samedi 28 mars 2015

Le Volcryn

Une novella de G.R.R. Martin publiée en poche dans la collection Hélios des Indés de l'imaginaire.

volcryn

Présentation de l'éditeur :

« J’ai senti cette chose dès mon arrivée à bord. Et cela empire. Cela me poursuit dans mes rêves. Il y a quelque chose de dangereux et d’étranger, Karoly, d’étranger ! »

Depuis des temps immémoriaux, les volcryns traversent la galaxie. Personne ne sait d’où ils viennent, où ils se rendent... ni même ce qu’ils sont vraiment. Karoly d’Branin est bien décidé à être celui qui percera ce mystère. Entouré de scientifiques de talent, il embarque sur l’Armageddon. Mais bien vite les tensions s’accumulent. Quelle est cette menace sourde qui effraie tant leur télépathe ? Et pourquoi le commandant du vaisseau refuse d’apparaître autrement que par hologramme ? Karoly est certain d’une chose : ses volcryns sont tout proches. Pas question de faire demi-tour. Quel qu’en soit le prix.

Mondialement connu pour sa série du Trône de Fer, George R. R. Martin a eu avant elle une riche carrière d’écrivain, récompensée par de prestigieux prix (Hugo, Nebula, Locus...). Touchant à tous les genres avec le même brio, à l’aise aussi bien sur la forme longue que plus courte, il signe avec Le Volcryn un huis clos spatial angoissant qui tient en haleine jusqu’à la dernière page. Prix Analog 1980 Prix Locus 1981

Une équipe de chercheurs s’embarque pour un voyage spatial afin d’aller à la rencontre d’un hypothétique peuple extraterrestre parcourant l’espace depuis des siècles et uniquement connu par le biais de quelques mentions dans des mythes ou légendes interstellaires : les Volcryns. Cependant, la traversée n’est pas aussi calme que l’espéraient les membres de l’équipage. Le mystérieux commandant de leur vaisseau, Royd Eris, qui vit dans une partie du bâtiment qui leur demeure inaccessible et qu’ils n’ont jamais vu que sous forme d’hologramme, semble cacher un certain nombre de secrets. Peu à peu, la peur et la paranoïa s’instillent dans l’esprit des chercheurs, amplifiées par le confinement. Le danger est-il réel ? Et, si oui, d’où vient-il ? Cette novella tient évidemment de la SF, mais n’a rien à envier au roman noir ou au genre horrifique grâce au huis-clos angoissant qu’elle met en scène. L’ambiance est sombre et délétère, mais, pour parachever un heureux mélange des genres, on peut également découvrir une très belle histoire d’amour entre ces pages. L’intrigue démarre lentement et j’ai eu un peu de mal, au début, à identifier les personnages. En plus de retenir leurs noms, il fallait intégrer leur fonction qui sert parfois de périphrase pour les désigner. C’est un coup à prendre, il suffit d’être attentif durant les premières pages, après cela va tout seul. La trame est bien trouvée et suffisamment développée pour un récit court. À un moment donné, l’origine du mal devient évidente, mais le texte reste toujours prenant et l’issue incertaine. Le Volcryn est une excellente novella avec laquelle G.R.R. Martin prouve une fois de plus qu’il est tout aussi talentueux pour la SF que la Fantasy et tout autant habile à développer un récit concis qu’une saga fleuve.

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vendredi 20 mars 2015

La Belle et la Bête (2014)

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Je ne vais probablement pas me faire des amis parmi les romantiques qui pensent que La Belle et la Bête est un conte parlant d’amour qui transcende les apparences. Non… À la base, il s’agit d’un conte créé pour éduquer les jeunes filles et leur faire comprendre qu’un mariage de raison n’est peut-être si horrible que ça. Elles seront sans doute dégoûtées par le vieux mari riche que leur papa fauché a pu leur trouver, mais elles s’y habitueront et verront bien ses qualités avec le temps.
J’ai brisé un mythe, je pense avoir gagné ma journée. Et pourtant je vous assure, j’aime bien ce conte. Je l’ai lu ou vu sous diverses formes, certaines intelligemment construites, d’autres très mièvres, pourtant je ne m’en lasse pas. Et, même si son but de départ n’est pas très glorieux, il est aussi ce que l’on a voulu le faire devenir par la suite, à savoir qu’il nous pousse quand même vers moins de superficialité.
Pour cette fois je vais m’intéresser au film de Christophe Gans sorti en 2014.


Quand j’étais petite, j’avais, entre autres versions, un album illustré de La Belle et la Bête que le début de ce film m’a beaucoup rappelé. Cela m’a mise mal à l’aise jusqu’à ce que je le comprenne.
Puis, le film se détache progressivement de l’histoire originelle, ce qui me laisse plutôt mitigée. Visuellement, cela reste joli, un peu trop même. On a parfois l’impression que l’esthétique prime, que l’histoire n’est qu’accessoire et assujettie à la volonté de créer de belles images. Pour ma part, je pense que cela devrait être l’inverse.
Et cette obsession de l’esthétisme alourdit le tout car ce film est long, trèèèèès looooooong quand on passe beaucoup de temps à regarder Belle, affublée d’une de ses nombreuses robes de princesse, avancer dans des décors grandioses, avec des bestioles animées qui ne servent absolument à rien. Oui Belle, moi aussi j’aime mettre des robes de bal et me coiffer comme si j’allais me marier pour me promener dans la cambrousse… Je sais, c’est un conte de fée, il faut de jolies robes, mais bon, honnêtement, rendre le tout un peu moins superficiel n’aurait pas été un mal.
Cette Belle est fade et n’a pas vraiment de personnalité ; absolument toutes les émotions se valent sur le visage de Léa Seydoux. À aucun moment je n’ai ressenti de sympathie envers elle et, disons-le franchement, je me suis ennuyée pendant presque tout le film. L’adaptation en elle-même, avec ses variations, n’est pas transcendante. C’est une histoire que l’on connaît et qu’on aime ou pas telle qu’elle est, il est difficile de la réinventer et l’esthétique du film n’y suffit pas.
De plus, la Belle et la Bête m’ont semblé avoir, dans cette version, bien moins de profondeur que les personnages secondaires et leur relation n’est pas du tout exploitée. Belle ne tombe pas amoureuse de la bête, mais de l’homme que celle-ci a été, cela veut dire beaucoup de choses.
Visuellement c’est un joli film, assez longuet dans l’ensemble, manquant de personnalité. Je n’en retiendrai pas grand-chose, même si je ne regrette pas non plus de l’avoir vu.


Si vous souhaitez lire des réécritures de ce conte, je vous conseille La griffe et l’épine de Pierre-Alexandre Sicart, nouvelle présente dans l'excellente anthologie Contes de villes et de fusées dirigée par Lucie Chenu et publiée par Ad Astra, ainsi que Belle de Robin McKinley publié chez Mnémos mais qui doit sous peu ressortir en poche chez Pocket.


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challenge WMF


Sur le fil, dernière chronique pour le Challenge Winter Mythic Fiction saison 2 !

jeudi 19 mars 2015

Nouvelles en vrac (5)

J’avais un bon d’achat sur la boutique des éditions Mythologica, c’était donc l’occasion parfaite pour découvrir quelques nouvelles numériques.
J’ai avant tout opté pour du fantastique car cela reste mon genre de prédilection.


Ces nouvelles ne sont pas disponibles sur toutes les plateformes de téléchargement. Je vous encourage vivement à vous les procurer via le site de l’éditeur.


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La Nuit toutes les Dames sont blanches d’Élodie Meste


Une nouvelle très courte, mais efficace. Elle a connu une première publication dans Ghost stories, une anthologie publiée chez Asgard (que je n’ai toujours pas lue… J’avais dit que je le ferais, d’ailleurs ce ne serait pas une contrainte, mais ce livre joue les fantômes dans ma bibliothèque, j’en suis persuadée !).
Bien évidemment, il s’agit d’une histoire de fantôme. Cependant, l’auteur joue avec les codes du genre et c’est plutôt agréable à lire. Elle intrigue plus qu’elle n’effraie, pourtant l’ambiance est sombre à souhait. Elle l’a écrite pour qu’on la relise une fois la chute découverte et c’est une bonne idée.
J’avais pressenti la fin, du moins en partie, mais cela ne m’a pas gênée. La réinterprétation de cette légende urbaine est très plaisante.


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L’impératrice des gnomes de Pénélope Labruyère


Âmes sensibles s’abstenir !
Si l’Horreur ne se trouvait pas si souvent estampillée Fantastique, cela m’éviterait de tomber sur de telles nouvelles, même si, honnêtement, j’aurais pu me douter de ce qui m’attendait, malgré un résumé de présentation extrêmement succinct. La frontière est mince entre ces deux genres et ce texte-là a clairement basculé du côté le plus obscur…
Je n’ai pas apprécié cette lecture, cependant la qualité du texte n’est pas du tout en cause. Il est très bien écrit, dégueulasse à souhait et si vous aimez ce genre de récits bien crades et suintants, il est fait pour vous. Moi, par contre, je ne suis pas cliente et j’ai pourtant le cœur suffisamment accroché à mon goût. J’ai lu des texte violents et immondes par le passé, mais j’ai beaucoup de mal avec le fait que cette horreur-là ne serve pas un but précis, à part celui de vous retourner l’estomac.


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Hell’s Hope de Delphine Imbert


Les textes signés Delphine Imbert sont fort rares et je suis toujours ravie quand j’en découvre un. Si j’aime suivre cette auteur, c’est parce qu’elle a une Voix particulière. En plus d’un beau style, elle met de la profondeur, de l’humanité dans ses écrits.
Cette nouvelle-ci ne fait pas exception à la règle. Elle est magnifique, sombre, passionnante et, bien sûr, magnifiquement écrite. Le fantastique s’y insinue peu à peu, pour flirter ensuite avec la fantasy, mais ce n’est pas cela le plus important.
J’ai été bouleversée par le personnage principal, jeune femme à la fois fragile et forte, intelligente, sensible, mais en demi-teinte. Hope est complexe, cependant l’auteur arrive à nous la rendre accessible en bien peu de pages. Son histoire est troublante et laisse une grande part à l’imagination du lecteur, sans pourtant donner l’impression qu’il aurait fallu la développer davantage.
Ce texte mérite largement la mention coup de cœur.


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Le tribunal des corbeaux de Delphine Imbert


J’aime les corbeaux et les écrits de Delphine Imbert, ceci pourrait être aussi simple que cela, mais j’aimerais savoir comment faire passer, en quelques phrases, toutes les émotions que cette lecture m’a procurées. J’en frissonne encore.
Le texte est magnifique, poétique, mais pour être franche je n’en attendais pas moins venant de cet auteur. L’histoire m’a également interpellée, mais semble bien difficile à résumer. Je tiens à vous laisser le plaisir de la découverte.
Cette nouvelle est riche de symbolisme et réveille des échos dans ma mémoire. D’anciennes lectures tourbillonnaient dans ma tête, me rapprochant inexorablement du personnage, attisant l’empathie comme l’immersion dans le récit.
C’est de l’excellent fantastique et encore un autre coup de cœur.


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Contes des temps d’avant Noël de Nathalie Dau


Avant Noël et même avant Yule, les mythes étaient tout neufs et se prélassaient sous le soleil d’un monde plus jeune. Ils aidaient l’humanité à appréhender son environnement par le symbole. J’ai une tendresse particulière pour eux car ils sont le terreau de notre imaginaire. Cela, Nathalie Dau l’a bien compris. Ses écrits sont toujours nourris de mythes, de contes, de légendes, tout en ayant leur propre originalité.
Avec ce récit, elle nous offre l’un de ces mythes prompts à révéler des souvenirs enfouis. Elle conte à merveille l’une des nombreuses facettes de Yule, mais également de Noël, car tout est lié.
J’ai souri tout au long de ma lecture. Ce conte est superbe et peut être lu à tout âge. Je dirais même qu’il a été écrit pour être partagé, lisez-le donc à vos enfants, de préférence en décembre.


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mardi 17 mars 2015

La Danse des étoiles

Un roman de SF de Jeanne et Spider Robinson, publié aux éditions ActuSF.
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Présentation de l'éditeur :

Parce qu’elle était trop grande et parce qu’elle avait trop de formes, Shara Drummond, malgré son talent, ne correspondait pas aux standards de la danse moderne, lui interdisant de faire carrière... sur Terre.
Mais dans l’espace, libérée de la gravité, tout est de nouveau possible, quitte à réinventer sa discipline et devenir la première à danser en chute libre.
Et quand les extraterrestres sont apparus dans le Système solaire, c’est elle qui nous a sauvés.
Moi, Charles Armstead, son opérateur vidéo, son ami, j’étais là quand elle effectua sa Danse des étoiles. J’ai tout enregistré.

Spider Robinson est un auteur américain. Écrite à quatre mains avec sa femme, Jeanne – danseuse et chorégraphe – La Danse des étoiles est une oeuvre bouleversante et humaniste, qui fut couronnée à sa sortie en 1977 des prix Hugo, Locus et Nebula

La Danse des étoiles est un roman merveilleux. Spider et Jeanne Robinson, lui auteur de SF et elle danseuse ainsi que chorégraphe, ont su parfaitement allier leurs compétences. Il se dégage de cette œuvre une harmonie qui transcende les mots, même si le style, à lui seul, est très plaisant et entraînant. Alors que je ne suis pas particulièrement sensible à la danse, j’ai trouvé les descriptions des chorégraphies magnifiques et je pense mieux apprécier cet art après lecture.
Outre le fait que le résumé me parlait, j’ai eu envie de lire ce roman car un autre ouvrage de Spider Robinson est mentionné dans Morwenna de Jo Walton que j’ai adoré. Ce sont parfois de petits détails qui permettent de belles rencontres littéraires.
Si vous avez lu le résumé de quatrième de couverture, sachez que ce qu’il vous a dévoilé n’est que l’ébauche succincte de la première partie du récit, un grain de sable en comparaison de ce qui vous attend. L’histoire est belle, surprenante et, bien que l’action soit rarement trépidante, elle donne envie de tourner les pages.
C’est de la SF des années 70, d’où un côté, à mon sens, un peu hippie. Par contre, les auteurs ont situé ce futur à notre époque, ce qui nous donne une histoire parallèle à la nôtre, contemporaine sans l’être. C’est toujours amusant de voir ce que des auteurs ont pu imaginer pour notre début de XXIe siècle. Dans les années 70, on pensait vraiment que les progrès de la science dans certains domaines seraient fulgurants et spectaculaires. Le décalage est plutôt drôle, même si évidemment ce n’était pas voulu. Dans le roman, l’humanité a des usines dans l’espace, mais encore des cassettes vidéo…
La Danse des étoiles est bien de la SF, même si on pourrait penser en lisant les premiers chapitres que cela est accessoire. L’art se mêle à la science-fiction, mais aussi à la philosophie et à la métaphysique, voire au mysticisme sur les bords. Le récit, profondément humaniste, nous emmène à la rencontre d’êtres qui cherchent à se transcender. Sympathiques, humains, attachants et tellement vivants, les personnages sont la grande force de ce roman.
Shara Drummond est une des plus grandes artistes de son temps, mais elle ne peut réussir dans la danse moderne car elle n’a pas le physique qui correspond aux canons de celle-ci. Cela est évidemment profondément injuste, mais Shara n’est pas femme à se laisser abattre. Ce n’est pas tant la gloire qu’elle recherche, mais le droit d’être elle-même, de s’exprimer en tant qu’artiste. Pourquoi le lui refuserait-on ?
J’ai adoré ce magnifique personnage ! Shara est émouvante, flamboyante, téméraire. Elle est l’impulsion de tout le roman, une incroyable force de vie qui habite ces pages.
Charlie est le narrateur et je l’ai tout de suite adopté. C’est un gars aigri, mais avec un bon fond. Il est idéaliste derrière son cynisme et l’humour grinçant qui lui sert de bouclier. Il raconte tout d’abord Shara avant le succès, telle qu’il l’a connue et aimée. On peut ressentir sa rage et sa frustration envers les journalistes qui ont raconté tout et n’importe quoi sur elle, mais peu à peu l’histoire devient aussi celle de Charlie.
Il faut dire que le récit est censé être écrit en plusieurs fois par le narrateur, ce qui explique que l’évolution de ce dernier et ses choix futurs ne soient pas forcément visibles entre les lignes des différentes parties. C’est un choix très futé de la part des auteurs. La première partie est donc rédigée à un moment où il est encore pris dans les sentiments que lui a inspiré cette époque cruciale de sa vie. On peut ainsi apprécier les bouleversements de son existence avec une conscience accrue.
J’ai vraiment adoré la première partie. Elle est grandiose et, toute seule, pourrait être un coup de cœur. Elle parle d’art et d’humanité comme peu de textes le font. Évidemment, elle méritait une suite, mais je la vois comme une nouvelle dans le roman, un texte magnifique qui pourrait se suffire à lui-même.
J’ai aimé le reste de l’histoire aussi, je l’ai lu l’esprit grand ouvert, mais je l’ai appréhendé d’une façon différente. Le texte est beau, bien écrit et émouvant, pourtant quelque chose m’a un peu retenue. Peut-être qu’en fait je ne suis pas candidate à la pensée sphérique comme le sont les personnages. Et puis je n’ai pas tant foi en l’humanité, alors le côté un peu mystique et « nous sommes les hippies de l’espace » des derniers chapitres m’a sans doute un peu moins convaincue. Malgré cela, j’ai quand même apprécié la fin.
Cet excellent roman, qui m’a emportée dès ses premières lignes, m’a également apporté réconfort et apaisement dans un moment difficile. Pour cela, pour l’humour qui l’égaie et la beauté de l’histoire, je garderai une certaine tendresse à son égard. Je suis heureuse que les éditions ActuSF l’aient réédité, permettant ainsi à une nouvelle génération de lecteurs de le découvrir.
À noter que La Danse des étoiles peut tout à fait se lire indépendamment, mais est le premier tome d’une trilogie dont les suites ont été écrites vingt ans plus tard. Les tomes suivants mettent en scène d’autres personnages et je serais assez curieuse de les découvrir.

vendredi 13 mars 2015

La Reine des Neiges, Les Outrepasseurs T2

Un roman de Cindy Van Wilder publié chez Gulf Stream.


Mon avis concernant le premier tome est ici.


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Outrepasseurs 2




Présentation de l'éditeur :
Les Outrepasseurs viennent enfin de capturer la dernière fée libre, Snezhkaïa, la Reine des Neiges. Ils ignorent qu'ils viennent de déclencher une malédiction qui risque de les anéantir. Peter, qui supporte de moins en moins de se plier à la volonté de Noble, tente de retrouver le Chasseur pour mettre fin à cette lutte séculaire...



Après un premier tome épique, alors que je m’étais passionnée pour le destin de ces personnages, j’attendais énormément de cette suite. Je ne suis pas déçue.
La couverture est encore une fois magnifique et tient ses promesses car dans ce volume un personnage aussi mystérieux qu’exceptionnel fait son entrée : Snezhkaïa, la Reine des Neiges. J’éprouve une certaine fascination pour le personnage originel, j’étais donc, de fait, un public difficile, mais Cindy Van Wilder m’a offert une magnifique Reine des Neiges, cruelle, mais paradoxalement sympathique, rusée, charismatique et déterminée. Elle est sans nul doute l’un de mes personnages préférés de cette trilogie. On la voit peu néanmoins, mais j’aime ce que ces quelques scènes arrachées à l’histoire des Outrepasseurs laissent présager pour la suite.
Nous apprenons enfin à mieux connaître les Héritiers, dont Peter et Shirley, ce qui m’avait un peu manqué dans le premier tome. Néanmoins, le passé de leurs ancêtres, ainsi que celui de leurs parents, n’est pas mis de côté. Noble et Hermeline se dévoilent un peu plus et des réponses arrivent petit à petit, bien que l’on sente que l’auteur garde le principal pour le tome suivant.
Il m’a plu que, pendant une bonne partie de l’ouvrage, les personnages soient nuancés, pas totalement gentils, pas totalement mauvais. Malheureusement cela se gomme un peu vers la fin, surtout en ce qui concerne les personnages secondaires. Mais bon, on sait déjà que l’effet de groupe peut faire faire n’importe quoi aux gens…
La Reine des Neiges est le tome du chaos, les événements se précipitent, les pistes se confondent, mais le puzzle se met lentement en place. J’apprécie le fait que l’auteur mêle nos contes et légendes à son intrigue, leur offrant ainsi une nouvelle dimension, sans pour autant dépendre d’eux. La fin laisse présager le meilleur pour la suite et j’ai hâte de lire celle-ci.


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challenge WMF


Challenge Winter Mythic Fiction

mardi 10 mars 2015

Ella Enchanted / Ella au pays enchanté

Ella enchanted


Avant de parler du film, j’aimerais dire un mot sur le roman dont il est l’adaptation : Ella l’ensorcelée en français, qui est publié par L’école des loisirs. Il s’agit d’un excellent ouvrage qui peut être lu par des jeunes autant que des adultes, bien écrit, réfléchi, pas mièvre pour deux sous. Ma première lecture date d’une dizaine d’années au moins et je garde beaucoup d’affection pour cette belle histoire que je trouve très positive pour la gent féminine. L’intrigue s’inspire du conte de Cendrillon, que je n’affectionne guère car il a pour personnage central une jeune fille incapable de prendre son destin en main. Cendrillon subit les bonnes autant que les mauvaises choses qui lui arrivent. Ella l’ensorcelée nous offre une autre approche et une héroïne tout sauf fataliste. Si Ella se montre soumise, c’est qu’une fée lui a jeté un sort, pensant lui faire un beau cadeau (ou plutôt à ses proches…). Elle est forcée d’obéir dès qu’on lui donne un ordre, dût-il la mettre en péril. Elle se bat de toutes ses forces contre cela. C’est une jeune fille indépendante, intelligente, elle ne reste pas passive à attendre le prince qui la sauvera. Et, pourtant, prince il y aura…


Parce que j’ai aimé le roman et que la magie est encore présente quelques années plus tard, je n’étais pas tentée par l’idée de voir le film. J’avais peur qu’il gâche tout et, honnêtement, j’avais raison.
Cependant, ces derniers temps le roman m’est revenu en tête et je me suis dit que j’allais quand même essayer pour le Winter Mythic Challenge, après tout, peut-être serai-je agréablement surprise… Temps perdu, au final je ne sais même pas comment j’ai pu regarder ce film en entier.
Que dire ? Cela faisait longtemps que je n’avais rien vu d’aussi kitsch. Il reste peu de la trame du roman dans le scénario du film, si ce n’est le début, et même si je comprends la nécessité d’adapter un récit écrit pour une transmission plus visuelle, je m’interroge sur l’utilité de rajouter une intrigue secondaire (et les personnages qui vont avec) alors que l’on n’exploite pas vraiment la trame principale…
Mandy, la sage marraine d’Ella, devient une potiche, son père s’efface dans le décor, emportant avec lui une partie de la dynamique familiale complexe qui donne corps au récit, mais évidemment il n’en oublie pas de ramener à sa fille une méchante belle-mère et la progéniture dégénérée de celle-ci… Un peu trop dégénérée d’ailleurs. Et Ella se doit de se battre pour libérer des peuples opprimés qui n’ont rien à faire dans cette histoire…
L’humour est très lourd, il repose sur des anachronismes censément drôles et sur des acteurs qui sur-jouent un maximum, rendant ainsi l’histoire assez bêbête… La bande de filles décérébrées qui constitue le fan-club du prince m’a particulièrement écœurée.
Ce long-métrage ne nous offre qu’une héroïne insipide, un prince qui n’a rien de charmant, à part son nom, des méchants plus pathétiques les uns que les autres, une intrigue sur le racisme construite de bric et de broc et une fin particulièrement ridicule…
La morale de l’histoire, si belle dans le roman, devient complètement neuneu. Ce film amusera sans doute les très jeunes enfants grâce aux gags visuels, mais il ne vole vraiment pas haut, préférez-lui de loin le roman.


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challenge WMF

Challenge Winter Mythic Fiction

mercredi 4 mars 2015

Le Guide de l'uchronie

Un ouvrage de Karine Gobled et Bertrand Campeis, disponible chez ActuSF en papier et numérique.
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guide_uchronie

Présentation de l'éditeur :

Et si... ?
Et si Christophe Colomb n'avait jamais découvert l'Amérique ?
Et si les nazis avaient remporté la Seconde Guerre mondiale ?
L’uchronie joue avec l’histoire pour créer des réalités différentes, explorant des possibilités infinies.
Est-ce là l’expression d’une simple nostalgie rêveuse d’un passé jamais advenu ou une arme de réflexion philosophique ?
Karine Gobled et Bertrand Campeis, membres du prix ActuSF de l'uchronie, vous proposent d’arpenter avec eux les sentiers où réalité historique et fiction s’entremêlent. À travers des conseils de lecture, des interviews d’auteurs, des escapades dans le cinéma, la bande dessinée ou le jeu vidéo, ces deux spécialistes offrent un panorama d’un genre qui séduit de plus en plus.
Et si vous vous laissiez tenter par ce voyage dans les méandres du temps ?
L'histoire n'a jamais été aussi imprévisible...
Avec ce Guide de l’uchronie, Karine Gobled et Bertrand Campeis nous offrent une vue d’ensemble du genre, très complète et documentée, sous-tendue par de nombreuses pistes de réflexion. Le tout est clairement agencé, agréable à lire et accessible. Cet ouvrage pourra séduire les néophytes, qui découvriront entre ses pages ce qu’est l’uchronie ainsi que l’immense potentiel de celle-ci, aussi bien que les amateurs qui apprécieront sûrement l’analyse détaillée qui est faite du genre et trouveront peut-être de nouvelles idées de lectures.
Le Guide de l’uchronie est un ouvrage intéressant et bien construit qui pose de bonnes questions et tente d’y répondre sans pour autant cloisonner la problématique. On s’interroge sur l’intérêt, mais aussi la dangerosité, de l’uchronie, sur ses origines, ses différentes facettes et son affiliation à la science-fiction plus qu’au roman historique ainsi que sur la façon dont elle est perçue ailleurs dans le monde. J’ai trouvé tout cela passionnant.
L’essai est jalonné de nombreux entretiens avec des auteurs et scénaristes, mais aussi avec des journalistes, historiens, etc. Par exemple, Étienne Barillier, essayiste (notamment auteur du Guide du steampunk, également publié chez ActuSF) intervient à propos des liens entre uchronie et steampunk. Le point de vue de Fadi El Hage, historien, apporte aussi une autre dimension à ce guide. Cela contribue à ouvrir le débat et à appréhender le genre de manière plus ample. J’ai beaucoup apprécié la découverte de tous ces entretiens qui sont vraiment un plus dans cet ouvrage. En ce qui concerne les auteurs, la récurrence des questions donne un résultat particulièrement intéressant car il permet d’englober tous les points de vue pour mieux alimenter la réflexion.
Ce guide, en plus de définir l’uchronie et de l’analyser, présente les manifestations de celle-ci dans divers médias. La littérature reste évidemment prépondérante, mais ne s’arrête pas aux romans et nouvelles, les comics, les essais et autres articles ont aussi leur place, sans compter d’autres médias comme le cinéma ou la télévision, même le net est passé au crible.
Cela se révèle très enrichissant. En effet, il ne s’agit pas uniquement d’un catalogue d’ouvrages. Tous ceux qui sont cités illustrent le propos et tissent une toile dans laquelle les livres, ou autres supports, se répondent les uns les autres pour guider le lecteur à la découverte de tous ces univers alternatifs.
Très documenté, ce guide est indispensable pour tous ceux qui sont de près ou de loin intéressés par l’uchronie.