mercredi 28 août 2013

Les rivières de Londres. Le dernier apprenti sorcier t1

Un roman d'urban fantasy de Ben Aaronovitch, publié chez J'ai Lu (en grand format dans la collection Nouveaux millénaires, puis en poche à partir de la fin août 2013).


Les rivières de Londres - Le dernier apprenti sorcier t1 - Ben Aaronovitch

Quatrième de couverture :


L’agent Peter Grant ne croyait pas aux fantômes, jusqu’au jour où un étrange personnage lui affirme avoir assisté au meurtre sur lequel il enquête. Un témoin providentiel... s’il n’était mort depuis plus d’un siècle !
Et Peter n’est pas au bout de ses surprises : recruté par l’énigmatique inspecteur Nightingale, il intègre l’unité de la police londonienne chargée des affaires surnaturelles.
Au programme, traquer vampires, sorcières et autres créatures de la nuit ; faire respecter les divers accords passés entre les forces occultes de Londres ; réconcilier les divinités qui se partagent la Tamise, sans devenir esclave de leurs charmes ; et bien sûr apprendre le latin, le grec ancien et une montagne d’incantations bizarres et pour le moins rébarbatives.
Peter doit en passer par là, s’il veut un jour devenir à son tour le dernier sorcier de Londres...



Peter Grant est en passe de terminer le stage de deux ans qui le fera entrer définitivement dans la police. Mais quand il apprend sa future affectation, il déchante très vite. Peter veut être sur le terrain, pas remplir de la paperasse à longueur de journée pour faire gagner du temps aux autres. Pour échapper à ce sort, il n’a qu’une option, retrouver le fantôme qu’il a croisé l’autre soir, alors qu’il avait pour mission de surveiller une scène de crime et, peut-être, résoudre cette affaire.
Peter est un policier sans grande envergure. On lui reproche de se laisser trop facilement distraire par tout et n’importe quoi, mais aussi de manquer d’à-propos. Ce qu’il nous démontre d’ailleurs tout au long du roman… Pourtant, son enquête se révèle très agréable à suivre, d’autant qu’elle est mâtinée d’un humour so british terriblement caustique.
Le récit est moderne et se passe à Londres à notre époque. Si Peter se laisse facilement entraîner dans le surnaturel, celui-ci n’est pourtant pas monnaie courante. On nous explique d’ailleurs que la magie a peu à peu disparu et les rares gens au courant de sa réalité la considèrent avec beaucoup de circonspection.
L’histoire en elle-même est plutôt originale et il y a en fait deux intrigues en parallèle, en plus de la découverte du monde surnaturel par notre narrateur ainsi que celle de son potentiel en tant que magicien. Il trouve dans cette capacité à percevoir le surnaturel un moyen d’échapper à un travail de bureau et ne va pas le laisser échapper aussi facilement.
La première intrigue est liée au meurtre du tout début et c’est la plus consistante. Elle est vraiment bien trouvée et parfaitement construite. Ça change de tous ces romans dans lesquels l’enquête n’est qu’un prétexte. La seconde intrigue, par contre, est un peu plus délayée, même si elle prend de la place (un peu trop parfois), et concerne les différends des deux esprits de la Tamise et de leurs enfants. Evidemment, ces deux histoires qui s’entrecroisent vont se trouver liées, mais de manière plutôt inattendue. Le tout est plaisant, mais parfois un peu lent, ce qui n’aide pas à tourner les pages. Je pense qu’il faut bien connaître Londres, les légendes locales et la Tamise, pour apprécier toutes les subtilités de cette histoire. Néanmoins, un lecteur averti s’en sort à bon compte.
Il y a des longueurs qui gâchent en partie l’originalité du propos, c’est un fait, mais le problème de rythme de ce roman vient surtout de la narration. Peter a tendance à relater les faits en les énumérant de façon froide, comme s’il écrivait un rapport. Si c’est pour coller à son image de policier, c’est peut-être un peu exagéré. La narration à la première personne a ses limites et doit être vivante. On sait que, par essence, elle ne peut pas être exhaustive, mais celle-ci nous offre les inconvénients, en adjoignant ceux de la narration à la troisième personne, sans avoir les avantages d’aucune des deux, c’est-à-dire l’implication émotionnelle pour la première et l’omniscience pour la seconde. Ce roman manque cruellement d’empathie.
Sans l’humour qui colore les dialogues, le récit de Peter lui-même serait assez plat. Pourtant il semble être un gars sympa de prime abord, même si pas vraiment attachant de mon point de vue car il est aussi très superficiel. J’en suis arrivée à le trouver de plus en plus exaspérant au fil de l’histoire, mais je sais que ce n’est pas forcément mérité. Il est ambitieux, mais un peu nonchalant, se laisse facilement distraire et se montre très curieux sur des points de détail, alors qu’il ne s’interroge pas sur l’essentiel, comme par exemple ce qui est arrivé à ses prédécesseurs. Ce n’est pas non plus à lui qu’il faut demander de prendre des initiatives, du moins au début… Ce sont sa mauvaise foi et les piques de supériorité qu’il dégaine parfois dans sa façon de juger autrui qui m’ont le plus agacée.
Il est amoureux de Lesley, une de ses collègues de la même promo, nettement plus vive que lui, mais qui fait semblant de ne pas voir ses tentatives pour se rapprocher d’elle. Leur relation est assez marrante, on voit clairement qu’elle joue les amies, mais veut quand même se le garder sous le coude, juste au cas où… Et avec les événements qui ont lieu dans ce roman, ça donne plus encore envie de savoir ce qui va leur arriver. J’avoue m’être plus intéressée aux personnages secondaires comme Lesley, certes, mais aussi Molly, la mystérieuse domestique, et Nightingale, le maître de Peter, particulièrement charmant avec ses manières désuètes.
C’est un roman distrayant, une mise en place prometteuse pour la suite de la série qui, j’espère, se révèlera tout aussi originale que ce premier volume et, avec un peu de chance, moins longuette. Si cet ouvrage vous tente, il est prévu en poche pour fin août 2013, alors pourquoi s’en priver ?

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