lundi 4 novembre 2013

Le mystère du drake mécaniste, Bannon et Clare t1

Un roman de Lilith Saintcrow, publié chez Le livre de poche.


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Le mystère du drake mécaniste de Lilith Saintcrow


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Le résumé de quatrième de couverture étant totalement à côté de la plaque, je ne le recopierai pas ici.


A propos dudit résumé (ou comment je ne peux me taire face à de tels contresens) :
Si vous l’avez lu et qu’il vous a attiré, laissez-moi remettre les pendules à l’heure. On nous promet un « mentaliste renégat », en fait il n’a pas de licence, donc ne peut travailler, et est dans la dèche. Ce gars n’est ni un traître ni un rebelle. On nous parle d’une « sorcière travaillant pour un service médico-légal », euuuuuh… Je ne vois pas vraiment le rapport. Elle est enquêtrice au service de la reine. Elle peut faire parler les morts, mais c’est loin d’être mis en avant. Elle passe plutôt son temps à jouer les chiens renifleurs.
Enfin, le résumé nous promet un duo de personnages qui se détestent cordialement, ce qui est complètement faux. Ils ne se connaissent pas au début du roman et apprennent vite à s’apprécier même si leurs capacités les opposent par nature. En effet, Clare est la logique incarnée, or la magie est illogique par essence, du moins selon le système développé par Lilith Saintcrow (ce qui est absurde de mon point de vue car, si magie il y a, elle obéit sans nul doute à une forme de logique, mais passons).
On peut penser que cela n’a guère d’importance qu’ils se détestent ou s’apprécient, mais en fait cela joue sur la dynamique de l’histoire, c’est beaucoup moins drôle, impertinent ou tendu que ça aurait pu l’être, d’autant que ces deux personnages sont loin de former une véritable équipe et sont vite expédiés chacun de leur côté sur des pistes différentes, même si celles-ci sont liées.


Mon résumé (pour ceux qui tiennent absolument à savoir de quoi le livre parle vraiment et qui ont envie de se faciliter la vie, parce que c’est très difficile d’entrer dans cette histoire) :
Emma Bannon est une sorcière Prima, autrement dit le rang le plus élevé parmi les sorciers. En gros, cela signifie qu’elle peut accomplir plusieurs actes magiques en même temps. Elle est entièrement dévouée à Britannia, l’esprit régnant du pays qui s’incarne dans le corps d’un humain pour régner. En l’occurrence, il s’agit de la jeune reine Victrix.
Cette fois, notre chère Emma a reniflé un complot auquel sont mêlés des mentah (des humains, ayant une logique et des capacités de mémoire, de calcul, etc. proches de celles d’un ordinateur. Ils ne supportent pas l’illogisme et sont en outre très gênés par les émotions). Dans le cadre de son enquête, Emma va devoir protéger un mentah pour qu’il ne finisse pas comme certains de ses confrères qui ont été tués et mutilés, tout en le gardant à l’œil pour s’assurer qu’il ne fait pas partie des traîtres.
C’est en gros tout ce dont l’auteur nous bombarde dans le premier chapitre et c’est à peu près tout. Complot il y a, complot il faudra déjouer, tout en essayant de ne pas s’endormir en route.


Mon avis :
J’ai été très déçue par ce roman et pas seulement parce que le résumé me promettait tout autre chose. Certes les attentes ont du poids dans la façon dont on perçoit un récit, mais j’étais tout à fait prête à dépasser cela (je ne considère que de très loin les résumés, j’arrive très bien toute seule à me faire suffisamment de fausses idées), je ne demandais pas mieux que d’apprécier une bonne lecture steampunk. Je n’ai pourtant pas réussi à accrocher à cette histoire.
Cela tient surtout au fait que l’intrigue est un fouillis particulièrement inextricable et que l’auteur gère très mal le rythme de son récit. Je ne suis pas fan des lectures prémâchées dans lesquelles l’auteur se sent obligé de tout expliquer, mais là Lilith Saintcrow nous jette directement dans le grand bain sans s’inquiéter qu’on nage bien ou pas. L’univers est censé nous être acquis, ce qui peut avoir son charme ou vite devenir exaspérant. De mon point de vue, il faut veiller à garder un équilibre dans ce que le lecteur ignore, sinon il y a bien un moment où il va lâcher l’affaire. Or, elle ne s’en préoccupe pas. On rame, sans savoir de quel côté aller, au lieu de découvrir avec une curiosité avide ce que l’auteur nous a concocté.
Elle passe son temps à balancer des termes propres à son récit ou à vaguement évoquer des bribes d’événements antérieurs qu’elle n’éclaircira pas. Elle n’explique jamais rien et quand on finit par tout intégrer on ne peut que se dire que c’est un rien bancal et que, franchement, tout ça pour en arriver là c’est vraiment compliquer la lecture pour pas grand-chose. Je n’étais pas au mieux de ma forme quand j’ai lu ce livre, cela a sans doute joué sur ma perception des choses, mais je persiste à penser que c’est beaucoup de blabla, même les scènes de combat sont interminables, et beaucoup de gymnastique cérébrale (pour retenir tous ces termes liés à la magie) particulièrement inutiles. Malheureusement, l’histoire elle-même et l’univers créé par l’auteur ne rattrapent pas ces lourdeurs, loin de là.
Peut-être est-ce parce que j’ai lu beaucoup de steampunk dernièrement, de qualité qui plus est, que j’ai trouvé que dans ce bouquin les caractéristiques du genre ne sont pas bien exploitées. L’auteur centre plus son roman sur la magie et son système, même si elle l’a développé, est plutôt brouillon et pas franchement intéressant à mon goût. Ajoutons à cela que cet univers alternatif me laisse perplexe. On ne sait pas grand-chose à son sujet, si ce n’est qu’il y a de la magie dans ce monde, que des gens sont des ordinateurs vivants et que le pays est dirigé par un esprit séculaire qui passe de corps en corps. Mouais, bon… L’auteur ne s’est pas vraiment foulée. Elle a gardé des noms latins pour Londres et la Grande-Bretagne, mais s’est amusée à changer ceux de lieux connus, comme par exemple des quartiers de Londres, ou ceux de personnages historiques en ajoutant ou en modifiant une lettre. Je ne trouve aucune logique à cela et je suis comme Clare, j’ai besoin de logique. Ce ne sont pas des noms bidouillés qui font un univers solide et tant qu’à faire du bidouillage, autant foutre la paix au latin qui visiblement n'a rien à faire là.
Tant que nous sommes dans le registre linguistique… Un personnage étant allemand et un autre italien, il y a quelques passages dans ces deux langues et ils ne sont pas traduits. C’est agaçant, même si c’est ponctuel. J’aime bien savoir ce que les gens se disent, même si l’on comprend assez aisément grâce au contexte (d’autant qu’il s’agit le plus souvent de jurons…). De surcroît, si son allemand est aussi approximatif que son italien, elle aurait dû s’abstenir.
Le style est haché et assez lourd. On a souvent droit aux mêmes phrases pour se référer à des personnages ou les décrire, comme par exemple les traits enfantins d’Emma. La narration est omnisciente, ce qui accentue une forme de mise à distance vis-à-vis des protagonistes. Parfois l’auteur nous entraîne dans leurs pensées. Celles-ci sont écrites en italique et sont surtout composée de non-dits. Elles servent surtout à montrer combien ils se méfient les uns des autres.
Les personnages sont extrêmement froids. Ils ne sont pas dénués d’intérêt, mais tirent vers la caricature, surtout Emma, ce qui a eu le don de m’énerver. Elle est têtue, se croit plus forte qu’elle ne l’est, n’est pas fichue de réfléchir avant de se jeter dans un piège... Elle est soi-disant dévouée mais agit inconsidérément tout au long de l’histoire… Elle me donnait l’impression d’entendre une craie qui crisse sur un tableau noir. Ceci dit, c’est comme ça que le personnage est construit, il est vraisemblable, même s’il m’est antipathique.
Sa relation avec son bouclier (une sorte de garde du corps) est tortueuse et sans réel intérêt. Elle est dépendante de lui, mais ne peut totalement lui faire confiance. Elle passe son temps à essayer de montrer que c’est elle qui tient les rênes… Ses atermoiements et jeux de pouvoir sont certainement les aspects du récit qui m’ont le plus ennuyée. Amenée ainsi, la situation n’a ni profondeur ni intérêt, alors que l’idée même aurait pu avoir plus de potentiel. Au final Mikal, le bouclier, fait surtout office de bon gros toutou. On ne sait pas vraiment quelle est sa vraie nature, mais l’auteur nous donne suffisamment d’indices à ce sujet pour le deviner.
Les personnages masculins du roman sont surtout les faire-valoir d’Emma, d’autant qu’ils ont tous pour elle une certaine admiration… Clare est le plus sympa du lot, mais son statut de mentah, imperméable aux émotions fortes, allié à sa banalité, le rendent un peu fadasse. Il est malgré tout mon préféré.
Il y a à la fin du livre une hiérarchie des sorciers qui arrive un peu tardivement, lue avant on ne l’intègre pas, lue après on n’en a plus besoin. On trouve aussi un passage d’un livre de Clare sur la déduction qui, sorti de son contexte, n’a pas vraiment d’intérêt, si ce n’est d’équilibrer la donne, puisqu’on parle des mages, autant parler aussi des mentah…
L’action ne démarre vraiment qu’au dernier tiers du livre, c’est trop tard, même si ça avive l’intérêt du lecteur. Le potentiel des personnages est peu exploité, de même que l’univers, le style assez lourd empêche de réellement s’investir dans le récit. J’ai vraiment essayé et si quelques passages ont pu retenir mon attention, je me suis surtout beaucoup ennuyée avec ce roman et je ne lirai sûrement pas la suite.


Ce livre a été lu dans le cadre du club de lecture de Vampires et Sorcières. C'était l'ouvrage choisi pour le mois de septembre 2013.

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