lundi 18 octobre 2021

Le Serment de Jaufré

Un roman d'Anaël Train, publié aux éditions du 123.

Présentation de l'éditeur :

Il deviendra l'un des troubadours les plus prisés de la cour de l'inoubliable Aliénor d'Aquitaine, mais à 7 ans, Jaufré Rudel peine encore à comprendre l'injustice qui frappe sa famille, privée de ses terres par le puissant duc d'Aquitaine.

Alors qu'il vient de perdre sa mère, le petit garçon se découvre une passion pour le chant et la musique. Et si, face aux nombreuses épreuves qui l'attendent, cet art se révélait sa meilleure arme ?

Un roman passionnant où magie et chevalerie s'entrelacent en un tableau somptueux.


Cette lecture a été très pénible. Disons-le sans ambages : j’ai oscillé entre ennui et exaspération. Je me réjouissais de lire un roman historique, ce qui ne m’était plus arrivé depuis trop longtemps, mais me suis trouvée embourbée dans un récit falot, tissé de clichés tous plus éculés les uns que les autres, et dont le moindre retournement de situation s’est révélé désespérément prévisible.
Je m’attendais à un récit contant la jeunesse et les années d’apprentissage de Jaufré Rudel, cependant la narration est divisée en deux. Nous avons d’une part, à la première personne, l’histoire que j’escomptais et, en parallèle, les aventures des jumelles de Grimwald au service de l’Angleterre ainsi que d’une mystérieuse prophétie… Les chapitres consacrés aux jumelles sont narrés à la troisième personne, contrecarrant ainsi l’aspect biographique qu’a voulu donner l’auteur a son roman. Cela fait sens quand on sait que les personnages seront amenés à se rencontrer mais reste construit de telle sorte qu’il est très difficile de se laisser emporter dans cette histoire.
La partie consacrée à Jaufré est de loin la plus agréable à lire, même si en fait il ne se passe pas grand-chose. Je m’attendais à ce qu’elle soit beaucoup plus développée. Celle qui concerne les jumelles est en comparaison plus riche en action, mais pleine de contradictions, de facilités et de poncifs. Les méchants sont très méchants, les puissants sont capricieux et l’amour fleurit au premier regard…
L’histoire aurait gagné, je crois, à se focaliser sur l’apprentissage des personnages — la musique et la poésie pour l’un, la magie pour les autres — afin de les montrer dans leur domaine d’expertise puis de laisser au lecteur le loisir de les voir grandir et évoluer. Au lieu de cela, ils sont simplement ballottés par les événements et on ne prend jamais vraiment le temps de les connaître ni de s’attacher à eux. Ce manque de profondeur, dans l’intrigue comme dans les caractères, les rend plutôt antipathiques. Ils ne sont pas aidés par les personnages secondaires, caricaturaux au possible. 
Cette histoire est en outre pleine de longueurs et de contradictions. Un exemple : Tu as abusé de ton pouvoir pour forcer une jeune fille qui est sous ma protection à partager ton lit ? Pour te réprimander, je t’en envoie une autre, on verra ce que tu en feras… Exaspérant, vous dis-je.
Ce roman se veut préquelle du Lit d’Aliénor, un roman de Mireille Calmel — mère de l’auteur — que j’ai lu et apprécié il y a… une bonne vingtaine d’années. Mais si Le Lit d’Aliénor, malgré sa trame magico-druidique, au demeurant fort plaisante, avait une assise historique intéressante, ce n’est pas le cas de sa préquelle. On sent que l’auteur a fait des recherches en amont, mais c’est sans doute son sujet qui pèche et peut-être un peu le style. C’est raconté de manière très plate alors qu’il y a déjà trop peu à dire et le brin d’intérêt que j’ai réussi à trouver à l’enfance de Jaufré et à la jeunesse des jumelles de Grimwald est dû à ma lecture du Lit d’Aliénor et de La Rivière des âmes.
Je n’avais jamais souhaité me pencher sur les suites que l’autrice a apporté à ce cycle et honnêtement cette préquelle ne me donne pas envie d’y remédier. Je ne crois pas non plus qu’elle se suffise à elle-même, mais si vous avez aimé ces romans et que vous voulez prolonger un peu l’histoire, peut-être y trouverez-vous plus d’agrément que moi.

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