mardi 30 janvier 2024

Un Remède de cheval, Agatha Raisin T2

Un roman de M.C. Beaton, publié chez Albin Michel.
En version audio chez Audible, lu par Françoise Carrière.

Mon avis sur le tome 1.


Ma lecture du premier tome date de 2020 et je ne sais pas pourquoi j’ai tant attendu pour lire la suite car j’en garde un très bon souvenir. J’avais apprécié ce que proposait l’autrice, les bases qu’elle posait pour sa série et surtout son personnage principal sortant de la norme.
Agatha n’est pas sympathique. C’est une peau de vache, plutôt grossière quand elle s’énerve, mesquine, un rien manipulatrice et sa moralité est pour le moins élastique. Pourtant on l’aime quand même. Cela peut prendre un peu de temps, mais on finit par s’attacher, par voir davantage ses bons côtés et même apprécier ses défauts. Et puis elle est très drôle. Cela nous change de la jeune femme parfaite que la littérature glorifie d’ordinaire.
C’est le genre de roman qu’on lit vraiment pour se détendre. Même si dans cette série de cosy mysteries les enquêtes sont relativement bien construites, elles restent un élément de décor. Les personnages font tout le boulot. On s’investit dans leurs petites histoires. On déambule dans le village et on en glane les secrets, parfois honteux. C’est bien écrit, tout en n’étant pas le genre de roman qui marquera votre vie.
Dans ce tome, un nouveau vétérinaire arrive dans le village et toutes les femmes du coin s’en entichent aussitôt. Agatha, qui ne parvient pas à séduire son voisin, va jeter son dévolu sur lui. Mais n’a-t-il rien à cacher ? 
J’ai ri d’un bout à l’autre de cette écoute. Oui, j’ai choisi de passer au format audio pour cette série. En ce moment, j’ai envie de cosy mysteries. C’est la saison, me direz-vous. Or, je préfère écouter ce genre de livres plutôt que les lire et même s’il commence à y avoir plus de choix dans ce format, je suis souvent un peu déçue par ce qu’on me propose. Mais Agatha est une valeur sûre. À dire vrai, j’ai tellement apprécié que j’ai presque aussitôt enchaîné avec les troisième et quatrième tomes et cela ne m’a pas lassée, loin de là !

jeudi 25 janvier 2024

Comment bien rater son mariage à Noël

Un roman de Lucie Castel publié chez Saga Egmont pour la version audio, lu par M. J. Gilbert. Disponible en poche chez Charleston.


J’ai choisi ce titre dans la sélection des livres audio gratuits sur Audible parce que j’aime bien Lucie Castel et que j’avais besoin de quelque chose de léger. Cela n’est pas indiqué sur la page du livre audio, mais il s’agit d’un deuxième tome. Le premier, Pas si simple, n’existe pas dans ce format. Vous pouvez cependant écouter Comment bien rater son mariage à Noël sans vous perdre en route car l’autrice résume les événements du premier tome au fur et à mesure.
Une semaine avant Noël, Scarlett est censée boucler les préparatifs de son mariage, mais bien sûr rien ne va se passer comme prévu. Honnêtement, si elle avait prêté attention aux circonstances dans lesquelles avait été faite la demande en mariage, elle aurait dû s’y attendre. J’dis ça, j’dis rien… Entre sa mère (qui elle sait reconnaître un présage quand elle en voit un. Ou pas...), sa sœur qui plane, son beau-frère envahissant, son fiancé qui passe son temps au travail, les tantes qui débarquent de Corse après une décennie de guerre froide, sans parler du reste de sa belle-famille, elle était de toute façon mal barrée.
Si la pauvre Scarlett n’a pas fini d’en voir, cela reste très drôle pour le lecteur/auditeur, mais aussi émouvant parfois. Entre les lignes et les clichés dont on se moque sont abordés des sujets plus sérieux. Lucie Castel est certes drôle, mais elle a une vision du monde bien a elle, sensible et intelligente, et c’est ce que j’aime chez cette autrice.
Pour ce roman, elle a créé une belle galerie de personnages et j’ai aimé apprendre à les connaître.
Comment bien rater son mariage à Noël est une comédie agréable à lire pendant les vacances de fin d’année, pour se détendre et rire un peu. J’aime beaucoup l’humour de Lucie Castel et la lectrice, M.J. Gilbert, fait un excellent boulot. Elle apporte beaucoup de vie à l’histoire.
Je crois que j’aurais davantage apprécié mon écoute si j’avais lu Pas si simple avant. Je ne sais pas si je le lirai, je crois que je connais un peu trop les personnages et l’histoire maintenant, mais j’aimerais bien une suite avec des personnages secondaires. Ils ont en grand potentiel. En tout cas, j’ai passé un bon moment avec ce roman.

mardi 23 janvier 2024

Le Règne des chimères - Les Royaumes Immobiles T2

Un roman d'Ariel Holzl, publié chez Slalom.
Cette série ne compte que deux tomes.



Le tome précédent m’ayant laissée dans l’expectative, j’ai préféré lire le deuxième dans la foulée, d’une part car je souhaitais connaître la suite et d’autre part car il m’a semblé plus judicieux de le lire tant que tous les indices que j’avais glanés étaient encore frais dans ma mémoire. J’ai bien fait. Ces livres auraient clairement mérité d’être réunis en un seul.
Cependant je dois avouer que j’ai moins aimé cette deuxième partie et je ne pense pas que cela soit dû à un trop long séjour dans cet univers tortueux. D’ailleurs, cette lecture ne m’a pris que deux jours, comme pour le premier volume.
L’histoire m’a semblé plus lente dans cette partie, toujours intéressante, cependant répétitive. Dans ce drame shakespearien, passions et égarements se répètent comme dans l’opéra éternelle de Khald. Cela fait sens à la fin, mais devient néanmoins lassant au fil des péripéties.
On en apprend davantage sur la cour des Ombres et le monde féerique, ce qui est appréciable. L’auteur tient ses promesses et réserve même quelques surprises. J’ai été ravie de voir que j’avais bien décodé plusieurs de ses références et bonne perdante quand je ne les avais pas vues venir.
Cependant Ivy est insupportable dans ce deuxième tome, ce qui a plombé ma lecture. Si j’étais toute disposée à lui pardonner sa naïveté dans le tome précédent car je la pensais justifiée, je croyais aussi qu’elle avait tiré des leçons de ses erreurs et grandit un peu. Elle avait d’ailleurs pris conscience de ses défauts et faisait face à son destin et aux épreuves avec plus d’opiniâtreté. Je m’attendais donc à la retrouver plus posée et tactique. Malheureusement il n’en est rien. Elle m’a semblé beaucoup plus puérile dans cette suite. Elle vit certes une situation compliquée, mais je doute que se plaindre continuellement et jouer les bravaches soit une solution… Elle se montre très prétentieuse, sans pourtant en avoir les moyens, et ressemble davantage à une enfant capricieuse qu’à une reine.
J’ai donc été quelque peu déçue par ce deuxième tome. Il est bien écrit et cohérent avec ce que l’auteur nous avait laissé entrevoir, mais assez plat d’un point scénaristique, notamment à cause du périple des personnages qui s’étire en longueur et répétitions. En outre, lesdits personnages m’ont semblé davantage caricaturaux dans cette suite. Cela fait sens avec la fin cependant et je garderai un bon souvenir de cette duologie.

jeudi 18 janvier 2024

La Princesse sans visage - Les Royaumes Immobiles T1

Un roman d'Ariel Holzl, publié chez Slalom.
Cette série ne compte que deux tomes.

Présentation de l'éditeur :

Une plongée fantastique au royaume des feys
Dans les Royaumes Immobiles, l'existence est contrôlée par quatre monarques. Sans eux, la réalité serait réduite à un flot d'énergie magique et chaotique. Or le trône d'Automne, vacant depuis trop longtemps, menace cet équilibre : il faut lancer un nouveau sacre. Sept jeunes femmes peuvent y prétendre. La compétition sera sans pitié. Ivy est candidate malgré elle. À 18 ans elle a passé toute son existence cachée derrière les murs de son manoir et les parois de son masque.
Elle est une " Belle-à-mourir " : quiconque voit son visage est pris de folie meurtrière ou suicidaire. Propulsée dans le monde des Sidhes, la noblesse des feys, au cœur de manigances qui la dépassent, elle va devoir puiser dans ses ressources pour survivre. Un chemin qui la mènera bien plus loin qu'elle ne l'aurait imaginé...

Un roman fantastique de haute volée dans l'univers sombre et mystérieux des Feys.

Evergrey, le royaume fey de l’automne se délite et si les trois autres reines des saisons ne lui trouvent pas rapidement de monarque, le mal atteindra bientôt leurs contrées. Aussi organisent-elles une série d’épreuves retorses pour tester les candidates qu’elles ont-elles-mêmes choisies. Reines autant que participantes ont leurs ambitions et sont prêtes à tout pour tirer leur épingle de ce jeu cruel, mais c’était sans compter une candidate de dernière minute… Une jeune femme qui ne prend pas la mesure du nid de serpents dans lequel on l’a jetée.
Férue de mythes, de légendes et de fantasy ancrée dans ce fertile terreau, j’arrive aussitôt que l’on me parle de feys. Le sujet est à la mode actuellement et cela donne lieu à autant de belles découvertes que de déconvenues. Cependant, en choisissant un roman d’Ariel Holzl, je savais opter pour une valeur sûre et j’ai été emportée par ce récit. L’auteur a construit son monde et ses personnages autour d’un noyau composé de ce magma de connaissances, d’histoires et de légendes qui parlent à chaque amateur du genre, mais en y apportant son originalité, le foisonnement de sa tortueuse imagination (oui c’est bien un compliment) et l’élégance acérée de sa plume. J’ai aimé toutes les références, notamment shakespeariennes et tout ce qu’elles laissent deviner.
Ivalie, l’héroïne de ce roman, est un personnage aussi attachant qu’intéressant. L’auteur distille ses informations au fur et à mesure, laissant au lecteur le temps de chercher entre les lignes. Ivalie change beaucoup au cours du récit. La jeune fille naïve et un peu pleurnicheuse, qu’elle a néanmoins conscience d’être, s’étoffe et s’endurcit au fil des épreuves, mais son cœur reste généreux. J’ai hâte de voir ce qu’elle deviendra dans la suite.
J’ai terminé cette lecture en deux jours. Il m’a été très difficile de la lâcher sur la deuxième moitié. Le récit est intelligent, plein de détails et de références plus ou moins évidentes qu’un lecteur attentif appréciera. Je vais illico enchaîner avec le deuxième tome (ce que je déteste faire d’habitude) car la fin du premier explose dans un cliffhanger. Comment pourrais-je attendre davantage avant de savoir ce qu’il advient de tous ces personnages ?!

mardi 16 janvier 2024

Comment naissent les araignées

Un roman graphique de Marion Laurent, publié chez Casterman.

Présentation de l'éditeur :

4 personnages, 4 destins croisés, 4 vies enchaînées. 

Alice, jeune blonde fraîche et séduisante se cherche dans une ville banale de l'Amérique des années 90. Elle cherche l'amour, elle cherche un sens à sa vie. Isadora, la clocharde, alcoolique... qui se cache derrière cette façade, y avait-il une femme avant l'épave ? Billie, est l'amie d'Alice. Elle ne va plus au cours de danse. Billie est noire. Billie est amoureuse d'un blanc. Barack Obama n'est pas encore président. Dwight aurait bien pu s'appeler Kurt. Artiste dans l'âme, il dessine. Il aime dessiner Alice...
Cette BD traînait dans ma pile à lire depuis des années. Je l’avais achetée dans une vente privée, pour trois sous, parce que j’aimais bien la couverture et le résumé. Je mets souvent du temps à me décider à lire les BD, allez savoir pourquoi… Bref, je me suis dit qu’il était temps, d’autant que j’ai décidé de lire une BD par semaine cette année histoire de faire baisser la pile.
Comment naissent les araignées est un récit choral. On y fait la connaissance d’Alice, une fille qui semble avoir tout pour elle et que tout énerve, les gens, la vie en général. Alice étouffe dans sa petite ville et en particulier sous l’égide de sa mère. Mais elle n’est pas si à plaindre qu’elle le croit. Et puis elle rencontre Dwight, un gars sympa, mais qui a ses problèmes.
On croise aussi le chemin de Billie, belle, intelligente, populaire. Bille étouffe aussi, entre les règles strictes de sa mère et la surveillance de son frère. Elle voit petit à petit sa liberté se restreindre, même si elle se comporte du mieux possible selon les critères de sa famille, et ses proches briser avec désinvolture le moindre de ses espoirs. J’ai beaucoup aimé Billie.
Et puis il y a Isadora, revêche, têtue. Elle vit dans la rue et noie dans l’alcool ses cauchemars aussi bien que ses regrets. J’ai aimé apprendre à connaître Isa, comprendre ce qui l’a menée là, ce qui a empoisonné son esprit et aigri son cœur. J’ai aimé la voir interagir avec Billie et surtout Alice. 
Elles ont beaucoup à s’apporter toutes les trois et elles le font à leur manière, parfois brute. Ces femmes en souffrance grandiront de leur rencontre, de la confrontation de leurs peines et angoisses et du soutien qu’elles parviendront, malgré tout, à s’apporter.
N’attendez cependant pas quelque chose de tout gentil et plein de bons sentiments. Aussi belle qu’on puisse trouver cette histoire, elle est très déprimante. Elle nous parle de l’adolescence et de ses difficultés, de filiation, de conflits familiaux si puissants qu’ils créent des névroses, de dépendance et des situations critiques que peut créer le manque de communication. Elle nous rappelle l’importance d’être soi, de se faire confiance avant tout. Elle nous parle des rencontres fortuites qui peuvent changer la vie. Mais elle nous dit aussi que certaines choses sont impossibles à changer. On ne peut pas tout guérir ni tout rattraper. 
Le récit se conclut avec Dwight, personnage aussi attachant qu’angoissé et cela m’a fait l’effet d’un immense gâchis. Pas parce que la conclusion m’a gênée, bien qu’elle soit triste. Non, ce qui m’a fait cet effet est la façon dont ce jeune homme s’est laissé empoisonné, un peu comme Isa, par son manque de confiance en lui et en l’autre au point qu’il ne s’est jamais permis ne serait-ce que d’apprécier ce qu’il avait. Dwight ne pouvait tout simplement pas croire à son bonheur et c’est cela le plus déprimant dans cette histoire.
C’est une bonne lecture, mais gardez-la pour un moment où vous avez le moral.

dimanche 14 janvier 2024

Pâtisserie végétale

Un livre de Linda Vongdara et Pierre Hermé, publié chez Solar.

Présentation de l'éditeur :

Éternel explorateur de nouvelles techniques et saveurs,
Pierre Hermé aime être là où on ne l'attend pas.
Ce nouvel ouvrage consacré à la pâtisserie végétale en est la preuve tangible !
Accompagné de Linda Vongdara, il nous invite à le suivre
sur le chemin de la gourmandise ultime avec des grands classiques revisités en version végétale et des recettes spécialement conçues pour ce livre : babka, croissant Ispahan, sablé breton, fondant chocolat vapeur, entremets Fleur de Cassis, millefeuille Infiniment Chocolat, macaron Rose des Sables....
Une éblouissante démonstration !
Je vous le dis tout de go, ce n’est pas le meilleur livre sur la pâtisserie végétale dans lequel investir si vous débutez (autant dans l’art de la pâtisserie lui-même que dans sa version végétale) : il ne vous donnera pas de bases solides à exploiter. Et si vous vous y connaissez déjà, l’intérêt que vous lui trouverez sera anecdotique.
Je ne suis pas fan de la présentation : de grandes pages aux textes ramassés dans les coins. Cela renforce l’impression d’un contenu délayé. Quitte à proposer un grand livre, autant en exploiter la mise en page pour le rendre agréable à consulter. Ce n’est pas le genre de livre que vous garderez dans votre cuisine. Fragile dans sa conception et peu pratique de par sa taille et son poids.
Ce livre propose une approche plutôt snob de la pâtisserie et, pour un si gros volume, bien peu de recettes. Ce sont souvent des variations sur le même thème. Je peux le comprendre, mais j’aurais espéré un peu plus de diversité quand même.
Ces recettes n’ont pas éveillé mon intérêt et je trouve les explications plutôt succinctes. Prenons l’exemple des croissants, une recette qu’il est d’ailleurs assez facile de végétaliser. D’ailleurs, n’en déplaise à Pierre Hermé, la plupart des boulangeries ne proposent plus de croissants au beurre depuis bien longtemps. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont végétaux, mais je cesse-là ma digression. Revenons aux croissants. La recette, qui est exploitée pour quatre préparations et se déploie donc sur un nombre conséquent de pages, ne donne aucune indication sur le tourage. Mon père était pâtissier alors je sais ce que je dois faire. Bien sûr, vous trouverez sur internet de nombreuses vidéos qui vous montreront ce que l’on attend de vous, mais vous ne devriez pas avoir à les chercher. Ce type de livre est censé vous offrir des explications claires au minimum. Ou alors vous êtes déjà un bon pâtissier et vous n’avez pas besoin d’un tel ouvrage pour expérimenter et trouver votre pâte à croissants végétale idéale.
Ce sont de bonnes recettes, équilibrées et certainement toutes savoureuses, je ne le nie pas. Cependant elles ne tiennent pas autant que je m’y serais attendue les promesses de la préface et de l’introduction . Celles-ci évoquaient le goût et la créativité. Elles proposaient de réinventer la pâtisserie plutôt que d’offrir de simples équivalences. Or, ce sont des équivalences que j’ai trouvées ici, ni plus ni moins, avec des produits coûteux de préférence. Je vois tout à fait l’intérêt de ces denrées en pâtisserie, surtout quand on veut recréer des textures. Néanmoins, on pourrait davantage exploiter des produits plus courants, qui ont des propriétés étonnantes en pâtisserie sans pour autant altérer le goût. Créer de nouvelles recettes plutôt que chercher à imiter est aussi « réinventer ».
La préface parlait de « désapprendre [les] bases et s’ouvrir à d’autres » mais de mon point de vue — en tant que personne s’intéressant à la pâtisserie végétale depuis des années — cela n’a été abordé que de façon frileuse. La pâtisserie végétale peut être aussi riche et variée que la traditionnelle, tout en restant accessible au commun des mortels. Elle a beaucoup plus à offrir, en termes d’ingéniosité aussi bien que d’inspiration, que ce qu’on trouve dans cet ouvrage.

mardi 9 janvier 2024

L'Hiver de la Sorcière, Trilogie d'une nuit d'hiver T3

Un roman de Katherine Arden, publié chez Denoël dans la collection Lunes d'encre.

Les tomes précédents :

Présentation de l'éditeur :

Moscou se relève difficilement d'un terrible incendie. Le grand-prince est fou de rage et les habitants exigent des explications. Ils cherchent, surtout, quelqu'un sur qui rejeter la faute. Vassia, avec ses étranges pouvoirs, fait une coupable idéale. Parviendra-t-elle à échapper à la fureur populaire, aiguillonnée par père Konstantin ? Saura-t-elle prévenir les conflits qui s'annoncent ? Arrivera-t-elle à réconcilier le monde des humains et celui des créatures magiques ? Les défis qui attendent la jeune fille sont nombreux, d'autant qu'une autre menace, bien plus inquiétante, se profile aux frontières de la Rus'. Conclusion magistrale de la "Trilogie d'une nuit d'hiver", L'Hiver de la sorcière peut, comme les tomes précédents, se lire indépendamment. On y retrouve la poésie, la magie et la sombre cruauté des contes russes qui ont fait le succès de la série dans le monde entier.
Il était grand temps que je lise cette suite. J’ai essayé au printemps dernier, mais cette trilogie est taillée pour l’hiver et semble incongrue à toute autre époque.
Quelle épique conclusion que celle-ci ! J’ai adoré ce tome. Il a brisé mon cœur et exalté mon âme. Il m’a rappelé pourquoi j’aimais tant l’écriture de Katherine Arden, alors que le tome précédent, quoique bien écrit, me l’avait un peu fait oublier.
Ce tome est pour Vassia celui de la maturité. Dans le premier, nous l’avons connue enfant, nous avons découvert avec elle ses capacités et assisté à la formation de son caractère. Dans le deuxième, exaltée par sa toute nouvelle liberté, elle se croit invincible comme beaucoup de jeunes adultes. Mais dans le troisième… J’ai aimé cette Vassia devenue adulte. Elle fait toujours des erreurs, elle a gardé en elle ses idéaux de jeunesse, mais elle est aussi plus prudente, plus maligne, plus déterminée aussi. Les malheurs l’ont forgée.
Katherine Arden a su construire un récit solide dans lequel elle mêle habilement la grande histoire et la petite ainsi que les légendes et contes russes, mais elle a également construit des personnages qu’elle refuse de garder figés. Vassia en est la plus aboutie et demeure la grande force de cette histoire. Qu’on comprenne ou non ses choix, on craint pour elle et sa famille.
J’ai aussi une grande affection pour ses frères et sœurs, même si seulement deux d’entre eux sont présents dans ce dernier tome. J’aime particulièrement Olga, plus posée que Vassia, intelligente et ouverte d’esprit même quand la situation la dépasse. J’aurais aimé que les autres membres de la famille aient aussi une petite place dans ce récit, mais je reconnais qu’il y avait déjà beaucoup à faire.
Cette trilogie de fantasy douce équilibre parfaitement l’histoire et les légendes. Chaque tome a soufflé sur les braises de mon amour des contes de manière fort bienvenue. J’en garderai un excellent souvenir.

dimanche 7 janvier 2024

Coven

Un roman graphique de Taous Merakchi pour le scénario et Da Coffee Time pour les illustrations, publié chez Dupuis.


Ève, Lily, Diane et Morgane se connaissent depuis l’enfance et fréquentent le même lycée. Toutes sont très attachées au vieil orme du parc que la mairie projette de couper. Elles font donc cause commune pour le sauver. D’abord elles pensent y parvenir grâce à une pétition et des manifestations, mais quand Lily lance une idée en l’air elles l’attrapent au vol et décident de miser sur le surnaturel pour s’assurer la victoire.
Si on excepte l’introduction, qui sert surtout à attiser la curiosité du lecteur, c’est devant l’orme qu’on fait vraiment la connaissance des quatre filles, alors que chacune se remémore ses plus beaux souvenirs liés à l’arbre et c’est là que j’ai commencé à les aimer. Ces adolescentes sont très attachantes, chacune a une personnalité bien à elle, cohérente et qui sonne juste. J’ai eu dès le tout début envie d’apprendre à les connaître et de les voir évoluer. Certaines sont davantage vouées à la figuration que d’autres et c’est bien dommage. Cependant, cela ne déséquilibre pas trop la dynamique du récit au profit d’une seule héroïne. 
Coven propose une intrigue classique et sans surprise, mais qui reste plaisante, surtout pour un jeune public. Quant à moi, qui suis sans doute un peu trop âgée pour cette lecture, il m’a semblé que l’autrice oscillait entre plusieurs influences sans vraiment trouver sa propre voix ni quoi faire de son histoire. Un peu de romance, un peu de chronique adolescente, un peu de fantastique, un peu d’horreur… Le mélange a pris, mais manque de consistance. Qui plus est, la fin m’a un peu déçue, même si elle fait sens de par sa valeur initiatique.
Ce n’était pas pour moi, mais j’ai quand même passé un bon moment avec ce roman graphique car j’aime les histoires de sorcières. J’ai de surcroît apprécié toutes les références culturelles glissées autant dans le récit que les dessins (qui pour le coup parleront sans doute plus à ma génération qu’à un jeune public) et ça m’a rappelé ma propre adolescence.