vendredi 14 juin 2013

Chronique de la vallée

Une nouvelle d'anticipation de Jacques Boireau, publiée chez Armada éditions. Uniquement disponible au format numérique.


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Dans le Forez, il est une vallée préservée où tout est encore vrai, l'air, l'eau, l'herbe et les arbres. Dans ce parc d'attraction, les habitants vivent à l'ancienne, comme dans un musée à ciel ouvert. Cela attire les touristes qui, au bistrot du village, goûtent la fausse gentiane du père Anglade. Le père Anglade ? Un vieux de la vieille qui en connaît des histoires, des histoires de luttes syndicales allant jusqu'à la guerre civile, mais toutes vouées à l'échec, en ce début de mondialisation.


Un récit prémonitoire. Une authentique anticipation.



Michel vit dans une vallée enclavée appelée le Parc, à la fois vestige d’un temps passé qu’on conserve comme une photographie et dernier coin de nature pour citadins en mal de dépaysement. En effet, la ville a grignoté les campagnes, s’est étendue partout. Reste le Parc, avec ses pièges à touristes, ses faux agriculteurs et ses histoires d’un temps passé. Ces récits d’une autre vallée, une vraie, sont devenus les contes et légendes de ce futur pas si lointain et ils ressemblent à notre époque. Cela en fait un récit aussi intéressant que troublant.
Toutes les histoires du Père Anglade nous amènent vers ce futur, cette vallée factice, coupée de toute évolution ou de vraie raison d’être, reconstituée et déposée là pour maintenir un semblant de mémoire, mais surtout conçue comme un miroir aux alouettes qui piège autant qu’il amuse les touristes. Qu’en restera-t-il une fois le père Anglade disparu, sinon une prise de vue tronquée, fabriquée, reflétant la réalité autant qu’un animal empaillé rappelle son modèle vivant ? C’est d’autant plus effrayant que cela pourrait vraiment arriver.
Publiée au début des années 80, cette nouvelle est toujours d’actualité. Elle parle de problèmes et de faits de société qui sont encore les nôtres, de délocalisation, de désertification, forcée ou non, des zones rurales et d’autres choses encore. Elle pousse le lecteur à s’interroger sur l’avenir de l’humanité, via son présent, sans pour autant réfléchir à sa place.


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