vendredi 27 février 2015

Le Chant de la Lune

Dernier tome de la trilogie Fille d’Hécate, écrite par Cécile Guillot et publiée aux éditions du Chat Noir.


Vous pouvez également consulter mes articles sur le premier volume et le deuxième.


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Présentation de l'éditeur :
« Je pensais que découvrir d’où je viens serait une sorte d’accomplissement… Hélas, les choses se passent rarement comme prévu et me voilà au milieu d’une histoire mêlant malédiction, prophétie et déesse oubliée. Suis-je assez forte pour jouer les héroïnes ? Rien n’est moins sûr ! »


Maëlys et ses amies sorcières vont devoir plonger au cœur des Ardennes et de ses troubles légendes. Terre de féerie mais aussi de sombres dangers, car si retrouver ses racines est source de joie, c’est aussi la plus grande épreuve que la jeune femme ait jamais eu à affronter.



En ouvrant ce troisième volume de Fille d’Hécate, j’avais un peu l’impression de partir retrouver une vieille amie. En quelque sorte, j’éprouve une certaine affection envers Maëlys. Elle est pour moi l’image même de la petite sœur de laquelle on se sentirait presque responsable. Pourtant, la timide jeune fille qu’elle était a fait du chemin depuis le premier tome, même si elle reste fragile parfois et manque encore de confiance.
Dans Le Chant de la Lune, notre petite sorcière va enfin se réconcilier avec son passé et découvrir le secret de ses origines. Cela la taraude depuis longtemps et c’est un moment que j’attendais impatiemment. J’ai obtenu toutes les réponses que j’espérais. Cependant, j’ai été ravie que Maëlys soit accompagnée de ses proches dans sa quête. Ils amènent davantage de relief à cette histoire qui reste quand même un peu rapide, comme ce fut le cas pour les volumes précédents.
J’ai apprécié le clin d’œil que glisse l’auteur dans les pensées de Maëlys, quand cette dernière revient sur l’évolution de sa vie durant les derniers mois et a conscience qu’elle a été très prompte à croire en son don. Cette remarque est souvent revenue dans les chroniques du premier tome, je l’avais moi-même faite, sans pour autant m’en formaliser trop car je trouvais que Maëlys était dans le genre de situation où l’on se trouve prêt à croire car on en a besoin. C’est de l’ordre de la sensation plus que de la réflexion. Cela m’a néanmoins fait sourire de voir la jeune fille s’étonner de sa propre crédulité et la rationaliser.
Le Chant de la Lune est dans la lignée de ses prédécesseurs, si vous les avez aimés, il en sera de même pour celui-ci. C’est un joli, bien que trop court, roman pour les amateurs d’histoires de sorcières et surtout de Wicca. J’ai particulièrement apprécié que l’intrigue se situe dans les Ardennes et se serve d’un folklore qui finalement est très peu présent dans le fantastique moderne alors qu’il est extrêmement riche.
Ce roman se lit d’autant plus vite que l’écriture est très fluide, néanmoins, j’ai relevé beaucoup de coquilles. La plus mémorable étant une inversion de prénoms. Cela demeure toutefois une belle conclusion pour cette trilogie.
Et pour ceux qui sont nostalgiques en songeant que l’histoire de Maëlys s’arrête ici, sachez qu’un recueil de nouvelles numérique concernant les personnages secondaires est prévu pour 2016. Pour ma part, je serai ravie de retrouver les sœurs de coven de Maëlys dans des histoires où elles seront à leur tour au premier plan.


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Challenge Winter Mythic Fiction

dimanche 22 février 2015

Le Bal des Incorporelles

Une nouvelle de Xavier Bruce publiée en numérique par les éditions ActuSF.


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Résumé de l'éditeur :
Juin 1885 : des meurtres hallucinants ensanglantent la Butte Montmartre et le Moulin Rouge. Toulouse-Lautrec et son fidèle ami Serge renoncent pour un temps à s’encanailler dans les rues de Paris pour mener l’enquête avec gouaille, lutter contre d’inquiétantes créatures et percer le mystère de cette singulière affaire.



Le Bal des Incorporelles est une nouvelle un rien steampunk dont le narrateur n’est autre que le peintre Henri de Toulouse-Lautrec. Ce dernier nous conte, alors qu’il est en visite chez une prostituée, les événements qui ont ensanglanté Montmartre la semaine précédente et auxquels il a participé bien malgré lui.
Tout part d’un fait des plus anodins pour se changer en course poursuite effrénée. Le début est plutôt amusant, le narrateur étant une sympathique canaille. Cependant, l’intrigue tourne vite en rond et n’est au final que peu développée. Il y a beaucoup d’action dans ces quelques pages, mais justement, ce n’est « que » de l’action, descriptive et un tantinet répétitive.
La grande concentration de jurons au paragraphe ne m’a pas gênée, contrairement aux coquilles qui se révèlent fort nombreuses pour un texte si court.
Toutefois, Lautrec a du potentiel en tant que personnage et j’ai lu que Xavier Bruce est en train d’écrire la suite de ses aventures sous forme de roman. Je lirai volontiers cette suite qui, j’en suis certaine, sera plus étoffée.


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samedi 21 février 2015

La République des Enragés

Un roman de Xavier Bruce publié chez ActuSF.


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Résumé de l'éditeur :
Mai 68, un pavé lancé sur un CRS. La colère étudiante embrase Paris.
Seize ans plus tôt, neuf enfants, cobayes pour un programme ultra-secret, s’échappaient de l'Institut Heintelle. Ils ont grandi, développé leurs talents extraordinaires et vont tenter, dans le chaos qu'est devenue la capitale, de mener à bien leur propre révolution.
Dans ce nouveau monde où il est interdit d’interdire, est-il permis de tuer ?
Deuxième roman de Xavier Bruce, après Incarnations, La République des Enragés est une ode féroce et séduisante à la liberté, une uchronie politique et révoltée. Jouant avec les événements de Mai 68 qui ont façonné notre société, l'auteur donne à lire sa version du mythe où l'artiste apparaît comme unique salut et les arts comme de puissantes armes.



1952, neuf enfants s’échappent d’un institut censé expérimenter des méthodes d’éducation novatrices. Seize ans plus tard, la jeunesse française est en colère et ses affrontements avec le gouvernement gagnent en intensité. Que sont devenus les petits cobayes du professeur Heintelle ? Participent-ils de près ou de loin à la révolution qui gronde ?
Entre l’Histoire secrète et l’uchronie, ce récit se développe comme un réseau complexe de racines. L’auteur nous balade d’un personnage à l’autre, mais toujours avec enthousiasme et vivacité, sans jamais nous perdre en route. Il faut bien entendu aimer les récits morcelés. Ceux-là sont souvent près de se rejoindre, voire se chevauchent. Pourtant, on ne sait jamais vraiment si ou quand ils vont se télescoper. Cela m’a plu, d’autant que cette narration insuffle du dynamisme à l’ensemble et pousse le lecteur à tourner les pages toujours plus vite. Les chapitres restent rythmés malgré les coupures et c’est un roman qui se lit très vite.
Les événements que relate La République des Enragés se déroulent sur un laps de temps très court, ce qui intensifie le sentiment d’urgence que l’on ressent. On connaît l’histoire de fond, bien sûr, mais l’auteur nous la montre sous un nouveau jour. Elle se mêle savamment aux intrigues plus personnelles que développent les personnages.
Anna et Arthur sont deux jeunes gens sympathiques qui apportent un peu de légèreté et d’humour dans ce climat instable, même si Arthur aurait dû me taper sur les nerfs tant il est obsédé. Le jeune homme est le seul personnage à s’exprimer à la première personne, cela dénote, mais se révèle finalement une bonne chose car il aurait été beaucoup moins touchant avec plus de distance, ses mauvais côtés en auraient semblé renforcés. Anna et lui sont un vaudeville permanent, une comédie drôle et romantique à eux seuls.
Antoine et Adèle m’ont un peu moins séduite, cependant j’ai aimé les suivre et ai appris à les apprécier à mesure que je les voyais évoluer. Leurs histoires sont tout aussi intéressantes, mais plus sombres.
Et puis il y a Startelle, personnage très drôle bien malgré lui. C’est une bonne idée d’avoir inséré cette personnalité dans cette histoire, de lui avoir offert ce double uchronique. Le personnage est très bien construit et je me suis délectée de toutes les allusions dont nous régale l’auteur.
La République des Enragés m’a offert un très agréable moment de lecture. J’ai parfois beaucoup ri, mais me suis également laissée surprendre par le récit. J’ai néanmoins trouvé la fin un peu rapide, d’autant que j’aurais bien aimé savoir ce qui était arrivé à d’autres personnages. Cela m’a donné envie de découvrir d’autres écrits de l’auteur et j’ai justement une nouvelle en stock.
On peut également consulter une intéressante interview de Xavier Bruce et une bibliographie à la fin du livre. J’apprécie toujours ce type de bonus.

jeudi 19 février 2015

Hard de vivre

Un roman de Carmen Bramly publié aux éditions JC Lattès.


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Hard de vivre - Carmen Bramly




Résumé de l'éditeur :
Ils sont six, entre seize et vingt-deux ans.
Lors d'une fête, une jeune inconnue coiffée d'une perruque arc-en-ciel meurt d'une overdose sous leurs yeux.
C'est une façon terrible de devenir amis. C'est une façon horrible d'entrer dans l'âge adulte.
Entre Sophie, la petite métisse qui n'a jamais vu sa mère, Johannes, le bel étudiant en psycho, et Pop, le fils de concierge aux aspirations littéraires, les choses deviennent d'autant plus compliquées que l'amitié vire peu à peu à l'histoire d'amour à trois…
Hard de vivre se déroule sur une année, pendant laquelle tout bascule, pour le meilleur comme pour le pire. La fille à la perruque arc-en-ciel les hante comme un cauchemar, comme un reproche. Errances, apprentissage à la dure, épreuves que seul un fol appétit de vivre permet de surmonter, c'est une Éducation sentimentale, une sorte de Jules et Jim, et ça se passe en 2014.



Entre ce roman et moi, ce fut un peu comme deux personnes qui se trouvent sympathiques de prime abord, échangent quelques mots et se rendent compte presque aussitôt qu’elles n’ont rien que des banalités à partager car le courant, finalement, ne passe pas. Il est bien écrit pourtant, un peu agaçant quand l’auteur se laisse emporter dans ses envolées lyriques, mais c’est son style bien à elle, elle y met de sa personnalité et ça me plaît. L’écriture est un peu bêcheuse derrière son côté foufou, un peu idéaliste aussi, vive, ça change de ces romans qui pourraient être écrits par n’importe qui tant leur style est aseptisé.
Par contre, le récit m’a ennuyée pendant… disons les trois quarts de ma lecture.
Ce roman est une réflexion sur le passage à l’âge adulte. Six jeunes gens se trouvent réunis un peu malgré eux suite au décès d’une fille en soirée. Le lecteur les suit toute une année, voit la façon dont ils se réconfortent les uns les autres, dont leurs vies se télescopent, s’entremêlent… Chacun gère le traumatisme à sa façon, entre culpabilité (plutôt égotique) et mal-être adolescent.
Ils sont six, néanmoins deux d’entre eux restent en marge, dans le décor, presque accessoires, servant surtout à créer une cohésion de groupe. Et il y a Bethsabée, élément perturbateur, en souffrance, à la fois louve solitaire et satellite qui, comme la lune reflète la lumière solaire, leur renvoie en permanence l’image de la fille arc-en-ciel qui les a macabrement liés. Au centre du récit se trouvent Pop, Johannes et Sophie, leurs angoisses existentielles, leur improbable trio amoureux… Ce sont des personnages à fort potentiel, mais ils ne m’ont pas intéressée.
Carmen Bramly brosse particulièrement bien les portraits de ses personnages, on voit qu’elle les a réfléchis, construits petit à petit. Seulement… Ces gamins sont exécrables. Morbides, prétentieux, pleurnichards selon le cas. En général, les romans de ce genre me ramènent à mon adolescence pour ce qu’elle fut, loin du monde rose bonbon des bisounours, mais ces jeunes gens-là m’ont juste fait réaliser à quel point j’en suis loin aujourd’hui. Je n’ai pas ressenti d’empathie, ce qui a contribué à plomber ma lecture. Bethsabée, la plus excessive du lot, a pourtant été la seule avec laquelle j’ai compati, elle m’a semblée la plus sincère dans son désarroi et je l’ai prise en affection. Pour les autres, le traumatisme est en grande partie une excuse. Toute génération est en proie à son propre mal-être, se croit différente, mais au fond rien ne change…
Les atermoiements amoureux du trio de tête sont clairement ce qui m’a le plus ennuyée. Le pire étant quand ils commencent chacun à leur tour à dire combien les deux autres sont merveilleux et égrener leurs qualités, en se répétant qu’ils ne les méritent pas… J’en aurais hurlé d’exaspération et je serais bien entrée dans le bouquin pour leur filer quelques coups de pieds au cul.
Je les ai suivi pourtant, jusqu’au bout de leur cheminement, j’ai acquiescé ou esquissé une moue peu convaincue parfois, mais n’ai pas refermé le roman avant d’en avoir lu la fin. Cette histoire ne m’a pas parlé, ne m’a pas non plus fait réfléchir, je n’en retiendrai que le beau style de Carmen Bramly et peut-être lirai-je un de ces jours un autre de ses ouvrages qui me correspondra mieux.



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mercredi 11 février 2015

Le Conte de la princesse Kaguya

le conte de la princesse kaguya

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Le Conte de la princesse Kaguya est un dessin animé comme on en fait peu, totalement à contre-courant de l’air du temps.
Les dessins sont épurés et, malgré tout, travaillés quand il le faut, ce qui leur confère une élégance et une grâce particulières. Tantôt ébauches, tantôt aussi évocateurs que des tableaux, ils se révèlent toujours extrêmement poétiques. La délicatesse du trait, la luminosité des couleurs ainsi que la douceur de l’ambiance musicale suffiraient à en faire un chef-d’œuvre, cependant l’histoire est également magnifique.
Le point de départ fort simple peut rappeler d’autres contes que nous connaissons bien dans notre vieille Europe, mais la ressemblance s’arrête là. Un coupeur de bambous trouve une petite fille magnifique dans une pousse et décide de l’élever comme une princesse. De jeune fille miniature, elle devient un vrai bébé, puis grandit de manière tout à fait sporadique, mais à chaque fois conséquente.
Le conte dont est adapté ce long métrage est un classique de la littérature japonaise, une histoire fondatrice dont j’avais déjà entendu parler, mais que je n’avais pas lue auparavant. Je ne peux donc pas juger la façon dont le conte a été interprété, cependant, j’ai apprécié ma découverte. Ce n’est peut-être pas la version la plus fidèle, toutefois je la trouve magnifique.
Une lumière singulière contrebalance la mélancolie qui se dégage du récit et rend le tout très humain. L’enfant est attachante, malgré un petit côté lunaire qui lui confère parfois une humeur changeante et donne donc naissance à des réactions étranges de sa part.
L’atmosphère de cette histoire m’a énormément plu, surtout de par son symbolisme. Je l’ai trouvée magique. Cet anime est selon moi une sorte de long poème sur la fragilité de la vie. C’est dans l’éphémère que l’on découvre la beauté, l’espoir et parfois aussi la force. Dans la sensibilité et les sentiments, même douloureux, réside toute la grandeur des êtres, humains ou non, qui s’inscrivent dans un cycle sans fin mais sont néanmoins mortels. Une existence courte, mais dotée de sensibilité, vaut mieux que l’immortalité sans émotions.
Pour autant, l’histoire est empreinte de nostalgie et, bien qu’elle m’ait apporté un certain réconfort dans un moment douloureux, elle m’a laissé une impression douce-amère. Je doute que les jeunes enfants puissent apprécier cet anime, mais son caractère intemporel séduira sans nul doute un public plus âgé et plus enclin à la contemplation.


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dimanche 1 février 2015

The Sleeper and the Spindle

Une nouvelle de Neil Gaiman, illustrée par Chris Riddell.

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A thrillingly reimagined fairy tale from the truly magical combination of author Neil Gaiman and illustrator Chris Riddell - weaving together a sort-of Snow White and an almost Sleeping Beauty with a thread of dark magic, which will hold readers spellbound from start to finish. On the eve of her wedding, a young queen sets out to rescue a princess from an enchantment. She casts aside her fine wedding clothes, takes her chain mail and her sword and follows her brave dwarf retainers into the tunnels under the mountain towards the sleeping kingdom. This queen will decide her own future - and the princess who needs rescuing is not quite what she seems. Twisting together the familiar and the new, this perfectly delicious, captivating and darkly funny tale shows its creators at the peak of their talents. Lavishly produced, packed with glorious Chris Riddell illustrations enhanced with metallic ink, this is a spectacular and magical gift.

The Sleeper and the Spindle, nouvelle récompensée par le prix Locus, est initialement parue dans l’anthologie Rags and Bones : new twists on timeless tales, dirigée par Melissa Marr et Tim Pratt. Elle a été rééditée par Bloomsbury sous une très belle forme, en hardcover et de surcroît abondamment illustrée par Chris Riddell. La version souple devrait sortir sous peu, mais je vous conseille vraiment le superbe hardcover qui d’ailleurs n’est pas beaucoup plus cher. Les illustrations sont magnifiques, en noir, blanc et doré, très détaillées. Elles apportent du cachet à cette nouvelle. L’objet-livre est très beau. Je ne suis pas fan des jaquettes en général, mais je trouve l’effet de celle-ci, en ébauches et transparences sur une couverture blanche et noire, très réussi. Comme son titre l’indique, ce conte revisité s’inspire de La Belle au bois dormant, mais pas seulement… Ce ne sera pas un spoiler si je vous dis qu’une autre princesse, que dis-je, une reine, va s’inviter dans ces pages et partir à l’aventure. J’imagine de plus que beaucoup ont entendu parler de cette nouvelle, non pour ce qu’elle conte réellement, mais en grande partie à cause du dessin de la scène du baiser qui semble avoir choqué pas mal de monde... Il en a été fait un tel foin que l’on a sorti cela de son contexte et oublié l’histoire qui allait avec. Je ne compte pas m’attarder sur le sujet, trouvant la véhémence de ces réactions particulièrement stupide… Sérieusement, remettons les choses à leur place, Thalie la lune et le soleil, texte dans lequel la jeune femme endormie est violée et réveillée par l’un des deux jumeaux qu’elle ne sait même pas avoir mis au monde, est une version de l’histoire révoltante. Par contre, une femme qui en embrasse une autre n’a rien de choquant ni de dérangeant. Et si vous pensez qu’en vous révélant cela je vous ai gâché la surprise, je vous rassure, il n’en est rien. Par bien des aspects, The Sleeper and the Spindle possède une intrigue prévisible, ce n’est pas non plus la plus grandiose nouvelle que Gaiman ait écrite, mais elle a ses petites originalités. Peut-être la percerez-vous trop tôt à jour, peut-être pas, mais vous apprécierez sûrement votre lecture et pas uniquement pour la beauté des illustrations. C’est une jolie réécriture, peut-être pas transcendante, mais moi qui n’ai jamais vraiment apprécié ce conte dans ses versions les plus connues, je le trouve mieux ainsi, plus proche de ce qu’est censé être un conte, plus cruel aussi. J’ai lu de nombreux commentaires sur la fin, mais aussi sur l’aspect féministe que l’on veut faire ressortir de cette histoire. Ne peut-on pas simplement la voir dans son entier au lieu de la détailler morceau par morceau ? Doit-on vraiment à tout prix y trouver une morale ? Chacun se fera sa propre opinion. La meilleure réécriture de La Belle au bois dormant que j’ai pu lire reste indubitablement Une histoire de désir de Delphine Imbert publiée dans l’anthologie Contes de villes et de fusées, éditée par Ad Astra. Si vous en avez l’occasion, ne vous privez pas de cette découverte.

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