samedi 22 juin 2013

La vie est un tango

Un roman de Lorenzo Lunar, publié chez Asphalte éditions.


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la vie est un tango

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« Puchy a toujours dit que le quartier était un monstre. Je l'ai entendu dire tant de fois que j'ai fini par me l'imaginer moi-même ainsi : une pieuvre pourvue d'un million de tentacules. »
Léo Martin est depuis peu commissaire de quartier à Santa Clara, ville de province cubaine. Sa routine : faire face aux business illégaux, aux règlements de comptes et aux coups tordus des petites frappes du coin. Léo enquête sur une contrebande de lunettes de soleil quand un jeune homme se fait assassiner. Quels sont les liens entre ces deux affaires ? Les amis et collègues de Léo sont-ils tous irréprochables ?
Dans La vie est un tango, c'est tout un quartier qui prend vie, peuplé de rumeurs et de faux-semblants.



Avec ce récit, entre le polar et le roman de société, Lorenzo Lunar nous emmène à Cuba, précisément dans la ville de Santa Clara, au cœur d’un quartier défavorisé.
Léo Martin est flic, il a grandi dans ce quartier et il en connaît les habitants, sait déchiffrer leurs attitudes, lire entre les lignes. Les petits trafics du coin n’ont aucun secret pour lui, mais c’est peut-être là que le bât blesse. Quand on croit tout savoir, on passe parfois à côté de choses importantes.
Tout commence avec un fait anodin, un trafic de lunettes de soleil, rien de plus banal en ces temps de crise. Cependant les choses, vous vous en doutez, ne vont pas en rester là. Au cours de son enquête, Léo nous entraîne à la découverte du quartier et de ses règles tacites, des gens qu’il côtoie au quotidien et de la société dans laquelle il évolue.
Si vous lisez ce livre pour son aspect polar, vous serez sans doute un peu déçus car l’enquête en elle-même est assez rapide et linéaire, le roman ne fait après tout que dans les 160 pages. Par contre, si vous êtes intéressés par l’aspect social de cette histoire, vous en aurez pour votre argent. Léo est un gars un peu désabusé, qui dépeint sans fard le monde qui est le sien, l’hypocrisie de sa société et la misère qui l’entoure.
Il peut se révéler un personnage aussi sympathique qu’agaçant. Son problème majeur, c’est qu’il semble résigné et même s’il essaie parfois de lutter à sa manière, il donne toujours l’impression d’avoir perdu d’avance. À force, cela devient exaspérant. Il geint beaucoup, se perd dans le fil de ses souvenirs, mais ne fait rien pour changer les choses. Il vit son métier comme un sacerdoce, mais ça lui sert aussi d’excuse pour ne pas reprendre sa vie en main. Néanmoins, il a aussi ses bons côtés.
Le style, quant à lui, s’adapte bien au propos. Il est sec, un peu tranchant, il ressemble à Léo. En lisant ce livre on ressent la chaleur, la brûlure du rhum et le rythme, entre le présent et les souvenirs du narrateur, s’accorde parfaitement au tango. Le phraser peut sembler un peu répétitif pour les français qui ont, ou sont censés avoir, la hantise de la répétition, mais on sent derrière cela la musicalité de l’espagnol qui permet plus facilement ces effets de style et en fait quelque chose de poétique et de lancinant. Ceci dit, c’est peut-être parce que je le parle que je le ressens ainsi, derrière la traduction, mais je pense que l’auteur a vraiment voulu imprégner son histoire d’une mélodie.
Je crois par contre n’avoir jamais lu autant de fois le mot pute en si peu de pages, sans parler du reste. Je ne suis pas particulièrement choquée par ce langage, mais autant de vulgarité devient très vite lassante.
Ce que je retiendrai de cet roman, c’est en priorité son aspect social. Il m’a été un peu difficile d’entrer dans l’histoire au début, Léo m’a parfois exaspérée, mais j’ai aussi appris des choses sur la société cubaine.
À noter qu’il y a à la fin de l’ouvrage, sur le rabat de la couverture, une playlist composée par l’auteur pour l’édition française ainsi que le lien qui permet d’écouter celle-ci en ligne. C’est une initiative des éditions Asphalte que j’apprécie toujours autant.

vendredi 21 juin 2013

Clamatlice

De Vanessa Terral, uniquement paru au format numérique dans la toute nouvelle collection e-courts des éditions Voy’[El]
Il s’agit d’un petit ouvrage constitué de deux nouvelles, Les vagues de Clamatlice et Saison de pluie sur Clamatlice.


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Clamatlice, un monde bien loin de notre Terre, surprend les voyageurs par ses plages de sable vert, ses deux lunes, sa végétation singulière et son surnom : la Planète aux Mille Pensées. Les premiers colons évoquent parfois, à mi-voix, des créatures gigantesques et une nature guidée par une forme de conscience. Bien entendu, les nouveaux arrivés – tel Noota, un jeune surfeur – ne croient pas à ces superstitions…
Jusqu’à ce que Clamatlice murmure à leur esprit.



Ce sont donc deux textes de planet opera qui inaugurent la collection e-court. Pour ceux qui ne sauraient pas de quoi il s’agit, le planet op est un sous-genre de la science-fiction dans lequel l’auteur nous emmène à la découverte d’une planète via le regard et l’expérience de personnages qui l’explorent. Clamatlice, la planète aux mille pensées, ne nous est pas entièrement dévoilée pour autant. Il s’agit de nouvelles, après tout, et elles sont plus axées sur la quête identitaire de leurs personnages ; même si celle-ci est, plus qu’ailleurs, liée à leur environnement et à la découverte de celui-ci, de ce qui, en lui, leur ressemble.
Dans le premier récit, Noota, un adolescent qui vient tout juste d’arriver sur la planète aux mille pensées, cherche sa place dans ce nouveau monde. Sur cette planète qu’il n’a pas encore apprivoisée, ses habitudes se voient en quelque sorte décalées par un environnement qui est familier sans l’être. Lui qui est un surfeur voit ses techniques complètement inutiles sur les mers de Clamatlice. En essayant de s’intégrer, il va trouver bien plus que ce qu’il cherchait au départ…
Dans le second texte, Luccine, une petite fille malmenée par les autres enfants et délaissée par les adultes, est amenée à faire un choix, peut-être encore plus difficile que celui de Noota. Ce texte-ci est doux-amer comparé au premier, mais également plus poignant.
Sur Clamatlice, votre nature pourrait vous apparaître d’une bien étrange façon… Je ne vous dévoilerai pas le principe, mais il m’a vraiment plu, d’autant qu’il est traité avec sensibilité et poésie. Si le style de l’auteur est toujours aussi plaisant que ce à quoi elle nous a habitués, sa façon de raconter s’adapte néanmoins aux événements. Dans la première nouvelle, la fluidité du récit dépend de la façon dont Noota parvient ou non à s’adapter aux caprices de l’océan. Dans le second, le récit se fait plus hésitant, comme Luccine, tournoyant en spirale il revient sur certains points, s’éloigne encore, revient toujours… C’est fait avec délicatesse, si bien qu’on pourrait presque passer à côté de ces détails. Cependant, si on n’en prend pas forcément conscience, on le ressent à la lecture. Cela fait partie de l’harmonie qui se dégage de ces textes, dans le fond comme dans la forme.
Ces nouvelles évoquent la différence, mais aussi l’appartenance à un groupe, à un monde, elles parlent de ce qui est en soi et que l’on choisit d’écouter ou de réprimer, pour soi-même ou pour les autres. J’ai aimé ces deux histoires pour ce qu’elles ont de terriblement humain. Et si la cynique que je suis est un peu dubitative face à tant de bienveillance, je me dis quand même : pourquoi pas ? C’est, après tout, la meilleure manière qu’a pu trouver la nature de cette planète pour éduquer l’humain. Et même si je trouve que ces deux jeunes gens s’en sortent plutôt bien au final, il ne leur en a pas fallu moins de courage. C’est bien aussi de montrer qu’il est parfois récompensé. L’ambiance est douce, mais tout n’est pas forcément rose et les choix des personnages ne sont pas aisés ni une fin en soi.
Ce sont deux très beaux textes, qui, à leur manière, sont plus riches en émotions qu’en action. C’est le second récit qui m’a le plus touchée car, émotionnellement parlant, c’est une histoire qui sonne terriblement vrai.
Je vous invite donc à découvrir ce qui se cache sur Clamatlice, au-delà de ses plages de sable vert et de ses routes pavées.


Pour finir, j’aimerais vous parler de l’initiative de l’auteur que je trouve particulièrement intéressante. En effet, Vanessa Terral propose à ses lecteurs d’écrire des textes portant sur l’univers de Clamatlice, de partager avec elle cette planète riche de possibilités. Les éditions Voy’[El] lancent donc un appel à textes permanent dans leur collection e-courts.
Mais, au-delà de la possibilité de publication elle-même, c’est cette notion de partage qui me touche car je la trouve aussi généreuse qu’enthousiasmante.


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dimanche 16 juin 2013

Dedans, dehors

Une nouvelle de Science Fiction de Sylvie Denis, publiée chez Armada éditions. Uniquement disponible au format numérique.


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La Jérusalem des Chevaliers Blancs – la cité de Dieu et de son prophète John Paul Sambara – est une communauté ultra religieuse vivant dans une enclave protégée. C’est là que vit une jeune fille, plus douée que les autres, qui tente d’en savoir plus sur son petit monde clos et sur l’univers extérieur.
Aidée par la Porte – prisonnier cybernétique faisant office de « portier » – elle va profiter du passage d'une fête foraine pour prendre contact avec les mystérieux « Hommes Libres et Singuliers ».
Parviendra-t-elle un jour à s’échapper et à vivre libre ?


Une dystopie exemplaire, qui a remportée le prix Rosny-aîné en 2000.



Dedans, dehors est une petite nouvelle dystopique comme je les aime. Le thème est courant, mais plaisant et très bien traité. L’élégance du style s’allie à l’intelligence du propos pour nous offrir un excellent moment de lecture.
Tout commence avec des extraits de la Déclaration des Droits des Hommes Libres et Singuliers. Mais qui sont-ils ? Et surtout qu’implique une telle Déclaration ? Si elle existe, c’est que les droits fondamentaux qu’elle évoque ainsi que la responsabilité de l’humain dans son propre destin ne sont pas évidents pour tout le monde.
Pourtant, quand commence l’histoire, on ne sait pas encore vraiment où l’auteur veut nous emmener. La narratrice, une jeune fille à l’esprit aussi brillant que caustique, ne se dévoile que petit à petit. Le lecteur voit sous ses yeux se craqueler la façade brillante de la Jérusalem Céleste à mesure que l’héroïne lui conte son histoire personnelle. Et elle en a des choses à dire…
Aussi lucide que secrète, cette gamine s’interroge, se souvient, se projette également dans l’avenir. C’est un plaisir de suivre ses réflexions autant que ses confidences.
Petit coup de cœur pour cette nouvelle un rien trop courte à mon goût. Le texte est bien construit et nous offre une histoire complète en soi, mais la fin est ouverte et j’avoue que j’aurais quand même bien voulu savoir la suite.


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vendredi 14 juin 2013

Chronique de la vallée

Une nouvelle d'anticipation de Jacques Boireau, publiée chez Armada éditions. Uniquement disponible au format numérique.


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Dans le Forez, il est une vallée préservée où tout est encore vrai, l'air, l'eau, l'herbe et les arbres. Dans ce parc d'attraction, les habitants vivent à l'ancienne, comme dans un musée à ciel ouvert. Cela attire les touristes qui, au bistrot du village, goûtent la fausse gentiane du père Anglade. Le père Anglade ? Un vieux de la vieille qui en connaît des histoires, des histoires de luttes syndicales allant jusqu'à la guerre civile, mais toutes vouées à l'échec, en ce début de mondialisation.


Un récit prémonitoire. Une authentique anticipation.



Michel vit dans une vallée enclavée appelée le Parc, à la fois vestige d’un temps passé qu’on conserve comme une photographie et dernier coin de nature pour citadins en mal de dépaysement. En effet, la ville a grignoté les campagnes, s’est étendue partout. Reste le Parc, avec ses pièges à touristes, ses faux agriculteurs et ses histoires d’un temps passé. Ces récits d’une autre vallée, une vraie, sont devenus les contes et légendes de ce futur pas si lointain et ils ressemblent à notre époque. Cela en fait un récit aussi intéressant que troublant.
Toutes les histoires du Père Anglade nous amènent vers ce futur, cette vallée factice, coupée de toute évolution ou de vraie raison d’être, reconstituée et déposée là pour maintenir un semblant de mémoire, mais surtout conçue comme un miroir aux alouettes qui piège autant qu’il amuse les touristes. Qu’en restera-t-il une fois le père Anglade disparu, sinon une prise de vue tronquée, fabriquée, reflétant la réalité autant qu’un animal empaillé rappelle son modèle vivant ? C’est d’autant plus effrayant que cela pourrait vraiment arriver.
Publiée au début des années 80, cette nouvelle est toujours d’actualité. Elle parle de problèmes et de faits de société qui sont encore les nôtres, de délocalisation, de désertification, forcée ou non, des zones rurales et d’autres choses encore. Elle pousse le lecteur à s’interroger sur l’avenir de l’humanité, via son présent, sans pour autant réfléchir à sa place.


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dimanche 9 juin 2013

À n'importe quel prix

Une nouvelle de Claire et Robert Belmas publiée chez Armada éditions. Uniquement disponible au format numérique.


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Joan est une profileuse d'élite. Aucune énigme ne résiste à ses pouvoirs psioniques et là, elle est sur une grosse affaire : il s'agit de démêler si les vagues de meurtres qui ensanglantent les mégalopoles sont le résultat d'une criminalité banale ou d'une influence extra-terrestre. Et le Vatican paye si bien qu'elle a pu s'offrir un corps tout neuf pour échapper in extremis à la déchéance et à la mort. Joan triomphe. Mais qui peut prétendre contrôler son destin ?



Claire et Robert Belmas nous entraînent dans une nouvelle futuriste largement mâtinée de polar, un texte de qualité vraiment prenant et qui se lit trop vite.
Dans le monde qu’ils nous décrivent, les villes sont devenues des Hypercités saturées dans lesquelles l’approvisionnement en énergie et la violence sont des problèmes majeurs, en plus des pluies acides. C’est un futur terne, un peu crasseux et effrayant qui se dévide avec la bobine du récit et ce n’est pas pour autant déplaisant car c’est plausible. Puis, cela ne gâche rien, l’histoire a aussi une dimension humaine qui la rend touchante.
Joan est une profileuse d’exception, mais elle a un souci : elle vieillit, sans espoir de régénération cellulaire. Le père Laniel a un problème que seule Joan pourrait résoudre. Et s’ils trouvaient tous les deux un terrain d’entente ?
A côté de cela une prostituée russe droguée jusqu’à la moelle pleure ses malheurs sur son concerto inachevé…
Entre horreur et science, violence quotidienne dans une cité surpeuplée et spectre d’invasion extraterrestre, deux histoires s’entrecroisent. Sont-elles vraiment liées ? Vont-elles se recouper ?
Certes, on dira que c’est un peu prévisible sur les bords, mais ça reste un récit aussi vif qu’entraînant, émouvant et surtout bien construit, avec de nombreux clins d’œil, notamment, pour le plus visible, une référence à Jack l’éventreur.
Ce texte m’a beaucoup plu et je ne peux que vous en conseiller la découverte.


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jeudi 6 juin 2013

Fantômes et Ombres, Les aventures de Tony Foster T1

 Un roman de Tanya Huff, publié chez J'ai lu.

Présentation de l'éditeur :

Vous souvenez-vous de Tony Foster ? Après avoir aidé Vicki sur quelques enquêtes, il s'est installé à Vancouver avec Henry pour réaliser son rêve : travailler pour la télévision. Malheureusement, les acteurs de la série tombent comme des mouches sur le plateau, victimes d'accidents étranges et même surnaturels. Comme d'habitude, me direz-vous. Dans l'équipe, quelqu'un ne joue pas franc-jeu. Tony n'a plus qu'à découvrir qui est ce comédien hors pair.
Bien qu’étant un spin off de Vicki Nelson, ce premier volume de la trilogie des Tony Foster peut tout à fait se lire sans connaître la série d’origine. L’auteur remet au clair les bases de la relation entre le personnage principal et Henry, son ami vampire, ainsi que certains événements passés. Cela permet de mieux comprendre les réactions des personnages, mais peut se révéler un peu agaçant pour qui connaît déjà leur histoire. Néanmoins ce n’est pas si pénible quand on a lu les Vicki il y a un bout de temps, puis il est plaisant de retrouver Tony et Henry, d’autant que la situation a quelque peu évolué entre eux.
Toutefois, je vous conseillerais quand même d’avoir lu les Vicki auparavant. En effet, la narration étant à la troisième personne et le style de Tanya Huff un peu sec, vous pourriez avoir du mal à vous attacher aux personnages et ce serait dommage car ça fait partie intégrante du plaisir qu’il y a à lire ce roman.
Si vous comptez lire les Vicki, mieux vaut arrêter ici la lecture de cet avis car je vais devoir parler un peu de ce qui s’est produit dans la série d’origine.

Au début de l’histoire, nous retrouvons Tony à Vancouver. S’il est toujours aussi débrouillard, l’ex gamin des rues a pris plus d’assurance. Il travaille comme assistant sur une série télé mettant en scène un vampire détective. Belle ironie… Mais pour lui, qui souhaite devenir réalisateur, c’est le rêve. Enfin, ça le serait si des ombres mystérieuses ne se promenaient pas sur le plateau, provoquant d’étranges événements, et si la préposée aux effets spéciaux était plus disposée à partager avec lui ce qu’elle sait à ce sujet…
J’ai toujours eu un petit faible pour Tony, son insolence autant que sa sensibilité font tout son charme. J’ai donc été ravie de le retrouver en personnage central dans cette histoire. Henry n’est pas bien loin, évidemment. Leur relation a évolué en quelque chose de plus amical. Malgré les années passées ensemble, ils apprennent toujours l’un sur l’autre et c’est assez touchant de les voir tenter de maintenir un équilibre entre la possessivité d’Henry et le fait que Tony ne veut pas être dépendant de lui, sachant qu’il aurait facilement tendance à s’y abandonner.
Pour autant, c’est surtout Tony qui est au cœur de l’intrigue et j’ai vraiment apprécié de le suivre, de voir ce qu’il a fait de sa vie et quelles sont devenues ses aspirations. Son caractère contrebalance un peu celui de la mage aigrie qui a certes ses raisons pour se montrer aussi fuyante et antipathique, mais qui n’en est pas moins énervante à la longue, d’autant que l’intrigue est un peu poussive. Elle a un petit côté fantasy qui est pétri de clichés, mais le problème ne vient pas forcément de là.
Tanya Huff a l’habitude de faire des histoires avec pas grand-chose et elle ne déroge pas à sa règle pour ce récit. D’un côté ça n’est pas plus mal, ça évite la surenchère de scènes farfelues, mais ça donne à l’intrigue un petit quelque chose de répétitif, surtout dans sa première moitié alors que les personnages se voient contraints de procéder deux fois par jour au même rituel. Malgré tout, ça reste agréable à lire quand on se concentre sur les aspects positifs du roman, comme l’humour, un brin de mystère et surtout l’ambiance tournage de série télé qui, pour ma part, m’a séduite. La seconde partie est géniale et prenante, récompensant ainsi le lecteur de ses efforts. Si quelques scènes sont assez prévisibles, ça change néanmoins beaucoup de ce qu’on peut trouver en urban fantasy à l’heure actuelle et c’est ce qui a emporté mon adhésion. Etant en plus déjà attachée aux personnages, j’ai passé un bon moment avec eux.
L’écriture de Tanya Huff est un peu hachée, c’était pareil dans les Vicki, il faut le temps de s’y habituer. C’est sans fioritures, pas de descriptions inutiles ou de sentiments à outrance, mais c’est efficace et, une fois qu’on est dedans, pas désagréable non plus. C’est une bonne série d’urban, sans prétention ni tape-à-l’œil et je lirai sans aucun doute la suite. Si vous avez aimé les Vicki ou souhaitez une série d'urban qui change un peu, avec un personnage masculin et gay comme héros, je vous conseille ce roman.

samedi 1 juin 2013

Cinq pas sous terre, Ep3 : Trafiquants d'âmes

Cinq pas sous terre est un feuilleton numérique en cinq épisodes (un par mois depuis avril,) écrit par Vanessa Terral et publié par les éditions du Petit Caveau.


La présentation de l’éditeur et mon billet sur le premier chapitre sont par-là.
Le billet sur le deuxième chapitre suit ici.



Pas de spoiler en vue, vous pouvez y aller.


Nous voici enfin arrivés au troisième chapitre, le pivot de cette histoire qui en contiendra cinq. J’attendais donc beaucoup de cet épisode-clé à propos duquel je n’ai cessé de conjecturer durant ce dernier mois. J’avais d’autant plus hâte de le lire que le deuxième se terminait dans un suspense de folie et, autant vous le dire tout de suite, je n’ai pas été déçue.
Si le récit prend, à ma grande joie, des tours plus surprenants que tous ceux que j’avais pu imaginer, nous n’en obtenons pas moins notre lot de réponses, en même temps que Jabirah. Il faut dire que la pauvre commençait sûrement à saturer à force de tâtonner à l’aveugle dans son nouvel univers et de se ramasser de violentes remises à niveau sur le coin de la gueule dès qu’elle pensait se dépatouiller un peu de ses soucis.
Le plus gros de la trame est posé, donc, mais le lecteur, à l’égal de la narratrice, a bien conscience qu’il va encore au-devant de quelques révélations et au moins autant de rebondissements. C’est ce qui fait un bon roman-feuilleton, n’est-ce pas ? Mais c’est aussi ce qui rend interminable l’attente entre les parutions…
J’ai beaucoup apprécié cet épisode un peu plus calme, mais plus riche en informations. Et puis j’ai été séduite par cette incursion dans le monde des esprits qui parle forcément à quelqu’un qui a grandi au pays des mazzeri ou, plus largement, qui s’intéresse au chamanisme. C’est à ce genre de choses qu’on voit qu’une histoire n’a pas été écrite par hasard et que l’auteur accorde vraiment beaucoup d’importance au fond mythologique et culturel qu’elle utilise. C’est un trait que je recherche dans mes lectures, pas uniquement parce qu’il apporte de la vraisemblance bien que ce soit un plus non négligeable, mais parce qu’il amène aussi à l’intrigue ce petit quelque chose de particulier, à moitié part de la personnalité de l’auteur, à moitié écho mythique, qui en fait un récit que l’on perçoit à plusieurs niveaux et qui a quelque chose à nous enseigner.
Encore une fois, la fin est frustrante et je n’ai réalisé qu’aux dernières lignes que j’étais en train de l’atteindre…