Un ouvrage d'Ambre Dubois, publié aux éditions du Riez.
Je l'ai classé en fantastique, même si pour moi dès que le surnaturel est avéré ça n'en est plus. Mais après tout le classement n'a guère d'importance, occupons-nous plutôt du bouquin...
Son éditeur nous le présente ainsi :
Qui est réellement Lord Nermeryl ? Le diable, comme le laisse sous-entendre la rumeur ? Ou un jeune dandy un peu trop excentrique dont le passe-temps morbide est d’enquêter sur des affaires surnaturelles ?
Au fil des énigmes, en compagnie de sa fidèle compagne, la Corneille, le jeune homme goûte la saveur des âmes des êtres humains, découvrant les travers de l’humanité et y apportant sa propre justice… d’une manière bien singulière…
Et voici ce que moi-même j'en dis :
Ni tout à fait recueil, ni tout à fait roman, ce court ouvrage est constitué de nouvelles qui, bien qu’ayant toutes une intrigue spécifique, portent sur les deux mêmes mystérieux personnages : Lord Nermeryl principalement et sa compagne Corneille au second plan. Ainsi, nous pouvons suivre leur évolution comme dans un roman, tout en ayant le plaisir de lire plusieurs histoires et en profitant de la trame narrative plus enlevée propre à la nouvelle.
Les codes du format court se mêlent à ceux du roman et c’est, je dois dire, une assez bonne réussite puisque ça donne à la fois une impression de diversité et de cohérence. J’aime beaucoup ce procédé qui fait de chaque chapitre une histoire à part entière, même si je trouve qu’écrire une nouvelle, et a fortiori une série de nouvelles, surtout dans le genre fantastique, est un art difficile qui ici n’atteint pas la pleine mesure de son potentiel. Ça reste du bon travail, je ne vais pas chipoter, mais pour moi la nouvelle fantastique est principalement un récit à chute ou, au moins, ménage plusieurs pistes à son lecteur et ceci est évidemment atténué dans un ouvrage de ce type. Alors l’ambiance est trouble, certes, les personnages énigmatiques à souhait, la fin excellente, mais quelque chose m’a retenue sur la rive, sans que je sache vraiment définir quoi. Enfin, ça n’a pas été mon problème majeur non plus, c’est juste une question de goûts et de styles. J’admets qui plus est que les codes sont forcément plus souples pour une série de nouvelles, mais le fantastique est mon genre de prédilection, je suis donc difficile.
Ce qui m’a le plus ennuyée est la façon dont sont traitées et surtout résolues ces enquêtes. Si les histoires sont très diverses dans le fond, elles restent néanmoins très répétitives dans leur schéma narratif, ce qui atténue cet effet de variété. Elles sont souvent elliptiques également. Je n’ai rien contre les ellipses, surtout en fantastique, mais là on cache quand il faut raconter, on raconte quand il faut montrer, on montre quand il faut cacher… C’est assez dommage car ça donne parfois une impression de facilité, que ce soit au niveau de l’écriture ou dans la gestion de la trame (surtout dans la résolution des enquêtes qui laisse vraiment à désirer), alors que, si je relativise, ce sont de très bonnes histoires.
Le style est agréable, mais pas exempt de maladresses, ainsi que d’erreurs de toutes sortes. Il n’y en a certes pas tant que ça en comparaison d’autres ouvrages, mais elles sont assez grossières… (Des mots à la place d’autres, des tournures de phrases inexactes, des invraisemblances langagières, etc.) En outre, pour ce genre bien précis, j’attends toujours plus d’élégance et de raffinement, voire même de la préciosité, dans l’écriture, à la fois pour coller à l’époque et aux personnages. Or, tout en n’étant pas déplaisant, le style d’Ambre Dubois est parfois maladroit et manque de naturel dans l’usage du registre soutenu. On sent que l’utiliser lui demande un effort.
Il y a aussi des détails du récit qui m’ont laissée perplexe. A titre d’exemple, on ne jette pas un voile sur une peinture qui n’est pas encore sèche, on ne peut pas tourner vers soi le visage d’un corps qui doit depuis longtemps être pris par la rigidité cadavérique…
Détails me direz-vous, détails… Mais ça a quelque peu contrarié ma lecture.
Impressions en demi-teinte, semble-t-il donc, pour une lecture qui fut un agréable divertissement malgré tout et que j’ai su savourer en laissant de côté ses défauts, autant que je l’ai pu, mais qui, je le crains, ne marquera pas longtemps mon esprit.
J’ai trouvé les histoires prenantes, bien que prévisibles puisqu’elles reprennent des thèmes classiques de la littérature fantastique et même s’ils sont plutôt bien traités, ils n’en restent pas moins familiers pour moi qui suis coutumière du genre. Toutefois, même si j’ai apprécié ces histoires et eu du mal à m’en détacher en cours de lecture, quand il m’est arrivé de devoir le faire, j’ai eu à chaque fois des difficultés en reprenant le livre à me rappeler de quoi il était question dans la nouvelle que j’avais quittée la veille. Evidemment ça m’est vite revenu après quelques lignes de lecture, mais c’est pour moi assez perturbant qu’une histoire en cours laisse si peu d’empreintes sur mon esprit et c’est de surcroît très inhabituel.
Ces nouvelles sont surtout portées par le charisme de leur personnage principal qui est intéressant de par son attitude et sa nature, même si j’ai été un peu déçue que tout soit si simple, attendant un temps, court à dire vrai, un revirement de situation qui n’est pas arrivé. Il faut croire que je suis conditionnée par les nouvelles à chute. J’aurais aimé que le mystère perdure un peu plus longtemps concernant la nature de Nermeryl, même si j’ai apprécié qu’elle soit relativement nuancée. Quand il s’agit de fantastique, plus les récits et les personnages sont troubles, plus ça me convient. J’aime être surprise ou déroutée par ce genre de lecture, or je ne l'ai pas été par celle-ci.
Les personnages sont cependant la grande force de ces récits, mais les thèmes des histoires sont également bien choisis et l’auteur leur apporte la touche d’originalité nécessaire à l’usage de motifs aussi connus. En outre, comme je l’ai déjà dit, la fin est très bien écrite et sonne tout à fait juste, ce qui est d’autant plus appréciable pour ce type de récit.
J’ai été un peu dure avec cet ouvrage, mais je vous en conseille néanmoins la lecture, que vous soyez ou non amateur de fantastique.
Dans le même genre je vous conseille vivement Les Gentlemen de l’étrange d’Estelle Valls de Gomis. Les deux personnages sont d’ailleurs cités dans la première nouvelle d’Absinthes et Démons.
Ni tout à fait recueil, ni tout à fait roman, ce court ouvrage est constitué de nouvelles qui, bien qu’ayant toutes une intrigue spécifique, portent sur les deux mêmes mystérieux personnages : Lord Nermeryl principalement et sa compagne Corneille au second plan. Ainsi, nous pouvons suivre leur évolution comme dans un roman, tout en ayant le plaisir de lire plusieurs histoires et en profitant de la trame narrative plus enlevée propre à la nouvelle.
Les codes du format court se mêlent à ceux du roman et c’est, je dois dire, une assez bonne réussite puisque ça donne à la fois une impression de diversité et de cohérence. J’aime beaucoup ce procédé qui fait de chaque chapitre une histoire à part entière, même si je trouve qu’écrire une nouvelle, et a fortiori une série de nouvelles, surtout dans le genre fantastique, est un art difficile qui ici n’atteint pas la pleine mesure de son potentiel. Ça reste du bon travail, je ne vais pas chipoter, mais pour moi la nouvelle fantastique est principalement un récit à chute ou, au moins, ménage plusieurs pistes à son lecteur et ceci est évidemment atténué dans un ouvrage de ce type. Alors l’ambiance est trouble, certes, les personnages énigmatiques à souhait, la fin excellente, mais quelque chose m’a retenue sur la rive, sans que je sache vraiment définir quoi. Enfin, ça n’a pas été mon problème majeur non plus, c’est juste une question de goûts et de styles. J’admets qui plus est que les codes sont forcément plus souples pour une série de nouvelles, mais le fantastique est mon genre de prédilection, je suis donc difficile.
Ce qui m’a le plus ennuyée est la façon dont sont traitées et surtout résolues ces enquêtes. Si les histoires sont très diverses dans le fond, elles restent néanmoins très répétitives dans leur schéma narratif, ce qui atténue cet effet de variété. Elles sont souvent elliptiques également. Je n’ai rien contre les ellipses, surtout en fantastique, mais là on cache quand il faut raconter, on raconte quand il faut montrer, on montre quand il faut cacher… C’est assez dommage car ça donne parfois une impression de facilité, que ce soit au niveau de l’écriture ou dans la gestion de la trame (surtout dans la résolution des enquêtes qui laisse vraiment à désirer), alors que, si je relativise, ce sont de très bonnes histoires.
Le style est agréable, mais pas exempt de maladresses, ainsi que d’erreurs de toutes sortes. Il n’y en a certes pas tant que ça en comparaison d’autres ouvrages, mais elles sont assez grossières… (Des mots à la place d’autres, des tournures de phrases inexactes, des invraisemblances langagières, etc.) En outre, pour ce genre bien précis, j’attends toujours plus d’élégance et de raffinement, voire même de la préciosité, dans l’écriture, à la fois pour coller à l’époque et aux personnages. Or, tout en n’étant pas déplaisant, le style d’Ambre Dubois est parfois maladroit et manque de naturel dans l’usage du registre soutenu. On sent que l’utiliser lui demande un effort.
Il y a aussi des détails du récit qui m’ont laissée perplexe. A titre d’exemple, on ne jette pas un voile sur une peinture qui n’est pas encore sèche, on ne peut pas tourner vers soi le visage d’un corps qui doit depuis longtemps être pris par la rigidité cadavérique…
Détails me direz-vous, détails… Mais ça a quelque peu contrarié ma lecture.
Impressions en demi-teinte, semble-t-il donc, pour une lecture qui fut un agréable divertissement malgré tout et que j’ai su savourer en laissant de côté ses défauts, autant que je l’ai pu, mais qui, je le crains, ne marquera pas longtemps mon esprit.
J’ai trouvé les histoires prenantes, bien que prévisibles puisqu’elles reprennent des thèmes classiques de la littérature fantastique et même s’ils sont plutôt bien traités, ils n’en restent pas moins familiers pour moi qui suis coutumière du genre. Toutefois, même si j’ai apprécié ces histoires et eu du mal à m’en détacher en cours de lecture, quand il m’est arrivé de devoir le faire, j’ai eu à chaque fois des difficultés en reprenant le livre à me rappeler de quoi il était question dans la nouvelle que j’avais quittée la veille. Evidemment ça m’est vite revenu après quelques lignes de lecture, mais c’est pour moi assez perturbant qu’une histoire en cours laisse si peu d’empreintes sur mon esprit et c’est de surcroît très inhabituel.
Ces nouvelles sont surtout portées par le charisme de leur personnage principal qui est intéressant de par son attitude et sa nature, même si j’ai été un peu déçue que tout soit si simple, attendant un temps, court à dire vrai, un revirement de situation qui n’est pas arrivé. Il faut croire que je suis conditionnée par les nouvelles à chute. J’aurais aimé que le mystère perdure un peu plus longtemps concernant la nature de Nermeryl, même si j’ai apprécié qu’elle soit relativement nuancée. Quand il s’agit de fantastique, plus les récits et les personnages sont troubles, plus ça me convient. J’aime être surprise ou déroutée par ce genre de lecture, or je ne l'ai pas été par celle-ci.
Les personnages sont cependant la grande force de ces récits, mais les thèmes des histoires sont également bien choisis et l’auteur leur apporte la touche d’originalité nécessaire à l’usage de motifs aussi connus. En outre, comme je l’ai déjà dit, la fin est très bien écrite et sonne tout à fait juste, ce qui est d’autant plus appréciable pour ce type de récit.
J’ai été un peu dure avec cet ouvrage, mais je vous en conseille néanmoins la lecture, que vous soyez ou non amateur de fantastique.
Dans le même genre je vous conseille vivement Les Gentlemen de l’étrange d’Estelle Valls de Gomis. Les deux personnages sont d’ailleurs cités dans la première nouvelle d’Absinthes et Démons.
Agréable lecture mais qu ne restera pas gravée dans ma mémoire ... Rien que le nom du héros déjà ! Mais bon c'est divertissant . Comme toi je suis restée sur la rive.
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