mercredi 28 février 2024

Sorcery of Thorns

 Un roman de Margaret Rogerson, publié chez Bigbang.


Elisabeth a grandi au milieu de livres aussi précieux que dangereux. Dans les Grandes Bibliothèques, on garde les grimoires magiques. Ces livres sont vivants, certains ont même une personnalité très marquée. Ils peuvent être amicaux ou revanchards. Ceux qui renferment des sortilèges sont traités avec autant de soin que de défiance. Ils sont précieux car il est interdit d'en fabriquer de nouveaux et l'on craint à chaque instant que les plus puissants d'entre eux se changent en Maléficts, des monstruosités avides de mort et de destruction.
Quel grand lecteur n’aimerait pas l’univers que nous présente ce roman ? Des livres dotés de conscience, d’immenses bibliothèques remplies de passages secrets, de la magie et des combats épiques ! Tout cela ne pouvait que me séduire. Mais, surtout, j’ai adoré Elisabeth, cette gamine un peu sauvage qui veut prouver qu'elle a sa place au sein du seul foyer qu'elle ait jamais connu. Elle est naïve au début, car elle est jeune et n'est jamais sortie de sa Bibliothèque, mais ça ne l'empêche pas d'apprendre de ses erreurs, d'être intelligente et combative. Pourtant, elle vit des situations très difficiles dans ce XIXe siècle alternatif et elle en est d'autant plus attachante. En Young Adult, les personnage féminins sont souvent décevants. Ce n’est pas le cas d’Elisabeth. Elle grandit tellement au fil du récit ! Et j’étais si impliquée dans sa quête que je me suis sentie très fière d’elle, aussi idiot que cela puisse paraître.
Pour autant, elle n’est pas seule à porter cet excellent récit. Nathaniel est un aussi un personnage facile à aimer. Il égaie l’histoire avec son humour très sarcastique, ses propos hors contexte et ses accents de puérilité, feints ou non. Il sait se montrer sérieux quand il le faut et ne manque pas de charme.
Et puis il y a Silas, personnage aussi profond qu’énigmatique. Il est particulièrement bien construit et toute la complexité de sa nature m’a fascinée.
De prime abord, on peut se dire que ce roman ne paie pas de mine, même si l’univers est prometteur. L’autrice a choisi d’user de motifs tellement connus qu'on s’attend à s'en exaspérer. Pourtant, ce n’est jamais le cas. Non seulement son récit fonctionne, mais elle en tire le meilleur. J’y ai plongé avec joie et l’ai apprécié d’un bout à l’autre.
Seule la fin m’a un peu frustrée et, pour y remédier, j’ai enchaîné avec la novella qui tient lieu de second épilogue.
Cela m’a aussi donné envie de découvrir les autres écrits de Margaret Rogerson.

lundi 26 février 2024

Bluebells Wood

 Une BD de Guillaume Sorel, publiée chez Glénat.


William est peintre. Il vit tel un naufragé volontaire à l’écart du monde dans une maison isolée au creux d’une crique avec pour seuls visiteurs son agent, qui tente de le pousser à sortir de sa réclusion, et une jeune modèle qu’il regarde à peine. William ne dessine et ne peint qu’Héléna, sa compagne dont on ne sait vraiment si elle est décédée ou si elle l’a juste quitté. Mais un jour l’étrange envahit l’existence solitaire de cet artiste submergé par les regrets sous la forme de créatures marines, dont une en particulier semble autant obsédée par lui qu’il l’est par Héléna.
Bluebells Wood offre une atmosphère étrange et tourmentée, un rien poisseuse. C’est de l’Effroi à la lisière du Fantastique (ou inversement selon la sensibilité de chacun) et cela m’a particulièrement rappelé les écrits d’Arthur Machen. Je préfère le Fantastique plus vaporeux, plus incertain encore, mais cet album est néanmoins un digne représentant du genre qui ravira les amateurs.
Dans l’antiquité, la mer était le domaine des morts même si paradoxalement toute vie vient d’elle. Elle symbolise aussi l’immensité et la perte de repères. Dans notre monde cartographié au millimètre, elle demeure nimbée de mystère. On peut toujours ignorer la science à dessein et rêver sans se forcer à ce qui pourrait se cacher au cœur de ses abysses.
L’océan appelle à l’introspection. Bluebells Wood est à sa façon une histoire de submersion intérieure, de deuil et de repères faussés, souvent les nôtres, où l’on navigue à vue avec le personnage.
Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? L’histoire est assez classique mais cette version presque horrifique de La Petite Sirène se révèle un peu inconsistante. Le récit se fait de plus en plus onirique et saccadé au fil des pages et, pour moi, il manque de fluidité. Je n’ai pas été aidée par les dessins qui, tout en étant remarquablement exécutés, renforcent cette impression de désordre. C’est un mélange de contrastes forts et de ce que l’on pourrait presque qualifier d’impressionnisme que je trouve visuellement assez perturbant. Cependant j’ai conscience qu’il s’agit de la façon dont mon œil le perçoit, cette impression est particulièrement subjective dans mon cas. J’ai toutefois beaucoup aimé la texture que l’artiste a donné à ses dessins. Il a fait un travail magnifique sur cet album.
Je dois avouer que j’ai davantage apprécié les dessins et croquis du dossier final, quand mon esprit s’est libéré de l’histoire. Celle-ci ne me marquera pas outre mesure, mais le bon Fantastique se fait rare de nos jours et ça fait plaisir d’en voir en BD.

jeudi 22 février 2024

Ils étaient sept

Un roman de C. A. Larmer, publié chez 
En audio chez Audible, lu par Axelle Bossard.


Sur un coup de tête, Alicia décide de fonder un club de lecture de polars — de préférence pour les fans d’Agatha Christie — et passe pour cela une annonce dans un journal car elle a envie de le faire à l’ancienne. Les gens qu’elle parvient à réunir sont tous d’horizons très différents, mais semblent enthousiastes. Néanmoins, certains d’entre eux n’auraient-ils pas des choses à cacher ?
Ils étaient sept est le genre de roman dans lequel le lecteur peut chercher la résolution du mystère avec les personnages car il y a une vraie enquête, avec des indices, des recherches et des interrogatoires. On n’arrive pas à la conclusion par hasard mais par un lent travail d’investigation. Cela me tient à cœur ; c’est tout ce que j’aime dans les polars.
Le lecteur a un tout petit peu d’avance car il a une vue d’ensemble et l’accès à deux ou trois scènes sibyllines que les personnages ignorent, cependant ces dernières ne changent pas grand-chose. Pour autant, j’ai trouvé la fin du roman un peu longue parce que j’avais compris depuis longtemps où on voulait m’emmener. Cependant, l’intrigue est très bien construite et je dois plus certainement ma compréhension de l’ensemble à des connaissances extérieures au roman. C’est toujours un peu pénible quand les personnages ne font pas des connexions qui nous semblent évidentes, néanmoins c’est plausible dans le cas présent et c’est ce qui importe. En effet, ils ne peuvent pas se rappeler de tout, surtout quand l’information leur a été donné juste en passant par un tiers et semble sur le moment de l’ordre du détail.
J’ai aimé enquêter avec ces personnages, mais je ne les ai pas tous appréciés, en particulier Alicia. Comme elle est le personnage principal, c’est un rien problématique. Alicia reproche à d’autres leur snobisme (notamment littéraire), mais elle-même a le jugement facile et péremptoire. Elle préfère se borner à ses préjugés que de les dissiper par la communication et a des idées très arrêtées sur à peu près tout et tout le monde. Elle se montre moralisatrice et parfois désobligeante, même avec sa sœur. J’ai beaucoup de mal avec ce type de caractère. Je me serais en outre bien passée de son début de romance qui, en plus d’enliser le récit, est assez mal amené. Cela étant, les personnages secondaires compensent un peu. Certains sont très hauts en couleur et ils ne servent pas que de faire-valoir à Alicia.
L’enquête est ce que j’ai le plus apprécié dans cette audiolecture. Cependant, j’ai aussi aimé le changement de décor. L’action se déroule en Australie.
On peut apprécier ce roman sans être fan de Christie, mais connaître sa vie et certains de ses ouvrages les plus célèbres apporte un petit plus. On appréciera davantage les références glissées au fil du texte. Je tiens cependant à saluer l’autrice qui n’a pas lâché un seul spoiler. On aurait difficilement pu le lui reprocher vu l’ancienneté des romans, mais cela montre son respect et son amour pour l’œuvre de Christie ainsi que son envie de la partager. Je lui pardonne donc d’être, comme son personnage principal, souvent assez snob dans d’autres domaines.
La qualité du livre audio n’est pas fameuse. Il y a des coupures et la lectrice bute parfois sur des mots pourtant pas si alambiqués. On l’entend aussi beaucoup renifler, ce qui peut être agaçant pour les personnes sensibles aux bruits parasites. Je pense néanmoins découvrir aussi le deuxième dans le format audio. Je veux voir ce que l’autrice va faire de ses personnages et j’aime la façon dont elle a construit sa première enquête, donc j’ai de l’espoir pour la suite.

mardi 20 février 2024

Pole Dance, ma vie en équilibre

 Une BD de Juliette Taka, publiée chez Glénat.


Cette BD nous conte l‘histoire de Laëtitia, une jeune femme dans sa vingtaine, qui a envie de se remettre au sport et décide sur un coup de tête d’essayer la pole dance. Elle tombe amoureuse de cette discipline très exigeante, loin des clichés qu’on peut avoir sur elle, et se lance corps et âme dans sa pratique. Cette BD nous parle du rapport de la protagoniste avec son corps, mais aussi de ce que lui apporte la pratique de ce sport dans son quotidien. Elle s’apprivoise, apprend à s’aimer, trouve du réconfort quand la vie lui envoie des épreuves. Laëtitia est un personnage touchant qui semble d’autant plus réel que l’autrice-illustratrice a mis beaucoup d’elle-même dans son histoire.
Je ne suis pas sportive et ne l’ai jamais été, si on excepte un peu de yoga et de marche, à la cool. Je n’aime pas non plus la danse, même si je ne suis pas insensible aux prouesses dont sont capables les danseurs-euses aguerri-es et surtout les acrobates. Alors pourquoi ai-je été d’emblée attirée par ce roman graphique ?
Je ne sais pas vraiment. J’appréciais les dessins, avec leurs traits modernes et leurs couleurs un peu passées, mais surtout la passion qui se dégageait de cet ouvrage, le message féministe, ce besoin de s’approprier son propre corps et de prendre confiance en soi grâce à une activité valorisante. Parce que oui, la pole dance est valorisante même si elle souffre d’une mauvaise image chez les esprits étriqués. C’est une pratique sportive et artistique comme une autre et je n’ai pas attendu cette BD pour en avoir conscience. J’ai aimé la façon dont le personnage grandit et se développe, dans ses bons moments comme dans l’adversité. Elle prend confiance en elle et même si elle chute, elle parvient à se relever et à s’aimer davantage ainsi qu’à lâcher prise et s’accepter comme elle est. Il y a de beaux messages dans cette BD, d’ailleurs c’est aussi, entre autres, une belle histoire d’amitié. Et puis, quelle n’a pas été ma surprise de glaner quelques mots dans ma langue maternelle dès la première page ! Je suppose que ça a apporté un petit plus. J’ai aussi, point très positif, appris des choses intéressantes au cours de ma lecture et pas seulement sur la pole dance.
J’ai bien fait de m’éloigner de mes sujets de prédilection car ce fut une belle découverte.

jeudi 15 février 2024

Randonnée mortelle, Agatha Raisin 4

Un roman de M.C. Beaton, publié chez Albin Michel.
En version audio chez Audible, lu par Françoise Carrière.

Pour mon avis sur les autres tomes de la série vous pouvez consulter le tag ou mon index des auteurs pour les voir dans l'ordre chronologique.


Après un séjour à Londres bien trop long à son goût, Agatha est de retour dans son village des Cotswolds. Et bien sûr elle retombe vite dans ses habitudes, notamment celle de traquer son séduisant, et néanmoins peu réceptif, voisin. Alors quand une de ses voisines lui demande de l’aide au nom de sa nièce, Agatha y voit une bonne occasion d’entraîner de nouveau James dans son enquête pour passer plus de temps avec lui. Et là, je dois admettre qu’elle fait fort ! On peut dire beaucoup de choses d’Agatha, mais elle a de la suite dans les idées.
J’ai moins apprécié ce tome que les précédents, sans doute car les personnages auxquels il s’attache sont plus antipathiques les uns que les autres. Une part de moi, très paradoxale, a aimé les détester, toutefois ils n’en deviennent pas moins très vite pénibles au fil des pages.
Dans cette série, les personnages, surtout secondaires, sont toujours un peu caricaturaux, mais dans ce tome ils le sont particulièrement. Cependant, je ne peux nier qu’il est plutôt drôle et qu’il se lit très vite. La résolution de l’enquête, en revanche, est davantage due au hasard qu’aux efforts d’Agatha. Il faut dire qu’elle se concentre davantage sur la séduction de James que sur une enquête dont elle se fiche éperdument.
Leur relation semble enfin prête à évoluer dans ce volume et c’est tant mieux. Cependant, rien ne se passe jamais comme Agatha l’attend et c’est d’autant plus amusant pour le lecteur.
M. C. Beaton savait accrocher son lectorat malgré des enquêtes un peu faciles. Cela passe principalement par le développement subtile des personnages principaux. Si le cortège de personnages secondaire est là pour apporter une touche de ridicule, Agatha, elle, demeure attachante. On s’implique dans son devenir, même si on se moque un peu d‘elle aussi parfois, et on veut savoir ce qui va lui arriver.
Je vais faire une petite pause dans cette série pour ne pas me lasser, mais je ne doute pas qu’elle sera courte.

mardi 13 février 2024

Pisse-Mémé

Une BD de Cati Baur, publiée chez Dargaud.


Lors d’une soirée bien arrosée, quatre amies s’imaginent tenir ensemble un bar à tisanes, qu’elles appelleraient Pisse-Mémé évidemment. Nora ferait des gâteaux, Marie s’occuperait d’un espace librairie, Camille pourrait avoir un studio de yoga attenant et Marthe mettrait à profit ses talents de leader tout en s’occupant du service. Ensemble, elles travailleraient dans la bonne humeur.
On a tous déliré avec nos potes sur ce qu’on ferait si on gagnait d’un coup une grosse somme d’argent. C’est un joli projet, mais les quatre copines le croient voué à rester dans le domaine du rêve. Enfin, c’est sans compter sur l’héritage de Marthe et Camille, cadeau inattendu d’une tante qu’elles n’ont pas connue. Aussitôt dit, aussitôt fait, les jumelles ressortent cette idée du placard et sont bien décidées à convaincre leurs amies de se joindre à elles. Le hic ? Nora et Marie n’ont pas l’argent nécessaire. Qu’à cela ne tienne, elles vont se lancer dans un financement participatif pour concrétiser leur rêve ! Cependant, cette aventure ne sera pas de tout repos.
Marthe, Camille, Nora et Marie sont des femmes très différentes et, plutôt que de les diviser, cela fait leur force car elles se complètent, se poussent vers l’avant et se soutiennent dans les moments difficiles. Ce n’est pas toujours simple et des fois elles se tapent sur les nerfs, mais elles savent que ça fait partie de la vie et elles l’acceptent. Je pense que c’est ce que j’ai préféré dans cette BD. L’amitié que nous dépeint l’autrice n’est pas parfaite ni idéalisée. Et puis j’ai aimé découvrir ces femmes. Le récit prend le temps de s’intéresser à chacune et de nous décrire leur quotidien ainsi que leurs aspirations.
Marthe, speed et décidée, est l’exemple de la réussite, le genre de personne pour qui tout semble facile, Camille, la hippie aux chats, se satisfait de ne pas être dans la norme, mais ne parvient pas toujours à le faire comprendre à son entourage. Nora est une femme organisée qui semble capable de tout gérer, une bosseuse acharnée qui est toujours restée dans les clous, pourtant elle commence à fatiguer. Et enfin Marie, la mère célibataire, jongle entre trois boulots. Individuellement, ce sont déjà des femmes attachantes, mais l’amitié qui les lie renforce la chose. Elles se soutiennent, mais ne se gênent pas non plus pour se dire leurs quatre vérités quand c’est nécessaire.
J’ai aimé les voir développer leur projet, avec tous les rebondissements, les embûches et les adaptations que cela implique. Là encore, rien ne coule de source, mais elles persistent et leur détermination est inspirante. Cela sonne juste car la vie n’est jamais parfaite, on règle un souci pour se recevoir une autre tuile dans la tronche l’instant d’après... Cependant ces femmes tiennent le coup parce que quand l’une est proche de baisser les bras, une autre est là pour la booster.
Cette BD est l’histoire d’un projet et d’une amitié, mais c’est aussi, pour les jumelles, la découverte d’une partie de leur histoire familiale. J’ai trouvé ce passage-là assez émouvant et apprécié qu’elles puissent le partager avec Nora et Marie.
J’ai trouvé aux dessins une certaine douceur. J’aime ce style vaporeux. Les petits détails glissés çà et là m’ont beaucoup plu, comme par exemple les couvertures des livres que lit Alma ou ce que fait le chien quand personne ne le regarde. Pisse-Mémé est une très jolie BD.

vendredi 9 février 2024

Pas de pot pour la jardinière, Agatha Raisin T3

Un roman de M.C. Beaton, publié chez Albin Michel.
En version audio chez Audible, lu par Françoise Carrière.

Pour mon avis sur les autres tomes de la série vous pouvez consulter le tag ou mon index des auteurs pour les voir dans l'ordre chronologique.


Agatha a une nouvelle rivale, qui non contente d’être plus jeune et mince a l’outrecuidance de bien cuisiner ainsi que d’être une jardinière hors paire ! Cela lui vaut d’avoir les honneurs de la société d’horticulture et donc l’attention de James Lacey, le voisin sur lequel Agatha a jeté son dévolue. Que faire alors ? Se mettre au jardinage ! Sauf qu’Agatha et le jardinage ça fait deux… En revanche, elle est douée pour trouver des cadavres.
Ce roman est plutôt drôle et j’ai particulièrement aimé voir notre peau de vache préférée tenter de tirer son épingle du jeu. Agatha n’est pas une bonne personne, mais ça fait partie de son charme. De même que le lecteur s’attache à Agatha malgré ses défauts, les villageois ont fini par l’adopter, pourtant elle n’en a pas réellement conscience et cela la rend touchante d’une certaine façon.
Le meurtre arrive tard, toutefois ce tome nous permet une bonne plongée dans le village et la psyché des habitants. On en apprend beaucoup plus à leur sujet, d’autant qu’un des personnages a l’art de frapper là où ça fait mal. 
C’est typiquement le genre de roman qu’on lit pour son ambiance. L’enquête fait partie du décor, mais je dois admettre que dans celui-ci elle n’est pas trop mal ficelée. J’ai surtout apprécié le développement des personnages ainsi que de leurs relations.
Ce fut une audiolecture très distrayante et je ne lui en demandais pas plus.

mardi 6 février 2024

Les Jours sucrés

Une BD de Loïc Clément pour le scénario et Anne Montel pour les dessins, publiée chez Dargaud.


Églantine est graphiste. On ne peut pas vraiment dire qu’elle s’épanouit dans son travail ni dans sa vie en général. De son propre aveu, elle est tout le temps en colère. Alors quant elle reçoit l’appel d’un notaire lui annonçant la mort de son père auquel elle n’a plus adressé la parole depuis vingt ans, c’est de mauvaise grâce qu’elle part en Bretagne signer les papiers d’une succession dont elle n’attend rien.
Malgré elle, Églantine va se trouver confrontée à ses souvenirs d’enfance et à ce père qu’au fond elle ne connaissait pas vraiment. Elle retrouve, avec une tendresse qu’elle essaie de chasser sans y parvenir, la boulangerie de son père, sa grand-tante, son meilleur ami d’enfance et le village où elle a passé les premières années de sa vie. 
J’ai aimé suivre cette jeune femme hésitante, qui craint d’ouvrir la boîte dans laquelle elle a enfermé ses souvenirs et de se laisser engloutir par eux. J’ai aimé ses errances, ses tentatives de se tourner de nouveau vers le soleil alors qu’elle cherche dans le journal intime de son père de quoi construire de nouvelles fondations à sa vie proche de l’effondrement.
J’ai aimé Gaël, sa gentillesse, son optimisme et sa grande patience. J’ai aimé Marronde, la grand-tante déjantée qui ne mâche pas ses non-dits et qui peut se révéler très drôle parfois. J’ai aimé les interludes félins qui égaient l’ensemble et tous les personnages secondaires qui donnent du relief à cette histoire si personnelle.
Enfin, j’ai aimé les dessins d’Anne Montel, tout en douceur et vaporeux, ainsi que son beau travail de la couleur. Ils ont quelque chose de réconfortant ; ils donnent vie à cette histoire et la rendent encore plus attachante.
Les Jours sucrés est une BD feel good comme il en faudrait plus. J’ai passé un excellent moment avec cette lecture et vous la recommande chaleureusement.

jeudi 1 février 2024

Un Casse en Enfer, Paris des limbes T2

Un roman de C.C. Mahon, publié chez Allure pour la version papier.
Exclusivité Kindle pour la version numérique
Exclusivité Audible pour la version audio, lue par Julien Allouf.



Après un premier tome tout en courses contre la montre et chassés-croisés, je me demandais où l’autrice allait me mener cette fois. Pourquoi pas jusqu’en Enfer ? Pour cambrioler un train, tant qu’on y est. Et franchement, c’était cool. Elle a joué à fond la carte du western et le moins qu’on puisse dire c’est qu’on n’a pas le temps de s’ennuyer.
On suit cette fois Zagan, l’ange déchu, et ce fut un plaisir d’en apprendre davantage sur ce personnage. Dans le premier tome, on ne l’a vu qu’à travers le regard de Germain et, même si ses actes laissaient envisager plus de complexité dans son caractère que ne le supposait le vampire, j’avais hâte de le voir évoluer en personnage principal. Et j’ai adoré le suivre. Je crois bien que c’est lui mon perso préféré dans cette série déjantée. Ce n’est pas peu dire, étant donné qu’ils ont tous un sacré potentiel.
Germain est toujours présent, avec Chaton dont on apprend enfin l’origine. Zagan en narrateur met au jour de nouvelles strates dans la personnalité du vampire. Ce dernier reste cohérent avec lui-même, cependant il avait tendance à vouloir cacher ses faiblesses (même si le lecteur n’est pas dupe) et Zagan les expose sans pitié.
Romane m’a manqué dans ce tome où elle est juste évoquée, néanmoins j’ai bon espoir de la retrouver dans la suite. J’espère aussi revoir certains des frères de Zagan qui ont beaucoup apporté à ce tome. Mais l’ajout notable à cette équipe de bras cassés est sans aucun doute Anastasia. Elle peut sembler exaspérante par moment, mais fait aussi preuve d’une admirable force de caractère. C’est un personnage dont j’aimerais beaucoup voir l’évolution.
J’ai cette fois encore préféré la version audio et je trouve toujours que la lecture de Julien Allouf apporte énormément de caractère à l’histoire. Ce fut un réel plaisir de l’écouter.
Cette série qui ne payait pas de mine au départ a capté et gardé mon attention aisément (ce qui n’est pas rien en ce moment). Je vais bien sûr poursuivre, probablement en numérique puisque la suite n’est pas sortie en audio, et je pense même jeter un œil aux autres écrits de l’autrice.