vendredi 26 juin 2020

Tango endiablé, InCryptid T1

Un roman de Seanan McGuire, publié chez Alter Real éditions.

Présentation de l'éditeur :
Cryptide, nom : Toute créature dont l'existence n'a pas encore été prouvée par la science. Voir aussi à "Monstre"
Cryptozoologue, nom : Toute personne qui pense que chasser les cryptides est une bonne idée. Voir aussi à "Idiot"
Des goules. Des fantômes. Des créatures de la nuit... Depuis des générations, la famille Price étudie les monstres du monde entier, et s’efforce de les protéger.
Verity Price, elle, a d’autres plans d’avenir en tête. Pour se plier à la tradition familiale, elle a suivi des études en cryptozoologie, mais elle préfère danser le tango plutôt que de s’intéresser aux démons. Elle décide donc de s’installer pour un an à Manhattan afin de poursuivre sa carrière de danseuse de salon professionnelle. Une vie simple, en apparence. Sauf que... Elle a des souris qui parlent, une cousine mathématicienne et télépathe, et surtout elle se retrouve confrontée à un assassin professionnel mandaté par le Covenant de St-George. Cette organisation est l’ennemie jurée de la famille Price et veut à tout prix purger la ville des créatures surnaturelles qui l’habitent.
Quand une fille Price rencontre un garçon du Covenant, il faut s’attendre à des étincelles, des danses endiablées, et de nombreux dommages collatéraux. Et pour couronner le tout, des cryptides locaux disparaissent, d'étranges hommes-lézards hantent les égouts, et quelqu'un s’amuse à répandre des rumeurs à propos d’un dragon soi-disant endormi sous la ville...
Une vie simple ? Pas si sûr !

Tango endiablé est le premier tome d’une série d’urban fantasy dans laquelle on suit Verity, cryptozoologue et danseuse professionnelle. Si vous pensez qu’elle devrait faire un procès à ses parents pour l’avoir affublée d’un tel prénom, attendez de savoir que sa petite sœur s’appelle Antimony Timpani. Le frère aîné s’appelant Alex, je suppose que les parents ont lâché la rampe au fil du temps, ce qui semble assez logique dans cette famille. Mais bref.
Verity est issue d’une longue lignée de cryptozoologues. Ses ancêtres appartenaient à une société secrète tueuse de créatures magiques en tous genres — qu’ils appellent des cryptides — jusqu’à ce qu’ils remettent en doute les arguments de leur ordre selon lequel tout cryptide doit être éliminé. Depuis, la famille de Verity étudie les cryptides, les aide à s’intégrer quand elle le peut, les protège ou les élimine s’ils se montrent menaçants envers les êtres humains ou d’autre cryptides. Chaque enfant Price est élevé et formé dans l’idée que ce sera sa vocation. Mais voilà, Verity a aussi une passion : la danse de salon. Elle a réussi, non sans peine, à convaincre ses parents de lui laisser continuer la compétition, mais ses deux vies empiètent forcément l’une sur l’autre et elle devra tôt ou tard choisir.
Sur le papier, ça a l’air sympa. Et ça l’est, en grande partie. En tout cas ça change de l’héroïne flic qui traque des méchants démons, rien que pour ça, j’applaudis. En outre, Seanan McGuire a créé un univers vraiment intéressant. Elle a détourné des mythologies et croyances populaires, les a enrichies, en ne se privant pas d’y ajouter une touche d’espièglerie. Avant le prologue, on trouve d’ailleurs un extrait du guide de cryptozoologie de la famille Price qui décrit les créatures que l’on va rencontrer dans ce roman et certaines remarques sont très amusantes. Il est agréable de pouvoir se familiariser avec ces créatures par avance. Certaines sont très originales. Globalement, j’ai apprécié les cryptides qui participent à cette histoire, surtout les souris. Les cryptides humanoïdes qui gravitent dans l’univers de Verity n’ont un rôle prépondérant que sur la fin et j’ai trouvé dommage de les cantonner si longtemps dans le décor. Forcément, quand il y a des personnages originaux, on veut toujours les voir davantage. 
L’intrigue se laisse lire, mais elle est sans surprise et ce sont les cryptides qui lui donnent tout son intérêt. J’aurais aussi voulu en apprendre davantage sur la famille de Verity. Cette dernière nous laisse quelques petites informations par-ci par-là qui attisent la curiosité, mais quand on n’obtient rien de plus ça devient frustrant. Je me suis plus particulièrement intéressée à sa cousine cryptide, dont j’aurais vraiment voulu connaître l’histoire, et à ses grands-parents Alice et Thomas. Cela m’a contrariée d’être aiguillonnée sans cesse par l’autrice les concernant pour au final en savoir si peu à leur sujet. Peut-être aussi que je pense cela parce que je n’ai pas particulièrement apprécié Verity et Dominic, qui sont bien sûr au cœur du récit. Mais c’est un premier tome et je comprends qu’il ait fallu une longue mise en place.
Si j’ai trouvé ce roman drôle et distrayant — ce que j’en attendais en priorité — il souffre néanmoins de plusieurs défauts plus ou moins rédhibitoires.
Le premier d’entre eux est la très fâcheuse tendance de Verity à se répéter. C’est une spirale sans fin, elle parle d’elle et de sa famille, parfois elle ajoute une petite information l’air de rien, mais on a surtout l’impression de relire le même passage pour la centième fois. Cela n’aide pas à rendre le personnage, déjà très égocentrique, plus sympathique. Je déteste quand un auteur fait ça. Cela me donne l’impression qu’on me prend pour une idiote incapable de se souvenir de ce qu’elle a lu la page d’avant.
Ensuite, ladite Verity fait des choix totalement incohérents tout au long de cette histoire. Si vous rencontriez un homme qui veut détruire à la fois votre famille et les créatures dont vous vous sentez responsable, que feriez-vous ? En tout cas je peux vous dire ce que vous ne feriez pas : vous ne feriez pas ami-ami (et plus si affinités) avec lui, vous ne le mèneriez pas dans les tanières des cryptides de votre ville (même si vous avez trouvé une excuse qui tient avec de la patafix pour vous justifier) et surtout vous ne lui balanceriez pas des infos toutes les dix secondes que ce soit sur votre famille ou vos protégés. Mais peut-être que Verity n’est pas très inquiète pour de bonnes raisons. Pour un gars qui a été entraîné toute sa vie pour chasser les cryptides, Dominic ne semble pas très au courant de leurs mœurs. Ce n’est pas grave, il a un beau cul.
Enfin bref. Le dernier, mais non moindre, gros défaut de ce roman est sa traduction. Et là j’oscille entre consternation et pitié. Contresens, approximations, phrases qui ne veulent rien dire… Même Google doit pouvoir faire mieux.
Il a été difficile de passer outre ces défauts, ce qui est dommage car InCryptid est typiquement le genre de série à lire entre deux pavés pour se reposer le cerveau. Pour l’humour et l’univers original de ce premier tome, je donnerai une chance à la suite, en espérant que Verity sera moins agaçante et que ses amis seront plus présents, mais il est clair que je passerai à la V.O.

mardi 23 juin 2020

American elsewhere

Un roman de Robert Jackson Bennett, publié chez Albin Michel.

Présentation de l'éditeur :
Veillée par une lune rose, Wink, au Nouveau-Mexique, est une petite ville idéale. À un détail près : elle ne figure sur aucune carte. Après deux ans d'errance, Mona Bright, ex-flic, vient d'y hériter de la maison de sa mère, qui s'est suicidée trente ans plus tôt. Très vite, Mona s'attache au calme des rues, aux jolis petits pavillons, aux habitants qui semblent encore vivre dans l'utopique douceur des années cinquante. Pourtant, au fil de ses rencontres et de son enquête sur le passé de sa mère et les circonstances de sa mort (fuyez le naturel...), Mona doit se rendre à l'évidence : une menace plane sur Wink et ses étranges habitants.
Sera-t-elle vraiment de taille à affronter les forces occultes à l'oeuvre dans ce lieu hors d'Amérique ?
Mona, la trentaine, ancienne flic abîmée par la vie, vient de perdre son père et cela ne l’émeut pas plus que ça. Tout ce qui l’intéresse, c’est de récupérer la voiture de son paternel, comme une petite revanche sur son enfance difficile. Mais elle ne s’attendait pas à pouvoir prétendre à plus. Or, le testament précise qu’elle hérite d’une maison — celle de sa mère qu’elle a si peu connue — si toutefois elle se rend au Nouveau-Mexique et réclame son héritage dans les jours qui viennent. Problème, Wink, la ville où se trouve la maison, n’apparaît sur aucune carte.
American elsewhere est un roman sombre et lent, assez lovecraftien au début. Cela aurait pu me gêner, je ne suis pas du tout une adepte du genre. Cependant, ce récit a sa propre originalité et son caractère.
J’ai eu du mal à entrer dans l’intrigue qui prend vraiment son temps. Puis la curiosité l’a emporté et je dois reconnaître qu’on veut en savoir davantage à mesure que l’on avance dans la lecture. L’étrangeté des personnages et l’ambiance particulière de Wink, entretiennent le mystère. Et puis je me suis attachée à Mona qui est en quête de ses origines en même temps que d’une forme de paix intérieure. La pauvre a vécu bien des épreuves et elle espère trouver à la fois des réponses et du réconfort dans le passé de sa mère.
Tout semble lui résister, mais avec douceur et hypocrisie. Elle n’a pas de mal à récupérer la maison, les habitants se montrent charmants… Pourtant personne n’admet avoir connu sa mère et puis elle sent bien que quelque chose cloche. Peut-être que la réponse se trouve dans le laboratoire abandonné dans les hauteurs. Sa mère y travaillait et une aura de mystère entoure les expériences qu’on y menait.
Mona et sa quête sont le fil rouge qui permet au lecteur de ne pas s’égarer, car il y a dans ce roman de nombreuses pistes et tellement de personnages singuliers qu’on pourrait facilement perdre de vue l’essentiel. Souvent le style s’accorde à ses personnages, il devient froid, pragmatique et très descriptif.
American elsewhere est un bon roman, mais qui demande beaucoup de patience. Il fait des tours et des détours, on passe de chapitres taillés à la serpe à des retranscriptions de documents, des souvenirs ou des scènes de combats dignes d’un film d’action. Certains passages sont particulièrement contemplatifs. Ils ont leur utilité, c’est un fait, mais on a néanmoins l’impression d’être enlisé dans des sables mouvants en les lisant. Cela semble parfois très, très long. Les informations n’arrivent qu’au compte-goutte. Mona peine à assimiler ce qui pour elle ne peut être qu’une aberration, ce qui est tout à fait logique, cependant le lecteur veut avancer. Les personnages secondaires, aussi fascinants soient-ils, provoquent assez peu d’empathie. Cela est tout à fait normal, voulu même, cependant cela ajoute encore à la densité du récit. Toutefois, si vous persistez, votre intérêt sera récompensé.

vendredi 5 juin 2020

L'Hypothèse du lézard

Une novella d'Alan Moore, illustrée par Cindy Canévet, publiée chez ActuSF dans la collection Graphic.

Présentation de l'éditeur :
Som-Som est vendue par sa mère à la Maison sans Horloges de Liavek. Elle va être soumise au Silence et porter le Masque brisé qui la destine à devenir l'amante des magiciens et la gardienne de leurs secrets. Isolée par son incapacité à communiquer, elle va alors assister à l'histoire d'amour violente et cruelle entre Foral Yat et Raura Chin, deux comédiens qui résident avec elle dans la Maison sans Horloges. 
L’illustratrice Cindy Canévet a réalisé la très remarquée couverture de Je suis Providence, la biographie de référence sur H. P Lovecraft. Elle donne cette fois vie à la ville de Liavek et aux personnages de L’Hypothèse du lézard, une nouvelle fantasy signée par le grand Alan Moore (Watchmen, V pour Vendetta).
Traduction de Patrick Marcel. 

Liavek, cité de la chance, est une ville-monde de fantasy que se partagent plusieurs écrivains. De nombreuses œuvres y prennent place. C’était néanmoins ma première incursion dans cet univers et j’avais oublié combien Alan Moore pouvait me mettre mal à l’aise. Dès le début, je me suis sentie prise au piège.
L’Hypothèse du lézard est une novella illustrée, cependant je me suis plus intéressée au récit qu’aux illustrations, qui sont magnifiquement exécutées mais froides et léchées. Cela s’accorde à la perfection avec l’histoire qui est aussi cruelle que glaciale, toutefois ce n’est pas dans mes goûts.
Et puis il faut dire qu’elle est fascinante, cette histoire, dans le vrai sens du terme. On navigue entre répugnance et curiosité malsaine. L’ambiance est sombre et raffinée, nimbée d’un érotisme dérangeant, les alcôves de la Maison sans Horloges sont peuplées d’un éventail de monstres sublimes. L’horreur la plus perverse côtoie une fragile délicatesse. Le style lui-même est d’une précision chirurgicale. La traduction rend tout à fait justice à son esthétisme, ce qui renforce encore le contraste avec la cruauté du récit.
Nous le percevons à travers Som-Som, une des prostituées de la Maison sans Horloges qui a subi de nombreuses modifications physiques. Rien que son histoire personnelle réussira à vous faire frémir. Som-Som est privée d’une grande partie de ses sens, mais aussi de sa capacité de communication. Elle est le témoin à jamais muet de ce récit, incapable de venir en aide à une amie qui peut-être ne le voudrait pas.
Cette novella parle d’amour et de vengeance, d’identité et de désir, de domination et de monstruosité sous diverses formes. Je ne crois pas qu’on puisse en sortir indemne.
Ma chronique est basée sur la version numérique qui ne rend sans doute pas justice à la beauté de l’ouvrage dans sa version imprimée.
Je ne peux pas vraiment dire que j’ai apprécié cette lecture, à cause du propos cela s’entend, car le talent de l’auteur ainsi que de l’illustratrice est indéniable, cependant une chose est certaine : elle m’a marquée. J’en ai été perturbée au point de faire des cauchemars la nuit suivante. De mon point de vue, c’est une preuve supplémentaire de la singularité de cet ouvrage.

mercredi 3 juin 2020

La Guerre des trois rois

Une novella de Jean-Laurent Del Socorro, illustrée par Marc Simonetti et publiée chez ActuSF dans la toute nouvelle collection Graphic.

Sur ce blog on parle aussi d'autres textes mettant en scène la Compagnie du Chariot :
Présentation de l'éditeur :
Royaume de France, XVIe siècle. Les guerres de Religion font rage entre le roi Henri III de France, le duc de Guise et Henri de Navarre le protestant. Le roi de France se réfugie dans Paris, protégé par la Compagnie du chariot, une bande de lansquenets avec à leur tête Axelle, leur nouvelle capitaine. Le roi décide en dernier recours de faire appel au pouvoir alchimique de l'Artbon pour maintenir son pouvoir. Mais peut-on user impunément de la magie de la Pierre d'équilibre ? 
Avec La Guerre des trois rois, Jean-Laurent Del Socorro nous replonge dans l'univers de fantasy historique de son premier roman : Royaume de vent et de colères.

Avec cette novella, Jean-Laurent Del Socorro enrichit encore davantage les récits de l’Artbon et en particulier ceux liés à la Compagnie du Chariot. J’ai retrouvé avec plaisir les lansquenets, qui sont à mon sens plus humains — j’entends par là qu’ils ont des défauts comme des qualités, des failles ainsi que du relief — et élaborés que les mercenaires que l’on croise en fantasy d’ordinaire. C’est toujours un plaisir d’en apprendre davantage à leur sujet. En outre, il y a dans ce texte de nombreuses références à Le vert est éternel ainsi que Royaume de vent et de colères qui démontrent le caractère ambitieux de cette fresque et donnent envie d’en découvrir d’autres fragments. Cependant, si vous n’avez pas déjà lu la nouvelle et le roman, ce n’est pas grave, vous pouvez tout à fait apprécier cette novella.
Jean-Laurent Del Socorro revisite une fois de plus l’Histoire avec brio. Les illustrations sont vraiment magnifiques et apportent beaucoup au récit. J’ai particulièrement aimé les portraits, mais certains paysages sont sublimes. Ils sont censés être les dessins de Tremble-voix, l’un des personnages, aussi quelques-uns semblent croqués à la va-vite quand d’autres ont pu être élaborés en davantage de temps. Cela rend le tout encore plus crédible. Ainsi, ils nous ouvrent une lorgnette sur le récit, mais ils en sont également un élément important. L’ouvrage est présenté comme un morceau du journal de la Compagnie du Chariot, c’est donc N’a-qu’un-oeil le prévôt qui la raconte, renforçant de fait l’impression de lire une chronique historique.
Une fois de plus, la Compagnie est confrontée à l’Artbon, aussi puissant que corrupteur, et le jeu des intrigues et autres trahisons emporte le lecteur dans ce passé revisité auquel on finit par croire tant l’auteur l’a ciselé.
Le seul défaut que je pourrais reprocher à cet ouvrage est qu’il se lit trop vite et donne envie de replonger aussitôt dans cet univers.

lundi 1 juin 2020

Dans les pas de Valeria

Un roman d'Elisabet Benavent, publié chez Archipel.
La version audio est chez Lizzie.

Présentation de l'éditeur :
Elles sont quatre amies de toujours qui vivent à Madrid. Complices et inséparables, elles se connaissent sur le bout des doigts et se racontent tout. Vraiment tout. Surtout leurs histoires de cœur...
Valeria, 27 ans à peine, commence à s'encroûter avec son compagnon de toujours - elle déprime ; Lola s'est entichée d'un super coup - mais il est fiancé ; Carmen est amoureuse d'un collègue, mais elle n'ose pas se lancer - elle est un peu complexée ; Nerea, la sainte- nitouche du groupe, vient enfin de rencontrer un homme à sa hauteur - mais...
Tout bouge lorsque Valeria rencontre Victor, un homme ô combien séduisant ; lorsque Lola décide de réagir ; lorsque Carmen parvient à séduire son collègue et découvre que le nouveau petit ami de Nerea n'est autre que... son propre boss - qu'elle déteste ! Leur amitié survivra-t-elle à ce drame ?
C'est drôle, c'est vif, ça pétille et ça passe aussi vite qu'une soirée entre filles. On s'est à peine embrassées qu'il est déjà l'heure de se quitter. À regret.

Dans les pas de Valeria est le premier tome d’une tétralogie ; une adaptation vient de sortir sur Netflix. À force de voir ce livre un peu partout, cela a titillé ma curiosité.
Je suis partie d’un très mauvais pied avec ce roman car j’avais opté pour la version audio et j’ai trouvé la narratrice exécrable. Elle ne met aucune expression dans sa lecture et cela donne l’impression que les personnages sont encore plus stupides qu’ils ne le sont déjà. En outre, j’ai constaté qu’il manquait un bout de phrase dans le premier chapitre. J’en ai eu confirmation quand je me suis décidée à passer à la version numérique, lasse que j’étais de la lectrice. C’est peut-être un incident isolé, n’ayant pas été plus loin que le chapitre six pour l’audio je ne peux l’affirmer, mais cela me fait douter de la qualité de l’enregistrement.
Enfin bref, revenons au récit. Malgré le changement de support et mon opiniâtreté à finir ce roman, je n’ai pas réussi à lui trouver de qualités. Faisons simple, c’est Sex and the City à Madrid. Nous avons Valeria, l’aspirante écrivain dont le mariage bat de l’aile et qui trouve son inspiration dans les aventures sexuelles de ses trois meilleures amies, Carmen l’accro au boulot, Lola la délurée — peu importe de quoi les autres parlent, elle trouvera toujours moyen de placer une allusion sexuelle, de préférence aussi vulgaire qu’incongrue — et Nerea la coincée — ce n’est pas moi qui le dis, ce sont ses amies — avec de très hauts standards. Si tout cela ne te rappelle pas quelque chose, c’est que tu es très jeune. Pour moi, c’est juste une mauvaise contrefaçon avec des coutures qui craquent de tous les côtés.
Que dire… Il est très difficile de s’impliquer dans la vie de ces personnages tant l’autrice nous les rend inconsistantes. Elles n’ont aucun relief, elles n’éveillent ni sympathie ni émotions car leurs histoires sont contées de façon trop superficielle. C’en est aussi étonnant que navrant. Je me suis contentée d’attendre que ça passe.
Ce roman est composé de dialogues et des commentaires de Valeria sur sa vie ou celle des trois autres filles. Les chapitres sont courts et les ellipses nombreuses. La forme de la narration ne sied pas au récit. Le fait que ce soit Valeria qui raconte les histoires des autres contribue à les rendre plus creuses étant donné qu’elle n’est pas omnisciente. Le style est d’une platitude affligeante, elle pourrait nous résumer le bulletin météo que ce serait du pareil au même, elle se contente d’énumérer des faits. Quand on sait que le récit est majoritairement composé de baise et de crêpage de chignon, ça ne fait pas rêver.
Le texte est jonché de phrases toutes faites et de clichés du genre « Telle une tigresse, elle ne versait jamais une larme, mais faisait pleurer les autres. » ou encore mieux : « Victor était une arme de destruction massive... » C’est la version moderne du « canon », j’imagine...
Pour Valeria, il n’y a que deux types de femmes : celles qu’elle se ferait si elle n’était pas hétéro (oui c’est elle qui le dit. Apparemment on ne peut pas trouver une autre femme belle sans devoir se justifier sur sa sexualité) et les guenons. Charmant... Et je vous passe d’autres remarques du même acabit. Je pourrais vous dire qu’avec ce roman l’image de la femme prend un coup dans l’aile, mais celle des homme est en train d’agoniser dans le caniveau. Machos, misogynes, manipulateurs, lâches et abrutis, ils ont tout pour plaire. Il n’y a pas un personnage pour rattraper l’autre.
J’espérais un roman moderne et amusant. Il l’est peut-être pour d’autres. Valeria et ses copines m’ont donné l’impression d’être des concepts plus que des personnages. On veut leur donner un genre, une impertinence et une modernité formatées, mais elles sont juste creuses et vulgaires. Entendons-nous bien, je ne suis pas prude, elles peuvent s’envoyer la terre entière, tous les machos et les bourrins qu’elles veulent, et parler de cul sans arrêt, cela ne me choque pas, mais là c’est juste une énumération d’ébats sans aucune autre finalité. Elles n’ont aucune personnalité. Je ne sais pas quelles femmes elles sont censées représenter...
Je ne comprends vraiment pas l’engouement qu’a provoqué ce roman. J’essaierai peut-être la série, parce qu’on dit qu’elle est assez différente et que je suis curieuse, mais j’en ai terminé avec les romans.