jeudi 31 décembre 2020

Bilan 2020

Année faste s’il en est ! (Il fallait bien quelques compensations pour toutes les merdes que 2020 a apportées…) J’ai dépassé les cent lectures, ce qui n’était pas arrivé depuis plusieurs années, et ce n’est même pas grâce au confinement puisqu’il m’a au contraire coupé tout envie de lire pendant un bon moment.
J’ai lu beaucoup d’excellents livres, ce qui a sans doute contribué à me faire lire encore davantage. Je ne vais pas tous les citer. Je me contenterai de ceux qui ont le plus marqué mon esprit ou que je souhaite mettre davantage en lumière.

Mon grand coup de cœur de l’année est sans conteste La Mer sans Étoiles de Erin Morgenstern.
Si vous ne devez en retenir qu’un, que ce soit celui-ci car c’est un des meilleurs romans que j’ai pu lire de toute ma longue vie de lectrice.


Les Canaux du Mitan de Alex Nikolavitch a aussi été un grand coup de cœur. J’ai aimé cette histoire originale et complexe au parfum de légende.


J’ai aussi été ravie de pouvoir lire L’Héritage du rail, deuxième volume de la Dernière Geste de Morgan of Glencoe. Cette série est de plus en plus prometteuse.


Je suis également heureuse de pouvoir parler de trois recueils de nouvelles cette année.
Kabu Kabu de Nnedi Okorafor m’a séduite par la grande variété de ses textes et le talent de conteuse de son autrice.
J’ai redécouvert avec un immense plaisir la grande Lisa Tuttle avec ses Chambres inquiètes.
Et bien sûr je ne peux que citer Neil Gaiman, mon auteur préféré, avec son excellent Signal d’alerte.
Comme toujours, j’aimerais encourager tout ceux qui n’en ont pas l’habitude à lire des nouvelles. Ces trois recueils sont d’une grande qualité littéraire et ils devraient vous montrer toute la richesse et la finesse du format court.


Enfin, je vais terminer avec deux bandes-dessinées.
On a beaucoup parlé de Peau d’homme d'Hubert et Zanzim et ce à juste titre. De magnifiques dessins, une réflexion sur l’identité et la sexualité sous forme de conte philosophique et de l’humour font de cet album un incontournable de l’année.
Pour finir j’évoquerai Le Cercle du Dragon-Thé de Katie O'Neill, un très bel album pour la jeunesse qui parle d’amitié, de tolérance et… de dragons-thé. Les illustrations sont superbes et particulièrement les petits dragons. Tout amateur de thé adorera ces bestioles et c’est vraiment un ouvrage très positif.



Je vous souhaite par avance une bonne année 2021.
Je vous retrouverai bientôt avec de nouvelles lectures et, j’espère, d’autres coups de cœur.

mercredi 30 décembre 2020

Hilda - Saison 2 ♥


La série animée Hilda est adaptée d’une bande-dessinée. J’ai déjà dit sur ce blog tout le bien que je pense de cette géniale adaptation à la sortie de la première saison et comme je suis toujours en amour avec cette série, je vais récidiver.
Hilda est une petite fille qui aime beaucoup se mettre dans des situations impossibles. Elle vit à Trollbourg avec sa mère Johanna, Twig son renard-cerf, Alfur l’elfe et Tomtu le Nisse de la maison. Elle aime explorer la ville, aller à la rencontre de créatures magiques improbables et globalement mettre ses proches dans le pétrin, dont ses deux meilleurs amis : Frida et David.
Le plus intéressant dans cette série, outre les interactions entre les personnages qui se complexifient au fil des épisodes, consiste en la grande richesse et l’originalité de cet univers. Dans Hilda vous rencontrerez de minuscules elfes très procéduriers, des trolls qui se changent en pierre à la lumière du soleil, mais aussi des chats-ballons volants, une dragonne souffrant d’anxiété sociale, des souris dévoreuses d’âmes et des tas d’autres bizarreries. L’inspiration légendaire côtoie la magie douce dans des histoires parfois absurdes ou au moins décalées, mais toujours très significatives. C’est ce côté fantasque qui m’a séduite. Les petites histoires d’Hilda et ses amis sont comme des bonbons acidulés.
Hilda n’est pas le genre de séries dans lequel les aventures se succèdent sans cohérence. Il y a un arc global, les actions ont des conséquences, des personnages reviennent, tout cela donne du relief et de la complexité à l’histoire. La deuxième saison est la suite directe de la première et c’est un vrai plaisir de voir s’émanciper encore davantage les personnages secondaires. Ils ont bien montré dans la saison précédente qu’ils n’étaient pas les faire-valoir d’Hilda, mais c’est encore plus flagrant cette fois. Dans cette saison, chacun d’eux, même Johanna, a son moment. J’ai particulièrement apprécié de découvrir les origines de Twig et d’en apprendre davantage sur le passé de Kaisa, la bibliothécaire. Des personnages que l’on pensait anecdotiques prennent aussi de l’ampleur et cela est de bon augure pour la suite.
Hilda aussi évolue dans cette saison. On sait déjà qu’elle ne prend pas toujours en considération les limites des gens. On l’a déjà vu avec David, dont elle balaie toujours les craintes avec trop de légèreté. Cependant, ce trait de caractère assez égoïste s’accentue et elle va devoir en subir les conséquences. Sa relation avec sa mère, qui était déjà mise à mal par leur changement de vie, peine à retrouver son équilibre. Durant cette saison, Hilda va devoir s’intéresser davantage à son entourage si elle ne veut pas perdre ses proches, et apprendre à réfléchir avant d’agir ainsi qu’à assumer ses erreurs.
Mon coup de cœur pour cette série n’a fait que se confirmer avec ces nouveaux épisodes. La saison finit sur un cliffhanger ce qui présage une suite et c’est tant mieux car je doute de pouvoir me lasser des aventures d’Hilda et ses amis.

mardi 29 décembre 2020

De l'importance du poil de nez

 Un roman graphique de Noémie, publié chez Sarbacane.

Présentation de l'éditeur :
Elle a vingt ans, elle s'appelle Noémie.
Vibrante de vie et d'humour, elle tourbillonne entre ses amis et sa famille - car au Liban, la famille, c'est toute une affaire!
Rien n'empêchera Noémie d'être heureuse : ni ses amours compliquées, ni les méandres d'une société parfois labyrinbique ... ni son cancer ...
Parce que oui, il y a ça aussi.

Derrière ce titre farfelu se cache un roman graphique qui parle de sujets difficiles tels que le cancer et la dépression.
Noémie est à l’orée de sa vingtaine, elle vit au Liban, étudie aux Beaux-Arts, elle aime sortir et s’amuser. Et puis un jour sa peau commence à la démanger. De diagnostique en diagnostique, elle apprend qu’elle a un cancer. Cette BD raconte son histoire, ses hauts et ses bas, les soins, les angoisses et la famille, toujours présente pour la soutenir. Noémie raconte sans faux-semblants, qu’il s’agisse de ses moments de courage ou de désespoir, de colère ou d’acceptation. Elle parle de la maladie avec naturel et sincérité.
Les dessins sont précis, magnifiques, colorés et foisonnants. Le papier épais donne l’impression de feuilleter un carnet de croquis dans lequel une jeune femme aurait dessiné son journal intime. Cela renforce la sensation de proximité et l’empathie que l’on ressent à la lecture.
C’est un très bel ouvrage, très personnel mais qui pourra peut-être aider des gens qui passent par les mêmes épreuves difficiles que Noémie ou qui ne comprennent pas ce qui arrive à leur corps, des gens qui peut-être n’ont pas la chance d’avoir une famille telle que celle de Noémie pour prendre soin d’eux. Dans son malheur, elle a eu de la chance et j’ai trouvé ses proches très émouvants, même s’ils sont aussi envahissants. Il se dégage beaucoup d’émotions de cette histoire, mais au final c’est l’amour qu’on en retient.
Noémie parle de ce qu’elle a vécu, de sa guérison et de ce qui a suivi — car pour ce type de maladie la rémission est rarement une fin en soi — mais ses conclusions et surtout son interprétation n’appartiennent qu’à elle et ne doivent pas être prises comme une vérité absolue. Il s’agit juste de son expérience personnelle, de ses convictions et de sa façon de vivre son combat contre la maladie.
Ce fut une lecture fort émouvante et je, le répète, le travail graphique est superbe, très détaillé, et mérite tout autant votre attention que le récit.

dimanche 27 décembre 2020

Sherlock Holmes - anime


Sherlock Holmes est une série animée italo-japonaise de vingt-six épisodes réalisée par Kyousuke Mikuriya et Hayao Miyazaki.
Si vous étiez un enfant dans les années 80, vous n’avez pas pu manquer ce dessin animé dans lequel des animaux anthropomorphes résolvent des crimes. Je crois bien qu’il a été mon premier contact avec l’univers de Sir Arthur Conan Doyle et source de mon affection pour Sherlock. Évidemment c’est bien loin du personnage d’origine, mais j’aimais bien ce Sherlock renard et son acolyte scottish terrier (ça leur va tellement bien, même si l’amitié entre un renard et un terrier est hautement improbable) quand j’étais petite. Alors je me suis dit que j’allais le revoir pour le challenge madeleine de Proust.
La série a vieilli, on ne va pas se mentir, et ce n’est pas non plus d’une grande profondeur. Il y a beaucoup plus de poursuites en voiture que d’intrigue et c’est assez répétitif. Certains épisodes sont quasiment les clones d’autres, mais l’animation peut se révéler très jolie par moment et pour l’époque. Les références aux livres de Doyle sont rares et galvaudées. Néanmoins, je l’ai revue avec plaisir et nostalgie.
Cela m’a aussi permis de remarquer une chose. Je savais déjà que la série avait été dirigée par Miyazaki, mais si vous faites bien attention vous verrez que le costume de Sherlock ressemble beaucoup à celui de la statue du chat Baron dans Si tu tends l’oreille. Il y a de petites similarités entre ces deux personnages.
Les méchants de l‘histoire sont assez pathétiques. J’aimais bien les mimiques de Moriarty à l’époque et je les apprécie toujours. Il est sans doute le personnage le plus expressif. Ses idées farfelues et ses inventions un rien steampunk sont le sel de la série qui est bien fade par ailleurs. J’ai sans doute plus compatis à ses malheurs qu’autre chose...
Revoir cette série m’a rappelé mon enfance et c’était fort agréable, mais en terme de qualité narrative, j’ai conscience que ce n’est pas ce qui se fait de mieux. Je suis étonnée de constater que je me rappelais de certaines choses avec une grande acuité et que j’en avais totalement occultée d’autres.

lundi 21 décembre 2020

La Nuit des labyrinthes

 Un roman de Sabrina Calvo, publié chez Mnémos.

Mon avis sur Délius, une chanson d'été, premier volume de la série.

Présentation de l'éditeur :
Après avoir déjoué la folie de Délius, Bertrand Lacejambe, botaniste, et son fidèle secrétaire B. Fenby se retrouvent à Marseille en 1905. En ce soir de Noël, on inaugure le pont transbordeur, on se passionne pour un nouveau sport pédestre, on boit... Dans une ambiance tropicale d'espions et de palmiers, ils vont pourtant faire face au plus terrible des périls. Perdus dans un dédale urbain aux occultes secrets, de soirées mondaines en scènes de panique, ils devront élucider la troublante disparition de la plus banale espèce florale et démêler l'écheveau d'une monstrueuse imposture, réminiscence de la tragique commune dont la cité phocéenne paya jadis le prix...

Étrange roman que celui-ci, qui commence comme une banale enquête un soir de réveillon et se termine en  fantasmagorie échevelée où se mêlent folie et ésotérisme.
Nous retrouvons Lacejambe et Fenby, huit ans après les événements de Délius, une chanson d’été. Profondément traumatisés par leur rencontre avec le fleuriste et tout ce qui en a découlé, ils vivent en reclus mais se sont pour un soir décidés à répondre à une invitation. Au chevet d’une vieille connaissance, Lacejambe se voit investi d’une mission qui pourrait soit lui rappeler l’homme qu’il était autrefois, soit le perdre définitivement. À la poursuite d’une fleur, nos compères nous entraînent dans un nouvel imbroglio hallucinatoire dans les rues de Marseille. 
On rencontre entre ces pages des personnages historiques, des francs-maçons, des anarchistes et des fleurs, bien sûr. Mais qui est qui ? Vous retrouverez dans ce roman la même ambiance onirique que dans Délius, peut-être bien un peu plus dense encore. Peu à peu l’enquête devient course erratique dans laquelle la proie et le chasseur changent sans cesse de rôle. Vous vous égarerez, c’est certain, dans ce roman qui porte si bien son titre. L’Histoire se mêle aux souvenirs des personnages, le vrai dans le faux, le faux dans le vrai, jusqu’à ce que le lecteur, absorbé et ballotté de toutes parts, perde le sens et ne sache plus où il se trouve ni s’il va vers l’anéantissement ou le salut. 
J’ai oscillé entre les passages où mon attention était à son maximum et ceux où je lisais en étant ailleurs tant le récit m’égarait. Au final, une fois digéré, je crois que j’ai apprécié le symbolisme de ce roman, ou devrais-je dire de ce délire hallucinatoire aux multiples strates. Cependant, ce n’est pas une lecture aisée ni complaisante. Elle ne conviendra pas à tout le monde. Pour entrer dans cet univers, il faut accepter de se perdre — pour peut-être mieux se retrouver — et de ne pas tout comprendre. Pour tout dire, je ne sais pas trop quoi en penser.

vendredi 11 décembre 2020

Terreur à Smoke Hollow

Un roman de Katherine Arden, publié chez PKJ.


Ollie a onze ans. Elle est intelligente et sportive. Elle aime lire, même si elle déplore que les filles n'aient que des rôles très secondaires dans beaucoup des romans d'aventures qu'elle affectionne. Elle a aussi des préjugés idiots, mais c'est parce que c'est plus facile pour elle de s’imaginer que les autres ne valent pas la peine d’être connus. Ollie ne veut surtout pas s'attacher. Toutefois, derrière ce mauvais caractère et ces faux airs supérieurs, il y a une fille au grand cœur qui ne se remet pas d'une tragédie. 
En se rendant à son coin préféré à la fin des cours, elle croise une femme très perturbée qui s'apprête à jeter un livre dans la rivière. Celle-ci tient un discours incohérent, limite effrayant, mais Ollie n'a qu'une idée en tête : sauver le livre. Et elle y parvient. Elle s’enfuit avec ce petit livre noir, au titre sobre et mystérieux de Recoins. L’histoire qu’elle va y lire est des plus bizarres. Peut-être, d’ailleurs, est-elle plus qu’une simple histoire.
Je connaissais Katherine Arden pour sa belle trilogie de fantasy russe. J’apprécie son écriture poétique, ses personnages au caractère bien trempé et la façon dont elle puise dans les légendes pour donner corps à ses récits. De fait, Terreur à Smoke Hollow, bien que typé jeunesse, m’a tout de suite intriguée. 
Bien écrit, intelligent, profondément enraciné dans de vielles légendes tout en restant très moderne, Terreur à Smoke Hollow est aussi le genre de livres effrayants que j’aimais lire pendant les vacances quand j’avais l’âge des personnages. L’effroi et l’aventure sont parfaitement dosés et donnent un récit qu’on n’a jamais envie de lâcher.
Pourtant, l’intrigue de base est très classique. En outre, nous connaissons tous au moins une ou deux légendes sur la Chasse sauvage, sur les sacrifices liés aux récoltes ou sur les pactes. Dans ce roman, il y a un peu de tout cela en fond, mais traité de manière originale et personnelle. Cette intrigue m’a beaucoup plu et les jeunes personnages sont construits avec finesse, ils sortent du cadre dans lequel leurs camarades voudraient les maintenir.
Terreur à Smoke Hollow est le livre jeunesse parfait à lire durant Halloween. Le titre original est à la fois moins sensationnel et plus évocateur : Small Spaces, comme le petit livre noir que sauve Ollie. Je déplore qu’il ait perdu ce petit côté mystérieux à la traduction. Il résume bien l‘ambiance sombre de cette histoire.
Il existe un deuxième tome, Dead Voices, pas encore sorti en français, et un troisième est prévu pour 2021. Je retrouverai avec plaisir les personnages dans de nouvelles aventures.

lundi 7 décembre 2020

Premier Souffle, Les Énigmes de l'aube T1

 Un roman de Thomas C. Durand, publié chez ActuSF.

Présentation de l'éditeur :

« Bonjour, c'est ici pour apprendre la magie ? »

Anyelle a un don. Un sacré don même ! Elle peut renforcer la magie de ceux qu'elle touche. Mais pour maîtriser cette aptitude et apprendre, elle doit quitter la forêt qui l'a vue naître... La voilà en route, joyeuse, insouciante et un peu maladroite pour une école prestigieuse de magie... qui n'aime malheureusement pour elle, ni les filles ni les pauvres...

Avec ce premier roman d'une série hilarante, Thomas C. Durand, cofondateur de la chaîne YouTube La Tronche en biais, nous offre un récit de fantasy humoristique de haute volée et une héroïne très attachante.
Anyelle a neuf ans. Elle vit dans une maison-arbre au cœur d’une forêt avec son père Elliort et sa belle-mère Cynora. Elle a une vie tranquille, qui ressemble toutefois à un début assez classique pour un conte de fée. On s’attend presque à ce que ses parents l’abandonnent quelque part... Mais non, ce sont de bons parents.
Elliort est un antibûcheron. Dans ce monde où les gens possèdent des dons souvent étranges et pas toujours utiles, il a celui de faire repousser les arbres et c’est pour lui une lutte sans fin contre les bûcherons du roi qui déforestent sans états d’âme ni réflexion. Et c’est ce combat acharné qui va déclencher notre histoire.
La petite Anyelle possède elle aussi un don qui en s’éveillant va causer de nombreux problème. Son père n’a pas le choix, il doit la conduire à l’École des Magies Utiles et Laborieuses pour qu’elle apprenne à maîtriser son pouvoir. Problème : Anyelle est une fille. Et on ne lui avait jamais dit que cela pouvait être un problème, alors pensez bien qu’elle n’entend pas laisser de vieux mages décider de ce qu’elle a, ou n’a pas, le droit de faire.
En lisant Premier Souffle, on pense bien sûr au Disque-monde de Pratchett et surtout à La Huitième Fille — excellent roman, qui parle lui aussi de sexisme et que je vous conseille si vous ne l’avez déjà lu — mais aussi à Harry Potter — tout en contrepoint — ou à l’absurdité et l’humour de Xanth. Par bien des aspects, Premier Souffle rappelle un roman initiatique de fantasy tout ce qu’il y a de plus typique. L’auteur use et abuse des clichés, mais pour mieux les tourner en dérision et brosser au passage une satire sociale des plus acerbes. En établissant des parallèles, tantôt évidents, tantôt subtils, Thomas C. Durand critique avec autant d’ironie que d’à-propos les travers de notre monde, de la lutte de classes au sexisme, en passant par la sur-exploitation des ressources, l’éthique scientifique ou les injustices en tous genres. Il fait cela avec humour, cynisme et détachement, mais c’est le genre d‘humour qu’on aime ou pas. Si j’apprécie le sarcasme et l’ironie, je goûte moins l’absurde, et il ne faut pas non plus que ça devienne trop lourd. Ce livre ne dépasse pas mes limites, néanmoins je sais qu’il ne plaira pas à tout le monde.
En outre, j’ai trouvé le récit un peu mou. L’auteur a beaucoup plus travaillé son monde que son intrigue. Il a créé d’intéressantes analogies, écrit de superbes descriptions qui permettent au lecteur d’admirer ses paysages comme s’il se trouvait devant eux, mais la scolarité d’Anyelle et son apprentissage, qui sont censés être au centre du récit, apparaissent sans relief et répétitifs. C’est une spirale sans fin dans laquelle l’enfant rechigne, puis finit par se décider, et se voit toujours opposé le même argument. Je sais bien que c’est logique, mais cela n’en devient pas moins lassant à force. Anyelle est un personnage sympathique, toutefois on ne peut pas vraiment dire qu’elle est attachante. Elle peut devenir exaspérante quand elle joue les idiotes et cela n’aide pas. J’ai donc oscillé entre les passages qui éveillaient mon intérêt et ceux qui l’émoussaient. Cependant, ce roman reste une très bonne distraction et je lirai sans doute la suite car il pose des questions dont j’ai envie de connaître la réponse.