Présentation de l'éditeur :
Ici le destin se décide œil pour œil, dent pour dent.
Tu ne te copieras point en dehors des Terres Parallèles.
Tu ne convoiteras pas le fichier d'autrui.
Tu ne formateras pas hormis pour sauver le système.
…
< Saïd in Cyberland
Asulon
Simulation Love />
Cyberland est composé de trois récits suivant un axe chronologique.
Tous tournent autour du
Chronocryte, une intelligence artificielle créée par l’homme pour le sauver de
lui-même. Cette IA lui est à ce point supérieure qu’elle apparaît presque divine.
De fait, elle est soit crainte, soit vénérée.
Le Chronocryte a fait évoluer
internet en infosphère, véritable monde parallèle à la réalité, aussi appelé
Cyberland. Pour profiter de cet espace en quatre dimensions, certains humains
se sont fait poser des implants cérébraux. On les appelle des Humods. Mais dans
ce monde post-singularité, un parti extrémiste, le Diktrans, qui exploite la
crainte des machines et de cette IA toute-puissante, prend le pouvoir.
Sous prétexte de recenser les
Humods, on les oblige à se déclarer auprès des autorités. Ils sont alors
déportés vers une prison créée pour eux : Asulon.
Les Humods clandestins sont
traqués et des brouilleurs empêchent la connexion à l’infosphère. Le Diktrans
entre en guerre contre le Chronocryte et fait exécuter son créateur.
Saïd in Cyberland est le plus long des trois récits. Il pose les
bases de cet univers cyberpunk pour nous permettre d’y entrer avec quelques
repères.
Le Diktrans a envoyé des
militaires dans Cyberland qui ne sont jamais revenus. Pour tenter une nouvelle
approche, il a choisi des adolescents : Louise, une Humod libérée d’Asulon
pour l’occasion qui leur servira de guide ; Saïd et Lu-Pan, deux jeunes
prodiges, l’un en mathématiques, l‘autre en informatique ; Alyson, toute
entière dévouée au Diktrans et iNNoKeNTi un étrange clone de dix ans.
Lâchés dans Cyberland, ces jeunes
gens doivent découvrir ce que sont devenus les militaires, ramener des
informations et, s’ils y parviennent, trouver de quoi faire tomber le
Chronocryte. Mais se laisseront-ils tenter par les merveilles de
Cyberland ? Et puis, quelles sont les réelles intentions de l’IA ?
L’idée de départ est très
intéressante, mais je dois reconnaître que j’ai peiné lors de cette lecture.
Les personnages, même dans leurs failles et blessures, n’ont que très peu
suscité ma sympathie. Particulièrement Saïd qui malgré la profondeur de son
personnage et sa grandeur d’âme reste un merdeux qui ne sait parler qu’en
jurant la plupart du temps, ce qui le rend pénible. Intelligent mais
irréfléchi, sensible mais geignard… J'ai du mal avec ce genre de personnage. À
la rigueur, j’ai préféré l’émissaire du Chronocryte, qui est le narrateur de
cette histoire.
À partir du moment où les
tâtonnements des adolescents dans le monde virtuel sont remplacés par un jeu,
une simulation créée par l’IA pour les « éduquer » le récit commence
à piétiner. C’est dommage car le propos est vraiment intéressant.
Ierofan.th, envoyé par le
Chronocryte pour guider les adolescents, apparaît presque plus humain que
certains humains. Il met les jeunes face à leurs blessures pour leur permettre,
ou non, de s’accepter et de se réaliser. Le choix leur appartient toujours.
Tout l’intérêt de ce texte réside dans la finesse de son analyse des rouages de
l’âme humaine et dans son appel à la tolérance.
Asulon suit le même chemin dans ses bons comme ses mauvais côtés.
Dans cette novella qui a connu une précédente publication chez les regrettées
éditions Griffe d’encre, on voit les conséquences des événements de Saïd in Cyberland. On retrouve un
personnage du précédent récit enfermé à Asulon où une graine révolutionnaire va
ou non s’enraciner.
Le récit est dense, la réflexion
profonde. La nature divine du Chronocryte y est longuement évoquée. Les
implications philosophiques, éthiques et métaphysiques de cette histoire feront
turbiner votre cerveau à toute allure. Mais il faut aussi les digérer.
Peut-être que je n’étais pas
d’humeur pour apprécier à leur juste valeur ces deux textes. Je leur reconnais
toutefois de nombreuses qualités, mais la fluidité n’en fait partie. Il faut le
savoir avant de commencer, Cyberland
est une lecture très exigeante, qui demande une totale disponibilité d’esprit
et une profonde implication intellectuelle. On a besoin de ce genre d’ouvrages,
mais pour moi il a un peu manqué d’âme.
L’ouvrage se clôt sur Simulation Love une nouvelle que j’ai
déjà lue dans une autre publication de Griffe d’encre : Chasseurs de fantasmes.
Cette anthologie avait pour intention
de donner à l’érotisme une place centrale, sans toutefois que la trame
narrative des nouvelles soit un prétexte ou un décor pour justifier le sexe.
Je me souvenais de Simulation Love, cependant cette
nouvelle ne m’avait pas marquée en comparaison des autres. Sans connaissance
préalable de l’univers créé par Li-Cam, elle valait surtout par sa chute. Je la
trouvais anecdotique à l’époque et elle ne m‘a pas semblé plus intéressante
aujourd’hui dans un contexte plus étayé.
Si un jour vous tombez sur un
exemplaire de Chasseurs de fantasmes,
n’hésitez toutefois pas à l’acheter, c’est une excellente anthologie.
En conclusion, Cyberland est un ouvrage intéressant car
il pousse à la réflexion, néanmoins ce n’est pas le genre de récit qui vous
permet de simplement apprécier l’histoire si vous n’êtes pas prêts à donner
plus.
27/04/18, Ajout :
Suite à la publication de cette chronique sur Vampires & Sorcières j’ai eu une petite discussion avec l’autrice concernant le Chronocryte. Cela m’a amenée à voir la nouvelle sous un autre jour. Je pense avoir été influencée par ma première lecture hors contexte de celle-ci, ce qui m’a empêchée de percevoir correctement ce qu’elle apporte à l’ensemble. Je vous laisse en juger. Quant à moi, je ne la trouve plus du tout anecdotique.
27/04/18, Ajout :
Suite à la publication de cette chronique sur Vampires & Sorcières j’ai eu une petite discussion avec l’autrice concernant le Chronocryte. Cela m’a amenée à voir la nouvelle sous un autre jour. Je pense avoir été influencée par ma première lecture hors contexte de celle-ci, ce qui m’a empêchée de percevoir correctement ce qu’elle apporte à l’ensemble. Je vous laisse en juger. Quant à moi, je ne la trouve plus du tout anecdotique.
Ce livre compte pour la lettre L du Challenge ABC imaginaire 2018.
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