vendredi 22 février 2013

Dans l'univers de Krystal Camprubi...

S'il y a une illustratrice dont j'admire vraiment le travail, au moins autant parce que je me sens proche de sa vision de l'art et de ses influences que parce qu'il est d'une exceptionnelle qualité, c'est bien Krystal Camprubi.
C'est pour cela que j'aimerais vous inviter aujourd'hui à la découverte de cette artiste, par le biais de deux vidéos disponibles sur sa chaîne youtube.
J'en profiterai également pour glisser une information à propos de son diptyque, Oghams. Le premier volume, publié chez Au bord des continents, est une petite merveille. J'essaierai de prendre le temps de vous en parler plus longuement. Le second, qui sera édité par l'auteur et illustratrice elle-même, est maintenant en souscription.


Et voici les vidéos...
J'espère de tout coeur que vous vous laisserez enchanter à votre tour par l'univers de cette fabuleuse artiste.


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vendredi 15 février 2013

Fin(s) du monde, 20 récits pour en finir avec l'Apocalypse

Une anthologie publiée par les Éditions des Artistes Fous.

Quelques infos intéressantes :
- Cet ouvrage est illustré dans sa version papier comme numérique. Les illustrations sont en couleur dans l'ebook. Certes la liseuse n'est pas idéale pour les apprécier à leur juste valeur, mais je trouve qu'elles contribuent beaucoup à la qualité de l'ouvrage qui est vraiment très soigné.
- Le prix est plus que bon marché : 9,90 € pour la version papier (343 pages), 2,50 € pour l'ebook. Un pack est également disponible pour les deux versions à 10,90 €, ce qui est une initiative à saluer.
- La version ebook contient une nouvelle inédite : Le grand Lamento de Diane.
- Vous pouvez vous procurer cette anthologie sur le site de l'éditeur.


Présentation de l'éditeur :
Prévue le 21 décembre 2012 (selon les Mayas ou Hollywood) ou pour dans 3 milliards d’années (selon les astrophysiciens) ; consécutive à un désastre écologique (toujours Hollywood) ou à la collision de notre galaxie avec sa voisine (toujours les astrophysiciens) ; qu’elle soit d’origine humaine ou d’intervention divine... la fin du Monde a toujours été au cœur de nos fantasmes et de nos peurs.
Pour perpétuer la tradition, Les Artistes Fous Associés vous invitent à découvrir dans ce recueil 20 récits d’Apocalypse illustrés. Épopée cosmique et bouffonne en rimes et en vers, odyssée hallucinatoire d’un dernier survivant sans cesse rêvant d’un ailleurs hors du temps, recueil de fragments de vie étranges et menaçants dessinant la fin du monde façon puzzle, farce fellinienne sexuelle et féroce, et tant d’autres : venant des quatre coins de la francophonie, des auteurs et des illustrateurs débutants comme confirmés vous font partager leur imaginaire et une part de leur folie. Comme un baroud d’honneur face à l’anéantissement collectif.
Sommaire :
  • Le mot du président (Herr Mad Doktor)
  • Préface (Ludovic Klein)
  • Émancipation (Southeast Jones)
  • Bibliphobia (Mathieu Fluxe)
  • Ma fin du Monde (Vincent Leclercq)
  • Canicule (Adam Roy)
  • De terre et de sang (Herr Mad Doktor)
  • Clic ! (Southeast Jones)
  • La prophétesse (François Ali Wisard)
  • Noxos (Aurélien Clause)
  • Contrat (Southeast Jones)
  • Je meurs comme j’ai vécu (Vincent Leclercq)
  • Le carnaval de Cobalt (Ludovic Klein)
  • L’Apocalypse selon le Prince Jean (Vincent T.)
  • Souvenirs (Vincent T.)
  • Youpi, on va tous mourir ! (Marie Latour)
  • Khao-Okh (Ana Minski)
  • Crises Tentaculaires (Herr Mad Doktor)
  • Le club de la fin du Monde (Maniak)
  • Clic 2 : Le Gloublou (Ludovic Klein)
  • La fin d’un monde (Corvis)
  • ... (Southeast Jones)
  • Le grand Lamento (Diane) (nouvelle bonus pour le format numérique)
  • Sommaire
  • Remerciements et crédits

Mon avis :
Approchez m’sieurs dames, venez assister à la fin du monde ! Et même à plusieurs, ne soyons pas radins… Il y en aura pour tous les goûts ! Venez, n’ayez pas peur, les artistes fous vous proposent des fins du monde comme s’il en pleuvait, des sinistres, des étonnantes, des glauquissimes, des pleines d’espoir, des cyniques, des angoissantes, des individuelles, des radicales, des expéditives ou des terriblement lentes, des pour rire, des tranquilles, des drôles et des perturbantes… Sans parler des invités de marque, parmi lesquels rien de moins qu’un Grand Ancien… Fins du monde garanties pour tous ceux qui se sont sentis floués lors de la dernière prétendue Apocalypse !
Cette anthologie surprenante, aux textes extrêmement variés est une petite merveille. J’en ai lu l’édition numérique et celle-ci a été particulièrement soignée. Elle est illustrée, comme sa sœur de papier et si une liseuse ne rend pas vraiment justice au travail des illustrateurs, le lecteur a la compensation de pouvoir les admirer en couleur sur l’écran de son ordinateur. Et puis les textes sont vraiment très bien écrits.
Je n’ai pas eu l’impression d’une seule redite au fil de ma lecture, ce qui, avec un thème aussi couru que la fin du monde n’était pourtant pas une évidence. J’ai savouré à sa juste valeur ce concentré d’Apocalypse. Evidemment certaines nouvelles m’ont plus emballée que d’autres, mais toutes sont de qualité.
Bien entendu je ne pourrai pas évoquer tous les textes de cette anthologie, pas même tous ceux qui m’ont le plus séduit tant il y en a. Aussi, m’a-t-il fallu faire quelques choix, entre mes préférences et les textes qui, selon moi, doivent être mis en avant.
La première nouvelle, Émancipation, est une entrée en matière vraiment intéressante, car c’est un texte très oppressant et on le ressent à la lecture. Le lecteur se trouve enfermé avec un personnage misanthrope, un rien parano, et ne sait pas ce qui se passe au-dehors. La fin du monde attend-elle derrière la porte ? C’est une nouvelle vraiment très bien écrite, au point qu’une claustrophobe telle que moi ne peut qu’en être perturbée.
J’ai apprécié le réalisme de certains textes, comme Bibliphobia et Ma fin du Monde. Si le premier est d’un cynisme achevé qui met un peu de côté la tristesse de l’histoire, le second, lui, est empreint de pudeur, mais forcément touchant car, même de loin, cette situation n’est pas étrangère à beaucoup d’entre nous.
Parmi mes nouvelles préférées, il y a tout d’abord De terre et de sang, avec ses différents axes de lecture, son écriture fluide et imagée. C’est vraiment un très beau texte, exempt de la mièvrerie qui souvent accompagne ce sujet. Ici on voit les choses telles qu’elles sont, sans se bercer de faux espoirs ou d’excuses toutes faites.
Vient ensuite une nouvelle étonnante, aussi perturbante que brillante. Je peux vous dire que je n’ai pas dormi tranquille durant la nuit qui a suivi ma lecture de Noxos… Je sais que je me souviendrai longtemps de celui-ci. Comme je me souviendrai de La fin d’un monde. Il s’agit de la plus longue nouvelle de l’anthologie. Elle commence tranquillement sur une station spatiale en orbite autour de la Terre, mais devient vite angoissante. J’ai tremblé, été bouleversée jusqu’à la nausée par cette histoire, parce que je savais ce qui allait se passer. On sait toujours comment l’humanité se comporte quand les règles n’ont plus cours, on l’a lu dans des textes tout aussi bouleversants, on le devine aussi, mais ça ne change rien à l’empathie qu’on peut ressentir. J’ai lu cette histoire jusqu’à l’écœurement, jusqu’à en être malade, luttant pour ne pas aller voir la fin tout de suite et évacuer ainsi mon stress, parce qu’en bonne paranoïaque une idée horrible m’a effleurée dès le début, pire que toutes les turpitudes que je pouvais imaginer, plus cruelle que l’abolition de toute morale, de toute compassion. Je me suis trompée sur cette fin, mais elle ne m’a pas déçue. Ce récit est particulièrement réussi.
Heureusement qu’il y a aussi des textes plutôt drôles dans cette anthologie, pour contrebalancer les autres. J’ai particulièrement apprécié les deux Clics. Crises Tentaculaires mérite également d’être mentionnée, ne serait-ce que parce que tout délire écrit en vers doit être salué. Contrat m’a de même beaucoup plu. Ce n'est pas un texte drôle en soi, bien qu’il ne manque pas d’humour. L’idée est excellente en tout cas, comme c’est le cas pour La prophétesse, une nouvelle d’une mordante ironie.
Et parce qu’il ne peut y avoir de fin du monde sans zombies (n’est-ce pas Chani ?) Je meurs comme j’ai vécu comblera les amateurs du genre. Moi qui ne suis pas fan de cadavres en putréfaction, je me suis quand même bien marrée avec un personnage d’une beaufitude achevée.
Khao-Okh, enfin, est une nouvelle terriblement glauque et c’est ce qui fait sa force. Que deviendrait l’humanité si peu à peu se tarissait toutes ses sources de nourriture ?
Quoi que vous puissiez chercher dans cette anthologie, vous le trouverez. Il y a tant de mondes à voir se déliter… ou pas. Même sans avoir un esprit aussi cynique ou paranoïaque que le mien, vous trouverez forcément un intérêt à cette lecture. Et, pour le prix, ce n’est vraiment pas la peine de vous en priver.

mercredi 13 février 2013

La Suriedad

Une nouvelle d'Estelle Faye, publiée par les Moutons électriques au format numérique.
Elle est également disponible dans l'excellente anthologie Dragons publiée chez Calmann-Lévy.


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Présentation de l'éditeur :


Il est toujours dangereux de rencontrer les dragons...


« J’écris pour ne pas oublier. J’ai déjà perdu la mémoire, une fois, et maintenant je vis dans la crainte que cela se produise à nouveau. Je ne peux pas me le permettre. Je ne peux plus. J’écris dans un petit port de l’archipel des Galantes, il fait une chaleur étouffante. Ici, aujourd’hui, c’est la fête des morts, et c’est peut-être ce qui m’a décidé à coucher sur le papier cette histoire. »



Dragon ? Vous avez bien dit Dragon ? Un dragon et un bateau, j’arrive !


Derrière cette belle couverture se cache une magnifique nouvelle. Avec La Suriedad, Estelle Faye nous entraîne dans un voyage en mer, le récit d’une quête à la fois personnelle et humaine, un rien mystique, servie par un fantastique aux accents doux-amers. L’écriture, très plaisante, semble bercer son lecteur, imposant au récit un rythme au gré des flots, tantôt indolent, tantôt puissant, mais toujours fluide, naturel.
Certains diront qu’il s’agit de fantasy, j’y vois plus, pour ma part, du fantastique. Sans doute parce que ça m’arrange bien, c’est après tout mon genre de prédilection. Et puis le fantastique a cela de particulier qu’il s’attache souvent à un individu, comme c’est le cas ici, sans pour autant bouder une implication plus collective. Le narrateur a vu basculer son univers dans l’étrange, mais ça n’est pas vraiment le plus important. Le fantastique explore les méandres de l’esprit humain, ce qui, peut-être, fait de nous un monstre ou un humain comme las autres, selon la façon dont on accepte de regarder les choses. Mais je digresse… Et cette histoire offre bien plus d’axes de lecture qu’une seule quête personnelle.
La Suriedad est du grand fantastique, un récit passionnant du début à la fin et j’ai vraiment été touchée par cette nouvelle. J’avais envie de voyager avec ce texte et il a été à la hauteur de mes espérances. On se laisse doucement glisser dans cette histoire au parfum de légende, un peu triste c’est vrai, mais pas dénuée de tout espoir. Je me suis sentie très nostalgique en finissant cette lecture.
Et maintenant… Porcelaine, un roman de l’auteur, attend dans ma pile à lire. Je vais me jeter dessus dès que possible.


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lundi 4 février 2013

L'Assassinat de la maison du peuple

Une novella de Sylvie Denis, uniquement disponible au format numérique, publiée par les éditions ActuSF.
Vous pouvez l'acheter au format epub et PDF sur le site de l'éditeur, au prix tout à fait modique de 0,99€.
Je tenais à vous le signaler car j'ai vraiment beaucoup aimé ce texte et à ce prix-là il serait dommage de s'en priver. Et si vous n'avez pas de liseuse, le texte fait une trentaine de pages en PDF, certes ce n'est pas l'idéal mais ça reste tout à fait lisible sur écran.




Résumé de l'éditeur :


Lorsque George Mantour reçoit en 1913 une étrange missive avec un timbre à l'effigie de Napoléon IV, il sait que les ennuis ne sont pas loin... C'est son passé qui frappe à sa porte...


Sylvie Denis est une des meilleures novelistes de la science fiction française. Elle offre ici un chef d’œuvre steampunk...



J’ai véritablement été enthousiasmée par ce texte. Je ne savais pas à quoi m’attendre quand j’ai ouvert ce fichier pour la première fois (achat compulsif, attirance inexplicable alors que je n’avais même pas pris la peine de survoler le résumé…) et j’ai découvert, avec un intérêt croissant au fil des pages, une uchronie un brin steampunk, avec des accents de roman noir, un peu à la croisée des genres. Cette novella avait vraiment tout pour me plaire.
Le contexte en lui-même est intéressant. L’Europe, qui n’est pas tout à fait celle que nous connaissons, est aux portes de la première guerre mondiale. Or, un espion a été mandaté auprès d’un architecte, afin de le faire parler concernant une éventuelle, et fort mystérieuse, arme pouvant assurer à la France une supériorité dans la bataille. Mais qu’est-ce qu’un architecte, exilé en Belgique, loin de toutes considérations politiques, peut avoir à offrir dans une telle situation ?
D’abord rétif, George finit par céder à contrecœur et l’on voit avec fascination se dévider lentement une histoire datant de sa jeunesse, qui progresse par touches, tout en restant très prenante. Et c’est original, vif, plein d‘esprit. J’ai vraiment adoré cette novella.
Le texte est assez court, une cinquantaine de pages sur ma liseuse, une trentaine en PDF, mais c’est un récit très bien équilibré. Avec les novellas, même les meilleures, on a souvent une impression de frustration tant on voudrait en savoir plus, mais ce n’est pas le cas pour L’assassinat de la maison du peuple. Une part de cet univers est certes laissée à l’imagination du lecteur, mais l’intrigue est parfaitement développée et très prenante.
Je me suis laissée happer par cette histoire et n’ai pu refermer cet ebook avant d’en connaître la fin. Le seul défaut stylistique que j’ai pu lui trouver, c’est qu’il contient beaucoup (trop) de coquilles, néanmoins, cela mis à part, le suspense est maintenu durant tout le récit, la narration maîtrisée et on a vraiment l’impression de participer à cette histoire.


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dimanche 3 février 2013

Everfree

Un roman de Nick Sagan, publié chez J'ai Lu dans la collection Nouveau Millénaire.

Les chroniques des tomes précédents sont également sur ce blog :

Présentation de l'éditeur :
Le virus génétique connu sous le nom de Black-Ep a bien failli mettre un terme brutal à l'histoire de l'humanité, mais quelques-uns, dont les gènes ont été modifiés en prévision de la catastrophe, ont réussi à survivre. Hal, Pandora, Isaac et les autres posthumains s'appliquent à présent à sortir de leur stase cryogénique des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, et à leur faire partager leur vision d'une nouvelle société fondée sur l'entraide et le partage, afin que les erreurs du passé 'ne se reproduisent jamais. Pourtant la contestation enfle à mesure que la population augmente. Très vite, l'utopie des posthumains se heurte à la mégalomanie de ceux qui voient dans cette nouvelle ère un monde à conquérir...
Si vous êtes un habitant du système solaire ou de sa banlieue, il est impossible que vous n'ayez pas entendu la voix du petit Nick Sagan, six ans, clamer à qui veut l'entendre « Hello from the children of planet Earth » depuis les sondes Voyager 1 et 2. Depuis, il se consacre à des choses infiniment moins sérieuses comme l'écriture de scénarios pour le cinéma et la télévision. Everfree conclut la trilogie initiée par Idlewild et Edenborn, dans laquelle il offre de notre futur immédiat une vision à la fois sombre et porteuse d'espoir.

Attention, cette chronique contient des spoilers concernant les ouvrages précédents.

Everfree commence fort, tout de suite dans le vif du sujet. C’est inquiétant quand la lecture des premiers volumes date un peu. Pas de préambule, des explications limitées au nécessaire, mais il n’a pas été si compliqué pour moi de me remettre dans le bain, à mon grand étonnement. Oui j’avais oublié des choses, des détails concernant les volumes précédents, mais tout s’est remis naturellement en place très vite. Sans doute le mérite en revient-il à l’auteur qui a su parsemer ses textes de points de repères discrets, mais efficaces. 
Après le déchaînement des événements dans Idlewild et le mysticisme d’Edenborn, c’est un environnement incertain que nous trouvons dans ce roman, avec un continent américain qui renaît lentement de ses cendres. Nos posthumains ont vaincu le Black Ep et commencé à sortir de leur stase cryogénique les rares humains à y avoir été plongés à temps. Mais tout n’est pas idyllique en ce début de roman. Halloween se sent cerné de tous côtés, cherchant à protéger les siens et leur idéal. La nature humaine étant ce qu’elle est, il semble passer son temps à désamorcer des bombes, au sens figuré comme au propre. 
J’avais terriblement hâte de retrouver Hal, Pandy et les autres. Au fil de la trilogie, je me suis attachée à ces personnages, trouvant des affinités, m’enrichissant des différences. S’il y a bien une chose que l’on peut reconnaître à Nick Sagan, c’est le travail qu’il a fait dans la construction de ses personnages principaux. Rien n’a été laissé au hasard, mais sans que cela paraisse trop apprêté non plus. Ils sont complexes, tangibles, imparfaits et surtout humains. Que nous les aimions ou les détestions, nous le faisons pour de bonnes raisons, selon notre sensibilité. 
Le roman lui-même est bien construit, que l’on apprécie ou non les tenants et aboutissants de l’histoire, on peut y voir une évolution logique, réaliste, réfléchie. De petites choses qui semblaient de l’ordre du détail dans Idlewild et Edenborn resurgissent, ont des conséquences importantes, mais aussi des origines. Dans ce dernier volume on obtient enfin des réponses à certaines questions qu’on a pu se poser, mais aussi à d’autres que l’on n’envisageait même pas et dont l’importance est finalement capitale. Une fois ces choses, que l’on pensait laissées de côté, plus développées et mieux comprises, on se rend compte de toute la dimension que Sagan a su apporter à son univers. 
Comme le précédent volume, Everfree prend la forme d’une narration chorale. 
La première partie, qui nous propulse directement dans ce panier de crabes qu’est New Cambridge, est uniquement narrée par Hal, mais avec ce qu’il faut d’implication des autres personnages pour offrir au lecteur un point de vue plus large. Qui plus est, on s’est attaché à Hal, on le connaît bien depuis le temps et c’est lui le plus à même de faire passer cette histoire. 
La deuxième partie voit émerger des narrateurs jusque-là laissés de côté. Hal est toujours présent, bien sûr, mais Sloane, Isaac et Fantasia viennent mettre leur grain de sel. C’est intéressant de voir Isaac tel qu’il est et non selon la façon dont les autres, qu’il s’agisse de ses pairs, plus ou moins hostiles à son égard, ou de ses enfants, le perçoivent. On comprend également un peu mieux Sloane et, paradoxalement, les actes de Penny, ce qui amène encore un peu plus de substance et de complexité à une histoire que l’on pensait déjà connaître. 
Et puis il y a Fantasia… Entrer de plain-pied dans l’esprit perturbé, mais brillant de cette dernière est une expérience des plus fascinantes. Elle est un cas particulier car mentalement instable. Il est très difficile de suivre ses réflexions, imagées, lapidaires, chaotiques ou parfois très lucides, mais c’est aussi très enrichissant quand on se donne la peine de décrypter ses pensées et ses notes, de chercher à comprendre ses motivations et son histoire personnelle. 
Cette évolution des personnages, l’entrée dans les pensées de certains jusque-là distants ou inaccessibles, ces révélations sur l’avant Black Ep et la création des posthumains sont les choses qui ont fait, pour moi, l’intérêt de ce troisième et dernier volume. Mais à côté de ça, d’autres choses m’ont déplu, comme cette fin un peu bâclée et une possibilité concernant l’origine du Black Ep qui me laisse perplexe. Je ne comprends pas ce qu’elle fait là si c’est pour être au final si peu développée. 
La dimension religieuse a, dans ce volume, laissé place à un contexte politique très important. Elle est toujours présente, mais un peu absorbée par d’autres idéaux, pas toujours nets, il faut le dire. Les guerres de pouvoir, les manipulations et les stratégies sont au cœur de l’intrigue. Le tout est bien pensé, travaillé, mais assez redondant et lourd, comme pouvait l’être le mysticisme dans Edenborn. J’ai trouvé que cela manquait un peu de mesure, non que les choix de l’auteur me paraissent exempts de réalisme, bien au contraire, mais ils pèchent un peu par manque de subtilité. 
J’ai eu une petite déception concernant le déroulement de l’histoire, mais elle est toute personnelle. Quand on attend longtemps un livre, a fortiori quand celui-ci conclut une trilogie, on se fait toutes sortes d’idées à son sujet et cela n’est pas forcément une bonne chose. Le diable est dans les détails… 
C’est toujours bien écrit, malgré quelques cafouillages (des coquilles, quelques petites erreurs dans les prénoms. De quoi agacer les maniaques dans mon genre, mais laisser les autres indifférents) c’est une intrigue réfléchie et construite, l’auteur a suivi son schéma de réflexion et, qu’on soit dubitatif ou non concernant ses choix, on ne peut nier qu’ils sont motivés et ancrés dans une structure logique et cohérente. Et puis le cynisme de cette histoire me semble très réel… C’est peu flatteur pour la nature humaine, mais ce n’est pas parce que ça semble un peu trop manichéen que c’est invraisemblable. 
La trilogie Black Ep me laissera donc une bonne impression. J’ai apprécié de suivre ces personnages, de les voir grandir, mûrir, fonder une communauté et essayer de travailler ensemble malgré leurs différences, les rancœurs et les convictions qui les séparent. Un peu trop mystique parfois, un peu facile dans son contexte politique, mais au final très humaine, cette trilogie d’anticipation a aussi de très bons côtés. Elle est prenante, imagée, riche de détails, de symboles, elle a des implications psychologiques et philosophiques intéressantes et est, tout simplement, propice à la réflexion. Mais c’est aussi, et c’est peut-être le plus important, un excellent moment de lecture.

vendredi 1 février 2013

Extrait de L'Ouroboros d'Argent

Lu par son auteur, Ophélie Bruneau.
Roman à paraître en juin 2013, aux éditions du Chat Noir.


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