dimanche 29 septembre 2019

Mes Petits Vampires : Blood is magic!

Un roman de Lia Vilorë, publié aux éditions du Petit Caveau.

Vous pouvez également découvrir les chroniques des tomes précédents :
- Vampires d'une nuit de printemps
- Vampires de sorcellerie

Présentation de l'éditeur :
Moi, Lía Fáil, j’ai beau être une Éternelle sans peur ni reproches, j’ai un gros problème d’ordre existentiel. Je vous explique : vous vous rappelez du Vampire ? Le papa éternel serial-killer-esque d’Amaël qui a fait la une des journaux de L.A cet été ? Eh bien, techniquement, je suis censée sauter de joie d’avoir été sauvée de ses crocs. Sauf que NON ! Hélas, même pas le temps de prendre en main ma dépression, ou d’encaisser l’Amaël 2.0 qui n’a même plus besoin de moi et me fait même des cachotteries. Nop ! Parce que 1 : le briseur de mon cœur est en ville pour vendre son œuvre, mon travail. Et 2 : en cadeau pour NOËL, Amaël (A-MA-ËL) essaie de ME couper la tête ! J’ai forcément dû faire un fumble épique quelque part entre les scénarios « Le vampire dont vous êtes l’héroïne » et « Une décapitation pour Noël » de cette maudite campagne vampirique.

Attention, cette chronique contient quelques informations concernant les tomes précédents. 

Ce fut avec grand plaisir que j’ai retrouvé les vampires de Lia Vilorë. J’éprouve pour eux une certaine tendresse et j’attendais cette suite impatiemment. 
L’autrice prend le temps de nous rafraîchir un peu la mémoire dans le prologue, ce qui n’est pas du luxe dans mon cas. Ma lecture du tome précédent date quand même d’il y a trois ans… Pour autant, je n’ai pas eu trop de mal à me replonger dans cet univers loufoque mais néanmoins complexe. 
Après les événements de Vampires de sorcellerie, Lía Fáil est affaiblie mais elle n’aura pas le temps de souffler pour autant. Sa relation avec Amaël n’est pas au beau-fixe et ses responsabilités de Maîtresse vampire sont lourdes à porter. 
Ce troisième tome est le pivot de la série. On bat les cartes et on redistribue. Ou plutôt c’est Max qui le fait. Ce roublard avait plus de coups d’avance qu’on pouvait le croire… Voir que les dominos qu’il a lui-même placés continuent de tomber bien après son départ est délectable et montre à quel point la série tout entière a été bien construite. J’ai d’emblée eu un faible pour ce personnage — certes manipulateur mais extrêmement brillant — et voir sa présence planer au-dessus de sa dernière disciple me console de sa disparition. 
Comme ses prédécesseurs cet opus est donc riche en révélations et en retournements de situations. On ne s’ennuie jamais avec cette série. Comme d’habitude, les personnages doivent résoudre un mystère et sauver leur peau. On ne change pas une formule gagnante. La pauvre Lía est attaquée de toutes parts. Elle se trouve enfin face à son passé et il est temps pour elle de s’en délester. Au grand plaisir du lecteur qui attendait cela. Mais aura-t-elle le temps de s’en préoccuper quand son plus fidèle allié pète les plombs ? 
J’ai apprécié le développement apporté aux personnages, Lía évidemment, mais aussi Gavin et des personnages plus inattendus. Bien entendu le roman est toujours plein d’humour et jalonné de références à la culture pop, ce qui contribue à le rendre agréable à lire. 
Je n’ai à déplorer que quelques coquilles, dont une assez drôle pour un roman vampirique. Mais bref, cela s’oublie vite quand la lecture est aussi agréable. 
Je ne me lasserai jamais de ces vampires et de la mythologie très personnelle et originale que Lia Vilorë a su créer et entretenir au fil des tomes. Cette série n’est jamais là où on l’attend et c’est ce qui fait son charme. 
Maintenant je veux la suite.

vendredi 27 septembre 2019

Moitiés d'âme, Chroniques des cinq trônes T1

Un roman d'Anthelme Hauchecorne, publié chez Gulf Stream.


Les Faëes ont disparu sans que l’on sache pourquoi. Elles ont déserté leurs cours, mais laissent dans leur sillage une forme de magie — mägerie selon le terme de l’auteur — que les humains pratiquent encore. Alors que l’étude de leur langage et de leur peuple est frappée d’anathème, les puissants s’arrachent leurs reliques et plus particulièrement les liances, ces bagues qui renforcent leur pouvoir. Cependant, cette magie n’est pas accessible à tous les humains. En outre, elle ne se pratique qu’à deux et dépend entièrement de la relation qu’entretient le couple, de son équilibre. Filer un sortilège seul expose à des risques, mais le filer quand on se déteste est pire encore. 
Dans cette Fantasy féerique qui rappelle notre moyen-âge, les aristocrates sont ceux qui possèdent le don. Et ils ne se gênent pas pour en abuser. Tout enfant qui naît avec est confié aux Maîtres ou aux Maîtresses de l’Art et il leur doit obéissance. Ainsi Liutgarde, qui possède la mägerie de Sève du Printemps, n’a pas choisi son époux, en revanche, elle a bien choisi de le fuir. Ce faisant, elle a rencontré un groupe de caravaniers qui lui a sauvé la vie et, avec eux, Rollon, dont elle est tombée amoureuse. Auprès de ces gens qui tous, à leur façon, fuient l’autorité des Maîtres, va-t-elle trouver une famille ou se perdre définitivement ? 
Dans ce roman, les obédiences et les intentions de chacun sont sujettes à conjectures. L’auteur prend un malin plaisir à vous égarer en même temps que ses protagonistes. Cette intrigue labyrinthique et des personnages très travaillés font tout le charme du roman. 
Quelles sont leurs véritables motivations ? À qui se fier ? Liutgarde, qui connaît si peu la vie, va devoir s’armer à ses dépens. D’autant qu’il reste une Faëe en ce monde, cachée dans une forêt à la sinistre réputation. Elle se nomme dame Hölle et elle a un plan. 
Aux amateurs de sombre féerie, de complots et de personnages retors, ce roman complexe est fait pour vous ! En outre, l’objet lui-même est superbe avec sa belle couverture, sa tranche travaillée et ses en-têtes de chapitres. C’est le genre de beau livre qu’on ne peut s’empêcher d’ouvrir. Vous vous sentirez tout de suite dans l’ambiance.

dimanche 22 septembre 2019

Dans l'Ombre de Paris, La Dernière Geste T1

Un roman de Morgan of Glencoe, publié chez ActuSF dans la collection Naos.

Présentation de l'éditeur : 
Depuis des siècles, les humains traitent les fées, dont ils redoutent les pouvoirs, comme des animaux dangereux. Lorsque la princesse Yuri reçoit une lettre de son père lui enjoignant de quitter le Japon pour le rejoindre, elle s'empresse d'obéir. Mais à son arrivée, elle découvre avec stupeur qu'elle a été promise à l'héritier du trône de France ! Dès lors, sa vie semble toute tracée... jusqu'à ce qu'une femme lui propose un choix : rester et devenir ce que la société attend d'elle ou partir avec cette seule promesse : « on vous trouvera, et on vous aidera. » Et si ce « on » était la dernière personne que Yuri pouvait imaginer ?
Morgan of Glencoe est barde, c'est sans doute la raison pour laquelle elle raconte si bien les fées. Avec Dans l'Ombre de Paris, elle crée un incroyable univers où les royautés françaises et japonaises ont su se maintenir sur un terreau d'injustices.
Grande amatrice de romans liés de près ou de loin à la féerie, je me suis laissé tenter par Dans l’Ombre de Paris sans trop savoir à quoi m’attendre. Dans cette version uchronique de notre monde, les êtres féeriques sont considérés comme des animaux dans la plupart des pays et la dynastie des Bourbon règne toujours sur la France. L’autrice a battu et redistribué toutes les cartes pour nous offrir quelque chose de familier et d’original à la fois. 
Il ne m’a pas fallu longtemps pour prendre mes marques. J’ai été happée par cette histoire complexe qui se déploie sur plusieurs axes narratifs. Je me suis progressivement attachée à tous les personnages, même si au départ j’avais une préférence pour les fourmis du rail. Et surtout, à mesure que ma lecture avançait, j’ai eu de plus en plus de mal à lâcher mon livre. 
Au centre du récit se trouve Yuri, princesse japonaise, intelligente, éduquée, pour ce que cela vaut dans un monde où les femmes sont considérées comme inférieures. Elle n’est pas grand-chose de plus qu’un joli bibelot qu’on peut échanger, si elle parvient à échapper aux tentatives d’assassinat que son rang lui vaut. Elle n’aurait besoin que de sortir de son cocon princier pour expérimenter les réalités de son monde. Savoir est une chose, le vivre en est une autre. J’ai beaucoup aimé la voir évoluer, tout comme la selkie à laquelle son existence semble irrémédiablement liée. Je n’en dirai pas plus pour vous laisser le plaisir de la découverte. Sachez toutefois que l’on suit de nombreux personnages dans ce roman. Cependant, aucun ne fait de la figuration. On s’attache, on craint pour la vie de certains, on tremble avec eux. Le fait qu’ils soient tous suffisamment développés est une des choses que j’ai le plus appréciées. Tous ces personnages et ces diverses pistes rendent le récit très prenant. On est frustré quand on quitte ceux que l’on suivait dans un chapitre et en même temps ravi d’en retrouver d’autres. 
J’aime ces romans qui ne sont pas linéaires, mais je sais bien qu’ils ont en général moins de succès que les autres dont la narration est prémâchée. Je trouve cela fort dommage. Il faudrait plus de ces récits qui forcent le travail de notre imagination et nous obligent à une saine petite gymnastique cérébrale. J’apprécie donc d’autant plus la complexité de ce roman qu’il fait partie de la collection Naos, destinée à un public adolescent. La littérature jeunesse fait de plus en plus confiance à l’intelligence de ses lecteurs. La collection Naos ne m’a d’ailleurs jamais déçue à ce sujet. 
Morgan of Glencoe nous propose un récit profond, porteur de bonnes valeurs. Elle y décrit même une utopie. Sa féerie est sombre, originale en comparaison de ce qui se fait habituellement. Elle a redessiné un monde, contemporain mais au léger parfum de gaslamp fantasy, que l’on se plaît à voir se déployer autour de nous. Elle a su le rendre tangible et vivant. 
Elle a réussi à me faire pleurer, ce qui n’est pas une mince affaire. Je ne voulais qu’une chose en tournant la dernière page : pouvoir lire la suite de cette étonnante histoire. 
Certaines lectures sont roboratives, elles vous apportent quelque chose d’un point de vue personnel. C’est le cas de celle-ci. Je l’ai savourée. En plus de vous tenir en haleine, de jouer avec vos émotions, l’autrice offre un récit intelligent qui pose de nombreuses questions et pousse son lecteur à la réflexion. Elle montre ce qui pourrait être, quelque chose de vraisemblable et de cruel, de si proche, malgré les grandes différences entre le monde qu’elle décrit et le nôtre. J’espère vous avoir donné envie de découvrir ce roman qui a su me passionner.

jeudi 19 septembre 2019

La Machine de Léandre

Un roman et une nouvelle d'Alex Evans, chez ActuSF.

Vous pouvez aussi lire sur ce blog les chroniques de textes dans le même univers :
- Sorcières associées (ce roman a été réédité par ActuSF. Ma chronique porte sur une édition antérieure.)

Présentation de l'éditeur :
Constance Agdal, excentrique professeur de sciences magiques, n'aspire qu'à une chose : se consacrer à ses recherches et oublier son passé. Malheureusement, son collègue disparaît alors qu'il travaillait sur une machine légendaire. La jeune femme le remplace au pied levé et fait la connaissance de Philidor Magnus, un inventeur aussi séduisant qu'énigmatique. Bientôt, une redoutable tueuse et un excentrique et un richissime industriel s'intéressent à ses travaux, sans oublier son assistant qui multiplie les maladresses et un incube envahissant...
Alex Evans, autrice du très remarqué Sorcières Associées, nous livre dans le même univers une enquête trépidante qui mêle admirablement steampunk et magie.
J’éprouve toujours une certaine affection pour les personnages d’Alex Evans. Ce sont des femmes intelligentes et débrouillardes. Constance, l’héroïne de La Machine de Léandre, ne fait pas exception. Cette histoire se déroule dans le même monde que celle des sorcières associées de Jarta, mais dans un autre pays et peut-être pas tout à fait à la même époque, même si on n’est pas loin. J’ai vraiment apprécié la découverte d’autres facettes de cet univers : un autre continent, d’autres mœurs et façons d’envisager la magie, de nouveaux personnages. On peut tout à fait lire et apprécier ce roman sans connaître les Sorcières associées. Cependant je gage que vous aurez très envie de faire leur connaissance ensuite. 
Après une absence de quatre siècles, la magie est de retour dans ce monde et il faut de nouveau l’apprivoiser. Surtout sur le continent nord où une secte religieuse a tenté d’en effacer toute trace après sa disparition. 
Constance est une scientifique, elle étudie le pouvoir d’une manière rigoureuse et terre-à-terre, bien qu’elle possédât elle-même le don. Elle ne l’utilise pas et le cache d’ailleurs, consciente qu’elle n’est pas une simple sorcière mais une chamane, ce qui s’avère autrement plus dangereux. C’est donc bien malgré elle que Constance va se retrouver hors de sa zone de confort, après l’ouverture d’une faille qui a laissé passer un démon et la disparition de l’un de ses collègues. 
Cela est toujours un réel plaisir de lire Alex Evans. On ne s’ennuie jamais, les personnages sont sympathiques et l’histoire distrayante. Les chapitres défilent sans que l’on s’en rende compte. 
Je ne regrette que la fin, un peu abrupte à mon goût. Cependant c’est probablement parce que je me suis attachée à Constance et que j’aurais voulu la suivre encore un moment. J’aimerais vraiment pouvoir lire un jour une suite à cette histoire. 

Ce court roman est suivi d’une nouvelle : La Chasseuse de livres. Les deux textes ont été édités séparément il y a quelques années par Walrus. Ils ont en commun le pays et l’époque. 
Si Constance était une scientifique qui se plaisait entre les murs de son laboratoire, Cassandra, l’héroïne de la nouvelle, se rêve chasseuse de livres. C’est un peu la version sorcière de l’archéologue. En ces temps où la magie revient et où de nombreux grimoires et artefacts ont été détruits ou cachés, les reliques sont précieuses. Cassandra rêve d’aventures et de découvertes qui lui assureraient un avenir professionnel plus radieux que celui auquel on voudrait la cantonner. Les femmes ne sont pas très bien considérées dans la cité de Grande Courbe... 
Cassandra est une jeune femme aussi charmante qu’elle est naïve. Il faut dire qu’elle a sans doute été sur-protégée toute sa vie. J’aurais voulu pouvoir la secouer un peu, lui hurler de se méfier ! 
J’ai moins aimé ce texte que le précédent, en grande partie parce que j’ai préféré le caractère de Constance, plus pragmatique et sensée, à celui de Cassandra. Pourtant les deux femmes sont intéressantes. Et comme je le disais précédemment, c’est toujours un plaisir de lire Alex Evans. 
La nouvelle se lit vite et on se prend au jeu. On a l’impression de chercher le grimoire avec Cassandra, on tente de voir au-delà des apparences. 
J’espère retrouver ces personnages, autant Cassandra (qui est d'ailleurs présente dans Sorcières associées) que Constance, dans d’autres aventures. Je serai en tout cas toujours ravie de me plonger dans cet univers.

vendredi 6 septembre 2019

L'Enfant du cimetière

Un roman de Pierre Brulhet, publié chez Séma.

Présentation de l'éditeur :
Abandonné par une nuit pluvieuse, un bébé grandit parmi les Esprits du cimetière. Il connaîtra, dans ce lieu intemporel, l’Amitié et l’Amour.
Mais par leur incompréhension et leur cruauté, les Vivants voudront le forcer à vivre dans le monde réel, alors qu’une terrible menace plane sur le cimetière.
Un enfant qui grandit dans un cimetière, forcément, quand je lis ça, je pense à Nobody Owens. Pourtant, L’Enfant du cimetière ne possède que peu de similitudes avec le roman de Gaiman. Il est tout aussi fantasque, mais tend plus vers le Merveilleux que le Fantastique. Comme dans les contes, on ne se pose pas trop de questions, on accepte même les choses les plus bizarres ou illogiques. C’est aussi beaucoup plus enfantin et assez classique pour un ouvrage jeunesse. 
Pierre Brulhet nous offre un récit tendre et mignon, qui ne recèle rien d’effrayant et plaira sans problème à un jeune public, même aux enfants qui ne sont pas friands d’histoires de fantômes. L’Enfant du cimetière est un ouvrage vraiment facile à lire. 
L’ambiance est bon enfant, de mignonnes illustrations closent des chapitres courts, tout est fait pour rendre la lecture agréable. On suit volontiers le petit Yoann qui vit au rythme du cimetière et aimerait bien en découvrir plus sur ses origines. Avec lui, on apprend à connaître le lieu et ses résidents. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y a plus de vie que de mort dans ce cimetière… Pour autant, j’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à ces personnages. 
C’est une histoire plutôt sympathique, mais qui est tout de même pleine de clichés. De mon point de vue, la littérature jeunesse est censée ouvrir l’esprit, pas le formater. Je reste donc assez dubitative face à cette lecture. Mais après tout je suis une adulte...