samedi 31 décembre 2011

Derrière le masque

Ou le pouvoir d'une femme.

Un roman écrit par Louisa May Alcott, publié aux éditions Interférences. (Étant d'une futilité grandissime, je ne peux m'empêcher de vous dire que leur papier est génial.)
Il existe également en version poche aux éditions Joëlle Losfeld.

Quatrième de couverture :
Qui se cache sous le masque de Louisa May Alcott, l'auteur des Quatre filles du Dr March ?
Mondialement connue pour ses romans destinés à la jeunesse, Louisa May Alcott écrivait aussi sous des pseudonymes de troublantes histoires de secrets de famille, de vengeance et de pouvoir, dans lesquelles des femmes indépendantes se libèrent des préjugés pour prendre leur revanche sur un monde masculin qui cherche à les enfermer dans un carcan de conventions.
Doubles vies, doubles visages, faux-semblants et illusions : ici, personne n'est ce qu'il paraît être. De même que l'auteur pénètre par un subterfuge dans l'Amérique littéraire du XIXe siècle, l'héroïne de Derrière le masque s'introduit dans l'aristocratie anglaise grâce à une mystification.
Si l'énigme à la fois littéraire et psychologique que représente cet écrivain est déjà connue du public anglo-saxon depuis une trentaine d'années, c'est seulement aujourd'hui que le lecteur français va pouvoir enfin découvrir l'envers ténébreux de son œuvre.
Ce roman ambigu contient sans doute l'une des clés du mystère Louisa May Alcott.

Il s'agit donc, comme la quatrième de couverture nous le promet, d'un roman sur les apparences, la manipulation et la réussite sociale, mais qui, s'il est habilement mené, n'est pas non plus exceptionnel et en tout cas n'apporte rien de bien nouveau au genre.
Jean Muir, gouvernante de son état et nouvellement admise dans le foyer d'une famille de la noblesse, semble avoir un certain goût du spectacle. De fait, on voit dès le départ où la petite ambitieuse souhaite en venir. Mais y réussira-t-elle ?
Derrière le masque fait partie d'une série de romans que Louisa May Alcott publia sous pseudonyme. Elle affectionnait les ouvrages de littérature populaire, romans feuilletons, univers noirs et gothiques, comme elle en faisait d'ailleurs écrire à sa Jo. De fait, c'est ce qu'elle a mis en scène dans ses propres romans qui s'apparentent à de la littérature de sensation pour leur époque.
Derrière le masque n'est pas le plus fantasmagorique ou extravagant, ni celui qui fait montre du plus grand talent. Il est certes très bien écrit, use de quelques ressorts typiques du roman feuilleton, bien qu'il n'en soit pas un, mais il reste sans surprise majeure.
C'est pourtant un roman qui ne manque pas de finesse et dont le cynisme est fort plaisant. Il dépeint surtout la nature humaine, grossissant légèrement le trait, mais pas tant que dans d'autres ouvrages de son auteur, en cela il reste plutôt crédible et agréable. Il a aussi un petit quelque chose de désuet qui ne manque pas de charme et séduira sans doute les amateurs de romans noirs poussiéreux (le terme n'étant pas péjoratif, d'ailleurs je m'inclus dans le lot).
Il se lit très vite, bien que l'histoire n'en paraisse pas moins un peu longuette pour le lecteur qui, sachant à quoi s'attendre, peine un peu face à la naïveté des Coventry. S'il est vrai qu'ils méritent assez qu'on essaie de les duper et que l'héroïne s'y prend plutôt bien, le fait de savoir dès le départ qu'elle joue un rôle enlève un peu de subtilité à l'histoire, même si la fin reste peu assurée jusqu'à l'avant-dernier chapitre. Et, surtout, c'est l'exagération permanente de Jean Muir dans son jeu qui devient un peu agaçante à mesure que l'histoire avance.
Sur le pouvoir de séduction et les artifices dont usent les femmes pour séduire même les plus récalcitrants, j'ai préféré la pièce de Goldoni : La Locandiera. La fin y est certes plus mitigée, avec une morale un brin trop masculine, même si hommes et femmes en prennent chacun pour leur grade, mais l'auteur y a déployé plus de subtilité et d'élégance dans sa description des ruses féminines.
Derrière le masque n'en est pas moins un bon livre, fort distrayant, et il est toujours plaisant de découvrir d'autres écrits de Louisa May Alcott que ses si célèbres Quatre Filles du Docteur March.

4 commentaires:

  1. Tu es presque au bout du défi là, non ? Je ressors mes pompons pour t'encourager ;)

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  2. Eh oui, j'en suis presque venue à bout. Mais comme j'avance tel un escargot dépressif dans Moll Flanders qui était mon dernier classique choisi, j'emploie plutôt ma matinée à lire un truc indéfini, trouvé en ebook, rapide à lire mais loin d'être transcendant. Je savais déjà que j'étais maso, mais là franchement je bats les records...

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  3. Tu peux. Tu n'as pas idée à quel point il était chiant ce dernier livre... A tel point que je n'arrive pas à écrire ce fichu billet. J'aurais mieux fait de continuer sur ma lancée avec Defoe.

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