lundi 12 septembre 2016

Cymbeline de William Shakespeare

C’est ma marraine, férue de théâtre, qui m’a fait découvrir cette pièce il y a de ça une bonne dizaine d’années, lui conférant ainsi un statut particulier dans mes lectures shakespeariennes. La relire cet été était pour moi un acte symbolique et chargé de nostalgie, une sorte d’hommage dédié à une personne qui me manque beaucoup au quotidien.
L’exemplaire que je possède a été publié par les éditions théâtrales et on y trouve d’abondantes notes sur le texte lui-même, mais également une notice bibliographique conséquente et une analyse de Margaret Jones-Davies, maître de conférences à la Sorbonne. Documents que je n’ai pas relus cette fois-ci mais qui sont très intéressants. La traduction, que l’on doit à Jean-Michel Déprats, est plaisante, fluide et moderne, ce qui est particulièrement bienvenu pour cette pièce-ci.
Cymbeline n’est pas l’une des pièces les plus connues – ni les plus appréciées – du théâtre shakespearien. Certainement plus agréable à voir qu’à lire, elle est en fait un peu trop… « tout ». Cela n’est pas aisé à mettre en mots et le théâtre ne pèche pas quand il se fait le genre de l’excès. Cependant, cette pièce-ci manque de la subtilité à laquelle le dramaturge nous a habitués. Elle est trop lisse, héritière toute rapiécée d’autres textes plus aboutis.
On y trouve un peu tous les thèmes qui font le théâtre shakespearien, entre autres choses : La femme calomniée et qui se travestit en homme, la jalousie exacerbée par un mauvais sujet, une fausse mort et un roi injuste, aveugle à la vilénie de ceux qu’il croit ses plus proches alliés, des personnes disparues qui miraculeusement refont surface et une femme cruelle, prête à tout pour servir ses desseins…
Tandis que je lisais, j’entendais d’autres voix que celles des personnages… La colère d’Hero, les plaintes de Juliette, Le murmure fielleux de Iago dans l’oreille d’Othello… Tous se bousculaient pour me dire : ceci est à moi ! Cela m’a gênée, plus que le côté gentillet de la pièce, que pourtant je craignais plus.
Elle a pour vocation de flatter les puissants et de réjouir leurs cœurs, rien de plus. Cela est un peu trop flagrant à mon goût, même si le texte reste agréable. À défaut de tragédie, Cymbeline fait office de conte, bien qu’exempte d’éléments merveilleux. Probablement un peu décevante, pour qui connaît déjà beaucoup d’œuvres plus travaillées, c’est néanmoins une pièce à lire ou à voir, ne serait-ce que pour le personnage d’Imogène, forte et tenace dans l’adversité.


 

Ophélie - Ernest Hebert

 

En guise de conclusion, je vous offre la chanson éponyme de Loreena McKennit.



 

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1 commentaire:

  1. […] Les années précédentes j’ai lu : – La Nuit des rois – Le Marchand de Venise – Cymbeline […]

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