vendredi 8 mars 2013

La Sélection

Un roman de Kiera Cass, publié chez Robert Laffont dans la collection R.





Elles sont trente-cinq jeunes filles : la "Sélection" s'annonce comme l'opportunité de leur vie. L'unique chance pour elles de troquer un destin misérable contre un monde de paillettes. L'unique occasion d'habiter dans un palais et de conquérir le cœur du prince Maxon, l'héritier du trône. Mais pour America Singer, cette sélection relève plutôt du cauchemar. Cela signifie renoncer à son amour interdit avec Aspen, un soldat de la caste inférieure. Quitter sa famille. Entrer dans une compétition sans merci. Vivre jour et nuit sous l’œil des caméras... Puis America rencontre le Prince. Et tous les plans qu'elle avait échafaudés s'en trouvent bouleversés...



Autant le dire tout de suite, si ça n’avait pas été pour le club de lecture de Vampires & Sorcières (lecture de février 2013, avec le premier volume des étoiles de Noss Head que j’avais déjà lu…), je n’aurais jamais ouvert ce livre et force est de constater que je ne m’en serais pas portée plus mal.


La Sélection est une dystopie pour ados tout ce qu’il y a de plus basique. Ce récit ne nous épargne donc aucun poncif du genre : héroïne pauvre qui ne demande rien à personne et va se retrouver malgré elle en ligne de mire, triangle amoureux sans intérêt… C’est une histoire d’une superficialité exemplaire, enrobée de plein de bons sentiments.
Dans une société où seule compte la position sociale, une jeune fille que rien, à part son prénom (America. Fallait oser quand même… Subtilité quand tu nous tiens…) ne prédisposait à faire changer les choses va néanmoins s’y essayer. Dans le monde d’America, les gens ne peuvent choisir leur métier que dans les limites de leur caste de naissance (cherchez une logique là-dedans… Moi je n’en trouve pas. Qu’est-ce que le gouvernement gagne là-dedans ? Parce que oui une dystopie est une société empêchant le peuple d’accéder au bonheur, blablabla, mais faut quand même une logique aux actes des dirigeants…). De 1 à 8, de l’élite aux mendiants, les castes régissent la destinée de leurs membres et on n’en change pas à moins de se marier avec quelqu’un appartenant à la caste au-dessus (visiblement ce sont les femmes qui adoptent la caste de leur époux, l’inverse est impossible) ou de parvenir à économiser pour s’acheter un titre. Autant le dire, ça n’est pas gagné…
Enfin bref… America est une 5, donc une artiste. Sous-payés, ne servant pas à grand-chose et déconsidérés, ils n’ont pas la vie facile, aussi quand le prince Maxon, unique héritier du royaume, se cherche une épouse, la mère d’America voit là une bonne occasion de sortir sa famille de la misérable condition dans laquelle elle est embourbée.
Eh oui, ça se passe comme ça chez les aristos du coin, on marie les filles avec des dirigeants étrangers, mais pour les garçons on fait rêver les cendrillons du peuple en organisant un joli concours télévisé… Concours de beauté et télé-réalité, tout ce que je déteste. Ça ne m’emballait pas de voir des nanas se crêper le chignon et encore moins avec le côté télé-réalité, mais tant qu’à devoir se le farcir autant que ce soit bien. Or, dans ce roman c’est un pétard mouillé. L’idée n’étant pas le moins du monde exploitée, on peut même se demander à quoi il sert de l’avoir eue. A part, bien sûr, si l’on considère qu’il fallait une excuse pour qu’America séjourne au palais et que nous puissions la voir enchaîner toutes les scènes les plus mignonnes possibles avec le charmant prince Maxon…
Et là j’ouvre une autre parenthèse prénoms… Maxon, sérieusement ? Je n’ai pu m’empêcher de songer à un klaxon à chaque fois que je lisais son nom… Et c’est encore pire avec son père : Clarkson… Sans compter les candidates aux noms délicats comme Sosie ou encore Bariel (peut-être la contraction de baril d’ariel ?) Ils n’ont pas de grandes inventions technologiques dans ce monde dystopique, mais ils ont mis toute leur créativité dans les prénoms… Fin de la parenthèse.
Que vous dire de plus ? L’histoire d’amour, si on peut l’appeler ainsi, est mignonne, c’est vrai, et je suis à peine sarcastique en écrivant cela, mais elle l’est surtout quand on a douze ans… A côté de ça l’univers dystopique est peu développé, même si on entrevoit des choses que l’auteur garde pour la suite. Les personnages secondaires sont fantomatiques et caricaturaux, America et Maxon étant eux-mêmes peu développés, j’ai surtout eu l’impression d’une succession de scènes mises bout à bout.
Le style est plutôt médiocre d’ailleurs, lapidaire, parfois même un peu décousu et haché. La narration à la première personne est typique de ce genre d’ouvrage, mais si America peut être un minimum sympathique, ce n’est pas non plus un personnage très attachant. Elle passe son temps à pleurnicher dans sa chambre et n’en sort que pour se rendre compte à quel point Maxon est gentil et bien éduqué comparé à son rustre d’ex petit ami qu’on n’arrive néanmoins pas à virer du décor…
J’avoue que je n’en peux plus de cette mode de la dystopie YA. Ouais, des personnages de leur âge qui se rebellent contre leur société parlent sûrement aux ados… Mais ça devient tellement répétitif à force…
Dans le cas présent, la dystopie n’est qu’une vague fond colorant une intrigue amoureuse, avec le sempiternel triangle amoureux réglementaire. Peut-être l’auteur garde-t-elle quelques révélations pour la suite. C’est qu’il faut bien faire un peu de remplissage quand on décide d’étirer sur trois livres ce qui serait facilement torché en un seul…
Bref, cette histoire, comme tant d’autres, manque sérieusement d’envergure. Et c’est dommage, parce que même sans en faire un très grand texte du genre, il y avait matière à créer quelque chose de beaucoup mieux.

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