lundi 19 août 2019

Le Dieu dans l'ombre

Un roman de Megan Linholm publié chez ActuSF.
Présentation de l'éditeur :
Evelyn a vingt-cinq ans, un époux, une belle famille et un enfant de cinq ans.
Quand elle était jeune fille, elle avait la compagnie des forêts de l’Alaska, de la poésie de la nature et de Pan, un faune mystique.
Un jour, il disparut.
Elle n’aurait jamais cru que la créature irréelle surgirait à nouveau dans sa vie et agiterait en elle ces émotions fantasmatiques et sensuelles.
A mi-chemin entre la civilisation et la nature, sous le couvert des arbres glacés, Evelyn devra faire face à des choix terribles. Trouvera-t-elle son chemin dans l’ombre ?
Légende de la fantasy, Megan Lindholm, alias Robin Hobb (L'Assassin Royal, Le Soldat chamane), tisse ici un chemin de vie d'une humanité sensible, où le fantasme de la nature se mêle aux désirs sombres et inquiétants qui grouillent au fond de nous.

Quand j’étais petite, j’avais une affection particulière pour L’Appel de la forêt de Jack London. Ce roman-ci me le rappelle sauf qu’il ne parle pas d’un animal domestique retournant à a nature sauvage, mais d’une femme, tiraillée entre civilisation et sauvagerie. 
Evelyn a grandi en Alaska, livrée à elle-même. Ses parents avaient bien trop à faire avec leurs autres enfants pour se préoccuper d’une petite fille qui ne cause pas de problème, qui ne demande pas de nouvelle robe, qui se rend utile en cueillant et chassant. N’ayant aucune affinité avec ses sœurs, rejetée par ses camarades de classe, Evelyn avait pour seuls amis son chien et un faune. Ami imaginaire ou non ? Il l’a quittée quand elle a grandi, bien malgré elle. 
Au début du roman, Evelyn est une femme adulte, mariée, mère d’un petit garçon, et elle quitte sa chère Alaska pour passer un mois auprès de sa belle-famille. Mais tout ne va pas se passer comme prévu. On sent petit à petit le piège se refermer sur elle. On suffoque avec elle. Mais, encore une fois, est-ce son imagination qui lui joue des tours ? Est-ce son insécurité et son mal-être qui parlent ? 
Dans la première partie, le récit est tressé de souvenirs de son enfance libre et sauvage et du présent qui la voit de plus en plus confinée, inutile alors que petit à petit on grignote ses libertés et son faisceau de possibilités. 
J’ai eu beaucoup de compassion pour cette femme, j’aurais aimé qu’elle se défende plus. On sent sa belle-famille tellement injuste envers elle. Alors bien sûr c’est subjectif, Evelyn étant la narratrice, mais je me suis sentie d’emblée de son côté. 
Et quand arrive l’accident qui va tout changer, comment ne pas être révolté par la façon dont on la traite ? Ces gens sont tout simplement horribles. Je n’ai pas toujours compris les choix d’Evelyn, c’est le moins qu’on puisse dire, mais j’ai vraiment souffert avec elle durant ces chapitres. 
La deuxième partie nous emmène sur un tout autre chemin, qui est pour elle celui de la reconquête de son indépendance, même si cela n’est pas évident de prime abord, car une fois encore elle se laisse conduire. Et cette portion de l’histoire semble s’étirer, sans doute parce que je l’ai trouvée moins accessible, trop loin de ma propre sensibilité. Cependant, elle ne manque pas non plus d’intérêt. 
Le Dieu dans l’ombre est le roman d’une quête initiatique, il demande de la patience et de l’empathie. 
Pour cette réédition, la traduction aurait mérité une révision, il y a plusieurs coquilles, mais c’est un très bon roman. J’aime beaucoup Robin Hobb, néanmoins j’ai toujours eu une petite préférence pour les récits contemporains qu’elle a publiés sous le nom de Megan Lindholm, ils me parlent beaucoup plus, ils apportent une magie sombre dans une réalité dérangeante. 
C'est le cas du Dieu dans l’ombre, ce roman est entre le Fantastique à l'ancienne et le Réalisme magique, donc c'était forcément pour moi. Mais je vous préviens, comme souvent dans le genre le roman est lent, plus introspectif qu'actif et vous aurez sans doute envie de secouer les personnages. C'est fait pour. 
Ce roman se situe à la frontière du sauvage et du civilisé, il parle de la nature humaine et me semble au final assez païen.

2 commentaires:

  1. Pff, je crois bien avoir lu ce roman mais adolescente et être passée à côté, il faudrait vraiment que je le rattrape !

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