trop gâté que son père désespère de mettre au boulot. Pour le punir autant que pour lui apprendre la valeur du travail, il l’envoie créer un réseau postal sur une île perdue et sinistre dont les habitants, divisés en deux clans, passent leur temps à se battre.
Pour avoir le droit de rentrer et de retrouver ses draps de soie, il doit distribuer six mille lettres. Cependant la faune locale est tout sauf coopérative… Pour se sortir de ce pétrin, Jesper va devoir se montrer très inventif.
Jesper est l’un de ces anti-héros que l’on aime moquer, du moins au début. Il est fainéant, roublard, pleurnicheur… Cela le rend souvent très drôle. On ne compatit pas vraiment à ses ennuis parce que quand même il les mérite. Cependant, on finit par s’attacher à lui car, bien sûr, il n’est pas si mauvais.
Et puis il y a les autres personnages, tous aussi bien construits. Les chefs de clan qui comptent bien perpétuer une longue tradition de querelles, l’ex institutrice blasée qui s’est reconvertie en poissonnière et surtout le mystérieux Klaus qui vit seul dans les bois. Tous sortent des sentiers battus et c’est une bouffée d’air frais.
Ce dessin animé est un petit bijou d’intelligence et de beauté. L’histoire est jolie, jamais mièvre, elle est pleine d’un humour plutôt caustique. Tout est toujours pris à contre-pied et donne aux traditions qui entourent noël des explications aussi cocasses qu’originales. C’est toujours bien trouvé et amusant. 
L’animation est superbe. Il y a une fluidité et une chaleur particulière dans ces images qui rendent le visionnage très agréable.
Klaus n’est pas un récit de noël plein de bons sentiments, pourtant c’est une belle histoire où l’égoïsme devient altruisme, où une bonne action en entraîne d’autres en avalanche et c’est, avant tout, une belle histoire d’amitié. J’ai adoré.
Si vous ne devez regarder qu’un dessin animé de noël cette année, c’est celui-ci !

mardi 19 novembre 2019

Ciao Bella, la vie l'emportera

Un roman de Mélinda Schlige.

Présentation de l'éditeur :
Ingénieur, Benjamin se révèle incapable de réagir à un projet visant à déverser des drones autonomes au cœur des villes. Il pressent que le programme est un danger pour les populations, même si l'engin doit bénéficier de son propre réseau, mais il est entravé par le poids du suicide de sa tante, et son enthousiasme pour la haute technologie a pris fin en Afghanistan, où il a appris à ses dépens qu'un esprit malveillant peut transformer le drone en arme. Les intérêts de Buleo, son entreprise, et ceux du ministre des transports, ou même ceux de Tanya, sublime arriviste en charge de la communication du projet, sont autant d'obstacles à franchir, et les stratagèmes qu'il imagine ne suffisent pas à ébranler une machinerie bien huilée, soi-disant au service de tous. Parallèlement, Habib Khan, l'Afghan à l'origine du drame qu'il a vécu en Afghanistan, poursuit ses manœuvres pour parvenir à utiliser le Junction à des fins de vengeance. Il compte sur son frère Mahdi, et sur sa femme Asima, réfugiés en France, avec qui il a engagé une lutte contre les talibans ? Benjamin parviendra-t-il à recouvrer l'envie de se battre ? En aura-t-il les moyens ? Sera-t-il de taille face à l'ambition démesurée des Français, et à la détermination de Khan ?
Benjamin est ingénieur dans le domaine des drones. Un projet de son entreprise le ramène sur ses terres natales et ses souvenirs commencent à s’entrechoquer. De vieilles hantises remontent à la surface. Tout d’abord le suicide de sa tante Emma. Il ne s’est jamais remis de la mort de cette seconde mère dont l’influence pèse encore sur son existence. Et puis il y a son travail et le développement de drones urbains destinés aux commerçants et aux particuliers pour les livraisons de proximité. Benjamin a un jour accordé sa confiance à la mauvaise personne et s’est rendu complice d’un effroyable crime. Il craint plus que tout que ses créations soient de nouveau dévoyées pour servir les objectifs de personnes sans scrupules. Mais jusqu’où devra-t-il aller pour empêcher cela ?
Ciao Bella est une fiction spéculative où l’anticipation est légère mais pose de nombreuses questions morales concernant l’usage des technologies et leurs dérives. C’est un problème très actuel. Nous savons tous qu’en ces temps incertains ce que l’on crée pour nous faciliter la vie peut très vite se retourner contre nous. Cependant, au-delà de cette question importante, une autre interrogation rythme le roman : où se trouve la limite qui sépare un acte juste d’un acte terroriste. Entre théorie et pratique il y a tout un monde, fait de nuances et de l’impact que toute action peut avoir sur autrui. Des paramètres calculés peuvent malgré tout mener une action que l’on croit maîtrisée au désastre. Si de bonnes intentions ont des effets délétères, qu’importe que la motivation première ait semblé juste. 
Benjamin s’est trouvé confronté à un homme qui, en voulant se faire justice lui-même, a choisi d’occulter complètement les victimes innocentes qui se trouveraient sur son chemin. Ne risque-t-il pas de dériver à son tour ? Et cette mère en colère qui veut frapper un grand coup pour dissuader des extrémistes d’embrigader des jeunes ne court-elle pas à la catastrophe ? Nous sommes tous responsables de nos choix et de leurs conséquences mais nous ne les maîtrisons pas toujours ; nous pouvons tous franchir la limite sans nous en apercevoir. En luttant contre des terroristes et des oppresseurs en utilisant les mêmes moyens qu’eux, ne devient-on pas à leur image, même si l’on ne souhaite pas engendrer les mêmes dégâts ?
Benjamin est un homme idéaliste, un rêveur qui a cru que son travail rendrait le monde meilleur et qui a réussi mais est également tombé de très haut. C’est un personnage émouvant, que l’on voit évoluer, en quête du courage qui lui permettra de couper l’herbe sous le pied de ceux qui pourraient détourner ses drones. Il y a bien sûr les souvenirs de sa tante, cette blessure intime qui demeure et les questions en suspens qu’elle a laissées. Cependant, c’est dans sa relation avec Stella, une fillette immobilisée dans l’attente de l’opération qui la fera peut-être remarcher qu’il est le plus touchant. Stella représente l’avenir, elle rêve de liberté et de voyages. C’est pour elle et sa sécurité que Benjamin trouve la force de lutter. À côté de cela, sa relation avec Tanya, la mère de l’enfant, paraît malheureusement un peu trop artificielle et ne m’a pas convaincue.
Ce fut une lecture intéressante et bien construite pour la réflexion qu’elle propose. J’ai déploré que les faits soient contés de manière assez clinique, mais cela ne dérangera pas les lecteurs qui préfèrent aller droit au but sans fioritures. Il m’a manqué un petit quelque chose d’indéfinissable pour m’impliquer davantage dans le sort des personnages, cependant c’est une perception toute personnelle.
Si vous aimez les fictions spéculatives qui s’intéressent au devenir de nos technologies en développement, les romans qui traitent de problèmes actuels et les personnages dont l’histoire personnelle se mêle soudain à quelque chose de plus universel, cette histoire devrait éveiller votre intérêt.

jeudi 14 novembre 2019

L'Échiquier de jade, Sorcières Associées T2

Un roman d'Alex Evans publié chez ActuSF.

Vous pouvez aussi lire sur ce blog les chroniques du premier tome et d'autres textes dans le même univers :
- Sorcières associées (ce roman a été réédité par ActuSF. Ma chronique porte sur une édition antérieure. J'ai également lu la nouvelle version qui n'a pas subi de changements majeurs, aussi mon opinion reste inchangée.)
- Une Collection d'ennuis (nouvelle gratuite)
- Le Temple des transactions douteuses (nouvelle gratuite)

Présentation de l'éditeur :
Tanit et Padmé, sorcières associées, ont du pain sur la planche : la confusion règne dans la cité millénaire de Jarta. En pleine période électorale, le gouvernement s’apprête à accueillir une délégation diplomatique de la plus haute importance. Mais des démons surgis à l’improviste sèment la terreur, tandis qu’un antique échiquier disparaît mystérieusement du palais du Consul. Membres d’une secte sinistre, médium étrange et nécromant renégat, tous semblent être à sa recherche. Tandis que leur enquête se révèle de plus en plus dangereuse, les deux sorcières s’interrogent... Quel secret cache l’échiquier de jade ?
Un roman à deux voix porté par des héroïnes de caractère, une enquête trépidante dans une cité métissée... L’imaginaire steampunk d’Alex Evans s’illustre une fois de plus par sa richesse.
Un échiquier de jade, à la fois précieux et magique, a été dérobé. La situation est d’autant plus délicate que l’objet devait être offert en guise de cadeau diplomatique. Ce sont nos deux sorcières, Tanit et Padmé, qui sont chargées de retrouver l’artefact, mais bien évidemment ce ne sera pas leur seule préoccupation. Entre rebondissements, trahisons et cas de conscience, ni les sorcières ni les lecteurs n’auront le temps de s’ennuyer !
Ce tome est à base de démons et de politique, mais n’est-ce pas toujours comme ça à Jarta ? Le retour de la magie est source de toutes les convoitises et les amateurs se soucient peu des conséquences tant qu’ils obtiennent ce qu’ils souhaitent. En outre, ceux qui ont fait de la magie leur métier commencent à s’interroger sur le rôle qu’on veut les voir endosser et leurs prérogatives.
Bien sûr, c’est un plaisir de flâner dans Jarta avec les sorcières, de voir cette ville hétéroclite en pleine mutation, entraînée par le progrès, autant scientifique que magique, qui tente de s’amalgamer aux traditions et aux nombreux cultes qui ont pignon sur rue. Si l’argent est le roi de Jarta, la diversité est sa reine. J’adore l’originalité de cette ville qui mêle les cultures et sort résolument du cadre très occidental qui fait la fantasy habituellement. De même, j’apprécie le mélange de fantasy et de steampunk qui donne son identité à l’ensemble. Et que dire des personnages hauts en couleur...
Padmé et Tanit sont deux femmes très différentes. J’aime le fait qu’elles soient amies alors que tout devrait les opposer. Leurs capacités autant que leurs personnalités se complètent bien. Ce roman est aussi l’occasion de les connaître un peu mieux. Alex Evans consacre quelques chapitres à leur passé. J’ai particulièrement apprécié cette incursion dans l’enfance de Padmé. Si j’aime les deux personnages, j’avoue avoir quand même une petite préférence pour cette dernière. Elle est certes plus posée et plus altruiste que Tanit, mais c’est surtout dans son rôle de mère que je la trouve plus attachante. Il n’y a pas beaucoup d’héroïnes avec enfant en SFFF et Jihane, bien qu’elle soit un personnage secondaire, a un rôle intéressant, elle n’est pas là pour rehausser le décor. J’espère qu’elle évoluera encore et qu’on la verra davantage utiliser son don.
L’Échiquier de jade est une très bonne suite qui développe son univers tout en possédant ses propres intrigues. On y retrouve tout ce qui a fait le charme du premier tome et des textes d’Alex Evans de manière générale. Il ne me reste plus qu’à attendre la suite...

mardi 5 novembre 2019

Ghost Hunters Show

Une nouvelle numérique de Tesha Garisaki, publiée chez Realities Inc.

La nouvelle est gratuite jusqu'au téléchargement des mille premiers exemplaires, alors profitez-en vite.

Cet éditeur publie tous les ans une nouvelle d'Halloween et c'est toujours un plaisir de les lire. Certaines sont chroniquées sur ce blog :


Élisabeth vit à Mannaz, capitale du surnaturel, elle est médium en cours de formation. Avec Vincent, son colocataire et superviseur, elle a pour mission d’escorter l’équipe de tournage d’une émission de télé-réalité dans l’immeuble le plus hanté de la ville.
Avides de manifestations surnaturelles, si possibles spectaculaires, les membres du Ghost Hunters Show sont prêts à tout pour faire le buzz. Bien entendu, ils sont tout sauf professionnels et pas du tout préparés à rencontrer de vrais fantômes. Tesha Garisaki a parfaitement rendu la mauvaise foi inhérente à ce genre d’émission.
En voyant ces chasseurs de fantômes et la façon dont ils opéraient, je n’ai pu m’empêcher de songer aux Ghostfacers de Supernatural. Se moquer de ces personnages arrogants est un plaisir. Sarah est particulièrement détestable. La nonchalance de Vincent face à cette équipe de branques est désopilante. J’ai aussi beaucoup apprécié le personnage d’Élisabeth et me suis dit que ce serait sympa de la suivre dans d’autres aventures à Mannaz. On se sent facilement proche de cette jeune femme.
Cette nouvelle est très agréable à lire, elle alterne les passages drôles et émouvants, une vraie friandise d’Halloween. C’est une belle réussite et je n’en attendais pas moins.

lundi 4 novembre 2019

Projet Dragon

Un recueil de Sébastien Mora, publié chez Realities Inc.

Présentation de l'éditeur :
Dans un monde marqué par les stigmates de la Domination draconique, le Drannyr est un pays dirigé par la RCE, une entreprise totalitaire. Bien que la pratique de la magie y soit interdite, l’ADN de dragon suscite de nombreuses convoitises.
Un prospecteur, des agents spéciaux et une adolescente en fuite voient leur destin bouleversé par la quête de cette ressource éminemment magique, et l’ambition des cadres et dirigeants de la RCE…
Un recueil de trois nouvelles, dont Un Héritage draconique, précédemment publiée dans l’anthologie Réalités Volume III.

Cet ouvrage, sorte de fix up, contient trois nouvelles formant un arc narratif. La première d’entre elles, Un Héritage draconique, a été précédemment publiée dans Réalités III et est un des textes de cette anthologie qui m’ont le plus marquée. Je me souviens m’être fait la réflexion que j’aurais volontiers lu un récit beaucoup plus long ou une suite à cette histoire. Je suis ravie que ce soit chose faite.
Ah le Drannyr… ses ruines des temps du règne draconique, ses contrôles permanents et son régime totalitaire, un pays entier propriété d’une entreprise aux pratiques pour le moins douteuses. Tout ça donne envie, n’est-ce pas ?
Avant leur extinction, les dragons dominaient ce monde qui porte encore les stigmates de leur règne. Leur magie — et parfois leur ADN — demeure dans certains membres de leur bétail humain. Ceux qui en sont dépositaires sont traqués par la RCE, cette entreprise si puissante qu’elle possède un pays entier et dont les ambitions sont sans limite. 
Dans la première nouvelle, que j’ai relue avec plaisir, un géomancien est engagé pour chercher des gisements de minerais. Mais ça c’est la version officielle. S’il pouvait trouver un ancien site draconique, avec de préférence des restes d’ADN exploitables cela serait quand même davantage apprécié… Notre géomancien, personnage sympathique au demeurant, n’a pas idée du nid de serpents dans lequel il est tombé, d’autant qu’une charmante jeune fille a su lui faire baisser sa garde.
C’est une chouette nouvelle, vraiment agréable à lire, et elle est aussi la moins sombre du lot. L’auteur est allé beaucoup plus loin dans l’exploitation de son univers avec la suite, nous démontrant combien la RCE est retorse. Il faut dire que des promesses de sérum de longévité, de super-soldats totalement dévoués à leurs dirigeants et de magie surpuissante feraient tourner la tête à plus d’un.
Le deuxième texte nous montre à quel point la RCE ne recule devant rien pour arriver à ses fins, mais c’est surtout la troisième nouvelle que j’ai le plus appréciée. On se soucie des personnages au fil des récits, c’est cependant celui de Claire, cette jeune géomancienne capturée par la RCE et qui leur sert de cobaye, que j’ai le plus aimé. Le titre de la nouvelle, Claire obscure, est particulièrement évocateur. La jeune femme est tiraillée entre sa rage et les valeurs que lui ont inculquées ses parents. Elle est en cela vraiment touchante et humaine. On tremble pour elle, on veut la voir s’en sortir sans pour autant perdre cette humanité qui fait d’elle un personnage si attachant.
Projet Dragon est une excellente lecture, intelligente et nuancée. On croise entre ces pages des géomanciens aux pouvoirs extraordinaires, des mages, des espions, des mercenaires, des scientifiques cinglés… Cela nous offre un habile mélange entre fantasy et science-fiction qui, bien qu’éloigné de notre réalité, n’est pas dénué d’implications morales propices à la réflexion.