dimanche 25 novembre 2012

Le rôdeur d'ombre, Les Chroniques de Siala T1

 Un roman d'Aleksei Pekhov, publié chez J'ai lu.

Présentation de l'éditeur :
Jamais les Terres désolées n'avaient connu pareil rassemblement ; des milliers de géants, d'ogres et d'autres créatures maléfiques unissent leurs forces pour la première fois de leur histoire sous une bannière unique. Bientôt, l'Innommable et ses armées seront aux portes de la cité d'Avendoom. À moins que Harold l'Ombre, Maître Voleur, ne trouve un moyen de les arrêter. Secondé dans sa quête par une princesse elfe, dix Cœurs sauvages - les combattants les plus valeureux que les Terres désolées aient jamais comptés - et un bouffon aux multiples surprises, Harold doit réussir là où des armées de guerriers et de mages ont échoué.
Décidément, les voleurs ont la côte dans les publications fantasy du moment. Harold, le héros et narrateur des Chroniques de Siala, en est un, qui plus est parmi les meilleurs. C’est justement cette habileté qui va lui valoir bien des déboires. Forcé d’accepter un contrat pour ne pas finir ses jours en prison, Harold n’a pas idée de l’imbroglio dans lequel il va se trouver impliqué. Et le lecteur non plus d’ailleurs… 
Si Harold est un personnage sympathique et attachant qu’on a forcément envie de voir réussir, ne serait-ce que parce qu’on compatit à ses malheurs, on n’en a pas moins l’impression de s’enliser un peu dans cette histoire, avec une quête qui n’en finit pas de démarrer. Harold est toujours en train de chercher quelque chose, par exemple le plan de la ville pour trouver celui d’une nécropole, et si possible dans un endroit très dangereux… Et c’est comme ça tout au long de l’histoire. À la fin du roman, la quête principale commence à peine et on se dit que de nombreux passages, bien qu’ils soient bourrés d’action, n’ont pas servi à grand-chose.
Non seulement l’habitué de fantasy connaît déjà tout ça (la quête pour mettre la main sur un objet magique d’une importance capitale, les compagnons de voyage de races multiples, le voleur au grand cœur et tout ce qui s‘ensuit), mais en plus il trouvera le récit un peu longuet, avec toutes ces péripéties qui n’en finissent pas de contrarier le voyage de nos héros. 
Harold étant le narrateur, on voit tout ce qui se passe à travers le filtre de son regard, mais l’auteur a trouvé un excellent moyen pour nous plonger dans des scènes du passé sans les faire raconter par un tiers et sans non plus céder à la facilité. Par contre, si les événements prennent beaucoup de place dans le récit, les personnages sont quant à eux peu développés, ce qui est très dommage. J’ai une certaine affection pour Harold et Kli-kli, le bouffon, m’intrigue beaucoup. L’improbable duo du nain et du gnome aide également à faire passer les longs chapitres, même si on en sait peu sur eux au final. Les autres personnages sont à la fois plus stéréotypés et légers, il est difficile de s’attacher à eux.
L’univers en lui-même est très classique et il n’y a pas de grandes difficultés pour y entrer. Toute incompréhension peut être éclaircie en allant consulter le glossaire très complet qui se trouve à la fin de l’ouvrage. Ceci dit, le lecteur qui ne souhaite pas s’embarrasser avec ça et arrêter sa lecture n’a pas non plus besoin de le faire quand il a déjà lu de la fantasy. Si parfois les noms de races changent, on devine facilement de quel archétype il est question.
C’est un bon livre, très bien écrit et assez plaisant, même si l’originalité n’est définitivement pas une de ses qualités. Il s’agit, me semble-t-il, d’une trilogie et la quête principale est donc très délayée pour pouvoir s’étaler sur les trois volumes. L’auteur l’additionne donc de multiples petites quêtes. Il est possible que l’intérêt du lecteur s’en ressente, d’autant plus que tout est très prévisible. Mais ça se laisse lire, c’est un bon moment de détente, plus appréciable encore quand on n’a pas lu de fantasy depuis longtemps.

mardi 20 novembre 2012

Les Chroniques d'Oakwood

Un fix up de Marianne Stern, publié aux éditions du Chat Noir.


Présentation de l'éditeur :
Oakwood, son église, sa grange abandonnée, ses tavernes, son cimetière. Et ses sorcières, au grand dam des prêtres qui se succèdent sans parvenir à éradiquer les diableries.
Lorsque la nuit tombe, les ombres s'étirent et drapent le hameau d'un manteau de noirceur, laissant à la lune le soin d'épier les plus sombres desseins. Cruelles malédictions et engeances démoniaques arpentent alors librement les rues aux faveurs de l'obscurité ; mieux vaut ne pas s'attarder en-dehors des logis, au risque de rencontrer la Mort au détour d'une bâtisse.
Pourtant, le vieux cimetière attire bien des convoitises... Certains affirmeront avoir aperçu la lueur chétive d'une lanterne au detour d'une tombe, d'autres diront avoir entendu des hurlements déchirants briser la torpeur nocturne. Les plus folles rumeurs circulent au village, mais ses habitants s'accordent à dire qu'il ne se trame rien d'anormal.
Entre spectres, pentacles, corbeaux et cadavres, quelques téméraires se risquent toutefois à des errances en solitaire. L'un en quête de l'être aimé, l'autre animé par une vengeance inassouvie, ou tout simplement, à la recherche du repos éternel. Or tous ignorent que dans l'ombre, la demoiselle d'Oakwood veille...

Avec ce roman, Marianne Stern nous entraîne à Oakwood, petit village du début du XVIIe siècle, probablement anglais, recelant de nombreux et très sombres secrets. Qui sont donc ces prêtres fanatiques, ces sorcières, ou prétendues telles, ces puritains à la mentalité étriquée, sans parler des âmes damnées errant dans le cimetière ? 
Pour le découvrir, nous suivons tout d’abord les pas de Lynn, petite fille muette, maltraitée par son père, jusqu’à ce que, peu à peu, son histoire se mêle aux autres. Et il s’en passe des choses à Oakwood où la plus grande noirceur empèse les âmes de gens en apparence bien sous tous rapports. 
Ces chroniques portent bien leur nom. C’est un ouvrage entre le roman et le recueil, composé de plusieurs nouvelles (et une chanson), toutes reliées entre elles par divers éléments et personnages récurrents. Le dédale chronologique que forment les textes ajoute à l’intérêt de la lecture. On ne sait jamais si l’on va se diriger plus avant dans l’histoire ou faire un bond dans le passé et apprendre ainsi de nouvelles choses qui éclaireront sous un autre angle les événements que l’on connaît déjà. J’ai trouvé le procédé vraiment plaisant. Il faut dire que l’ouvrage est très bien construit, de manière à ce que ces cassures de la continuité apportent toujours quelque chose de particulier au lecteur quand il remet en place les morceaux manquants du puzzle. 
Je me suis attachée à certains personnages et ai été frustrée de ne plus les voir au chapitre suivant, mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce puzzle chronologique, on ne sait jamais sur qui ou quoi on va tomber en tournant la page et, malgré tout, ceux que l’on espère reviennent toujours. 
Les histoires et les personnages donnent l’impression de valser et c’est d’autant plus frappant que l’écriture de Marianne Stern est très musicale, tout en étant également pointue dans les descriptions. J’ai eu l’impression de parcourir Oakwood tant ses mots sont évocateurs. 
Cette histoire de sorcière, sombre et très réaliste, sur fond d’un fantastique maîtrisé, est vraiment agréable à lire et magnifiquement écrite. On est loin de la magie tapageuse et des clichés qui nourrissent actuellement les récits de sorcellerie. Dans ces chroniques, rien n’est évident ou facile, les ténèbres sont partout et certains chapitres sont assez glauques, néanmoins ce n’est jamais pesant. Si vous voulez une histoire de sorcière à l’ancienne, c’est le livre qu’il vous faut absolument et puis, pour ne rien gâcher, la couverture est juste sublime.

jeudi 15 novembre 2012

Charley Davidson T1, Première tombe sur la droite

Un roman d'urban fantasy de Darynda Jones, publié par Milady.


Charley Davidson est détective privée et faucheuse. Son boulot consiste à convaincre les morts « d’aller vers la lumière ». Mais ce n’est pas toujours si simple : parfois Charley doit les aider à accomplir quelque chose avant qu’ils acceptent de s’en aller, comme retrouver l’assassin de ces trois avocats. Ce qui ne serait pas un problème si Charley ne passait pas son temps à faire des rêves érotiques provoqués par une entité qui la suit depuis toujours… Or, il se pourrait que l’homme de ses rêves ne soit pas mort. Il pourrait même être tout à fait autre chose…


"J'aurais moins de troubles de l'attention s'il n'y avait pas autant de jolies choses brillantes."

On n’a pas arrêté de me dire beaucoup de bien de cette série, notamment une amie qui m’assurait que j’allais adorer Charley et que si je devais commencer une nouvelle série (j’ai plutôt tendance à freiner des quatre fers ces temps-ci pour ce genre de choses) ça devait être celle-ci, alors j’ai fini par me laisser fléchir. Et puis ça m’évoquait la série tv Dead like me, que j’avais appréciée, même si je me doutais, avec raison, que ce bouquin n’avait pas grand-chose à voir avec cette dernière…
C’est clair, on est bien loin de Dead like me, d’ailleurs le terme de faucheuse pour désigner Charley est franchement abusif. Elle fauche que dalle, mais je vais vous laisser découvrir quel est exactement son rôle en lisant le livre, sinon vous n’aurez plus grand-chose à vous mettre sous la dent.
Disons-le tout de suite, la mythologie évoquée dans ce roman ne m’a pas emballée, une question de goût plus qu’autre chose, ça n’est pas mauvais en soi, c’est juste trop chrétien pour moi. En outre, les explications sont très superficielles, comme dans tout premier tome qui se respecte, alors j’imagine que c’est pour laisser des choses à dévoiler dans les volumes suivants.
L’histoire non plus ne m’a pas séduite plus que ça. L’intrigue policière est pendant longtemps mise de côté et j’ai vraiment eu l’impression qu’il ne se passait rien durant un bon tiers du bouquin. Il y a un grand creux vers le milieu du récit, uniquement comblé par les bavardages répétitifs de Charley et sa copine Cookie. J’ai trouvé ça très dommage parce que l’idée de cette détective médium est intéressante, pas novatrice, certes, mais pleine de potentiel. Et puis des fantômes (surtout ceux qui peuplent ce roman) en urban fantasy ça change un peu…
J’ai aussi été un peu gênée par le côté peu crédible de certains événements. Vous me direz que quand on lit de la fantasy, la crédibilité ça fait plutôt rigoler, et pourtant non, j’ai besoin d’une certaine vraisemblance. Peu importe qu’on me raconte des trucs dingues, mais il me faut un minimum de logique, que ça sonne même lointainement vrai, ce qui laisse parfois à désirer dans cet ouvrage.
Par contre, mon amie avait raison sur un point, j’ai adoré Charley. C’est un personnage très bien construit, toutes ses réactions, ses manies, ses habitudes résultent d’expériences passées, ce qui la rend très vivante. Elle est drôle, d’une exquise mauvaise foi, fainéante, complètement barrée, mais aussi un peu gamine parfois. L’auteur ayant souvent tendance à vouloir trop en faire, tous ces charmants petits défauts peuvent devenir un peu lourds par moment, mais c’est avant tout Charley qui fait l’intérêt du roman. L’intrigue policière, quand l’auteur daigne se rappeler qu’elle doit aussi s’en occuper, n’est pas mauvaise, mais pas transcendante non plus, c’est la personnalité de l’héroïne qui fait qu’on tourne les pages. On s’attache forcément très vite à elle, même quand elle devient casse-pieds.
Les personnages secondaires sont un peu plus caricaturaux que Charley, mais quand même intéressants, enfin, si on excepte Cookie… Elle a une personnalité en rapport avec son prénom, à savoir très plate, c’est le faire-valoir de base qui ne sert qu’à faciliter la vie de l’héroïne. J’espère qu’elle prendra un peu plus d’épaisseur et d’indépendance dans le prochain volume, sinon autant nous épargner sa présence.
J’admets que Reyes, personnage masculin principal de l’histoire, n’a pas non plus éveillé grand intérêt chez moi. Question de goût une fois encore, je suppose. Je n’ai pas adhéré du tout à l’histoire d’amour. Charley est chiante avec ses genoux qui se dérobent chaque fois qu’elle pense à Reyes. Lire son nom lui suffit pour s’évanouir… L’auteur elle-même s’en rend compte puisqu’elle le fait admettre au personnage qui se désole de son propre comportement. Mais au lieu de calmer le jeu, elle insiste en essayant de faire passer ça avec de l’humour et du coup c’est encore plus soulant…
Au final, c’est un roman distrayant qui se laisse lire, il ne faut pas en espérer plus. Mon avis est donc mitigé, mais je pense lire la suite quand j’aurai besoin de vacances et puis un premier tome n’est jamais le meilleur d’une série. Je suis le genre de lectrice qui veut une intrigue et qui en a vite marre qu’on tire sur la corde. Le fait que tout repose sur Charley passe relativement bien cette fois, mais ça ne sera sans doute pas le cas dans un deuxième volume, alors j’espère que l’auteur a remédié à ces défauts.
On verra bien…

dimanche 11 novembre 2012

Paris en 2040

Un roman d'Arthur Bernard, publié chez Parigramme.


Présentation de l'éditeur : 
En 2040, Paris s'est dédoublé : le Paris-capitale, le Paris du pouvoir (Paris I) s'est retranché derrière un mur invisible enserrant une vaste zone courant de La Défense à Saint-Denis, tandis que le Paris que nous connaissons (Paris II) demeure la ville des monuments, des jardins, des cimetières. Tout autour, également séparée par un mur invisible, s'étend une Zone Inquiète aux contours mal définis.
Paris II baigne dans une pénombre imposée par les nécessités de la nuit écologique. C'est une ville hyper-mémorielle, célébrant et commémorant à tour de bras, la mairesse étant assistée dans cette tâche par une adjointe à la mémoire positive et un adjoint à la mémoire négative. De grands miroirs disposés aux angles des places offrent un reflet permanent de la ville à elle-même et se transforment, à l'occasion, en écrans faisant revivre les événements qui s'y sont produits dans le passé.
C'est dans ce cadre qu'évolue une petite troupe emmenée par Gaby, vénérable centenaire qui préfère se dire séculaire. Les amis forment une société des lecteurs nocturnes qui se retrouve dans la BN de la rue de Richelieu, définitivement abandonnée et qu'ils entreprennent dérisoirement de repeupler de livres. On les suit encore à la célébration de la fêt' nat' place de la Bastille, sur les quais pour une parade nautique mouvementée, sur la tombe de Blanqui au Père-Lachaise, dans le vieux métro désaffecté... Partout se croisent des 'ironistes' multipliant les manifestations-surprises, des 'branchés' circulant d'arbre en arbre, d'énigmatiques capuchonnés ou des agents double du pouvoir fomentant attentats et actions d'éclat.

Plus qu'une œuvre d'anticipation et encore moins de prospective, ce roman est une fable qui met en scène des représentations ou des fantasmes attachés de longue date à Paris ; la prédiction est ici autant celle du passé que celle de l'avenir ! Rien ne change mais tout change. Servi par une écriture musicale et poétique, ce tableau est celui d'un rêve éveillé, animant un paysage qui nous semble aussi familier qu'onirique.

Je ne lis quasiment jamais les résumés de quatrième de couverture et avais donc à peine survolé celui-ci, c'était mon dernier choix, celui du coup de tête et du hasard lors d'une opération masse-critique de Babelio. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre et je ne regrette pas cette découverte, qui s'est révélée vraiment étonnante, mais je ne vous cache pas qu'elle m'a laissée perplexe.

Paris en 2040 est un ouvrage aussi difficile à résumer qu’à expliquer, entre le roman, l’exercice de style et l’essai, à la fois fugue temporelle (et intemporelle, car l’auteur semble aimer les paradoxes), guide touristique imaginaire d’un Paris futur, voire fable philosophique. On peut dire qu’il s’agit d’anticipation, mais je me verrais mal le qualifier de science-fiction. C’est également une réflexion philosophique sur notre société, actuelle et potentielle, nous offrant un bond le temps qui nous propulse vers un Paris à la fois étranger et très crédible.
Les personnages principaux de ce roman sont Paris, bien entendu, et Gaby Lavoipierre, centenaire, non pardon « séculaire » amateur de livres, autour duquel se masse une troupe d’amis hétéroclite. Et Gaby en a vu des Paris, tous différents, tous semblables… Il se confond avec la ville, avec l’air du temps, mais apporte avec lui la mémoire, le goût du passé qu’il transmet au présent.
Il n’y a pas vraiment d’histoire, juste l’Histoire, vraie comme fausse, et des histoires, importantes ou pas. C’est typiquement le genre de livre que l’on adore ou que l’on déteste, pourtant je suis restée entre les deux. J’aurais pu, j’aurais dû, adorer cet ouvrage, mais ça n’a pas été le cas. Je ne suis pas sûre de parvenir réellement à vous en faire partager les raisons, mais si la première partie fut très agréable à lire, la seconde est beaucoup moins bien passée. Les effets de style, agréables au début, sont devenus par la suite très lourds et trop d’ironie, trop d’absurde, même pour moi, un récit trop intellectualisé ont eu raison de ma patience. J’ai lu, mais me suis ennuyée, mon intérêt n’étant avivé que par touches, de plus en plus ténues à mesure que j’avançais, péniblement, dans ma lecture.
Le style m’a séduite d’emblée, cela est certain, et je l’ai apprécié presque d’un bout à l’autre du roman. C’est tout à fait le genre d’écriture que j’aime, un style riche, poétique, mélodique et un peu joueur. L’écriture d’Arthur Bernard est enlevée, ciselée, précise, mais aussi joyeuse et taquine ; l’auteur ne perd jamais une occasion d’extrapoler ou de partir en vrilles. Il digresse, laisse les mots s’envoler et virevolter au rythme de Paris, des événements comme des personnages que nous accompagnons et des rues par lesquelles nous passons. C’est beau, c’est intelligent et étonnant, mais ça devient vite un puits sans fond dans lequel résonnent toujours les mêmes échos, épuisant le lecteur à mesure qu’ils se répètent.
L’histoire elle-même se répète, s’entortille, s’embrouille, se torpille même, secondée efficacement par l’écriture donnant dans l’art de perdre le lecteur. Je l’ai dit on aime ou on n’aime pas, c’est une lecture qui demande des efforts, en plus d’un esprit pleinement alerte et disponible, qui a envie de battre la campagne (ou plutôt les pavés) dans l’absurdité et la bonne humeur, mais sans jamais cesser de réfléchir.
Je comprends la démarche intellectuelle, enfin en grande partie, mais n’y trouve pas tant d’intérêt que cela, or l’histoire n’a sans elle pas beaucoup d’épaisseur. L’esprit de Gaby, libre penseur qui aura cent ans en 2040, se laisse glisser vers ce Paris potentiel, peut-être même probable et en tout cas crédible, comme dans un univers parallèle.
Et Gaby, ou son sosie, avec sa bande de copains de 2040 fait ou refait le monde selon les occasions et nous balade à sa suite dans Paris bis. Les personnages et les jours filent, six mois du Paris de 2040, si différent et si héritier de notre Paris actuel. Car on ne s’y trompe pas, c’est bien Paris le personnage principal, avec l’histoire de Gaby qui se mêle à la sienne, pas l’inverse.
J’en retiendrai des choses intéressantes et si la fin du monde n’arrive pas en décembre 2012, ne serai pas pressée de voir venir l’année 2040, même pour une réunion des lecteurs nocturnes car je suis persuadée que dans l’immensité de tous les possibles, celui que ce livre nous décrit reste en grande partie très plausible, aussi dérangeant puisse-t-il être…
Paris en 2040 est une bizarrerie, une lecture déroutante et inclassable, un rien trop « branchée » pour moi faut-il croire, même si je dois reconnaître que le tout est savamment pensé, parfaitement construit et très bien écrit.



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vendredi 9 novembre 2012

A quel point suis-je accro aux livres ?

Questionnaire originellement publié sur A blog ouvert.

1) La première chose que vous regardez en arrivant chez quelqu’un, c’est sa bibliothèque.
Effectivement. Je vais m'approcher, me tordre le cou pour lire les titres sur les tranches, mais je ne toucherai pas aux livres car je n'aimerais pas qu'on le fasse sans invitation chez moi.
On peut apprendre beaucoup de choses sur les gens en regardant leur bibliothèque, mais je ne les juge pas vraiment là-dessus. La mienne n'est pas forcément très représentative car je garde tout, y compris les cadeaux bizarres et les livres que je n'ai pas aimés. De même, je ne jugerais pas mal une personne qui "n'expose" pas ses bouquins dans son salon, les miens étant bien à l'abri loin des regards indiscrets du commun des visiteurs.

2) Vous êtes déjà tombée amoureuse d’un personnage imaginaire.
Trop souvent pour me considérer saine d'esprit.

3) Vous tenez un blog littéraire / faites partie d’un club de lecture / êtes inscrit sur un site de critiques littéraires.
Oui aux trois.

4) Vous aimez sentir l’odeur d’un livre.

Oui, c'est une part non négligeable de ma livropathie, même si les vieux livres me provoquent des allergies.

5) Lorsque vous voyez quelqu’un lire votre livre préféré, vous êtes certain qu’il existe un lien invisible entre vous.
Je n'irais pas jusque-là, mais disons que ça peut encourager une certaine sympathie de prime abord.

6) Après avoir vu un film, vous avez déjà prononcé une phrase commençant par « oui, mais dans le livre… »
Trop souvent. Je pense que je préfèrerai toujours le livre à l'adaptation, même si je la vois avant de le lire.

7) Vos livres préférés ont une place de choix sur vos étagères.
Oui, mes livres préférés sont normalement ensemble, dans une zone bien définie de la bibliothèque qui échappe à toute logique, à tout désir d'esthétisme et de gain de place. Et je dirai même que tout s'articule autour de cette zone, un peu comme si elle était en fait le centre d'un système solaire qui serait lui-même organisé en strates, un peu à la manière de l'atmosphère.
De là à dire que ma bibliothèque est peut-être l'estomac d'un dragon, il n'y a qu'un pas.

8) Vous avez déjà manqué votre arrêt de métro/bus/tramway… tellement vous étiez plongé dans votre livre.
Je ne prends quasiment jamais les transports en commun. Mais j'ai oublié l'heure et des trucs que je devais faire, laissé des plats presque brûler dans le four et du thé infuser si longtemps qu'il en est devenu imbuvable même pour moi. Ça compte ?

9) Vous avez déjà pleuré ou ri en public à cause d’un livre.

Oui.

10) En librairie, vous avez déjà conseillé un client un livre et pourtant, vous n’êtes pas libraire.
Oui aussi, mais uniquement parce qu'on me l'a demandé. Il est même arrivé que ce soit le ou la libraire qui dise au client de me poser la question ou qui me demande personnellement un conseil...

11) Après avoir eu un coup de cœur pour un livre, vous vous renseignez sur l’auteur et achetez ses autres livres.
Oui, bien que de manière sans doute moins radicale la plupart du temps, plus progressive.

12) Vous achetez des livres alors que votre pile à lire atteint des sommets.
J'en ai honte, mais oui, il y a des fois où j'ai du mal à suivre...
Je ne faisais pas ça avant, mais les livres que je veux ayant souvent tendance à disparaître du marché du jour au lendemain, je préfère passer pour une compulsive qu'avoir des regrets.

13) Vous avez déjà attendu plusieurs heures pour vous faire dédicacer un livre.
Non. J'ai fait des choses assez dingues pour me procurer certains livres et je pourrais probablement attendre des heures pour une dédicace de certains auteurs, mais il n'y en a pas tant que ça au final.

14) Il vous arrive de lire pendant votre pause déjeuner.
A moins d'être vraiment très fatiguée ou d'avoir de la compagnie, je lis toujours à ce moment-là.

15) On vous offre régulièrement des livres pour vos anniversaires et ça vous fait plaisir.
Oui ! Et j'encourage cordialement mes proches à ne m'offrir que des livres. A la rigueur j'accepte le thé. :P
Mais il y a des personnes qui pensent que les livres sont une punition et persistent à m'offrir des trucs hideux que je ne porterai jamais ou des produits de beauté blindés de substances chimiques douteuses... C'est trop injuste...

16) Vous vous êtes déjà promis « à la fin de ce chapitre, j’éteins la lumière », et vous ne l’avez pas fait.

Tellement souvent...

17) Vous connaissez ce sentiment de tristesse lorsque vous venez de terminer une saga.
De tristesse, oui, mais aussi parfois de soulagement quand je suis arrivée sans encombre à la fin. Je crains plus la déception qu'autre chose. De bons écrits resteront dans mon imaginaire longtemps après le point final, ce qui n'est pas une fin en soi.

18) Vous avez déjà relu un livre.

Bien sûr et certains même plusieurs fois.

19) Quand vous êtes dans une librairie, il vous arrive de toucher les livres que vous possédez ou que vous aimez, en signe de reconnaissance.
Maintenant que j'y songe... Oui, je le fais, je passe mes doigts sur la tranche, mais c'est probablement plus une pensée affectueuse inconsciente qu'un "signe de reconnaissance". Et ça me confirme que je suis vraiment cinglée...

20) Vous avez déjà repoussé un rendez-vous pour finir un livre.
C'est peut-être arrivé, faut jamais dire jamais, mais ça m'étonnerait de moi.

21) Parfois, vous citez des passages de vos livres préférés dans votre vie quotidienne.
Peut-être bien. Là tout de suite je n'ai pas d'exemple. Mais je sais que je fais souvent référence à des ouvrages que je sais que mon interlocuteur a lus.

22) Vous lisez en VO car vous êtes incapable d’attendre la sortie en français d’un livre attendu.
Ça m'est arrivé, mais le plus souvent parce que la suite n'allait jamais sortir en VF. Quand je commence une série dans une langue, je la continue dans cette langue.
Et puis bon ça dépend aussi de la langue d'origine, je n'aime pas particulièrement lire en anglais, alors que si le bouquin est en espagnol je vais me diriger dès le départ vers la VO.

23) Vous avez déjà passé plusieurs heures dans une librairie, et ce volontairement.
Oui.

24) Vous avez déjà continué à lire votre livre en déjeunant/vous brossant les dents/promenant le chien/vous séchant les cheveux…, incapable de vous arrêter.
Oui et je me suis même planquée au boulot pour continuer à lire, mais chut, faut pas le répéter...

25) Vous avez déjà lu un livre d’une traite.
Oui. Je me souviens notamment d'un livre que je n'étais pas censée commencer. Je l'ai ouvert, mon regard a accroché les premiers mots et je ne l'ai plus refermé avant d'en avoir lu les derniers. J'ai envoyé paître toutes les personnes qui m'ont dérangée entre temps et de la fin d'après-midi je suis arrivée au milieu de la nuit sans m'en rendre compte.

26) Vous ne comprenez pas comment certaines personnes n’aiment pas un livre alors qu’elles ne l’ont pas lu.
Ce que je ne comprends pas, c'est surtout qu'on puisse se permettre de critiquer ce que l'on n'a pas lu. Il est humain, bien que pas forcément très intelligent, d'avoir des a priori et normal d'éviter ce que l'on sait ou devine être une perte de temps pour soi, mais dire d'un livre que c'est de la merde sans même l'avoir ouvert, non.

27) Vous avez tendance à conseiller des lectures à votre entourage, voire même à prêter des livres à vos proches.
Je conseille, mais uniquement si on me demande ou que la conversation s'oriente sur les livres que l'on a aimés ou non, mais je ne prête plus mes livres.

28) Vous avez déjà eu des débats sur des livres (Team Peeta vs Team Gale, l’épilogue d’Harry Potter, …)

Oui, c'est là tout le plaisir de partager des lectures avec des amis.

29) Vous plaignez les gens qui n’aiment pas lire.
Sans doute. Les livres m'ont apporté tellement de choses, qu'il s'agisse de réflexion, de prises de conscience, d'émotions ou tout simplement de bons moments que je n'imagine pas m'en passer. Mais je vois les choses avec mon regard de lectrice...

30) Vous vous êtes reconnue dans plusieurs de ces affirmations.
Dans la plupart. Cela veut sûrement dire que je suis accro aux livres, mais ça je le savais déjà. Je mesure juste un peu plus à quel point je peux paraître étrange aux yeux de quelqu'un qui ne lit pas.

lundi 5 novembre 2012

Métaphysique du vampire

Un roman de fantasy urbaine écrit par Jeanne-A Debats et publié aux éditions Ad Astra.

*
Raphaël est un drôle de vampire. Non seulement il est vieux et immortel, mais il entretient un rapport ambigu avec le Vatican. Pour tout dire, il travaille en sous-main pour lui… comme espion assassin. Normal, avec ses dons de vision, ses capacités surnaturelles, il ne peut être qu’un agent hors normes ! Or, voici qu’il se rend au Brésil, mis sur la trace d’une autre créature de la nuit dangereuse, qu’il doit capturer… ou éliminer. Accompagné d’un prêtre, Ignacio, et d’une vampire, Dana, le voici embarqué dans une sombre aventure où la moindre erreur de jugement peut se révéler fatale. Mais Raphaël pense. Lui.

Avec Métaphysique du Vampire, Jeanne-A Debats nous livre un roman d’aventures fantastique efficace, roublard, au langage… mordant. Ou comment Audiard rencontre Joss Whedon. Pour le meilleur, bien sûr !


« Pour vivre heureux et immortels, vivons stupides. »
C’est la devise de Raphaël, vampire à la fois enquêteur et assassin à la solde du Vatican, sauf qu’il n’est pas vraiment stupide, il essaie simplement de ne pas gamberger, ce qui n’est pas évident après cinq cents ans d’existence. En cela, il est un vampire très crédible qui tranche avec les actuels représentants de son espèce qui, de roman en roman, se ressemblent tous. Je suis persuadée qu’on ne pourrait pas survivre tant de temps, avec un cerveau humain malgré tout, sans une certaine dose de dinguerie et qu’il n’y a pas d’autre moyen que d’apprendre à la gérer avec des manies, des troubles de l’attention ou une superficialité exagérée. C’est ce qui peut paradoxalement permettre de supporter toutes les informations qu’on engrange, ces nouvelles choses que l’on doit apprendre. Même le sommeil fait défaut à Raphaël, son esprit ne se repose jamais, il y a là de quoi définitivement lâcher la rampe à la première occasion.
J’ai beaucoup aimé cette façon d’envisager le vampire et j’ai trouvé un certain intérêt à la manière dont l’auteur intègre les différents panthéons à sa mythologie personnelle, à la construction de son background et aux différentes magies présentes. Métaphysique du vampire est un roman d’urban fantasy sortant résolument de l’ordinaire, tenant un peu du polar à l’ancienne. Il faut dire que l’époque à laquelle se passe l’histoire se prête particulièrement à ce métissage des genres. Ce roman rappelle un peu James Bond, mais en prenant à contre-pied presque tout ce qui fait les aventures du personnage.
Comme Raphaël est le narrateur, qu’il est relativement égocentrique et qu’en plus le roman est fort court, les personnages secondaires sont peu développés, mais pas laissés de côté. Ils sont présents juste ce qu’il faut. Bien évidemment notre vampire est au centre de l’histoire et se révèle être un personnage attachant malgré son détestable caractère. Arrogant, un brin capricieux et puéril, égoïste et solitaire, il cache son humanité derrière ces défauts pour mieux survivre au temps qui passe. Il a une tendance prononcée à la digression et aux bavardages futiles qui nous font sentir qu’il se promène sur un fil ténu, pouvant basculer à tout moment, prisonnier de son propre esprit et parfois même de celui des autres, car Raphaël a un don très spécial qui lui vaut autant d’ennuis que de facilités dans son travail.
Il est en outre très lucide, peu complaisant envers lui-même comme envers autrui, ses défauts sont parfaitement assumés. Aussi cynique que sarcastique, son humour et sa gouaille le rendent très plaisant à suivre.
L’histoire en elle-même est excellente et bourrée d’action, même si elle se révèle un peu prévisible cela n’a guère d’importance car on se laisse très vite emporter et le tout est extrêmement bien construit. C’est un récit qui sous des dehors de littérature de divertissement donne à réfléchir, notamment sur les notions d’humanité et de monstruosité.
Du point de vue de la forme, la narration selon Raphaël est aussi très intéressante et originale car l’histoire n’est pas découpée en chapitres et ne connaît que très peu d’interruptions. On la suit d’un bout à l’autre, comme ce vampire qui ne dort jamais réellement. Ça colle parfaitement avec le personnage, pour lui cette aventure dans son ensemble n’est qu’un court chapitre de plus dans sa très longue vie. En théorie, l’idée est vraiment très séduisante et je l’ai appréciée car elle renforce la crédibilité du récit, mais en pratique ce procédé peut se révéler étonnamment troublant à la lecture. J’ai peut-être ressenti les choses ainsi parce que j’étais fatiguée quand j’ai lu ce texte et donc sujette aux troubles de l’attention. Dans ces cas-là, les chapitres courts me donnent l’impression de me reposer, même si je lis autant et sans réelle interruption que je l’ai fait avec Métaphysique du vampire. Le fait que le roman soit court a donc été un avantage dans ce cas précis. Comme quoi, on s’attache parfois beaucoup aux détails… En tout cas ça m’a permis de mieux comprendre la façon dont Raphaël vivait cette fatigue mentale qui s’accumule.
Enfin, si vous cherchez un roman d’urban fantasy qui se lit très vite sans être creux ou banal, foncez chez votre libraire vous procurer Métaphysique du vampire qui, j’en suis certaine, vous offrira un très bon moment de lecture et vous donnera envie d’en savoir beaucoup plus sur son énigmatique narrateur.

À noter qu’il y a, à la fin de l’ouvrage, une très intéressante interview de l’auteur.

dimanche 4 novembre 2012

Brume

Un recueil de nouvelles d'Estelle Valls de Gomis.



"Au fil des jours, pourtant, il continua de rétrécir, de devenir transparent, de fondre, en somme, tel un glaçon dans un verre d’eau.
J’étais catastrophé, ne sachant que faire, changeant son eau de plus belle ou ne la changeant plus, afin de voir ce qui lui convenait mieux, achetant des fortifiants pour plantes que je mêlais au bain, rajoutant ou enlevant certaines de celles qui lui servaient de compagnie, laissant entrer plus ou moins de soleil ou d’air : rien n’y fit. Il fondit bel et bien et finit par se dissoudre dans le bain, ne laissant derrière lui qu’une bague d’or blanc ciselé, ornée d’une émeraude au teint glauque, et que je ne lui avais jamais vue."


Sommaire :
- Brume (inédit)
- Trépassez devant, je vous suie... (in Charlotte Bousquet éd. Plumes de Chats, éditions Rivière Blanche, 2009)
- Le Manoir dans le cimetière (in Lucie Chenu éd., (Pro)créations, éditions Glyphe, 2007)
- Les derniers mots de Poe (inédit)
- Le Baiser de la Fée Verte (in Alain Pozzuoli éd., Tatouages : une histoire et des histoires, éditions Les Belles Lettres, 2005)
- Turquoise (in Léa Silhol éd., Emblèmes hors-série #2 : Les Fées, éditions Oxymore, 2004)
- Cuisse de nymphe (in revue Monk n°2 : Ils se déshabillèrent parmi les tombes, 2007)
- Double, rouge, impair et passe (in revue Monk n°1 : Rouge, 2007)
- La Disgrâce de Lord St Reeve (in revue Univers VI, Outremonde.fr, 2008)
- L’Oiseau-Tonnerre (in magazine Elegy n°45, 2007)
- En attendant Louis (in Charlotte Bousquet éd., Le Crépuscule des loups, Le Calepin Jaune Editions, 2008)

*

Quand j’ouvre un des livres d’Estelle, j’ai toujours l’impression de rentrer à la maison après une longue balade automnale sous la bruine. Je m’installe près de la cheminée et étire mes membres engourdis par le froid, heureuse de retrouver la chaleur du foyer. C’est peut-être parce qu’elle écrit ce fantastique à l’ancienne que j’aime tant et qui se fait si rare de nos jours qu’il en vient à me manquer terriblement, mais aussi, sûrement, par la grâce délicate de son écriture qui est élégante tout en ne mettant pas le lecteur à distance et qui me fait me sentir chez moi.
J’aime la subtilité de son humour, de ses clins d’œil, et aussi son optimisme. Le fantastique est très souvent glauque, il montre le pire de l’humanité, et si je l’aime aussi pour ça, j’ai besoin de celui d’Estelle pour contrebalancer, pour me rappeler que même dans les situations les plus tristes et sombres, il reste un peu d’espoir. Elle nous montre que derrière ce qui angoisse parfois le plus l’être humain se cachent aussi de belles histoires.
Ce recueil, je l’ai longtemps attendu et il a été à la hauteur de mes espérances. Si je connaissais déjà certaines des nouvelles qui le composent, c’est avec plaisir que je les ai relues, notamment Trépassez devant, je vous suie (publiée précédemment dans l’excellente anthologie Plumes de chats que je vous conseille chaleureusement) et la magnifique En attendant Louis. Ce fut un plaisir de découvrir des textes inédits (Les derniers mots de Poe est un texte très prenant) et d’autres qui m’avaient échappé au moment de leur publication, surtout L'Oiseau-Tonnerre et La Disgrâce de Lord St Reeve. J’ai également eu un grand coup de cœur pour Brume, la nouvelle inédite qui ouvre le recueil et lui donne son titre.
J’ai savouré cette lecture à sa juste valeur et espère que vous en ferez tout autant car chacune de ces nouvelles mérite d’être découverte et appréciée.

Vous pouvez vous procurer cet ouvrage sur le site de TheBookEditions.

samedi 3 novembre 2012

Contes du monde

Une anthologie publiée aux éditions du Riez.

Ce recueil constitue une fresque -émaillée de maints récits, de légendes oubliées, de contes modernes- de toutes les croyances, de tous les pays, de tous les temps. Une lecture passionnante sur un sujet ancestral.

Sommaire :
- L’Oiseau Roi & le Lion Magicien de Cyril Carau
- Viva Amor de Céline Guillaume
- L’Echine du Monde d'Yves Crouzet
- Vie & mort du Soleil de Vincent Milhou
- La fille aux clous d'Ambre Dubois
- Coccinelle de Christophe Nicolas
- L’histoire du chanteur mélancolique & de Jacques le dresseur de Feux Follets de Nico Bally
- Nach dem Krieg de Charlotte Bousquet
- Les Cinq Génies de Gabriel Feraud
- L’aquarium de Jules de Maëlig Duval
- Miroir Lune d'Andoryss Mel
- Tsigana – la Ballade de Katerina de Sandrine Scardigli
- Le Long Puits de Pierre Brulhet
- Vassilissa & le cavalier de l’aube d'Olivier Boile
- Des vacances si excitantes d'Elisa Dalmasso

De Berlin à Bagdad, en passant par la France, la Sibérie ou encore la Grèce, Haïti et Bahia, que ce soit à notre époque, en des temps immémoriaux ou même dans le futur, les auteurs de cette anthologie nous entraînent à la découverte d’un monde aux multiples dimensions, tout en nuances. Ces contes modernes prennent quelquefois leurs racines dans les mythologies ou les légendes des pays qu’ils nous font visiter, d’autres s’en détachent, certains en créent de nouvelles… Ce sont des textes très variés. On passe ainsi de contes porteurs d’espoir et chaleureux à d’autres plus obscurs, parfois effrayants ou tout simplement tristes. Qu’ils soient emplis de magie, bonne ou mauvaise d’ailleurs, ou des plus terre-à-terre ces récits sont toujours passionnants et poétiques.
Certains m’ont bouleversée, comme ceux de Charlotte Bousquet et d’Elisa Dalmasso, d’autres m’ont laissé le goût doux-amer de la tristesse et de l’espoir mêlés comme Coccinelle, que j’ai vraiment beaucoup aimé, ou encore L’échine du monde. J’ai particulièrement apprécié la poésie du texte d’Andoryss ou la délicieuse absurdité de celui de Cyril Carau et la magnifique Ballade de Katerina de Sandrine Scardigli. Je sais aussi que je me souviendrai encore longtemps de L’aquarium de Jules de Maëlig Duval qui m’a particulièrement touchée.
Il serait long et délicat de parler de chaque histoire présente dans ce recueil, pourtant j’en ai apprécié chacune, même celles que je ne mentionne pas dans cette chronique. C’est très rare pour une anthologie car il y a toujours quelques textes qui laissent au moins indifférent, quand ils ne déplaisent pas carrément.
Avec ces contes-là, on expérimente la lumière et l’obscurité, d’un seuil à l’autre, en même temps que l’on explore notre planète et on se rend compte que l’une comme l’autre sont les conséquences des choix que l’on fait.

A noter que 3€ sur chaque exemplaire vendu sont reversés à l'association Bibliothèques sans frontières.