samedi 25 août 2012

Les Chasseurs d'âmes

De S. A. William.


Zack est un adolescent normal, si tant est que la norme inclut une mère qui vous déteste, un père absent et une soeur qui doit se cacher pour vous parler. Sa vie s’écoule lentement dans une banalité mortelle lorsqu’un jour, une jeune inconnue lui passe un anneau au doigt et file sans ajouter un mot.
Zack se retrouve malgré lui projeté dans un monde onirique où il devra apprendre à combattre un ennemi invisible qui enferme les dormeurs dans leurs rêves et les plonge dans le coma, mission pour laquelle il ne se sent pas concerné... Jusqu’à ce que sa soeur, sa raison de vivre, tombe à son tour dans cette mystérieuse maladie du sommeil...


C’est encouragée par les avis enthousiastes de mes copines et par la façon qu’a l’auteur de parler de sa trilogie, que je me suis lancée dans la lecture de ce premier volume.
C’est un roman de fantasy contemporaine « young adult » et ce n’est habituellement pas mon genre de prédilection. Je suis, après tout, une vieille harpie… Or, celui-ci est largement passé entre les mailles du filet des récriminations que je réserve d’ordinaire à ce genre de romans.
C’est vraiment un très bon livre.

Imaginez des jeunes gens qui, accompagnés de leurs doubles, qu’on appelle communément des Harbis mais qui sont en fait divers animaux mythiques, parcourent les rêves des gens pour les sauver d’une étrange maladie… C’est dans ce monde, entre rêve et réalité que S. A. William nous emporte.
Tout commence sur les chapeaux de roues avec Zack, notre héros, qui accumule les catastrophes. On sent la volonté de l’auteur de nous entraîner très vite au cœur de l’action, ce qui serait une très bonne chose si cela ne se faisait pas un peu au détriment de la fluidité du récit. Tout s’enchaîne un peu vite, trop facilement, dans les premiers chapitres, mais le récit prend finalement son rythme de croisière et devient plus abouti au fur et à mesure que le personnage principal accepte sa nouvelle vie et qu’il progresse en tant que Chasseur d’âmes.
Je crois que ce début un peu abrupt est le principal reproche que je peux faire à ce roman. C’est, en tout cas, la seule chose qui m’ait vraiment gênée car, même si j’ai apprécié d’entrer tout de suite dans le vif du sujet, j’ai ressenti une certaine frustration à voir les événements se télescoper brutalement sans être développés.
Il y a bien quelques petites maladresses de plus, comme par exemple quelques longueurs par la suite ou le fait qu’aucune distinction typographique ne soit faite entre les paroles prononcées et les échanges mentaux de Zack avec son Harbi dans les dialogues, ce qui rend le tout un peu fouillis parfois, mais rien de bien insurmontable. Ce sont quelques petits cafouillages dans la construction du texte, plus que dans l’histoire elle-même, qui sont facilement excusables quand on sait à quel âge l’auteur a écrit ce premier roman. J’en connais de plus vieux qui écrivent beaucoup moins bien et qui n’ont pas une imagination aussi vive que la sienne.
Le point fort du roman, celui qui a capturé mon attention pour me faire oublier tout le reste, est indubitablement l’histoire qui est très prenante et originale. S'il est indéniable que l'auteur s'est inspirée de beaucoup de choses différentes pour créer son monde (elle fait d'ailleurs de nombreuses références à ses inspirations), elle a su rendre le tout très personnel. Le concept des chasseurs d’âmes qui évoluent en rêves pour sauver les gens touchés par la maladie du sommeil est très séduisant car il permet à l’auteur de nous ouvrir les portes de nombreux univers différents. Le moins qu’on puisse dire c’est que l’idée est bien exploitée ; S. A. William a su élaborer un background très riche et bien construit. Cependant, elle semble néanmoins avoir gardé pas mal d’atouts dans sa manche pour les volumes suivants.
Les rêves sont si bien construits et détaillés que la réalité paraît un peu fade et floue en comparaison. Le parallèle entre les deux est intéressant car on sent que les personnages pourraient facilement perdre pied. J’admets avoir beaucoup apprécié cet aspect de l’histoire.
Les personnages sont attachants, bien qu’un peu puérils par moment, mais ça reste crédible car après tout c’est de leur âge, il n’y a que les fossiles dans mon genre pour avoir envie de leur donner une petite claque derrière la tête, façon grande sœur bienveillante. Mais j’ai beau avoir eu envie de les rappeler à l’ordre plusieurs fois, il n’y a pas à dire, je les ai trouvés vraiment sympas. On se laisse facilement piéger par cette ambiance onirique et quand la fin arrive on a sincèrement envie de savoir ce qui va se passer pour eux et leurs proches.
Aussi, je vais donc me précipiter sur la suite et vous encourager à découvrir Les Chasseurs d’âmes.

Si vous voulez vous procurer ce livre, je vous invite à vous rendre sur le forum de l'auteur ou sur sa page facebook.

Et c'est avec joie que j'ajoute ce livre à mon défi dans la catégorie auteur français.

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mercredi 8 août 2012

Quelques chroniques... (2)

Une récap' de certaines de mes chroniques publiées dernièrement sur Vampires et Sorcières.

L'aube de la guerrière de Vanessa Terral.
Presque un coup de cœur celui-ci. Si vous aimez la fantasy urbaine, je vous le conseille vivement.
Je veux une suite !

Vampires d'une nuit de printemps
de Lia Vilorë.
Un autre excellent roman de fantasy urbaine qui vaut vraiment le détour. Je me marre encore rien qu'en repensant à certaines scènes et les vampires de cette histoire sortent des sentiers battus.
Pour celui-ci aussi je veux une suite !

Abraham Lincoln, chasseur de vampires de Seth Grahame-Smith.
Mon avis est mitigé, mais ce fut une lecture globalement intéressante.

Sirellia d'Alissandre.
Celui-ci ne m'a pas marquée plus que ça, mais bon...

mardi 7 août 2012

Abraham Lincoln, chasseur de vampires

 Un roman de Seth Grahame-Smith, publié chez J'ai lu.

Présentation de l'éditeur :
"Entre 1607 et 1865, soit pendant plus de deux cent cinquante ans, les vampires ont prospéré dans l'ombre aux États-Unis. Peu d'humains croyaient en leur existence. Abraham Lincoln comptait parmi les valeureux chasseurs de vampires de son temps et tenait un journal de sa lutte sans relâche contre eux. L'existence présumée de ce journal a longtemps alimenté les spéculations des historiens et des biographes de Lincoln. La plupart n'y voient qu'une légende." 
Et pourtant...
Si vous n’aimez pas les romans historiques, passez votre chemin. Certes il s’agit d’une fiction, mais elle est très fidèle à la biographie de Lincoln et souvent ça ne va pas plus loin que ça. Il n’y a pas de vampires et de chasses échevelées à toutes les pages, mais plutôt une fiction très bien construite, au point qu’elle atteint un certain degré de vraisemblance qui vise en fait à établir un parallèle entre le vampirisme et l’esclavage. Il y a des confrontations entre Lincoln et des vampires, bien sûr, mais la trame de fond est avant tout politique.
Globalement c’est plutôt bien, ça donne l’impression de combler les blancs de l’histoire, mais aussi de réinterpréter certaines choses sous une nouvelle lumière. En cela, la fiction est très bien intégrée à la vraie histoire. Évidemment on sait que c’est faux, mais ça n’en serait pas moins plausible et c’est ce qui en fait le charme.
Cet ouvrage est vraiment écrit comme une biographie romancée, avec bien sûr la dose de parti pris que cela suppose et un peu trop de manichéisme à mon goût. Il s’agit d’une narration à deux voix. Il y a tout d’abord celle de Lincoln, à travers des extraits de son prétendu journal ou de sa correspondance (réelle et fictive), mais aussi des morceaux de ses discours. Ces encarts dans le texte nous content la majeure partie de l’histoire du point de vue de son personnage principal, avec ses doutes, ses émotions, ses crises de rage comme ses désespoirs...
Puis, comme un lien entre les extraits, prenant parfois des raccourcis quand c’est souhaitable, interprétant des faits ou glosant sur les pensées et émotions des personnages afin de combler les blancs de l’histoire, il y a les interventions de l’auteur lui-même. Celui-ci se met en abyme, prétendant avoir reçu les carnets de Lincoln de la part d’un mystérieux client de son épicerie.
Le récit est divisé en trois grandes parties narrant l’enfance, la vie d’adulte puis de président de Lincoln. Si la première partie ne manque ni d’intérêt ni de vivacité, l’histoire commence ensuite à devenir un peu plus pesante. Il y a notamment un moment, vers la moitié du roman, où toutes les entrées du journal de Lincoln se ressemblent. Les atermoiements du personnage se répètent sans fin et il ne se passe plus grand-chose. J’ai eu du mal à me sortir de la lassitude engendrée par ce passage, même quand le récit a repris de l’envergure.
Outres ces longueurs et le manichéisme de l’histoire, des petites choses m’ont gênée. J’aurais voulu en savoir plus sur certains personnages, comme Henry ou Booth. Il y a deux endroits où le récit m’a semblé brutalement coupé sans avoir dévoilé tout ce qui était censé l’être. Il y a également un détail de la fin qui m’a laissée plus que dubitative.
Néanmoins, force est de constater que j’ai apprécié cette lecture malgré ces quelques accrochages. C’est un roman très dense, compensant les moments de creux par d’autres beaucoup plus vifs qui le rendent prenant. Le style est plaisant, malgré les quelques coquilles qui jalonnent la traduction, et l’intrigue est bien menée, la fiction se mêlant sans trop de problèmes à l’histoire.
Fait assez rare pour les versions en livres de poche et donc à signaler : les illustrations du grand format sont aussi présentes dans le poche. Il s’agit de montages illustrant le récit. Ils ne sont pas vraiment nécessaires à l’histoire, mais lui apportent tout de même un petit plus.

dimanche 5 août 2012

La voie de la sorcière

Premier tome de la trilogie Fille d'Hécate.
Écrit par Cécile Guillot.
Publié aux éditions du Chat Noir.


Présentation de l'éditeur :
"Je croyais n'être qu'une étudiante ordinaire et sans doute trop renfermée. Et puis, il a eu cette expérience étrange, la découverte de mon don... Maintenant je dois apprendre à m'accomplir en tant que sorcière, développer mes pouvoirs et trouver ma place en ce monde. Tout aurait-été parfait s'il n'y avait pas eu ces cauchemars et ces malaises. Quelqu'un cherche à me nuire ! Mais qui pourrait bien me harceler ainsi ?
Et, pour ne rien arranger, j'ai aussi un mémoire à écrire pour valider ma dernière année de psycho. Ma vie n'est vraiment plus de tout repos !"

Maëlys nous ouvre les portes d'un univers étrange et déroutant, celui de la Wicca. La quête spirituelle qui est sienne va l'exposer à des menaces insoupçonnées. Surtout que le destin pourrait bien placer sur son chemin, les clés qui l'aideront à résoudre les mystères d'une existence parsemée d'ombres… Car, une sorcière peut-elle s'épanouir coupée de ses racines, ignorante d'un passé dont pourrait dépendre l'avenir ?


Je commencerai par dire que si j’ai beaucoup apprécié la lecture du prologue écrit par Vanessa Terral, je crains qu’il puisse paraître quelque peu obscur au lecteur qui n’est pas familier de cette pensée païenne dont il est question.
J’invite donc ce lecteur à ne pas s’en tenir à cela et à commencer par le roman, pour ensuite revenir au prologue s’il le souhaite. Peut-être que celui-ci lui paraîtra alors plus accessible et l’incitera de surcroît à la découverte.

C’est toujours avec enthousiasme que je me plonge dans les romans qui s’inspirent du paganisme. Celui-ci, à la fois roman fantastique et initiatique avait tout pour m’intéresser et ne s’est pas montré décevant. Même si quelques petites choses m’ont gênée, j’ai globalement bien apprécié cette histoire.
La voie de la sorcière nous conte avec une grande sensibilité l’histoire de Maëlys, jeune fille très solitaire qui se découvre par le plus grand des hasards un don d’empathie. Ce don sera pour elle un déclencheur lui permettant de se trouver elle-même, d’accepter de grandir et de faire face à des choses qu’elle a toujours préféré occulter.
J’ai apprécié que pour une fois l’histoire se déroule en France, même si c’est moins rare en fantastique que dans l’urban fantasy. L’univers de l’héroïne m’étant connu, j’ai plus facilement trouvé mes marques dans son histoire.
S’il est vrai que le début du roman est un peu abrupt, ce qu’on peut regretter pour un texte aussi court, l’écriture délicate de Cécile Guillot rattrape bien le coup. Elle a indubitablement bien travaillé son personnage et sait nous rendre Maëlys très sympathique. On s’attache à elle, on s’inquiète, on expérimente même, en un certain sens, l’empathie que Maëlys développe, mais envers elle-même.
On voit la jeune fille changer tout au long du roman, devenir plus assurée et moins puérile, gagnant au passage en crédibilité. En cela, La voie de la sorcière est une belle réussite. J’ai beaucoup aimé voir ainsi évoluer le personnage.
Pourtant, j’ai vraiment cru que ce roman serait trop court, qu’il manquerait un peu de substance. Mais au final ce ne fut pas le cas. Il est vrai que c’est un texte sans prétention, qui ne donne pas dans la surenchère au niveau de l’action comme de la magie elle-même, mais rien n’y est laissé au hasard. C’est du bon fantastique et une quête initiatique très bien construite.
L’histoire est très plaisante, même si l’intrigue est sans réelle surprise. C’est la très forte influence de la réalité dans l’appréhension de la magie qui m’a plu le plus. J’ai apprécié de retrouver dans ce roman un univers connu. Il est bourré de références qui parleront aux personnes qui connaissent déjà un peu le paganisme et surtout la Wicca, mais qui peuvent rendre le symbolisme l’histoire un peu difficile à pénétrer pour le néophyte. Certes, le tout est pourtant très didactique, Cécile Guillot explique bien, sans surcharger le texte et l’histoire est tout à fait compréhensible, mais il manquera peut-être un petit quelque chose au lecteur à qui ces concepts sont étrangers.
La seule chose que je déplore vraiment c’est qu’on nous refasse le coup de l’orpheline qui découvre ses origines. Un personnage ignorant est toujours bien pratique, il permet au lecteur d’apprendre en même temps que lui, mais pourquoi toujours s’accrocher à cette fichue histoire d’hérédité ? C’est bien simple, c’est soit l’orpheline qui découvre ses origines, soit la brebis galeuse de la famille qui met au jour un terrible secret. Dans le cas présent, ce n’est pas mal raconté et ça ne sombre pas non plus dans la sensiblerie, mais j’admets ressentir une certaine lassitude vis-à-vis de ce ressort scénaristique qui revient tellement souvent en littérature, surtout quand il s’agit de sorciers et sorcières…
C’est un détail et ça ne dérange peut-être que moi, qui plus est l’histoire de Maëlys ne manque ni de cohérence ni d’intérêt et je vous invite chaleureusement à la découvrir, d’autant plus que Cécile Guillot a vraiment un très beau style.