jeudi 27 décembre 2018

Ilex aquifolium

Une nouvelle de Marie-Lucie Bougon, publiée aux éditions Realities Inc.

La version numérique est gratuite jusqu'au téléchargement des mille premiers exemplaires, alors profitez-en vite.

Présentation de l'éditeur : 
Les contes l’ont imaginée blanche, liliale, la chevelure ornée de douces étoiles de givre, le regard clair. Mais je peux désormais vous dire que la Reine des Neiges est une flamme rouge, une gemme écarlate livrée à l’inconstance des cieux, une torche vive. Je n’ai jamais trouvé le froid si différent de la chaleur : une même sensation jaillit dans cette intensité, dans cette foudre qui emplit le corps lorsque ces deux extrêmes ensemble éclosent. Toucher la neige, c’est toucher le feu, glacer sa chair jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’une violente brûlure. Tenter de faire ployer le givre, c’est plonger dans un bûcher, périr dans une gerbe de flammes blanches. Je me souviens encore de la première fois que je vis de la neige à New Shanghai, au cours de cet hiver cendreux de l’an passé, le plus rude, disait-on, depuis presque cent ans...
Cette année encore, les éditions Realities Inc. nous emmènent à la redécouverte de Noël dans un lointain système solaire. Je vous invite au passage à lire De Rouille et de Glace, la nouvelle de l’an dernier que j’ai beaucoup aimée. De manière générale, leurs nouvelles de saison sont toujours de belles surprises. 
Dans Ilex aquifolium, nous faisons la rencontre d’Aran et Dee. Ils vivent sur une planète où tout est trop uniforme et ennuyeux. C’est une petite attention d’Aran pour sa compagne qui va leur en faire prendre davantage conscience et pousser Dee, très intéressée par les coutumes de l’ancien monde, à faire des recherches sur la symbolique de Noël. 
Ce texte est fort court, pourtant il semble s’étirer comme l’hiver. On ressent le froid, la chaleur du foyer, l’attente fébrile et on vit la quête des personnages. J’ai pris grand plaisir à savourer ce conte initiatique moderne. 
Marie-Lucie Bougon souffle sur les braises de vieilles croyances qui s’entremêlent et qui, bien au-delà de leur aspect religieux, peuvent parler à tout le monde grâce à leur nature symbolique. Ce récit nous invite à réenchanter notre quotidien en entretenant notre flamme personnelle avec des bonheurs simples, il nous invite à prendre le temps de ressentir. Nous avons besoin de symboles et de mythes dans notre vie autant que de froide logique et de raison. Non pour nous bercer d’illusions, mais pour nourrir cette part de notre esprit souvent laissée de côté. On n’est pas complet sans rêve et sans sensations. 
J’ai apprécié la réflexion portée par la nouvelle et relu avec plaisir La Reine des Neiges qui lui fait suite. Ce conte a toujours été l’un de mes favoris. Je ne me lasserai jamais de ce que je peux y redécouvrir. À n’en pas douter, Ilex aquifolium deviendra aussi l’un de ces récits que j’aime relire.

mercredi 26 décembre 2018

Pain d'épices

Tous les ans, je suis chargée de préparer le pain d’épices pour le réveillon. Croyez bien qu’avec un père pâtissier c’est plus qu’un honneur d’être considérée comme la plus qualifiée pour cette tâche. :P 
Bon, en vrai je le dois à mon palais plus qu’à ma technique. Un mélange d’épices s’ajuste au goût. Sans parler du choix du miel… 

Techniquement, ce n’est pas du vrai pain d’épices traditionnel, mais moi je l’aime comme ça. 

Bref. Si je vous présente cette recette aujourd’hui, c’est dans le cadre du challenge madeleine de Proust

Tranche de pain d'épices attendant sereinement d'être dévorée pour le petit-déjeuner.

Ingrédients : 

- 250g farine 
- 50g de sucre (celui que vous voulez. Après avoir longtemps utilisé de la cassonade, je suis passée au sucre complet. J’y laisse toujours macérer des gousses de vanille, mais vous pouvez vous en passer.) 
- 1 sachet de levure 
- 75g de beurre (ou de margarine) 
- 150ml de lait ou boisson végétale (ça fait des années que j’utilise du soja ou de l’avoine et ils ne s’en sont toujours pas aperçu...) 
- Deux œufs (ou pas, ajoutez alors un peu plus de lait). 
- 250g de miel (et ouais, rien que ça… Du bon miel hein, pas l’immondice vendue en bouteille.) 
Et les épices (Cuillères rases. Mesures à titre indicatif, en plus en vrai je mesure en creux de paume. Moi j’y vais à fond les ballons, mais t’es pas obligé de faire pareil, chacun ses goûts. :P ) : 
- 2 cuillères à soupe de cannelle 
- 1 cuillère à soupe de cardamome 
- 1 cuillère à soupe gingembre 
- 1 cuillère à café de badiane (anis étoilé) 
- 1 pincée de noix de muscade 

Préchauffez le four à 150°. 

Mélangez tous les ingrédients secs : farine, sucre, levure, épices. Si vous craignez que le mélange d’épices soit trop fort pour vous, attendez de verser la partie liquide de la préparation pour ajouter les épices et goûtez au fur et à mesure. 
Pour la suite, ne dites JAMAIS à mon père que je fais ça, il me tuerait : faites chauffer le lait, ajoutez le miel pour qu’il fonde, mélangez bien. Quand c’est homogène, rajoutez le beurre en morceaux et mélangez jusqu’à ce qu’il fonde. 
Attendez que ça refroidisse un peu avant de le verser, pour ne pas brûler votre levure. Mélangez bien. Goûtez pour ajuster les épices. 
Ajoutez les œufs (ou pas). Puis versez dans votre moule. 

La cuisson prend environ 45 minutes. Toujours à 150°, chaleur tournante.

lundi 24 décembre 2018

Calendrier de l'avent théiné - 4

Suite et fin du calendrier de l'avent. Je n'ai plus qu'à terminer ma tasse avant de foncer dans la dernière ligne droite des préparatifs de réveillon.
Je vous souhaite de très belles fêtes.



19 Ronde fruitée : thés noirs, orange, miel 
Ce thé fut une excellente surprise. Je n’attendais pas grand-chose du mélange orange-miel et finalement cela m’a beaucoup plu. C’est agréable, réconfortant, un bon thé de petit-déjeuner. 
Il est aussi très bon en thé glacé (les fonds de tasse, vous savez ce que c’est…) 
J’en rachèterai. 

20 Secret d’Aladin : thés verts, épices indiennes, gingembre, fleurs 
Un thé riche en épices, avec une pointe d’amertume qui vient du thé. Pour moi les épices passent bien avec le thé noir, mais pas du tout avec le thé vert. Je n’ai pas aimé. 

21 Sencha Calida : thés verts sencha et oolong, fruits rouges, groseilles 
Je connaissais celui-ci et je le trouve plutôt agréable pour un thé aux fruits rouges. Cela vient probablement du sencha. Il est très rafraîchissant. Il ne faut pas le laisser infuser trop longtemps, sinon il devient écœurant. 

22 Rooibos des Tropiques : rooibos, orange, fraise, noix de coco, fleurs 
L’orange domine dans ce bon rooibos, tandis que les autres parfums ajoutent de la douceur. Il est fruité à souhait et je l’ai beaucoup apprécié. 

23 Pêche abricotée : thés noirs, pêche 
Je n’aime pas cet arôme très artificiel de pêche qui est monnaie courante pour ce type de thé. Je le trouve très irritatif et écœurant. Ce thé peut être bu glacé, avec d’autres ingrédients pour l’atténuer, mais seul je le trouve meilleur chaud que froid. 

24 Thé de Noël : thés noirs, amande, cerise 
Et pour finir nous avons le thé emblématique de la marque. C’est pour moi le thé de noël idéal. J’apprécie particulièrement son parfum de cerise. J’en achète tous las ans.

jeudi 20 décembre 2018

Dans le monde pestaculaire (et terrib') de ma soeur Minnie et de son vilain lapin

Un roman de Lissa Evans, publié chez Poulpe Fictions.

Présentation de l'éditeur : 
Un lapin peut en cacher un autre... 
Lors d'une nuit d'orage, Fidge est transportée par magie dans un monde tout à la fois coloré et inquiétant : celui de l'album préféré de sa petite sœur, Minnie.
Elle a trois compagnons : deux d'entre eux sont bizarres (Ella, une éléphante violette joviale et déterminée et Dr. Carotte, un jouet en plastique sur roues, doté en ce monde d'un diplôme de médecine) et le troisième est son ennuyeux cousin hypocondriaque.
Pour rentrer chez elle, elle devra résoudre une série d'énigmes impossibles, puis défaire un cruel dictateur en peluche et sauver 3 000 Doubidous (oui, vous avez bien lu cette phrase).
Et le pire, c'est que toute cette histoire est de sa faute...  
"Dans le monde pestaculaire (et terrib') de ma sœur Minnie (et de son vilain lapin)", c'est de l'aventure, du danger, de l'amitié, et la crainte de ne jamais rentrer chez soi. Mais, c'est toujours drôle : envers et contre tout très drôle !

Rien que le titre donne envie, n’est-ce pas ? Et le roman est à sa mesure.
Comme toutes les grandes sœurs, Fidge est souvent exaspérée par les caprices de sa cadette. Minnie, quatre ans, n’en fait qu’à sa tête et n’a d’yeux que pour son doudou, Lapirouze, et son livre préféré : Le Monde des Doubidous, qu’elle voudrait qu’on lui lise à longueur de journée.
Et Fidge en a ras-le-bol des Doubidous, vraiment. Mais à la suite d’un accident, elle se trouve coincée dans leur monde en compagnie de Graham, son cousin qui collectionne les phobies, et de deux jouets déglingués. Et il s’en passe des choses dans le monde des Doubidous… Un dictateur a pris le pouvoir et Fidge doit le combattre pour espérer rentrer chez elle et retrouver sa sœur.
Le livre en lui-même est un bel objet, avec une jolie mise en page et des illustrations dans les marges. Cela rend le récit plus vivant. Et quelle chouette histoire ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un roman jeunesse aussi drôle et intelligent. Lissa Evans s’est montrée inventive. Elle manie l’absurde et le sarcasme, elle joue avec les références de l’enfance, tout en donnant aussi à son récit une dimension plus tendre et optimiste. Le roman possède ainsi plusieurs niveaux de lectures, mais tous sont accessibles à son public cible. Pas de mièvrerie dans cette histoire, cependant il y a de l’ingéniosité, de la combativité et de la loyauté à revendre. Ce texte véhicule de bonnes valeurs, sans faire la morale.
Les personnages sont très attachants et leurs caractères vraiment travaillés. On peut facilement s’identifier à Fidge, une héroïne lambda avec ses qualités et ses défauts. Cela fait du bien d’avoir un personnage féminin comme elle dans un roman pour enfants. Ella l’éléphante, la coach de vie de Minnie (!) est un personnage délicieusement positif sans être niais, elle fait ressortir les meilleurs côtés de ses compagnons. Et Dre Carotte, sous ses airs sévères, se révèle tout aussi importante et fine psychologue. Grâce à ces deux personnages, autant qu’au contexte, Fidge et Graham vont grandir dans cette histoire et retrouver l’équilibre qu’ils avaient perdu.
Tout en étant très distrayant et drôle, ce texte transmet de beaux messages à travers des métaphores habiles et accessibles. C’est très bien pour les enfants qui lisent tout seuls, mais il a également un beau potentiel pour de la lecture à haute voix avant le dodo. Même une adulte grande lectrice et blasée comme moi a adoré...

mardi 18 décembre 2018

Calendrier de l'avent théiné - 3



13 Hiver austral : rooibos, fruits rouges, mandarine
Enfin un rooibos ! Celui-ci est doux, reposant. Les fruits rouges dominent et il sent le bonbon. Il n’est pas écœurant.

14 Fruits de la passion : thés noirs, fruits de la passion, pétales de fleurs
Un thé qui tient ses promesses. L’arôme de fruits de la passion est très fort et entêtant, mais j’aime ça donc ce n’est pas un problème.

15 Étoile d’Orient : thé vert, épices, orange, chocolat
Un classique de Noël, pas trop chargé en épices. Il allie bien la douceur et l’acidité. C’est un thé agréable.

16 Balade en Bretagne : oolong, caramel au beurre salé, morceaux de caramel
La première chose qui m’a frappée dans ce thé est sa forte odeur de lait en poudre. Cela ne s’est pas démenti au goût, il est fortement lacté. Il m’a tout de suite écœurée. 
J’ai de loin préféré Caramel en fleurs, le thé du deuxième jour.

17 Earl grey supérieur : thés noirs, bergamote
Il ne détrônera pas mon favori (le Blue of London du Palais des thés), mais c’est un bon earl grey, tout ce qu’on peut attendre de ce type de thé.

18 Darjeeling Himalaya : thé noir
Un Darjeeling robuste, avec son goût de miel caractéristique.

On se retrouve dans une semaine pour les six derniers thés.

lundi 17 décembre 2018

Box Envoûthé Décembre 2018 - Lumières de Noël

Cela fait quelques années que j’achète la box de noël d’Envoûthé. C’est un cadeau de moi à moi que j’apprécie toujours. 
Honnêtement, celle de cette année n’est pas la plus élaborée que j’ai pu avoir, en revanche, les thés sont au top. 
La première chose qui m’a frappée à l’ouverture est une bonne odeur d’agrumes. 

J’ai piqué la photo sur le site d’Envoûthé et ce n’est pas par fainéantise, les miennes étaient trop moches. 

Le livret contient :
- Un édito qui explique le choix du thème et l’esprit de la box.
- Chaque thé détaillé : ses caractéristiques : origine, temps et température d’infusion, histoire…
On prend même la peine de nous expliquer comment obtenir la bonne température d’eau sans matériel. (Je n’en avais pas besoin, mais je trouve l’attention louable.)
- Des accords thé et mets (de peu d’intérêt à mon avis).
- Un petit mot concernant la surprise du mois et les partenaires.
- Le contenu de la box en résumé, avec les quantités. (Très pratique.)

Les thés : 
- Le bal des lucioles - Les Saisons du Thé - 14g 
- Lumières de Noël - 15g 
- Christmas tea - Dammann Frères - miniature 30g 
- Étincelle - Envouthé - 15g 
- Noël dans le bush - Jardins de Gaïa - 15g 
- Un pot de miel au matcha - La Maison du Miel 

La liste des ingrédients est plus complète dans le livret, mais je suis finalement un peu fainéante. Si vous avez besoin d’une précision, n’hésitez toutefois pas à demander. 

Noël dans le bush - Jardins de Gaïa
Rooibos bio poire cacao
Je connais bien ce rooibos, qui est disponible toute l’année sous le nom Dans le bush sans aucun changement dans la recette. 
Je l’apprécie beaucoup, c’est l’un de mes préférés de chez les Jardins de Gaïa, et j’en achète régulièrement. Il est fort en cacao, très doux et réconfortant. J’ai toujours trouvé qu’il sentait plus la pomme que la poire. 

Christmas tea - Dammann Frères
Thé noir, ananas, orange, caramel, marasquin 
Celui-ci est très connu. J’aurais préféré quelque chose de plus original (il faut dire que je venais tout juste d’en acheter 100g alors je manque d’objectivité...), mais c’est un bon classique et l’un de mes thés de Noël préférés. 
Le marasquin et l’ananas sont ses saveurs dominantes (pour mon palais en tout cas) et j’apprécie cette particularité qui change des thés forts en agrumes (ici l’orange n’est pas agressive) ou en cannelle qui sont souvent l’apanage des recettes de noël. 

Étincelle - Envouthé
Thé noir bio spéculoos 
Un thé qui sent bon la cannelle. Ça tombe bien, j’adore ça. Pour autant, ce n’est pas un bête thé noir à la cannelle, on sent aussi la douceur de la vanille et la richesse du cacao. Le mélange est bien équilibré et subtil, vraiment très agréable. C’est une bonne surprise pour un thé de ce genre qui peut sembler de prime abord vu et revu. Il est très bon. 

Le bal des lucioles - Les Saisons du Thé
Thé noir miel, lavande, bleuet, fraise
Ce thé me faisait très envie. J’ai pris le risque de le renifler malgré la lavande, et comme il sentait beaucoup la fraise des bois et le bleuet, je n’ai pas pu résister… Je ne le regrette pas, même si j’ai mal supporté la lavande, il est vraiment excellent. J’aime beaucoup Les Saisons du thé, leurs produits sont très délicats, avec une palette de saveurs complexe qui s’harmonisent toujours parfaitement, aucune ne prend le pas sur l’autre et on peut toutes les distinguer. 

Lumières de Noël - La Route des Comptoirs
Thé vert bio, honeybush, épices et agrumes
C’est le parfum d’orange de ce thé qui embaumait la box. 
À ma grande surprise, ce thé m’a plu. J’apprécie rarement les thés à l’orange, surtout ceux aux épices de noël, et je n’aime pas l’honeybush qui sent fort le pollen. Mais là c’était parfaitement dosé. Les agrumes, citron et orange, dominent dans ce thé, l’honeybush est perceptible sans agresser le palais et les épices ne corsent que légèrement le mélange. Cela donne un thé agréable, avec du peps mais tout en délicatesse. 

Miel au matcha 
Il se trouve que je m’y connais un peu en miel. J’ai essayé de n’avoir ni de trop grandes attentes ni d’a priori sur un miel aromatisé, mais je ne suis pas convaincue. 
Il s’agit d’un miel de printemps, type acacia, choix judicieux pour ce mélange. C’est un miel doux qui peut ainsi laisser le matcha prendre toute sa place. Pour autant, je n’ai pas beaucoup senti ce dernier, si ce n’est dans une pointe d’agressivité qui s’accorde mal avec la saveur sucrée du miel. Cela ne m’a pas plu.

mercredi 12 décembre 2018

Calendrier de l'avent théiné - 2



7 Secret de l’Himalaya : thés verts, baies de goji 
Il semble y avoir autre chose que des baies de goji dans ce thé, quelque chose de fruité que je n’arrive pas à définir. Cela le rend un peu écœurant, bien qu’il soit aussi très végétal et un rien amer. Il ne m’a pas plu. 

8 Thé des neiges : Thés verts et blancs, fruits rouges, pommes cuites 
Un thé très doux, qui sent surtout les fruits rouges, mais il a aussi quelque chose de floral. Sa palette de parfums est très délicate. Il me rappelle le thé Reine des neiges de chez Soleil. 

9 Balade en Flandres : Thés noirs et spéculoos 
Rien que l’odeur de ce thé suffit à mettre en appétit. Il sent le biscuit, pas spécifiquement le spéculoos, et il est très bon. C’est une boisson réconfortante qui peut aussi bien convenir au petit-déjeuner qu’au goûter. Ce thé est une de mes plus belles découvertes dans ce calendrier. 

10 Goût russe : thés noirs, bergamote, orange amère, écorces de citron 
J’ai une certaine affection pour ce type de thé, surtout quand il est bien citronné. Celui-ci m’a beaucoup plu. On sent le citron, mais également l’orange ; la bergamote est en note de fond. Le mélange est très agréable, pas agressif du tout. 

11 Quatre fruits rouges : Thés noirs, fruits rouges, morceaux de framboises 
Un peu plus de précision quant à la composition aurait été bienvenue… Enfin bref. 
En général je n’aime pas les thés aux fruits rouges, qui me semblent souvent trop chimiques et douceâtres. Celui-ci n’échappe pas à la règle. Il sent fort la framboise, alors ce n’est pas le pire que j’ai goûté. Néanmoins, je ne suis pas convaincue. 

12 Balade en Avignon : Oolong, morceaux de figues 
Étant allergique à la figue, je n’ai pas pu goûter ce thé.

On se retrouve dans une semaine pour les six thés suivants.

dimanche 9 décembre 2018

Challenge Madeleine de Proust

Rien de tel qu'un nouveau challenge pour se consoler d'avoir foiré le précédent (R.I.P. Challenge ABC 2018, l'année a été difficile... Je ferai mieux l'an prochain.)
Enfin bref.
Pendant la saison des fêtes, il n'y a rien de mieux que de réveiller ses souvenirs d'enfance, je me suis donc inscrite avec enthousiasme au challenge de Lune et j'ai plein d'idées quant à ce que je vais lire, relire, voir ou revoir, écouter et faire. Je pense même poster quelques recettes.
C'est ce qu'il y a de magique avec ce challenge : il est très libre. Du moment que cela vous rappelle de bons souvenirs, tous les genres et tous les supports sont acceptés.

Pour une présentation détaillée du challenge et vous inscrire, je vous invite à vous rendre sur Un papillon dans la lune.

jeudi 6 décembre 2018

Calendrier de l'avent théiné - 1

Cela fait quelques années que je m’offre un calendrier de thés pour l’avent. J’ai opté cette fois pour celui de la Compagnie coloniale afin de découvrir des thés (sinon j’ai un peu tendance à toujours aller vers les mêmes). 
J’ai décidé de vous présenter succinctement ces thés qui vous intéresseront peut-être. Le tout sera divisé en quatre articles portant chacun sur six thés. 


Le calendrier en lui-même est joli. Ce ne sont pas des cases à ouvrir, mais des petites boites. Dans chacune d’elles se trouve un sachet de thé. Il n’y a pas de sur-emballage. 
Il faut avoir une bonne vue pour lire le nom du thé sur son étiquette... La couleur de ladite étiquette vous renseigne sur le type de thé : vert pour le vert, orangé pour le noir, rouge pour le rooibos, noir pour le thé nature (si je me fie à la liste, il n’y en a qu’un). 
Les informations sur la composition des thés sont à l’arrière du calendrier, en français et en anglais. Ils y sont classés par variétés et ordre alphabétique. 
Il n’y a aucune information concernant le temps et la température d’infusion. On n’en a pas vraiment besoin ceci dit. 

Les thés : 

1 Secret de Shéhérazade : Thés noirs, orange, pêche, amande, pétales de fleur 
J’appréhendais un peu le goût de celui-ci. Je n’aime pas trop les thés à la pêche qui sont souvent très chimiques et irritatifs. Mais celui est agréable et léger, même si ce n’est pas un thé que je consommerais régulièrement. L’association pêche et orange m’a plu. Je n’ai pas senti l’amande. 

2 Caramel et fleurs : thés noirs, flocons de caramel 
Il y a deux sortes de thé au caramel : ceux qui sentent le bonbon, puis ceux qui sentent davantage comme le caramel liquide et sont plus forts en goût, plus brûlés. Celui-ci sent le bonbon et c’est un thé tout à fait correct dans le genre. Pas le meilleur que j’ai goûté, mais pas mauvais. 
Je peux sembler très critique, mais j’ai goûté un grand nombre de thés de ce type. 

3 Thé aux épices : thés noirs, clous de girofle, cannelle, gingembre, écorce d’orange 
Un thé aux épices tout ce qu’il y a de plus typique. Je ne suis pas très fan des clous de girofle. Je n’ai quasiment pas senti l’écorce d’orange et je le déplore car cela aurait apporté un peu de finesse au mélange. 

4 Sencha Floride : thé vert sencha, orange, ananas 
Un thé fruité acidulé, vraiment très agréable et rafraîchissant. Il vaut plus pour ses parfums que pour la qualité du sencha, mais il m’a plu et j’en rachèterai probablement. 

5 Lapsang souchong : thé noir fumé aux racines de pin 
Alors ça c’est un classique. On aime ou on déteste. Moi, je fais partie de ceux qui aiment et dans le genre j’avais mes habitudes, j’achetais toujours le même jusqu’à ce que le fabricant préfère remplacer le fumage traditionnel par de l’arôme artificiel... 
Le lapsang souchong de la Compagnie coloniale est correct et fumé à l’ancienne. 

6 Rooibos fruits et fleurs du soleil : Rooibos, fraise, vanille, pamplemousse, fleurs 
Le mélange vanille-fraise n’est pas ma came, mais celui-ci n’est pas trop écœurant. Ce rooibos est doux et gourmand, idéal pour le goûter.

On se retrouve dans une semaine pour les six thés suivants.

dimanche 2 décembre 2018

Derniers achats théinés

En ce moment, j’ai des envies de nouveauthé (désolée, pas pu m’en empêcher), alors j’ai profité de l’achat de mon calendrier de l’avent chez la Compagnie coloniale pour découvrir quatre thés très tentants. 

Marrons chauds 
Oolong aromatisé à la châtaigne avec des brisures de châtaignes. 
Le goût de châtaigne est vraiment très léger (on le sent davantage à froid, mais ça veut dire qu’il est naturel). Ce thé est agréable. C’est une bonne boisson de fin d’après-midi pour la saison, cependant il ne m’a pas suffisamment marquée pour que j’en rachète. 

Le thé des Impératrices 
Thé noir framboise et pistache.
C’est celui qui m’a le moins convaincue, bien qu’il ne soit pas mauvais. Il n’est juste pas pour moi. Il a un petit arrière-goût amer qui me dérange. 
Pour ce qui est de la framboise, je dirais que ce thé ressemble à ceux de chez Gaïa : c’est-à-dire qu’il sent les feuilles de framboisier en fait, avec un chouia d’arôme. Ce n’est pas déplaisant, mais si vous voulez un thé qui sente vraiment l’arôme de framboise, je vous conseillerais plutôt celui du Palais des thés (en revanche ce dernier est un thé vert). 
Pour un autre thé framboise-pistache, je vous conseille Bulle de chez Envoûthé qui m’a davantage plu : son goût de framboise est bien dosé et celui de pistache est plus présent que dans celui des Impératrices. 

Bonne fête maman 
Thé noir amande, vanille, cerise et miel.
Un mélange moins écœurant qu’on pourrait croire de prime abord. Je n’ai pas senti les arômes d’amande et de miel, la vanille et la cerise prennent toute la place. Ce thé est doux, réconfortant et il m’a beaucoup plu. C’est mon préféré du lot. Je ne le boirais pas tous les jours, mais j’en rachèterai sûrement. 
De manière générale, j’apprécie l’arôme de cerise utilisé par cette marque. On le retrouve notamment dans leur thé de noël qui est l’un de mes favoris. 

Mon cherry 
Thé noir chocolat et cerise.
Un thé qui tient ses promesses. Le cacao et la cerise sont parfaitement équilibrés. Après c’est une question de goût, l’alliance des deux peut ne pas passer. Pour moi ça va, mais maintenant que ma curiosité est satisfaite je ne pense pas racheter ce thé. 

Autres achats : 

Saint Nicolas
Thé noir, vanille et caramel. 
Tous les ans, j’achète ce thé dans une épicerie fine. Il n’est disponible que pendant les fêtes de fin d’année. D’après l’épicière, c’est un thé de la Compagnie coloniale, cependant je ne l’ai jamais trouvé sur leur site web. À ne pas confondre avec le thé du même nom du Palais des thés. 
La recette a changé cette année, je pense que ça vient des morceaux de caramel. Et puis ce n’est peut-être pas le même type de thé noir. Il a un petit truc de plus que je ne définis pas encore. Il me plaît moins qu’avant. 
Avec les thés « gourmands », ça passe ou pas en ce qui me concerne ; il ne faut pas qu’ils soient trop écœurants. J’aimais beaucoup celui-ci qui était pour moi une vraie friandise et me rappelais les caramels de mon enfance, les calories en moins. 

Le goût russe de chez Plantasia
Dans la même épicerie, j’achète en vrac ce bon thé noir aux agrumes. 
C’est un de mes favoris dans le genre. Il a suffisamment de caractère sans être agressif et sa palette de saveurs est subtile. 
Je vous conseille le vrac et pas les sachets car chez Plantasia ils sont bourrés de plastique (ceux des coffrets de noël mis à part, en tout cas pour les précédentes éditions).

mercredi 28 novembre 2018

Box Envoûthé Novembre 2018 - Thé et Pâtisserie

Pour cette fin d’année, je me suis de nouveau abonnée à la box Envoûthé. Si vous suivez ce blog, vous avez déjà pu lire des articles lui étant consacrés. 
Je comptais commander seulement la box de Noël, mais le thème de novembre était très alléchant. 
La chronique arrive un peu tard, merci la Poste… Néanmoins, la box est toujours disponible à la vente si elle vous intéresse. 

Pardonnez la mauvaise qualité de la photo. Outre le fait qu'on enchaîne les jours de pluie avec zéro luminosité, je n'ai toujours pas changé de téléphone...

Le livret contient :
- Un édito qui explique le choix du thème et l’esprit de la box.
- Chaque thé détaillé : ses caractéristiques : origine, temps et température d’infusion, histoire…
On prend même la peine de nous expliquer comment obtenir la bonne température d’eau sans matériel. (Je n’en avais pas besoin, mais je trouve l’attention louable.)
- Des accords thé et mets (de peu d’intérêt à mon avis).
- Un petit mot concernant la surprise du mois et les partenaires.
- Le contenu de la box en résumé, avec les quantités. (Très pratique.)

Les thés :
- Thé blanc yuzu bio -Thés de la Pagode - 15g 
- Crème de la crème : rooibos bio crème pâtissière - Envouthé - 15g 
- Oolong caramel beurre salé : oolong, morceaux de caramel, arômes - Comptoir Français du Thé - 2 infusettes 
- Granola d'hiver : thé noir, baies de Goji, riz soufflé, raisin, noix de pécan, sarrasin, sirop d'érable - Dammann Frères - 15g 
- Un été à Pushkar : thé vert litchi, pêche, ananas, fraise, papaye, rose, hibiscus, lavande - Le Thé des Muses - 14g 
- Délice de cerise : thé vert cerise - Thé Passion - 15g 
- Cuillère Tea Time - Spoon and Co 

Comme d'habitude, il y a une belle variété : noir, vert, blanc, oolong, rooibos, légers ou gourmands... Il y en a pour tous les goûts. C'est un point que j'apprécie beaucoup chez Envoûthé.

Les thés en détail :

Oolong caramel beurre salé – Comptoir français du thé 
Ce thé sent délicieusement bon. On oublierait presque que c’est du thé et non une friandise, mais quand on le goûte on s’aperçoit que les saveurs sont parfaitement équilibrées. On sent aussi bien les notes caractéristiques du oolong que la douceur du caramel. 
Je ne suis pas fan des oolong en général, mais celui-ci est exquis. 

Crème de la crème – Envouthé 
Rooibos vanille-caramel 
J’aime beaucoup les rooibos. Celui-ci est particulièrement rond en bouche, très gourmand et riche en vanille, avec un petit côté crème brûlée qui n’est pas déplaisant. Idéal pour le goûter, pour les fins d’après-midi hivernales et pour tous les moments où l’on a besoin de douceur et de réconfort. 
À éviter si vous n’aimez pas la vanille car l’arôme est vraiment très prononcé. 

Délice de cerise – Thé Passion 
Thé vert cerise 
Un thé doux et frais, plus floral que fruité. Plutôt agréable, même si ce n’est pas mon délire. 

Un été à Pushkar -- Le Thé des Muses 
Thé vert litchi, pêche, ananas, fraise, papaye, rose, hibiscus, lavande 
Un peu d’été pour les journées d’automne. Je n’avais pas réalisé avant de le goûter que ce thé contient de la lavande, ce qui le rend très irritant pour moi. C’est dommage car il est délicatement fruité, suave et léger. Le mélange est très équilibré et rafraîchissant. 

Granola d’hiver - Dammann Frères 
Thé noir, baies de Goji, riz soufflé, raisin, noix de pécan, sarrasin, sirop d'érable 
Un thé qui sent l’automne, mais avec une pointe d’originalité. Le mélange peut sembler étrange de prime abord, néanmoins il est très bien équilibré. La noix de pécan domine, cependant on sent aussi le pop corn, les baies, le raisin. C’est vraiment très bon. J’ai adoré ce thé qui est parfait pour la saison. 

Thé blanc yuzu bio - Thés de la Pagode 
Un thé très plaisant, citronné et boisé. Disons qu’il tient ses promesses, ni plus ni moins. Je n’en rachèterai pas, mais boirai le reste volontiers. 

La surprise : 
Je ne vous cache pas que j’étais un peu déçue de découvrir que la surprise de ce mois-ci était une cuillère. 
Elle est très jolie, ce n’est pas le souci. Mais j’en ai déjà eu dans de précédentes box et je ne trouve pas ça spécialement utile. 
Vous la voyez emballée sur la photo. À cause des reflets et de la faible luminosité, je n’ai pas réussi à prendre une photo correcte où l’on verrait bien la gravure. C’est une inscription « tea time » et le dessin d’une tasse qui se trouvent dans la partie creuse.

samedi 24 novembre 2018

Noces d'écailles

Texte d'Anthelme Hauchecorne.
Illustrations de Loïc Canavaggia.
Publié aux éditions du Chat Noir.

Quatrième de couverture : 
Octobre 1345, 
Comté de Bourgogne 
Fuyant la colère du baron,Aymeric Jodelet, peintre et coureur de jupons, doit s’exiler de son village.
L’artiste trouve refuge dans la forêt voisine, au mépris des superstitions.
Selon les paysans, un monstre y rôderait : la Vouivre, dont les griffes déchireraient les intrus. Une fable, rien de plus ?
À l’automne, les sentiers sylvestres mènent n’importe où. Parfois jusqu’à l’inconnu.
Comme j’ai déjà pu m’en rendre compte lors de précédentes lectures, Anthelme Hauchecorne excelle dans l’art de revisiter les légendes. Il les régénère en quelque sorte, leur offrant une poésie nouvelle et surtout le relief qui parfois manque à des récits qui, s’ils restent magnifiquement symboliques, sont souvent trop manichéens ou superficiels.
Avec Noces d’écailles, il s’attaque à la Vouivre. Figure mystérieuse, féminine et reptilienne, tendre et cruelle à la fois, qui hante notre imaginaire collectif. D’autres avant lui, dont Marcel Aymé, l’ont tenté, mais ce personnage légendaire reste en retrait des textes modernes. Il a gardé son mystère et n’en est donc que plus passionnant car toujours sauvage.
Noces d’écailles est à la fois novella et artbook. Dans ses magnifiques illustrations, Loïc Canavaggia donne vie comme personne aux créatures de toutes écailles. Que celles-ci soient issues de rêves ou de cauchemars, elles semblent réelles tant le soin du détail qui leur est apporté est acéré. Ce bel ouvrage se feuillette et s’admire autant qu’il se lit.
Aymeric, le personnage principal et narrateur, nous conte à travers des lettres et un journal intime une mésaventure qui lui est arrivée alors qu’il se cachait au cœur de la Sylve serpentine.
Cartésien et acariâtre, Aymeric n’en est pas moins sympathique. On s’attache à ce peintre solitaire, on tremble en le voyant commettre ses pires erreurs. Le fait que le récit nous parvienne par le biais d’écrits intimes renforce l’immersion et la connivence avec le personnage principal, d’autant que la richesse du style permet de s’imprégner de l’ambiance sombre et forestière du récit. Toutes les illustrations sont, de même, censées avoir été brossées par le personnage et n’en paraissent que plus vivantes.
Le texte est superbe et flotte encore longtemps après lecture à la lisière de l’esprit et des songes. Anthelme Hauchecorne a une manière bien à lui de nous faire réfléchir sur le concept de monstruosité et ce questionnement fait partie de ce qui m’a le plus marquée à la lecture de cet ouvrage.
C’est une belle lecture qui ravira tous les amateurs de contes, d’esprit chthoniens et de beaux ouvrages.

mercredi 31 octobre 2018

La Porte des Sorcières

Une novella de Sylwen Norden, publiée en numérique chez Realities Inc.


La Porte des Sorcières est une novella mêlant habilement les genres. Les références traditionnelles à la figure de la sorcière y côtoient la modernité de la Science Fiction. Le Fantastique du futur pourrait ressembler à cela, moitié science empirique, moitié rêve halluciné. Ces deux genres, l’un très personnel, l’autre très humaniste, se rencontrent rarement malgré leur complémentarité. Dans ce texte, le mariage est aussi réussi qu’il est audacieux.
On y croise une femme étrange, ou plutôt étrangère aux siens, un savant, un dandy, un robot déglingué et la fille d’un notable, tous décalés dans une société décadente. L’humanité a colonisé l’espace, mais est en perdition. Sur cette planète isolée, qui ne peut plus communiquer avec le reste de l’univers, les machines tombent en panne et le savoir qui aurait permis de les réparer s’est perdu. Ce petit monde s’est replié sur lui-même, effrayé par l’extérieur autant que par les ombres qui hantent les canaux de cette nouvelle Venise.
J’ai beaucoup apprécié ce mélange entre futur déliquescent et Renaissance italienne. Et, surtout, j’ai aimé cette sorcière 2.0 dont les pouvoirs psychiques s’éveillent, comme ses sœurs antiques, grâce à l’absorption d’une substance illicite. Femme libre, intelligente et solitaire, Ygraine est une sorcière moderne très convaincante. La narration à la première personne nous la rend très proche et la lecture prend vite l’apparence d’un long songe fiévreux mâtiné de cauchemar ou des éléments du passé se mêlent à un hypothétique futur. L’histoire est-elle un éternel recommencement, comme le suggère notre sorcière ?
Tout est réuni pour offrir une excellente histoire de sorcière, avec ce qu’il faut d’originalité et d’élégance. C’est le genre de SF que j’aime, divertissante et néanmoins porteuse d’une réflexion intéressante sur l’humanité, ses travers et son devenir.

jeudi 18 octobre 2018

Plusieurs manières de danser

Un roman de Juliette Allais publié chez Eyrolles.

Présentation de l'éditeur : 
Lilly Bootz trouve le monde exaspérant. Elle est passionnée, entière, pleine de vie et d'envies, mais son tempérament rebelle, râleur et colérique lui a encore coûté cher : à Londres, elle vient de perdre son travail et son petit ami l'a quittée... Désabusée, alors qu'elle s'apprête à repartir pour Paris sans projet, elle fait "par hasard" la connaissance de l'inspirante et fantasque Katarina Wolf. C'est le coup de foudre réciproque. Katarina est justement à la recherche d'une assistante et propose à Lilly de la suivre à Paris, où elle anime avec son mari Walter, une école dédiée au "réenchantement". Lilly accepte, sur un coup de tête. Elle a l'intuition que quelque chose d'inédit se présente à elle : une rencontre qui pourrait enfin l'amener quelque part ! Plongée dans l'univers mystérieux des Wolf, entre planètes capricieuses, chevaux racés et inconnus masqués, Lilly ira de surprise en surprise, jusqu'à la révélation finale.
C’est la notion de réenchantement qui m’a attirée dans le résumé de ce roman. Je crois sincèrement que nous avons besoin de laisser un peu plus de place à l’imaginaire et à la magie dans nos vies, de nous reconnecter à un peu de notre enfance pour être plus heureux. Il n’est pas question de se voiler la face afin d’éviter la réalité ou d’aller contre la logique, mais plutôt de trouver un équilibre, d’oser un peu plus vivre nos rêves et surtout nous montrer plus créatifs. Dans notre société les artistes meurent littéralement de faim, mais ceux d’entre nous qui renoncent à toute activité créative meurent quant à eux figurativement à petit feu.
Le roman présente très bien ce qu’est le réenchantement et pourquoi nous en avons besoin. Cependant, il ne va pas plus loin que cette brève explication et se concentre davantage sur une forme de thérapie liée à l’astrologie qui me laisse nettement plus dubitative.
J’ai beaucoup étudié l’astrologie, son histoire, ses différentes utilisations à travers le temps, mais surtout son langage symbolique. Un langage, car on lit les astres et constellations (enfin leur voyage théorique et non réel en astrologie tropicale) comme on lit un texte, ce qui est sujet à interprétation et subjectivité, comme n’importe quel écrit. À mon sens, l’astrologie prévisionnelle (ou divinatoire si vous préférez) n’a aucun intérêt, en revanche l’utilisation de sa symbolique d’un point de vue psychologique est intéressante du moment que ce travail est personnel et l’interprétation laissée au sujet lui-même avec le thérapeute comme guide. C’est une façon comme une autre, en utilisant les symboles comme un support, de dénouer en douceur certains de nos blocages car l’on se sert ainsi à dessein de notre subjectivité et de notre inconscient. L’astrologie peut aider à cartographier sa propre psyché, pas comme une vérité ultime définissant notre être point par point, mais en tant qu’invite à la réflexion sur soi.
Je vois tout à fait l’usage que l’on peut en faire dans le cadre d’une thérapie quand le sujet étudie son propre thème. Pour autant, je n’ai pas du tout adhéré à la méthode de l’auteur, elle-même thérapeute, qui est décrite dans l’ouvrage. Le jeu de rôles, pourquoi pas ? Néanmoins, tout cela m’a semblé terriblement hasardeux, voire dangereux.
Et quand dans un travail de groupe une personne, qui n’est ni la thérapeute ni le sujet, se met à débiter des choses liées à la vie dudit sujet « instinctivement » juste parce qu’on lui a dit de jouer la lune en capricorne, moi j’appelle ça une coïncidence et n’y vois pas une inspiration venue tout droit des astres. On se croirait au spectacle la plupart du temps. Avec la meilleure volonté du monde, je ne pouvais pas croire à ça. Et que dire de toutes les contradictions présentes entre ces pages ? Vous êtes maître de votre destin, mais il est quand même écrit dans les astres et vous devrez faire avec. Ahem…
L’histoire elle-même ne rattrape rien. On fait la rencontre de Lilly, jeune femme paumée, dont les bons côtés sont bien cachés derrière des réactions toujours excessives et ce qui apparaît vite comme un caractère de merde de gamine capricieuse et égocentrique. Dès le départ, son phrasé m’a agacée. Je n’ai rien contre le langage familier utilisé dans des dialogues, mais dans ce qui semble être une sorte de confession adressée à sa thérapeute, comme un résumé de son histoire et de ses progrès, c’est lourd. Et cette narration… Lilly s’adresse à Katarina, ce qui exclut d’emblée le lecteur mais n’est pas un problème en soi, cependant elle voue une telle vénération à sa thérapeute que ça en devient dérangeant au fil des pages.
L’évolution de Lilly m’a laissée froide. Je n’ai pas cru à son histoire, je ne me suis pas attachée à elle ni aux autres personnages. Et que dire de « l’histoire d’amour »… Tout est trop facile, caricatural, prévisible. J’ai eu un mal fou à finir ce bouquin malgré des chapitres courts et tellement aérés… Même en rassemblant toute la bienveillance dont je suis capable, je n’ai rien trouvé qui puisse me permettre d’adoucir cette chronique.
Le récit et même les personnages sont accessoires. Contrairement aux apparences, ce n’est même pas un roman feel good bien qu’il soit empli de positivisme. Tout tourne autour de l’astrothérapie. Alors si vous n’aimez pas l’astrologie vous vous ennuierez et si vous la pratiquez ça ne vous passionnera pas pour autant… Ni vraiment un roman, car l’histoire manque de corps, ni guide de développement personnel, ce livre est une bizarrerie, mais pas dans le bon sens du terme. Aussitôt lu, aussitôt oublié.


vendredi 12 octobre 2018

Hilda ♥


Hilda est une série d’animation, adaptée d’une BD de Luke Pearson (que je n’ai pas lue), à laquelle je ne prêtais guère attention malgré l’envahissante pub de Netflix. Cela jusqu’à ce que des détails finissent par s’insinuer dans mon esprit et que je réalise qu’elle faisait la part belle aux créatures magiques telles que les trolls, lutins et autres esprits de la nature. J’ai donc lancé le premier épisode. Dès lors, j’étais fichue. Cette série est adorable, onirique et magique à souhait, et son univers se développe tout en finesse. Si beaucoup d’éléments sont d’inspiration nordique, d’autres légendes s’y mêlent et elle crée sa propre mythologie avec brio. 
C’est tout à fait le genre de dessin animé qui peut être apprécié à tout âge du moment qu’on est un minimum rêveur. J’ai adoré cet univers à la fois pour son originalité et les souvenirs d’enfance qu’il a réveillés.
Hilda est une fillette qui vit seule avec sa mère, très loin de la ville. Elle a un renard-cerf comme animal de compagnie et passe ses journées à courir la nature à la recherche de créatures magiques à dessiner. Mais sa tranquillité va bientôt être mise à mal par les lutins des environs, bien décidés à virer ces deux géantes qui les enquiquinent.
J’ai adoré entrer dans le monde de cette enfant fantasque, généreuse et enthousiaste, un peu trop fonceuse pour son propre bien, qui n’imagine pas vivre ailleurs qu’en pleine nature. Evidemment Hilda va tenter de négocier avec les lutins, mais si le début de la série est très plaisant, ce n’est rien comparé à la suite. D’épisode en épisode, l’histoire va en s’améliorant, elle gagne en consistance et cohérence. Des personnages deviennent récurrents et c’est un vrai bonheur de voir tout ce petit monde évoluer.
Ils sont tous très originaux et attachants, qu’il s’agisse des humains ou des créatures légendaires. Le corbeau, Alfur le lutin et le bonhomme de bois sont tout simplement géniaux. J’ai aussi particulièrement aimé la relation entre Hilda et sa mère qui sonne très juste et me rappelle un peu celle que j’entretiens avec ma propre mère.
J’ai eu un immense coup de cœur pour cette délicieuse série, que j’ai regardée en un weekend, et j’en étais déjà nostalgique au générique de fin du dernier épisode. Vivement la suite !

mardi 9 octobre 2018

Il était Temps


Tim a vingt-et-un ans quand il apprend que les hommes de sa famille peuvent voyager dans le temps. Il lui suffit de s’enfermer dans le noir, de repenser à un moment du passé et hop, le voilà prêt à rectifier une erreur et, peut-être, améliorer sa vie. Sur le papier ça a l’air chouette. Qui n’a jamais perdu son temps à refaire dans sa tête le scénario d’une mésaventure, sans pour autant avoir l’espoir de l’effacer ? Les « et si » nous empoisonnent souvent. 
Délesté de ce fardeau, Tim va peu à peu réécrire sa vie, se rendant petit à petit compte des limites de son pouvoir. Cela commence comme une bluette qu’on regarde sans trop s’investir, mais au fil du film les relations entre les personnages prennent du relief, s’éloignent de la simple comédie romantique et sonnent plus vrai. Il est assez émouvant, en fin de compte, de voir Tim évoluer et prendre confiance en lui, apprécier plus encore ce temps qui lui est pourtant moins compté qu’au commun des mortels. 
Les personnages secondaires sont tout aussi attachants, en particulier la sœur et le père de Tim. Ce sont vraiment les très forts liens qu’ils entretiennent tous les trois qui m’ont le plus touchée et m’ont fait pardonner quelques facilités scénaristiques. 
C’est le hasard, sous la forme d’une confusion concernant le titre, qui m’a fait enclencher la lecture et je ne le regrette absolument pas. Ce film qui ne paie pas de mine se révèle une très belle histoire sur l’amour, au sens large du terme, et le bonheur.

lundi 3 septembre 2018

Nous qui n'existons pas

Un témoignage de Mélanie Fazi, publié chez Dystopia.

Présentation de l'éditeur :
NON-FICTION
« Est arrivé un jour où la fiction n'a pas suffi. »
Aussi curieux que cela puisse paraître, il me semble qu'une des forces de l'œuvre de Mélanie Fazi est que précisément la fiction n'a jamais suffi. Qu'elle a toujours su trouver d'autres biais pour exprimer cette tension personnelle, intime, dont elle nous fait part dans ce livre, et qui est matière de toute sa création.
Extrait de la postface de Léo Henry

Mélanie Fazi est une autrice rare, que ce soit par la rareté de ses publications ou par la singularité de son écriture, de sa voix devrais-je dire, dans le paysage éditorial actuel. Je ne manque aucun de ses écrits, même s’ils me perturbent souvent. Il y a un souffle particulier dans ses textes et je crois ne m’être jamais remise de Trois Pépins du fruit des morts.
Comme elle, j'ai découvert le fantastique à l'adolescence et comme elle me suis trouvée désarçonnée en constatant le désamour pour ce genre si riche qui me parle tant. Elle a persisté à en écrire et moi à en lire. Il demeure encore à ce jour mon genre préféré, malgré le défilé incessant des nouvelles vogues, et si les publications qui parviennent à se glisser entre les mailles sont rares, nous avons au moins la chance qu’elles soient toujours de qualité.
Pour en revenir à l’ouvrage qui nous occupe aujourd’hui, il ne s’agit pas cette fois de fantastique, mais d’un témoignage : récit intimiste, précis et longuement mûri, d’une singularité qui cherche son écho. Dans ce petit livre, Mélanie Fazi se confie sans fard ni bouclier. Elle expose le cheminement et les errances qui l’ont menée à accepter chaque jour un peu plus d’être elle-même.
Face à cette femme sensible, pleine d’empathie et à sa façon de décrire sa vision du monde, je comprends d'autant plus pourquoi ses textes m'ont toujours touchée. Ils sont écrits dans une langue de symboles que je connais instinctivement et, grâce à ce témoignage, j’en ai davantage conscience aujourd’hui. Je vois la tournure d’esprit identique, la sorcière, le corbeau, le vide estival. Je vois que ce qui est laid et/ou effrayant pour l’autre, mais que j’ai toujours trouvé rassurant ou désirable l’est également pour elle. Nous nous retrouvons toutes les deux autour de la figure de la sorcière et je suis bien d'accord : pourquoi vouloir être une princesse quand on peut être une sorcière ? Même si nos raisons ne sont pas tout à fait les mêmes. 
Les affinités se reconnaissent. « Les mauvais genres parlent aux mauvais genres » écrit-elle et je crois en cela. 
Comme elle, je comprends le ressenti, le non-dit, la métaphore et l’allégorie. Ils me parlent mieux et plus profondément que les faits disséqués de façon clinique. C’est par l’intériorité que j’appréhende le mieux ce qui m’est extérieur. Je ne devrais pas parler de moi, ce n’est vraiment pas le propos, mais ce que j’essaie très maladroitement d’expliquer est pourquoi ce texte m’a chamboulée et émue. Il parle à ma propre différence. Néanmoins, il m’a fait réfléchir et m’a montré la vie d’un point de vue différent, débarrassant ainsi mon champ visuel d’une tache aveugle. Mélanie Fazi a cela de particulier qu’elle sait faire résonner quelque chose chez son lecteur, qu’elle choisisse pour cela de décrire les faits ou d’user de symbolique. Quelle que soit votre façon de comprendre ce qui vous entoure, quels que soient vos points communs et vos divergences, vous verrez par ses yeux.
Dans ce récit, elle se met à nu, arrachant voile après voile, telle Inanna descendant aux enfers. Elle abolit la distance, permettant en douceur à l’autre de se mettre à sa place, comme elle a si souvent tenté elle-même de changer d’angle de vue pour mieux comprendre sa propre différence. 
Nous nous construisons par rapport à autrui, dans nos ressemblances et dans nos différences. Ce sont deux façons, ou peut-être une seule en fait, d’appréhender à la fois l’autre et notre propre individualité. Ce n’est pas forcément une comparaison permanente, mais quand on le réalise cela permet aussi de comprendre les nuances, de se mettre plus facilement à la place de l’autre pour tout ce qui est lui et n’est pas nous. Ainsi se développe l’empathie. Pour autant, ce qui nous entoure n’est pas si binaire et je l’ai ressenti en lisant cet ouvrage.
J’ai surligné un nombre important de passages tant ils me paraissaient limpides et nécessaires à relire à tête reposée. J’ai notamment été très intéressée par le besoin de l’autrice de mettre des mots et des étiquettes sur les choses car ce besoin m’est totalement étranger. Dans l’usage d’étiquettes, je vois un clivage entre les différences et des bornes imposées, comme s’il fallait remplir toute la case pour y être vraiment à son aise. Mélanie Fazi, elle, y voit la reconnaissance dont elle a besoin. Mon sujet de mémoire de maîtrise concernait l’identité, avec tout un chapitre portant sur la définition de soi par rapport à l’altérité, à la nécessité de se définir à la fois par la différence et par la ressemblance ; je suis donc très désappointée de n’avoir pas vu cela dans l’usage d’étiquettes. Malgré mes propres « anomalies » je ne ressens pas le besoin d’une communauté de gens qui me ressemblent, mais d’être acceptée, que l’on me ressemble ou non, juste telle que je suis. Les étiquettes ne me sont pas nécessaires pour définir l’autre ou me définir moi, mais maintenant je comprends mieux leur utilité et l’insécurité que l’on peut ressentir à ne pas savoir comment s’expliquer soi-même.
Je savais déjà que la vie est difficile quand tout autour de nous est formaté pour la majorité et qu’on en est exclu d’office sans espoir d’intégration, cependant j’ai été particulièrement touchée quand l’autrice évoque l’art, les chansons et les romans dans lesquels elle ne peut pas se reconnaître. Et soudain, sa nécessité de se reconnaître dans une communauté m’est devenu claire.
J’admire Mélanie pour avoir eu le courage d’écrire ce texte et s’être battue si longtemps avec elle-même avant de réussir à en accoucher. En libérant sa parole et se montrant telle qu’elle est après s’être cachée si longtemps, elle dit aussi à d’autres, celles et ceux qui peuvent se reconnaître un peu dans son parcours et qui se cachent comme elle l’a fait, les paroles qu’elle aurait aimé entendre quand elle en avait besoin. Je ne me rendais pas compte à quel point cela peut être essentiel. Libérer sa parole, c’est aussi se libérer soi-même des attentes de l’autre, mais également des fausses idées, ancrées par l’éducation et la société, que l’on croit parfois être siennes et qui nous poussent vers une norme qui n’est pas faite pour nous. Moi-même j’ai une façon très personnelle d’envisager les relations amoureuses et elle ne passe pas par la vie à deux, ce que j’ai une certaine difficulté à faire comprendre à autrui. Ce texte m’a fait beaucoup de bien.
Ces confidences ont nourri ma réflexion sur l'altérité, sur la norme, mais aussi sur l'écriture et, peut-être, sur des schémas à déconstruire. Même si mon vécu est différent, je me reconnais dans certains aspects qu’elle décrit et elle m’a aidée à intégrer ceux qui me sont étrangers, à les voir à sa manière. C’est une grande richesse que de pouvoir s’abandonner à l’expérience d’autrui et voir, même de façon fugace, par ses yeux. 
En nous montrant tout cela, elle permet au lecteur de se rendre compte qu’on peut être maladroit avec les meilleures intentions du monde, qu’on peut juger sans s’en rendre compte. La parole est importante, dans l’expression de ce que l’on est, mais aussi dans la construction de l’autre, être soi, mais ne pas blesser. Je trouve Mélanie Fazi extrêmement touchante dans sa façon de toujours tenter de se mettre à la place de ses lecteurs et sa volonté de mesurer chacun de ses mots pour ne surtout heurter personne.
Avec une grande délicatesse et sous le prisme de son expérience personnelle, Mélanie Fazi, qui ne demande qu’à être acceptée telle qu’elle est, amorce chez l’autre une réflexion qui ne peut que tendre vers une plus grande ouverture d’esprit. Chez moi, elle s’accompagne d’une empathie plus profonde et plus complète, je crois, une compréhension différente, et c’est une bonne chose.
« Chaque lectrice, chaque lecteur de ce livre, même non concerné-e directement par les problématiques soulevées, en bénéficiera » écrit Léo Henry dans sa postface et je ne peux qu’acquiescer. J’espère que ce texte trouvera une résonance et pourra aider des gens à s’accepter ou à accepter la différence d’autrui.

lundi 20 août 2018

Mort sur la baie, Ana l'étoilée 3

Un roman d'Ophélie Bruneau, aux éditions du Chat Noir.

Chroniques des tomes précédents :

Présentation de l'éditeur :
C'était juste une formalité pour Jayesh et moi, en vacances forcées à la campagne : quelqu'un à rencontrer à Cardiff, une simple vérification à faire, et pourquoi pas une sortie en ville ? Mais voilà, rien n'est simple dans ma vie de sorcière. Au lieu de profiter de la soirée, nous voilà pris dans une course contre la mort, traquant une sirène irlandaise à travers la capitale galloise infestée de monstres. Mes récents cours de magie suffiront-ils quand le passé resurgit sous sa forme la plus angoissante ? Ou devrai-je, pour sauver ceux qui m'entourent, accepter une alliance contre nature ?

ATTENTION, si vous n’avez pas lu les deux premiers tomes, ne lisez pas cette chronique. 

Mise au vert au Pays de Galles, Ana se remet difficilement des événements du tome précédent. Elle attend qu’on lui confirme qu’un retour à Londres serait sans danger pour elle et son compagnon. Profiter de son couple tout neuf et apprendre la magie du Petit Peuple ne l’empêche pas de trouver le temps long. 
Retrouver Ana est un peu comme retrouver une vieille amie. J’aime beaucoup cette sorcière moderne, aussi humaine qu’attachante. Ana est un personnage sympathique. Outre le fait qu’elle est une sorcière cartésienne et une amatrice de thé, ce qui suffirait à me la rendre aimable, elle est aussi une jeune femme courageuse, altruiste, prompte à se battre pour ce en quoi elle croit et les gens qu’elle aime (et même ceux qu’elle n’aime pas si la cause est juste). On a envie de la soutenir et de la voir réussir. On s’inquiète pour elle quand son impulsivité et sa bonté d’âme la poussent à se jeter au devant du danger. 
Une fois de plus, sa compassion ainsi que son sens des responsabilités vont la mettre dans une situation délicate et la lancer dans une nouvelle course contre la montre dans laquelle des vies dépendent de sa capacité à retrouver un artefact magique. Ana fonce tête baissée et donne tout ce qu’elle a, c’est aussi pour ça que je l’aime tant. 
Comme on ne change pas une formule qui fonctionne, ce tome est court et enlevé. Il est un peu moins intense que le précédent, ce qui me convient parfaitement, mais on n’a pas pour autant le temps de s’ennuyer. Et puis il est agréable de voir évoluer la relation d’Ana et Jayesh. Tant bien que mal, le jeune homme doit composer avec le monde surnaturel qui est le lot quotidien de sa compagne. Il est touchant de le voir la soutenir et l’aider autant qu’il peut, même s’il n’approuve pas ses choix. 
La façon dont Ophélie Bruneau incorpore l’occulte à notre monde me plaît. Elle n’en fait jamais trop et elle utilise toujours à bon escient le lieu où elle place son intrigue. Ici elle nous mène à la rencontre de créatures surnaturelles typiques tout en leur donnant une vraie place dans son intrigue. 
Cette série est rafraîchissante à bien des égards et je l’aime beaucoup. J’ai hâte de lire le prochain tome, même s’il s’agit du dernier.

Ce roman compte pour la lettre O (en joker) du Challenge ABC imaginaire 2018.

lundi 13 août 2018

Allison

Un roman de Laurent Queyssi publié chez les Moutons électriques.

Présentation de l'éditeur :
1993 : l'année du bac pour Allison, qui attend le jour où elle pourra quitter sa petite ville terne. Heureusement, il y a la musique. Le groupe dans lequel elle joue de la basse, Sugarmaim, mais aussi tous ceux qu'elle écoute : Pixies, Ride, Sonic Youth, Slowdive ou Pavement. Puis il y a celui qui l'a fait littéralement planer, un matin d'hiver froid : My Bloody Valentine. En écoutant « Loveless », walkman sur les oreilles, la jeune fille décolle. Littéralement. Ses pieds ne touchent plus le sol. Elle lévite. Quand l'expérience se répète, Allison commence à s'inquiéter. Pourquoi est-elle ainsi transportée par la musique ? Est-elle malade ? A-t-elle hérité d'un étrange pouvoir que possédait son père, disparu quand elle était enfant ? Pour le découvrir, elle va devoir se perdre dans une salle de concert anglaise, à la recherche d'un auteur dont le personnage principal est atteint du même syndrome. Se perdre... et se retrouver ? 
Comédie douce-amère sur l'adolescence, les origines et le passage à l'âge adulte, avec la musique des années 90 en fond sonore, Allison remixe L'Attrape-cœur avec John Hugues. Une histoire d'amour et de connaissance de soi hantée par la voix rauque de Kurt Cobain.
1993, Allison a 17 ans, elle est bassiste dans un groupe de rock et ne s’en fait pas trop pour le baccalauréat qui approche inexorablement. C’est une fille de son époque, même si elle n’en a pas trop l’impression quand elle compare ses goûts à ceux de ses camarades. Mais Allison a un petit truc en plus : elle lévite. C’est arrivé comme ça, alors qu’elle marchait tranquillement dans son lotissement, son casque de walkman vissé sur les oreilles, en route pour acheter des clopes. 
Dès lors, la jeune fille s’interroge. Fume-t-elle trop ? Ou alors cette étrange aptitude lui vient-elle d’un père, musicien lui aussi, disparu alors qu’elle était trop jeune pour se souvenir de lui ? 
Entre atermoiements adolescents et quête identitaire, saupoudrés d’une pointe de réalisme magique, Allison est une chronique du début des années 90 et de leur univers musical. 
J’étais un peu plus jeune que le personnage à l’époque, mais j’ai eu grand plaisir à replonger dans ma propre adolescence avec Allison. Au-delà de la bouffée de nostalgie qui m’a envahie, j’ai apprécié le récit pour le réalisme des impressions décrites par la jeune fille. Ses inquiétudes, sa façon maladroite de chercher à connaître ses origines, son rapport à la musique et toutes les petites choses qui constituent son existence la rendent consistante, pas toujours très sympathique, mais humaine et tangible. 
La lévitation, au final, importe peu. Il s’agit surtout de l’évolution d’une jeune fille qui devient femme, qui gagne son indépendance en devenant, comme le fait remarquer un personnage, un peu plus elle-même à chaque instant sans pour autant avoir été incomplète auparavant. Ce roman est à sa façon une belle métaphore de l’acte de grandir ainsi que du magma de sensations et d’émotions qu’est l’adolescence. 
Assez court, il se lit comme un rien. Seul un passage un peu mou en milieu de parcours, quand l’héroïne rencontre l’écrivain qui, elle l’espère, pourra la renseigner sur son don, m’a laissée un peu dubitative. Je l’ai plutôt vu comme un prétexte aux événements qui suivent et ai trouvé ça dommage. 
Cela étant, j’ai apprécié ma lecture. Je me suis imprégnée avec délectation de l’esprit de cette décennie qui me manque parfois et j’ai aimé regarder Allison grandir.

Ce roman compte pour la lettre Q du Challenge ABC imaginaire 2018.

vendredi 10 août 2018

La Légende des plumes mortes

Un roman de Maëlig Duval, publié chez Gephyre.

Il s'agit d'une version augmentée de la novella L'Après-dieux, dont vous pouvez consulter ma chronique sur ce blog.

Présentation de l'éditeur :
Les dieux ont disparu, entraînant le décès des humains qui leur étaient le plus liés, la guerre civile et l’apparition d’une nouvelle mort.
Dans cette société en reconstruction sous la férule d’un gouvernement totalitaire, Albert, fonctionnaire, établit des rapports sur les lieux à restructurer. Parfois, il se souvient des dieux, mais hésite à en parler, même à sa maîtresse, sous peine d’être soupçonné de sédition.
Jusqu’au jour où il rencontre Eva qui raconte les légendes proscrites à son fils. Lequel est persuadé d’être destiné à sauver les dieux.
Un enfant, si différent soit-il, aurait-il le pouvoir de changer le monde ?
La vie d’un lecteur est jalonnée de coups de cœur. Cependant, si certains ouvrages sont réjouissants durant leur lecture, leur souvenir s’affadit parfois avec le temps et l’on n’a pas toujours envie de les redécouvrir plus tard. Ce sont les livres qui étaient là au bon moment, mais cet instant était fugace et ne reviendra plus, même si le lecteur, qui en a bien conscience, leur conservera sa tendresse. 
D’autres lectures, elles, sont en revanche intemporelles. Ce sont celles qui restent, qui s’incrustent dans l’imaginaire au point qu’elles semblent en avoir toujours fait partie. Elles vous changent et vous construisent. On peut les lire vingt fois, elles feront toujours écho. Pour moi, La Légende des plumes mortes est de celles-ci. 
J’ai découvert cette histoire dans sa précédente édition, L’Après-dieux chez Griffe d’encre et j’ai su tout de suite qu’elle avait quelque chose de particulier. Alors quand Gephyre a publié une version enrichie, j’ai tout de suite eu envie de la lire. 
Toutes ces années, l’émotion de ma première lecture a perduré, le grand désarroi qui l’avait accompagnée aussi. Il m’est revenu comme un boomerang. Car ce n’est pas une lecture facile. Elle est empreinte d’espoir comme de désespoir, d’amour autant que de tristesse et de nostalgie, de quelque chose de perdu qui ne reviendra jamais. Mais on en sort grandi, je crois. Elle m’a bouleversée à l’époque, elle me touche encore aujourd’hui. 
Dans le monde créé par Maëlig Duval, les humains vivaient en harmonie avec leurs dieux, sorte d’immenses oiseaux au plumage majestueux, qui venaient les écouter dans les temples. Leur vie était rythmée par les marches du temple, symboles des différents âges, qui les rapprochaient des dieux à mesure qu’ils vieillissaient. Quand un humain mourrait, son corps, à l’origine façonné et offert par les dieux, se changeait en poussière et ne restait de lui qu’une plume qui partait alors rejoindre le plumage divin. Mais les dieux ont disparu subitement, laissant les humains orphelins, en proie à la peur, aux conflits internes et à la vraie mort. 
Dans ce monde désenchanté, Albert est un fonctionnaire zélé qui travaille même durant ses congés pour ne pas trop penser à ce que l’humanité a perdu. C’est ainsi qu’il va tomber sur des gens oubliés par le système, dans un petit village promis à la démolition, et devenir, bien malgré lui, un légendier. 
La Légende des plumes mortes est un grand roman, intimiste, original, réfléchi, contemplatif aussi et souvent équivoque. Il a la saveur des légendes et des mythes ; il porte bien son titre. La nouvelle fin, un peu plus complète que celle dont je me souviens (je ne peux vérifier pour le moment) m’a laissé une impression très ambiguë. J’ai toutefois aimé relire cette histoire, la voir s’étoffer dans cette nouvelle version.
Il y a quelque chose de particulier dans ce récit, indéfinissable et poétique. Il nous parle de foi, de la fragilité de l’âme et de la beauté de la mortalité, de la façon dont se façonnent les légendes et les héros. Il nous dit que la façon dont on choisit de vivre notre vie peut changer le monde. 
Ce roman mérite d’être davantage connu et j’espère que vous lui en donnerez l’occasion.