jeudi 28 mai 2015

La chasse aux marqués

Une nouvelle de Tesha Garisaki, publiée en numérique dans la collection e-courts de chez Voy'El.


*


la_chasse_aux_marques_tesha_garisaki


Dès ses premières lignes, La chasse aux marqués intrigue le lecteur grâce à une scène d’exposition sibylline. L’auteur ne dévoile les choses que petit à petit, ce qui rend la lecture d’autant plus haletante. Peu de pages suffisent pour être emporté dans cette dangereuse mégalopole et l’on s’attache presque aussitôt à Natalia, jeune fille altruiste qui essaie d‘utiliser son don au mieux, tout en évitant de se faire remarquer.
Dans cette Fantasy futuriste, les mages sont des proies. Leur don se transmet dès la naissance, par une marque que les parents apposent sur leur enfant et qui détermine leur pouvoir. Mais pourquoi les pourchasse-t-on vraiment ? Et qui se cache réellement derrière les androïdes programmés pour les tuer ?
Cette chasse aux sorcières est motivée par de nombreux enjeux et la problématique est intéressante. Elle aurait mérité d’être encore plus développée, bien que l’on obtienne finalement les réponses aux questions que l’on se pose en cours de lecture.
Celle-ci est prenante. On avance vite, à la poursuite de Natalia, comme pour la retenir, alors que l’on voit se profiler un drame quasi inévitable.
C’est un très bon texte, loin d’être convenu. Je ne déplore que la fin un peu abrupte. Même si la nouvelle se suffit à elle-même, j’étais bien avec les personnages, j’aurais voulu en savoir plus et je pense qu’il y avait matière à faire une bonne novella avec cet univers, ce contexte et ces personnages.


*


JLNND-Je-lis-des-nouvelles-et-des-novellas

vendredi 22 mai 2015

Tag "extraordinary means"

C’est Chani, toujours aussi cruelle, qui m’a taguée, je lui pique donc son intro :


Ce tag a été créé par l’auteur Robyn Schneider et traduit en français par Justine de Fairy Neverland, qui a au passage lancé sa diffusion dans la sphère francophone. Comme le dit cette dernière, l’idée de ce tag est un peu « la fin justifie les moyens » ; il s’agit de savoir jusqu’où vous seriez prêts à aller pour certains de vos auteurs et livres favoris.


1 – Je renoncerais à mon abonnement internet pendant un mois pour une première édition de ce livre dédicacée par l’auteur.


J'avais écrit une longue réponse dans laquelle je racontais ma vie (faut pas me demander de répondre à des tags, c'est dangereux). Mais je sais que vous vous en fichez, donc faisons simple :


la_seve_et_le_givre_lea_silhol


Ça tombe bien, j'ai déjà la première édition et je l'aime ce livre, l'objet autant que l'histoire qu'il contient, c'est mon chouchou.


Mais je veux bien aussi une griffouille d'Hélène Larbaigt pour son Étrange Cabaret que j'ai tant aimé.


Etrange-cabaret


(Oui ça fait deux mois sans internet, même pas peur !)


2 – Je renoncerais aux pizzas pendant un an si je pouvais être assise aux côtés de cet auteur pendant un vol longue distance.


Je choisis sans hésiter Pierre Dubois qui doit avoir des milliers de passionnantes histoires à raconter !


Pierre Dubois

(Non il ne fait pas cette tête à l'idée d'être assis à côté d'une livropathe pendant des heures, pas du tout !)


3 – Je me coltinerais des milliers d’heures de pub si cela assurait l’adaptation cinématographique de ce livre par Hollywood.


Des pubs ? Sérieusement, tu veux que je regarde des pubs ??? Je ne sais pas si quoi que ce soit au monde justifie de subir un tel lavage de cerveau, d’autant que je ne suis absolument pas cinéphile et que je redoute comme la peste les adaptations de livres que j’ai aimés.


4 – Je ne lirais jamais plus de nouveau livre si je pouvais vivre dans le monde de celui-ci.


Vivre sans lecture est impossible. Aucun monde, si merveilleux soit-il, ne vaut ce sacrifice.
Cependant, si je devais choisir un monde livresque, j’en prendrais un sympa, comme Ambremer, une Belle Époque féérique de carte postale avec des chats qui volent et qui parlent, en plus je pourrais être mage… Par contre, je ne voudrais absolument pas vivre dans mes mondes préférés, je tiens à ma petite santé. Quoique, si je me change en même temps en être féérique, je veux bien visiter les Cours de Léa Silhol et l’Étrange Cabaret d'Hélène Larbaigt.


5 – Je laisserais volontiers mon historique Google être dévoilé publiquement si je pouvais être meilleur(e) ami(e) avec cet auteur.


neil_gaiman (2)
Neil Gaiman !


Je suis sûre que vous vous étonniez qu'il n'ait pas déjà été cité.


(Il a l'air ravi à l'idée d'être mon nouveau meilleur ami. Sûrement grâce à la lecture très édifiante de mon historique google.)


6 – Je donnerais tout ce que je possède à Emmaüs si je pouvais sortir avec ce personnage dans la vraie vie.
Un seul ? Vraiment ?
Je devrais choisir Tony Stark, même si c’est un alcolo il est riche et si je filais tout à Emmaüs je serais dans la dèche…
Je suis pragmatique moi, ne me regardez pas comme ça ! Et puis Chani a déjà pris Barrons...


Tony_Stark(Tony est un bon parti et peut dissuader n'importe quelle personne de vous ennuyer.)


J'ai vaincu ce tag ! Youhou !


A vous maintenant !

dimanche 17 mai 2015

Nitescence, l'âme de la nuit T1

Une romance paranormale de Maria J. Romaley, publiée chez Rebelle.


*


nitescence




Présentation de l'éditeur :
Une mère dont la vie n’a de sens que l’existence de son fils voit son monde basculer dans les méandres incertains d’une autre réalité. Là, règle une guerre, cachée aux yeux des mortels, entre des créatures mythiques dont seuls ses rêves pouvaient lui souffler l’existence.
Que faire quand on est partagé entre une passion interdite et un amour protecteur plus puissant que sa propre raison ? Que faire quand notre vie est menacée à chaque instant et que l’on entraîne avec nous, amis et famille ?
La mort n’est pas une réponse acceptable lorsque la vie d’un enfant est en jeu...



Prenez des anges et des démons. Donnez-leur un autre nom pioché dans une autre mythologie, parce que ça fait à la fois plus cool et plus ancien, mais n’exploitez absolument pas cette mythologie (sinon ça pourrait devenir trop original), deux ou trois mots en sanskrit sont amplement suffisants. Surtout n’oubliez pas de rendre vos anges et démons extrêmement manichéens : les gentils sont très gentils et lumineux, ils se nourrissent des bons sentiments des humains, les méchants sont très méchants et ont donc de grandes ailes sombres, évidemment ils bouffent des âmes humaines dès le petit-déjeuner (les céréales ne sont pas bonnes pour la ligne et les mauvais sentiments ne tiennent pas au corps). Utilisez tout cela pour mettre en valeur des amours interdites et vous obtiendrez ce roman.
Et moi j’ai passé l’âge. Si j’avais encore 12 ans et un bagage littéraire des plus succincts, sans doute aurais-je apprécié, mais là non, c’est trop immature. L’intrigue de fond, qui en fait ne sert que de prétexte, est délayée, c’est la romance qui importe et elle ne m’a pas emballée. Nous avons un héros froid et blessé par la vie (très original…) et une héroïne bien gentille qui semble être la réincarnation d’un bisounours, mais qui se trouve tellement banale qu’elle se sent obligée de le répéter une fois par page. Néanmoins, elle est exceptionnelle, ce qui la met en danger, alors il doit la protéger, trouvant enfin le nouveau but qui lui manquait pour supporter sa longue existence. Et ils s’aiment au premier regard, bien sûr, mais ne se comprennent pas… On enchaîne donc les quiproquos aussi bien que les platitudes et lieux communs. Je n’ai jamais vu autant de points d’interrogation à la page tant le tout semble être une suite ininterrompue de questionnements des personnages l’un à propos de l’autre… Pourquoi a-t-il fait-ci ? Pourquoi a-t-elle dit ça ? Pourquoi ai-je ouvert ce livre ? (Ah non, la dernière est de moi…) C’est usant à force. Ce n’est pas parce qu’il s’agit de romance paranormale que tout doit être cousu de fil blanc, d’autant qu’il y a de trop nombreuses incohérences dans ce récit, ce qui n’en améliore pas la vraisemblance.
En bref, je me suis terriblement ennuyée et j’aurais mieux fait de passer mon chemin.

samedi 16 mai 2015

L'étrange affaire de Spring Heeled Jack, Burton et Swinburne T1

Un roman de Mark Hodder, publié chez Bragelonne.


*


spring heeled jack




Présentation de l'éditeur :
Londres, 1861
Sir Richard Francis Burton
Un grand explorateur et un érudit de talent. Sa réputation a été salie et sa carrière ruinée. Il est dans de sales draps.
Algernon Charles Swinburne
Un jeune poète prometteur et avide de sensations fortes, disciple du marquis de Sade. Le cognac causera sa perte. C'est le cadet de ses soucis.
Les deux hommes sont au cœur d'un empire déchiré par les conflits. D'extraordinaires machines envahissent un monde soumis à des lois des plus répressives. Tandis que certains défendent une société fondée sur le génie créateur, d'autres repoussent les limites de la conscience en ayant recours aux drogues, à la magie et à l'anarchie.
Lorsque des loups-garous terrorisent l'East End londonien et que des jeunes filles deviennent la proie d'une effroyable créature nommée Spring Heeled Jack, le duo n'a plus d'autre choix que d'agir. Au plus vite.
Tous deux se trouvent confrontés à l'un des événements les plus décisifs de cette époque. Mais la pire de leurs découvertes pourrait bien provoquer la fin du monde tel qu'ils le connaissent...
Quand une poignée d'hommes change l'Histoire, l'Histoire change tous les autres.



Face à cette lecture, je me suis un peu sentie comme Vassilissa devant le tas de graines que la Baba Yaga lui donne à trier. Certaines choses m’ont beaucoup plu, d’autres non, mais il serait titanesque de séparer les bonnes des mauvaises graines.
L’étrange affaire de Spring Heeled Jack est une uchronie steampunk mâtinée de voyage temporel et de paradoxes. L’idée est bien trouvée et très développée, mais de façon plutôt inégale. J’ai toutefois aimé la manière dont l’auteur se sert de l’Histoire et de personnages connus pour mieux les décaler dans son univers délirant. C’est l’effet ricochet, une onde se propage et des variations de plus en plus flagrantes troublent le cours de l’Histoire telle que nous l’avons apprise. Elle a ainsi pu largement dévier, tout en restant accessible au lecteur.
Il est intéressant de voir la manière dont l’auteur fait se répondre le réel et l’imaginaire. Par contre, sa façon de gérer le paradoxe a de quoi donner la migraine. Ce n’est totalement pas illogique en soi, cependant on sent qu’il manque quelque chose et cela m’a un peu gênée. Il use, en quelque sorte, du concept du « grain de sable » ; celui-ci enraye la machine et crée un inextricable cercle vicieux. Mais qu’en est-il vraiment du point d’origine ? On ne sait plus où commence réellement le changement ni pourquoi et cela plaît ou perturbe.
Si l’intrigue est travaillée, le décor n’est pas en reste. Hodder a créé un background complexe pour sa série et son mélange de technologies et de manipulations génétiques tient ses promesses. J’ai particulièrement apprécié les perroquets. Il faut savoir que dans ce monde chaque modification apportée à un animal pour le rendre « utile » lui fait acquérir une autre particularité, inutile et parfois même gênante.
Le roman est divisé en trois parties et la première sert principalement de mise en place. Elle présente les personnages, permet au lecteur de se familiariser avec l’univers steampunk, de goûter les changements apportés au cours de l‘Histoire et de s’immerger dans l’enquête. Seulement, je l’ai trouvée un peu longue à mon goût, hésitante, fouillis. Ce n’était pas désagréable à lire, mais j’avais l’impression de ne pas avancer, alors qu’en général j’apprécie que l’auteur prenne le temps de présenter son univers.
Cependant, tout s’emballe dès la deuxième partie et j’ai beaucoup plus apprécié cette suite. Le roman a pris un tour qui m’a plu et j’ai mieux compris les longueurs de la première partie. L’enquête se révèle plus fascinante quand on en a pris la mesure et les personnages, qui ne m’étaient pas particulièrement sympathiques, ont tout de même réussi à gagner mon intérêt.
L’auteur ne se prive toutefois pas de ces facilités typiques du vieux roman d’aventure, de celles qui font des Gentlemen de véritables parangons et des méchants des caricatures, même si ceux-ci, inspiration historique oblige, sont de meilleure qualité que la caricature de base, je l’admets.
Hodder a également essayé de brosser la société de l’époque, mais tout ne m’a pas semblé logique ou très crédible, comme par exemple des orphelins ramoneurs qui savent lire. Un je veux bien, mais plusieurs… Ce sont des détails, mais je les ai remarqués. Néanmoins, il s’est rattrapé en présentant dans les annexes les personnages célèbres dont il a détourné l’existence, ce qui se révèle au final assez ludique.
Globalement, la lecture fut intéressante malgré de trop nombreuses longueurs. Je lirai probablement le tome 2, paru cette année parmi les titres du Mois du Cuivre, mais je ne vais pas non plus me précipiter dessus.


*


RVLFC

mercredi 6 mai 2015

L'envol du cygne jaune

Une nouvelle d'Olivier Boile, publiée en numérique par les éditions Voy'El dans la collection e-courts.


*


lenvol du cygne jaune - olivier boile*


Cette nouvelle, par-delà son aspect historique, a la saveur et la grâce particulières d’une légende asiatique. Elle nous emmène bien loin dans le temps et l’espace, à la rencontre d’un peuple nomade. Délicate, poétique, elle séduit le lecteur non pas en l’entraînant dans un récit haletant, mais plutôt en éveillant petit à petit son empathie envers le personnage principal : Liu Xijun. La jeune princesse Chinoise a été promise au roi des Wusun, mais ne parvient pas à se faire au mode de vie de son peuple d’adoption. Une seule personne semble s’émouvoir de son sort alors que la jeune femme dépérit. Celle-ci demeure dans l’attente de jours meilleurs en observant les oiseaux migrateurs qu’elle aimerait tant rejoindre, imperméable à la vieille magie des Wusun.
Que pèse la volonté d’une femme qui n’est qu’une marchandise dans ce monde d’hommes ? Liu Xijun est émouvante dans la souffrance qu’elle ressent, mais peut aussi sembler très égoïste, sachant quel enjeu elle représente.
L’envol du cygne jaune est un beau texte qui parle avec subtilité d’identité et de liberté. Il fait réfléchir sur l’individualité et le sacrifice, sur la valeur de la vie, et procure au passage un bon moment de lecture.


*


JLNND-Je-lis-des-nouvelles-et-des-novellas