lundi 13 juillet 2020

Oh Happy Day

Un roman d'Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat, publié chez Fleuve éditions et en audio chez Lizzie.

Vous pouvez consulter mon avis sur le premier tome.

Présentation de l'éditeur :
Après quatre ans de silence et ce qu'il appelle son "grand malheur", Pierre-Marie Sotto décide d'écrire à Adeline Parmelan au sujet d'un certain carnet qu'il aurait laissé chez elle. Est-ce un prétexte pour reprendre contact avec celle qu'il n'a jamais oubliée depuis leur rupture ? En ce cas, le moment paraît très mal choisi. Occupée par son prochain déménagement vers le Canada avec l'homme qui partage désormais sa vie, Adeline a bien d'autres projets en tête que de renouer avec lui.
Seulement, c'est sans compter sur le lien indéfectible qui les attache l'un à l'autre. De surprises en confidences, leur correspondance va les entraîner dans un tourbillon inattendu d'émotions.

Attention :
Cet article contient des spoilers sur le premier tome.
Et contrairement à mes habitudes je pense avoir un peu trop dévoilé les rouages de ce second tome car son sujet me tient à cœur. Alors si vous voulez préserver toutes les surprises, ne lisez pas ma chronique. Je m’en voudrais de vous gâcher la lecture.

Oh Happy Day est la suite de Et je danse aussi, un grand coup de cœur dont je vous ai parlé voilà quelques semaines. Être encore plus séduite par ce second tome me paraissait impossible, pourtant c’est le cas. Oh Happy Day est un coup de cœur absolu et un grand roman. Attention, il faut avoir lu le premier pour l’apprécier à sa juste valeur.
La fin du tome précédent nous laissait sur une interrogation, ce qui n’était pas un problème à mon avis, cela convenait parfaitement à la forme de ce récit épistolaire. Toutefois, j’ai été ravie à l’idée de retrouver les personnages. Je me suis beaucoup attachée à eux, les auteurs ont su les rendre vivants à mes yeux. Je parle bien sûr des deux protagonistes de cette histoire, mais aussi de toute la galerie de personnages qui les accompagnent.
On retrouve tout ce petit monde quatre ans plus tard, alors que Pierre-Marie tente de renouer avec Adeline. On découvre au fur et à mesure où les a menés leur relation et ce qu’ils ont fait de ces quatre années. Les auteurs nous mènent par le bout du nez, avec finesse et virtuosité. J’aime cette façon de dévoiler l’intrigue et toutes ses ramifications par petits bouts. Cela entretient le mystère et laisse au lecteur le loisir d‘émettre des hypothèses. J’avais déjà apprécié cela dans le précédent tome, néanmoins c’est encore plus vrai pour celui-ci. Le suspense m’a happée toute entière, si bien que j’ai fini le roman en deux jours. Il faut dire que j’avais opté pour la version audio, ce qui a rendu les choses plus faciles, mais c’est quand même huit heures d’écoute (si l’on ne compte pas l’entretien avec les auteurs en fin d’ouvrage) !
Cette fois, le roman n’est plus strictement épistolaire et si j’avais apprécié de n’avoir que les courriers dans le premier volume, je dois dire que les quelques passages narratifs et l’ajout des brouillons non-envoyés à la correspondance enrichissent le récit. C’est très appréciable. Pour une fois le lecteur en sait un peu plus que tous les personnages, toutefois dans ce contexte cela ne fait que l’angoisser davantage.
Ce roman aborde des sujets graves, mais jamais de façon désespérante. On parle encore fois de deuil et de trahisons, mais surtout d’un type bien particulier de prédateur : le pervers narcissique. Les auteurs le mettent en scène avec brio. Et puis comme le dit si bien Jean-Claude Mourlevat : « un roman qui n’est jamais drôle n’est pas un bon roman. » Alors, dans celui-ci vous rirez autant que vous tremblerez pour les personnages.
On pourrait croire que Pierre-Marie et Adeline n’ont pas changé en quatre ans et c’est un peu le cas. Comme nous tous, ils évoluent sur la base de ce qu’ils sont déjà, mais on sent que les événements qu’ils vont nous conter les ont beaucoup atteints. Pierre-Marie nous relate son grand malheur, un récit qui m’a beaucoup touchée car je l’ai anticipé, d’une manière fort étrange d’ailleurs, et qui fait écho à une situation dont j’ai été témoin plus jeune. Sa façon de le raconter ne m’en a semblé que plus réaliste.
Adeline, que j’appréciais déjà beaucoup, m’a encore davantage touchée dans ce tome. C’est une femme étonnante et sa façon d’envisager la guérison de manière alternative me plaît beaucoup. Cependant, si je suis un peu plus identifiée à elle cette fois, c’est parce que son histoire m’a parlé. J’ai apprécié la façon dont elle oscille, sans cesse entre l’élan qui pourrait la sauver et tout ce qui la retient. Cela aussi m’a semblé très juste. Adeline est intelligente, volontaire et généreuse. Mais c’est aussi la candidate parfaite pour un genre de prédateurs très sournois. Des tas de jeunes femmes le sont et il faut que ça se sache. Connaître les rouages de ce type de relations peut les sauver.
Sur une note plus légère, j’ai été ravie de retrouver certains personnages secondaire, dont l’excellent duo Max et Josy. J’adore ces deux-là. Certes ils apportent une part de cocasserie non négligeable à l’histoire, mais ils sont aussi très attendrissants, à la fois dans leur manière de ne pas savoir s’aimer sans se disputer, mais aussi dans la franche et fidèle amitié qu’ils vouent à Pierre-Marie. Bien sûr, c’est Max le grand copain de ce dernier, toujours prêt à le suivre dans ses délires, mais Josy, avec son caractère intransigeant et son pragmatisme, incarne la voix de la raison dans le trio.
J’ai passé un excellent moment avec ce roman. J’ai retrouvé tout ce qui m’avait plu et passionnée dans le premier tome, et plus encore.
Le livre audio est d’une qualité exemplaire. Les comédiens, les mêmes que pour Et je danse aussi, font un travail remarquable et j’ai eu autant de plaisir à réentendre leurs voix qu’à retrouver les personnages. Ils contribuent grandement à rendre cette lecture vivante et je ne peux que vous conseiller d’écouter ces livres.
Autre avantage de la version audio : un entretien complète la lecture. Les auteurs y abordent la genèse de leur projet et tout le processus d’écriture. C’était très intéressant.

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