mercredi 6 avril 2022

Meute

Un roman de Karine Renneberg, publié chez ActuSF.

Présentation de l'éditeur :

Roman atypique lycantrope, Meute suit les traces de Nathanaël, Val et Calame. Le premier est un loup-garou né de la violence et la solitude qui se débat au sein d'une meute qui ne lui convient pas. Le second est un humain à qui l'on a volé la voix. Quand le troisième entre dans leur vie bien malgré eux, des tensions s'installent et menacent de tout déchirer. Comment trouver son équilibre, dans un monde où les secondes chances n'existent pas ?
Ce récit fantastique est avant tout celui d'une tranche de vie, de ce moment où tout bascule entre le noir et la couleur.

Karine Rennberg est une autrice nantaise. Elle explore l'imaginaire avec une prédilection pour les mondes durs teintés de magie, et les personnages remplis de failles et de couleurs.

Nath a grandi dans les Docks, domaine des gangs qui se disputent les marchés les plus lucratifs : drogues, équipements technologiques ou encore… nourriture. En effet, une éruption solaire a achevé de laminer une société déjà en chute libre. Les ressources se font rares et pour survivre il vaut mieux être fort et sans scrupule.
Nath sait se défendre. Mieux encore, il sait se battre et il aime ça, ce qui fait de lui un mercenaire recherché et un combattant apprécié dans les arènes. Mais il a aussi un secret qu’il doit à toute force garder : il est un loup-garou. Son coéquipier et ami Val, seul humain dans la confidence, est là pour assurer ses arrières, néanmoins il ne peut pas l’arracher à ses obligations en ce qui concerne la meute car, même s’il n’en fait pas partie, Nath a conclu un accord avec l’Alpha. Et cela va le mettre dans une situation aussi inconfortable que surprenante. Cela va, à son corps défendant, le changer.
Ce roman m’a attirée par son originalité. Ces dernières années, la SFFF n’a pas beaucoup exploré la lycanthropie autrement que dans une optique sentimentale. Je ne critique pas, même si je préfère le fantastique, je constate. Cependant il faut bien reconnaître que c’est lassant et aussi réducteur que l’ont été en leur temps les récits d’horreur invariablement associés aux loups-garous. Il fallait que ça saigne, bonnes gens ! Je dois dire que je m’attendais un peu à l’un de ces récits sanglants, mais si Meute est brutal, juste ce qu’il faut, ce n’est pas un roman horrifique. Il suit son propre chemin et celui-ci se trouve entre anticipation, fantastique et roman de mœurs. Il explore l’humanité en ses personnages, la complexité de leur personnalité, la façon dont ils se sont construits et dont ils interagissent, tout cela face à la violence de leur environnement. Ils ne cherchent pas à s’en cacher ou s’en extraire, ils s’adaptent. Ils acceptent la violence, qu’elle viennent d’eux ou de l’extérieur, mais ne se laissent pas dominer par elle. C’est là toute leur force et toute l’intelligence du récit.
Ce roman raconte les liens, choisis ou non, qui se tissent et qui peuvent emprisonner aussi bien que protéger. Il raconte la dévotion, l’amitié, les multiples formes que peut prendre une famille. Mais il raconte aussi les traumatismes, la cruauté et les luttes de pouvoir. Si ce monde est très sombre, il reste néanmoins de l’espoir et on peut le trouver aussi bien en la personne d’un combattant implacable que dans un adolescent mutique.
J’ai aimé Val et sa force tranquille, l’énergie bouillonnante de Nath, les couleurs et la vulnérabilité de Calame, puis les gens qui gravitent autour d’eux. On s’attache à ces personnages, on tremble pour eux, et c’est formidable de les voir évoluer tant ils paraissent réels. Il est d’autant plus facile de se mettre à leur place que la narration est faite à la deuxième personne du singulier, choix plus qu’inhabituel. Je ne vous cache pas que cela m’a gênée au départ, mais je comprends tout l’intérêt de ce choix. Un roman particulier méritait une narration particulière. Quand on s’y fait, cela devient très immersif.
J’ai été très agréablement surprise par tout ce que Meute a à offrir. Une fois la première page tournée, il m’a été très difficile de le lâcher et, quand la fin est arrivée, j’ai mesuré le vide laissé par ces personnages que je n’avais pas envie de quitter. Cela a été pour moi un grand moment de lecture et une excellente découverte.

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