mardi 31 juillet 2018

La Revanche des petits seins

Une nouvelle de e.l.n.z., publiée chez Realities Inc.


Je ne savais absolument pas à quoi m’attendre en ouvrant cette nouvelle. Je lis en diagonale les résumés de romans et jamais ceux des nouvelles, ce qui me convient fort bien. La surprise est le plus souvent agréable et ce fut le cas ici.
La Revanche des petits seins nous conte avec sobriété et délicatesse le parcours de trois personnes que certains jugeraient « hors-normes ». C’est une ode à la tolérance et l’acceptation d’autrui. Cela ne coûte pas plus cher de laisser les autres être eux-mêmes, ça ne remet en cause ni nos propres choix ni notre liberté. Le problème est que beaucoup de gens ne comprennent tout simplement pas qu’on puisse ne pas être comme eux ou ne serait-ce qu’avoir des aspirations différentes.
Cette nouvelle remet les choses à plat, ce qui est on ne peut plus nécessaire dans le climat ambiant. C’est un texte qui sonne juste, plein d’empathie, sans leçon de morale, comme il en faudrait davantage.

lundi 30 juillet 2018

Duel d'influence

Une nouvelle de Tesha Garisaki, publiée en numérique chez Realities Inc.


Cette nouvelle se situe dans le même monde que Course en cercles et Le Prince est mort, vive le Prince. Je suis ravie d’avoir découvert celle-ci en dernier, mais elles peuvent être lues dans n’importe quel ordre. 
On y retrouve Lionel et Frédéric en mission alors que les duchés ne sont pas encore réunis. Ce récit démontre une nouvelle fois qu’un minuscule grain de sable peut parfois changer l’histoire et c’est ce que j’aime particulièrement dans les univers alternatifs de Tesha. 
Comme à chaque fois, mon envie d’en savoir plus a été aiguisée. J’aimerais un vrai roman sur ces personnages.

dimanche 29 juillet 2018

Course en cercles

Une nouvelle de Tesha Garisaki, publiée en numérique chez Realities Inc.


Tesha Garisaki crée toujours dans ses nouvelles des univers que l’on se désole de ne pas pouvoir explorer davantage. En l’occurrence, si cette histoire se lit tout à fait indépendamment, on peut retrouver les personnages dans d’autres textes.
Ayant déjà lu Le Prince est mort, vive le Prince dans l’excellente anthologie Quantpunk, j’étais ravie de faire une nouvelle incursion dans ce monde où les humains ont parfois des dons étonnants. 
Une autre nouvelle, Duel d’influence, complète l’histoire. Mais au fond peu importe l’ordre dans lequel vous lirez ces récits. Je gage toutefois que celui que vous choisirez vous donnera envie de découvrir les autres.
Course en cercles, pour sa part, vous présente les personnages et leur monde, mais surtout la façon dont leurs talents fonctionnent. C’est une pièce importante du mécanisme final car elle décrit la rencontre de plusieurs personnages dont découleront les deux récits suivants. Ce fut une lecture fort agréable.

vendredi 27 juillet 2018

Une collection d'ennuis

Une nouvelle d'Alex Evans, publiée chez ActuSF.

Si cela vous intéresse, j'ai également chroniqué le premier tome des Sorcières Associées dans une précédente édition. Vous trouverez mon billet ici.


Une Collection d’ennuis fait partie des nouvelles numériques gratuites du printemps 2018 proposées par les éditions ActuSF. Ces nouvelles, tout en pouvant se lire tout à fait indépendamment, permettent de découvrir les univers de leurs auteurs respectifs. C’est une initiative que j’apprécie toujours autant.
J’aime beaucoup les écrits d’Alex Evans et l’univers de ses sorcières associées en particulier. Je me suis donc empressée de lire ce texte qui, néanmoins, ne parle ni de Tanit ni de Padmé. On y rencontre Vif-argent, antiquaire un peu sorcière et dans les embrouilles jusqu’au cou. Grimoire mystérieux, démons et intrigues sont au programme.
Il est agréable de suivre Vif-argent. Je dois admettre que cette femme intelligente et secrète, mère célibataire de surcroît, m’a un peu rappelé Padmé. Ce n’est pas dérangeant et je l’ai tout de même appréciée pour son indépendance et son ingéniosité.
L’histoire se lit vite, est pleine de rebondissements, un peu attendus mais qui fonctionnent bien, et on passe un agréable moment. La fin seule s’est révélée un peu abrupte à mon goût. C’est dommage. Je pense que j’aurais surtout aimé rester un peu plus longtemps en compagnie de Vif-argent, mais j’ai le tome 2 des sorcières associées qui m’attend, ce qui est une bonne consolation.

mardi 17 juillet 2018

Les Enfants de la Baleine


Imaginez un océan de sable. Pas un désert, non, un véritable océan. Immense, mouvant, soumis aux tempêtes et surtout meurtrier. Au gré des courants, une île divague, abritant quelques centaines de personnes qui ne savent rien du reste du monde si ce n’est qu’elles en sont exilées pour un crime dont elles n’ont, pour les plus jeunes, nulle connaissance. Certaines d’entre elles, les marqués, possèdent un pouvoir magique, mais meurent avant leurs trente ans, d’autres sont dénuées de don, mais vivent beaucoup plus longtemps. Tant bien que mal, ces gens survivent, même si certains deviennent fous à tourner en rond sur cette minuscule portion de terre soumise aux éléments.
Ils auraient pu errer ainsi indéfiniment si leur chemin n’avait pas croisé celui d’une autre île et de son unique occupante. Ce sera pour eux le début des révélations, mais aussi celui des ennuis…
Les Enfants de la Baleine est un anime intéressant pour toute la mythologie qu’il met en place, mais également un peu épuisant par tout le pathos qu’il déploie. Les personnages meurent à la pelle, cependant, moi qui reproche souvent trop de complaisance aux auteurs et scénaristes qui se montrent trop gentils, je ne vais pas pleurnicher pour cela. En revanche, ce permanent déballage de bons sentiments finit par écœurer car il est en outre teinté de manichéisme. Quelque chose m’a vraiment dérangée dans cet anime, sans que je sache expliquer clairement de quoi il s’agit.
Je n’ai pas du tout aimé les méchants de l’histoire tant leurs motivations sont floues et leurs caractères lisses. On sent toutefois qu’il y a peut-être plus de profondeur dans leurs motivations, mais sans réelle certitude. Il y a encore de quoi creuser de leur côté, cependant, si suite il y a, espérons qu’elle tergiversera moins.
Les gentils sont tout aussi lisses, néanmoins ils ont pour eux la candeur dans laquelle l’isolement les a maintenus. Pour autant, je ne les ai pas trouvés aussi attachants que j’aurais dû, toujours à cause de ce manichéisme ambiant. L’histoire est également trop répétitive à mon goût. On les attaque, ils se défendent, normal, mais lassant.
Pourtant, malgré tout ce qui m’a dérangée, j’ai regardé toute la saison. Je voulais connaître l’histoire de la Baleine et de la malédiction qui touche ses marqués (même si, soyons honnêtes, on se doute un peu de l’origine de cette dernière).
Les révélations arrivent au compte-goutte et l’histoire de fond demeure originale. Cependant, la saison finit un peu en queue de poisson et pose de nombreuses autres questions. S’il y a une suite, je la regarderai, mais je ne ferai pas l’effort de lire les mangas pour la connaître.

jeudi 12 juillet 2018

L'Ombre de l'Ankou

Un roman de Jean Vigne, illustré par Mina M, publié dans la collection Chatons hantés des éditions du Chat Noir.


J’ai vraiment passé l’âge de lire ce genre de romans, mais je suis parfois superficielle et, je l’avoue, j’ai été attirée par la magnifique couverture. Elle m’a vendu du rêve et les illustrations intérieures sont à sa mesure. J’ai adoré en découvrir les détails. Elles participent grandement à l’atmosphère du roman.
Celui-ci est moins sombre que je ne m’y attendais. Sans doute parce que je suis adulte. Ce n’est pas un problème, il en faut pour tous les goûts et les enfants qui veulent frissonner sans cauchemarder ensuite y trouveront leur compte.
Lotie a onze ans, elle vient de déménager dans un manoir très isolé en Bretagne. Ses amies lui manquent, sa maman est malade, les temps sont durs pour elle. Elle est encore très petite fille, entre deux âges en fait, cela la rend aussi agaçante — quand elle chouine — qu’attachante par sa candeur. Cet été-là, sur la lande, elle va tenter d’apprivoiser le passé de sa mère pour la sauver.
Le rythme est assez lent, car assujetti aux découvertes de Lotie, qui fouine un peu mais se laisse surtout porter. Et elle digresse beaucoup cette petite, mais ce n’est pas désagréable. On furète avec elle, on apprend à la connaître.
J’ai vu le dénouement venir de loin, cependant c’est plutôt normal et je pense que les jeunes lecteurs le trouveront à leur goût. J’offrirai volontiers ce petit roman à un enfant en âge de lire cette histoire de fantôme mâtinée de légende bretonne.

vendredi 6 juillet 2018

Mary Shelley, Au-delà de Frankenstein

Un essai de Cathy Bernheim, publié aux éditions du Félin.


Présentation de l'éditeur :
Pendant deux siècles, on a imprimé, traduit, lu, adapté Frankenstein sans se préoccuper de l'existence de son auteure. Le nom de celle qui l'avait écrit à 16 ans, publié à 18 était pourtant là, sur la couverture, à portée de regard. Mais Mary Shelley semblait comme invisible. Bien que femme de lettres reconnue, elle est longtemps restée pour la postérité l'obscure épouse du grand poète romantique Percy B. Shelley. A pied, en malle-poste, en charrette, à dos d'âne ou de mule, par les fleuves ou par mer, elle a parcouru l'Europe avec lui en compagnie de leurs amis, femmes et hommes alliés dans la même recherche de beauté. Ce n'est pourtant pas son seul exploit. Dans son oeuvre novatrice, elle s'est dressée de toutes les forces de son esprit contre les idées mortifères d'une Angleterre en plein essor industriel qui cherchait à normaliser ses citoyens (et plus encore, ses citoyennes) comme des produits à perfectionner. Avec son intrépide sagesse, elle a entrevu les dangers d'une société s'adonnant sans repères ni limites à l'ivresse du progrès scientifique. Et elle a imaginé le destin du monstre que cette société allait produire. Un être anonyme, meurtrier, sentimental et raisonneur, poursuivi par la haine du savant fou qui l'avait mis au monde. Une histoire familière ? En effet, ce couple maudit hante toujours les cauchemars de nos contemporains. Du fond de ses temps éloignés, Mary Shelley nous lance un message qu'il est urgent de décrypter encore et encore.

L’année 2018 est le bicentenaire de la première édition de Frankenstein ou le Prométhée moderne, alors forcément les productions, tous médias confondus, relative à l’autrice et son œuvre foisonnent.
Mary Shelley, Au-delà de Frankenstein se révèle davantage un essai qu’une biographie. Cathy Bernheim y aborde toutes sortes de sujets au travers du prisme de la vie de Mary Shelley et de la portée de son œuvre : éducation des filles, notamment leur accès à des études scientifiques, évolution de l’humanité et transhumanisme, etc. Les pistes sont variées et traitées de manière intéressante, mais toujours très subjective. Elles vous donneront toutefois l’occasion d’exercer, et peut-être de confronter, vos propres réflexions à celles de l’autrice. Le parallèle établi entre l’époque de Mary Shelley et la nôtre au travers des éléments biographiques a été mon passage favori.
La première moitié de l’œuvre, la partie biographique, explore les influences potentielles du vécu de Mary Shelley dans la construction de son univers littéraire. Comment une jeune fille à peine sortie de l’enfance en est-elle venue à imaginer un roman tel que Frankenstein ?
Cette partie biographique s’arrête à l’écriture de The Last Man, ce que j’ai trouvé assez dommage. En effet, la vie de Mary auprès de Shelley a fait l’objet de nombreuses études, écrits et autres commentaires, mais l’après est toujours plus ou moins laissé de côté. Alors que dans son ouvrage Cathy Bernheim nous répète à l’envi que Mary Shelley a toute sa vie été dans l’ombre, de ses parents, de son mari, de son écrit le plus fameux… elle l’y cantonne aussi à sa manière. Le « au-delà » du titre apparaît quelque peu abusif quand on y songe, car Bernheim ne cesse de revenir à Frankenstein. Elle l’interprète sous toutes les coutures. Le roman prend toute la place et n’en laisse que peu à sa créatrice. Cela ne manque guère de profondeur et de réflexion, même si évidemment une interprétation n’engage que celui qui la produit. Je trouve néanmoins réducteur l’angle de vue adopté et la biographie trop succincte, voire complaisante dans l’usage qui en est fait.
Observer la personnalité de Mary Shelley à travers ses écrits n’offre au mieux qu’un reflet déformé car assujetti non pas à des faits avérés, mais aux corrélations que l’on construit entre des faits hypothétiques et une fiction. S’il est vrai qu’on met toujours une part de soi dans ce que l’on écrit, c’est aussi très souvent ce qui vient sous la pelle, au hasard de la vie et des lectures, qui permet aux auteurs de construire, tel Victor Frankenstein, leur créature.
La deuxième partie de l’ouvrage est organisée de façon thématique quand la première se contentait de suivre la chronologie. Elle aborde toutes sortes de sujets, notamment l’influence pérenne de Mary Shelley, toujours au travers de Frankenstein, sur les générations qui lui ont succédé ou encore les progrès de la science.
L’autrice a adjoint des annexes à son ouvrage. Le récapitulatif des liens de parenté, avec dates de naissance et de décès, est très pratique. On y trouve aussi une chronologie qui va du siècle de Mary Shelley au nôtre, regroupant à la fois des entrées relatives à la vie et l’œuvre de celle-ci ainsi qu’à des événements majeurs de l‘histoire mondiale. Enfin l’ouvrage se termine sur un lexique plus ou moins utile, je trouve en effet les termes explicités assez communs, mais bon pourquoi pas ?
La partie biographique n’est pas aussi pointue que je l’espérais, néanmoins l’ouvrage demeure intéressant. Le style de Cathy Bernheim est agréable, littéraire sans être exagérément pompeux. Elle m’a donné envie de lire The Last Man, mais aussi de redécouvrir Frankenstein dans sa version originale.