mercredi 29 juillet 2015

Chrysalide

Une nouvelle d'Ivan Kwiatkowski, publiée en numérique dans la collection e-courts de chez Voy’El.


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L’impression étrange que m’a laissée cette nouvelle me semble bien difficile à exprimer, et ce malgré tous mes efforts. Mon ressenti est tout simplement indéfinissable, mais quant à savoir si c’est dans le bon sens ou non du terme, je ne pourrais le dire avec certitude… Ce texte m’a mise mal à l’aise, peut-être même m’a-t-il heurtée, pourtant je l’ai lu avec une attention crispée.
Au cours d’une de ses escapades, un peintre découvre une jeune femme dans un terrain vague. Elle est dans un sale état, mais il est tout prêt à l’aider, si du moins elle l’accepte. Ainsi commence le récit...
Ils vivent dans une cité maussade, confinée sous un dôme. Et si l’origine de celle-ci est évoquée, ce n’est pourtant pas le plus important. Cette ville et ses particularités ne sont qu’un décor, le véritable intérêt de la nouvelle réside dans la relation ambiguë qui se noue entre les personnages. Disons-le franchement, ils ont été, de mon point de vue, aussi déplaisants l’un que l’autre. Elle n’est que rancœur et violence alors que son abnégation à lui me semblait tellement injustifiée qu’elle en devenait faiblesse au lieu de force.
Le récit alterne entre les descriptions, au début très froides et analytiques, du comportement de la jeune femme et les notes pleines d’idéalisme de l’homme. Les deux personnages n’en paraissent que plus décalés, mais certes d’une façon propre à chacun.
Leur relation devient très vite malsaine, bien qu’elle se révèle cathartique pour l’un comme pour l’autre, et cela m’a dérangée, même si je comprends que tout l’enjeu du récit est dans ce développement psychologique.
J’ai lu ce texte avec une répulsion croissante. Il possède indubitablement de nombreuses qualités, notamment celle d’éveiller des sentiments aussi forts que contradictoires chez son lecteur. Je l’ai ainsi détesté, mais je pense que dans ce cas précis on peut dire qu’il s’agit d’un gage de qualité.
Je serais assez curieuse de lire d’autres avis, n’hésitez pas à me faire part de vos impressions.


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vendredi 24 juillet 2015

Penny Dreadful

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Penny dreadful est typiquement le genre de séries qui ne m’attire pas par nature. Je suis plutôt réfractaire à tout ce qui est horrifique ; la réalité me semble déjà suffisamment lugubre sans avoir à en rajouter. Toutefois, dans le cas de cette série, j’ai bien fait de passer outre car elle est devenue, et ce dès la première saison, l’une de mes favorites. C’est sombre, inquiétant, mais sans verser dans le gore, ou en tout cas jamais gratuitement. J’y retrouve l’ambiance et les thèmes que j’aime dans les vieux récits de Fantastique.
Penny dreadful nous parle d’humanité, dans tout le spectre de celle-ci : des ténèbres les plus opaques à la lumière la plus éclatante. Elle évoque la fragilité de l’être, fait réfléchir sur la monstruosité qui se cache ou s’affiche en chacun. Or, cette monstruosité possède de nombreuses facettes… Les personnages sont en quête de paix intérieure. Être en paix avec soi, avec ce que l’on est, passe par la découverte de notre part la plus occulte, c’est une confrontation permanente. Ces thèmes m’intéressent et me bouleversent, d’autant qu’ils sont très bien traités.
Loin de me décevoir, la deuxième saison que j’ai dévorée vitesse grand V n’a fait que me confirmer l’excellence de cette série. Pourtant, mes attentes étaient grandes.
J’ai pu lire par-ci par-là que certaines personnes trouvaient l’évolution de l’intrigue trop lente ; pour ma part, je pense au contraire que l’intensité dramatique est parfaitement dosée. Ce n’est pas censé être épique ou haletant, mais ça ne manque pas de suspense pour autant. Si la première saison était composée, à mon sens, de tableaux parents, la deuxième a pris un tour plus intimiste, plus fluide. Les intrigues s’imbriquent facilement, parfois peut-être trop, mais le tout est aussi cohérent que fascinant.
Le développement des personnages sonne juste, les acteur sont excellents et Eva Green, qui m’avait déjà beaucoup impressionnée dans la première saison, est réellement formidable dans le rôle de Vanessa Ives. Son personnage est complexe, le jouer doit être très éprouvant, mais elle s’en sort brillamment, elle fait passer toutes les émotions et contradictions de Vanessa, toutes ses peines et ses espoirs. Elle la rend vivante.
Je suis par contre beaucoup plus perplexe en ce qui concerne l’acteur qui incarne Dorian Gray. Si le personnage ne me déplait pas, je le trouve néanmoins trop lisse. Cependant, j’attends de voir ce qui se prépare pour la saison 3. J’espère avoir des surprises.
Penny dreadful gagne à être vue, c’est une très bonne série du point de vue scénaristique, mais aussi esthétique. Je vous la conseille.

samedi 18 juillet 2015

Sur le fleuve

Un roman de Léo Henry et Jacques Mucchielli, publié en papier et numérique par les éditions Dystopia.

sur le fleuve - leo henry et jacques mucchielli

Présentation de l'éditeur : 

Amazonie, seizième siècle. Quelques dizaines d'âmes embarquent sur des radeaux pour percer les secrets du pays d'Eldorado. Nobles de la vieille Europe, gens d'églises ou mercenaires, Indiens de la montagne, tous se livrent à la merci du grand fleuve. Et l'un après l'autre, les hommes meurent assassinés. Est-ce bien un jaguar qui les a pris en chasse ? La forêt se referme. La folie rôde. Et l'eau continue de couler. Léo Henry & Jacques Mucchielli ont publié trois recueils de nouvelles entre 2008 et 2012. "Sur le fleuve" est leur unique roman.

Si le sujet de Sur le fleuve peut sembler rebattu de prime abord – des conquistadors à la recherche de Manoa, mythique cité d’or – le roman se révèle original et très prenant. La forêt y est une entité, la quête de ces hommes et de cette femme va prendre de nombreux visages et la confrontation des peuples peut mener au pire. Au final, le but importe-t-il réellement plus que le cheminement ? Pris dans le labyrinthe de la forêt, incapables de s’en dépêtrer, les personnages s’enfoncent dans l’immensité sauvage de la nature et s’y retrouvent pourtant enfermés. Ils vont se révéler dans la touffeur de ce huis clos. Ceux qui sont venus en conquérants, sûrs de leur force, n’ont pas idée de ce que leur présence a pu déclencher. Le sacrilège qu’ils ont commis a attaché un prédateur à leurs pas. Le récit est divisé en deux pistes : celle que suit le groupe – les chapitres portant souvent sur un personnage en particulier – et celle du fauve, à l’affût. Les incursions du prédateur dans l’histoire m’ont beaucoup plu pour leur poésie et leur symbolisme. J’ai eu nettement plus de mal avec les autres personnages, même si la façon dont les auteurs dévoilent progressivement leurs histoires respectives est passionnante. Au contact de la forêt, ces individus en perdition se fragilisent. La nature, l’isolement et la rudesse des épreuves les mettent face à leurs propres failles. Petit à petit, le groupe se disloque. Au fur et à mesure que l’on apprend à connaître ces hommes et cette femme, ils ne paraissent plus si froids. J’ai particulièrement apprécié Dumè, mercenaire Corse, qui est, je dois bien l’admettre, l’image même que les Corses ont d’eux-mêmes, avec son lot de défauts et de qualités… Dans son sillage, il apporte un peu de ma culture, notamment avec « les chasseurs en rêve », les mazzeri, bien que l’allusion soit fugace. Ce récit est exigeant, mais apporte beaucoup en retour. La végétation se referme sur le lecteur, tout autant que sur le convoi, il participe à cette quête et se confronte aux côtés les plus sombres de l’humanité, à ses peurs, ses injustices, ses faiblesses... L’impression que m’a laissé Sur le fleuve est indéfinissable, mais me marquera sans doute durablement.

Découvrez également l'avis de Lune.

jeudi 9 juillet 2015

Faim du monde

Une nouvelle de Tesha Garisaki, publiée en numérique dans la collection e-courts de chez Voy’El.


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Comme le titre le laisser présager, nous avons là une lecture apocalyptique à souhait. Ici, la faim touche tout le monde. Mais deviendra-t-elle une fin en soi ? (Désolée, le jeu de mots était trop tentant…)
Le texte est court, raisonné. Il nous invite à une réflexion intéressante sur la société et les comportements humains. J’y ai trouvé une métaphore qui m’a plu, mais chacun se focalisera sûrement sur différents aspects de ce récit qui n’est ni aussi simple ni aussi linéaire qu’il n’y paraît.
Le personnage principal n’est pas particulièrement sympathique, ses camarades non plus d’ailleurs. La liste de leurs priorités, avec en tête la réserve de clopes, m’a souvent laissée dubitative. Cependant, ils sont communs, pas spécialement courageux, pas foncièrement mauvais non plus. Ils pourraient être n’importe qui, du lecteur lui-même à ses voisins de palier et cela donne envie de savoir ce qui va leur arriver car ils n’en semblent que plus réels.
Je ne suis pas très friande d’histoires de zombis, même si je ne suis pas rebutée par le genre, cela fait peut-être de moi un public moins exigeant puisque j’ai peu de lectures à mon actif. J’ai tendance à préférer les textes qui ne font pas dans le sensationnalisme et c’est le cas de cette nouvelle. Les habitués, qui sont à la recherche d’originalité et d’intrigues développées, la trouveront sans doute trop brève. Pour ma part, je ne le lui reprocherais que sa fin qui s’est révélée un peu abrupte à mon goût, mais j’ai bien aimé le texte dans son entier.


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lundi 6 juillet 2015

Souvenirs de Marnie

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Souvenirs de Marnie est un film d’animation adapté du roman de Joan G. Robinson : When Marnie was there (aucune version française n’existe à ce jour). Produit par le Studio Ghibli, dont j’apprécie beaucoup les œuvres en général, l’anime a été écrit et réalisé par Hiromasa Yonebayashi. Je souhaitais lire le roman avant d’en voir l’adaptation, mais je n’ai pas pu résister… Au final, mon avis est plus mitigé que je l’aurais imaginé, mais j’ai toujours envie de découvrir l’ouvrage d’origine. Anna, jeune fille de 12 ans, semble vidée de toute envie de vivre. Elle ne s’intègre pas dans sa classe et sa solitude paraît être plus motivée par le dégoût de soi que la timidité. Éteinte, parfois difficile, elle fait le désespoir de sa mère adoptive qui ne sait plus comment s’y prendre et décide de l’envoyer à la campagne, chez des parents éloignés, afin qu’elle puisse à la fois soigner son asthme et peut-être retrouver un peu d’équilibre. Anna oscille sans cesse entre l’adolescente acariâtre et l’enfant docile, bien élevée, mais effacée. Elle se révèle aussi attachante qu’exaspérante. J’ai compris ses angoisses, compati parfois, mais elle m’a beaucoup agacée. Durant ses vacances, Anna va faire la rencontre d’une jeune fille étrange, ce qui va la mener à la découverte d’elle-même et de ses racines, mais non sans heurts. Si le début et la fin du film m’ont plu, je suis restée un peu en retrait vers le milieu de l’histoire. Certains passages m’ont semblé brouillons. C’est un bel anime, l’idée de départ est plus originale que ne le laisse entendre le synopsis, par contre le sujet, entre fantômes du passé et besoin de trouver sa place, est intéressant mais pas forcément toujours bien traité. Je n’y ai pas trouvé ce que j’y cherchais, cela manquait d’âme. Ce n’est bien sûr qu’une question de point de vue. Étant de surcroît une habituée du genre Fantastique, je suis aussi un peu difficile et j’attendais beaucoup de ce film. Il est poétique, mais la quête initiatique d’Anna m’a laissée un peu froide. Les passages les plus captivants sont trop vite expédiés, la magie aussi. Les images sont jolies, mais pas non plus exceptionnelles. Cet anime n’est pas de ceux que je reverrai le plus volontiers, mais la fin m’a tout de même laissé une impression positive. Je compte lire le roman assez vite, en espérant trouver plus de profondeur à cette histoire.

dimanche 5 juillet 2015

CRAAA !!!

Parce que je ne me lasse pas de lire des nouvelles et que le diminutif de ce challenge ressemble à un cri de corneille (ce que je trouve trop kiffant), je me suis inscrite au Challenge Recueils and Anthologies Addict de La Prophétie des Ânes.


Il se déroulera du 15 juillet 2015 au 15 juillet 2016 et j'ai choisi le palier Âne éclairé, soit 12 lectures.


Le CRAAA fonctionne sur un système de points, chaque lecture en rapporte 10, parvenir au palier que l'on s'est fixé en rapporte 20 et, pour faire bouger un peu la PAL, on fournit une liste de départ à Cornwall qui tire au sort un nombre de livres (la moitié du nombre défini par le palier choisi, soit six dans mon cas) qui rapporteront des points bonus.


Pour ce tirage, j'ai été plutôt chanceuse :


- Dimension Moscou
- Folie(s)
- De la corne de Kirin aux ailes de Fenghuang
- Black Mambo, Vanessa Terral, Sophie Dabat et Morgane Caussarieu
- Le maître de Rampling gate et autres nouvelles
- Ghost stories


Autrement dit : des livres récemment acquis que j'ai très envie de lire et d'autres qui traînent depuis un peu trop longtemps dans la PAL. Il faut dire que j'avais un peu laissé de côté les anthologies dernièrement... Mais c'est reparti, vive le CRAAA !!!


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CRAAA