mardi 9 juillet 2019

Les Filles du Nord

Un roman de Mélody Gornet publié chez Thierry Magnier.


Madison est dans un état psychologique préoccupant. Elle essaie tant bien que mal de se maintenir à flot. Pour s’éloigner de sa douleur et tenter de se reconstruire, elle a décidé de changer d’environnement et de partir étudier en Écosse. Là-bas, elle fait la rencontre de Fern, une jeune femme pleine de joie de vivre et d’idées farfelues, ainsi que d’Arbor, son placide meilleur ami. 
J’ai adoré ce roman si touchant, poétique à sa manière, et tellement sincère. Il m’a rappelé ce moment difficile où l’on sort de l’adolescence, mais où l’on n’est pas encore pleinement adulte. On se cherche encore, on se construit en permanence dans un champ de possibilités qui semble infini. C’est à la fois grisant et épuisant. 
À mesure que s’organise la nouvelle vie de Madison, on parcourt ses failles et ses peurs du bout des doigts. On la sent terriblement réelle. Et brisée. J’ai aimé la découvrir, apprendre à connaître Fern et Arbor avec elle. Ce sont tous de très beaux personnages. C’est leur fragilité mais aussi leurs espoirs qui les rendent si réels. 
On voit Madison chanceler, essayer de grandir et de se reconstruire. On comprend petit à petit ce qui lui est arrivé. J’ai beaucoup aimé les interludes réservés à ses rêveries. Madison s’est créé un monde, basé sur le jeu de cartes traditionnel. Il renvoie le reflet de son état d’esprit. C’est quelque chose qui me parle et l’autrice est très subtile dans sa façon d’utiliser l’imaginaire de la jeune fille. 
J’ai aimé la sensibilité avec laquelle elle raconte cette histoire, sa façon d’évoquer des sujets graves, comme le suicide, avec honnêteté, sans tenter d’apitoyer son lecteur ou de jouer avec ses sentiments. Ce n’est jamais mièvre ou surfait. 
Pour autant, malgré les sujets abordés, ce n’est pas du tout un roman triste. C’est celui d’une reconstruction, de la fin de l’adolescence et de l’entrée dans l’âge adulte, de l’amitié et de la résilience. L’autrice évoque avec pudeur et sensibilité la difficulté de trouver sa place, d’accepter sa sexualité ou encore de gérer les fêlures et les traumatismes de l’adolescence. Mais au final il y a toujours de l’espoir. 
J’avais déjà pu remarquer que les récits young adult publiés chez Thierry Magnier sont de qualité et abordent des sujets sérieux sans prendre les jeunes pour des abrutis. Les Filles du Nord ne déroge pas à la règle. Il est intelligent, très bien écrit et agréable à lire. Il m’a donné envie d’en découvrir d’autres.

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