mardi 7 août 2012

Abraham Lincoln, chasseur de vampires

 Un roman de Seth Grahame-Smith, publié chez J'ai lu.

Présentation de l'éditeur :
"Entre 1607 et 1865, soit pendant plus de deux cent cinquante ans, les vampires ont prospéré dans l'ombre aux États-Unis. Peu d'humains croyaient en leur existence. Abraham Lincoln comptait parmi les valeureux chasseurs de vampires de son temps et tenait un journal de sa lutte sans relâche contre eux. L'existence présumée de ce journal a longtemps alimenté les spéculations des historiens et des biographes de Lincoln. La plupart n'y voient qu'une légende." 
Et pourtant...
Si vous n’aimez pas les romans historiques, passez votre chemin. Certes il s’agit d’une fiction, mais elle est très fidèle à la biographie de Lincoln et souvent ça ne va pas plus loin que ça. Il n’y a pas de vampires et de chasses échevelées à toutes les pages, mais plutôt une fiction très bien construite, au point qu’elle atteint un certain degré de vraisemblance qui vise en fait à établir un parallèle entre le vampirisme et l’esclavage. Il y a des confrontations entre Lincoln et des vampires, bien sûr, mais la trame de fond est avant tout politique.
Globalement c’est plutôt bien, ça donne l’impression de combler les blancs de l’histoire, mais aussi de réinterpréter certaines choses sous une nouvelle lumière. En cela, la fiction est très bien intégrée à la vraie histoire. Évidemment on sait que c’est faux, mais ça n’en serait pas moins plausible et c’est ce qui en fait le charme.
Cet ouvrage est vraiment écrit comme une biographie romancée, avec bien sûr la dose de parti pris que cela suppose et un peu trop de manichéisme à mon goût. Il s’agit d’une narration à deux voix. Il y a tout d’abord celle de Lincoln, à travers des extraits de son prétendu journal ou de sa correspondance (réelle et fictive), mais aussi des morceaux de ses discours. Ces encarts dans le texte nous content la majeure partie de l’histoire du point de vue de son personnage principal, avec ses doutes, ses émotions, ses crises de rage comme ses désespoirs...
Puis, comme un lien entre les extraits, prenant parfois des raccourcis quand c’est souhaitable, interprétant des faits ou glosant sur les pensées et émotions des personnages afin de combler les blancs de l’histoire, il y a les interventions de l’auteur lui-même. Celui-ci se met en abyme, prétendant avoir reçu les carnets de Lincoln de la part d’un mystérieux client de son épicerie.
Le récit est divisé en trois grandes parties narrant l’enfance, la vie d’adulte puis de président de Lincoln. Si la première partie ne manque ni d’intérêt ni de vivacité, l’histoire commence ensuite à devenir un peu plus pesante. Il y a notamment un moment, vers la moitié du roman, où toutes les entrées du journal de Lincoln se ressemblent. Les atermoiements du personnage se répètent sans fin et il ne se passe plus grand-chose. J’ai eu du mal à me sortir de la lassitude engendrée par ce passage, même quand le récit a repris de l’envergure.
Outres ces longueurs et le manichéisme de l’histoire, des petites choses m’ont gênée. J’aurais voulu en savoir plus sur certains personnages, comme Henry ou Booth. Il y a deux endroits où le récit m’a semblé brutalement coupé sans avoir dévoilé tout ce qui était censé l’être. Il y a également un détail de la fin qui m’a laissée plus que dubitative.
Néanmoins, force est de constater que j’ai apprécié cette lecture malgré ces quelques accrochages. C’est un roman très dense, compensant les moments de creux par d’autres beaucoup plus vifs qui le rendent prenant. Le style est plaisant, malgré les quelques coquilles qui jalonnent la traduction, et l’intrigue est bien menée, la fiction se mêlant sans trop de problèmes à l’histoire.
Fait assez rare pour les versions en livres de poche et donc à signaler : les illustrations du grand format sont aussi présentes dans le poche. Il s’agit de montages illustrant le récit. Ils ne sont pas vraiment nécessaires à l’histoire, mais lui apportent tout de même un petit plus.

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