vendredi 24 mai 2019

Le Guide Steampunk

Un ouvrage d'Étienne Barillier et Arthur Morgan, publié chez ActuSF.

Présentation de l'éditeur :
Des machines gigantesques mues par la vapeur, des héros en hauts-de-forme et monocles, des héroïnes en crinolines et ombrelles... L'imagerie du steampunk ne cesse de fasciner depuis la création du genre dans les années 1980. Mais, quelles en sont les origines ? Quelles sont les œuvres majeures en littérature, au cinéma ou en bande dessinée ? Comment créer son propre look steampunk ?
Rédigé par Étienne Barillier, spécialiste incontournable du genre, et Arthur Morgan, cofondateur de la communauté French Steampunk, ce guide dresse un état des lieux du steampunk aujourd'hui autour, notamment, de rencontres avec Tim Powers, K. W. Jeter, James Blaylock, Greg Broadmore ou Mathieu Gaborit.
La première édition du Guide Steampunk est sortie en 2013. Les auteurs nous en proposent aujourd’hui une version révisée et augmentée. Cette mise à jour est plus que bienvenue et le temps écoulé a permis aux auteurs de prendre du recul afin de mieux nous décrire l’évolution du genre. 
Ce guide est accessible, bien écrit, très complet et structuré, comme tous ceux publiés chez ActuSF que j’ai pu lire. Il détaille la naissance du steampunk puis son développement, tente de le circonscrire mais admet volontiers que le genre est protéiforme. 
Plus qu’un genre, le steampunk est un mouvement qui touche à tous les arts et regroupe des gens. Les auteurs mettent en avant son esthétique, mais ne laissent jamais de côté ses racines punks. Ils explorent tous les supports car le steampunk n’est pas seulement littéraire, contrairement à ce que les néophytes (surtout en France) peuvent croire. Ses voies d’expression sont multiples et parfois surprenantes. 
Une large partie du livre est consacrée à la littérature, au cinéma et aux séries. Les œuvres sont résumées, on pointe leurs points forts aussi bien que leurs points faibles. C’est une mine d’informations intéressantes pour les grands lecteurs, dont je fais partie. Mais dans ce guide on parle aussi de musique, de costumes, de do it yourself, de la mentalité des vaporistes et des conventions. Au fil des pages, on ressent la passion des auteurs et, outre sa clarté, c’est ce qui rend l’ouvrage particulièrement agréable à lire. 
Si vous voulez découvrir, c’est parfait, mais vous trouverez ce guide intéressant, même si vous connaissez déjà bien le genre. Vous apprendrez forcément quelque chose. Pour ma part, j’ai ajouté pas mal de titres, notamment des BD et des romans en anglais, à ma liste d’envies de lecture. 
L’ouvrage est jalonné d’entretiens qui montrent à quel point le steampunk peut être riche et varié. Et cela permet de mieux connaître des artisans du mouvement. 
Ce guide est incontournable pour tous les amateurs de steampunk. Il offre de nombreuses pistes de réflexion et je vous le conseille chaleureusement.

mardi 21 mai 2019

Sortilèges

Un roman de Denis Labbé, illustré par Krystal Camprubi.


Lisa a tout juste onze ans et les préoccupations de tous les enfants de son âge. Elle ne s’attendait pas à apprendre du bec d’une chouette qu’elle est une sorcière. Dès lors, elle devra apprendre à se servir de ses pouvoirs et ira de dangers en découvertes. 
Avec ce récit estampillé jeunesse, on est loin d’Harry Potter, ce qui n’est pas pour me déplaire. Cela reste assez enfantin, mais j’aime la façon dont la magie est évoquée ici et la simplicité — je devrais peut-être dire le naturel — des événements. Cela sonne juste. 
Le livre est composé de quatre chapitres et chacun est une histoire à part entière. Si on voit l’évolution de Lisa au fil des pages, j’ai quand même été un peu déçue que certaines pistes ne soient pas davantage développées. Pour citer quelques exemples en essayant de ne pas spoiler, on n’entend plus parler de l’apparition évoquée dans le deuxième chapitre et la dernière histoire laisse clairement le lecteur sur sa faim. J’ose donc espérer une suite pour les aventures de cette petite sorcière somme toute assez sympathique. En outre, les personnages secondaires méritent d’être bien plus développés. 
La lecture est agréable. Elle séduira sans difficulté les enfants d’une douzaine d’années qui sont déjà amateurs de merveilleux, de fantastique et de magie. 
Les illustrations de Krystal Camprubi sont superbes, comme toujours, et apportent un vrai plus au livre.

mardi 14 mai 2019

Un été d'enfer

Une BD de Vera Brosgol.


Vera est une petite fille de neuf ans qui adore dessiner. Elle vit avec sa mère, son frère et sa sœur dans un petit appartement. Elle est d’origine russe et sa famille n’a pas beaucoup d’argent. Ces différences culturelles et sociales font qu’elle a beaucoup de mal à s’intégrer. Les autres fillettes ne sont pas très tendres avec elle. (On a vraiment envie de leur filer des claques…) Du coup, quand elle entend parler d’un camp de scouts russes, elle pense avoir trouvé l’occasion de se faire des amis et de se sentir à sa place. Mais rien ne va se passer comme prévu...
La première chose qui m’a sauté aux yeux est la couleur. Les dessins, superbes et expressifs au demeurant, sont en noir, blanc… et vert. Pas un vert agréable et relaxant, non. Ce vert est nauséeux, sans doute pour coller à l’ambiance. Au début cela m’a gênée, puis je m’y suis habituée et je l’ai trouvé vraiment adapté à l’histoire. En outre, comme je le disais, les dessins sont superbes, riches de détails et de nuances. C’est vraiment une jolie BD, très agréable à lire malgré les déboires de Vera.
Il faut bien le dire, l’histoire est un peu déprimante parfois. J’ai eu de la peine pour Vera. On s’attache vite à elle, on aimerait pouvoir l’aider… C’est d’autant plus touchant que cette histoire, sans être biographique, est fortement inspirée de souvenirs d’enfance de l’autrice. Bon, ne vous inquiétez pas, tout n’est pas déprimant et c’est un joli récit d’apprentissage. Le personnage grandit, sa personnalité s’affirme et sa compréhension de l’autre s’affine. Vera apprend beaucoup durant cet été au camp.
Cette bande dessinée est destinée à un jeune public, disons d’une dizaine d’années, mais elle reste intéressante même pour un public plus âgé. Toute adulte que je suis, je l’ai appréciée. Elle est très agréable à lire et si ça pouvait inciter les enfants à être plus ouverts et tolérants, ça serait d’autant plus cool.

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samedi 4 mai 2019

La Forêt des araignées tristes

Un roman de Colin Heine, publié chez ActuSF.

Présentation de l'éditeur :
Bastien est paléontologue : sa spécialité ? Étudier les créatures étranges qui naissent de la vape, ce mystérieux brouillard aux propriétés énergétiques extraordinaires qui a recouvert le monde et menace de l’engloutir un peu plus chaque jour. Tour à tour victime d’un dramatique accident en apparence banal duquel il réchappe de justesse et témoin d’un attentat, où sa survie ne tient à nouveau qu’à un fil, il voit son destin basculer. Le voilà pris dans l’engrenage d’une affaire d’espionnage d’envergure internationale, sous les feux croisés d’une société secrète d’assassins, de brutes armées et d’une agence de détectives aux méthodes douteuses. Sans compter qu’une créature cauchemardesque, tout droit venue des Vaineterres, ces zones perdues dans un océan de vape, semble bien décidée à lui faire la peau...
Né à Paris, Colin Heine habite désormais en Autriche où il enseigne l’allemand. Après avoir fait ses premières armes dans la traduction et pratiqué le jeu de rôle pendant de nombreuses années, il signe avec La Forêt des araignées tristes un premier roman bluffant de maîtrise. Jonglant entre intrigue politique et aventure, horreur et critique sociétale, il cisèle un univers Belle Époque envoûtant, à l’ambiance steampunk teintée de gothique.
La Forêt des araignées tristes m’a d’emblée paru un roman steampunk comme je les aime. Il s’en dégage l’ambiance du genre, avec ses gentlemen et ses aventuriers, ses dirigeables, sa technologie typiquement rétrofuturiste et son climat social délétère… Cependant, il déploie aussi tout ce qui fait l’essence du roman d’aventure, entre espionnage, complots, menaces de guerre et exploration. On ne s’ennuie pas un seul instant, du moins dans les deux premières parties. 
Dans ce monde qui ne fait que renvoyer des échos du nôtre, la vape envahit les terres, laissant quelques poches de-ci de-là qui permettent aux humains de vivre dans une sécurité relative. En effet, la vape est dangereuse, des créatures monstrueuses et prédatrices s’y développent. Mais les humains sont pris dans un cercle vicieux, leur technologie produit de la vape, résidu de l’ignium, et sans ignium pas d’énergie pour repousser la vape… Les riches se réfugient dans les hauteurs tandis que les pauvres vivent à deux pas de la vape. De grandes compagnies envoient des vaisseaux explorer les lointaines poches, afin de trouver de nouvelles ressources. C’est le métier d’Ernest Gulliver, explorateur chevronné qui se trouve au début du roman sur le point de partir pour une mission périlleuse. 
J’ai particulièrement apprécié ce personnage pragmatique et loyal, néanmoins on en suit de nombreux autres comme Bastien, dandy un brin malchanceux qui étudie les créatures nées de la vape, mais a une fâcheuse tendance à la procrastination. On rencontre aussi un tueur en série sous ses dehors ternes et banals, une jeune femme en fuite, une gouvernante revêche, un détective aux motivations mystérieuses et quelques autres personnages qui, loin d’être des caricatures, se jouent des clichés qu’on croit chevillés à eux. 
Dans ce récit pluriel à la narration éclatée, les pistes se frôlent, se croisent sans cesse, jusqu’à converger. 
La Forêt des araignées tristes est un roman à strates, qui ne se contente pas de leurrer son lecteur par des effets de rythme, mais lui demande au contraire un minimum d’implication, tout en étant un excellent divertissement. Cependant, si j’ai aimé suivre les multiples ramifications du récit et découvrir un à un tous les personnages, j’ai été un peu déçue par la fin. 
Le roman se divise en trois parties et la dernière piétine en comparaison des deux autres. Le fait de suivre plusieurs personnages ralentit le rythme et nous contraint à revivre quelques scènes plusieurs fois sans que cela apporte beaucoup plus au récit. La conclusion elle-même, qui laisse beaucoup de choses en plan, m’a semblé un peu bâclée. J’attendais mieux de toutes ces histoires enchevêtrées.