vendredi 21 juin 2013

Clamatlice

De Vanessa Terral, uniquement paru au format numérique dans la toute nouvelle collection e-courts des éditions Voy’[El]
Il s’agit d’un petit ouvrage constitué de deux nouvelles, Les vagues de Clamatlice et Saison de pluie sur Clamatlice.


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Clamatlice, un monde bien loin de notre Terre, surprend les voyageurs par ses plages de sable vert, ses deux lunes, sa végétation singulière et son surnom : la Planète aux Mille Pensées. Les premiers colons évoquent parfois, à mi-voix, des créatures gigantesques et une nature guidée par une forme de conscience. Bien entendu, les nouveaux arrivés – tel Noota, un jeune surfeur – ne croient pas à ces superstitions…
Jusqu’à ce que Clamatlice murmure à leur esprit.



Ce sont donc deux textes de planet opera qui inaugurent la collection e-court. Pour ceux qui ne sauraient pas de quoi il s’agit, le planet op est un sous-genre de la science-fiction dans lequel l’auteur nous emmène à la découverte d’une planète via le regard et l’expérience de personnages qui l’explorent. Clamatlice, la planète aux mille pensées, ne nous est pas entièrement dévoilée pour autant. Il s’agit de nouvelles, après tout, et elles sont plus axées sur la quête identitaire de leurs personnages ; même si celle-ci est, plus qu’ailleurs, liée à leur environnement et à la découverte de celui-ci, de ce qui, en lui, leur ressemble.
Dans le premier récit, Noota, un adolescent qui vient tout juste d’arriver sur la planète aux mille pensées, cherche sa place dans ce nouveau monde. Sur cette planète qu’il n’a pas encore apprivoisée, ses habitudes se voient en quelque sorte décalées par un environnement qui est familier sans l’être. Lui qui est un surfeur voit ses techniques complètement inutiles sur les mers de Clamatlice. En essayant de s’intégrer, il va trouver bien plus que ce qu’il cherchait au départ…
Dans le second texte, Luccine, une petite fille malmenée par les autres enfants et délaissée par les adultes, est amenée à faire un choix, peut-être encore plus difficile que celui de Noota. Ce texte-ci est doux-amer comparé au premier, mais également plus poignant.
Sur Clamatlice, votre nature pourrait vous apparaître d’une bien étrange façon… Je ne vous dévoilerai pas le principe, mais il m’a vraiment plu, d’autant qu’il est traité avec sensibilité et poésie. Si le style de l’auteur est toujours aussi plaisant que ce à quoi elle nous a habitués, sa façon de raconter s’adapte néanmoins aux événements. Dans la première nouvelle, la fluidité du récit dépend de la façon dont Noota parvient ou non à s’adapter aux caprices de l’océan. Dans le second, le récit se fait plus hésitant, comme Luccine, tournoyant en spirale il revient sur certains points, s’éloigne encore, revient toujours… C’est fait avec délicatesse, si bien qu’on pourrait presque passer à côté de ces détails. Cependant, si on n’en prend pas forcément conscience, on le ressent à la lecture. Cela fait partie de l’harmonie qui se dégage de ces textes, dans le fond comme dans la forme.
Ces nouvelles évoquent la différence, mais aussi l’appartenance à un groupe, à un monde, elles parlent de ce qui est en soi et que l’on choisit d’écouter ou de réprimer, pour soi-même ou pour les autres. J’ai aimé ces deux histoires pour ce qu’elles ont de terriblement humain. Et si la cynique que je suis est un peu dubitative face à tant de bienveillance, je me dis quand même : pourquoi pas ? C’est, après tout, la meilleure manière qu’a pu trouver la nature de cette planète pour éduquer l’humain. Et même si je trouve que ces deux jeunes gens s’en sortent plutôt bien au final, il ne leur en a pas fallu moins de courage. C’est bien aussi de montrer qu’il est parfois récompensé. L’ambiance est douce, mais tout n’est pas forcément rose et les choix des personnages ne sont pas aisés ni une fin en soi.
Ce sont deux très beaux textes, qui, à leur manière, sont plus riches en émotions qu’en action. C’est le second récit qui m’a le plus touchée car, émotionnellement parlant, c’est une histoire qui sonne terriblement vrai.
Je vous invite donc à découvrir ce qui se cache sur Clamatlice, au-delà de ses plages de sable vert et de ses routes pavées.


Pour finir, j’aimerais vous parler de l’initiative de l’auteur que je trouve particulièrement intéressante. En effet, Vanessa Terral propose à ses lecteurs d’écrire des textes portant sur l’univers de Clamatlice, de partager avec elle cette planète riche de possibilités. Les éditions Voy’[El] lancent donc un appel à textes permanent dans leur collection e-courts.
Mais, au-delà de la possibilité de publication elle-même, c’est cette notion de partage qui me touche car je la trouve aussi généreuse qu’enthousiasmante.


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