mardi 16 janvier 2024

Comment naissent les araignées

Un roman graphique de Marion Laurent, publié chez Casterman.

Présentation de l'éditeur :

4 personnages, 4 destins croisés, 4 vies enchaînées. 

Alice, jeune blonde fraîche et séduisante se cherche dans une ville banale de l'Amérique des années 90. Elle cherche l'amour, elle cherche un sens à sa vie. Isadora, la clocharde, alcoolique... qui se cache derrière cette façade, y avait-il une femme avant l'épave ? Billie, est l'amie d'Alice. Elle ne va plus au cours de danse. Billie est noire. Billie est amoureuse d'un blanc. Barack Obama n'est pas encore président. Dwight aurait bien pu s'appeler Kurt. Artiste dans l'âme, il dessine. Il aime dessiner Alice...
Cette BD traînait dans ma pile à lire depuis des années. Je l’avais achetée dans une vente privée, pour trois sous, parce que j’aimais bien la couverture et le résumé. Je mets souvent du temps à me décider à lire les BD, allez savoir pourquoi… Bref, je me suis dit qu’il était temps, d’autant que j’ai décidé de lire une BD par semaine cette année histoire de faire baisser la pile.
Comment naissent les araignées est un récit choral. On y fait la connaissance d’Alice, une fille qui semble avoir tout pour elle et que tout énerve, les gens, la vie en général. Alice étouffe dans sa petite ville et en particulier sous l’égide de sa mère. Mais elle n’est pas si à plaindre qu’elle le croit. Et puis elle rencontre Dwight, un gars sympa, mais qui a ses problèmes.
On croise aussi le chemin de Billie, belle, intelligente, populaire. Bille étouffe aussi, entre les règles strictes de sa mère et la surveillance de son frère. Elle voit petit à petit sa liberté se restreindre, même si elle se comporte du mieux possible selon les critères de sa famille, et ses proches briser avec désinvolture le moindre de ses espoirs. J’ai beaucoup aimé Billie.
Et puis il y a Isadora, revêche, têtue. Elle vit dans la rue et noie dans l’alcool ses cauchemars aussi bien que ses regrets. J’ai aimé apprendre à connaître Isa, comprendre ce qui l’a menée là, ce qui a empoisonné son esprit et aigri son cœur. J’ai aimé la voir interagir avec Billie et surtout Alice. 
Elles ont beaucoup à s’apporter toutes les trois et elles le font à leur manière, parfois brute. Ces femmes en souffrance grandiront de leur rencontre, de la confrontation de leurs peines et angoisses et du soutien qu’elles parviendront, malgré tout, à s’apporter.
N’attendez cependant pas quelque chose de tout gentil et plein de bons sentiments. Aussi belle qu’on puisse trouver cette histoire, elle est très déprimante. Elle nous parle de l’adolescence et de ses difficultés, de filiation, de conflits familiaux si puissants qu’ils créent des névroses, de dépendance et des situations critiques que peut créer le manque de communication. Elle nous rappelle l’importance d’être soi, de se faire confiance avant tout. Elle nous parle des rencontres fortuites qui peuvent changer la vie. Mais elle nous dit aussi que certaines choses sont impossibles à changer. On ne peut pas tout guérir ni tout rattraper. 
Le récit se conclut avec Dwight, personnage aussi attachant qu’angoissé et cela m’a fait l’effet d’un immense gâchis. Pas parce que la conclusion m’a gênée, bien qu’elle soit triste. Non, ce qui m’a fait cet effet est la façon dont ce jeune homme s’est laissé empoisonné, un peu comme Isa, par son manque de confiance en lui et en l’autre au point qu’il ne s’est jamais permis ne serait-ce que d’apprécier ce qu’il avait. Dwight ne pouvait tout simplement pas croire à son bonheur et c’est cela le plus déprimant dans cette histoire.
C’est une bonne lecture, mais gardez-la pour un moment où vous avez le moral.

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