lundi 21 mai 2012

Le livre du voyage

De Bernard Werber.
Édition Le livre de poche.

Présentation de l'éditeur :
Imaginez un livre qui serait comme un ami de papier. Imaginez un livre qui vous aide à explorer votre propre esprit. Imaginez un livre qui vous entraîne vers le plus beau, le plus simple et le plus étonnant des voyages. Un voyage dans votre vie. Un voyage dans vos rêves. Un voyage hors du temps. Ce livre vous le tenez entre vos mains.


Ouais, bon, imaginez...
Imaginez surtout qu'une amie vous offre ce bouquin, qu'il ne vous inspire pas, mais qu'elle insiste lourdement, alors, pour lui faire plaisir, vous décidez de vous y mettre... Imaginez au final que vous n'avez jamais aussi mal employé une heure de votre temps qu'en lisant ce livre qui, dieu merci, avait au moins le mérite d'être court.
Et même si je n'étais pas très enthousiaste, je vous promets que j'ai ouvert ce livre sans a priori. D'ailleurs, ça ne commençait pas si mal... Le livre me parlait... Un peu prétentieux le bouquin, parce qu'il croyait être le premier à le faire, mais bon, pourquoi pas... Il me racontait des tas de trucs que tout lecteur passionné sait déjà, me léchait un peu les bottes au passage... Et il m'a proposé d'aller faire une petite balade avec lui... Naïve je suis, j'ai suivi le livre et je me suis embarquée pour le voyage le plus superficiel, le plus ennuyeux et vide de sens que j'ai pu vivre.
Ce livre, qui se veut initiatique et bien pensant (il prendra d'ailleurs très souvent le parti de penser à votre place, des fois que ça puisse vous fatiguer de le faire seul) est en fait basé sur le principe de la visualisation créative. Principe new age qui vise à faciliter la relaxation ou la connaissance de soi en utilisant une trame de "voyage" ou de "création personnelle" prédéfinie et à étudier par la suite la façon dont notre esprit en a géré la symbolique, elle peut être un outil aussi intéressant que vain si elle est mal utilisée ou mal construite au départ. Créer une trame de visualisation ne s'improvise pas.
Disons-le tout de suite, les différents voyages proposés par ce livre ne m'ont vraiment pas convaincue. Outre le fait qu'ils sont superficiels et ne visent qu'à faire penser au lecteur qu'il est exceptionnel, plutôt que, par exemple, à lui faire chercher de nouvelles facettes de sa personnalité ou mieux comprendre certains de ses comportements, ils sont également bien trop subjectifs. Ils vous imposent ce que vous devez penser ou ressentir et ça c'est totalement contraire au principe de la visualisation qui est et doit rester personnelle, uniquement soumise à la subjectivité de celui qui la pratique et non de celui qui l'a créée.
Je pense que si une quelconque divinité régissant cet univers (qui comme chacun sait est l'estomac d'un dragon ou, peut-être, à la rigueur, un de ses intestins) a trouvé judicieux de nous doter de la capacité de penser, ce n'est pas pour que nous laissions à quelqu'un d'autre, du genre un auteur qui avait un creux dans son emploi du temps, le loisir de manier à notre place les rênes de notre raison et de notre sensibilité, même si c'est pour insuffler dans notre esprit des pensées dégoulinantes de bons sentiments.
Je suis un esprit pragmatique et je ne me laisse pas embarquer facilement, je l'admets, mais j'en connais un rayon sur la question des visualisations. Et, si je suis loin de verser facilement dans le mysticisme, je ne suis pas non plus réfractaire à ce genre de théories. Cela étant dit, pour vous assurer que, si à la base je n'étais pas cliente, je ne suis pas non plus rebutée par le principe, je ne pense pas que ce livre ait un quelconque intérêt en la matière. Et franchement, plus on avance dans la lecture et plus ça devient du grand n'importe quoi...
La seule vérité que j'ai tirée d'entre les pages de ce livre, c'est qu'il admet qu'on n'a pas besoin de lui...
Alors, si vous voulez vous évader, lisez donc un bon roman et si vous vous intéressez aux visualisations, je crois que même le plus amateur des magazines féminins a mieux à vous offrir.

15 commentaires:

  1. Sacré Werber... Je n'ai pas lu celui-ci, mais je retrouve dans ta critique les défauts que je reprochais aux Thanatonautes (qui a pourtant un très bon sujet de départ), par exemple : superficialité du voyage et tendance à penser à la place du lecteur. Quoi qu'il en soit (quelle tournure élégante...) merci pour ce billet clair, argumenté et franc. Tu as même le bon goût d'admettre que l'univers peut être un des intestins du dragon. Je vois qu'on progresse diablement...

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  2. Mais voyons, j'ai l'esprit ouvert, je suis prête à étudier toute suggestion valable et j'ai beaucoup réfléchi à cette histoire d'intestin (si, si) et au final je ne peux qu'admettre que c'est tout aussi plausible que l'estomac.

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  3. Voire plus encore :) Je pense qu'il faudrait sérieusement envisager une observation du côté du gros colon...

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  4. Incorrigible. On lui concède un point et voilà qu'elle voudrait remettre d'un coup en question des années d'études... Occupons-nous d'abord de cette histoire d'intestin.

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  5. Ah mais je milite depuis un moment sur cette histoire de colon, qu'y puis-je si tu es obsédée par l'estomac ? Je trouve déjà qu'il y a un bon chemin avec l'intestin, ceci dit, alors je ne vais pas non plus trop t'accabler, hein...

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  6. Lol... On s'achemine lentement vers le colon, effectivement... Le dragon devrait revoir son alimentation...

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  7. Là-dessus, je pense que nous pouvons être d'accord. Mais cela me pousse à me demander dans quels espaces inconnus il peut bien prendre sa nourriture....

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  8. Mais le dragon vit dans un autre univers qui est potentiellement l'estomac d'une autre créature, mais là je n'ai jamais vraiment réussi à me prononcer... Une chose à la fois, déjà définir si nous sommes dans l'estomac, un intestin (et si oui lequel) ou le gros colon du dragon me paraît être une étape nécessaire avant de passer à des problèmes plus ardus encore...

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  9. Mmmmmm... je vois que sitôt qu'on est dans l'inconnu, paf ! L'estomac revient sur le tapis. Concernant l'intestin, au vu de la capacité du gros à laisser des bactéries vivre en symbiose avec lui, ce ne peut-être que celui-là et non le grêle qui rend les aliments assimilables. Ce qui nous rapproche encore du côlon, mais bon, j'dis ça...

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  10. J'aurais été plutôt d'accord pour le gros intestin, mais qui dit qu'un dragon a les mêmes intestins que nous et surtout qu'il n'en a que deux ? Ensuite, quant à cette histoire d'estomac dans lequel évoluerait le dragon, c'était plus une supposition qu'une affirmation, parce qu'en fait j'ai longtemps pensé que cela pouvait être un gésier, mais bon, n'ayant aucune preuve, je préfère me concentrer sur des recherches plus susceptibles d'aboutir.

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  11. Oh, mais si tu as des sources sur l'anatomie digestive des dragons, n'hésite pas à les partager. Je ne vois pas en quoi ce serait plus susceptible d'aboutir avec un estomac qu'avec un gésier. Resterait à voir à quel type d'archosaurien appartiendrait ce gésier : oiseau, crocodile ou dragon...

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  12. Quand je parlais de recherches plus susceptibles d'aboutir, c'était en rapport avec celles sur notre univers, en opposition à celles sur l'univers du dragon qui me paraissent plus difficiles à mettre en œuvre étant donné que je ne peux pas par moi-même me rendre compte de la situation dans laquelle se trouve le dragon, même si je peux en avoir une vague idée. Tu conviendras que c'est plus à notre portée d'étudier l'univers dans lequel nous évoluons. Ensuite, en ce qui concerne l'anatomie des dragons, tu me rappelles que j'ai un livre qui peut peut-être nous renseigner à ce sujet : the flight of dragons de Peter Dickinson. Je vais devoir partir à sa recherche dans les strates les plus lointaines de la bibliothèque, j'espère que ce ne sera pas pour rien.

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  13. L'enthousiasme, que veux-tu... ça fait de vilains dilettantes...

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  14. Bon c'est drôle de tomber sur ce site car Strega est aussi mon nom de blogueuse et que je suis aussi livropathe. De souvenance, ce livre de Werber m'avait paru tenir en deux lignes : celle de l'invitation à la visualisation. J'avais trouvé que le fait de nous emmener dans son voyage limitait franchement la pratique du voyage auquel il voulait nous inviter. Bref, comment faire un livre quand deux lignes auraient suffi. J'ai beaucoup aimé certains livres de Werber mais j'accroche de moins en moins...

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  15. C'est vrai que c'est drôle, pourtant je crois qu'on s'est déjà croisées sur le net. Mais là tout de suite je ne suis plus très sûre du "lieu". Peut-être chez Morgane Lafey.

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