lundi 26 août 2019

La Quête du Sampo, Terres du Nord T1

Un roman de Monia Sommer, publié chez Séma éditions.

Présentation de l'éditeur :
"Alors que la Finlande menace de s’effondrer face à l’invasion suédoise, Satu, une jeune journaliste, part en quête du Sampo, un objet légendaire, seul élément capable de les sauver, elle et son pays. Sur fond d’apocalypse et de légendes finnoises, Terres du Nord propose une quête initiatique qui pose les fondations d’une fantasy à la fois futuriste et magique, dont le Kalevala sert de point d’ancrage et de guide intemporel. "
Les dérèglements climatiques et les impasses politiques qui ont mené à deux nouvelles guerres mondiales ont bouleversé la planète. Tous en subissent encore le contrecoup, bien que l’on ne sache pas exactement quand cette histoire se situe dans le futur, puisque la datation a changé. 
L’accès à la technologie et aux ressources naturelles est devenu de plus en plus problématique. Certains pays se sont alliés pour mieux résister, néanmoins la Finlande refuse de rejoindre la Communauté Scandinave. Combien de temps pourra-t-elle encore résister alors qu’elle se trouve isolée, en proie à la famine et à un mystérieux virus ? 
Ce roman allie fantasy et anticipation d’une manière que j’ai trouvée originale, moderne et plaisante. Le lecteur plonge dans les légendes finnoises à la suite de Satu, mais ne perd jamais de vue des problématiques très actuelles. 
La jeune journaliste est entraînée bien malgré elle dans les méandres d’une affaire qui la dépasse. Il faut dire qu’elle est bien jeune. Elle se montre courageuse, mais pas toujours avisée. Satu est cependant un personnage attachant. Elle est animée de bonnes intentions malgré son impulsivité et ses erreurs de jugement. 
La Quête du Sampo est un roman tissé de magie et de secrets. Cela a été un plaisir de suivre Satu au coeur de ces grandes étendues enneigées, de la voir grandir et s’affirmer, de découvrir avec elle une partie de son histoire familiale. J’aurais cependant aimé en savoir plus à ce sujet et j’espère que la suite comblera cette attente. Il en va de même pour les personnages secondaires qui sont tout aussi intéressants bien que pas suffisamment développés à mon goût. J’espère que le prochain tome remédiera aussi à cela. 
J’ai beaucoup apprécié les passages rappelant les contes. Leur ambiance si bien rendue rappelle des souvenirs. Très férue de légendes, de mythologies diverses et de quêtes identitaires, ce roman était indéniablement pour moi. J’ai aimé découvrir les êtres mythiques qui croisent la route de Satu, tout autant que l’aspect plus moderne du récit, avec cette guerre larvée contre la Suède, ces complots et autres machinations. Je lirai très volontiers la suite.

lundi 19 août 2019

Le Dieu dans l'ombre

Un roman de Megan Linholm publié chez ActuSF.
Présentation de l'éditeur :
Evelyn a vingt-cinq ans, un époux, une belle famille et un enfant de cinq ans.
Quand elle était jeune fille, elle avait la compagnie des forêts de l’Alaska, de la poésie de la nature et de Pan, un faune mystique.
Un jour, il disparut.
Elle n’aurait jamais cru que la créature irréelle surgirait à nouveau dans sa vie et agiterait en elle ces émotions fantasmatiques et sensuelles.
A mi-chemin entre la civilisation et la nature, sous le couvert des arbres glacés, Evelyn devra faire face à des choix terribles. Trouvera-t-elle son chemin dans l’ombre ?
Légende de la fantasy, Megan Lindholm, alias Robin Hobb (L'Assassin Royal, Le Soldat chamane), tisse ici un chemin de vie d'une humanité sensible, où le fantasme de la nature se mêle aux désirs sombres et inquiétants qui grouillent au fond de nous.

Quand j’étais petite, j’avais une affection particulière pour L’Appel de la forêt de Jack London. Ce roman-ci me le rappelle sauf qu’il ne parle pas d’un animal domestique retournant à a nature sauvage, mais d’une femme, tiraillée entre civilisation et sauvagerie. 
Evelyn a grandi en Alaska, livrée à elle-même. Ses parents avaient bien trop à faire avec leurs autres enfants pour se préoccuper d’une petite fille qui ne cause pas de problème, qui ne demande pas de nouvelle robe, qui se rend utile en cueillant et chassant. N’ayant aucune affinité avec ses sœurs, rejetée par ses camarades de classe, Evelyn avait pour seuls amis son chien et un faune. Ami imaginaire ou non ? Il l’a quittée quand elle a grandi, bien malgré elle. 
Au début du roman, Evelyn est une femme adulte, mariée, mère d’un petit garçon, et elle quitte sa chère Alaska pour passer un mois auprès de sa belle-famille. Mais tout ne va pas se passer comme prévu. On sent petit à petit le piège se refermer sur elle. On suffoque avec elle. Mais, encore une fois, est-ce son imagination qui lui joue des tours ? Est-ce son insécurité et son mal-être qui parlent ? 
Dans la première partie, le récit est tressé de souvenirs de son enfance libre et sauvage et du présent qui la voit de plus en plus confinée, inutile alors que petit à petit on grignote ses libertés et son faisceau de possibilités. 
J’ai eu beaucoup de compassion pour cette femme, j’aurais aimé qu’elle se défende plus. On sent sa belle-famille tellement injuste envers elle. Alors bien sûr c’est subjectif, Evelyn étant la narratrice, mais je me suis sentie d’emblée de son côté. 
Et quand arrive l’accident qui va tout changer, comment ne pas être révolté par la façon dont on la traite ? Ces gens sont tout simplement horribles. Je n’ai pas toujours compris les choix d’Evelyn, c’est le moins qu’on puisse dire, mais j’ai vraiment souffert avec elle durant ces chapitres. 
La deuxième partie nous emmène sur un tout autre chemin, qui est pour elle celui de la reconquête de son indépendance, même si cela n’est pas évident de prime abord, car une fois encore elle se laisse conduire. Et cette portion de l’histoire semble s’étirer, sans doute parce que je l’ai trouvée moins accessible, trop loin de ma propre sensibilité. Cependant, elle ne manque pas non plus d’intérêt. 
Le Dieu dans l’ombre est le roman d’une quête initiatique, il demande de la patience et de l’empathie. 
Pour cette réédition, la traduction aurait mérité une révision, il y a plusieurs coquilles, mais c’est un très bon roman. J’aime beaucoup Robin Hobb, néanmoins j’ai toujours eu une petite préférence pour les récits contemporains qu’elle a publiés sous le nom de Megan Lindholm, ils me parlent beaucoup plus, ils apportent une magie sombre dans une réalité dérangeante. 
C'est le cas du Dieu dans l’ombre, ce roman est entre le Fantastique à l'ancienne et le Réalisme magique, donc c'était forcément pour moi. Mais je vous préviens, comme souvent dans le genre le roman est lent, plus introspectif qu'actif et vous aurez sans doute envie de secouer les personnages. C'est fait pour. 
Ce roman se situe à la frontière du sauvage et du civilisé, il parle de la nature humaine et me semble au final assez païen.

dimanche 11 août 2019

Wool Stories


Bernie Torres est la créatrice de la marque In The Wool For Love. À la base, les Wool Stories sont des newsletters qui présentent des acteurs du monde du tricot. Dans ce livre, elle reprend le principe de cette présentation avec les portraits d’une quinzaine de créatrices et des patrons.
Wool Stories est un ouvrage très esthétique. Les photos sont superbes. Le code couleur respecté par les créatrices en renforce l’harmonie. Après qu’on aime ou pas ces couleurs est une autre histoire. Ce n’est clairement pas ma palette, mais quand on tricote il faut avoir un peu d’imagination pour se projeter dans un modèle de toute façon.
Le tout est donc assez cohérent, mais chaque créatrice apporte sa propre originalité.

Les portraits :
Il est intéressant de découvrir les parcours respectifs de toutes ces créatrices. Elles nous expliquent comment leur est venue la passion du tricot, quelle est leur démarche à la fois dans la conception d’un patron et dans leur façon d’intégrer le tricot à leur quotidien. On en apprend plus sur leurs goûts et leur façon de travailler.
La lecture de ces portraits a été très plaisante.
Ces créatrices sont plutôt connues dans le petit monde du tricot, mais cela m’a permis de vraiment découvrir le travail de certaines et parfois d’avoir envie de voir d’autres de leurs modèles.

Les modèles :
Ce sont des modèles pour femmes quasi exclusivement.

Vous trouverez dans ce livre :
Sept Pulls, huit gilets/cardigans/vestes, deux paires de chaussettes, trois bonnets, deux bandeaux, un béret, une paire de mitaines, un cabas, un turban, un foulard, une étole, une ceinture et un coussin.
Et beaucoup de mohair dans les fils conseillés.

Chaque créatrice propose deux patrons, un pull ou gilet et un accessoire la plupart du temps assorti.
Là, en revanche, mon avis est mitigé. De mon point de vue, certaines ont fait plus d’efforts que d’autres, mais ça reste un avis très personnel.
Les patrons sont relativement bien expliqués et il en faut pour tous les goûts ainsi que pour tous les niveaux. Cela ne me gêne qu’on propose aussi des ouvrages faciles (même si une ceinture en point mousse dont l’explication tient en une phrase ne devrait pas être considéré comme un patron à part entière.)
En revanche, ce qui me gêne est que certaines ont fait l’effort de proposer beaucoup de tailles, alors que d’autre non.
La plupart des modèles vont du S au L, quelques-uns poussent jusqu’au XL, mais souvent ce sont des tailles intermédiaires, par exemple L/XL. Il n’y a que trois modèles qui proposent du XS et trois (pas exactement les mêmes) qui vont au-delà du XL. Si vous êtes un petit gabarit ou si vous avez une grosse poitrine, j’espère pour vous que vous savez modifier un patron.
Cela vaut aussi pour les accessoires. Il y a deux paires de chaussettes dans ce livre, l’une en deux tailles, l’autre en trois.
Il y aussi une veste en taille unique (la taille unique c’est magique, censée aller à tout le monde, ça ne va à personne) avec une ceinture en point mousse en guise d’accessoire, celle dont l’explication tient en une ligne. Désolée mais là je dis non.
Je suis habituée à mieux. Les patrons que j’achète d’ordinaire proposent plus de tailles et donnent toutes les mesures pour qu’on puisse bien définir celle qui nous correspond. Certes ils sont relativement plus chers, puisque vendus à l’unité la plupart du temps, mais je les trouve aussi plus complets.
Un autre point qui me chiffonne est que la quantité nécessaire est presque toujours donnée en grammes ou en pelotes uniquement dans le fil qui a été utilisé pour réaliser l’ouvrage et pas tout simplement dans le métrage et le calibre de laine qui permettraient de trouver plus facilement une équivalence si vous ne pouvez, ou ne voulez, pas vous procurer la même laine.
Si vous êtes une tricoteuse aguerrie, ça ne vous demandera qu’un petit peu de réflexion, mais si vous débutez c’est tout de suite une autre histoire.
Sur quinze, rares sont celles qui y ont pensé, mais je les en remercie (bizarrement ce sont aussi celles qui ont pensé à proposer une plus grande envergure de tailles).

Pour illustrer cette chronique, j’ai voulu tenter le patron de béret d’Alice Hammer parce que je pensais avoir une laine qui pourrait convenir en stock, mais sans information pour l’échantillon (bon, ça doit être pareil que pour le pull assorti en fait) et sans métrage, débrouille-toi ma fille pour savoir si tu vas tomber juste.
J’ai dû détricoter ma première tentative, l’ouvrage était beaucoup trop grand. Je suis descendue de taille d’aiguilles et cela aurait convenu, si j’avais correctement lu la grille…
Mon ouvrage est terminé, mais il ne ressemble absolument pas au modèle. C’est dû à une incompréhension de ma part et j’aurais dû être plus attentive. Je savais que quelque chose clochait, mais j’ai continué quand même. Ce n’était pourtant pas ma première grille, loin de là. Seulement toutes les créatrices ne fonctionnent pas de la même façon et j’ai pris des habitudes…
Tant pis. J’avais vraiment envie d’un béret gris. Ce n’est que partie remise. Je ne l’ai pas détricoté. Ma mère trouve le motif joli, elle en a donc hérité.
Le modèle est censé être facile et il l’est, mais pour être honnête des explications supplémentaires n’auraient pas été du luxe pour les débutants.
Cela ne m’empêchera toutefois pas d’essayer d’autres patrons de ce livre, notamment ceux de Solène Le Roux.