dimanche 30 mars 2014

Merry Christmas, Ladainian Abernaker Ep4

Une nouvelle de Lydie Blaizot, publiée en numérique aux éditions du Petit Caveau.


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ladainian abernaker 4


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Les épisodes de ce feuilleton numérique sont indépendants, vous pouvez les lire dans l’ordre que vous voulez. Si Ladainian, un vieux vampire amateur de blues, est toujours au centre de ces histoires et qu’il y a une cohérence au fil des épisodes, ils possèdent tous une intrigue spécifique avec un début et une fin.


Vous pouvez retrouver mes billets concernant les épisodes précédents en suivant ce lien.


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Pour Ladainian Abernaker, même les fêtes de fin d’année ne sont pas de tout repos. Sa soirée va être troublée par un fait étrange mais, semble-t-il, pas vraiment dangereux : toutes les pièces de monnaie de sa rue ont disparu. Or, cela semble rappeler au vieux vampire un très lointain souvenir… Cependant, si vous connaissez déjà Abernaker, vous savez que démêler les fils de sa très longue vie n’est pas toujours évident. Y parviendra-t-il à temps cette fois-ci ?
Mon enthousiasme pour ce feuilleton ne faiblit pas. Le personnage est attachant malgré, ou grâce à, son mauvais caractère et surtout l’ambiance particulière de ces récits les rend paradoxalement originaux et familiers à la fois. Il est toujours plaisant de s’y plonger, on retrouve un univers connu et l’intrigue, prenante, entraîne le lecteur sur des sentiers inattendus.
Abernaker est un personnage complexe, intéressant à voir évoluer, d’autant qu’il se trouve toujours en proie à des situations aussi dangereuses qu’incongrues. Dans cette nouvelle, le passé du vampire semble le rattraper une fois de plus, mais les apparences sont parfois trompeuses et il devra faire des choix. C’est, pour l’instant, l’épisode que j’ai préféré. L’histoire est particulièrement bien construite, même si quelques interrogations demeurent à la fin.
Chaque épisode est une surprise, c’est un plaisir de suivre ce feuilleton et d’en apprendre à chaque fois un peu plus sur la vie de ce vieux vampire amateur de blues.


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mardi 11 mars 2014

Impulsion

Un roman de Bernard Henninger, publié chez Asgard.


Présentation de l'éditeur :

Impulsion : ce qui permet de se lancer et modifier son parcours pour la vie entière. C'est aussi ce qui propulse un objet spatial vers son objectif.

Etudiante en école d'ingénieurs, Bénédicte attend le grand amour, lorsqu'une annonce sur le panneau d'affichage de son école attire son attention : une certaine fondation Vestiboran, aux USA, a lancé un concours pour concevoir une sonde à destination de Pluton.
Bénédicte ne s'est jamais intéressée aux planètes mais, suivant son impulsion, elle vole l'annonce. Dès lors, sa vie est changée, elle découvre les étoiles, le monde des sondes spatiales, un univers où les machines côtoient les rêves les plus fous...
Convoquée pour défendre son projet, Bénédicte l'emportera devant Rudra, brillant mathématicien Indien. Bénédicte pensait ne concevoir qu'une sonde spatiale mais voilà qu'elle tombe amoureuse de Rudra, que la fondation engagera aussi. La sonde de Bénédicte s'envolera, malgré les aléas que leur infligera une vie où l'une comme l'autre se retrouvent bientôt seules au monde.
Il est assez difficile de parler d’Impulsion. Bien mal avisé qui voudrait le ranger sous une étiquette… On peut considérer que ce roman est de la SF, on peut aussi considérer que ça n’en est pas. Vous ne trouverez ici qu’un peu d’anticipation, sur un léger fond de hard SF. Impulsion est avant tout l’histoire de la vie d’une femme, Bénédicte, influencée de loin en loin par le projet de toute une vie : Clyde, sonde spatiale à destination de Pluton.
Impulsion est basé sur ces petits hasards qui peuvent chambouler totalement l’existence de ceux qui les vivent.
Bénédicte est la narratrice, ingénieure d’un âge assez avancé, elle revient sur son passé, sa vie personnelle comme ses recherches. C’est un peu pour meubler un voyage fatigant, mais aussi parce que l’heure du bilan lui semble venue et que l’appel au chevet de la sonde autour de laquelle toute sa vie a tourné réveille ses souvenirs.
Au début, elle est particulièrement antipathique, le côté cynique du personnage contraste trop avec son attitude en société pour être crédible. Cela peut aussi venir du fait que le regard que porte la vieille femme sur la jeune étudiante qu’elle a été et son comportement de l’époque est influencé par celle qu’elle est devenue ensuite et un peu moins objectif qu’elle pourrait le croire. Le fait est que la jeune Bénédicte, élève médiocre, un peu je-m’en-foutiste et qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie, va évoluer et trouver sa voie, mais sans pour autant éviter les écueils. Alterneront alors dans son existence des phases intenses et d’autres plus ternes, comme en latence. Elle-même se sent duelle. Bénédicte ne cessera jamais de se reconstruire, sa quête personnelle rythmée par celle de Clyde dans l’espace.
La narration est totalement au présent, ce qui est un peu gênant quand on sait que le personnage revient sur son passé. Plutôt que d’être immersif, ça m’a agacée et empêchée de m’impliquer. Mais d’un autre côté, l’écriture est linéaire, on ne risque pas de s’y perdre. Malgré quelques rares incursions dans le « vrai » présent, Bénédicte raconte ses souvenirs d’un point à un autre.
Cela donne parfois une impression d’énumération de faits dont on doute de l’importance, d’autant plus que le style est assez sec. On se demande parfois où veut aller l’auteur avec un tel luxe de détails. Cependant, le parallèle entre la vie de la chercheuse avec le voyage de la sonde est intéressant. Il y a un symbolisme très fort entre les épreuves que vit Bénédicte et les plus importants événements liés à l’avancée de Clyde. Ce sont ces moments d’émotion qui font le roman car ils contrastent avec l’existence plutôt normale (on pourrait même dire un brin médiocre) de Bénédicte. On nous a habitués à raconter des destins exceptionnels, or, si celui de Bénédicte l’est grâce à son projet, sa vie elle-même est réaliste et n’a pas forcément beaucoup de saveur. Après tout, l’Histoire et les grandes découvertes ne sont-elles pas faites par des gens normaux ?
Peu à peu j’ai réussi à m’attacher à cette femme revêche, ce qui ne fut pas une mince affaire. Au fur et à mesure, tout l’intérêt que j’éprouvais vis-à-vis de l’odyssée de Clyde a dû rejaillir sur sa créatrice.
Ce voyage de toute une vie est à la fois du rêve et de la poésie, de multiples impulsions qui changent le cours des choses, des événements heureux ou tristes qui mêlent la réalité d’une personne, son individualité, et la science.
N’attendez pas un roman où la SF et l’action seraient prépondérantes. Ce récit séduira surtout ceux que les mystères spatiaux font rêver. Je ne regrette pas ma lecture, d’autant que j’ai apprécié le réalisme de l’histoire et ai été surprise par la fin.

dimanche 2 mars 2014

Spiridons

Un roman de Camille von Rosenschild publié aux éditions Don Quichotte.


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Spiridons


Je m'abstiendrai de vous recopier le résumé de l'éditeur car je trouve qu'il en dit beaucoup trop.


Victor, un jeune homme qui a tout juste dix-huit ans, a accepté d’accomplir la dernière volonté d’un ami mourant et se rend donc en Russie pour remettre une lettre au fils de celui-ci. Il y découvre un pays bien différent de l’image romantique qu’il en avait et paie les frais de sa naïveté. Les difficultés qui jalonnent ses premiers pas à Moscou vont le mener bien plus loin que ce qu’il espérait.
C’est tout à fait le genre de roman qui me rappelle pourquoi, enfant, j’ai aimé lire. Il a un petit quelque chose de magique, cette atmosphère particulière, mystérieuse et poétique qui vous entraîne et vous fait croire que tout est possible. Spiridons est de surcroît très bien écrit. Le style élégant et fluide de Camille von Rosenschild participe grandement à l’immersion du lecteur dans l’histoire.
Il s’agit de fantasy contemporaine, avec le petit côté aventurier qui accompagne souvent le roman d’apprentissage car nous avons un héros jeune qui part en quête bien malgré lui, cependant l’ambiance est résolument celle d’un roman fantastique, pas vraiment glauque, mais trouble et vaporeuse, tout en clair-obscur, très axée sur l’être et sa construction, en particulier ce qu’il y a de plus sombre en lui. C’est tout à fait mon genre et je suis sous tombée immédiatement sous le charme de cette histoire tout en circonvolutions.
Le bandeau « un jeune auteur nourri à l’œuvre de Tim Burton » nous vend certes un roman sombre (enfin tout est relatif), mais pas aussi décalé qu’on aurait pu l’attendre. Si influence il y a, je ne la trouve pas si prégnante. Ce n’est pas particulièrement grinçant non plus, mais fort bien écrit et l’intrigue, menée d’une main de maître, réussit le prodige de se dévider lentement tout en maintenant le suspense et l’envie du lecteur d’avancer au gré des méandres dessinés par l’auteur. L’action n’est pas toujours trépidante, elle est même parfois assez introspective, mais l’auteur alterne parfaitement ces moments de tension et de latence.
Elle tisse plusieurs trames autour de celle, principale, qui entoure Victor. Cependant, comme on s’en doute, elles sont liées et mettent du temps à se rejoindre, pour mieux emprisonner le lecteur dans leurs rets, le laissant sans cesse dans l’expectative et trouvant toujours le moyen de le surprendre jusqu’à la toute fin. Brillamment mené et construit, Spiridons m’a enchantée.
Les personnages sont complexes, on sent que l’auteur les a longuement travaillés, même si elle ne nous dévoile pas tous leurs secrets. On s’attache à eux ou on les déteste, souvent même les deux à la fois car l’auteur s’emploie à nous montrer qu’il y a du bon et du mauvais en chacun, ce qui est somme toute très réaliste.
Victor, le personnage central du récit, évolue énormément, en cela le roman d’apprentissage est particulièrement réussi. Le concept des Spiridons est brillant en soi. Je ne vous expliquerai pas de quoi il retourne étant donné que tout le sel du roman vient des multiples révélations qui s’échelonnent au cours du récit, mais sachez que l’auteur a su créer quelque chose d’aussi original que tortueux et qui donne matière à réflexion.
Spiridons a été pour moi une excellente surprise et j’avais pourtant beaucoup d’attentes concernant cette lecture. La seule chose qui me chagrine quelque peu, c’est qu’outre le fait que la fin se précipite un tantinet dans les deux derniers chapitres, ce roman appelle une suite. Ce n’est pas précisé sur la couverture et en tant que lectrice je n’aime pas qu’on me piège ainsi, je me sens un peu frustrée. Néanmoins, quand suite il y aura, je me jetterai avidement dessus car il reste bien des choses à découvrir au sujet de Victor et des Spiridons ainsi que de leur quête et que j’ai vraiment adoré ce roman du début à la fin.
J’ai trouvé dans Spiridons, de multiples échos à l’œuvre de Pullman et je pense que si vous avez aimé À la croisée des mondes, vous apprécierez sans doute l’imaginaire et la magie qui se dégage de l’écriture de Camille von Rosenschild.


Vous pouvez voir une interview vidéo de l'auteur sur le site de l'éditeur. C'est intéressant, mais toutefois je vous conseillerais d'en savoir le moins possible sur ce roman avant de le lire. Je me rends bien compte que j'insiste beaucoup là-dessus, mais je pense que c'est nécessaire pour que le charme opère.