mercredi 21 mai 2025

Tyr, Runborn T1

Premier volume d'une trilogie d'Ariel Holzl, publié chez Gulf Stream.
En version audio chez Voolume, lue par Adelaïde Poulard.



Tyr et ses camarades vivent dans un village isolé. À Gimlé, la vie semble douce, faite de chasse, de pêche, d’agriculture et de solidarité, toutefois est-ce si idyllique à y regarder de plus près ? Les trois adolescents sont marqués par les runes, ce qui leur vaut les regards en biais de leurs voisins et d’être maintenus à l’écart des autres jeunes. Bien entendu, le jour où ils comprennent ce que représentent leurs marques et quelle est la destinée prévue pour eux par les dieux, tout s’emballe. Lancés sur les routes de ce monde post-Ragnarök, se précipitent-ils vers cette destinée ou s’en émancipent-ils ? Telle est la question.
Ce roman est plein de surprises, de tours et de détours, mais aussi de rebondissements que vous pouvez voir venir parfois, on ne s’y perd que davantage car les apparences sont d’autant plus trompeuses. Le récit est un savant mélange d’attente et d’urgence. J’ai choisi la version audio, qui par chance se prête bien à ce type de récit. Les longueurs m’auraient sans doute davantage dérangée à l’écrit, bien que je sois une lectrice patiente. Je pense que cela tient au fait que Tyr m’a souvent semblé passif, entraîné par les événements. Entendons-nous bien, cela est parfaitement logique dans sa situation. Il est comme pris dans un torrent, parfois il parvient à nager, mais souvent il ne peut que tenter de garder la tête hors de l’eau. Cependant, cela peut se révéler frustrant pour les lecteurs qui préfèrent des personnages proactifs.
Il s’agit d’un roman d’apprentissage typique, dans lequel le héros évolue beaucoup, gagne en maturité, mais fait aussi de nombreuses erreurs. Ariel Holzl n’est pas un auteur complaisant envers ses personnages, ce que j’apprécie beaucoup. Il a initié ici une belle fresque de fantasy, usant avec intelligence de la mythologie dont il s’inspire. Il a su la faire sienne tout en la respectant.
Si vous avez déjà lu les écrits d’Holzl, vous trouverez probablement celui-ci fort différent. Cet auteur soigne ses univers aussi bien que ses personnages et il ne craint pas d’explorer différents genres littéraires.
J’ai ressenti des hauts et des bas avec ce roman, pourtant il ne faisait aucun doute pour moi que j’écouterai la suite. La fin, en plein suspense, n’a évidemment fait que renforcer cette envie. On sent qu’il reste beaucoup à découvrir dans cette trilogie et le deuxième volume promet un autre point de vue, ce qui est alléchant.
Ce roman est classé en YA, néanmoins il s’agit d’une lecture relativement exigeante qui n’est pas adéquate pour les âmes trop sensibles. Toutefois, si vous aimez les romans initiatiques, la mythologie nordique et n’êtes pas rebutés par un peu de violence et de sang, je gage que vous l’apprécierez.

samedi 17 mai 2025

Emma et les mauvais éléments T1

 Une BD écrite par Ariel Holzl et illustrée par Alba Cardona. Publiée chez Jungle.


Cette jolie BD est un condensé de tropes fort communs en littérature jeunesse, mais ce n’est pas une mauvaise chose. Après tout, si ces tropes hérités des contes hantent toujours la littérature, c’est qu’ils ont encore des choses à nous dire. Ils sont les piliers des récits formateurs, ils accompagnent les personnages, aussi bien que les jeunes, lecteurs vers l’âge adulte.
Cette BD parle de découverte de soi, d’émancipation, de liens qui se créent dans l’adversité, d’héritage et de choix. Emma, personnage typique de ce genre de récits, n’en est pas moins attachante. Notre héroïne est une jeune fille vive et intelligente qui découvre un jour qu’elle a des capacités extraordinaires et va rejoindre une école tout aussi prodigieuse. Mais tout n‘est pas aussi rose que ce à quoi elle s’attendait. 
L’intrigue mêle magie et lutte écologique et j’ai un peu eu l’impression de voir Captain Planet (si vous êtes plus jeunes que moi la référence ne vous parle pas. Vous ne perdez rien) à Poudlard… Les motivations des « méchants » de l’histoire restent obscures pour le moment, mais je gage qu’il reste beaucoup à découvrir.
Les personnages ne sont pas très développés, néanmoins ils ont du potentiel. Emma et les mauvais éléments est le premier tome d’une série, il est fort court et a surtout valeur d’introduction. Il charmera sans nul doute les jeunes lecteurs, toutefois en tant qu’adulte je trouve qu’il manque un peu d’ambition. Le récit est simple, mais les illustrations jolies. Le style me rappelle un peu celui de Maliki. Je lirai probablement la suite, pour voir si le scénario cache plus de secrets qu’il n’y semble de prime abord, ce qui est une possibilité, connaissant l’auteur.