Présentation de l'éditeur :
En 1962, à Jackson, Mississipi, chez les Blancs, ce sont les Noires qui font le ménage et élèvent les enfants. Sans mot dire, sous peine de devoir prendre la porte. Est-ce le cas de Constantine, l'employée des Phelan, dont on n'a plus aucune nouvelle ? Mais franchement, qui s'en soucierait ? Ses amies, Minny et Aibileen, et surtout Skeeter, la propre fille des Phelan. La jeune étudiante blanche et les deux employées noires vont lier une alliance imprévisible pour "comprendre".
Passionnant de bout en bout, La Couleur des sentiments a déjà conquis plus de deux millions de lecteurs, connu le succès au cinéma (The help) et obtenu le Grand prix des lectrices de "Elle" en 2011.
Timbres différents, conviction ou verve identiques : Marie Lemaître, Nathalie Hons, Nathalie Hugo et Cachou Kirsch marient leurs voix comme les héroïnes du roman leur volonté que "les choses changent". Leur lecture a été récompensée par le Prix du livre audio Lire dans le noir en 2011.
Tout commence en 1962 dans l’état
du Mississippi avec deux femmes. L’une a la cinquantaine, est noire et exerce
le métier de bonne auprès d’un couple de classe moyenne. L’autre est blanche,
au début de sa vingtaine, et souhaite devenir écrivain.
Aibileen, la bonne, regrette de
n’avoir pas pu continuer ses études, cependant elle a accepté son sort avec
philosophie. Ce qu’elle préfère dans son métier, c’est s’occuper des enfants.
Elle aime leur insuffler une bonne estime d’eux-mêmes, mais quand ils grandissent
et deviennent comme leurs parents, elle change d’employeurs pour garder intacte
l’affection qu’elle porte à ces petits. Cependant, l’amertume grandit dans le
cœur d’Aibileen depuis la mort de son propre fils et elle accepte de moins en
moins la façon dont on la traite.
Eugenia, dite Skeeter, est
décalée par rapport à ses amies, toutes mariées et centrées sur leur famille
car elle a d’autres aspirations. Elle a de mauvaises relations avec sa mère qui
la dénigre beaucoup et manque de confiance en elle. Skeeter est intelligente,
mais demeure assez naïve et idéaliste dans le contexte tendu de l’époque. Elle
n’a pas oublié qu’elle aimait la bonne qui l’a élevée et peu à peu le vernis
craquèle. Les inégalités sociales entre les blancs et les noirs lui apparaissent
de plus en plus insupportables.
Les bonnes sont d'industrieuses
petites abeilles, presque des objets pour leurs employeurs. Tous les jours,
elles sont victimes d'injustices dans un état où les ségrégationnistes refusent
de lâcher le moindre pouce de terrain. C'est par une énième vexation que la
graine de révolte va éclore dans le cœur d’Aibileen et la pousser à accepter la
proposition de Skeeter. Celle-ci souhaite que les bonnes se racontent dans un
livre, sans faux-semblant. Si l’une mesure les risques, ce n’est pas forcément
le cas de la seconde.
La Couleur des sentiments met à notre portée une
époque pas si lointaine dont des stigmates marquent encore la société
américaine d’aujourd’hui. Ces pages sont à la fois imprégnées de tendresse et
de cruauté, de complicité et d’inhumanité. Comme le fait remarquer Skeeter, les
bonnes élèvent les enfants, elles les aiment et ils les aiment en retour, mais
on ne les laisse même pas utiliser les toilettes de la maison. C’est à la fois
d’une grande tristesse et d’une ironie mordante.
Kathryn Stockett nous dépeint sa
ville natale dans le bon comme le mauvais, elle ne cherche pas à faire pencher
la balance. Elle nous montre une réalité dont nous n’avions peut-être pas
conscience ou que nous n’avions pas à ce point mesurée. Elle a créé des
personnages attachants, auxquels on aimerait pouvoir venir en aide. Outre
Aibileen et Skeeter, on fait la rencontre de Mae Mobley, petite fille délaissée
par sa mère et qui adore sa bonne. Puis vient Minny, la meilleure amie d’Aibileen.
Elle est bonne aussi, a la trentaine et une grande gueule qui lui vaut bien des
ennuis. J’ai adoré ce personnage qui a envie de se rebeller sans vraiment
l’oser, sauf dans un accès de colère insensée. Elle est aussi méfiante que
généreuse. Elle fait parfois preuve d’une bienveillance étonnante, notamment
envers Celia, autre personnage haut en couleur et très touchant.
Pour tout cela, La Couleur des sentiments
est un roman subtil, à la fois divertissants et sérieux. Il a été adapté au
cinéma et le scénario reste proche du récit d’origine. J’ai apprécié le film,
mais le fait que je l’ai vu avant de lire le livre n’y est pas étranger. J’ai
eu envie de le revoir après écoute du roman et je me suis bien rendu compte
qu’il était assez superficiel en comparaison, même si c’est normal. Le livre
est plus émouvant à mon avis. Toutefois, les différences qui existent entre les
deux font qu’on peut apprécier l’un même si l’on connaît déjà l’autre, peu
importe l’ordre de découverte.
J’admets toutefois que Skeeter
m’a semblé un peu plus geignarde et naïve dans le roman. Cela vient peut-être
aussi du fait que je l’ai écouté et non lu. La lectrice qui l’incarne a pris un
ton assez monocorde et me donnait souvent l’impression qu’elle allait se mettre
à pleurer si elle disait un mot de plus… Heureusement, le personnage évolue et
commence à s’intéresser réellement au sort des bonnes. Au départ, ses
motivations étaient un peu plus superficielles bien que bienveillantes. Skeeter
ne mesurait pas dans quoi elle s’engageait.
La Couleur des sentiments est un livre agréable à
écouter. Sa narration chorale le rend très vivant et les lectrices ont fait un
magnifique travail. C’est toujours un plaisir d’écouter Cachou Kirsch et la
prestation de Nathalie Hons, qui interprète Aibileen, est remarquable. Elle a
vraiment rendu justice à ce personnage très attachant.
J’ai quitté à regret Aibileen,
Minny, Celia, Mae Mobley et même Skeeter. J’aurais aimé connaître l’après et
c’est en cela que l’on mesure tout le poids de ce roman.
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